Bomb The Bass – Future Chaos



BooBs & Heartbreak






Bon l’article ne devait pas nécessairement atterrir dans ses pages, mais 3 mois après sa sortie, il m’est encore impossible de me détacher de ce disque. Il était alors bien dommage de ne pas en parler un minimum ici avant cette fin d’année.

Alors, je ne le savais pas vraiment il y a encore quelques temps, mais il parait que Bomb The Bass, fin 1980, a révolutionné son petit monde, faisant parti des premiers à introduire le Sampling dans ses compositions, donnant même un nouveau visage au Hip-hop et à l’électro anglaise. Grosses bombes Acid Techno, Hip-hop vrillé, Bomb The Bass a enflammé plus d’un tympan, avant de se taire au début des années 90, et de produire certains grands d’aujourd’hui, comme Neneh Cherry ou l’album Ultra de Depeche Mode. Bref, Tim Simenon est une petite légende, et une influence certaine pour un nombre incalculable de groupes actuels (les nerveux de dDamage lui ont d’ailleurs rendu hommage en reprenant l’artwork de Into The Dragon, réadapté par Raoul Sinier ) Personnellement, malgré une overdose de musique électronique, j’ai completement loupé cette période. J’étais trop occupé à finir Battletoads et Cool Spots en écoutant Prodigy, ou finir mes devoirs avec du Dr Alban à fond dans ma chambre. C’était le bon temps, celui de l’insouciance, des cartables trop lourds, des parties de foot et des blagues téléphoniques. Bref, tout ça pour dire que je n’avais pas l’age de traîner en rave, dans des sous-sols morbides en gobant des cachetons d’ecstasy, mais plutôt celui de prendre un pain au chocolat en regardant salut les musclés.


Les retours façon faille spatio-temporelle, j’aime bien quand j’ai vécu le truc. 10 ans pour Portishead, accouchant au final d’un disque sublime, j’approuve. 8 ans pour Leila, qui nous balance un simulateur d’arrachage de coeur sur 60 minutes, je suis fan. Mais un mec que je ne connais pas et qui reviens 15 ans après avoir bousculé les premières sphères d’une musique électro festive, j’ai un peu peur. De me retrouver devant un truc un peu ringard, un peu cheap, un peu chiant avec des piiiiouuuu piiiouuuu et des ziioup ziioup. (Et dieu sait si j’aime ça pourtant, je radote sur les synthés putes et les trucs semi-foireux)
Mauvaise intuition : Ce nouveau disque prend à contre-pied les idées que je pouvais me faire de ce retour. Et se révèle être un vrai diamant. Derrière ce Future Chaos presque trop véhément se cache un album d’une beauté absolue, foncièrement électronique, assez pop. Tous les titres du disque accueillent un chanteur, avec la très belle voix de Paul Conboy (sur 5 morceaux), les Fujiya & Muyagi ou Mark Lanegan (ex Queens Of The Stone Age)
Et les petits chanceux qui se dépêchent peuvent encore chopper l’édition avec deux disques, l’album étant accompagné d’une galette de remixes.




















Le concept cerne facilement, (Il est au final décliné, pour simplifier, sur tout le disque, ne vous attendez pas à tomber sur une cavalcade tribale rock ou un attentat House) et cela dès le premier titre, Smog : Grosse ligne de basse, qui vrombit méchamment, chapeautant les choeurs de P. Conboy. Les Beats sourds se greffent à l’ossature, des nappes coulent en parabole, et le chanteur égrène d’une voix pas si éloignée d’un Thom Yorke (en plus grave) un texte plutôt mélancolique, seyant parfaitement à l’ambiance du tout. Rien de spécial, pas d’explosion, pas de charge rythmique, pas d’esbroufe. On plane, on rêve, ça s’immisce dans vos synapses, c’est mi-sexy mi-malsain, un peu langoureux, un peu cradingue. Et pas mal de morceaux peuplant ce Futur Chaos suivent cette démarche, à l’instar du faussement joyeux Butterfingers, funk salace qui pue “l’après éjaculation” bien dépressive. L’une des têtes de Fugiya & Miyagi s’en donne à coeur joie sur ce chapelet de bleeps tortueux, chuchotant d’une façon désintéressée tout en lorgnant sur une carcasse de mannequin la bave aux lèvres.


