Dälek – Gutter Tactics



Everything’s Just Wonderful Go To Hell







L’enfer s’est de nouveau ouvert, laissant le champ libre aux dangereux américains de Dälek, formation presque unique en son genre. Dälek, c’est évidemment Absence, chef d’oeuvre absolu, cathédrale Hiphop Noise Shoegaze effarante, brutalisant les conventions en accouchant d’une parfaite symbiose entre un Hip-hop cyberpunk, une électro décharnée et un rock de l’apocalypse, jusqu’à convaincre (et c’est presque unique) les trois chapelles susnommées, sans guerre de genre. Rappelons que les New Yorkais sont signés chez Ipecac, le label déviant de Mike Patton, haut lieu de musique cinglée en tout genre. Ils s’étaient (presque) assagis l’année dernière en servant Abandonned Language, plus brut et moins explosif, pensant ne pas pouvoir continuer dans la direction de Absence, estimant que le paroxysme sismique de leurs musique avait été atteint.

Dalek, pour ma pomme, c’est aussi un passage lors des nuits sonores 2008 frisant avec l’attaque terroriste, faisant fuir 90% des festivaliers présents dans la salle, démontant les tympans les plus protégés et fissurant presque le plafond de la grise usine nous accueillant.
Ce Gutter Tactics était donc diablement attendu, ne serait-ce que pour entendre la voie suivie sur cet album.

















L’album s’ouvre, visuellement et musicalement, sur un extrait de discours du controversé Révérend Wright, prononcé juste après les attentats du 11 septembre 2001, façonnant un portrait peu reluisant des Usa, ce qui fut évidemment sujet de controverse à l’époque. Dälek reprend même l’une des phrases choc du texte, pour en faire son titre d’ouverture : Blessed are they who bash your children’s heads against a rock, noient les paroles sous de discrètes bidouilles électro. Groupe expérimental donc, mais groupe cultivant toujours sa facette engagée. Il est d’ailleurs dommage que le (très beau) packaging ne contiennent pas les paroles du disque, ces dernieres étant souvent difficilement identifiables vu les attaques sonores parcourant ce Gutter Tactics.

D’ailleurs, j’ai du perdre l’habitude d’écouter le groupe, tant le premier “vrai” titre du disque m’a ramassé la gueule. No question déboule telle une furie, les beats Hiphop détalant devant l’imposante masse crevante, le Mc suffoquant devant ce gouffre sonore insondable qui se délie sans faillir tout le long de la chanson, si l’on excepte le break planant en milieu de morceau. Ca frise le Absence, mais ce titre est presque un pallier nécessaire pour se sentir apte à plonger, de nouveau, dans les sombres fresques de la formation.








Heureusement, Armed With Krylon se pointe et cristallise la direction prise par cet album. Un Hiphop scandé, noyé dans des murs de guitares shoegaze hauts comme des buildings, et autres bruits electro ultra-massifs. Un rap posé sur un lit saturé, grondant comme la mort, que l’on pourrait presque saisir de la main, tant le son est dense et imposant. Violent mais pas agressif, impressionnant mais planant. My Bloody Valentine plongé dans une fosse à sévices, puis laissé à la merci d’un Mc prophétique. Mille guitares électriques en pleine complainte défoncées par une boite à rythme. Le morceau est superbe, hypnotique, un des titres immanquable de l’album. Si l’on accepte de se prendre une vraie tornade en pleine tronche.

La tornade a laissé place à la plaine désolée, dénué de tout signe de vie, croulant sous les décombres et les cadavres. Cherchez pas la petite feuille verte qui pousse au milieu du chaos, prisme d’un nouvel espoir de vie : il n’y en aura pas. Who Medgar Evers Was… se pose comme une longue (8 min) descente en rappel dans les entrailles d’un asile psychiatrique aux murs barbouillés de sang. Une lampe de poche pour seule béquille mentale, à se frayer un chemin en étant assailli par les voix rémanentes d’aliénés décédés depuis des lustres. Le titre se complait sur une longue montée instrumentale, les couches de guitares s’étirant à l’envie sur deux minutes avant que Mc Dälek intervienne, plus calme qu’à l’accoutumé, rappant au milieu de sursauts métalliques dérangeants. L’instrue reprendra le dessus, s’enfonçant dans une mêlasse noise planante, la pulsation rythmique se ralentie, calée sur des battements d’un coeur qui semble mal barré. Le malaise s’installe, on a l’impression de voir la mort en bullet-time, de se faire violer en slow motion par les ténèbres. Et pile au moment ou le tout semble nous envelopper, nous couper toute possibilité de fuir, le flow scandé revient, déchirant la noire enveloppe avec aplomb. A éviter au petit dej’.

