Cornelius – Sensuous



L’enfant Nippon se promène






Les choses sont parfois mal faites. A cause d’une barrière quelconque, que ce soit celle de la langue, d’un marketing fumeux ou d’un manque de curiosité, certains artistes, au statut d’incontournable dans leurs pays, par la qualité de leur musique et non leur image, n’auront aucun échos hors de leurs frontières. Ce serait presque le cas de Cornelius. L’un des maître incontesté de la scène Pop / Rock indépendante japonaise, sort mi-mars son 3eme album à parvenir chez nous, et cela dans la plus grande indifférence générale.
Et pourtant, ce Cornelius a marqué les courageuses âmes s’étant perdues dans ses productions, avec le fabuleux « Fantasma », qui enterre à coup de pelle Mellow Gold et Odelay de BECK, puis le petit bijou « Point », bien mois fou, mais à la pureté assez incroyable. (D’autres albums précédent ces deux là, mais ils sont indisponibles en France.)

Comment? Associer Pop et Japon dans la même phrase, cela effraie ? J-pop ? Oui Cornelius vient du Japon, et fait de la pop. Mais que l’on se rassure, il est loin d’une Hamazaki ou d’une Koda Kumi, notre petite soeur de vertu à tous. Car cette Pop rock est un petit bijoux d’inventivité, un travail d’orfèvre dans chacune de ses notes, dans chacun de ses accords, faisant un vrai pied de nez à la facilité et à la morosité, nous envoyant à chaque coup dans des paysages étonnants ciselés à l’or fin.


Arrive alors ce Sensuous, enfin, 6 mois après sa sortie au Japon. Et comme pour ses deux galettes précédentes, Cornelius ne pouvait pas trouver meilleur nom pour intituler ce disque.










Mais en embrayant sur le traditionnel paragraphe sur le packaging, une énigme reste en suspend. Ayant comme d’habitude le disque un peu en avance, je me retrouve avec beau fourreau cartonné, comprenant le disque (évidemment) et un très long dépliant d’une dizaine de faces qui, outre le panorama d’une place japonaise, comprend toutes les paroles, traduites s’il vous plait. Déambulant dans les rayons à sa sortie officielle, je tombe nez à nez avec une édition différente de ce Sensuous, avec un boîtier tout à fait banal, comme tout autre CD peuplant les magasins, et cela au même prix. Ma version est, cependant, absolument introuvable, dieu seul sait pourquoi. Edition japonaise ou autre vous allez me dire. Et bien non, car le dépliant est en français. (Avec un pompeux mais pas si erroné « Cornelius, la musique du 21éme siècle » )

Une édition unique collector choppée par hasard et qui n’existe plus en France ? La classe…
On débute à 1000 Euros sur E-bay allez.





Alors plus que pour tout autre disque, l’usage du casque, ou d’une chaîne Hi-fi Bang & Olufsen achetée grâce à la vente de vos gamins, est indispensable pour appréhender la musique de Cornelius. Pire, la passer en simple fond sonore, ou avec un volume timide craché par des enceintes PC, enlèverait 50% de l’intérêt du disque, le faisant passer pour un disque parmi tant d’autre. Comme si vous tartiniez vos toasts de mayonnaise avant d’y poser du foie gras, trempiez vos sushi dans du ketchup, ou pire, se mettre à boire une bière chaude. Un vrai crime de lèse majesté donc.
Car il faut appréhender le son Cornelius comme une sphère. Tentons d’expliquer l’incompréhensible. Prenons une ligne de guitare. Imaginez vous donc dans une sphère, ou chaque corde, chaque note de guitare, sonnerait d’un endroit différent. Dans la pratique cela donnerait : « 1er note en haut à gauche, deuxième survenant devant vous, troisième dans la diagonale droite, quatrième en bas derrière etc etc non je ne prends pas de drogue… »
On a donc un jeu de guitare qui sort de nul part et de partout en même temps. Et je ne parle pas des multiples strates de synthés s’empilant avec plus de grâce qu’un mille-feuilles de chez Fauchon, et les nombreuses voix provenant de la seule bouche de Mr Oyamada, caressants véritablement vos oreilles. Un vrai ravissement.


