Antipop Consortium – Fluorescent Black



Stay humble, still number one







A l’instar du dernier Chris Clark, je me baladais dans les rayons de disques, en me demandant bien quelle galette pourrait me servir d’accompagnatrice pour la semaine à venir. Et hop, belle surprise, le nouveau Antipop Consortium trône déjà dans les magasins jap, bien avant sa sortie officielle dans le reste du monde. Merci Beat records. Et l’on peut dire sans rougir que l’on attendait ce Antipop. Depuis 2002, et cette triste séparation après un affolant Arrythmia sorti sur Warp, petit chef d’oeuvre d’electro-hiphop complètement fracturé mais gardant toujours une facette accessible et jouissive (le groupe passait même sur MTV à l’époque, même si tard le soir) : bourré de prises de risques, de rythmes incroyables, de séquences hallucinées et idées peut être trop raides. Le groupe n’aura acquis son aura culte que bien après la sortie du disque.

Apres embrouillent et split, les membres s’éparpillent, Beans enchaîne les solos sympas (et accouche de quelques tubes, comme Papercut ou Mutescreamer), High Priest et Sayyid forment Airborn Audio pour de bonnes galettes… Mais rien de renversant. Il manque toujours un je-ne-sais-quoi. Le parfait équilibre atteint avec le groupe, entre bombinettes et expérimentations, n’est plus si évident, on tend toujours vers l’une ou l’autre facette sans trop y croire. Puis d’autres groupes prennent le wagons en marche, et balancent de vrais scuds, poussant l’exercice estampillé APC beaucoup plus loin, avec toujours autant de saveurs, reléguant le trio New Yorkais au rang de patron, de référence. Le groupe vers qui l’on se tourne avec nostalgie, en se disant que bordel, le son sonne toujours actuel, tout en étant figé sur 2002 à cause de la séparation du groupe.

Alors quand, l’année dernière, APC repart en tournée avec des morceaux inédits, et lâche en interviews des infos sur un nouvel album, signe sur Big Dada, le web s’enflamme, les espoirs nécrosés renaissent de leurs flammes, le messie est là pour filer un coup de balais sur nos humeurs ô combien nostalgiques, c’est la folie totale à en chier des cotillons.
















La première chose qui frappe en ayant le disque dans les mains, c’est bien l’allure folle de la cover. L’artwork est beau, pas d’autre mot. Mark Evans, que je ne connaissais pas (mais qui a l’air d’être un gros nom dans l’illustration SF) opère une refonte particulièrement réussie de l’habituel logo du groupe, petit bonhomme à la tête enflammée. Bref, le cd crache la classe et fait fondre tous autres osant trôner autour de lui dans les magasins. Bon point, les gens s’arrêteront devant. Autre bonne nouvelle, l’édition japonaise contient deux titres bonus, comme bien souvent ici. Sauf que là c’est du sérieux. Les mecs ne se sont pas contenté de trouver un fond de tiroir, ou un vieux remix tout pourri (Quoique je n’aurait pas craché sur celui de Four Tet qui vient d’émerger, plutôt réussi).
Non, APC calle deux titres, pas en fin de tracklisting, mais bien intégrés à l’album, semblant parfaitement en phase avec les titres voisins, histoire de ne pas briser la cohérence du tout. L’énorme (on y reviendra) conclusion restant conclusion, et les inédits se plaçant donc respectivement à la 8eme et 13eme place. Bref, une “enhanced / collector version” faite avec intelligence, c’est plutôt bien vu. On savait qu’Antipop Consortium aimait le marché japonais (ils ont sorti un album entier inédit là bas il y a presque 10 ans, Shopping Cart Crashing, quasiment introuvable désormais) et le pays le lui rend bien.