Street Diction finira le boulot dans le genre on fait une instrue de hiphop pépère, mais en fait on va mettre un vent qui souffle à 150km/h par-dessus, et un groupe de métal dépressif au ralenti en plus, ça fera cool, avec un flow toujours aussi vindicatif et des volutes infernales qui rendrait tout typhon aussi inoffensif qu’un caleçon en soie snoopy.








Heureusement, les américains vont nous permette de souffler un peu au milieu du disque, levant le pied et nous servant un superbe A collection of miserable thoughts, débutant sur une doucereuse mélodie façon boite à musique, supplantée d’un rythme en retrait et d’une guitare enfin claire et mélancolique. Le tout déconne graduellement, les saturations se font entendre, ça se replie, ça se nécrose, Dalek n’intervient que sur le dernier tiers, toujours calme, emprunt de distance, ça sent la maladie, le joli paquet vicié, mais le tout s’éteint avant d’être trop altéré, se retirant doucement, presque timidement après les déflagrations du dessus.

La deuxième moitié du disque est d’ailleurs plus éthérée, moins compacte. Des mélodies se détachent parfois, des rythmes percent la coque sonore. L’autre morceau apaisé du disque (enfin toutes proportions gardées évidemment), We Lost Sight, cultivera toujours cet aspect Shoegaze, mais pour le plonger dans la brume, laissant éclore une mélodie cristalline, belle et fragile au milieu des saturations et des grondements, plus évasifs, toujours aussi planants, ondulant presque dans nos oreilles. Mc Dalek se fera presque résigné, balançant quelques phases au milieu de mots passés à la moulinette reverb. Of course, le morceau est toujours aussi massif et sombre, mais cette simili-légèreté sublime la compo. Comme voir le soleil se lever après avoir passé la nuit dans une mégalopole cyberpunk cradingue.
2012 (The Pillage) offrira même le seul morceau de Hip-hop normal de la galette, extrêmement plaisant au milieu du chaos. La prod est assez oldschool, et les effets noise se feront discrets, tapis derrière la rythmique sèche et les quelques scratchs.

A coté de ça, Los Macheteros/Spears of a Nation traumatisera avec ses beats ultra compactes, presque hardcore au premier abord, tonnant comme le plus grand des tambours, le tout noyé dans les larsens à filer le vertige, guitare torturée, déchirée, Métal de fin de vie. La bande son préférée de mes égouts.
Quand à Gutter Tactics le bien nommé, il nous la jouera en traître après une superbe intro aérienne, pour filer directos dans les abîmes, avec un refrain hurlant, usine s’ouvrant en deux pour vomir une nausée industrielle tétanisante, au bord de l’explosion, machines se tordant sur elles même en chialant la souffrance.

Le disque finira sur le sublime Atypical Stereotype, a la ligne de basse jouissive et monstrueuse (mais genre vraiment monstrueuse), façon dix camions dans un tunnel qui vous foncent dessus, et que l’on entend arriver, l’oreille collée contre le bitume. Et c’est un mur de guitare encore plus massif que précédemment qui va nous ravaler la façade en nous décollant du sol, alors que le Mc continue de débiter tranquillement son texte, comme si rien ne se passait. Encore une fois, le tout se révèle pourtant très ramassé, très compact, pas agressif pour un sous, et presque doux, velouté noise fondant sur nos tympans, nous enveloppant peu à peu, sans crier, sans nous apeurer, mélancolique pour mieux nous briser le cou au final. Superbe conclusion.










