Top 2019 – Rétrospective


> Rétrospective 2019



Bon, sortir un Top 2019 fin Janvier 2020, ce n’est pas ce qu’il y a de plus pertinent (meme si j’ai toujours été en retard sur mes tops, et que sortir une retro de l’année mi-Novembre, c’est tout aussi débile) Mais pour une fois, j’ai une bonne excuse: J’ai eu un accident de vélo début Janvier, et je me suis arraché la peau de tous les doigts de la main droite, m’empêchant de taper sur un clavier pendant deux semaines (et de débloquer mon iphone avec les empreintes, par la meme occaz). Ce top a donc été tapé avec amour, mais surtout juste 3 doigts.

Comme à la grande époque, ce top n’est pas foncièrement là pour présenter les disques révolutionnaires de 2019. Simplement ceux que j’ai le plus écouté, que cela soit en pleine nuit devant mon ordi, sous la lumière d’un réverbère, en soirée ou avant d’aller au boulot le matin. Les coups de cœur, les grosses baffes, que le disque soit considéré comme une sortie “importante” ou complètement inconnu au bataillon. Le plaisir de chanter un truc sous la douche, ou de chialer pendant un moment dur. Il y a pas mal de choses à écouter ci dessus, et ça tombe bien, on en aura besoin, vu que l’on sera tous cloitré en quarantaine vs virus chez nous pendant les 6 prochains mois.

Il y a donc: un top 9 albums 2019 sans distinction de genre, les Top Tracks 2019, le label le plus interessant de l’année, et une nouvelle catégorie : les albums à écouter après s’être enfilé 12 heures d’Autechre.






> Top albums 2019




– Datach’i – Bones

Contrairement à l’année dernière, le meilleur disque de 2019 n’est pas une claque immédiate, avec des morceaux provoquant un effet boeuf à la première écoute. Bones est un album sensible, qui demande de la patience, de l’attention, de l’amour aussi. Pourtant, le LP est simple d’accès, ouvert, lumineux. Sur Bones, pas de drill fracturée, ni d’experimentale hermétique. Mais cet album demande de la persévérance, car il nous renvoie aux époques des disques complets, des productions warpiennes de la fin des 90 début 2000, ceux où il fallait passer des heures à déchiffrer chaque synthé, chaque mélodie, et se laisser envelopper par la musique pendant une heure, sans rien faire.
Datach’i ne réinvente clairement pas la roue sur Bones, et certains morceaux renvoient directement au meilleur de Boards of Canada (“Rockledge 3A”) ou Plaid (le superbe “Akemies”). Mais putain, que ce disque est beau, enchaînant les morceaux de bravoure sans discontinuer, avec des mélodies belles à pleurer tout du long: outre les deux précités, comment ne pas tomber amoureux de la progression cristalline de “Motion Through The Living Room”, l’ultra mélancolie de “Undimension” (merveille du disque), ou de l’interlude sublime qu’est “Wand”? Cherchez vous même le background derrière la création de l’album, impacté par un décès familiale, et d’une histoire de guitare acoustique ramenée à l’hôpital, qui fera chialer même les plus insensibles.
Bones est un disque comme l’on en entend plus vraiment depuis quelques années. Une musique vraie, une musique belle, une musique où tout est une histoire de mélodie.