Bomb the Bass semble parfois avoir des difficultés à contenir ses vieux démons, et l’on sent une rage contenue tout au long du disque, tant dans les lignes de basses ronflant comme des moteurs, ou certains beats plus appuyés. Assez drôle d’entendre sur Burn The Bunker un Tim Simenon qui refrène ses ardeurs, balançant une base en fusion semblant prête à exploser à tout instant. Ca prend le coeur, ça gronde, les couplets pleins de tensions préparent le terrain, on a l’impression de se retrouver dans une montée perpétuelle, précédant l’explosion libératrice, celle qui vous fait sauter dans tous les coins en levant les bras et en criant que la vie c’est super cool, surtout quand on vient de se prendre un camion sonore en pleine face. Que nenni, les chiens ne seront jamais lâchés, ils se contenteront de tempêter comme des damnés au bout de leurs laisses. Le morceau se dérobe, nous laissant con, toujours dans cet état de tension, bousculé par un morceau qui secoue, qui fourmille, sans jamais nous exploser à la gueule. On sent la frustration, le mec qui a envie de pêter les plombs mais qui se refrène au dernier moment, inconsciente barrière qui l’empêche de baiser comme un sauvage.
Il caresse, il embrasse, il pince, il bouscule même, mais ne pénètre pas. Il transpire et fantasme sur sa copine qui prend sa douche, végétant en se laissant bercer par l’eau qui coule dans la salle de bain.
Old John jouera sur la même frustration / excitation, en plaçant marteler nos oreilles avec un gros pied techno, plus quelques zébrures saturées de rigueur. Depeche Mode qui enregistre son nouveau titre dans une machine à laver. Attention point de lassitude en ces contrées, tant le tout est bien foutu, empli de surprises, de bugs et d’embuscades sonores. Car les morceaux du disque, sous leur apparence parfois méthodiques, ont toutes une propension à craquer, vriller, bugger. Les mélodies s’écrasent, les rythmes se décalent, s’embrasent, s’emballent. Il n’y aura bien que Fuzzbox pour se lâcher et enfin éclater, partant dans une Drum & Bass presque noisy, avec des voix perlant de tout les cotés, saturées et passées au chalumeau.










Mais c’est justement quand Tim Simenon accouple beauté pure et parasites électronique que l’album en sort grandi, avec deux trois pop-song-experimentalo-electroniques de toute beauté. So Special évidemment, l’une des plus belles excavations de ce Future Chaos, avec son début cristallin, devenant mirifique quand mélodie et rythmes choisissent de se tenir la main. Paul Condon (encore lui) chante d’une façon aussi sexy que désespérée sur un rythme rond, entraînant, imparable. Ce morceau pue les larmes et le foutre, c’est la bande son parfaite pour illustrer un club de striptease décrépi, en fin de règne, là où des âmes perdent leur vie à sucer celles des autres. (Marrant d’ailleurs, le clip sorti quelques semaines après a confirmé mes dires) Cette pop sombre agrippe le corps et le coeur, s’immisce dans vos sinus, vous obligeant à dodeliner de la nuque en fermant les yeux et laisser vagabonder vos pensées sur des images plus ou moins inavouables. Un vrai petit chef d’oeuvre.

Un peu plus loin, le sublimissime Hold Me Up, convoque les forces sacrées de choeurs spectraux, enveloppés dans un manteau synthétique à tomber à la renverse. Condon est angélique, ça ondule dans les oreilles avec une grâce et une pureté absolue. Il y a une détresse évanescente qui brise l’échine, un abandon vers les nuages qui crachent leur mélancolie comme jamais. Morceau en suspension, brumeux, presque trop solitaire dans son écrin, qui brille de mile feu avant de s’éteindre petit à petit, se transformant en simple point lumineux dans une nuit trop noire. Le tout ne ferait pas tache dans un The Eraser.


Et comment ne pas parler de Black River, feat Mark Lannegan, ex Screaming Trees & Queens Of The Stone Age? Déjà car la voix, rocailleuse, profonde, tue sa maman en huit. C’est un fait. On entend ce mec, qu’on demande illico à la petite souris d’avoir le même organe à la prochaine dent perdue, pour pouvoir draguer tout le monde juste en parlant, et gagner plein de fric en collant son timbre grave sur des pubs débiles. Mais surtout parce que la chanson en lui-même ne s’embarrasse pas de fioriture inutile : on tient là le titre le plus direct, le plus simple de l’album, mais aussi le plus lumineux. On s’approche presque de la pop-song électro rêvée par pas mal de groupes : tout en apesanteur sans en chier des tonnes, belle sans devenir larmoyante, habitée sans être irritante. Equilibre parfait entre chant à tomber, nappes aériennes et beat cérébral. Enorme.