Difficile de parler de Dälek, de cerner les paysages opaques et sourds du groupe. La démarche est évidemment presque unique en son genre, le groupe réussissant le tour de force de convier des genres diamétralement opposés, des sons indéfinissables et des textures à couper au couteau. C’est du hip-hop, c’est du métal, c’est de la noise, c’est du shoegaze, c’est de l’électro, mais le tout est passé dans une broyeuse, pour recracher d’un cube noir aux contours insondables.

Moins jusqu’au-boutiste (heureusement ?) que leur album Absence, ce nouveau Dälek prend le parti d’une musique toujours extrême, mais plus évasive et moins rentre dedans, superposant les couches d’une façon vertigineuse, accouchant d’un vrai souterrain sonore, massif et imposant, genre shoegaze de l’apocalypse (dans son ossature). Mais résigné le shoegaze, pas destructeur.


Ce Gutter Tactics taperait presque dans le parfait juste milieu, entre la rage d’Absence et l’aridité de Abandonned Language, pour ne prendre que les derniers. Il se parre dans son ensemble d’une teinte assez proche du petit diamant qu’était Ever Somber… Ce qui permet à l’album de s’installer durablement dans nos tympans, de nous parasiter sur des journées entières, là où les anciens se posaient comme des trips absolus à ne sortir que dans de rares moments.


Un disque qui nous écrase la gueule de toute sa colossale noirceur, qui nous traîne dans les caniveaux décomposés d’un édifice titanesque, filant le vertige.
N’est pas vendu avec un panneau Au secours, malheureusement…








Mp3 :


Dälek – No Question Clic droit / enregistrer sous

Dälek – A collection of miserable thoughts laced with Clic droit / enregistrer sous








Le mirifique Ever Somber de Dälek, tiré de l’album Absence











11 titres – Ipecac
Dat’








  1. Neska, visiteur Says:

    Héhé, je savais pas trop à quoi m’attendre pour ce nouveau Dälek. Mais tout ça m’a l’air bien alléchant.
    Merci, comme d’hab’
    😉

  2. Aeneman Says:

    Vraiment vraiment cool…donc c’est bien l’idée que j’en avais sur la direction qu’ils allaient prendre…

    Dans l’absolu comme tu le soulignes, après Absence il était difficile (impossible?) de continuer dans une voie encore plus bruitiste tant le paroxysme était ce fantastique disque.

    Celui-ci a l’air vraiment extraordinaire…et l’artwork mon dieu, à tomber :love:
    Vivement qu’il débarque chez moi 😎

    Thx encore pour ta chro 😉

    Aenem’

  3. Nelerum, visiteur Says:

    A quand un partenaria avec la fnac histoire d’avoir des ristourne quand on achete un album que tu as chroniqué ^^

    Dalek ?! Je connaissai pas du tout je vais d’abord essayé de jettai un oeil sur Absence puis je verrai pour celui la.

  4. Dat' Says:

    Aeneman ==} j’avoue que le parti pris de ce disque me plait vraiment. Super dense, Tres sombre, mais largement écoutable matin midi ou soir. Plus planant aussi.

    Neska ==} Yep si tu aimes le groupe, fonce…

    Nelerum ==} tu devrais pas etre déçu…

    Sinon je négocie toujous avec la Secu pour le remboursement de disque, mais avec la crise, c’est un peu chaud.

  5. Nelerum, visiteur Says:

    Bonjours c’est encore moua,
    Voila j’ai pas trouver d’adresse mail donc je me tourne vers les commentaires
    Mon oreille est à la recherche de dubstep aprés avoir était remis en appétit avec Starkey, je suis donc a la recherche d’une liste d’artiste dans ce style, mais pas trop soft ( Burial )
    Voila si tu pouvai me repondre par mail sa serai sympa.
    [email protected]

  6. Sylvain, visiteur Says:

    J’aime beaucoup le coté “sombre” de cet album mais qui ne reflète en rien la puissance sonore que Dalek dégage en live!

  7. janvier18 Says:

    Je rattrape petit à petit mon retard niveau lecture lol

    Donc merci une fois de plus pour cette super chronique, je connaissais de nom mais j’avais jamais vraiment écouter, et là à cause de toi, je vais devoir faire péter la CB 😀

  8. street-platoons Says:

    Ah bah si c’est dans l’esprit d’Ever Somber… Vraiment génial ce titre !

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