– Thom Yorke – Anima

Ok ok, je vous vois venir. Mettre Thom Yorke en haut de son top de l’année, c’est facile. Tous les sites indies ont fait la même, ca fait du clic, la plèbe est conforté dans son opinion. J’ai longtemps hésité avant de m’y plonger. Parce que tout le monde se branle dessus, parce que promotion avec film de danse sur Netflix, parce que le dernier Radiohead ne m’avait convaincu tant que cela. Quelle erreur! Car comme les disques précédent, ce Anima est un chef d’oeuvre. Et surement le plus abouti de Tom Yorke. Pas un morceau ne déçoit (excepté un premier titre manquant de surprise) et tout se rapproche de la perfection auditive. Les synthés sont absolument incroyables, fous, à filer le vertige (“The Axe”, ces claviers qui tournent à n’en plus finir, c’est chuter sans fin dans un puit de rivotril, j’ai rarement entendu un truc pareil en 30 ans) et le mixage/mastering du disque est en grande partie responsable du succès de cet album, un peu comme un Body Riddle à l’époque, qui avait du dégouter bien des producteurs.
Les morceaux oscillent tous entre le tubesque mélancolique (“Not The News”, claque folle qui m’a fait aimé/comprendre le disque, “Twist”, en mode techno désorientée qui termine en messe élégiaque), ou la neurasthénie dépressive quasi beatless aux mélodies démentielles (“Last I Heard”, “The Axe”, “Dawn Chorus”…), c’est fou, beau, accompli, irréprochable de bout en bout. Certes, tu ne t’enfileras pas le disque au casque le matin en allant au boulot, sous peine de rapidement detester ta vie.
Mais pour une nuit de solitude, en maugréant sur tes amours passés et actes manqués, on tient ici un des disques les plus beaux et aboutis de ces dix dernières années.


– Vacant – Belong

Evidemment, tu ne t’attendais pas à ce que je fasse un top de l’année sans un album de uk garage nocturne et mélancolique, avec voix puputes et rythmes burialisés. Vacant, pouvait sonner légèrement générique au début de sa carrière, mais depuis l’année 2018 et son combo LP + EP, on le prend vachement plus au sérieux. Une vraie musique de Londres, défoncée à la solitude et aux promenades la nuit à 3h du matin.
Vacant a depuis quelques EP/LP une vraie légitimité, un style à part entière, à balancer des morceaux qui arrachent les coeurs tellement violemment que tu en oublies les références direct. Vacant c’est un peu le Yung Lean du 2step / uk garage. Il a commencé en sonnant comme les têtes d’affiches, avant de prendre la tangente et faire mieux que tout le monde.

Et quel disque que ce Beyond: bourré d’émotions, de 2step décharnée, de banlieues tristes sous néons grésillants. Un sans faute sur 8 titres, avec des morceaux beaux à briser d’émotion ta colonnes vertébrales en mille (les voix sur “Tempest” font dresser les poils, les synthés dark sur “Tell Me” cassent le coeur, et la beauté retenue de “Guidance” hantera bien des nuits passées solo). Il y a même un tube absolu sur ce disque, “Apart”, une merveille uk garage dansante, quintessence du morceau créé pour te faire chialer toutes les larmes de ton corps + danser en club. Masterpiece.





– Slowthai – Nothing great about britain

Que l’album hip hop de l’année vienne d’Angleterre, ce n’est pas arrivé depuis un bail. Mais aucune hésitation pour donner la couronne à Slowthai. Tu as ici l’album le plus brut, sincère, et direct de l’année. J’avais brièvement parlé de Slowthai il y a deux ans, car son TN Biscuits était l’un des morceaux les fous de 2018. Le mec avait tout pour réussir: il est beau comme jamais, il a l’air d’un adorable psychopathe, et a eu une vie de fou. Nothing Great About Britain est une réussite totale: disque court (11 titres), fauve, qui enchaîne les tubes viciés et crasseux sans discontinuer. On avait besoin d’un disque aux paroles cliniques, un quasi-documentaire sur la vie d’un jeune anglais qui te vomit ses états d’âme à la gueule (mes excuses pour la comparaison évidente, mais c’est à rapprocher dans la démarche à un Original Pirate Material) sur des prods belles comme un réverbère grésillant au milieu de la nuit. Avec en point d’orgue la conclusion du disque, “Northampton’s Child”, vrai court-métrage musical où Slowthai parle minutieusement de son enfance et de sa mère avec une tristesse et une rage à filer le tournis. Ce mec s’avance comme l’artiste UK le plus intéressant en ce moment, et je tuerai pour avoir la possibilité de prendre des photos de lui en concert un jour.


