Alarm Will Sound – Performs APHEX TWIN (Acoustica)



You cant do classical music without a strat…






Aphex Twin m’a foutu une tripoté de branlées auditives, et cela grace la majorité de ses productions. Pourtant je crois être bien incapable de parler d’un album de sieur Aphex. La complexité de certains disques peut être, mais surtout un “background”, un ressenti, un trop gros passif émotionnel accroché à toutes ces galettes.
Comment expliquer l’émerveillement absolu lors de la première écoute de Richard D.James Album, ouvrant des territoires jusque là inexplorés par mes tympans? Ou l’incroyable complexité de Drukqs, à la beauté quasi-maladive, sans équivalence. Et la fureur de Come to Daddy traumatisant pour un gosse qui découvrait des clips cauchemardesques, la gerbe coincée au milieu de la gorge…


La parade, c’est d’aborder Aphex Twin en parlant d’autre chose. C’est ce Alarm will Sound Performs Aphex Twin, où quand une bande de fous tentent de s’attaquer au repertoire de l’anglais avec pour seules armes violons, batteries, clarinettes, pianos et autres instruments acoustiques (plus un fender rhodes). Un orchestre entier pour s’attaquer aux compositions d’un seul homme. Et il fallait au moins ça, vu que le groupe ne se limitera pas aux titres les plus calmes du génie des Cornouailles, en piochant avec aise dans Drukqs, Richard D.James Album, et Selected Ambiant Works II.


En écoutant les versions d’origines d’Aphex Twin, parfois inabordables dans la construction, on rigole bien devant l’ampleur du projet, en se demandant comment des mecs assez fous auraient pu avoir l’idée de se prendre un mur d’une façon aussi violente. Et en pleine face siouplait.















La pochette n’est pas d’un esthétisme rare, mais elle distille des informations assez intéressantes sur la façon dont Alarm Will Sound a abordé le boulot. Chaque morceau se retrouve avec un opérateur, un chef d’orchestre, qui va diriger les autres zozos pour respecter au mieux les matériaux de base. Sans compter la liste totale des instruments utilisés pour le disque, (une trentaine environ) sur les 13 titres choisis pour passer à la moulinette acoustique.








Le plus drôle, c’est qu’Alarm Will Sound ouvre le bal par un titre de Drukqs, Cock/Ver10, sûrement l’un des plus escarpé du double album… Droide en pleine implosion, maelstrom de sons métalliques et âpres qui se voient déchirés par une mélodie belle à pleurer, d’une fragilité extrême.
Que les sceptiques se rassurent, les rythmiques completement vrillées d’Aphex Twin sont toujours présentes, grâce à une batterie en pleine crise d’hystérie. Le matraqueur de füts (quoique ils sont peut etre plusieurs à taper en même temps) jouent avec une telle cadence qu’il en arrive à “driller” la rythmique, comme si cette dernière était crachée par une machine folle. (Avec une teinte plus claire néanmoins). Bref, on se retrouve ici en pleine pluie de couteaux, de rythmes cinglants, épileptiques, alors que des violons se chargent des envolées et déchirures autrefois perpétrées par des grillages en pleine floraison.
Hop, break, clarinette, violon et je-ne-sais-quoi se joignent pour cracher cette ligne belle à pleurer, soutenue par une grosse caisse bien pesante. Et l’on va jongler entre l’enfer et le paradis sur les 6 minutes que composent cette relecture magistrale, arrivant à piétiner tous les vannes que l’on avait mis de coté pour descendre en flamme ce projet pourtant perdu d’avance. Sans compter que la dernière attaque, fulgurante, arrachera la mâchoire de tous les amateurs du genre. Les instruments à vent rugissent, la rythmique martèle, tout s’envole dans une tempête de fin du monde. Imaginez la scène au conservatoire :

– “Bonjour mon petit Nicolas, que vas-tu nous interpréter avec ton beau violon tout neuf ? ”
– ” Cok/Ver10, tiré de la sonate Drukqs, jadis interpretée par le grand Aphex Twin ! ”
– ” hein ?!?!”









