Flight Of The Conchords – I Told You I Was Freaky



And when we were sharing that twin room in the hotel, I put a wig on you while you were sleeping







A l’instar de l’année dernière, on va terminer cette cuvée d’articles 2009 par un disque sortant de l’ordinaire (avant la traditionelle rétro de l’année). Il ne sera pas question cette fois de pigeon géant mis en vente lors d’un téléachat drogué. Je vais même faire un petit écart avec la ligne directrice de ces pages. Car si l’on parle bien d’un disque, il serait ubuesque de se limiter à ce dernier, un peu comme une soundtrack, ou un projet chelou bien design. L’envie de pondre un truc dessus, c’est en voyant, il y a deux semaines, que les deux musiciens de Flight Of The Conchords arrêtaient leur série télévisée. Car Flight Of The Conchords, c’est évidemment un groupe, mais aussi un programme qui passaient sur HBO, aux USA, depuis deux ans. Un sitcom aux apparats banals, épisodes comiques qui pourraient filer vers le broyeur géant des productions américaines avec bandes de potes et rires enregistrés.

Mais voilà, Flight Of The Conchords se construit grâce, et pour, la musique. Le groupe, ayant des centaines de chansons derrière eux, ont l’idée de construire une série intégrant directement ces dernières dans le scenario. Mieux, on va se la jouer mise en abîme, la serie parlant d’un groupe from New Zealand qui tente de percer en bougeant à New York. Ce qu’a fait le duo à la base. On garde les mêmes noms, mêmes références, certaines chansons chantées dans la sérié furent balancées des années avant dans les petits théâtres/radios quand le groupe tentait de percer.

On s’attache donc rapidement à ces deux loosers qui galèrent, benêts écrasés par leur naïveté et les clichés New Zelandais. Qui n’ont pour seule fan qu’une stalker professionnelle névrosée. Qui n’ont pour lieu de concert que bars d’aéroport ou foires au saucisson. Et qui, subitement, se transforment en génies lorsque qu’une “réelle” chanson du groupe est intégrée à l’épisode, clip musical déboulant en pleine discussion (1 ou 2 par épisode).
La première saison étant un succès sur HBO, le groupe repart pour une deuxième saison en poussant le vice plus loin. Continuer de tisser des épisodes autour de morceaux sortis il y a des années, tout en créant de nouveaux morceaux pour les besoins de certaines histoires. Syndrome l’oeuf et la poule : La musique est elle créée pour le show tv, ou ce dernier est-il construit en fonction de la musique ? Pour les disques, même problème. On ne sait pas si les albums doivent être pris comme des galettes à part entières, ou des teasers musicaux-humoristiques renvoyant directement à des scènes ancrées dans notre mémoire visuelle.

Ce qui fait l’originalité incontestable du groupe, c’est surtout ce lien fort entre la musique et la série, parcouru par le même humour absurde, naïf et irrévérencieux. Entre des paroles à tomber par terre (perdant donc 90% de leur intérêt si l’on ne comprends pas l’anglais) et des épisodes frôlant parfois l’absurde le plus total, proche d’un humour qui ne peut même plus se justifier, à l’instar d’un Mr Oizo. On cultive donc l’absurde à sa racine, comme pour l’épisode “New Fans”, qui ferait rire un mort, ou celui du chien épileptique, ahurissant de connerie maîtrisée (“Love Is A Weapon of Choice”).













La deuxième (et donc dernière) saison finie, le nouveau Lp du groupe sort tout naturellement. S’il est incontestable que la deuxième saison balayait, avec succès, bien plus de styles musicaux que la première, donnant encore plus de folie au show, il était difficile de dire si I Told You I Was Freaky pourrait aussi bien se tenir en “stand alone” que le précédent. Car oui, le premier disque (au packaging superbe), s’il est clairement lié à la série, marche avant tout comme un vrai album rock-pop-folk-hiphop. Bien marrant certes, complètement cramé et un peu con-con aussi, mais loin d’être qu’un simple habillage sonore.


Le parti pris de ce nouvel album est diffèrent, ou plus assumé, en apparence. I Told You I Was Freaky va faire la part belle parodies, balayant un nombre incroyable de genres en une douzaine de titres. Impossible de ne pas relier une bonne moitié des morceaux à leurs homologues officiels. C’est là ou le bas blesse quelque peu. Si l’on accroche pas à des titres comme Same Girls de R.Kelly ou My Humps des Black Eyed Peas, la pop/rock 70’s, voir des trucs New-Wave mainstream, difficile d’accrocher aux versions des New Zelandais. (Les morceaux We’re Both In Love With A Sexy Lady, Sugalumps, Devil Woman ou Fashion is Danger donc) Musicalement parlant tout du moins, car niveaux lyrics et tics vocaux, c’est de haute volée, (spécialement sur la relecture de Same Girls/We’re Both ) et l’on risque de passer pour un con en écoutant ça dans le métro, la banane sur le visage.
Même chose pour d’autres morceaux, drôles et sympathiques, mais difficilement écoutables sans avoir vu la série auparavant, sans même savoir qui le du morceau ou de l’épisode a été créé en premier. (Le lubrico-religeux Angels, ou l’accapella Friends, qui marche moins sans la tronche de Murray faisant ses vocalises)