– Jacques Greene – Dawn Chorus

Pas de surprise: même si j’ai quasiment arrêté d’écrire des articles, je suis toujours la plus grosse putain de groupie de Jacques Greene. Et si il avait perdu un peu de sa superbe au milieu de cette décade, le canadien a sorti en 2017 un incroyable album avec Feel Infinite (si mes parents vous demande, vous pouvez jouer “You See All My Light” à mon enterrement). Après une telle réussite, j’attendais ce Dawn Chorus la bave aux lèvres, mais aussi avec une légère inquiétude. Comment faire suite à un tel miracle?? En faisant un truc légèrement différent: exit les rythmes 2step et les tubes émo aux claviers fragiles.
Dawn Chorus est un album plongé dans le brouillard, plus doux, moins direct, moins nocturne aussi, partant souvent dans l’electronica (“For Love”, génial morceau disco qui vire vers un délire Analord avec synthés qui foutent la frousse, ou “Drop Location”, brouillard émo fou en duo avec Clams Casino), le shoegaze electro dreamy (“Stars”, qui aurait pu se caler dans Dead Cities, Red Seas & Lost Ghosts sans faire tache) ou la techno belle à crever (“Night Service”, tube de l’album, ou “Sibling” partant dans une house lovée chez Rephlex). Le problème, c’est que j’ai maintenant un deuxième morceau à potentiellement passer à mes funérailles: “Distance”, mini fresque beatless aux voix putassières qui virevoltent dans tes oreilles et te calent violemment des papillons dans le bide, pour les dix prochaines années.


Special Request – Vortex

Quand tu sors 4 albums dans l’année, et que la moitié d’entre eux auraient pu se glisser dans un top de l’année sans forcer, c’est que t’es un mec à prendre au sérieux. Mais ce n’est point l’IDM mélancolique (Bedroom Stories), la techno émo spatiale (Offworld) ou le carnage crétin (Zero Fucks) qui a remporté la timbale en 2019. Car Vortex, premier LP du marathon de Special Request, compile un peu tout de cela: c’est beau comme la mort, c’est d’une violence sans nom (ne t’amuse pas à compter les bpm sur certaines tracks), ça renvoie aux plus belles années Rephlex, et ça n’oublie pas de te faire chialer à coup de synthés élégiaques, après t’avoir tabassé en mode chaos incontrôlé pendant 3 minutes (“SP4NN3R3D”, “Memory Lake”, “Ardkore Dolphin”, “Levitation”… affolants). C’est de la rave, de la techno, de la drum’n bass dure, mais sensible, passée à la moulinette d’une déclaration d’amour. C’est même trouver un simili morceau gabber pointant à 180 bpm, qui te pleure une mélodie cristalline en mode niagara d’arpèges (“A Gargantuan Melting Face Floating Effortlessly Through The Stratosphere”). C’est enfin l’artwork le plus classe de 2019. Filez-lui une victoire de la musique.





– Barker – Utility (& Fact Mix)

Difficile de disserter sur ce disque. D’une écoute distraite, pas grand chose ne se passe dans ce LP. Des synthés lumineux oui, des mélodies mélancoliques aussi. Et pas un seul beat à l’horizon. Pourtant, ce Utility est loin d’être un disque d’ambient: les claviers claquent, voltent dans tes oreilles, avec tellement de textures et d’impact que les mélodies créent leurs propre rythmes. Ca t’emmitouffle dans une techno post-conflit, dans une musique de club désossée et lunaire, et certains morceaux comme “Utility” ou “Die-Hards Of The Darwinian Order” continuent de te surprendre après 20 écoutes. C’est beaucoup moins direct et évident que le légendaire Transsektoral LP, dernier disque de Barker (2012!) tombé dans mes oreilles, mais au moins tout aussi marquant.
Le plus drôle, c’est que Barker, un mois avant de sortir son disque, a balancé gratos pour Fact Mag un mix magnifique, blindé de morceau inédits, aux tempos et mélodies plus décidées, sorte de cousin crâneur et effronté de l’obscur et apaisé album à venir. Et c’est en duo que Barker balance deux “albums” prétendant au top de l’année, en visant directement la carotide de l’émotion, couteau à la main.