Ce disque n’a rien de spécial. Il n’invente rien, n’apporte rien de nouveau, ne surprend pas des masses. Si l’on aborde le disque d’une façon rapide ou désintéressé, on ne pourra y voir qu’une enfilade de pop-song Technoïsées. Pourtant, tout y est effectué à la perfection. Tel un venin, chaque morceau vous monopolise durant une journée entière. On y revient sans réellement y penser, si l’on se donne la peine d’être dans les meilleures dispositions possibles. Simple aide pour sauter dans état d’inconscience salvateur ou véritable arme de la tranquillité absolue, ce Future Chaos se révèle être un vrai bonheur.


Bonheur sombre certes, difficile d’accès, torturé aussi… Ce disque oscille constamment entre stupre et larmes, foutre et sanglots, levrette et solitude. Vicieux et vicié. Le mannequin qui se frotte à vous avec une lingerie irrésistible, tout en ayant la moitié du visage brûlée. Il est diablement sexy, tout en étant triste et résigné.
L’atmosphère parfaite pour aborder ce disque, c’est de te mettre dans ta chambre, avec une lumière rouge pourpre pour seul éclairage, et mater lubriquement la voisine en mode porno, tout rideaux ouverts. Tout en pensant constamment à ton ex, morte dans un accident de la route.


Et dans le genre electro-pop, il écrase à coup de talon toutes les tentatives passant sur ses plates-bandes, du nouveau Milosh au dernier Popnoname, alors que ces derniers sont déjà de petites merveilles. De part la qualité de ses compositions évidemment, mais surtout par ce coté sale et âpre, qui ne quitte jamais le disque.


Affolant dans son envie de nous faire trembler les intestins, de nous filer des fourmis dans la nuque, tout en nous embuant le cerveau d’une mélancolie incessante.














Bomb The Bass feat Paul Conboy – So Special











Bomb the Bass feat Fujiya & Miyagi – Butterfingers












9 Titres – !K7
Dat’










  1. ShinobiOfGaming Says:

    J’adore le clip de Butterfingers 😀

  2. Dat' Says:

    Ouai l’idée est assez énorme, tres marrante ^^ Tout est bien synchro en plus…

  3. wony, visiteur Says:

    Je me rapele tu m’avais dis etre bluffé par ce disque.
    Les 2 titres en écoutent sont terrible. Trés doucereux je trouve.

    Et oui, le clip de Butterfingers est trés bon 😀

  4. Nexus5 Says:

    Mmmmm du son tout chaud pour l’hiver ! Malheureusement j’ai deja boucle ma commande sur Amazon pour les fetes (avec du Souchon et et du Bashung, desole) alors il faudra que j’attende un peu.

  5. Dat' Says:

    Ah mais le dernier Bashung est tres bon !

  6. Ktin, visiteur Says:

    c’est officiel je suis archi fan!!!!!!!

  7. Dat' Says:

    ahah, bon ben on sera deux… c’est clairement l’un des disques de 2008 pour moi, meme si le tout est sans pretention… Mais tout est tellement bien foutu, super beau… bref un tres bon disque…

  8. Ktin, visiteur Says:

    ça fait plaisir de voir que des gens qui sont pointus en musique sont capables d’apprécier un disque qui n’a rien de révolutionnaire!! et par curiosité, ce serait quoi tes autres disques 2008?

  9. Ktin, visiteur Says:

    question con, je viens de trouver ta récap 2008 😉

  10. Dat' Says:

    Ma récap 2008? mais elle est pas encore faite ! 😀 (elle arrive ce weekend normalement)

    Tu dois parler de la récap 2007 non?

  11. leneo Says:

    Bomb the bass j’ai connu à l’âge de 6/7 ans grâce à un jeu:
    Xenon 2 The Megablast, avec sample de la musique d’Assault. (trouvable en deux versions sur Into the Dragon)

    Depuis je suis fan 🙂

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