Fortune – Staring At The Ice Melt



Sid & Cassie





L’histoire, on l’avait laissé à la séparation d’ AKA, qui après avoir annoncé un virage pop, se scinde finalement en deux entités, Tepr et Fortune. Ces Fortune donc, qui ont démarré sur la base d’un titre au départ siglé Abstrackt Keal Agram (Bully), qui met tout le monde d’accord, pour petit à petit envahir le net. Doucement, très doucement, on prenant bien son temps, histoire d’être sur d’avoir bien parasité les medias avant de lancer l?artillerie. Presque trop longtemps, puisqu’il y a bien 4/5 ans entre ce premier morceau, et cet album, Staring At The Ice Melt, que l’on attendait quasiment plus. Même si le groupe avait pris la peine de nous refiler un ou deux Ep jouissifs, comme l’indispensable Debut EP, qui s’était imprimé sur pas mal de tympans. (Le remix génial de Mission par M83, ou Shadow, et sa refonte en mode Da Hool par Tepr…)

Ce texte, c’est un peu la conclusion d’une trilogie d’articles non prévues à l’avance, guidée par les souvenirs, et commencée par une divagation sur un de mes disques cultes, Bad Thriller, puis un album sorti de nul part, extirpés des limbes Internet (autant dire de l’obscurité la plus totale) : Un mix disparu d’Abstrackt Keal Agram retrouvé dans les cartons de la radio Léfésonor… Snif, j’ai le coeur serré, on approche de la conclusion, je me sens aussi triste qu’après avoir lu le dernier bouquin de la série Twilight.













Etonnante pochette que cette compilation de photos écrasées, formant un arc en ciel arrangé par Akroe. Pas de lyrics dans le livret, mais on se consolera en admettant que l’accent français prononcé du chanteur aide un maximum à la compréhension.
Le premier album de Fortune allait s’exposer à deux problèmes majeurs : Premièrement, réussir à s’insérer, un peu en retard, dans une mouvance en train d’exploser ces temps ci en France : L’electro-pop-rock dominé par Phoenix, et ramoné par tout un tas de suiveurs. Les comparaisons seront obligatoirement saignantes et difficilement à l’avantage de Fortune. Deuxièmement, outrepasser leur énorme premier morceau Bully, et sortir quelques pièces au moins du même acabit pour éviter que l’album ne soit qu’un soufflé au frometon tout flappy. Dur ?



Non. Car dès l’ouverture, Fortune balance ce que j’espérais : Quelque chose de foncièrement electro, s’émancipant, dans les sonorités tout du moins, de toute la brochette de groupe avec le mot “Poney” dedans. Fortune n’est pas un groupe de Pop-electro, mais bien d’electro-pop (ahah), et sur Under The Sun, les synthés volent de partout. Du clavier bien gras, bien pute, un peu dance, pile ce que j’aime, évitant le revival crapuleux qu’il fait bon de caller dans tous les disques ces temps ci. Commencer par un titre pareil, c’est risquer de ce mettre à dos ceux qui sont venu chercher un rock sautillant, mais Fortune à l’air de s’en foutre, et les synthés Dance en slow motion giclent dans les tympans, avec un refrain qui s’envole rapidement. Super plaisant. Et on se surprend à planer des que les étonnantes vagues synthétiques déferlent sur le dernier tiers du morceau. Dancefloor moite, cigare à la bouche avec les pieds dans la piscine, hélicoptère au dessus de miami, minijupes qui volent et nerds en mode breakdance à coté. Tu ne sais pas trop si c’est un tube pop ou electro, mais c’est pas grave, car c’est tellement bizarre et jubilatoire que tu ne réfléchis plus.
Et Staring at the ice Melt va les aligner, ces petits tubes pondu par un groupe qui semble clairement maitriser son sujet de ce coté là. C’est a se demander comment les deux bonhommes ont pu autant balancer de compos expérimentales et sombres durant la période Abstrackt Keal Agram, sans jamais laisser perler cette science du morceau imparable, de la bombe parfaitement taillée.