Allez je vous vois venir, on attend le moment où je vais lâcher un C’est même mieux que la version originale pour me sauter dessus et me taillader l’aorte avec un pis de vache.
Il est presque inutile de préciser que la force des compositions d’Aphex Twin balaieraient toutes relectures. Certes. Mais certaines peuvent néanmoins être sublimées. Souvenez vous de cette balade étrange au milieu du Richard D.James Album, Logon Rock Witch, sorte de manège tout cassé, claudiquant sans savoir où aller, remplis de bruits bizarres et intrigants. Toutes ces petits bric-à-brac, ces zouip, ces floup et ces pouet sont retranscris avec minutie. Tout en se permettant de mettre la mélodie au premier plan, rendant le morceau plus digeste, sans en enlever son mystère. On se retrouve devant une petite fable à mi-chemin entre Tim Burton et le vagin de ma grande tante, avec un simili-accordeon pour accompagner le tout. Autant dire que c’est drôlement beau. Magistral. Dans le même genre, la fanfare de Fingerbib sera retranscrite à merveille, prenant son envol sur la fin, même si l’on perd le coté rigolard et candide du morceau, au profit d’un écrin un peu plus précieux. On perdra quand même ses muqueuses sur les splendides montées du titre.

Presque piègé par cet instant de tendresse squameuse, on se retrouve la tête en plein Meltphace 6 nouveau challenger issu de Drukqs. Alors oui, c’est moins fort… moins enchevêtré… moins puissant que la version originale. Mais bordel quel pied ! La rythmique est encore plus concassée que sur le titre d’ouverture, la clarinette qui se charge de la nappe arrache sa génitrice et le tout transporte au septième ciel. C’est lumineux, orchestré à la perfection. On utilisera même quelques échos de voix d’anges pour parfaire le tout, alors qu’une sonorité rauque non identifiée en surprendra plus d’un. (Un hautbois poussé dans ses derniers retranchements ?). Et encore une fois, quand le tout se pose avant de repartir dans une cavalcade sans rémission, on lève les bras au ciel. Lâché de taureaux en pleine poire, et le tout sur plus de six minutes. Une relecture lumineuse.










Et là qu’un problème arrive à pas feutrés : Parler de Selected Ambiant Works II Pour ma part, j’ai toujours trouvé que ce disque était le plus difficile d’accès dans la disco d’Aphex Twin. Impossible de réellement l’écouter à la volée. Enfin si, mais il faut trouver le moment parfait. Un vrai cérémonial. Et les moments parfaits, c’est rare. Difficile d’accès, car aride à l’extrême. Angélique aussi. Comme si le paradis se transformait peu à peu en plaine dévastée, vidée de toute substance. On erre, on marche au milieu des décombres, du néant, en admirant ce paysage presque monochrome. Ben ici c’est pareil, avec les reprises de Blue Calx et Cliffs. Tout en dévoilant presque un petit je-ne-sais-quoi aux titres, en particulier pour Blue Calx, sublime, ample, majestueux. Linéaire, mais habité d’une tristesse folle. Il n’y avait que des synthés pour hanter ces plages. Il n’y aura presque que des violons pour ces reprises. Cliffs était déjà moins monolithique, avec ces petites perles glissant sur vos tympans, sonnant comme de petits oiseaux venant frétiller joyeusement sur votre épaule. Je craignais de me faire mortellement chier avant écoute, je me retrouve happé au final, hypnotisé par tant de retenu, de justesse.


Bon, il y a bien une ou deux déceptions dans ce disque… Quand on s’attaque à un titre qui n’avait, pour ma part, que peu d’immensité à la base, j’ai nommé le très j’ai-sequestré-quelqu’un-dans-ma-cave Gwely Mernans, qui plombait déjà Druqks avec son atmosphère de fin du monde. Ne me demandez pas pourquoi, et cela depuis la toute première écoute du disque (il y a 7 ans donc, au secours), mais ce titre, m’a toujours horrifié. Tout comme son petit frère Gwarek 2 l’impression d’être enchaîné dans une pénombre infinie, avec pour seule compagnie des gouttes d’eau tombant dans un coin de pièce et des rats mordant vos doigts de pieds, est presque palpable à l’écoute de cette sombre fresque. Ben chez Alarm Will Sound, c’est un peu pareil, mais cela ne fait plus peur du tout, ce qui était l’intérêt premier du titre. Un peu cheap, on dirait plus une BO d’un film d’horreur un peu série B, qui essaie de te faire croire que le tueur va sauter sur la pompom girl, mais que en fait non car elle est en sécurité, mais pas de bol, elle se fait égorgée cinq minutes plus tard en allant à la selle. Difficile d’être profondément impliqué donc.

