Jamie T – Panic Prevention



Ordinary English Look Alike Associated








Bon je vous vois arriver, un petit blanc anglais rachitique qui crache dans un micro le fait d’avoir rien branlé de sa vie pendant 20 ans, sur fond de bières, de nanas dégueulasses, de clubs pourris, de cendriers qui puent, le tout avec un humour, une mélancolie et une gouaille que seul les prolos anglais peuvent avoir, on nous le fait bien trop souvent depuis la révélation The Streets, qui avait sorti au début des années 2000 un album, Original Pirate Material qui fit véritablement l’effet d’une bombe en Europe. Le petit génie Mike « The Streets » Skinner a presque réinventé un genre, et comme à chaque fois dans ce cas là, une cohorte de suiveurs débarquent. Parfois sans le vouloir, vu que n’importe quel anglais tentant de sortir un disque dans le genre est directement affilié à The Streets.
On vous l’a donc trop fait, et je n’ai d’ailleurs pas eu envie de parler des disques bancals de Plan B ou Just Jack, portés aux nues pour pas grand-chose au final, même si le tout reste assez sympathique.(Il va falloir parler du dernier Dizzee Rascal par contre)


Quand Jamie T débarque en France, avec ce genre d’étiquette encore collé directement sur la face, on se méfie quelque peu. Grave erreur.

Le petit gars aurait, comme ses compères musicaux, commencé la musique pour se laver la tête, pour s’extirper d’une existence bien trop morne à ses yeux. Il se paye de plus le luxe de se taper régulièrement des crises de panique, d’où le titre de l’album. Alors le petit con va désagréger ses économies pour s’acheter une basse, des boites à rythmes, des packs de bières et compagnie. Monsieur les commerçants, merci.














Bon je ne sais pas vous, mais j’adore ce genre de pochettes. Fourmillant de détails, la photo de ce capharnaüm impressionnant filerait presque le tournis. Et résume très bien ce que peut renfermer le disque : Des canettes vides, des cendriers pleins, un synthé pourri, du bordel, et surtout un mec qui aime sa basse plus que tout. Le livret renferme tous les textes, pour passe moi une bière putain ceux qui auraient parfois du mal à suivre l’accent cockney. Et dieu sait si comprendre les textes est quelque chose d’important sur ce genre de disques.
Tout ça pour… 9 euros neuf.









Le décor est planté, on parlait d’amour entre Jamie T et sa basse, alors le disque s’ouvre justement sur une déclaration du premier à sa précieuse compagne à corde, qui habille toute seule Brand New Bass Guitar. Les 10 premières secondes font même presque peur, et font penser que l’on vient de tomber sur un album de country. Mais la voix survient, semble complètement ravagée façon 3 grammes dans le sang, et assène une punch line qui vous fout directement le sourire :
Well, I went to buy myself a handgun / Why you think man, to shoot down everyone / So you better running star / But I spent all my money on this cracked out piece of shit called the bass guitar“.
On a l’impression que le héros du jour, dans sa chambre à boire lui et ses potes, est prit d’une soudaine envie de jouer de la guitare, les potes se chargeant de gueuler comme des cochons derrière.

Mais c’est dés le deuxième titre, Salvador que l’on doit obligatoirement se mettre à genoux. Une basse tonnant comme un avertissement, la batterie s’enflamme, le groove est là, juste évident. Le chant / phrasé est fragile, un peu éraillé, un peu bourré, partant parfois en couille mais le tout est juste trop bon. Le refrain est d’ailleurs une vraie révélation. Jamie T chante pendant 10 secondes comme le ferait le leader de Bloc Party, Kele Okoreke. C’est limite flagrant, et pour mieux où est ce décapsuleur de merde nous étonner en revenant à son Hiphop chanté lors des couplets. On est, la première fois, assez hermétique au bordel ambiant mais des le refrain tout s’éclaire. Surtout que la deuxième partie en devient superbe, avec ses choeurs qui font muter l’incendie en pluie presque mélancolique. Ce titre est une bombe.

Autant faire le grand écart, et sauter directement à la 6eme piste pour foncer sur LE brûlot du disque, Operation. Non parce que pour pondre un truc pareil, il faut être sacrement allumé. Guitare qui claque, rythme hallucinant tant il file l’envie de se jeter contre les murs, synthé pourri, basse affolante à couper n’importe quelle jambe. Et ce Jamie T, en transe, qui nous balance un texte de folie sur la situation actuelle, en changeant constamment de ton. Le titre se la joue même montagne russe, en se ralentissant pour mieux laisser la batterie nous enchaîner à coup de talons, on passe sur 20 secondes presque bandantes, avant de repartir de plus belle… Qui après ça, ne criera pas en levant les bras lors du passage à mourir de la fin et ses
“To the lost boys in a lost town / To the lost girls in the lost and found / I’ll find you out when you hit the ground / Don’t stop moving baby dance around“.
Notre tête vient de griller, Jamie T a balancé le titre au groove le plus imparable de l’année.

