Tim Hecker – Ravedeath, 1972


Studio Suicide



Je vais repartir dans mon discours de vieux grabataire ronchon, mais c’est drôlement chiant quand la “haute technologie” vous lâche : Le lecteur cd de mon macbookprogris a décidé de mourir sans les honneurs, et après avoir acheté un Superdrive pour rien (sous les bons conseils de nos potos d’apple store), vu que cela ne marche que sur les nouveaux MacNikeAirTruc, (Heureusement, j’ai pu être remboursé, merci bien) je me suis retrouvé un peu con, à ne plus pouvoir écouter mes disques chez moi. Bref je ne peux écouter mes Cd que sur mon fidèle Discman vieux d’une demi-douzaine d’année  exclusivement, qui marche dix fois mieux qu’un macbook d’il y a deux ans, déjà cramé donc, d’autant plus que je ne peux plus importer mes cd dans itunes. Et je l’aime bien mon ordi hein, ne me faites point dire ce que…

Heureusement, je vais pouvoir acheter un lecteur CD-usb trop pimp la semaine prochaine, et sauver ce site de la révolte informatique en cours. Alors voilà, là, c’est une chronique faite avec un discman et un casque sur les oreilles, à devoir presser les touches << et >> pour revenir sur un fait marquant, un discman qui fait un “pipipipipi” stressant quand tu mets pause, mais surtout un discman balaise et travailleur, ici c’est à l’ancienne, on est des artisans de la chronique. Forcément décrypter un World’s End Girlfriend avec cette méthode serait comme parler d’un film en tournant soi-même la bobine.

Il faut donc un disque calme, ample, et ça tombe bien, car le maitre de l’ambiant-electronica-shoegazy Tim Hecker revient avec un disque que j’ai attendu comme la mort. Parceque le bonhomme a sorti deux albums splendides coup sur coup (Harmony in Ultraviolet et An Imaginary Country), parce que la pochette de ce Ravedeath 1972 est drôlement belle, parce que les titres des morceaux forcent le respect, et qu’enfin le premier extrait du nouvel LP m’avait renversé à l’écoute. Et que chroniquer ce genre de musique avec un matos un peu rétrograde (mais fidèle), ce n’est pas grave, car il suffit d’appuyer sur play et se laisser emporter.







Alors forcément, il est difficile de faire du piste par piste avec un disque pareil, d’autant plus que Hecker est encore plus évasif que de coutume sur ce disque. Partant du concept de marier electronica et orgue d’église enregistré à Reykjavik, le disque offre, à la première écoute, de longues plages enfumées où les notes d’orgues se perdent dans des murs de sons grésillants. D’autant plus que ce Ravedeath1972 est une réflexion autour des instruments détruits par l’homme, des cd inutiles que l’on écrase par milliers, des pianos balancés par les fenêtres et autre grand mères choisissant le mauvais moment pour traverser la route. Bref, que des choses joyeuses. Alors voila, cet album est drôlement bien dans son ensemble, mélange de nappes cristallines et larsens cradingues. Difficile d’en dire plus. Pourtant de individualités sortent, et cognent en plein bide :


L’ouverture déjà, sublime. The Piano Drop, sensé illustrer l’artwork et le cœur du disque, n’est qu’une montée linéaire. Dérouillée par les parasites, le mur noise, les saturations en tout genre. Au milieu de ce marasme, une mélodie divine, à chialer, qui perce graduellement la coque sauvage, qui se libère, déploie ses ailes et finit par crever dans les échos. Synthés, orgues, cœurs mystiques, j’en sais rien, mais c’est d’une beauté folle. Le morceau a cramé tes enceintes, mais t’as piétiné le cœur dans le même mouvement.
Un peu plus loin, et après avoir été subtilement malmené par In The Fog I & II et leurs ellipses plongeant dans un magma peu rassurant, qui file presque le vertige au casque, la partie III sort l’orgue mélancolique, rayé par des tirades noise du plus bel effet. La mélodie est tire-larme, presque religieuse, et dérouillée par des saturations qui n’en finissent plus de faire trembler la glace. Avant qu’un piano ne se face entendre, quelques notes, océan de bruit qui avale le tout, notes aigues presque sci-fi, on étouffe.