Niveau Tube, il y a évidemment, Bully, morceau qui surplombe pour moi, depuis 5 ans, 90% des prods electro-rock-pop, et rivalisant avec les patrons du genre (Phoenix, Pony Pony Run Run, Klaxons et leurs copains). Ce truc est énorme, c’est impossible à décrypter pour moi : Batterie martiale, refrain d’enfoiré absolu, couplets que tu chantes dans la douche en remuant les fesses, envolée de folie à la fin. Ce morceau, c’est comme sauter de toits en toits la bite à l’air, le vent dans les cheveux, avec des oiseaux éventrés dans les mains. Ce morceau c’est la joie, c’est le bonheur, l’hédonisme absolu. Tout le monde à poil, on baise en hurlant, serre-tête hippie sur toutes les têtes. Le plus drôle, c’est que ce bonheur est communicatif. A chaque fois que le morceau est passé dans un espace public, tout le monde se met à sauter de partout en agitant les bras comme des hystériques. Sérieusement, un petit monument ce truc.

Comme je disais plus haut, Fortune ne se limite pas à cette bombe déjà étrillée depuis une poignée d’année, et balance un Highway au moins aussi implacable et jouissif que son pote du dessus. Précédé de l’intro psychédélique Highway part1 (qui aura mérité à être plus longue), le morceau nous balance en trois minutes dans une construction hallucinée : Introduction planante, refrain génial, rythme techno, montée épique, et final sur synthé cristallin à chialer. Le pire dans tout ça, c’est ce petit clavier goguenard qui piaille pendant les refrains, tellement évident qu’il te rend fou, à sonner dans ta tête toute la journée.
Attendez, il y en a encore, les tympans feront overdose sur le plus lumineux Since You’re Gone, toujours aussi indiscutable dans les enceintes malgré un accent français bien grillé, ou Nothin clairement plus classique et banal, (“Oulala les mecs, il faut que l’on fasse du Pheonix là, notre disque Il va être trop bizarre sinon”) mais assez bien foutu pour se glisser dans les tubes imparables de la galette.









Petite surprise avec un autre morceau absolument énorme, Celebrate qui pourrait ravager les charts s’il n’était pas fait par un ptit groupe français inconnu avec trop de cheveux. Oui, surpris, car le morceau m’a pris de revers avec une première partie pas passionnante, sorte de disco nécrosée un peu générique. On sent le pire, et pourtant, au bout d’une minute, le titre va clairement s’envoler, la disco va laisser place à un écrin pop qui m’a filé la frousse, avec un refrain vraiment superbe. Surement, (avec Bully), la meilleure ritournelle de l’album, la mélodie est divine, superbement portée. La fin est vraiment belle, nuage dans la gueule, tu as l’impression d’etre dans clip de Music Sounds Better With You de Stardust, t’es le gamin qui court sur les collines vertes avec son avion tout pourri dans les mains, tu ries et passes pour un con mais c’est pas grave tellement ce Celebrate est énorme.

Et histoire d’enfoncer son empreinte et son style un peu plus electro, Fortune nous sert carrément un titre House, 100% electro, At Night, avec gros synthés qui s’enroulent, métronome binaire et refrain qui saccagera les bassins. Encore une fois, tu as une mélodie aussi tenace qu’un toxico en manque de came, mais cette fois c’est pour danser en oubliant son cerveau, pas pour chanter sous ta douche.
Cadence ralentie, mais toujours electro, Venus se la jouera dans la pop langoureuse (aux couplets très Phoenix, même dans le chant, mimétisme flagrant) mais qui s’affranchit des comparaisons en se laissant saillir par des grosses envolées épiques de claviers bien gras. Eglise rose fluo, histoire d’amour qui se finit dans la drogue, poursuite de fin de film sous acid. Plutot bien foutu.

