Deepchord presents Echospace – Liumin


Sunset on planet T.



J’avais vraiment été touché par le Incense & Black Light de Rod Modell il y a deux ans. Superbe gouffre urbain, sorte d’ambiant techno dub éthéré au maximum, ce disque représentait la parfaite balade de nuit dans une mégalopole grouillante, défoncé apres 48 heures d’insomnie. Entre les nappes de synthés et murs de bruits blancs se télescopaient conversions d’anonymes, rythmes de nightclub étouffés, pluie incessante, bruit de pas. Perte de conscience graduelle en mode Audio, ou simulateur de promenade nocturne, ravagé par la dope, au milieu d’un Tokyo cramant sous les néons, ce disque aurait pu être la bande son de la dernière demi-heure d’Enter The Void.


Rod Modell, c’etait aussi une facette moins urbaine et abstraite du sublime premier disque de son groupe Echospace, The Coldest Season, qui tirait lui aussi drôlement sur l’ambiant/dub/techno et le field recording, mais avec une direction beaucoup plus apaisée. La où le Incense & Black Light se retrouve être un disque calme mais claustrophobe, voir presque menaçant avec cet acouphène perlant tout le long de la galette, le premier Echospace dépliait ses nappes sur de longues steppes rassurantes et hypnotiques. Se balader sans but sur une étendue enneigée, la mélancolie plaquée dans la caboche, avec le soleil couchant en background. Autant dire qu’avec une galette aussi bien troussée (On peut chialer sur Sunset sans problème), ce nouveau Echospace, Linium, était plus qu’attendu.
Et bien Rod Modell et son acolyte Stephen Hitchell semblent avoir été marqués par leurs balades dans Shibuya, et axent entièrement leur nouvelle plaque sur la mégalopole Japonaise. Fini les montagnes vierges et immaculées, bienvenue dans le Dogen-zaka, à 4 heures du mat’, complètement perdu et agressé par les lumières des love-hotel et la musique des échoppes. Le tout avec les oreilles encore cramées du club arpenté en amont.





La pochette, superbe, (agrémentée de quelques belles photos dans le livret) ne laissera aucun doute sur la direction prise par cet album. A l’opposé du paysage hivernal du premier disque, on se retrouve ici à flotter au dessus de Tokyo, et ses couleurs droguées. A l’instar du dernier Rod Modell, Liumin fait donc honneur à la ville, en intégrant carrément un deuxième disque bonus, ambiant, composé à 80% de field recordings pris dans les rues et métro. On y reviendra, mais ce dernier n’est clairement pas qu’un petit cadeau inclus à l’arrache. A dire vrai, ce disque se vit comme une nuit, complète, à déambuler au sein de la ville, et démarre très intelligemment, en faisant le lien direct avec les deux sorties exposées en introduction.


In Echospace démarre par ses sonorités familières, avec ses synthés ambiant ultra posés, un peu rugueux, et ses murs de bruits blancs semblables à de la pluie. L’ambiance est là, quiconque ayant mis un pied à Tokyo se situera géographiquement grâce aux sons enregistrés et égrainés tout au long de cette intro. Des conversations s’échappent, la voix caractéristiques du métro japonais nous précise que l’on passe par Harajuku. Le son s’intensifie, une pulsation se fait entendre, on est déjà perdu, molesté par un slow-motion drogué, tu es dans le wagon, la tête dodelinant, à attendre que ta station arrive, pour débouler au milieu de la cohue.
Shibuya, on y est, les jingles de la JR perlent à nouveau au milieu de l’écrin ambiant, Summer Haze vient de commencer mais l’on ne s’en rend pas compte. Un rythme techno, clair, parfait, déboule, secoue les lignes métalliques. La mélodie file la frousse, on se laisse aller, jusqu’à se rendre compte que cette montée n’est que le bruit d’un métro qui passe. Rod Modell nous offre un traitement du son incroyable. Le morceau file sur une techno plus directe mais toujours aussi impalpable, avec une profondeur de folie, hypnotique comme jamais. Il faut l’entendre pour le croire. Plus que le rythme, clairement binaire, c’est sur les détails qu’il faut se rattacher. Ces saillies cristallines intervenant au milieu du disque, ces échos dub discrets, ces saturations légères. Il est clair qu’écouté avec une oreille distraite, le morceau semble bien chiant et linéaire. Mais avec un casque, et une envie de se perdre, le tout prend une dimension assez énorme.