Les gars d’Antipop Consortium avaient promis un disque “What The Fuck ?” (sic) pour ce Fluorescent Black. Et c’est effectivement une phrase que la majorité des gens vont lâcher des les premières secondes de la galette : Gros mur de guitares hardcore, larsens incontrôlés et relents punk, on se demande directement si l’on ne vient pas de se tromper en insérant le disque dans le lecteur. Puis le gros typhon noisy se calme, et vlan tu te prends la claque du mois dans la gueule. Les saturations perdurent, mais un beat vient violer le tout. Pas un rythme, LE rythme. Celui craché par une MPC que le groupe sait manier comme personne. Un truc qui tue, d’une prestance dingue, qui se faufile et s’infiltre dans ta nuque pour la faire bouger illico. Les trois Mc déboulent, lâchent leurs flows avec hargne, et l’on commence à serrer son petit doudou avec les yeux qui brillent, en se disant que ça y est, Antipop est de retour et ça va tuer toute ma famille, c’est trop jouissif, même plus envie d’écouter la suite c’est bon on est convaincu. Lay Me Down qu’il s’appelle, le titre. Il porte parfaitement son nom.

Ce genre de rupture de structures, de rythmes et surtout d’ambiances, on va en retrouver pas mal au long de ce Fluorescent Black. A dire vrai, c’est carrement les trois premiers titres se plaisent à surprendre en partant soudainement dans la direction opposée. Et apres le Punk-noisy du premier titre qui mute en tuerie hiphop, on débarque en terres plus électroniques avec New Jack Exterminator : métronome complètement barré qui part dans tous les sens, boite à rythmes en pleine crise d’épilepsie, beats secs comme la mort, refrain mitraillé par les scratchs. Et tout à coup, trou noir, on se retrouve dans un trip analordien de l’espace, avec des claviers cristallins qui chialent leurs vagues à l’âme, pour une dernière minute presque hors propos mais vraiment belle.

Et voilà que se pointe Reflections, avec une boucle absolument énorme taillé par Priest. Le genre de beat simple mais parfait. Qui claque dur, jouissif comme la mort, imparable. Donc on en prend pour son grade, on tape comme un con sur ses genoux en rythme, alors que tout le monde nous matte dans le métro. Encore une fois sans prévenir, le morceau va vriller dans un Rockabilly hystero histoire de conclure dans la direction opposée.
“What the fuck vs Tympans = 3 – 0”.
Un peu plus loin, Timpani va nous trimballer dans des percussions tribales bizarres, avec cris possédés et bugs non identifiés. Concert de hiphop au milieu de la jungle, avec une tribu qui te colle aux fesses avec ribambelles de flambeaux. Et il se passe quoi cette fois ? La jungle mute en rave party, et l’on part dans une techno sombre et écrasée, le concert s’est transformé en chasse à l’homme, avec un robot qui veut nous égorger avec sa scie circulaire.








Heureusement, Antipop Consortium ne se base pas systématiquement sur ces ruptures soudaines, et déroule souvent une recette reconnaissable entre mille pour les amateurs du groupe : Des morceaux simples, basés sur une boucle de folie, point barre. Un faux minimalisme balayé par la construction même du titre. Si la boucle répétée et rarement progressive, elle n’en sera pas moins souvent complexe, hypnotique, ultra-electronique et comme d’hab imparable. Bref, une bonne ribambelle de morceaux compacts typiquement marqué du sceau APC se pressent tout au long de ce Fluorescent Black, entre Mpc qui crache ses tripes et refrains lymphatiques qui s’impriment direct dans le cortex. Les Mc lâchent leurs couplets puis se barrent, laissant parfois à peine le temps au chorus de s’exprimer. En parlant de ça, Sayyid est absolument impérial, et cela sur tout l’album. Les autres ne sont pas en reste, mais le bonhomme précité semble avoir bouffé du lion avant d’avoir enregistré ses interventions.

