Solar Bears – She Was Coloured In


Pas de Panda / Du Paradinas



Encore un groupe dégoté par Paradinas qui sort de nul part, (enfin si, d’Irlande) et qui n’avait casé qu’un seul Ep avant de se lancer dans le grand bain des albums. Alors l’intro là, elle ne va pas être extrêmement fournie, si ce n’est pour dire que ce disque, je l’avais au départ évité comme la peste, à cause de sa pochette violente pour la cornée, et son nom louche. Je n’avais même point remarqué que le tout était édité sur Mu, c’est vous dire. Et en me baladant dans le catalogue du label, je retombe sur cet artwork ô combien spirituel, et me persuade d’aller vérifier ce Solar Bears, au cas ou.

Mais je te sens encore méfiant, toi, qui est choqué par cette jaquette cathodique. Pire, je t’entends dire “Ces  loustics, avec ce patronyme savamment choisi, et ce mélange très hype d’electronica vaguement indie, vont faire de l’izi monnaie, pour eux tous les midis, cela va être jour de paye”. A ceci, je ne peux que répondre “certes, mais ils le font rudement bien”







Comme d’hab avec Planet Mu, il n’y a strictement rien dans le livret, donc on passe au demoiselles sonores directement. Et autant le dire, Pand… euh Solar Bears balance un vrai album d’electronica, bourré de belles mélodies candides et vieux synthés crapoteux, (certains rapprocheront ça de Boards Of Canada, et ils n’auront pas tort) comme on en a de moins en moins. Mais les bougres ont la bonne idée de laisser perler, parfois, une petite guitare sympathique (acoustique ou électrique) histoire de bien mettre en exergue les mélodies.
Et en ce sens l’album debute drôlement bien : Forest Of Fountains se la joue contraste, avec une belle montée electro progressive qui va déboucher sur un rythme electro bien funky, entre instrue de Lcd Soundsystem et vieille galette Warp visant les hanches. Pourtant tout s’arrete brutalement pour laisser place à une guitare acoustique cristalline et synthés ambiant. Joli coup.

Children Of Times, avec sa basse fringante, son autotune déréglé et surtout une superbe mélodie cristalline, nous rappellera que Shobaleader One aurait pu être un bon disque. Mais c’est vraiment avec Twin Stars que je suis tombé amoureux du disque. Claviers granuleux, rythmique martiale, ça n’arrête plus de monter avec des synthés cosmiques, épique-slow-motion. Les deux premiers tiers du morceau, c’est une simple progression, ultra linéaire, mais avec une mélodie à chialer. Des éléments qui se greffent petit à petit, qui te prennent à la gorge, qui te démontent le moral. Ca n’a l’air de rien, c’est même franchement banal, et pourtant c’est foutrement bien fait, foutrement beau. Et encore une fois, rupture, le morceau va se terminer sur une longue divagation mélodique planante, genre matinée lumière blanche après nuit sans sommeil. Le meilleur titre du disque.

She Was Coloured In va faire jouer le coté un peu plus Indie du groupe, avec cette guitare caverneuse qui va se greffer aux hululements d’usages des synthés vintages. Le morceau va vite partir dans un truc new-age, à base d’accord de gratte bien trainants, synthé ambiant, violons synthétiques et bells angéliques. Le format du morceau est étrange (un truc dans le genre s’étire en général sur 10 minutes, lui n’en fait que 3min30) mais marche nickel. Le bon et court Head Supernova fera VRAIMENT penser à du Boards Of Canada avant une partie plus hippie, et nous conduira sur l’énorme Crystalline (Be Again), prermier morceau uptempo de la galette. Intro mystérieuse, oui, mais avec une guitare de folie qui déboule, au riff bien senti. On a la moustache qui se frise, on sent le truc bien branlé qui perle. Pan, rythme electro-disco absolument imparable sur synthés complètement drogués et basse lubrique, mélange génial, hanches qui se dévergondent. Et cerveau qui part en vrille quand un gros synthé bien crade, à la mélodie terrible, qui déboule et envoie le tout dans une spirale electronica avec rythme d’enfoiré. Génial, et imparable once again. On aime la petite conclusion dépressive aussi.




