THE BLOOD OF HEROES – The Blood Of Heroes


I’m gonna take it all out, I’m gonna be the last one standing



Preuve que les artwork peuvent encore faire vendre. Encore halluciné par le sublime artwork du dernier Scorn, (Refuse;start fires) qui écrabouille de classe un rayon disque entier, je vois que sur le même label, l’artiste en charge de cette cover signe aussi le design d’un certain The Blood Of Heroes. Ce groupe, connais pas. Il suffit pourtant de glaner quelques informations sur le net pour écarquiller rapidement des yeux : La formation regroupe carrément Bill Laswell, Broadrick (Godflesh, Jesu entre autre), Enduser, Submerged, et un mc du nom de Dr Israel…

Les super-groupes ont rarement été pertinents. Concepts fumeux, machine à thune ou  surtout formation faisant baver un max sur le papier mais filant un résultât dégueu (ou pire : tout simplement banal). Ici, le bordel livré par le groupe peut faire peur. On melange les digressions noisy de Laswell avec les fresques Heavy-shoegaze de Jesu, sur beats electro-cramés d’End.user et Submerged, le tout mâtiné de flow hiphop.  On se renvoie la balle, les styles mutant un peu de morceaux en morceaux. Avec Justin “Jesu” Broadrick et Laswell qui restent en tête d’affiche, les deux bonhommes étant présents sur la quasi totalité du disque.







Et justement, la première peur qui piétinera nos petits coeurs, c’est que Blood Of Heroes ne fasse pas dans la dentelle, et bourrine à tout va. Des tracks de gros rageux, il y en a. Et  justement cela marche plutôt bien, dans son ensemble. A dire vrai, l’ouverture, Blinded, balance dur, et jouissive, à fond les ballons, et rassure sur le coté bucheron du projet. Certes ça taille dur. Les beats sont pachydermiques. Les guitares Heavy de Broadrick dégoulinent sur la drum and bass industrielle. Le doc Mc est déchainé, en mode toaster de fin du monde. Tu balances ça en concert, le monde meurt à tes pieds. Le dernier tiers du morceaux est hystérique, Breakbeat sur mur de son shoegaze-metal, ça te décrasse dur le moineau, tout en te faisant tirer la langue de plaisir. Car oui, le tout est jouissif, bien foutu, et franchement violent.

Salute To The Jugger, tout aussi tourmenté, aligne la même recette, avec un coté encore plus Dancehall, plus éclaté, c’est le vrai chaos, le travail sur le son est vraiment chiadé. Tout tabasse, les guitares tracent des lignes d’horizon noisy, là où les beats flirtent franchement avec le breakcore. Et une saturation finale assez géniale. Le mélange ne plaira peut être pas à tout le monde, mais c’est là où le disque est intéressant sur certains titres. Faire copuler trois musiques de sauvages diamétralement opposées : le Metal-sheogaze, le Dancehall et la Drill-breakbeat. On aura même le droit à une fresque épique de 9 minutes, Descend Destroy, bien Dalek, mêlant le tout jusqu’à implosion.

Attention, le hiphop de Dr.Isreal n’est pas présent sur tout le disque. Le Flow du monsieur n’est présent que sur la moitié du disque. Mais ce n’est pas parce que le Mc est en berne que l’on va laisser os tympans en friche, et les explosions de fureur, il y en a en instrumental, comme sur l’inénarrable Wounds Against Wounds, qui commence avec de jolies notes aériennes, pour se faire littéralement écraser par un immeuble entier de grattes ultra massives. Ta baraque te tombe sur la gueule, tout en te prenant des missives Drill en pleine trombine. Ca gronde comme jamais, les beats tranchent dans tous les sens, jouissif comme la mort.




Mais a dire vrai, là où l’album est attendu pour un amateur de Jesu / Broadrick, c’est sur l’intégration des superbes steppes de ce dernier dans le disque. Et si ses guitares typiques sont présentes tout au long de la galette, cette dernière respire franchement grâce à des titres bien plus typés “Jesu”,  façon shoegaze massif, électronique, calme et éthéré. Si 50% du disque a donc une facette franchement bourrine et violente, The Blood of Heroes calme souvent le jeu entre deux attentats, et c’est surement le choix le plus pertinent du disque. Remains reste le petit bijou du lot. Les beats sont plus légers, les guitares subliment, entre cordes cristallines et vibrations étouffantes en horizon. Le morceau va vite évoluer en Drill’n bass warpienne superbe, qui copule si parfaitement avec les teintes de Jesu que l’on en aurait presque la larme à l’œil. Bonheur.

Transcendent, qui n’aurait pas fait tache dans un Conqueror, se tape un beat plus simple, bien rond, puissant, avec d’hallucinantes lignes de grattes, larsens passé à l’acide, avec petites incursions dub et éclats industriels qui viennent se greffer sur la nuque. Ca m’hypnotise, le rythme est dingue, c’est vraiment beau, ça grince dur, mais c’est à se damner. Composition en mille-feuilles, bourrée de détails, avec un final émo qui dressera plus d’un poil de bras. Bound integrera même un élément un peu plus world à ce maelstrom de saturations, avec un  instrument à corde oriental qui se noie dans le chaos noise, et des rythmiques ultra saccadées, breakbeat psychotique. Sur presque 8 minutes. Du bon boulot.