De l’énorme Shine, se terminant sur une partie chanté magistrale, au frénétique et saturé Get Lite, en passant par le passage à tabac Volcano, le bouncy et bien cool NY to Tokyo (feat Roots Manuva, assez discret pour le coup) ou le déstructuré et saccadé Apparently, on a pas fini de sauter dans tous les sens en prenant son pied, la nuque pliant sous les assauts rythmiques.
Dans cet exercice, la palme reviendra à Superunfrontable, grand, avec son instrue tout simplement cosmique, avec cette saturation grave hypnotique et parabolique chutant constamment vers les graves, avant de repartir à chaque soubresauts. On se paye un refrain qui te transperce la gueule tellement il assure, et les trois Mc nous offrent une vraie leçon au micro, avec un Priest qui passe à la vitesse supérieure. On se paiera même une fausse fin avec clavier cristallin et notre copine ligne-de-basse-cradingue qui semble s’écrouler pour de bon vers le néant, avant de se faire rattraper par le collet pour un dernier couplet.

Impossible de passer sous silence le tubesque Capricorn One, qui ne paie pas de mine au départ avec son synthé trançouille répété ad-nauseam, sa corne de brume électro pourrie que l’on croyait disparue du paysage musical il y a dix ans et ses percus un peu cheap, mais qui fini au bout de quelques écoutes à nous rendre aussi déchiré que son refrain. Tu as envie de gueuler “capricorn-capricorn-capri-capri-ca-ca-capricorn ONE !” en te disloquant le corps ? C’est normal. Sinon Sayyid fait encore le ménage dans nos oreilles en riant.

Parlons d’ailleurs des deux pistes bonus de l’édition japonaise, qui s’inscrivent dans ce modèle de morceaux dépouillés et imparables : Si Polar Bear Digital étonnera avec sa boucle tarrée, lo-fi et déstructurée, qui ferait fuir plus d’un Mc normalement constitué (Mais pas les mecs d’APC, qui semblent dompter le monstre sans problème aucun), c’est surtout New Frontier qui restera dans les mémoires. Parce que là, attention, c’est pas du bonus de kermesse que nous refile les New Yorkais :
Un synthé de fin du monde, ultra gras et crade, ondule, tourne sur lui même et se fait littéralement ramasser par un beat ultra sourd, genre gros coup de butoir à faire sauter les fenêtres de sa piaule. Sayyid et Beans se font encore plus vindicatifs qu’à l’habitude, crachant presque leurs lyrics, et modulent leurs flow d’une façon assez inhabituelle. Le morceau est un espèce de trip synthétique en slow-motion, complètement barré et psychotique. Bonne claque.









Antipop Consortium nous réserve aussi quelques aliens (en plus des morceaux doubles facettes cités plus haut) plutôt bien placés dans l’album, pour servir de bonnes coupures entre deux mandales :
The Solution, complètement perché, nous servira une instrue électro pop bien spatiale et planante, en mode mille feuille de synthés sci-fi, voix robotiques et claviers space-opera. Les voix se feront plus flegmatiques, presque je-m’en-foutiste, histoire de bien nous laisser dériver entre les comètes.
Born Electric poussera le vice encore plus loin avec une intro qui en fera marrer plus d’un, en mode piano tout niais et chant, tout essoufflé et plutôt faux. Garanti sans “Autotune”. Puis le morceau s’envole, part dans une instrue assez énorme, blindée de détails, avec les Mc qui cabotinent à mort. On regrettera la fin un peu vaseuse, avec le solo de guitare complètement cramé et les choeurs à la ramasse, même si cela participe au côté presque parodique du morceau. Le groupe serait totalement parti dans cette direction que l’on aurait fait la gueule, mais là, glissé au milieu de presque vingt morceaux, ça reste plutôt marrant.