A dire vrai, les seuls moments ou le disque se plante, c’est quand Fortune tente (consciemment ou non) de se raccrocher aux wagons de la pop-rock-electro française, et lâchent un petit peu leur identité hybride. Les tics ressortent, et s’intègrent bien moins que dans des groupes plus confirmés. Attention, les morceaux ne sont jamais insupportables, et toujours agréables à l’écoute, mais ils glissent sur nos tympans comme saucisses sur choucroute, laissant poindre un tout petit sentiment d’ennui, ou de déjà entendu, là ou le reste s’imprime au fer rouge. Gimme est bourré de gimmicks un peu cramés, et Fancy Role se voudrait pernicieux, mais se retrouve ronflant. C’est dommage, car la toute fin de ce dernier, avec cette guitare cristalline, est vraiment superbe. (et me fait penser à quelque chose, sans que je puisse mettre le doigt dessus) Nothin pourrait être aussi intégré dans le lot, mais arrive à s’en sortir plutôt bien avec son refrain de tueur, malgré le coté un peu sommaire du tout.

Le disque se finira avec un morceau à l’ambiance beaucoup plus grave et sombre, avec toujours autant de réussite. Poison, prenant le reste de l’album à contre-pied, en ne faisant intervenir le rythme qu’à la moitié du morceau, après une longue introduction à base gratte esseulée, voix fantomatique, et montée noisy du plus bel effet. La cavalcade reprise, le tout gardera sa chape de plomb, et virera presque dans l’agressif (toutes proportions gardées) avec de grosses nappes bien crades qui viennent secouer le morceau, avant que le tout ne meure graduellement. Vraiment bien foutu, on en viendrait presque à espérer un ou deux exercices supplémentaires de ce type dans l’album.










Alors évidemment, difficile de nier que mon avis, plus que positif, sur ce Cd, n’est pas orienté par l’amour porté à la formation précédente. Mais en même temps, le tout n’a plus rien à voir avec le passé (la seule trace, c’est Tepr crédité sur Bully) et Fortune semble se sortir avec brio de l’exercice Pop / electro / rock à la française. Certes, certains clichés gênant perlent (Gimme, Fancy Role voir Nothin), mais ceci était presque inévitable sur un long format (là où ils étaient inexistants sur les Ep précédants). Staring At The Ice Melt fleure bon la réussite, vu le nombre de points sur lesquels Fortune partait avec une balle dans le pied :

– Les mecs n’ont clairement pas la bouteille de formations comme Phoenix ou Tahiti80. Ils vont se faire écraser par les comparaisons.
– Ils ne sont pas encore chroniqués sur Pitchfork.
– Ils sont moins bien gaulés que Pony Pony Run Run.
– Ils sortent sur une petite structure (Disque Primeur, qui a des couilles).
– Leur première fan-base sont des mecs qui attendent que le groupe refasse de l’abstract Hiphop mitonné au bitume.
– Tout le monde est saoulé par la vague pop-electro.
– Ils ont oublié de mettre leur morceau Shadow dans le Lp.
– Ils n’ont pas de lunettes de soleil dans leurs clips.

Bref, la merde totale. Et pourtant, quand on se penche sur le disque, si l’on est amateur du genre évidemment, on ne peut que se le prendre dans les dents, en se laissant parasiter par les trois-quarts de l’album, rouleau-compresseurs tubesque parasitant toute une journée.
Et puis merde, là j’essaie de me la jouer objectif, sérieux and co, ça ne marche pas. J’aime ce groupe, sincèrement, profondément, tout comme j’aimais la formation précédente. Ils sont dans mes tympans depuis bien trop longtemps maintenant. J’aurais pu m’arracher les viscères en voyant ce qu’Aka est devenu, hurlant un “donnez-moi-un-Riviere-2-sinon-je-m’immole-bande-d’enculés”. Mais impossible, parce que le nouveau chapitre a débuté avec Bully, et que ce morceau est tellement mortel, qu’il m’en a presque fait oublié la fin du groupe abstract Morlaisien.