Le disque se terminera sur un Drift complètement camé, débutant sur une rythmique tribale, des larsens et des voix spectrales à chialer, construisant un shoegaze expérimental parfait pour le Mc qui ne répètera qu’une seule phrase tout au long du titre, en prophète halluciné. Le morceau est d’une richesse impressionnante, on passe de la brume au carnage électronique sans prévenir, ça se tord dans tous les sens, avec un breakcore bien plus intéressant que ce qu’à pu nous offrir Venetian Snares depuis une poignée d’années (well, j’attends son nouveau disque impatiemment néanmoins). Le tout finissant dans des échos à filer le vertige, donnant du corps à cette phrase en boucle jusqu’à la nausée, jusqu’à se qu’elle se greffe sur nos cortex au fer rouge.

Le disque n’est pas exempt de ratés, et de clichés. Logique, le mélange est risqué. On se passera sans problème de Breakaway, en mode  “ouai on est des fous on met des gros riffs bourrins sur de la drum’n bass décharnée” trop grillé pour ne pas faire tache au milieu des perles précités. Sinon à l’instar des balades larmoyantes dans un disque de Britney, le sempiternel morceau dub-spoken word qui est présent dans toutes les sorties indus/dub est là aussi, et, s’il n’est pas mauvais, n’est pas franchement excitant non plus, voir un peu terne. (bien que la ligne de basse ultra crade et les rythmes vrillés titillent quand même pas mal)





Nop, le seul petit défaut du disque, en étant complètement subjectif, c’est son manque de prise risque dans le mélange. Pas le mélange des genres, vu que le grand écart est déjà assez hallucinant, et propose enfin un nouveau Cd pouvant rallier les populations. Et ça c’est drôlement bien, parce que cela n’existe plus des masses (ou alors c’est toujours mal branlé) Par contre pourquoi ne pas avoir poussé le vice un peu plus loin, en aliénant les structures Jesu avec un Mc Hiphop ? Ou au contraire tenter de foutre les poussées hardcore avec des lignes plus cristallines ou ambiant ? On s’arrête au grand écart entre les styles, là où le démembrement des jambes aurait été encore plus exaltant. Un peu dommage. Reste que j’aurai bien aimé entendre un Mc Hiphop sur le très Jesu Transcendent, vu que là, il est justement très Jesu point barre.


Mais c’est vraiment histoire de pinailler, car le disque est violent, lourd, beau, foutrement aventureux. On a des teintes rappelant le Godflesh période Songs Of Love and Hate, une plâtrée de fresques superbes à la Jesu, le tout bourriné par d’excellentes digressions drill’n bass et quelques incursions hiphop pas piquées des hannetons. Cela a l’air bizarre écrit comme ça, The Blood Of Heroes marche parfaitement, du tout bon, parfait pour fissurer les murs de son appart’ un jour de frustration. Excellente galette.










11 Titres – Ohm Resistance

Dat’





  1. Deepo Says:

    Hoho merci pour la découverte!

    Sur le papier ça sent bon en tout cas, pi cet artwork… magnifique!
    Affaire à suivre, je passerai donner mes impressions une fois le bulldozer digéré.

  2. italik Says:

    XD la reference du titre

    Sinon bien bien le disque

  3. janvier18 (mr patate) Says:

    ah ben super découverte !
    c’est vrai que je n’ai pas du tout suivi ce qu’est devenu Bill Laswell, je l’avais laissé à l’époque de son groupe Painkiller, pff, ca date ! lol
    Remain est excellent, et je suis ok avec toi sur les 2 artworks cités, il déchirent tout 😀

  4. Dat' Says:

    Deepo ==> Effectivement, le truc est assez dur à digérer au départ. Limite un peu trop “trop” avec tous ces genres qui se télescopent. Mais après avoir un peu identifié les morceaux, ça passe nickel, et il y a vraiment d’excellents moments. Et ça me rappelle que je n’ai toujours pas écouté la dernière galette de Jesu.

    Italik ==> ahah je pensais que cela resterait non-découvert

    janvier18 ==> Bill Laswell a tellement fait de trucs que bon, difficile de le suivre en même temps !
    Les artworks sont vraiment sublimes ouai, surtout celui de Scorn, cover de l’année. Il faut que j’aille voir ce que fait ce type, si il a un site ou autre…
    Et yep, Remain, meilleur morceau du disque je trouve !

    dat’

  5. Neska Says:

    Yop,
    vraiment sympa comme son.

    Tu connais le nom de l’artiste Dat (artwork je veux dire..) ?

    Merci 🙂

  6. Deepo Says:

    En réunissant 5 ténors de la musique électronique, on est un peu prêt sur que ça va faire des étincelles. Maintenant je trouve que c’est aussi un album aussi un peu indigeste… On reconnait bien les 5 gus, et c’est presque là le problème. Au lieu de vraiment sortir des sentiers battus, chacun se cantonne à ce qu’il sait faire de mieux. Résultat : ça défonce. Mais en même temps, on était en droit d’attendre un peu plus d’une telle collaboration, un truc plus fusionnel, plus hybride.

    Aussi, ce skeud me fait penser un peu à une tartiflette. C’est très copieux, mais on en mange rarement.

    Et en live ça doit être une vraie charcuterie!

  7. Dat' Says:

    C’est effectivement un peu ça. Je le trouve pas forcemment indigeste, mais oui clairement on reconnait trop les acteurs, et cela aurait été bien sympa de melanger un peu plus les choses effectivement. Reste que le cd démonte dans ses grandes largeurs.

  8. The_king_rama Says:

    j’etait pas passé depuis un moment mais je vois que tu nous propose toujours du son de grande qualité! merci 🙂

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