Métal Schizophrène



Le nom de la formation annonce la couleur. Mais derrière ces excréments aux ailes d’or se cachent un groupe de métal français qui avait marqué les rares consciences ayant eu la chance de se poser sur leur précédent disque, “Viva San-antonio“.
Sorte de brûlot Métal enragé, complètement taré, aux textes à forte teneur en camisole de force, le tout susurré, chanté, hurlé… Tout n’était pas exempte d’erreurs de jeunesses, en flirtant parfois trop avec le syndrome “je veux faire du métal français donc je crie comme un chat castré sur un lit de guitares rasant toutes enceintes normalement constitués” Mais ce Viva San-antonio était porté par un titre génial, ultra fédérateur, complètement barge, «Meecztow Revolution» entre bal musette et incendie hardcore. De tout ceci pointait un fort sentiment d’inventivité, de folie, qui sans rayonner de toute part, se révélait bien plus divertissant que la grande majorité des groupes français d’un genre en pleine explosion il y a quelques années… Sans oublier des prestations scéniques ahurissantes d’énérgie.

Puis on grandit, on évolue. Nos oreilles ne peuvent plus se contenter d’un simple groupe parmi tant d’autre, aussi singulier soit il…
Mais Flying Pooh évolue aussi, mue et sort de sa crisalide, pour déplier les ailes de son Spanking Day, bardé d’influences, la principale, clamée, assumée, étant celle de Mike Patton. Ailes pouvant s’apparenter à de grosses mains bien rugueuses, tant la claque fut grande à son écoute. Le titre est plus que pertinent, car c’est une veritable correction que nous allons recevoir :











Car il faut savoir, et cela sans détour, que ce disque est une vraie bombe pour tout amateur de Métal injecté de folie, de prises de risques, de contre rythmes, passant du coq à l’âne sans perdre une once de splendeur. Pas un titre ne se complait dans la répétition, donnant des allures de Roller-coasters installés en cellules capitonnées. Bref, destinée à ceux qui sont tombés dans les disques de Mr Bungle, Queen Of The Stone Age, Dillinger Escape Plan ou The Mars Volta, et qui ne s’en sont jamais remis, ne pouvant se résoudre à faire marche arrière après avoir eu sa vision du rock complètement déformée, voir bouleversée par cette poignée de groupes ne se refusant aucun compromis… Mr Bungle ? Nous allons en reparler.






“Spanking Day” s’ouvre sur le rageur Get Drunk, ou l’on prône la débauche par l’alcool sur près de 7 minutes. Outre ses refrains bien efficaces hurlés sur fonds de guitares acharnées, la piste ne peut se résoudre à rester sur sa lancée, en étant constamment zébrées d’ambiances façons fêtes foraines peuplées de Zombies. Sans oublier l’explosion finale, survenant après une montée courant sur plus de deux minutes. Get Drunk n’est pas l’inventivité incarnée, mais pose les bases d’un album hors catégories.


Dans le précédent essai de Flying Pooh, on ne pouvait pas nier leur attrait pour les Textes malsains, l’absurdité, l’aliénation, avec des chansons comme “Psykatrik core”, “Des bleus dans les yeux” ou “meecztow Revolution”.
On nous refait le coup, notamment avec ce Good Morning Sweet Heart ou le chanteur semble prendre un malin plaisir à corriger sa compagne, le sourire fendant son visage jusqu’aux oreilles… L’ambiance y est Mr Bungle au possible, dans la voix, aux forts accents Pattoniens, comme dans l’ambiance, lourde, angoissante, ou grattes lancinantes donnes sur des gémissements et autres cris étouffés. On est mal à l’aise et impressionné par la qualité de cette production calme et mystique, explosant deux fois dans un tonnerre électrique pour quelques secondes, avant de replonger dans ses ambiances fantomatiques, le tout pour mourir sur des choeurs glaçant. Impressionnant, jusque dans son contraste avec Wanna Kill A Rock Star. Clavier sautillant débouchant sur un délire typiquement SOAD, le titre va virer sur un refrain ultra fédérateur, pouvant se faufiler dans une playlist MTV un peu secouée. Mais loin de penser que le tout va se vautrer dans la facilité, le titre se parant d’ambiances Rock 70’s intrigantes entre chaque incursion taillée stade.
On vire encore à 90° avec Myaghi où le rock menace d’exploser sans jamais y parvenir, se muant en longue complainte peuplée de cordes et violons superbes, nous plongeant dans une ambiance opaque et occulte, comme si Tim Burton se mettait au Core. Myaghi ne s’envolera pas, s’enlisant presque dans ses ténèbres, prétendant au titre le plus sombre mais aussi le plus sage de l’album.