Mais là où le concept de « Fantasma » était le joyeux bordel (dés)organisé et « Point » l’épuré tendance schyzo, « Sensuous » va nous servir une idée pour chaque piste, avec une grande cohérence. Par bonheur, toutes ses idées étonneront, surprendront ou frustreront, mais pas une ne laissera indifférent.







Le morceau éponyme, Sensuous, pourrait faire valoir d’échauffement. Car seule une guitare acoustique résonne, surplombée d’effets distillés avec grande parcimonie. La lassitude pourrait poindre. Mais il suffit d’écouter ce son, pur comme jamais, rouler dans nos oreilles pour annihiler ce sentiment. Il est rare d’avoir déjà obtenu une telle perfection dans l’enregistrement d’une gratte sèche. Chaque corde résonne, tinte, vibre, comme un être à part entière. On croirait presque entendre une harpe tant le son est cristallin. Cristallin, on ne pourrait trouver mieux pour définir ce titre. Comme expliqué plus haut, chaque note, chaque tintement, chaque pincement de corde se ballade dans votre tête. Le mouvement des doigts en serait presque perceptible. On en ressentirait presque une sensation de plénitude absolue.





Mais Cornelius, pourtant la trentaine bien tassée, avec son physique d’éternel adolescent, veut s’amuser. La musique est un jeu, un Lego, que l’on s’amuse à déconstruire et remodeler à sa convenance. Fit Song et son empilement de petits mots et de claviers bizarres l’illustre à merveille, mais on lui préférera son voisin Breezin’ :
Synthés presque grossiers servent de ligne directrice à une chanson sautillante, et un chant qui nous effleure comme jamais. Le tout sera dynamité par une vague de clavier presque Trance, avant que tout reparte dans le ton remuant du début.

Changement total d’ambiance avec l’atmosphérique Wataridori s’étendant sur 7 bonnes minutes. Sur une production bien planante, une guitare électrique pincée va se mouvoir, monter, descendre, jongler dans nos oreilles, le tout sur un rythme presque house / lounge. La guitare va se transformer en vraie cascade de note, accompagnant de multiples effets, nous donnant l’impression de flotter dans l’espace, en perdant tout notion du temps si l’on se permet de fermer les yeux.







Et la surprise en serait presque choquante en débarquant sur le titre Gum, le morceau « Rock effréné » de l’album. Dans la pratique, on se retrouve avec une guitare bien énervée, constamment sous tension, qui donne le ton à des onomatopées, répété à l’infini, pour former à terme des mots japonais. Le tout de plus en plus rapidement, dans les plages de guitares se succédant, comme dans le phrasé, pour aboutir à terme à une vraie explosion de la chanson, pliant sous la vitesse enragée du tout, les oreilles elles-mêmes ne pouvant plus suivre le rythme. On en ressortirai presque crevé de l’écoute, tant le tout prend la gueule au fur et à mesure de la montée sans frein du morceau. Un des moments de bravoure du disque.

Pour prendre le contre-pied de cette cavalcade, Cornelius nous sert le diamant de ce Senseous, avec Omstart. Car s’il fallait retenir une production frisant la perfection, ce serait celui-ci. Ambiance calme, apaisante, avec cette gratte acoustique et ce chant soyeux, elle séduit immédiatement. Mais la fascination attend son paroxysme lorsque la voix se dédouble, se multiple, s’enroule autour d’elle-même, construisant un vrai écrin en porcelaine, pour s’envoler directement au paradis. Les voix semblent se muer en nappes de synthétiseurs, c’est tout simplement superbe. Pour illustrer, l’effet est semblable à celui entendu dans « Run » du groupe Air (Talkie Walkie) mais en plus calme, plus planant, plus voluptueux. On attendrait presque un sentiment de béatitude à l’écoute du morceau, comme si nous basculions dans le plus agréable des songes. On se sent partir, bien loin. Sublime.