Moins pardonnable, mais moins flagrant, c’est celle de 4, exceptionnel morceau de drill’n bass enfantine. Attention, la performance est à saluer, mais on attendait mieux à l’écoute de ce que l’album proposait au dessus. Les violons sont à tomber à la renverse, les attaques sont à se damner, mais le rythme est ici très en retrait, donnant un petit sentiment de mollesse au tout, un manque d’energie. Pas de valeur ajoutée, juste une belle remise en forme du titre, qui plairait gentiment à défaut de faire frissonner. Le Maître du jeu a du décider de mettre en avant les cordes, et de laisser la drill se débattre d’une façon étouffée. Dommage.
On aurait enfin préféré un autre choix de morceau que le très court et inutile Prep Gwarlek 3B









Mais la présence de l’allumé et Druqksien Omgyjya Switch 7 permettra de redessiner de grands sourires sur nos tronches. Pareil, la complexité et la rage du titre, surtout en son début, à de quoi faire fuir n’importe quel musicien qui se respecte, même si la mélodie tutoie le divin. Et bien Alarm Will Sound ne semble guère s’en soucier, en arrivant même a retranscrire les “coups de fouets” de l’introduction. Les hurlements magmatiques des machines seront remplacés par des trompettes guerrières, et l’on fera rapidement débarquer cette litanie sublime, à vous broyer les reins. Le tout est toujours aussi secoué, l’on s’autorise même un simili-break hip-hop, avant de repartir à toute vitesse dans la fournaise d’un judgment day. Certes, on s’écarte un peu de l’original en terme de construction, (l’intermède presque Harsch-Noise passe à la trappe) mais tenter le mimétisme reviendrait à se jeter du haut d’une falaise avec un kouign amann pour seul parachute.

On se paiera même le luxe d’avoir deux relectures acoustiques de deux titres qui étaient deja composés dans ce moule non electro, à savoir le très beau et fragile Jynweythek Ylow et le piano lunaire de Avril 14th.


C’est un scandale, pas de Laughable Butane Bob. Ni de On, Nannou, Every Day ou Girl/Boy song. Quand à l’oubli d’intégrer Peek 824545201 ou Vordhosbn au tracklisting, ça frôle l’impardonnable. Mais bon, avec une discographie aussi riche que celle d’Aphex Twin, il était difficile de contenter tout le monde.
Mais il y a quand même un morceau. LE morceau. Mt Saint Michel + Saint Michel Mount. La grande pièce de Drukqs, l’un des plus beaux morceaux de l’artiste. Un truc indescriptible, cristallisant presque la perfection musicale. Un titre qui a du me faire chialer. D’une violence sourde, ahurissante. Qui bascule dans une beauté, une pureté, un lyrisme à vous arracher les cheveux un à un. Un morceau à tiroir, à phases bien distinctes, toutes naturelles et indispensables. Un chaos qui se nécrose sur une mélodie effarante, pétrifiante, sacrée, avant que cette dernière implose graduellement dans une succession de saccades à vous liquéfier le cerveau afin d’en servir la substantique moelle au bar du coin.
Difficile donc de s’attaquer à ce monument, surtout en délaissant toute touche électro. Le résultat est à la hauteur des espérances ? Oui et non. Non, parce que le titre ne pointe que 4 minutes au compteur, alors que l’original en faisait le double. Oui parce que les mecs arrivent ici à un résultat qui déboîte clairement, un vrai tour de force.
L’introduction apocalyptique est présente, avec un tuba rauque et une batterie hystérique pour principaux employés en démolition. Plongeon dans la béatitude, la mélodie sublime s’imprime, chapeauté d’un piano cristallin distillant quelques perles trop éphémères. Pas de répit, les percussions re-débarquent en trombe, la mort au ventre, vitesse folle, pour un dernier baroud d’honneur, un énième soulèvement, grondant, fulminant, dernière grande tempête. Et puis, plus rien. Deja, trop tôt. Malheureusement, l’orchestre se dérobe, nous laisse dans le silence, peiné de ne pas entendre la suite du cataclysme, imaginant ce qu’aurait pu donner la formidable montée du morceau bardé de violons furieux et de pianos flingués.










Le disque s’adresse évidemment aux amateurs d’Aphex Twin en premier lieu, curieux de surcroit, permettant à ces derniers de redécouvrir des titres qu’ils connaissaient sous toutes les coutures. L’approche se fait completement différemment, à l’opposée des digressions affolantes et de la sensibilité extrême des compos du maître. Certes, certains crieront au scandale encore une fois, comme pour Easy Star All Stars s’attaquant à Radiohead. Mais encore une fois, le télescopage de deux univers radicalement différent fait des merveilles.