– Conducta – Kiwi Krush

Ca check les potes à l’entrée du club, ça rigole fort, tout le monde est déjà bourré. On baisse la tête pour passer devant le videur sans encombre, on descend le long escalier rouge, l’endroit pue déjà la pisse et la cigarette, on est bien. Verres descendus en rafale, cul posé sur tabouret miteux encore moite de la bière renversée la vieille, ça glousse, ça ironise sur la gueule de chacun, ça se teste. Romain n’a pas une thune, et va constamment aux chiottes pour remplir d’eau la même bouteille de bière, pour échapper aux staffs forçant à recommander. Chloé est déboitée, elle en est à son troisième parachute. Moi, comme d’hab, j’ai topé mon lemon-sour avec un peu de rivotril. Le son est fou, balancé par Conducta, UK garage joyeux et légèrement mélancolique, parfois tubesque, avec deux trois saillies hip-hop. Lumières dans les yeux, flashs épileptiques, rétines grillées. Alors on danse, on boit, on pousse. Un mec me bouscule, je cogne. Embrouille, je me prend un verre dans la gueule. Romain est mort de rire, s’étouffe, gerbe sur ses chaussures.
Je reviens vers le canapé pour reprendre mes esprits, Chloé est à moitié endormie, elle s’est pissée dessus, l’urine descendant le long de sa jambe droite, gouttes ambrées perlant de ses talons, créant une petite flaque sur le sol. Je prends une photo de la scène, ça rendra bien en noir et blanc. Je m’installe dans le canapé, je me sens pas bien du tout, j’ai la gerbe, tout tourne, c’est horrible. J’ai envie de me casser. Je fonce aux toilettes, je dégueule dans le lavabo, je m’étrangle, la gerbe sort par le nez, je m’étale devant les urinoirs. Des mecs crient, me hurlent dessus, me portent dehors. Je pense à Chloé, j’espère que personne ne l’emmerde. La lumière bleue/rouge de l’ambulance me tue les yeux, mon coeur s’emballe, les vomissures sont coagulées dans mes narines, je ne sens plus mon corps, j’ai du mal à respirer. Les soigneurs m’embarque, je pleure car j’ai peur de mourir. Sale soirée. Sauf pour la musique, qui elle, était incroyable.


– Nathan Micay – Blue Spring

Je ne vais pas te mentir, si j’ai écouté cet album, c’est d’abord pour son artwork savamment détourné d’une des scènes clés d’Akira, qui a popé dans mes recommandations itunes. Je n’avais jamais entendu parlé du gars, pas vu de chronique, rien. Mais quelle claque! Synthés en rafale, musique électronique peaceful et planante partant parfois en techno plus soutenue, longs morceaux drogués (moyenne de 5min), on est presque dans le manuel 101 du LP electronica réussi.
Mais il y a surtout un côté légèrement rétro qui distingue ce Blue Spring des autres sorties de 2019. On dirait presque que Nathan Micay a repris le taff des “Narcotic Suites” sur le Music For Jilted Generation des Prodigy, continuant la fresque de Liam Howlett sur un album entier (en utilisant parfois des sonorités ultra similaires). Ou qu’il a composé son disque après une overdose de The Future Sound Of London et de vieux M83. Et c’est souvent sublime (“Join me or die”, “He has the key”, “Blue Spring”, “11.11.90”…) mais ça balance aussi des bangers pour dancefloor sous LSD (“The party we could have”, la folie).
Un des plus beaux albums de l’année, sans forcer.