Pour terminer le travail, et après les deux claques Gum et Omstart, dans des registres bien différents, Cornelius nous gratifie d’une troisième tuerie d’affilé.
Mélodie bien electro IMPARRABLE, rythme donnant immédiatement envie de claquer des doigts et taper du pied, successions de mots en guise de texte, Beep It a des allures de tube, qui ferait un carton et rendrait fou tout les amateurs de dancefloor d’un monde rêvé, si les beats avaient été plus appuyés… la mélodie se vrille dans des modifications discrètes, et le titre se déroule comme jamais, restant directement dans la tête écoute. On en regretterait presque qu’il ne se développe pas sur une plus longue durée.







Apres un Like A Rolling Stone énigmatique (Il faut imaginer une balle rebondissant dans un tuyaux métallique, le tout enveloppé de nappes ultra planantes), aux relents, encore, d’un Air, mais au son absolument divin, on débarque sur le très pop Music, dont les paroles pourraient être le leitmotiv de ce blog. Toujours cette guitare acoustique résonnant de toute part, sur des couplets enjoués, mais débouchant sur un refrain où Cornelius nous susurre un « We need Music » qui vous caresse littéralement les oreilles, avec ses voix qui s’entremêlent, le tout frappé par un rythme franc. Le coup de grâce sera encore donné par des vagues de synthés, élevant et tirant le tout dans les nuages.

On appréciera aussi les bruitistes interludes Toner et Scum, où des plages de musique sont zébrés, voir défoncés, par des vinyles mal scratchés ou des machines non identifiées.

L’album se conclura par un Sleep Warm façon berceuse, peut être un peu trop disney-style pour ne pas lasser après de multiples écoutes. On pense à un Octopus’s Garden des Beatles au ralenti, pouvant clairement habiller un dessin animé. Le morceau en reste néanmoins très agréable si l’on accepte le coté niais un peu trop prononcé, mais réussi clairement l’objectif annoncé par son intitulé, poussant même le vice de se terminer sur de jolis tintements de plus en plus espacés, radical pour vous envoyer ad patres dans le pays de Morphée.








On a au final un album clairement moins barge que « Fantasma » (en même temps difficile de faire pire) mais plus joyeux et fou que « Point ». Certes, il est surement un peu plus difficile à aprehender que les deux précèdent, de part son coté collage sonore façon Lego. Mais la production, on ne radote jamais sur ces choses là, est absolument merveilleuse, et le travail, d’artisanat, d’orfèvre, a du être dantesque pour cisailler avec autant de talent chaque accord de gratte, chaque nappe de clavier, chaque beat, chaque delay, chaque petit d’effet parsemant tout le disque. Rien que pour ce ravissement des tympans de chaque instant, « Sensuous » mérite l’attention des medias et du public, malheureusement encore peu enclins à se lancer dans des petits aliens pareils. Et c’est bien dommage.

Non parce que Cornelius, c’est quand même le seul gars qui enterre toute la disco de BECK avec un disque (Fantasma), qui livre son disque avec une paire d’écouteurs oranges (Fantasma), qui chante de la pop sur de la Drill And Bass (« Star Fruits Surf Rider » – Fantasma), qui transforme les gouttes d’eaux en beats (« Drop » – Point), qui se permet un intermède de Hardcore au milieu de ballades acoustiques (« I Hate Hate » – Point), et qui ici, nous offre un album où de chaque piste jaillie une idée nouvelle.


Car à son écoute, on sent plus que dans n’importe quel autre disque que Keigo Oyamada s’est amusé comme jamais en façonnant ses morceaux, comme si un gamin se plaisait à empiler tout et n’importe quoi, le sourire au lèvre, à essayer les meilleures combinaisons possible, pour dresser un édifice avec une grande habilité. Le disque transpire la passion de la musique, du traitement des sons, et bien entendu de l’usage de la guitare, dans toutes ses formes, en essayant de la sublimer à chaque instant. Cet album est fait pour tous les fans de pop branquignole, ne se refusant jamais de lorgner vers le rock ou la mise électronique. Mais ce disque est aussi fait pour tous les adorateurs de leur gratte, ceux qui se prostrent dessus pour jouer, ceux qui la garde sous le bras pour dormir, ceux qui entretiennent leurs plus sérieuses conversations avec. L’amour quoi.