Et bizarrement, apres 6 morceaux sans faute, le disque nous tape le syndrome du “ventre mou”. Le tracklisting est un peu plus discutable, les morceaux moins pertinents, moins beaux, moins touchants. Attention, rien de mauvais, ça reste plutôt sympa, et l’on écoute le tout sans déplaisir. Mais cela accroche moins. Le palpitant n’a plus sa dose de mignardises. Oh, attention, dans le lot, il y a le très beau Hidden Lake, morceau d’ambiant zébré de saturations métalliques, avec une mélodie qui en fera défaillir plus d’un.
Quiet Planet, pourquoi pas aussi, titre le plus tabassé de l’album, à la conclusion mélancolique réussie, mais qui pourra saouler après quelques écoutes pour son coté un peu trop “vintage vénère”. Je ne sais pas pourquoi, mais si les mecs font le clip de ce morceau, je suis sur qu’il sera moche, avec pleins d’images degueux façon années 80 dedans. Pour Cub, Solarization et Division, ça me passionne franchement moins, même si c’est purement personnel. (Certaines litanies pourront surement draguer quelques âmes)

Mais, apres ce ventre mou, le disque repart dans les hautes stratosphères de la cocaïne mystique, alignant des petits diamants jusqu’à la fin. Avec en premier lieu le superbe Primary Colours at The Back of my mind, autre mindfuck complet du disque. Deja parce que l’intro, sorte de boucle samplée, très trip hop, et la mélodie cristalline est superbe. Vraiment. Et cette guitare blues qui débarque, qui calle quelques accords cassés sur le tout t’emporte, te choppe l’échine et te la casse d’un coup sec. Tu vois les rues crades de Los Angeles avec des junkies perdus. Tu te revois à la récré au collège, à écouter du Portishead en te disant que c’était trop beau et que la vie c’était simple. Ou marcher la nuit, ton casque sur les oreilles, après une rupture amoureuse.  Ca pourrait être le moment d’un film oû l’un des protagonistes vient de se faire buter dans une impasse sombre, avec la camera qui s’attarde sur le vol d’un sac en plastique au ralenti, histoire de nous faire monter les larmes. Encore une fois, c’est effectué avec brio. Superbe.

Même baffe avec l’excellent Dolls, sa montée electronica-émo-tristounne, qui va se faire balancer par une grosse ligne de basse imparable, et voir débouler des chœurs tribaux façon High Tone, montée de synthés saturés, pour finir sur une guitare psychédélique bien droguée.  Solar Bears te grille la colonne. Je suis client… 
Encore plus avec Neon Colony, qui te sort le morceau Techno de la galette. Alors tu penses que c’est un peu foiré, car après un premier quart super planant et reussi, la mélodie de la guitare, sur le deuxieme quart, est moins heureuse que sur le reste du disque. C’est un peu cheap, un peu cliché, même si cool. Et pan, le morceau se casse, et part sur une superbe techno analordienne top niveau,  façon Yimino ou Rival Consoles, pour citer les ptits nouveaux. C’est beau comme la mort, c’est triste mais plein de sourire, avec un petit mur de bruit blanc sur quelques secondes, bref le genre de final qui m’arrache la gueule. Le disque se finira sur une electronica plus champêtre, en mode ambiant vs guitare acoustique sur Perpetual Meadow, genre Bibio qui vient de se tromper dans son dosage Rivotril. Mais la mélodie finale, entre gratte aigue et piano désaccordé, fait mouche.




Ce disque est étonnant. Car sur le papier, il annonçait la resucée de trottoir, le concept un peu fumeux. (Nom du groupe, pochette, concept batard). Et pourtant, il hypnotise, m’ensorcelle, me séduit. Entourloupe peut être, rien de révolutionnaire, rien d’hallucinant, rien d’absolument renversant non plus. Et pourtant, les morceaux sont tous serrés en rang d’oignons, à la suite, pour filer de jolies claques : 6 tracks au départ, puis 4 à la fin, parfaits. Entre ces deux salves, l’album souffre d’un ventre mou indéniable, mais garde la pèche suffisamment pour nous faire aimer le Lp. Qui va sûrement complètement passer inaperçu à la fin de l’année, et c’est bien dommage.