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> Best Track 2019: PNL – Déconnecté



Allez, j’aurai pu parler du Pipe Dreams de Sote. Mais la vraie track de 2019, le son qui m’a vraiment démonté le cerveau, le coeur, et l’échine, c’est bien Déconnecté de PNL. Il n’est pas pas forcément le meilleur morceau du rap fr en 2019, mais bien un tour de force complètement différent, sortant d’un univers parallèle. C’est un Ademo en furie, crachant ses tripes. C’est un morceau electro, rap, rock, post-everything. C’est une instrue qui passe du beatless à l’electronica cosmique, en passant par un (unique) kick gabber et des refrains en mode Toto. C’est un NOS qui chiale sa vie sur vocoder, et s’envole direct vers Pluto(n). On a l’habitude d’entendre des expérimentations dans le hiphop francais, mais rare sont ceux à avoir attend un mix aussi parfait entre bordel expé unique et rap pour charts. Et même si PNL ne fait plus dans l’autopsie ultra réaliste de leur déprime (“Lion”, “Porte de Mesrine” ou “J’comprends pas” nous manquent), Déconnecté continue de prouver que le groupe est à part, seul dans leur propre game. Pas au dessus, pas plus haut. Juste très très loin, dans une bulle où il n’existe qu’eux deux.
Ah et aussi, je n’écris plus beaucoup d’articles, mais rappelons nous: si tu entendu parlé de PNL la première fois, c’était dans ces pages. Ou surement via un mec qui connaissait un mec qui connaissait un mec qui lisait ces pages. Va falloir que je vende des tee-shirts la dessus, j’ai besoin d’argent.





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> Le label le plus obscur et fascinant de l’année 2019: Death Is Not The End



– Death Is Not The End

“A trip across the frequencies of Bristol’s pirate radio stations via cut-ups of broadcasts, taken from the late 1980s to the early 2000s ~ also a love-letter to my childhood, an audio document of the years I spent growing up in the city.”
Et pourquoi pas? Au diable les rééditions faisandées de disques déjà écouté mille fois. Le label Death Is Not The End balance des albums perdus depuis 50 ans, des compilations ultra ciblées (chansons grecs des années trente parlant de fin du monde, blues de prisons Angolaises…). Sorti cette année sur le label, le projet Bristol Pirates regroupe par exemple une heure d’enregistrements capturées sur les radios pirates de Bristols, entre drum’n bass, musique indienne, Dub, hiphop. Le tout enrobé de pubs, jingles, interviews etc. Une ode bizarre a un temps révolu, que l’on écoutera de façon nostalgique, comme une vieille cassette trouvée derrière un meuble lors d’un déménagement.
Tu as aussi les deux compilations If I had a pair of wings, bourrés de sublimes morceaux r’n’b et doo wop Jamaïcains des années 50, tentant de survivre sous les craquements de vinyles et aspérités créées après un demi siècle d’attente. Ou des vieilles cassettes de blues expérimental, balancées sans background ni explication. Bref, fais toi plaisir, passe des heures à tout écouter, il y en a pour tous les goûts.





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> Les meilleurs disques de 2019 pour tes oreilles, après avoir encaissé les 19 heures de lives uploadés par Autechre d’une traite :




Tu as écouté les lives d’Autechre pendant des heures, tu as les tympans qui sifflent, tu veux une voix féminine qui te susurre des insanités dans les oreilles. Ca tombe bien Shay a sorti son album Antidote un des meilleurs albums de rap/r’n’b fr cette année (avec le 13 block et le Radio Suicide), même si tout le monde préférera discourir sur le Vald. Tubes impeccables, beats parfaits, ça glisse de partout et enrobe tes oreilles de miel belge. L’album démarre assez faiblement, mais te balance sans sourciller une série de tracks exemplaires, sans sourciller (de “notif” à “BXL”, 8 morceaux quand même). C’est quand même facile à écouter sous la douche que 12 heures straight de musique industriel.