Hatred Of Music I ne s’est révélé qu’après quelques écoutes, avec un piano presque aléatoire, du field recording bizarre, et surtout une mélodie incroyable qui prend petit à petit de l’ampleur. Qui va tout bouffer, comme l’introduction la plus épique d’une electro-shoegaze que l’on aurait coulé sous le béton. Qui hurle à n’en plus finir, volcan qui laisse échapper la vapeur par à-coups, solo de saxo drogué d’un mec qui est convaincu de mourir l’heure d’après. C’est dissonant, plein de désespoir, mais en même temps sublime, démultiplié par les larsens de guitare et autres mille-feuilles électronique. Si tu tombes dedans, tu ressors les cheveux dressés sur la gueule. La partie II rejouera la partition, mais cette fois en plus calme, slow-motion torturé.


In The Air I partage cette même calme dualité, mais c’est In The Air II qui va se la jouer nerveux et nous imprimer son poing dans la tronche avec un tsunami noisy génial, balayant les notes cristallines de l’introduction. Rude, âpre, et pourtant calme et tout en retenu, à tomber. D’autant plus qu’après cette violente petite fresque, l’album se terminera sur un orgue dénué de secousse sismique.
Mais mais mais, le vrai diamant du disque, le morceau qui m’a choppé les trippes, m’a arraché la gorge et crevé le palpitant, c’est Studio Suicide. Je ne peux pas l’expliquer tout comme je ne peux pas dire pourquoi des morceaux comme Analog Paralysis ne me touchent pas des masses. Ce Studio Suicide, c’est prendre un morceau de shoegaze de folie, et de l’écouter au fin fond de la mer, en pleine noyade. Se laisser attirer par le fond, en coulant tranquillement, l’âme ailleurs, le cœur fatigué, les acouphènes qui hurlent, la tête qui tabasse. C’est écouter My Bloody Valentine après un accident de voiture, c’est se taper An Ending de Brian Eno en pleine overdose. De simples oscillations, larsens anémiques, une mélodie quasi-inexistante. Et des échos. Des putains d’échos incroyables, qui forment des chœurs, des chants, des soupirs. Un truc en suspension, qui ne dure que 3 minutes, mais qui pourrait en utiliser 30. Notion du temps annihilée, espace inexistant. Fermer les yeux, avancer à tâtons dans ses souvenirs. On passe ce morceau pendant ton enterrement, que tout le monde lève la tête pour voir si les anges ne surveillent pas ta mise en bière. Absolument sublime.





Ce Tim Hecker n’est franchement pas grand public, et peut être un peu moins marquant que ses deux derniers disques. Quoique, on va plus simplement dire : surtout moins évident que ses deux derniers disques. Plus aride, rêche, monolithique. Il ne crache que rarement ses mélodies à la gueule, et il faut souvent se frayer un chemin au milieu des couches sonores, fouiller le cadavre dans tous les sens pour tenter de trouver son porte monnaie. Mais dès que l’on arrive à mettre la main dessus, c’est franchement superbe. Des plus frontales (The Piano Drop, In The Air II…) aux bijoux cachés qui semblent aphones, avant de vous pulvériser la colonne vertébrale à jamais (Hatred Of Music I, Studio Suicide, je ne m’en remets toujours pas), ce Ravedeath, 1972 risque d’ennuyer autant que de passionner. Seule petit bémol, on ne peut s’empêcher de penser que ce disque serait gigantesque si Hecker lâchait un peu les chevaux. S’il insufflait plus de violences et de sonorités épiques. Tim Hecker vs A Place To Bury Stranger, pourquoi pas ? Ce n’est de toute façon pas un disque que l’on va servir au diner, ou dans la bagnole avec ses potes en buvant des bières, sauf dans le cas ou vous aller leur annoncer que vous avez le projet de les séquestrer longuement avant les bouffer. Un beau projet.


C’est une galette typique dite “à moment”. Un moment qu’il faut choisir, saisir. Réapprendre la nécessité vitale de se déconnecter. Dans cette nuit froide, ce dimanche matin, cette après-soirée aux relents alcoolisés, ce dernier train, cette dépression post-coïtale, cette ballade entre deux buildings, cette envie de regarder le plafond affalé sur son pieu, bref, être convaincu que durant des instants comme ceux là, il faut se plonger dans un disque comme ce nouveau Tim Hecker et rien d’autre. Un instant qui demande un investissement en temps et en âme, mais qui se révèle être une alternative parfaite pour tous ceux qui veulent se perdre quelques minutes.







Tim Hecker – The Piano Drop








12 Titres – Kranky

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