Moderat – II


Alcachofa



L’été, quand on se prélasse les doigts de pied en éventail à son boulot, un cocktail à la main, il faut écouter des disques cools. Qui ne prennent pas la tête, mais qui ont suffisamment de présence pour te filer la larmichette ou te coller des papillons dans le ventre.

En ce sens, quand on me demande “hey je n’aime pas trop la musique electronique, j’aimerai écouter un peu, tu as un disque à conseiller?”, je sors assez souvent le Happy Birthday de Modeselektor en exemple. Car ce disque, tout en restant assez exigeant, avait l’ouverture nécessaire et une certaine facilité dans les compos qui permettaient aux profanes d’apprécier un disque électro sans prendre peur. Tout en permettant de définir vers quelles directions ils souhaitaient ensuite aller, vu que le LP convolait sur une tonne de genres.

Le premier Moderat, même si plus linéaire, avait cette même force : servir un disque d’une excellente qualité, tout en restant accessible au plus grand nombre. Un disque à double lecture, pouvant autant plaire aux fans hardcores du genre qu’aux auditeurs du dimanche. C’était beau, mélancolique, dansant, pop et techno, parfois un peu facile mais jamais indigent, avec même quelques titres cultes.

L’annonce d’un deuxième opus ne pouvait être qu’une excellente nouvelle, même si les deux entités formant Moderat pédalent un peu dans la semoule depuis quelques années (les Modeselektor brillent bien plus via les sorties de leurs label que par leurs propres disques, et Apparat n’est plus que l’ombre de lui même depuis quelques temps). Pour Schématiser, j’ai été traumatisé par Rusty Nails, et je ne voulais qu’une chose dans ce Moderat II : qu’il y ait au moins un ou deux morceaux d’apparat chialant sa peine sur du 2step. Ce nouvel album contient bien plus de surprises encore…







Alors mettons les pieds dans le plat tout de suite : des morceaux pop ultra émo ayant pour literie du uk garage bien branlé, il y en a. Et c’est beau. Très beau. Si Apparat m’emmerde depuis quelques temps en solo, il devient un chanteur hors pair d’albums en albums. On peine à croire que l’allemand, il y a encore quelques années, avait honte de chanter, caché derrière ses machines, avant qu’Ellen Allien lui donne un coup de pied au cul et l’oblige à susurrer sur Orchestra Of Bubbles.

Bad Kingdom qui ouvre l’album, est absolument parfaite. La synthèse d’années de travail de la part des deux groupes, entre pop-electro avec featuring clinquants de Modeselektor (Thom Yorke, Maximo Park…) et complaintes ultra sensibles d’Apparat. Le mélange atteint ici une sorte de perfection, une pureté mélodique folle, un morceau universel, que pourrait chanter Robbie Williams comme Sebastien Schuller. La dureté (toute relative) de l’instrue contraste avec le refrain, lunaire, directement dans le cœur. Un truc sublime. Il n’y aurait que ce morceau de chanté, j’aurai déjà été aux anges.

Mais les allemands sont joueurs, et alignent un peu plus loin l’autre chef d’œuvre du disque, Gita, incroyable morceau de garage-pop tellement émo que les groupies de Good Charlotte s’ouvriraient instantanément les veines en l’écoutant. Tout est parfait, entre le rythme hésitant, les petits samples cuttés, les synthés incroyables, et surtout la voix d’Apparat, qui t’enfourne la colonne vertébrale dans le cul à chaque gémissement tellement qu’elle est belle. Gita est un morceau complètement dingue, neurasthénique, lumineux, mélancolique, avec cette infime once de putasserie qui rend le tout indispensable. Chiale sur ce morceau, larmes musique.

Plus en retrait, moins frappant à la première écoute, Damage Done distillera la même dose d’émotion que les précédents morceaux. Et si le coté chagrin/nostalgique sur-prononcé pourra faire grincer les dents des cœurs de pierre, les autres se laisseront complètement embarquer dans ce slow electro de folie. Si j’avais 13 ans, j’aurai voulu danser dans une boum avec la nana que je convoitais au collège, à valser sans être trop serré, de peur de lui effleurer les seins, avant, peut-être, d’obtenir un bisou sur la joue qui m’aurait empli de joie. Mais il paraît que maintenant, les boums sont composées de jeunes qui se droguent et qui baisent à 5 dans les chiottes, donc cela colle drôlement moins avec le morceau. Ok, on peut avoir l’honnêteté intellectuelle de dire que Damage Done tient parfois plus de Phil Collins que Popnoname, mais cela reste quand même foutrement beau.

Dernier représentant des morceaux chantés, Last Time impressionne autant que le reste du disque, avec un coté tubesque-pute légèrement plus prononcé, à base de synthés imparables et chant qui file la chocotte à chaque envolée. Et si ces 4 morceaux sont, pour moi, les piliers de l’album, Moderat me servant exactement ce que je voulais sur ce II, il ne faut pas oublier que les deux tiers du LP sont instrumentaux. Et vraiment, ces derniers sont magnifiques, eux aussi.