Ce que aurait pu faire Bloc Party s’ils s’étaient un peu plus sorti les doigts du cul avant de nous pondre leur bien monotone deuxième album… La puissance de ce titre jette même « Helicopter » ou « Banquet » à la poubelle sans problème. Les Artics Monkeys semblent eux même bien frelatés à coté de ce rouleau compresseur.










Mais Jamie T ne passe moi une autre bière se contente pas de ridiculiser tout le Rock anglais sur son terrain et se permet de lorgner vers l’autre « son » à succès made in England popularisé par The Streets. Sans se dépareiller de son ton complètement flingué, il pond même de véritables petites perles Hi-pop qui laisse deviner que derrière le coté festif de la galette, Jamie T rumine dur et s’amuse autant à dessiner les fresques de sa vie avec du vomis qu’avec des larmes. Oui, l’anglais s’amuse à chanter sa fiente en donnant à tout le monde l’envie de bouger, mais se permet de calmer putain t’avais secoué la bouteille connard le jeu sur des titres comme Calm Down Dearest. Alors oui, la boite à rythme sautille d’une façon bizarre, les claviers semblent bien crasseux, le mec semble chanter la clope au bec, mais pourtant, des que le sample de corde débarque, on part en l’air. Ca pue les larmes, l’alcool triste, on raconte les soirées de merde et la drague foireuse mais on adhère obligatoirement, vu que le misérabilisme du texte est balayé par le coté joyeux fait avec trois bout de ficelles du titre.
Where we going what we doin’ this night / I feel drunk already maybe drink got spiked / But more likely of the like that I’m just a lightweight / Well I don’t care man I’ve been drunk forever / And look at the lady she be shady but we maybe / shed said get the fuck out man you seem to be so plastered“.
Le titre accroche réellement, permet de marquer un petit temps d’arrêt après les leçons de groove que l’on a essuyé précédemment, et le texte est juste criant de vérité, ne décrivant on ne peut mieux le quotidien foireux des gars des classes moyennes bourrés de Guiness jusqu’à l’os.
So who the fuck are we ? Just the boys in the city / It’s all been done before and we do it again so / We’ll back I’m sure next week sitting in the bar you know

Pour encore casser le rythme, Jamie T nous gratifie même de morceaux où il est seulement accompagné de son amour de toujours, comme Back In The Game qui se retrouve pourtant être diablement entraînante, avec ces “Back in the Gaaaaame” presque crachés à la gueule.










A dire vrai les 6 premiers titres de Panic Prevention sont tellement énormes, tellement marquants qu’il est presque difficile de se laisser couler sur la deuxième moitié de la galette pourtant encore de haute volée comparé à ce que l’on peut nous servir habituellement ces temps ci. C’est pas inhérent à notre volonté, mais on ne peut résister de revenir sur des titres comme Salvador, Operation ou Calm Down Dearest.

Sheila n’est pas, à mon humble avis le meilleur des titres pour représenter le disque, se la jouant un peu trop Hiphop fleur bleue façon potentiel single, même si, encore une fois, les lyrics dépeignent parfaitement la situation et frisent avec le journalisme de terrain presque voyeuriste :
Well done Jack, glug down that Cider / You’re right she’s a slut / And you never fucking liked her / Sheila goes out with her mate stella, it’s get poured all over is fella / Cos she’s says man he ain’t no better”


Par contre, on file un briquet pour faire sauter la capsule part dans le délire le plus complet avec Dry Off Your Cheeks et son instrue lourde et sombre, pourtant parasitée par des claviers presque clownesques. Mais là où le titre part littéralement en vrille, c’est que Jamie T semble complètement ravagé par la tise. Mais vraiment là. On n’est plus dans l’invention. Le mec est réellement pété. On le verrait presque tout transpirant, tenant à peine debout devant son micro à éructer son texte, partant à droite et à gauche avant de tomber comme un sac de purin. Ça ferait presque peur si la petite mélodie sympathique ne perlait pas en fond.
Ses “My ooooooooooooooooOOOld Heart, it’s beeeeEEnnn Thiiiiirtheen hours / OHHHH SHiiiiiiiiiT I’ll go cook myself a brew” font flipper tant il semble avoir explosé l’alcotest.
Certains auront même un rejet rapide du titre, par peur de se retrouver avec un jet de degueulie dans les tympans. Il se melange même parfois les pinceaux, devenant presque inintelligible :
Smoking too much and drinkin’ / You bring yourself down in pain / Bdbbyedbdyebyedbye / For the love of the living and the live cut free / She all on the floor while I drink Whiskey / This floor much quicker than you

