Nine Inch Hop





Devinette :
Ce groupe est signé sur le Label Ipepac, maison du grand Mike Patton (Faith no More, Mr Bungle…). Ce groupe a fait les premières parties voir des tournées avec Isis, Melvins ou Tomahawk. Ce groupe à engendré une galette en collaboration avec Faust (légendaire groupe de rock allemand). Ce groupe a toujours été diablement bien noté, voir encensé, dans tout les sites spécialisés Métal / Rock / Hard and co qui ont eu la chance de le laisser s’échouer dans leurs oreilles…
Ce groupe, avec leur disque Absence, est pour moi une très bonne galette de Rock Industriel….


Ce groupe… est pourtant un groupe de Hip Hop.











Mais je vous vois venir. Dälek est loin de conjuguer ces multiples orientations comme un Cypress Hill, ce qui s’avérait parfois bien stérile au final. Dälek n’est pas non plus un groupe sortant les guitares pour faire la fête et se jeter contre les murs. Non. Ce disque de Dälek est du genre à vous plonger la tête dans un univers rarement exploré, d’une âpreté sans égale, prenant le pas direct d’un “Downward spiral” de Nine Inch Nails, ou d’un “Loveless” de My Bloody Valentine. Deux disques majeurs, cela va sans dire.
Les rythmiques industrielles, martiales, l’univers lourd, massif et désespéré du premier.
Les murs de guitares, la puissance et les saturations sonores du second.
Ce n’est pas une comparaison foireuse pour attirer le chaland. C’est juste flagrant. Absence est la bande son d’une prison en enfer (tout sauf tiède cette fois) où chaque détenu pèterait graduellement les plombs, où décadence morale marcherait de pair avec la souffrance physique…




Il suffit de lancer le premier titre pour s’en convaincre, Distorded Prose. Apres quelques maigres secondes de calme, ou le MC de Dälek pose son flow, on se retrouve littéralement noyé dans un Tsunami de simili Guitares saturées, torturées au possible, surplomber d’une rythmique industrielle, le tout enveloppé dans des bruits impossibles à identifier.
A dire vrai, les Deux premières minutes pourraient être effroyables pour quelqu’un pris par surprise des 15 secondes du début, annonçant un hip hop tout ce qu’il y a de plus banal. Puis une basse se charge de la mélodie, et des scratchs ultra bien placés se chargent de tuer les dernières âmes encore debout. Avant une dernière vague de “Rock Industriel” poussée au maximum pour faire un ménage définitif. Impressionnant.




Je vous rassure, cette démarche extrême, radicale, voir jusqu’au boutiste, n’est pas aussi exacerbée sur tous les titres de l’album. Mais ce dernier ne s’en dépare jamais vraiment. Il serait bien difficile de faire du Track par Track dans cet article, tant le bloc est massif. Les 3 membres du groupe, un MC producteur (MC dälek), un producteur (Oktopus) et un mec aux platines (Still) ont réussi à créer un vrai trou noir, ayant peu d’égal dans notre paysage musical. Voir titulaire d’une démarche unique en son genre dans sa fusion maladive des genres. (Leur nouveau disque, à sortir début Mars, a une autre orientation, moins extreme, les membres du groupe estimant avoir fait le maximum dans cette voie là)
Mais contrairement à certains exercices Indus, Métal voir Noise, Dälek n’utilise jamais des sons agressifs (dans le mauvais sens du terme) voir rédhibitoires pour nos oreilles. On ne veut pas faire fuir celui qui écoute. On veut le bousculer, le choquer, le transporter. Le son atteint une dimension énorme, une densité effrayante, mais se garde de tout tripotage superflu n’ayant pour optique que de vous violer les tympans et vous faire baisser le son d’un geste rapide et nerveux. (Bien souvent inhérent à la Noise par exemple)

Et c’est là tout le talent de la formation, parvenant à nous défoncer corps et âme sans nous faire grincer des dents.




Asylum (Permanent Underclass) va nous prendre par la main. Pas pour nous casser la gueule comme le premier titre. Car seuls les plus téméraires continueront l’aventure après la première raclée. Et la structure de ce morceau fait irrémédiablement penser à “Loveless” de My bloody Valentine ou à un Sonic Youth débarrassé de tout tabou musical.
Ce mur de guitares, unique entre mille, absolument gigantesque, ces choeurs (?) difformes, entre déesses plaintives et baleines proche de la mort, ces saturations abondantes et tonitruantes.

La comparaison avec le Chef d’oeuvre de Kevin shields est encore plus éclatante avec Ever Somber, titre le plus “doux” du disque. Il aurait pu même faire figure de piste excellente dans la carrière de My Bloody Valentine, si leur chanteur avait troqué son chant pour un phrasé Hip-hop. Ce titre est en tout cas une petite beauté apaisée, atteignant son paroxysme quand le mur de sons déborde, assailli par des scratchs acérés.





D’un autre coté, le CD peut verser dans une brutalité incontrôlée, nous étouffant de toute part, comme le colossal In Midst Of Struggle qui nous sert 8 minutes de cauchemar défoncé, halluciné, industriel, partant dans tout les sens. Le MC va se fondre dans ce Maelstrom durant le premier tiers de la piste, avant de laisser toute la place à ses machines, affolées, affolantes, libérées de toutes contraintes, prêtent à fondre sur toutes les aspérités paisibles de notre petite planète.


Et comment ne pas parler de A Beast Caged, hargneux mais superbe au possible. Surtout dans sa conclusion, avec cette explosion semblable au meilleur des “Bruits Blancs” d’un NIN, Alec empire ou d’un GodFlesh, explosion comparable à une véritable bourrasque, comme si la “bête en cage” éclatait son enclos pour laisser aller sa rage, écrasant tout sous ses pas, ouvrant la gueule pour vomir le plus renversant des hurlements.







Je pourrais parler des autres tueries qu’abrite Absence ; des textes, vindicatifs au possible, sur le HipHop d’aujourd’hui, sclérosé, décadent, ou sur les affres gouvernementaux et sociaux de notre univers, mais ce serait peine perdu, tant le tout est noyé dans ce bloc, cette masse, ce maelstrom de sonorités, semblant prévaloir sur tout le reste.
Ce disque effraie, choque les amateurs de HipHop. Mais ravit les amateurs de sombre, d’industriel, de Métal, de Rock défoncé à la massue. De musique sans rémission, désespérée, étouffée, étouffante.





Alors oui, Absence de Dälek est un très bon disque de Rock Industriel… Et c’est un disque de Hip hop.
Mais ça, il faut l’entendre pour le croire. Alors on ne cherche pas d’extrait, on oublie et abolit les barrières, on achète, on écoute en entier, on plonge dedans et on prend sa baffe…


Pour oreilles averties seulement…










Dat’
10 titres, Ipepac records

This entry was posted on Thursday, March 1st, 2007 at 10:40 am and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.