Bike For Three ! – More Heart Than Brains



One day I should find the wrong way to wonderland







Sans avoir d’explication, je n’attendais pas vraiment cet album. Bien mal m’en a pris. D’ailleurs, bizarrement, je n’attends jamais vraiment un album de Buck 65, y allant toujours à reculont, pour en ressortir enchanté à chaque fois. Et cela depuis bien des années, peut être bien depuis son Man Overboard. Pour ma défense, il faut dire que l’on en a bouffé, du Buck 65, depuis un an, avec ses trois excellents (et gratuits ! ) albums de sa trilogie Dirty Bike. Cette salve de morceaux cradingues rassuraient un peu sur la trajectoire un peu brouillée du type depuis quelques temps, carrière d’une densité assez ahurissante. Le canadien, depuis 10 ans, nous sort une musique dégageant les tentatives de comparaison à coup de talons, entre Trip hiphop-electro-autiste (Man Overboard ou Square, sublimes) ou Hiphop folky sautillant (les énormes Talkin’ Honky Blues et Secret house against the world), tout se baladant autour d’Anticon et Lex. Sans oublier qu’il semble apprécier de poser des feat chez les français (de Gravité Zero à Detect, en passant par l’armée des 12)

Bref, après une fin 2008 chargée, Richard Terfry revient avec un nouveau projet sur Anticon, Bike For Three ! , duo composé de Buck au micro, et de la Belge-Coréenne Greetings From Tuskan aux machines. Pour l’anecdote, les deux entités ne se sont jamais rencontrées durant le processus de création de l’album, tout se faisant par échange de fichier et de mails. La demoiselle ayant pour habitude de créer des fresques fortement électroniques, pas besoin de réfléchir longuement pour comprendre que Buck 65 allait délaisser Mpc et boucles sèches pour de belles nappes synthétiques.















Derrière l’artwork énigmatique ( l’autocollant du titre étant d’ailleurs viré au déballage) se cache de jolis portraits crayonnés du duo, ou quelques formes plus ou moins cauchemardesques. Pas de lyrics, mais l’on se consolera en se rappelant que Buck 65 fait parti des Mc anglophones les plus intelligibles, de par sa voix rauque et posée. Et comprendre les textes est ici important, l’album ayant pour thème principal ruptures, sentiments et doutes (les titres son deja assez (trop?) eloquents), exposés sans détours, petite digression dans la jungle métaphorique parfois psychédélique du Canadien.




L’album est d’ailleurs tellement homogène musicalement et textuellement parlant qu’il ne faudra pas très longtemps pour piger ce que le disque renferme. All There is to Say About Love ouvre le disque d’une façon feutrée, avec nappes ambiant et clochettes cristallines. Paf, Buck 65 déboule plein d’aplomb et emporte directement le tympan. Le flow du mec rassure et tabasse dans le même mouvement, et le tout part vite sur un superbe refrain à base de bleeps tournoyants et d’un “Break chains, Make change, Break chance, wohohohooo… “ qui devrait parasiter pas mal de tête sur des journée entières. L’instrue est assez cosmique, ça s’enroule de partout, tête dans les étoiles sans jamais en faire des caisses, c’est vraiment beau.
Lazarus Phenomenon, beaucoup plus courte, pourra filer quelques mandales, et apres un faux départ fait de beats Hiphop bien secs, va décoller très rapidement, avec un Buck65 haussant petit à petit la voix, nous électrisant la colonne vertébrale dans le même mouvement, le gars étant superbement soutenu par une instrue éthérée explosant sur un lit de clochettes candide et une bonne gratte shoegaze.

Et des montées du genre, le disque en regorge, filant parfois de bonnes grosses baffes, tant on ne s’attend pas, la première fois, à ce que les morceaux se tapent des envolées pareilles. No Idea How en est surement l’un des meilleurs représentants. Débutant sur une électro candide, et un Buck 65 presque cabotin, le tout est joli, rêveur, balade ingénue qui va se faire fracasser par un “i’m so lost ! i’m so lost ! i’m so lost !”, refrain faisant basculer le morceau sur un Hiphop énervé. La mélodie tonne, prend de l’importance à chaque phrase lâchée par le canadien. On commence à étouffer après avoir eu envie de lever les mains.
Point de rupture, tout s’éteint, zéro beat, juste un océan de nappes qui déboulent en mode cathédrale, c’est sublime, ça t’électrise la gueule. Le mc rappait sur le toit d’un immeuble, mais il vient de sauter, et chute dans cet masse de synthés et d’échos en scandant ses “i’m so lost ! i’m so lost ! i’m so lost !” comme un damné. La dernière minute laisse presque sans voix. La claque.

There Is Only One Of Us tappera aussi dans l’explosion, commençant avec une belle première partie, à la longue et calme intro, puis au métronome appuyés de sonorités “caverne de glace”, avec un Buck 65 à la voix grave, triturée par des effets parfaitement placés. On raffermit le ton, les beats se font de plus en plus secs, avant que partir dans une Drum’n bass affolée, supplantée d’une guitare folle et de la voix angélique (et charcutée) de notre beatmakeuse.
Le très beau First Embrace remplira de même son quota de frissons à filer, avec un début très Ez3kiel, et un Buck 65 presque prophétique, constamment dégommé les machines de GFT, qui va se lâcher sur des synthés de plus en plus abrasifs, prenant de l’ampleur avant de se désintégrer dans un final bien crade.