Et si le disque ne « s’arrête » jamais réellement, il y a toujours entre les morceaux un pont, un lien, tenu par des sons enregistrés dans Tokyo, qui re-situent la balade entre deux morceaux, qui construisent un fil tenu tout le long du disque. Les lumières, les mélodies incessantes des rues nippones sont constamment présentes, transformées en track Techno lumineuses, et positionnées dans une géographie, un lieu réel, le disque pouvant alors presque passer pour une carte sonore fantasmée d’un quartier de la ville. On se balade de clubs en clubs, liés par une station de métro ou une escale dans une rue à échoppes. De l’aquatique Sub-marine (ça ne s’invente pas), au plus appuyé Maglev et sa longue conclusion, noyade progressive vers les tintements caractéristiques des portiques Metro de la ville, le disque file et s’écoule, sans réellement suprendre. Il enveloppe, emporte, hypnotise. Il ne faut pas s’attendre à une soudaine avalanche de breakbeat, ou à un synthé qui s’emporte. Tout est distillé avec une précision extrême, étiré sur huit à dix minutes, laissant la techno se déplier lentement sur elle même, avant de fondre sur du field recording.

Reste qu’un titre accroche l’oreille par son (petit) décalage avec le reste des fresques proposées : BCN Dub est grand, renoue avec le coté un peu dub du premier Echospace, et propose sur 12 minutes un vrai tableau un peu plus enjoué et moins urbain que les autres prods, tout en étant plus crade et éraillé. La balade au sein de la mégalopole est cette fois parasité par des réminiscences dub, avec une mélodie un peu plus guillerette, et des trompettes qui se font, petit à petit, présentes. La mélodie, avalée par le roulement techno, rigole, se tortille, pointe le bout de son nez, et nous fait chavirer, avant de filer vers du bruit blanc. Si le soleil est toujours coincé entre deux buildings bien crados, il tente clairement de percer sur cet unique morceau.
L’ultra cristallin Burnt Sage se chargera de faire jouer les contrastes, avec sa très belle plongée vers les abysses, ou un énergique Float bourré de détails et d’échos, impressionnant au casque aussi, et peut être un peu plus dub que ces frères techno du dessus. Le tout filant vers Warm, une conclusion d’album aussi belle et impressionnante que l’intro, mêlant de nouveaux nappes planantes, conversations éparses, bordel de rue (dont ces fameux camions publicitaires arpentant inlassablement les artères tokyoïtes) et trains en tout genre. L’absence de rythme après plus d’une heure de cavalcade incessante est presque gênante, la solitude latente durant toute la galette se retrouvant balancée au premier plan.




Et ceux qui trouvent justement que le groupe excelle particulièrement sur ces plages ambiant, seront heureux d’apprendre qu’un deuxième disque accompagne le Lp, présentant le boulot de Rod Modell. Autant le dire tout de suite, le bonhomme est un fou niveau field recording. Loin d’être un érudit sur le sujet, je m’amuse depuis quelques temps avec du matos pas dégueux, moi même fasciné par la constante musique émanant de Tokyo, et m’escrimant à copier/coller les prises de sons les unes avec les autres. Ben après avoir écouté cette galette, je peux contempler mes petits fichiers et les foutre à la poubelle en chialant, tant les prises de sons sont ici parfaites. Spatialisation nickel, sons isolés à la perfection, aucune interférence ni parasite, on nage dans le cristal de bout en bout. Et que l’on se rassure, on est à mille lieux d’un field recording champêtre comme on en trouve des tonnes (enregistrer le bruit d’un pissenlit volant au grès des alizées c’est marrant, mais juste deux secondes).