Difficile de dire si le groupe gardera cette trajectoire et ce positionnement Hybride. On l’espère, histoire que Fortune devienne grand, soit pété de thunes, fasse une tournée Usa / Japon, ressuscite Abstrackt Keal Agram lors d’un concert surprise au stade de France, puis ponde une centaine de tubes de l’acabit de Bully, Shadow ou Celebrate sur les dix années à venir en écrasant toute l’electro-pop française sur son passage. Ca devrait arriver, avec un peu de hasard et deux-trois pots de vin. En attendant, à chaque écoute, Staring At The Ice Melt me greffe un grand sourire, et me parasite la tête toute la journée. Je danse et chante mentalement dans le métro. C’est parfait.










































12 Titres – Disque Primeur
Dat’










  1. ndaref, visiteur Says:

    viens donc collaborer à not blog!
    http://presque-fameux.over-blog.com

  2. Neska, visiteur Says:

    Yop,
    Eh bien tu vois, en ce moment je cherchais qq chose prêt à me mettre une claque. Puisque ce manque un peu en ce moment je trouve.. enfin bref, aussi fou soit-il, je n'ai jamais écouté ne serait-ce qu'une once de Fortune.
    Quelque chose qui me soule avant meme d'écouter : ce nom à la con, la tristesse de feu AKA (Riviere…ahhhhhhh !), cette vague pop-rock-electro dont tu parles.
    Apparemment, j'ai eu tort. Avec ce que tu dis de ce disque, ca me laisse perplexe. Il va donc falloir que j'achète un cd de plus 🙂

    Sinon, histoire de donner des news quand meme, j'attends très (très) impatiemment Programme, le dernier Cocorosie, le dernier Take (Only Mountain), et enfin, le dernier Lorn (qui va vite arriver chez moi 🙂

    Je me suis régalé avec le best of "Herbal Tonic" de The Herbaliser, vraiment ! Et aussi le EP de Scratch Bandits Crew, vraiment vraiment prometteur !

    Il faut aussi que j'aille jeter un oeil, malgré tout, sur ce dont tout le monde parle en ce moment : Minitel Rose. C'est un peu comme Fortune, j'ai pas encore écouté, je sais pas du tout ce que ca vaut, mais ca me soule déjà, rien que le nom 🙂

    Enfin bon, merci pour la kro et ce "retour aux sources"

    See ya'

    Neska

  3. Dat' Says:

    Yep, j'aime beaucoup ce disque, que j'attendais depuis longtemps. Depuis la premiere version de Bully en fait, donc c'est pas tres objectif comme article.

    Apres, Fortune est clairement plus à rapprocher de Phoenix ou New Young Pony Club que de Minitel Rose. Sur ce que j'ai écouté, je n'aime pas des masses Minitel Rose d'ailleurs…

    Tiens j'etais pas au courant du Best Of Herbaliser… il y a des inédits dessus? je vais aller voir ça !

  4. Neska, visiteur Says:

    @ Dat : Oui oui, il y a des inédits sur le best of de Herbaliser. Vraiment cool.
    J'en profite pour dire que j'ai reçu, écouté, comme un fou, le dernier album de Lorn. Je t'invite à aller voir ce que j'en pense sur Adiktblog.
    En deux mots, c'est une bombe, vraiment, un des meilleurs albums de l'année, c'est clair. Un travail de malade, avec Clark au mastering. Sombre, vrombissant, extraordinaire…

    Ce que j'attends désormais : un chronique de ta part !!! C'est obligatoire, tu n'as pas le choix Mister Dat !

    A+

  5. Dat' Says:

    Ah si il y a des inédits, ça devrait m'intéresser…

    Hey effectivement, j'ai entendu parlé de ce Lorn (à cause du master de Clark en fait) mais je ne l'ai pas écouté… Tu m'as drôlement donné envie d'en voir plus avec ton article sur ton blog, je vais attendre sa sortie de pied ferme haha !

  6. xisco, visiteur Says:

    vous êtes grillés les mecs

  7. WilsonOStene Says:

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