Ce que j’aime avec Solar Bears, c’est que ces mecs semblent plus aventureux que leurs potes Bibio et Lone (mon héro), talentueux mais néanmoins plus linéaires et plan-plan. Chez Solar Bears, c’est electronica toujours, souvent drôlement belle (Twin Stars, Neon Colony, Crystalline), quelques trucs psyché un peu craqués (Dolls, She Was Coloured In…) et quelques diamants ultra mélancoliques à la beauté pure (Primary Colours in the back of my head, Hidden Lake, Twin Stars encore…)

Planches made in Canada vs Guitar Hero irlandais, avec un peu de drogues et d’Idm au cœur mouillé. Ca fait un excellent Lp, qui risque pendant quelques temps de me parasiter.






Solar Bears – Twin Stars





Solar Bears – Primary colours at the back of my head





15 Titres – Planet Mu
written by Dat’




  1. Sabotage Says:

    Primary Colours (…) m’a scotché bien comme il faut. De la naïveté concassée, cette espèce de flûte qui n’en est pas une qui s’invite à l’enterrement pluvieux du tonton qui t’avait offert ton Magic Light…

    En magasin, la pochette m’inspirait pas, pas plus que le nom d’ailleurs (les pandas n’ont jamais autant baisé que depuis qu’on leur montre du porno taillé sur mesure, ou quoi ?). Comme d’hab’, ta chro’ m’a fait revoir mon jugement. Hâte de découvrir ce que réservent les autres tracks de l’album.

  2. Draught.fr Says:

    “Genre Bibio qui vient de se tromper dans son dosage Rivotril” hahaha.
    Super chronique (comme d’hab?) et superbe album à parcourir encore et encore dans diverses situations pour en apprécier l’étendue.

  3. janvier 18 (mr patate) Says:

    Comme je t’avais dis, complète découverte pour moi 🙂 lol
    Mais j’aime bcp les 2 morceaux en écoute (surtout Twin stars), et ton article me donne vraimetn envie de jeter une oreille sur ce disque !
    Trés bonne chro comme d’hab, merci 🙂

  4. janvier 18 (mr patate) Says:

    j’ai oublié : ce qui m’interpelle, c’est ce que ce disque, et les 2 morceaux en écoute ne le démentent pas, a l’air plein de petites “surprises” en fait :), en tout cas c’est ce que je retiens en partie de ton article 😉

  5. got Says:

    par contre “les coeurs à la high tone” je sais pas où tu en as vu de pareils chez high tone….

  6. Dat' Says:

    Sabotage ==> ahah j’ai cherché pas mal de temps la “flute”, pour moi c’était un synthé bizarre, mais je n’avais pas pensé à une flute.

    Draught ==> thanks !

    Janvier ==> C’est un peu ça effectivement. Le disque à l’air assez convenu au depart, ou à la premiere écoute, mais il est bourrés de petites surprises et changements d’ambiances. (Dolls et Neon Colony en tête)

    Got ==> Sur Bass Temperature. Tu vas me dire “ça n’a rien à voir” et je te répondrai “tu as un peu raison”. Le High Tone est plus Ghost-in-the-Shellien, alors que là c’est plus indien drogué, mais ça m’y a fait pensé, car multi-voix, vachement denses, sortant de nul-part, dans un ecrin electro. D’ailleurs, Bass Temperature est pour moi l’une des plus belles utilisations de “choeurs” dans la musique electro, surtout vrillés par les scratches sur la fin, c’est devenu une vraie référence, donc sujette aux comparaisons, c’est toujours le premier exemple qui me revient en tête.

    Dat’

  7. got Says:

    tu as doublement raison : j’allais dire “ça n’a rien à voir”, mais en fait si carrément.

  8. Franklin Says:

    Grosse grosse baffe avec dolls. La ligne de basse est tellement envoutante O_o. Le genre de musique dont on ne peut pas se lasser…

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