Allez, j’aurais presque envie de le dire, pour moi le morceau End Game est peut être le meilleur morceau du disque, tout du moins dans le trio tête. l’intitulé l’annonce presque : C’est la fin du jeu, avec ce titre, APC fait trop mal, il faut faire ses valises. Pourtant, dans End Game, il y a rien ou presque. En simplifiant la description, les Mc se retrouvent presque accapella, l’instrue se limitant à quelques effets et beats jetés ici et là pour appuyer certaines syllabes des monologues. Tout se joue sur le silence, sur les intonations, sur les sonorités de l’anglais lui même. C’est complètement déstructuré et évident dans le même mouvement. Tout semble évoluer dans un même mouvement, les flows et l’instrue étant indissociables, copulant à chaque instant. E.Blaize, quatrième tête du groupe cachée derrière les machines, a taillé un vrai diamant. J’avais pas été autant impressionné par un morceau de ce genre, mutant, fracassé et modelable à l’infini depuis le “J’ai pas sommeil” de TTC. Et niveau minimalisme hypnotique, depuis le morceau absolument monstrueux “Z St.” de… ah, ben Antipop Consortium justement…

Le disque se terminera sur une autre hallucination, Fluorescent Black. On en pouvait pas rêver d’une meilleure conclusion pour le disque, avec surement l’instrue la plus aliénée de ce dernier (et accessoirement la plus longue) : Pas de rythme, ou presque. Juste un lit, un océan, un gouffre de parasites et saturations qui s’entremêlent à l’infini, un truc presque indescriptible, complètement abstrait. Et pourtant les mecs arrivent à y greffer un refrain presque hymne de stade, et des couplets d’enfoirés. Ça grésille et vole de partout dans les oreilles, avec pour seul repaire des synthés graves qui tentent de surnager au milieu du tout. Ok les mecs, pas de problème, médaille d’or.










Le retour des New Yorkais est sans conteste une vraie réussite. Toujours capable de se taper des grands écarts de folie entre expérimentations alambiquées et petites claques imparables, Antipop Consortium n’a pas perdu son aptitude première, celle de tailler des boucles jouissives, aux rythmes qui claquent et aux mélodies qui hypnotisent. Constamment sur le fil, flirtant avec des exercices vraiment flingué (les ruptures inattendues de certains morceaux, les instrues complètement dingues d’autres) et le hiphop que tu passes dans ta bagnole avec tes potes, Fluorescent Black aligne sur 19 titres de vraies tueries que l’on se repassera cent fois sans (ré)fléchir (Lay Me Down, End Game, New Jack Extermnator, Shine, Superunfrontable, Timpani, Fluorescent Black et New Frontier) et de petites bombes incontestables, moins expansives, mais aux beats parfaits ( Reflections, Ny to Tokyo, Polar Bear Digital, Capricorn One, The Solution, Volcano, Get Lite… ). Priest, qui a produit la moitié des tracks de l’album, s’est littéralement déchiré.

Antipop Consortium, dans la partie de bille qu’est le Hiphop, c’était le gros calot en plomb, celui que l’on gardait jalousement dans la poche de peur de se le faire piquer. De toute façon, on ne pouvait pas l’utiliser, vu qu’il pouvait rouler sur tout le monde et écraser toutes les billes, la triche. Manque de pot, ce petit con de Clotaire vous l’avait piqué en 2002 sans que vous puissiez réagir, trop chétifs pour vous défendre. 2009, on a grandit, on est passé par la salle de muscu histoire de pouvoir casser la gueule de l’autre connard, et reprendre enfin le boulet APC.

De nos jours, plus personne ne semble jouer aux billes, on en baffoue les règles pour faire de la merde, alors plus besoin de garder le calot dans sa poche, il est temps pour les New Yorkais d’être enfin jeté dans l’arène et de faire de la place en giclant tout le monde du terrain. D’une simple pichenette. Pour être moins évasif :


Fluorescent Black démonte.











Mp3 :


Antipop consortium – Fluorescent Black Album Teaser (clic droit / enregistrer sous)


Antipop Consortium – Volcano (Four Tet Remix)





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Interview Chro Auto Antipop Consortium Nuit Sonores 2008











19 Titres – Big Dada / Beat Records
Dat’











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