Ici, c’est les métros qui grincent, les ineffables corbeaux tokyoïtes qui croassent, les magasins qui s’animent, Shibuya danse, les gens se découvrent, parlent, échangent, s’enfuient, et se perdent dans nos tympans. Evidemment, le tout est lié, sublimé par le travail ambiant, à base de nappes énigmatiques, tintements légers et mélodies éparses, portant parfaitement les enregistrements. Tout en ayant un travail sonore sur ces derniers, taillés par les échos, les filtres et tout le bordel de Modell (seul à la barre ici, semble t’il). C’est franchement bossé à l’extrême, et si un disque ambiant ne s’écoute que dans de rares occasions vu le coté neurasthénique du tout, les amateurs du genre ne pourront qu’être enchanté par la performance.

Le tout contenant évidemment ses petits moments de grâce, lors de la Track 6 par exemple, et sa mélodie plus présente, ou la Track 8, plus rêche au niveau des nappes, jouant sur le bruit blanc, qu’il soit enregistré dans la rue ou créé par les machines, avec une conclusion qui prend aux trippes. Sans oublier la Track 12, plus soutenue niveau electro, et à rapprocher de l’intro/conclu du premier disque.

La galette, très apaisée au départ, file petit à petit vers quelque chose de plus noisy et sombre, le field recording se focalisant de plus en plus sur les grincements et râles des transports. Tout ceux qui ont un lien ténu avec Tokyo seront aspirés dangereusement par ce disque. Les réfractaires de l’ambiant ne seront pas convaincu par l’exercice par contre, même si les sources plus urbaines du tout pourront capter un peu plus l’attention que les sempiternelles piaillement de moineaux.




A dire vrai, ce Liumin/liumin Reduced semble présenter un fil conducteur fort, une continuité inconsciente peut être : Premier disque, on part sur une virée dans Tokyo, en enchaînant les clubs, Techno à fond les ballons, défonce en slow-motion, passant la nuit à voguer de rythmes en rythmes, se perdre dans les stroboscopes, purée de pois émanant des clopes dans les yeux, kirin dans le pif. Les entrées et sorties des morceaux sont fabuleuses, on à l’impression de quitter chaque endroit en temps réel, avec les basses sourdes étouffées graduellement, à chaque pas fait en direction de la rue, les sons de ces dernières se révélant eux aussi au fur et à mesure. La nuit se prolonge, les actions sont abstraites, les souvenirs s’étiolent, l’alcool nous ronge, on perd pied, se laisse dériver, pour se retrouver dans sur le trottoir, l’aube déjà trop présente.
Deuxième disque, Shibuya est vide, cramé, corbeaux et passants pataugeant dans leurs vomis pour seuls compagnons. Le taxi est trop cher, le métro pas encore en marche, alors on divague, on se laisse porter par la rue, par le Tokyo qui veille encore, les oreilles encore égratignées par la sono des clubs. Conversations de couples se dirigeant vers love-hotels, minijupes égarées, konbini déchargeant les livraisons, bade de potes hilares, on est bien, on flotte encore, la glotte baignant toujours dans la bière. La station en vue, il est temps de rentrer, mais le hangover fait surface, les sons agressent, le métro tangue, le cerveau se rebelle. On patine, on se sent mal, ça hurle et crisse dans les tunnels, perte de conscience, on se retrouve chez soi sans trop piger comment, end of story.

Le disque manque d’une once d’émotion, donnée bien plus palpable sur le premier Echospace et le dernier Rod Modell. Mais le coté beaucoup plus techno, urbain, hypnotique du disque contrebalance parfaitement le tout. Difficile à caser dans une écoute quotidienne, mais si l’on trouve le bon moment, on ne peut qu’être étouffé par ce double album superbement exécuté.


En arpentant Linium tout en se baladant la nuit, on frôle la simili-mise en abyme, à écouter un disque qui écoute ta vie, celle des gens, celle des autres, la ville, son tout L’exterieur puis l’intérieur d’un club. La nuit, les buildings, les artères qui brillent et tanguent. Errements, balade, perte de repères.

Ce disque, c’est le nocturne monstre-foule, capturé pour nos tympans.





Deepchord presents Echospace – Summer Haze




Deepchord presents Echospace – Sunset (du premier album, il le vaut bien)




9 Titres + 12 Titres – Modern Love

Dat’




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