NIL – Comme Un (Presque) Printemps



Even Spring. Almost.





Les yeux injectés de sang. Le cerveau flottant encore dans un résidu de bière. L’année dernière, j’etais venu au Ninkasi pour voir dDamage, reconnus pour leurs perfs live ahurissantes, et écouter Puzzle sur scène. Je suis reparti avec un seul nom dans ma tête, scandé tel un mouvement perpétuel par mes synapses : Nil… Nil… Nil… De ce mec, je ne connaissais que le nom (On fait gaffe à tout ceux qui crèchent chez les Gourmets. Jettez une oreille à Carmen Maria Vega par la même occaz), le gif clignotant sur Infratunes, et un ou deux morceaux écoutes distraitement, et qui ne m’avaient pas foncièrement emballés.


Alors quand Nil s’insère timidement entre Puzzle et dDamage, on se dit que l’on va prendre son mal en patience, faire retomber la pression avant le grand chambardement. Les lumières s’éteignent, un beat assez commun démarre. On dodeline de la tête, aspiré par ce métronome sympathique, sans réellement en être persuadé. Justement, un drôle truc se passe avec vos synapses. Un vrai bug. Quelque chose, vous étreint, vous prend la gorge, vous étouffe comme une merde. Vous vous retrouvez seul, dans une dimension parallèle. Les lumières deviennent monochromes. La masse de gens, dégueulant de transpiration, ne devient qu’une chimère uniforme, compacte, irrationnelle. Juste vous, et une musique qui vient de vous percer le cerveau, de vous envoyer dans l’espace, pour vous plaquer violemment contre le sol la seconde d’après. Ce bug, c’est une mélodie, folle, à chialer, qui se faufile au milieu de ce matraquage rythmique. Je ne sais pas comment dire. C’était un mélange de nostalgie et de découverte. N’en déplaise aux grincheux, mais je n’ai pensé qu’à une chose pendant le Live. Les meilleures pistes des Analord d’ Aphex Twin. Attention, je parle des pistes “frontales” d’Analord. Genre Pwsteal. Ldpinch.D, Fenix Funk5 ou Reunion 2. Les seuls morceaux au monde qui vous donnent envie de danser en hurlant de plaisir, tout en pleurant sur la mort de vos proches. Bref, donc, merci pour la claque magistrale, et ce mélange de sons bien abrupts mixés avec des claviers à s’arracher la gueule.



J’avais dis que je reparlerai de Nil des son premier Ep mis en vente. Et j’espérerai que cela se ferait vite. Manque de pot, j’ai du passer un an, les cernes aussi grosses que des trous du cul, à naviguer sur son Myspace, à écouter chaque putain de morceau uploadé pour l’occasion, en restant à l’affût d’une date, constamment repoussée.


Bon les titres de Nil ont du martyriser pas mal d’autres anonymes comme moi, mais le plus drôle, c’est qu’un certain Busy P est tombé sur le myspace du gars. Et en plus de l’embarquer sur toutes les grosses soirées Ed-Banger, il signe un Edit d’un titre de l’Ep du Nil. Ouai l’ep, enfin, sorti, oh joie, il y a peu sur le label des Gourmets. Ceux qui connaissent sont contents. Ceux qui ne connaissent pas vont bientôt l’être.

















Bon, le truc bien avec Nil, c’est qu’il aligne directement un vrai petit bijou, qui résume à lui seul ce que l’on pourra trouver chez le Lyonnais. Comme un Printemps c’est la symbiose parfaite du sentiment que j’exprimais au début. Cette dualité entre rythmique appuyée et dansante, contre une mélodie à vous briser l’échine. Ce rythme, presque House, linéaire, à peine habillé de ce petit frisotti aigu, remplie parfaitement son office : La nuque travaille dur le va-et-vient. Pas des masses hein, on ne tient pas ici une boucle révolutionnaire, mais le tout suffit à faire vaciller les bassins, et lever vite fait les bras.
Et revoilà le bug, encore qui déboule sans crier gare. Cet espèce de clavier miraculeux qui semble pleurer sa mélodie. Ouai c’est ça, danse, et imagine subitement la plus belle des mélodies. Ben elle est sur Comme un printemps. Elle se déroule, elle passe devant nos yeux tous mouillés l’espace d’un instant. Le beat lui, commence déjà à tambouriner derrière la porte, pilonne petit à petit ce moment de grâce, pour repartir comme jamais dans un élan extatique façon je vole au dessus des nuages. Bref bruit blanc, un horizon crade déboule, et l’on cavale dans l’herbe le sourire jusqu’aux oreilles. Non mais je vous jure, à partir de 2 min 16, ce morceau, c’est comme courir à poil dans un champ de blé avec les cheveux qui bougent au ralenti. C’est comme casser tout ce qui se trouve dans ton appart, la rage au ventre, la tristesse te faisant vomir les larmes, en hurlant d’une façon inhumaine. C’est voir tes potes danser avec une joie indicible, alors que tu sais pertinemment que tu ne les reverras plus jamais. C’est comme se retrouver en haut du plus haut des buildings de la plus illuminée des villes, d’écarter les bras et de sauter en riant.
Le morceau, lui, va s’effacer peu à peu, laissant mourir les nappes de synthé progressivement, te laissant completement ahuri après un truc pareil. Le plus drôle, c’est qu’il n’y a rien de spécial. C’est même super simpliste (toutes proportions gardées) niveau construction, faut pas s’attendre à du Goldie. Un rythme pas effarant, deux ou trois effets, et un clavier distillant une demi-douzaine de notes. C’est tout. Mais l’alchimie est parfaite, presque miraculeuse. Je veux dire, les mecs qui chient des mélodies comme ça un jour, ben ils peuvent mourir tranquille.