Car Sensuous est une vraie déclaration d’amour aux guitares de toutes natures, et à nos oreilles dans le même mouvement.







Place aux MP3 :


GUM

BREEZIN’





Vidéos de « Sensuous » :

Il est clair que les vidéos Youtube ne transcrivent franchement pas la qualité de son de l’album, le son 3D devenant « plat » sur ces clips. Mais ils valent vraiment tous le coup d’oeil…






Le très electro Beep It… (Avec son clip sur les 4 premières minutes, puis un Live du même titre, filmé par trouzmilles cameras.)








Le très Rock Gum








Le très Pop Music




Il faut savoir que TOUS les clips de Cornelius sont de petites merveilles de trouvailles graphiques et/ou d’inventivité, je vous laisse donc prospecter pour voir les autres.(Voir Drop par exemple )







12 Titres – Warner Music
Dat’


  1. CyrilJuicy Says:

    I often visit your blog and have noticed that you don’t update
    it often. More frequent updates will give your website higher authority & rank in google.

    I know that writing articles takes a lot of time, but you can always help yourself with miftolo’s tools which will shorten the time of creating an article to
    a few seconds.

  2. encouragement Says:

    It is surprisingly readily available cougar boards if you
    are using my method. You both can each other’s choice and then you can opt to meet anywhere.
    It was only 10p each and every minute so wasn’t exactly emptying your wallet, although I did end up staying
    for the line for approximately 20 minutes.

  3. William Says:

    I know this if off topic but I’m looking into starting my own weblog and was curious what all is needed to get set up? I’m assuming having a blog like yours would cost a pretty penny? I’m not very internet smart so I’m not 100 positive. Any recommendations or advice would be greatly appreciated. Many thanks|

  4. n95 masks Says:

    Your post doesn’t sit right with me 🙁

  5. Manual Mcgurk Says:

    The only thing better than watching inspirational images of shipping container homes is getting a opportunity to actually hear from individuals who constructed them. We figured, why not do both? Once you’ve got a good grasp of the fundamentals of container homes, your following questions are probably,”How can I begin building with shipping containers, and what should I watch out for?” Thus, we asked the owners of shipping container homes to provide us insight into their projects. The answers we obtained vary from specialized to practical to emotional, but they all provide great advice for anyone interested in or contemplating shipping containers as a housing option. So, get ready to see real world examples of shipping container homes crossing from simple to elaborate. And continue reading to find the owners’ thoughts and recommendations for building with excess containers! Read more here {https://thegreenlivingsolution.com/shipping-container-homes-build-free-plans/|https://tinyurl.com/y25xp4yv|https://is.gd/MY0DTu|http://tvc.in/2vojc|http://www.congreso-hidalgo.gob.mx/urls/4cC|http://divineurl.com/245t0

  6. Local Residential Movers Says:

    I used to be suggested this web site through my cousin. I’m not certain whether or not this submit is written through him as no one else recognize such precise about my problem. You are incredible! Thank you!

  7. Boston MA Movers Says:

    Howdy! Someone in my Facebook group shared this site with us so I came to look it over. I’m definitely enjoying the information. I’m bookmarking and will be tweeting this to my followers! Terrific blog and brilliant design.

  8. Boston MA Movers Says:

    Nice post. I was checking continuously this blog and I am impressed! Extremely helpful info particularly the last part 🙂 I care for such info much. I was looking for this certain information for a very long time. Thank you and good luck.

  9. try this site Says:

    I truly love your website.. Great colors & theme. Did you develop this web site yourself?
    Please reply back as I’m looking to create my own personal website and want to learn where you got this
    from or exactly what the theme is called. Appreciate it!

  10. blocked drains minehead Says:

    I visіt eveгy day some websites and websites to read
    articles or reviews, but this webpage offers quality based
    articles.

    Feel free t᧐ surf to myy web site blocked drains minehead

Leave a Reply