Tu as écouté les lives d’Autechre pendant des heures, et tu ne te sens pas bien. Tu vas chez le médecin, car tu es mélodie-déprimé, et vu que c’est un bon gars, il te prescrit le Technosensible de Tepr. Certes, on est point dans les chef d’oeuvres abstract ou électro de la bonne époque (rappelons que Côte Ouest et The Deadly Master… font parti des meilleurs albums jamais sorti, dans le monde entier), le breton revient avec un album de Techno House super direct, parfois un peu sirupeux, mais souvent beau. On n’échappe pas aux quelques morceaux trop bubbly et pop, mais pour des esgourdes traumatisées après dix heures de dissonances, c’est un soulagement incroyable, comme du sirop pour la toux dans une gorge irritée. Claviers trance mélancoliques, refrains immédiats, mélodies tire-larmes, ce disque est parfait pour danser dans la rue en pleurant comme un fou, jusqu’au bout de la nuit. Parce que en vrai, danser sur du Autechre dans la rue, ben ca fait chelou. Surtout si tu pleures. Tu risques de te faire tabasser par un agent de sécurité sur les nerfs. Ne te retrouve pas dans cette situation: écoute Technosensible.

Tu as écouté les lives d’Autechre pendant des heures, et maintenant, tu es grave déprimé. Tellement déprimé que tu penses à errer dans la rue toute la nuit, le casque vissé sur la tête, en récitant des mantras suicidaires. Mais les mantras suicidaires, c’est bien mieux avec du vocoder, et Antha sait parfaitement le faire. Alors sur Spleen, ça roucoule de la pop neurasthénique, ça crache sa hargne sur des instrues folles, c’est concis, beau de bout en bout, même si surement bricolé à la maison avec des bouts de scotchs. Les mélodies de “Inferno”, “Les Tourments” ou “Interieur Cuir” te casseront le cerveau, c’est cathartique, et après avoir entendu un disque encore plus cafardeux et mélancolique que tes pensées après douze live d’Autechre, tu pourrais repartir comme en quarante et écouter d’une traite les NTS Sessions.





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> L’article corporate de l’année 2019: Hyacinthe – Rave:



Ok ok, j’ai pris les photos autour de ce projet, donc difficile d’en parler de façon neutre. Et c’est bien dommage. Car sans ça, je t’aurai fait une longue chronique qui aurait aurait dit que ce Rave de Hyacinthe est allé se positionner bien plus loin que la majorité des projets estampillés rap fr cette année. Qu’il a cassé des barrières, précurseur, et qu’il propose un truc qui ne sera norme que dans quelques années. Que si tu aimes la musique électronique belle à chialer, le rap sous drogue, les complaintes auto-tunées, tu ne peux difficilement trouver mieux que Rave cette année. Que des morceaux comme “Espérance de vie”, “Depuis l’année dernière”, “Sous les Néons”, ou “A Toi” arracheront les échines de toute personne avec un coeur un peu sensible. Et surtout, il y a “Il reste quelque chose”, morceau incroyable, beau comme la mort, au dessus de tout ce qui s’est fait dans le rap émo cette année. Mais bon, je ne peux pas écrire tout ça malheureusement, car je veux éviter que Mediapart me tombe dessus pour conflit d’intérêt. Donc je n’écris rien.





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> Les autres morceaux de 2019


SotePipe Dreams l’autre meilleure track de 2019
Riff Raff & Chief KeefTip Toe 3
Gucci ManeMr Wop
FutureBaptiize
BurialOld Tape Enfin une petite prise de risque de la part de Burial
FlumeMUD
FKA TwigsMarie Magdalene magnifique, highlight de l’album

MAVIEye/I and I/Nation
MonolithThe Ridge
Floating Points – Last Bloom / Anasickmodular
DJRUMHard To Say une des plus grosses claques de l’année dernière
Side Project Is Techno That Serious?
YaporigamiWe Dance Alone

