Kuniyuki Takahashi – We Are Together



Music Is Our Imagination





Il y a des disques que l’on n’attend pas. Car nous n’en soupçonnons même pas l’existence. Kuniyuki Takahashi est un artiste bien méconnu, basé à Sapporo, et distillant depuis quelques années une musique qui a quelques admirateurs (Plaid ou Luciano entre autres). Pourtant, il faudra presque dix ans à Kuniyuki pour sortir son premier album. Un album que l’on écoutera peu, mais que l’on n’oubliera pas. Qui accepterait de se faire trop régulièrement prendre son âme en otage ?











Parce qu’il nous offre une superbe photo pour orner sa pochette, Kuniyuki retient l’oeil, avec en coin un discret « Music is Our Imagination ». Et la musique pourrait être à l’image de la cover : profondément humaine, gorgée d’influence diverses et belle comme le jour. Un mélange parfait de Jazz, musique électronique, Dub, musique africaine et spiritualité asiatique. Taillé à l’or fin. Façonné avec une grâce et une finesse rare.









People ne pouvait pas mieux ouvrir ce « We Are Together ». Longue montée de percussions tribales, une trompette va rapidement faire son entrée, pour susurrer une mélopée sublime, vous laissant le champ libre à toute divagation. On se pose nonchalamment, on inspire et on laisse les images défiler dans notre tête aux grés du rythme, des instruments. De petites nappes électro discrètes vont perler ici et là, donnant un peu plus de corps au tout, sans jamais déborder, laissant tout le devant de la scène aux deux protagonistes cités ci-dessus.

Même recette sur les 11 minutes de Sleepers, si tenté qu’un Piano sera cette fois maître de cérémonie. Doucereux, feutré, jamais présomptueux, ce dernier sera habillé de ces percussions ininterrompues mais surtout de délicats échos et effets Dub, donnant un corps encore plus planant au tout. Avant que le titre parte dans un Jazz plus familier, mais plus aventureux, à vous dresser les rares poils non brûlés par vos dernières trouvailles. Le piano s’emballe, le titre accélère petit à petit, s’emballe, s’envole, sur les deux tiers du morceau, avant qu’un rythme Deep House se greffe à la marche pour littéralement sublimer le tout. Somptueux. A tomber par terre.

A croire que chaque instrument se doit d’avoir son heure de gloire, Kuniyaki va privilégier la guitare, presque Funk sur Moonlight pour s’en servir comme d’un fil rouge tout au long du titre. Plus rythmé, flanqué d’une aura presque latine, Moonlight va très vite attendre son point culminant avec un rythme toujours aussi jouissif qui débarque en son tiers, soutenant des instruments à vent qui se joindront à la tornade finale.










C’est Heart Beats qui va trancher avec les prémices de ce « We Are Together ». Mélodie cristalline, entre clavier synthétiques et cordes pincées asiatiques, Kuniyuki va offrir ici un versant plus électronique de son travail, avec une rythmique toujours Deep House, presque ambiant. Mais là où l’on chavire, sans une seconde d’hésitation, c’est à l’arrivé de ce Kotô emplie d’effets de Reverb. Un morceau presque hors du temps, où instruments japonais et échos se répondent dans notre crâne, on s’abandonne, on plane, on rêve. La Deep pointerait presque en Drum and Bass feutrée, cascade miraculeuse. Unique, sublime, presque hors temps. Kuniyuki vient tout simplement de nous voler notre âme.

Et Precious Hall va enfoncer le clou, pointant comme l’un des incontournable du disque avec son camarade précédent. Intro énigmatique, lente, faite de vent et de cris de d’oiseaux plus ou moins présents, va laisser se pointer un beat electro beaucoup plus appuyé que sur le reste du disque. Presque Techno, rond, doux mais lourd, on laisse cette machine presque incongrue faire son travail de sape accompagné d’une aura tribale aperçue sur les premiers titres du disque. Nappes synthétiques se superposant les une aux autres comme sur le meilleur des morceaux Deep / ambiant / Minimale, on pense directement à Ricardo Villalobos ou Luciano, avec cette classe et cette prestance folle dans l’art de construire des pièces électroniques. Sûrement le titre le plus électro de « We Are Together », Precious Hall tout en progression, parfaite de bout en bout. Que dire de ces vagues de synthés emplissant vos oreilles vers la moitié du morceau, avant de laisser un clavier sautillant reprendre la marche avec une mélodie presque guillerette, rêveuse, à rendre toute préoccupation obsolète. Du grand art.

