Para One – Naissance Des Pieuvres



Naïades






On avait pas revu Para One depuis la sortie de son “Epiphanie?, qui avait marqué pas mal d’amateurs de musique électronique.

Alors que Tacteel nous a cassé la gueule en milieu d’année avec son très bon « Je ne vous oublierai pas », ou que Das Glow sort ce qui restera l’un des EP de l’année, « Weiss Gas », l’une des principales têtes d’Institubes ne nous avait gratifié que de maigres Maxi de remix de son dernier Opus… Oh, Para One nous a bien sorti un album de 9 heures (si si), avec Tacteel, sous leur duo devenu culte Fuckaloop, mais niveau morceaux inédits, rien qui pouvait confirmer ses EP magistraux et son bon premier album…
Pendant ce temps, on ne se lassera jamais du diptyque des dieux, « Clubhoppn’ » de Para et « Cheap Fun » de Tacteel, deux vinyles qui seront encore en haut de ma pile de galette dans 10 ans…


Nous allons pourtant retrouver Mr Jean-baptiste de Laubier là où l’on ne l’attendait pas : La Bo d’un film, bien sérieux qui plus est, Naissance Des Pieuvres, premier film de Celine Siamma, qui ressemble à tout sauf à un naufrage…















On va faire simple. La photo choisie pour habiller la cover du disque est magnifique. On retrouve l’affiche du film à l’intérieur, et quelques avares explications sur le tout, malgré une intéressante liste des machines utilisées pour réaliser la galette. (Cela en inspirera peut être certains…) Presque aussi énigmatique que le film en lui-même finalement. Ou comme le disque. Comme le disque ? Oui comme le disque. J’en voyais déjà arriver, en voyant le titre de l’article que Whooo une BO-par-Para-One-ça-va-partir-dans-tous-les-sens !
Et bien non. Aucun compromis, ce disque va partir dans un sens. Un seul. Un disque calme, d’ambiant, quasi mystique.


Ne cherchez pas un Beat, un rythme, une ligne de basse. Que dalle. Nada. Aucun, en 14 pistes. Place aux synthés, lancinants. Aux ronflements des machines. Au doux plaisir de voir des claviers s’enlacer, s’entretenir les uns les autres, s’écraser pour mieux s’envoler. Pratiquement rien d’autre. Mais on parle des claviers de Para One là. Ceux qui vont ont sûrement fait frémir dans « Ski Lesson Blues », d’un « Liège » ou de son remix génial du «Prime time Of Your Life ». Qui vous démontent la tête après vous avoir coupé les jambes…










Etonnant ? Certes. Mais extrêmement plaisant des que l’on enfourne de disque dans notre lecteur. Le morceau titre, Naissance Des Pieuvres, que l’on retrouvera encore plus tard dans l’album légèrement modifié, est sublime. Sorte de complainte fragile, parsemée de vrombissements malsains, elle remplie parfaitement son office. On est devant un album quasi-religieux, où les strates de synthés s’occupent de mettre en musique les complaintes et hésitations des trois adolescentes du film.
Bike dans le même genre, en plus sombre, et plus long, nous plonge dans cet océan de nappes, rugueuses ou délicates, qui vous font bien rapidement décoller hors de toute réalité.


Alors tout de suite, on va dire que certaines pistes n’ont d’intérêt que si elles sont mises en images, comme Vampire, Les allées ou Lilies. Mais que beaucoup d’autres pourraient se suffire à elles mêmes :

Finale est tout simplement sublime. Cette longue montée, presque ecclésiastique, qui se laisse submerger par des violons qui feraient presque intrus dans l’unité du tout, est à pétrifier sur place. Shojo fait immédiatement penser à « Herzog » de Chris Clark, avec cette mélodie flinguée, claudiquant bizarrement, qui se fait partiellement étouffer par des vagues de saturations…
Mais on restera scié avec ce Requiem électronique composé pour l’occasion, ses notes de claviers résonnant comme la mort, sur une superbe mélodie, massive, crade, sourde. Elle ressemble d’ailleurs énormément à celle de « Ski Lesson Blues » sur certains passages, ralentie et dénuée de ses notes les plus aigues. Reste que l’on en sortirait presque abruti de ce morceau, de ce clavier qui claque d’une façon hypnotique, de cette fresque de grande classe, de ce final balayé par le vent.