Alors forcément, Je tourne en carré va paraître plus fruste que sa petite soeur. Elle tire d’ailleurs un peu plus sur le coté Dancefloor de Nil, en faisant la part belle à un rythme crade et ramassé, bourdonnant dans vos oreilles, oscillant aux grés d’attaques qui doivent faire un malheur en Live. Quand à la litanie obsédante, elle choppe vos tympans pour ne plus les lacher. Petit break, le son s’étouffe, la piste devient presque atone, pour surenchérir quelques secondes avec une nouvelle estocade bien saturée. On se dit que le mec nous refile une bonne piste secouée, et voila que débarque une boite à musique angélique, qui n’aurait normalement rien à foutre ici, excepté le fait de nous émerveiller et nous balancer, une nouvelle fois, à la lisière de la stratosphère.


Mais je parlais de symbiose totale entre le coté rentre dedans de la musique de Nil, et sa facette plus absolue, plus émouvante… C’est avec Ma Disconica que l’on attend sûrement le sommet du “concept” décris plus haut. La première piste, si sublime soit elle, est plus basée sur une rupture, un virage presque inattendu, qui vous fait passer du Club à la béatitude en un claquement de doigt, à l’instar des anciennes prods de Tepr. Pour Ma Disconica, Nil se la joue sympa, le mille feuille est dispo dès le début. Le problème, c’est qu’il va falloir étreindre son paquet de mouchoir comme un forcené dès l’entrée sur la piste. La boule à facette se met à chialer sans nous faire languir. Le lit presque saturé fait l’effet d’une bombe, donne un aspect presque “tube” aux premières mesures, rapidement accompagnée d’un pied sourd et d’une mélodie cristalline à s’arracher les viscères de bonheur. Histoire de radoter au maximum, on se demande encore si Nil vient pas (encore ?) de chier sa plus belle séquence.
Impossible à décrire, c’est juste trop bon. Encore une fois, c’est croire entendre Aphex Twin remixer un titre de Justice. C’est voir ses pieds cramer de bonheur sous l’effet du rythme, et dégueuler son coeur tellement la mélodie est belle. Le Break du milieu, où les claviers seuls se délient, tentant de t’écraser les vertebres, est juste lumineux, et permet de bien faire comprendre que oui, la mélodie tue. Putain, et je ne vous parle pas de la montée finale qui survient juste après ça. Je veux entendre ça en boite, en concert, en live, dans la voiture, dans la rue, chez mon voisin, dans le métro, à la tv, à la radio. Tiens, tu écoutes le titre la vieille, que le lendemain tu es capable de le siffler dans la douche. Tout ceux qui sont tombé dans la marmite Nil confirmeront. Alors tu commences à bouger comme un con avec le pommeau de douche dans la main, à chanter, tu mets de l’eau partout, tu danses dans ton appart la bite à l’air, tu ouvres la fenêtre, tu cries que la vie, ben parfois c’est drôlement beau et tu te retrouves au commissariat pour attentat à la pudeur.











Tout est une histoire de mélodie. On a l’impression, dès que l’on aborde un titre de Nil, que ce dernier a tenté de nous en façonner la plus belle des plus belles. Et je parle aussi des autres titres du bonhomme qui étaient écoutables à un moment, et qui, je l’espère, se retrouverons sur son premier album. On pleure d’ailleurs l’absence des morceaux Et voler ton coeur et Le coeur sur le pied qui étaient juste mirifiques de ce point de vu. D’autant plus qu’une des deux s’est peut etre vue voler sa place sur l’Ep par un Edit assez inutile de Comme un Printemps par le big boss Busy P. Il n’apporte rien de fondamental à la chanson, et casse même sa progression. Enfin on ne peut nier qu’avoir l’aval de Pedro Winter sur son premier Ep ne peut être que salvateur pour la suite.