On soignera ses oreilles avec le bien Rock Pacemaker, qui envoie drôlement avec ses handclaps bien marquées, pour mieux échouer sur le plus Hiphop presque Grime Ike & Tina, sorte de Pet Shop Boys à la sauce Cockney.











Mais c’est vraiment sur une autre bière et verse moi un fond de Vodka bison les deux derniers titres que le disque repart dans les hautes stratosphères musicales (Sans tutoyer néanmoins les sommets du debut).

Le très sympa If You got the money qui part en trip Ska rock marrant, va vite hanter vos douches tant le refrain peut se siffler connement en se frottant le cul dans sa baignoire. Mais la chanson s’accélère peu à peu, donnant un aspect assez irrésistible au tout, pour virer presque Drum and Bass en ses deux tiers. Le titre s’embrase en étant de bout en bout entraînant, du tout bon. Qu’une envie, chanter à tue tête le texte qui raille bien joyeusement les mecs puant le Fish and Chips, et s’occupants comme des nazes de leurs compagnes
If you got the Money / I think it would be funny / To take your girl, spend a bit of your cash for me / Cos she might be happy and no longer lonely“.


Pour Alicia Quays, c’est le contre-pied total, avec ce Hip Rock décharné, très rapidement surplombé de basses Dub cristallines, perçant la structure du titre comme des coups de fusils, pour un titre s’entendant presque sur 7 minutes. Enorme, planant, pas grand-chose à rajouter pour putain la moquette les chiottes connard les chiottes pour un titre qui clôt de la plus belle des manières ce Panic Prevention. Par contre le Jamie T n’a pas l’air dans son assiette là non plus, tant le mec semble déchiré à la bière, ayant peine à articuler certaines phrases, bouffant des syllabes, pour débiter les lyrics comme jamais quelques instants après. Quand au texte en lui-même c’est un obscur enchaînement de « drink », de « liquors », de « To the floor », « Roll everywhere » et compagnie, avec des mots répétés dans des phrases presque déstructurées et dénuées de bon sens.












Ok. On ne va pas tergiverser 3 ans, ce disque tue. Et c’est une vraie surprise, car acheté avec un certain dédain, plus attiré par la pochette (excellente) et le prix franchement donné que par le son en lui même. On le sait, il vaut mieux se méfier des nouveaux « la relève pour The Streets est arrivée ». Ici, à n’en point douter, on tient le disque d’un futur grand. Et pourtant, je dois bien vous l’avouer la première écoute fut assez laborieuse. J’ai eu un peu de mal avec ce disque semblant être fait à l’arrache, et son mec semblant évoluer dans un univers parallèle. Mais l’on s’attache très rapidement à Panic Prevention, et l’on se rend compte très rapidement qu’il contient des bombes absolument incontournables.

Jamie T en saoulera certains avec sa voix gerbant la cuite de la veille, et l’aspect « disque de potes » de l’ensemble. Car c’est tout à fait ça… Panic Prevention, c’est un disque de potes, comme si l’un de vous, au cours d’une soirée bien arrosée, choppait la guitare traînant dans le coin de la pièce, pour chantonner des conneries, alors que derrière s’organise un vrai petit orchestre avec un synthé pourri, un autre qui allume sa boite à rythme et des camarades qui gueulent dans vos oreilles ou qui soufflent dans les bouteilles… Tout est foireux, des beats sans le sou à la voix déglinguée.


Mais pourtant, bizarrement, le disque a une envergure énorme.


Panic Prevention pourrait être le deuxième disque de Bloc Party si ces derniers s’étaient un peu plus imbibés de bière pour prendre un minimum de risque. (La ressemblance entre les deux chanteurs est parfois frappante sur deux / trois titres) Ou celui de The Streets, si ce dernier n’avait pas lâché sa Guiness pour une Limousine. On pense aussi aux Artics Monkeys première période pour la voix et le Groove imparable du tout, mais qui deviennent bien mou du genou à coté.
Le mec a coiffé dans les charts Anglais les plus grands l’année dernière et se retrouve parachuté sur le devant de la scène comme rarement un cokney a pu l’être. Les Clash ne sont pas loin.
Manque de pot cette exposition fait que la folie des extraits et singles en pâtissent. On préfère choisir les inoffensifs Sheila, If you got the money ou Calm down dearest (Quoique ce dernier reste excellent) comme singles et laissent de coté les bombes nucléaires que sont Operation, Dry Off your Cheeks ou Salvador à quai. Logique, qui danserait sur un mec complètement ravagé ? Ce n’est pas vendeur pour nos chères têtes blondes.