Mais il serait incohérent de décortiquer pièce par pièce l’oeuvre de Para One. Ce disque forme un tout, une pièce en plusieurs actes, qui n’auraient aucune signification les uns séparés des autres. Pour empiler les références et pour débroussailler un peu le concept de cet album, on pourrait directement renvoyer à certains morceaux de l’artiste, comme ses « Soleils Artificiels », « Bobble » ou « Liège ». On pense sans hesiter une seconde au « Music as the Right To Children » des Boards Of Canada. La BO de Blade Runner par Vangelis n’est pas très loin non plus, certains morceaux auraient pu sauter d’un disque à l’autre sans trop faire scandale.









Naissance des Pieuvres est un très mauvais disque « lambda ». Celui qu’on écoute en sortant de chez soi. Celui que l’on se met dans les oreilles en allant faire les courses. Naissance des Pieuvres sera un disque lourd et fatiguant pour celui qui voudra se mettre du son pour accompagner une actions dans sa journée. 95 % des gens n’apprécieront pas ce nouveau Para One et le taxeront de chiant, terne ou austere. Ou trop difficile d’accés. Comme le précité de Boards Of Canada au final.
Mais ce disque est un excellent disque d’ambiant. D’electronique rêveuse. Un disque que l’on est content de posséder. Que l’on ne sortira et écoutera que pendant de rares occasions, celles où l’on aura pas peur de se perdre, affalé dans son canapé, perdu dans ses rêves. Dans un état de fatigue extrême. Ou d’une concentration exacerbée.
Il sera parfait pour celui qui veut se couper du monde une petite heure. Ou pour celui qui apprécie le plaisir de marcher dans la nuit noire, en parcourant les rues crades de sa ville. Qui voudra divaguer comme bon lui semble, se sentir porté par une construction taillée à l’or fin, se laisser couler dans ses pensées perdant petit à petit toute notion de temps et de réalité.

Comme quand nous nous laissons sombrer au fond d’une piscine en somme, la lueur du soleil devenant de moins en moins distinguable sous l’effet des profondeurs…









14 titres – Institubes
Dat’








  1. Maximus1er Says:

    ça a l’air d’etre le type de disque fait pour etre ecouter le soir pépère dans son plumard et juste se laisser bercer par les synthés …

  2. Jaylinx Says:

    Tiens j’ai eu vent de ce disque hier, absolument pas au courant de son existence avant et j’allais te demander ce que tu en pensais. Bon bein t’en as fais une chronique. Mais c’est normal puisque tu lis dans mon esprit.

    Ca m’a l’air conforme à ce que j’en pensais et ce que j’en ai entendu sur son MySpace, et ça me conviendra tout à fait niveau ambiance. Je m’en vais écouter ça demain dans un bon casque.

  3. Jaylinx Says:

    Tu comparerais ça à la BO de Virgin Suicides ?

  4. vlad1595 Says:

    yep j’en ai pas mal entendu parler, il finira par être mien tôt ou tard… surtout vu la description que tu en fais.

    Bobble était dans le même genre, sans beat ou autres, et j’avais beaucoup aimé, c’est un titre que je me repasse souvent…

  5. Dat' Says:

    Maximus1er ===} c’est tout à fait ça…

    Jaylinx ==} XD
    mmmm sinon c’est quand meme drolement plus opaque que la BO de Virgin Suicide quand même… Apres les deux BO pourraient, c’est certains, avoir quelques points de comparaisons en commun…

  6. Gee23 Says:

    Je me demande si c’est cette musique qui est utilisée sur la BA du film pcq j’accroche grave. J’avais pas pensé à la BO, merci de réparer mon erreur, je vais me pencher dessus et vbravo pour la fin de ton article c’est énorme de poésie !!!

  7. Dat' Says:

    Non la musique de la BA, c’est Vitalic si je ne me trompe pas…. (le choix de prendre ce morceau pour la BA est bizarre d’ailleurs, quand on sait que c’est PAra One qui a realisé 100% des musiques du film…)

    Mais c’est vraiment dans le meme style…

  8. Gee23 Says:

    Vitalic ok ! Tu connais pas le titre par hasard ???