“Le coeur sur le pied”. Ouaip, c’est tout à fait ça. Cela aurait pu être le titre de l’article, tant il résume ce que peut nous refourguer Nil. “Le coeur simple” aussi. Pas besoin de construire des cathedrales musicales ampoulées pour toucher au plus profond des gens. On pourrait même resumer sa musique en une phrase, constituée de deux intitulés de morceaux : Voler ton coeur pour le mettre sur ton pied.
Ça te ravage les jambes et le bassin, mais cela te parasite le cerveau et le coeur, constamment tiraillé entre joie et mélancolie. On trouve ça super jouissif, super beau, super optimiste et triste dans le même mouvement. C’est des petites bombes à danser qui te poursuivent jusqu’à ce que tu passes l’arme à gauche dans ton pieu, explosé par le sommeil. Qui s’écoutent aussi bien avant de faire la bringue, qu’affalé dans un train en ruminant sur les bons moments passés, avec un paysage défilant devant tes yeux aussi rapidement que tes souvenirs. Nil arrive à brasser deux émotions completement opposées d’une façon rare, comme seuls des tenors de l’electronique savaient le faire auparavant. On ne les citera pas, histoire d’eviter les comparaisons fumeuses.



En fait, ce que balance Nil, c’est pile tout ce que j’aime dans la musique électronique. Un coté rythmique qui tabasse, qui vous file immédiatement l’envie de danser. Et sur le fil, des mélodies à chialer. Une musique qui vous fait vibrer, danser, sauter dans tous les coins. Qui vous étouffe, qui vous prend la gorge. Qui joue sur les souvenirs, les sensations, les sentiments. Nil veut nous noyer dans les étoiles.



Si son futur album, à sortir en fin d’année, aligne d’aussi belles perles sur une demi-douzaine de titre, il risque sans conteste d’être un des rares disques que je défendrai jusqu’à la mort…









En vente sur Beatport, Itunes, et en vinyle dans tous les bons magasins.


4 titres – Gourmets Recordingz
Dat’








  1. Skorn Says:

    J’ai attendu l’EP comme un mort de faim.
    J’attendrai l’album comme un mort de faim.
    Difficile d’en dire plus sans te paraphraser.

    Ici j’ai retrouvé la magie de la mélodie, ce truc que tu ne peux pas expliquer clairement sans endormir tout tes potes.
    Ce genre de mélodie qui se grave dans ta mémoire puis t’entraine dans leur danse, changeant de visage, joie, tristesse, mélancolie… Selon l’humeur. Mais toujours en se remuant le bassin.
    Bon. J’vais pas réinventer la chronique, je ferai peine à voir.
    Très bien écrite en tous les cas. On voit le coeur qui parle.

    Vivement.

  2. vlad1595 Says:

    J’essaye d’éviter ce genre de méthodes d’habitude mais à la demande de Dat’, J’AI LE FLINGUE SUR LA TEMPE DE NIL, ET J’EXIGE QUE L’ALBUM SORTE TRES VITE ET QU’IL DECHIRE (et qu’il s’appelle “Le chant des poules du printemps”) !

  3. Nexus5 Says:

    Si il y a des choses bien a ecouter dessus, t’as le lien vers le myspace de Nil ?

  4. Dat' Says:

    Ah oui tiens, pas bete, moi et mon habitude de ne jamais mettre les Myspace, tu n’es pas le seul à me l’avoir demandé dans la nuit en plus :

    http://www.myspace.com/mynameisnil

    Hop.

    Vlad1595 ==} bah dans le même mouvement, demande lui de remettre “et voler ton coeur”, ça m’arrangerai…

  5. wony, visiteur Says:

    hey coOL, j avais entendu parler de lui (enfin j avais parlé un peu avec lui sur dmute, il y squatte beaucoup, a propos du Monome qu il utilise pour ses lives)

    Ca fait plaisir de voir qu il ressort son EP (mais ca fait pas plaisir de pas avoir de platine vinyle…). Je vais assez souvent sur son space, Ce jeune homme ira loin je pense

  6. Liam, visiteur Says:

    oh, je n’etai pas au courant que son ep etait sorti… Enorme !

  7. Gourmets Recordingz, visiteur Says:

    Merci pour lui.
    Merci pour le soutien à la famille.
    Toutes tes chroniques touchant a nos artistes on été sincères et très documentées (Manimal Instinct, Les Gourmets…).

    Au plaisir de te rencontrer sur un concert ou pour boire une bière dans un bar clando.

    John Craven A.
    [email protected]
    http://www.gourmet-recordingz.com

  8. duck, visiteur Says:

    Excellent skeud effectivement

    dommage quil soit si dur à trourver par contre

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