C’est aussi le titre qui ouvre une deuxième moitié d’album où les beats electro seront un peu plus présents, là ou les premiers titres étaient bien plus fortement teintés Afro-Jazz, comme l’en atteste Birds, balade où bien des cris d’animaux feront parti intégrante de cette dernière. Les machines et tambours se tireront la bourre avec retenue derrière ces mystérieux volatiles. Sunshine en prendra bien le contre-pied avec des ambiances presque Motown méchamment dansantes, et ses nappes rugueuses et crades toujours dans cette veine bien progressive.










Derniers titres, on va lâcher le temps d’une The Guitar Song (ambiant mix) les atmosphères fiévreuses distillées en amont. Fresque crépusculaire où un piano bien solitaire fera claquer quelques notes perlant sur un lit de synthés très caractéristiques de l’Ambiant, le morceau va petit à petit se mouvoir, entre sons de cloches, filets d’eaux et beats étouffés, préparant le terrain parfait pour la guitare annoncée… qui ne viendra jamais.

Cascade Of Colour surprendra des les premières secondes avec cette voix ouvrant le bal. Couleur très Soul pour cette conclusion parfaite, avec son rythme breaké tout en douceur et le piano accompagnant la Diva d’un soir, Gaelle Adisson. Un Vocoder se permet de tenir la main de la dame, en embuscade, sur quelques mots cueillis au hasard, le tout peuplé d’orgues électroniques et piano peu insistant. Comme si Brian Eno ou Air se mettait à la Soul. La ligne breakée prendra de plus en plus d’importance, pour une dernière montée incroyable sur un disque qui n’en manque décidément pas. C’est juste beau, parfait, en diamant. Difficile d’en dire plus.











Kuniyuki Takahashi nous livre une galette franchement extraordinaire. Il est évident qu’il ne faut pas être réfractaire aux touches Jazz et percus africaines, aux beats électroniques instruments asiatiques et aux ambiances posées, ces dernières sublimant justement les explosions de rythme, les courses effrénées de fin de titres, tous dépassant les 7 minutes. Il faut aimer les ambiances précieuses, difficiles d’accés. Il faut apprécier se laisser aller, se perdre dans un écrin taillé pour les rêveries en tout genre. Passer ce disque en fond sonore sera clairement une mauvaise opération, tant il demande que notre organisme ne soit programmé que pour un objectif : Le voyage, l’introspection.
Des titres comme Sleepers, Hert Beats ou Precious Hall sont de véritables merveilles. Le Japonais signe là un des albums de l’année, (même s’il est sorti en Décembre dernier) et cela sans hésitation possible.

« Music Is Our Imagination » annonce t’il sur sa pochette. Certes. Mais la musique de Kuniyuki nourrit surtout notre imagination, qui, elle aussi doit faire partie intégrante de l’écoute de sa musique… L’un ne va pas sans l’autre.



Un échange de bons procédés en somme.










9 Titres – Mule Musiq
Dat’









  1. Lucien, visiteur Says:

    Mmmmh, je constate qu’il y a toujours d’excellentes découvertes sur ces fameuses chroniques de la consigne automatique. Je ne connaissais pas ce jeune Kuniyuki Takahashi que je vais m’empresser d’écouter. Precious Hall est la meilleure Live-House de Sapporo, le clin d’oeil est sympathique. A bientot.

  2. Maximus1er Says:

    Jazz, percu et electro rah je crois que ça pourrait sacrément me plaire tout ça :love:

    (Et chapeau pour les 100.000 pages !)

  3. wony, visiteur Says:

    Je suppose que c’est dur a trouver? parce que ca a l air d’etre tres interessant!!!

  4. Dat' Says:

    Wony ==} Pas vraiment…

    Il est dispo assez facilement sur le site de la Fnac, et s’il n’est pas dans ton magasin, il devrait etre aisement commandable. Il vaut le déplacement en tout cas !

  5. wony, visiteur Says:

    oki, merci pour l’info. je vais me pencher la dessus alors 😉

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