Pour donner une idée concrète, le résultat fait penser à la relecture de Rossz csillag allat szuletett par Bong-Ra et Venetian Snares. On utilise du classique, que l’on va fractionner et reconstruire dans un ordre qui échappe à toute logique sur le premier instant. Ne vous y trompez pas, si le disque est totalement acoustique, (On oublie les deux remixes inutiles en fin de galette), il est aussi profondément électronique, dans sa construction comme dans sa manière de reproduire les sons. Logique vous allez me dire. Un disque de musique électronique qui n’utilise aucun procédé tiré de machines, ni même de sampleur. La moindre parcelle des morceaux d’Aphex Twin sont réinterprétés, rejoués, réappropriés. En cela, l’émerveillement papillonne dans nos tympans sans discontinuer.



On tient donc ici le premier (et seul ?) disque de Drill and Bass qui plaira à votre grand-mère. Ce qui soulève d’ailleurs un paradoxe assez drôle, presque inexplicable. Pourquoi ce disque pourra être écouté et approprié par tous, et avec le sourire, alors qu’il reprend parfois note pour note les titres les plus désaxés d’Aphex Twin? En quoi un disque de musique classique completement fracassé sera infiniment plus facile d’accès qu’un disque de musique électronique, alors que ces derniers partagent les mêmes structures, les mêmes rythmiques, les mêmes attaques ? L’acoustique rassurerait l’oreille ?

L’expérience est intéressante. J’ai fais écouter le même titre, (Cock/Ver 10 pour être précis) sur les deux versions, en commençant par Alarm Will Sound, à une personne passionnée par la musique, qui a 15 piges de plus que moi.
Impressions : “J’aime beaucoup. C’est très beau, intriguant, très intéressant cette démarche, cette façon d’agencer les sons.”
Puis la version Drukqs. Réponse lapidaire : “J’aime pas. C’est moche.“Mais c’est le même titre !” “Non là, c’est moche, ça ne veut rien dire, ça n’a aucun sens.”




Bref, outre le fait d’aborder Aphex Twin d’une façon casse-gueule mais impressionnante, Alarm Will Sound nous démontre que la musique électronique n’a donc aucun sens.




















15 Titres – Cantaloupe Music
Dat’










  1. Skorn Says:

    Intéressant, très. Ta chronique me donne très envie d’entendre ce résultat (j’y compte bien dans quelques jours !)… Très bien écris.
    Cela dit, l’envie qu’a fait naitre cette article, c’est de me jeter comme un mort de faim sur LE morceau du monsieur. (A mes yeux)
    Plus de Vordhosbn ou n’importe quel autre morceau : Mt Saint Michel + Saint Michel Mount.

    Heureusement pour moi j’ai retrouvé mon CD et le voilà dans mes oreilles. Une drogue indescriptible.

  2. vlad1595 Says:

    Vordhosbn > Mt Saint Michel en ce qui me concerne, même si ce dernier est ultime aussi et fait partie de mes préférés… Mais bon Vordhosbn a une place de choix dans mon coeur 😮

    Bon sinon tu m’as bien eu enfoiré, “tiens chronique d’aphex twin ce soir lol”, j’ai pas demandé quel disque, mais je m’attendais à tout sauf ça 😀

    Ca doit être génial à écouter, rien que pour le plaisir de voir des morceaux qu’on a usé jusqu’à la moelle sous un jour complètement différent…

    Merci d’avance pour la découverte donc, je sens qu’il va me plaire ce disque.

    (“croquettes” :nerd: )

  3. Greedou, visiteur Says:

    Oulà ça donne envie

  4. funky5, visiteur Says:

    pour ceux que sa interesse j ai trouvé un dj set aphex sur http://www.boingpoumtchak.com a mater ou a enregistrer gratuit pour 1 fois qu il faut pas debourser.J espere que sa te derange pas datura que je mettes un nom d un autre site…

    moi je prefere aphex version electronique

  5. Shin_64 Says:

    la fausse joie. J’ai cru à un nouvel album alors que celui-ci commence à dater, même si il est effectivement très bon. Je dirais même qu’il est devenu incontournable pour tous les fans d’afx twin.

  6. Blooguear Says:

    J’connais pas par coeur Aphex Twin, j’ai quelques albums ( dont druks ) mais cet album me donne envie.
    J’adore les reprise, d’ailleurs j’ai le Readiodread que je trouve vachement interressant ( même si je déteste le reggae ).

    Sympa de faire découvrir en tout cas.

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