Mais ne vous laissez pas berner. Passez outre ces représentants bien trop sages et foncez sur ce Panic Prevention, au prix risible de 9 euros vu la qualité du tout (Le télécharger serait un vrai foutage de gueule) qui est une vraie réussite. Mais qui ne plaira pas à tout le monde, loin de là.



Gros gros gros coup de coeur.




Give me another beer, fuckin’ Prick…










MP3 :

Jamie T – Operation : Play It Loud. Very very loud.







Clip : Calm Down Dearest Le concept de la video est plutôt sympa d’ailleurs…












12 Titres – Virgin Records
Dat’








  1. Atarô, visiteur Says:

    Bigre, vous écrivez sacrément bien monsieur Datura333, j’ai beaucoup aimé le style de cette chronique, tellement d’ailleurs que je m’en vais de ce pas écouter cet album qui fleure bon le fog et le desespoir anglais.
    J’ai jamais accroché au style de The Streets (manque d’exotisme ou de négritude, allons savoir…) mais ce Jamie T m’a l’air fort inspiré.
    Cheers from Japan, mate!

  2. evasin Says:

    Honnêtement, ce disque dès que j’ai posé l’oreille dessus, j’ai kiffé a donf’ comme diraient les djeunz lobotomisés auditeurs de skyrock.

  3. LordMarth Says:

    prometteur tout ça en tout cas l’écoute me plait bien, le delire de la jaquette me font penser à une illustration d’un album de beck bien barré niveau design (midnite vultures il me semble)

  4. Gee23 Says:

    J’adore la jaquette :fou:

  5. Nexus5 Says:

    Ca y est, l’album passe en boucle dans mon oualkemane. Mon meilleur trip pop/rock depuis le premier album des Arctic Monkeys ! Merci M. Dat’ pour cette decouverte 🙂

  6. Dat' Says:

    Ah ah ben c’est cool…

    Je t’avouerai que je n’ai toujours pas décroché de ce petit gars non plus !(tout comme du disque d’Apparat d’ailleurs…)

  7. swoinie, visiteur Says:

    je l’ai vu a un festival il est trop génial
    et son album j’adore carrémet méga beaucoup 😀
    voili voilou !!!

  8. Dat' Says:

    Ah ouip en Live, cela doit etre quelquechose…

  9. marion, visiteur Says:

    oui moi je lai vu en festival et puis en première partie de the good, the bad & the queen a londres…. c’était juste énorme. vraiment ce gars est plus que génial, de plus très accessible puisque jai pu discuter un peu avec lui après le festival. très très cool. je ladore.

  10. carnea, visiteur Says:

    J’adhère à tous vos propos, le plus tragique dans tout ça c’est que j’étais déjà désabusée par la qualité du son actuel, mais maintenant que Panic Prevention a investie (en boucle moi aussi) mes oreilles, la planète musique me semble complètement ininventive, répétitive, bref merdique.
    En tout cas merci datura333, ta critique a été un bonbon pour mes yeux.

  11. Maohtsukai, visiteur Says:

    Merci pour cette petite chronique qui est ma foi très très vraie, même si le goût pour les chansons peut être différente… Disons que globalement ce CD est une tuerie!!! après les chansons seront plus ou moins bien aimées par chacun mais cela reste subjectif. Le cd est génial clairement et je pense que c’est ce qu’il faut retenir…

    Merci aussi pour les tentatives de placer des phrases qui n’ont aucun rapport ^_^
    “mais se permet de calmer putain t’avais secoué la bouteille connard le jeu sur des titres “
    “pas grand-chose à rajouter pour putain la moquette les chiottes connard les chiottes pour un titre “
    Oui c’est toujours marrant…

  12. BOBBY, visiteur Says:

    ce cd est un putiand ‘enculé de mes 2, masi quest-ce quil tes bon trop bon mm, jss en retard a cause de lui (et oui excuse bidon) breef rien a redire une bonne pure gueule d’anglais un bon accent comm on aime ca et un bon résumé de lablbum tt ca pr dire que le wu tang clan après jamie t ca pass etrès bine aussi (tEarz !!)
    xx

  13. Kenton Says:

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