  9. Gee23 Says:

    Trahison le titre yes ^^

  10. Axelvak Says:

    Je cours me l’acheter :fou:

  11. Dat' Says:

    Ah ben voila plus rapide que mes oreilles.

    Il est sur le plutot bon “Ok Cowboy” de Vitalic, je te conseil d’y jetter un tympan dessus…

    Axelvak ==} J’en attendais pas moins de toi XD

  12. Deft Says:

    Euh sinon…

    Quelles machines ont été utilisées ? :saint: :deft:

  13. Spycam, visiteur Says:

    Cela fait un petit moment que je suis les mises à jour de ce blog et voici encore une très bonne critique, comme d’habitude. 🙂

    Par contre dans le film, on peut entendre des titres beaucoup plus dynamiques et excitant lors des petites fêtes organisés par les protagonistes. Malheureusement, celles-ci ne se retrouvent pas sur la bo (mais c’est compréhensible vu que cela aurait troubler l’homogénéité de celle-cià).
    Quelqu’un sait-il ou trouver ces tracks mystérieuses ?
    D’avance, merci. 😉

    Deft > “a Prophet One, a Juno 106, an ARP Solina String Ensemble, a Korg MS-20 & a Korg SQ-10 analog sequencer, a Lexicon 200 Reverberator, Quand Eight & Neve preamps, a Neve Kelso, three Moog pedals + Revox B77”.

  14. Dat' Says:

    Bon ben voila quelque un a été plus rapide que moi une deuxieme fois aujourd’hui…

    Merci de suivre ces pages en tout cas, spycam…

    Pour les tracks mysterieuses, je t’avoue que je ne pourrais point t’aider, mais c’est peut etre du même genre que le morceau de Vitalic…. certaines oreilles aguerries les reconnaitront petit à petit…

  15. Spycam, visiteur Says:

    A première vue ce sont des exclus de Para One, ça risque d’être dur à retrouver.

    Le plus simple serait encore de les ripper à partir du film mais celui-ci est presque introuvable.
    Bref, wait & see.

  16. Skorn Says:

    Pom pom… tu me dispute de ne jamais lacher de comm’s sur tes merveilleuse lignes écrites…

    J’aime beaucoup cette chronique, j’aime beaucoup para one…
    J’ai envie d’entendre ce CD… je le rajoute à la très (trop ? non…) longue liste de CD à acheter… c’est presque désespèrant ! 😉

  17. Dat' Says:

    Spycam ==} Effectivement… A la sortie du Dvd cela deviendra plus simple j’imagine…

    Skorn ==} tu as pas mal de Cd à ratrapper. Fais un emprunt…

  18. Zazen, visiteur Says:

    Pour Spycam : le titre que l’on peut entendre dans la boîte de nuit est “The First Rebirth” de Jones & Stephenson

  19. Spycam, visiteur Says:

    Formidable. Merci Zazen ! (k)
    Je savais que c’était le bon endroit pour poster.

    Vu l’ancienneté de “The First Rebirth”, sa présence dans la naissance de pieuvres est un judicieux hommage de Para One envers ses “ancêtres”.

  20. ana-the-monkey, visiteur Says:

    Yo! Je suis allée voir le film (entre autre..) parceque je savais que Para One était derrière la BO… J’aime ta comparaison avec la BO de Blade Runner par Vangelis que j’ai revu il y a peu… Envoutante, pleine d’images à la seconde et ELECTRO! Ca vous change un film.. Et bravo pour ton blog!

  21. Dat' Says:

    Et bien je trouve que le parallele etait presque naturel en fait. Il va falloir que je me le retape ce Blade Runner d'ailleurs, tu reveilles une envie latente depuis quelques temps.

    Pour le reste, merci pour les encouragements…!

  22. Chico, visiteur Says:

    Si la musique qu'on entend en boite est bien "The First Rebirth" de Jones & Stephenson, c'est une version remixée et non l'originale. J'imagine que c'est le genre de choses introuvables même en CD ?

  23. street-platoons Says:

    J'avais bien aimé la musique durant le film… En effet ça rappelle un peu Blade Runner.

  24. Clem, visiteur Says:

    Vraiment super ce blog, j'étais déjà tombé dessus en cherchant des chroniques d'albums de boards of canada! Je vais suivre tes actualités, continue.

  25. Dat' Says:

    Merci !

  26. TadJBakker Says:

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