ModeselektorWMF Love Song
Lolo ZouaiCaffeine
VenturaTo Suffer
GrimesViolence / So heavy I fell through the earth
DJ SnakeEnzo

Robag WruhmeKomalh j’ai hésité à classer l’album dans le top
Young Thug feat FutureSup Mate
Lil Keed feat Young ThugProud Of Me
LORNPerfekt Dark / TimeSink toujours le plus fort
Kekra feat NiskaVréalité

VegynMonét Monét
MIRRRORIce Cold
13 BlockFuck le 17
LOFT aka AYAThank u, next
Hamza feat DamsoGod Bless
MikronSunken Paths sublime



Dat’

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promis, j’essaie de faire quelques articles en 2020 (en attendant lisez Goute Mes Disques)


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  1. Comix Says:

    Cool de te relire ! C’est de plus en plus rare, plus précieux en conséquence. Il a l’air bien chouette le Datach’i. Je ne savais plus quoi écouter, je tourne en boucle sur les sorties mensuelles 2019 de Krush là, ça va me changer un peu. (Putain PNL ! Faudra qu’on m’explique un de ces quatre comment on fait pour supporter ce truc 🙂 )

  2. Dat' Says:

    Le Datach’i tue, vraiment. Ca ne sera pas un album de légende, jamais, mais quel plaisir d’avoir un si bel album d’electronica dans les oreilles. En esperant que tu kiffes d’autres trucs!
    Pour le PNL, ecoutes Deconnecté justement! aha

  3. Comix Says:

    Héhé, j’ai essayé ! Sauf que les voix de rappeurs autotunées me crispent trop, ce qui élimine pas mal de productions modernes de mes oreilles. Et n’en déplaise à leurs admirateurs, je trouve les textes de PNL consternants (puis tout leur packaging-poudre aux yeux m’agace un peu), mais je suis assez difficile sur les textes j’avoue, et de manière générale, je préfère la musique sans parole, alors le rap, c’est pas trop pour moi (même si ce Slowthai que tu propose ci-dessous à l’air bien cool). En fait, j’ai beaucoup de mal à trouver du son post-2010 qui me colle en ce moment. J’en reviens aux classiques : Satie, Ennio Morricone (mon idole) entre autres, même si je me suis bien amusé sur la désuétude assumée du Camelot Arcade de Ceephax, et j’ai bien aimé Cosmic Yard de Krush (ses sorties mensuelles de 2019 aussi), quelques trucs par-ci par-là, enfin rien de vraiment transcendant, même mes anciennes amours electro m’emmerdent : Autechre, Amon Tobin en l’occurrence ; je vis une période musicale creuse. En gros, tout me fait chier (ça m’arrive souvent). C’est pour ça qu’une publication sur ton site fait toujours plaisir pour découvrir de nouveaux trucs, même si je ne suis pas client de tout. Et là, je suis pas mal sur Belong de Vacant 🙂 Merci pour ton travail

  4. SunRicq Says:

    Pouaa… Northampton’s Child c’est dingue..

    Tu as oublié de parler de K. Ronaldo (encore une fois !) : Rauch https://www.youtube.com/watch?v=GoIOa-PjP7w
    Un des meilleurs morceaux rap 2019

    Tu as jeté un coup d’oeil à ma playlist https://www.youtube.com/playlist?list=PLjhzZOqu7N_XUUk2aWdmHEe_RWhMCcr4Z ?

    ………

    Encore une fois, merci Dat’

  5. Amano Says:

    https://m.youtube.com/watch?v=a3uUwFgXXo8&list=PLsuQJMVv0vGWNcmgl61CpAVWkurPNtIJB&index=4&t=0s
    tiens, l’intro va peut-être te rappeler quelque chose !
    Et, soit dit en passant, Trudge c’est à decouvrir (mais tu dois déjà connaître.)
    https://m.youtube.com/watch?v=E0RBfkoaWH4&list=PLsuQJMVv0vGWNcmgl61CpAVWkurPNtIJB&index=27

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