Mais le miracle survient avec l’éponyme Spanking Day. Véritable tour de force, barré et dingue au possible, changeant constamment d’orientation tout en gardant une ossature taillée dans le diamant, cette chanson ravie, étonne, casse littéralement la gueule. On n’avait pas fait mieux depuis Mr bungle.
Impossible à décrire dans son ensemble. S’ouvrant sur une ambiance médiévale, les guitares explosent promptement, pour laisser le chanteur nous assener une punch-line superbement placée, Why do you keep on abusing me ?. Se succèdent alors Rockabilly 60s, et clavecins fous pour laisser le refrain, superbe, flamber de toute part, irradiant la composition de toute sa maîtrise. Le mélange Métal VS clavecins fait des merveilles, avant de laisser place à une vague de synthés électroniques, pour un final, que dis-je une apothéose, grandiose, rivalisant avec le meilleur de Faith No More. Spanking Day transpire la classe du groupe le plus connu de Mike Patton, surtout dans l’envol de la dernière minute, à faire pleurer tout fan de ce génie. La voix n’est pas en reste, se calquant sur le maître chanteur, les consonances étant franchement proches, même si la voix de l’américain est évidemment bien plus riche.
Avec ce titre, Flying Pooh prouve qu’il peut faire aussi bien qu’un Mr Bungle, pour sa construction complètement droguée, éclatée, pouvant rivaliser avec le meilleur du groupe précité. Un exploit impressionnant de mimétisme qui arrive même à faire le lien et à tirer le meilleur de la sève des deux groupes phares de Mike Patton avec un talent inénarrable, débouchant sur un vrai monument.
LA tuerie de l’album.






Peut être pour nous remettre six pieds sous terre après nous avoir envoyé directement au paradis, le groupe va nous tétaniser en quelques secondes avec l’interlude Me, I And Myself où l’on semble discerner une belle brochette de fous se sodomisants en criant à la mort, gémissants ou éclatants d’un rire pervers et glaçant. Autant être prévenu, pour ne pas virer au blanc dans les transports en communs…


Bien leur en soi grés, Flying Pooh va re-détendre l’atmosphère avec la délirante ode au goinfrage Be Fat !, sorte de Funk Disco moite surplombé de beats electros bien cradingues. Mister Satanus, le vocaliste du groupe, s’en donne à coeur joie avant de laisser le morceau tempêter et revenir dans les ambiances Métal chères à l’album, menaçante et noire pour le coup.


Le Rock bien Hard, on ne va pas le quitter le temps de la tornade Your Life, véritable lance flamme surexcité, ou le chant braillard se déroule sur un tonnerre de guitares alarmées. Qu’une envie casser tout se qui nous entoure pour se joindre dans la folie ambiante, en trouant les murs à coup de pompes ou en sautant de voitures en voitures la bave aux lèvres. Excellent, défoulant, Your Life tient avec brio la mention du « Titre Bourrin » de l’album.







D’autant plus que le titre lui succédant va encore changer la donne. Super Pin-Up va faire dans le Rockabilly défoncé au Hard, sur un texte régressif et grivois. Comme pour le reste de la galette, ce titre va constamment jongler entre différentes strates, toutes plus opposées les unes aux autres. On obtient un titre rigolard, violent et classe à la fois, qui aurait pu sortir du précédent « viva san-antonio ». On nous achèvera avec cette montée superbe, entre guitares s’enroulant tout droit vers les nuages radioactifs, choeurs d’anges égorgés et un chant hurlant à la mort.
On passera plus rapidement sur le remix de ce titre en fin d’album par nos Sporto Kantes nationaux, transformant le titre en une ballade sautillante façon Beatles aux cortex bien rongé par les psychotropes. Plutôt sympa donc, mais pas vraiment indispensable.


La vrai conclusion de la galette passera donc par les Dix minutes du flingué My Lovely Ghost véritable pot pourri de tout ce que l’on a pu trouver dans ce disque.
Ambiances spectrales, grattes aux notes étirées, éclats Métal bien violents, phases croonings sur rockabilly, clavecins recouvert de guitares bien hard à faire pâlir un roi de France, et fin presque folk… On a le temps d’apprécier le paysage musical, ne pouvant pas rêver mieux pour refermer ce vrai coffre à trésor qu’est Spanking Day.









Comment un album de cette qualité peut il rester en « autoproduit » ? Il mériterait une diffusion large au possible, tant il surplombe la majorité des disques Métal / Hard que peuvent nous servir toutes la batteries de groupes français officiant plus ou moins dans le même domaine. Ce disque est une vraie bombe, dingue au possible, d’une richesse incroyable, ravissant et étonnant nos tympans à chaque écoute. (Il doit se trouver à 9euros neuf maintenant)

Certains crieront au plagiat de Mr Bungle. Je répondrais que nous devrions plutôt être fier et défendre que le groupe reprenant avec le plus de talent et de réussite les ingrédients de la formation mythique de Patton soient français. Plus que se poser en “suiveurs”, Flying Pooh sublime la recette et s’efforce de faire vivre la flamme de la folie, de la prise de risque et de la liberté artistique, sans se soucier d’un quelconque carcan. Flamme s’attisant malheureusement de plus en plus au fil du temps dans notre paysage musical.



Nous ne sommes pas près de tirer la chasse sur ces crottes magnifiques avant des années, tout en espérant ardemment un successeurs à ce diamant de Spanking Day









11 Titres


Dat’

This entry was posted on Thursday, February 8th, 2007 at 5:12 am and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.