Oh certes, c’est très classique, sans surprise, à part celle d’être à fond dans une veine garage-burialesque, plutôt que sur la techno planante du premier opus. Car ici, c’est rythmes claudiquants, samples de voix pitchés et synthés de folie. On sent l’influence de Phon.O sur un Versions sublime, sorte de 2-step lunaire ébouriffant flirtant avec la trance, d’une richesse dingue, entre claviers 3D et litanie d’une tristesse à retourner les palpitants. Cuaron, ne cherche plus, tu l’a trouvé, ta BO pour Gravity. Pourtant le morceau est tellement classique que l’on parlerait presque de nécrose. Moderat n’invente rien. Nous sort une recette déjà entendue mille fois (le uk-garage-émo-planant-drogué). Mais putain de bordel de pute borgne, ce Versions, c’est le genre de track que je cherche quotidiennement sur le web depuis des années. Moderat est en retard, vraiment, et sort quelque chose de presque archaïque. Mais il te la bichonne, cette track. Tellement que l’on frôle la perfection, le fan-service ultime.

Et ce que je viens de dire, je peux le copier/coller pour Let In The Light, très bon tube garage dance, pont parfait entre The Artful Dodgers et Apparat période Walls. Le chant est ici dérouillé pour en extirper une voix robotique, presque gênante, avant qu’un refrain affolant de pureté, à te dresser tous les cheveux sur la caboche, déboule et tabasse tous les cœurs qui bougent. On se retrouve avec un anthem qui pourrait flinguer les charts à la manière d’un Get Lucky ou un I Follow Rivers, s’il n’y avait pas cette pincée de drogue par dessus. Il faut imaginer les Spice Girls en pleine dépression, avalant du rohypnol avant de se dandiner en club, le tout screwed’n chopped. Si si, vraiment.

Tu veux encore du bon uk garage bien dégoulinant d’émotion ? Therapy est là pour vous servir, et là encore, on sent qu’un Black Boulder est passé par là, entre tabassage via rythmes pachydermiques et claviers filant le vertige. Met moi ça dans un club, sur un bon soundsystem, et je risque de m’y perdre pour l’éternité. Ilona assurera lui aussi le taff, de façon légèrement moins flamboyante que les autres, mais avec prestance néanmoins. C’est plus direct, un peu plus dancefloor, un peu plus sombre, parfaitement écoutable lors de longues nuits blanches. Du tout bon.

La surprise, c’est de voir la portion techno-electronica très présente dans le premier disque à un seul et unique morceau dans II, Milk. On est forcément circonspect, tant les escapades cristallines de 2009 étaient belles. Milk n’attendra pas les sommets du premier album de Moderat. Cette longue fresque de 10 minutes, un peu frustre au démarrage, partira dans des circonvolutions assez réussies, et diablement hypnotiques. C’est au départ le morceau que j’ai le moins apprécié du disque, pour, au final, y revenir assez régulièrement, ce dernier coupant bien l’album, et lui offrant une respiration assez salvatrice. La conclusion, quasi hystérique, façon mur shoegaze techno, surprendra au premier abord. Mais l’envie de se faire molester les synapses pointera vite le bout de son nez, pour nous convaincre rapidement.





Moderat ne surprend pas. Déçoit même au premier abord, tant le classicisme du disque fait peur. La première écoute m’avait même complètement décontenancé, surpris par le coté très polissé du tout. Là où le groupe était en avance, ou tout du moins servait une musique ancrée dans l’actualité il y a 4 ans, sort aujourd’hui un disque qui déboule avec des années de retard. Le 2step/uk garage émo, en attendant le sauveur Burial, il y en a partout, de Phaeleh à Skrillex en passant par Mount Kimbie ou Seekae, et voir les allemands se concentrer là dessus, en délaissant complètement la techno (à part sur Milk), cela surprend franchement. Premier écoute, je n’ai pas aimé, presque dégouté. Après quelques écoutes, j’ai trouvé ça très bon. Après trente écoutes, le disque m’est indispensable.


Ce II est presque banal dans son parti pris, sans aucune (mais vraiment aucune) prise de risque. Pas d’aventure, pas d’innovation, on te sert un album electronica-garage-pop qui sent presque le grenier tellement il est référencé.

MAIS si le disque arrive avec 4 ans de retard, il n’en reste pas moins sublime, sur la majorité des morceaux. C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes, évidemment. Si le disque était sorti en 2008, on tiendrait un manifeste presque révolutionnaire du new-uk-garage. En 2013, l’album ne surprendra personne, mais délectera les amateurs du genre.

Certes, ce disque est plus fait pour se noyer dans la mélancolie que dans des poitrines opulentes à Ibiza, mais lors de longues nuits d’été, cela nous suffira. Parce qu’un disque aussi solide, même avec un léger coup de mou sur le dernier tiers, on n’en a pas tant que ça.






Moderat – Bad Kingdom






12 Titres – Monkeytown

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