Reste que le palme du morceau je-prends-ta-colonne-vertebrale-j’en-fais-noeud-avant-de-la-découper-au-ciseau-et-te-la-faire-bouffer revient au sublime Can Feel Love (Anymore), surement l’une des plus belles pièces Hiphop qui m’a été donné d’entendre chez Anticon récemment. Encore une fois, les petites clochettes sont de la partie, accompagnées d’un vocodeur débitant les mêmes mots ad nauseam. Encore une fois, le morceau débute d’une façon assez aérienne et apaisée. Encore une fois, le morceau a un refrain simple qui tue, et qui parasite la gueule pendant trois mille ans. Sauf que Buck 65, au milieu du morceau, commence à se regarder dans une glace, et balance un résigné “What happen to me that i’m so afraid to draw ? / afraid of the dark, afraid to let the people down / To take care of myself, my parents told me how / But they probably never imagine me alone as i am… “ et sur ces mots, le discours se tord, se nécrose, se retrouve écrasé par un liseré de son absolu, sorte de shoegaze électronique à faire dresser les cheveux tellement c’est beau, céleste, aérien. Et voilà que Buck 65 lâche un culte “Probably. Because. Maybe. If no matter what… “, mots du vocodeurs qui prennent alors tout leur sens. Le tout se perd dans ce marasme somptueux, on crache un dernier couplet histoire que le tout prenne encore plus d’ampleur, pour bien vérifier que tu viens de te faire arracher la gueule, et que t’es paralysé, en sang, assis comme un con, le casque sur les oreilles.
Tout est parfaitement placé, ça file la frousse tant la progression est énorme, c’est Buck65 feat Boards of Canada vs M83, tranche de la main en pleine nuque, hop coup de grâce, c’est fini, on est amoureux de ce disque.

Mais rassurez vous, le disque a aussi ses petits moments de grâce calme et pondérée, enrobant le Mc dans un écrin serein comme Always I Will Miss You. Always You et ses nappes en paraboles assez belles, bien planantes, ou le superbe One More Time Forever, mélangeant beat bien gras et cliquetis Idm du plus bel effet. Les refrains partent encore dans la stratosphère, avec des choeurs lâchés par la demoiselle du duo, noyés dans des parasites radiophoniques et un Buck65 à la voix qui se décomposées par les saccades.
Mais on trouvera aussi son lot de Hiphop plus hargneux et âpre, aux beats tranchant, textes scandés et synthés cassants. Ces derniers se posent d’une façon bien grasse sur l’énorme Nightdriving, rouleau compresseur ( “Hold Still Keep Goin’ !” ) avant de partir sur des teintes plus stridentes débouchant sur un final bien fracassé, giclant de partout en se décomposant. The Departure jouera sur le même terrain, avec un peu moins de force, mais autant d’efficacité, dynamitant la structure avec quelques saturations. On aura même le droit avec Mc Space à une passe façon Hiphop Oldschool plutôt bienvenue au milieu de l’album, reprenant un morceau du même nom de Mc Shan, en rehaussant le coté robotique de la compos de base.

On approchera de la conclusion avec Let’s Never Meet, et son instrue aux beaux synthés-hachés-dance-pute-cristalline très Clubhoppn’ de ParaOne, (Cela me permet d’ailleurs de rappeler que son Severed God’s Limbs feat Busdriver était une boucherie sans nom, un morceau hiphop cathédrale ahurissant) avec un Buck 65 domptant sans problème une structure beaucoup plus éclatée que sur le reste du disque. Le titre contenant ses moments de recueillement, avec ces petits synthés qui scintillent seuls sous la voix du canadien, et des passages complètement barrés et déstructurés, partant complètement en vrille, flirtant avec l’Idm sous crack.

Et précédant un Ending bien ambiant, More Heart Than Brains étonnera en sortant J. Phuong Minh Lé de derrière ses machines pour chanter sur la première moitié du titre, (aux beats appuyé, lignes presque techno et à l’ambiance oppressante), avant que Buck 65 lâche un ultime couplet complètement charcuté par les machines, laissant à peine apparaître quelques syllabes compréhensibles, étouffées dans un très bel écrin bien spatial.











Difficiel d’etre mi-figue mi-raisin avec ce Bike For Three ! Le disque est tellement homogène que l’on adhère directement à ce dernier, ou on le dégage bien loin, fatigué par l’uniformité du tout. Pourtant, les amateurs d’électro-hiphop ne pourront être qu’enchanté par l’essai de Buck65 & Greetings From Tuskan. Beaucoup moins âpre et cradingue que pas mal de sorties Anticon, Bike For Three privilégie les belles fresques electronica et ascensions crève-coeurs plutôt que les beats sombres. Buck 65 y est encore une fois impérial, construisant des refrains affolants avec juste deux ou trois mots, et avance surement l’un de ses projets les plus réussi. Certains morceaux sont d’ailleurs renversants ( “Can Feel Love Anymore”, pour ne citer que lui).


En se penchant sur ce More Heart Than Brains, on pense fortement au disque de Fat Joe & Styrofoam, qui avait aussi ces mêmes teintes électro-etherées. Mais aussi aux vieux morceaux de Tepr, quelques tirades de 13+God, ou à nos français de Depth Affect (leurs “Wyoming Hyghway”, “Dusty Records” ou “Junior International” auraient pu se glisser sans probleme dans ce Bike For Three…)


Un album coup de poing (en plein coeur) à écouter la nuit, à trois heures du mat’, les yeux troués par les cernes, une bière à la main, la mélancolie galopante, en regardant la nuit, les rues, les gens.














Bike For Three ! – Lazarus Phenomenon
Les deux minutes de vide à la fin ne sont évidemment pas sur l’album












15 Titres – Anticon
Dat’












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