Merde, ça fait déjà la moitié du disque qui fait la moue, plus proche de la blague et de la soundtrack que du vrai disque. Heureusement, le groupe en a encore sous le pied :
Dans tous les morceaux, (et c’est d’ailleurs ce qui distingue les Flight Of The Conchords des autres groupes “marrants”), chaque mot, chaque ligne, chaque déclamation est une punchline en puissance. Les mecs ont un talent dingue pour choisir les phrases qui tapent, poussent au rire et parasites le cortex dans le même mouvement. On n’est pas à la recherche de la simple blague de fin de couplet, ou à l’effet de style stérile parodique. Ici, on traite le matériel de base avec respect (existe t’il, à part eux, un groupe issu du rock s’amuser avec le Hiphop sans se foutre de la gueule de ce mouvement ?). Jouer avec les phrases et les sonorités semblent aussi importantes que de provoquer le sourire. (D’ou le fait que la série soit quasi-impossible à traduire d’une façon pertinente, pour les morceaux tout du moins)








On a déjà deux trois ritournelles folk/pop dignes du premier opus, à l’instar de la déclaration enflammée Rambling Through The Avenues Of Time qui se nécrose petit à petit. Mélodie évidente, lyrics taillés à la serpe, bourrés de blagues ultra imagées, basées sur un ping pong vocal entre les deux chanteurs.
You Don’t Have To Be A Prostitute, référence évidente à Roxanne de Police, se place dans nos oreilles en inversant parfaitement les rôles (Germaine doit se prostituer pour racheter une guitare, le groupe n’ayant plus un rond, et l’Air Guitar ne semblant pas plaire aux New-yorkais). Ils transforment les métaphores de l’originale en fresques faussement depressivo-crues, avec une bonne louche d’humour en plus (les choeurs, les interventions de l’intéressé, les rimes complètement tirées par les cheveux, le final au steel pan…)
Quand l’absurde est poussé à l’extrême, on à le droit à un mortel I told you i was freaky, changeant de structure à chaque couplets, passant du Hiphop electro salace au rock indie, avec quelques doses funk et même un break pop planant complètement niais, le tout saupoudré de lyrics nonsensiques, (foutus en images dans la série, c’est dire)
Même topo pour les imparables et marrant To Many Dicks On The Dancefloor, à l’electro dancefloor débile et jouissive, ou Hurt Feelings avec les deux zozos se posant comme des rappeurs aux sentiments bafoués. Refrain évident, idées à la con indispensables (clavecin, chorus larmoyant, paroles “autobiographiques”…) et clip branlé comme jamais.

Le problème, c’est que mon jugement est biaisé, étant complètement lié à la série elle même, ne pouvant se détacher du disque. Toutes les phrases se mettent en images. Difficile, voir presque impossible, s’intéresser à ce disque si l’on n’a pas parcouru un minimum la série avant. Sauf pour un morceau. Et vu que je ne suis pas objectif pour un sou depuis le départ de ce papelard, autant y aller franchement, et finir de perdre toute crédibilité. Il y a un morceau énorme dans ce disque, un truc unique, qui se démarque de la série, du disque lui même, et de la majorité de ce qu’à fait le groupe : Carol Brown. A dire vrai, si j’ai commencé cet article, c’est simplement pour vous parler de ce morceau, et de la série. Mais vu qu’un disque se glisse entre les deux, on essaie d’etre exhaustif…

En fait, pour moi, Carol Brown est le titre pop de l’année (voir plus, Pitchfork l’a oublié dans son top de la décade), un petit diamant venu d’ailleurs. Drôle, beau, niais, touchant, acerbe, désabusé. Des lyrics parfaits, passant en revu toutes les fois ou le chanteur s’est fait largué “Loretta broke my heart in a letter, told me she was leaving and her life would be better / Joan broke it off over the phone, after the tone, she left me alone / Jen said she’d never ever see me again, when I saw her again, she said it again/ … / Fran, ran, Bruce turned out to be a man / Mona, you told me you were in a coma”
Mais c’est au niveau de la musique que le groupe défonce. Déjà parce que l’ingrédient principal du morceau, c’est l’Omnichord, aka l’instrument des dieux (que j’aimerai acheter depuis un bail). Une sorte d’harpe électronique ultra cheap fabriqué par la société Suzuki, mais qui donne de superbes sons cristallins (les sortes de blibliblibli du refrain, plus les rythmes tous pourris, façon bontempi du reste). Ces espèces de vagues mélancolico-cheap habillant le refrain me filent la frousse. Mais le pire, c’est que ce dernier est chanté par Sia, et que la voix de la dame est toujours aussi grisante. Pour finir niveau coups de talons, les refrains dans des choeurs (sensés être les toutes “ex-girfriends” chantant en même temps) superbement placées. Et tout en étant beau, le tout fait évidemment toujours marré, en particulier avec cet énième ping-pong vocal entre Germaine et Sia : “He doesnt cook or clean, he’s not good boyfriend material – Ooh, we can eat cereal / His relationships never last – Shut up girlfriends from the past / This guy is a fool, He’ll always be a boy, he’s a man that never grew up – I thought I told you to shut up”
Pourtant le morceau reste tout simple, presque anodin, replié sur lui même, loin des déconnades musicales et visuelles parcourant la série (L’épisode contenant le morceau Carol Brown a d’ailleurs été réalisé par Michel Gondry). Par son coté super cheap surement. Mais en tendant l’oreille, on aura l’occasion de se faire arracher le coeur avec grâce.










Mis à part ce morceau (et encore, je l’ai apprécié à travers ma télé en premier lieu), il est clair que ce nouvel album risquera de n’intéresser que les amateurs de la série. A première vue vague badinage musical, le disque n’est à mettre dans ces oreilles qu’après avoir parcouru le show tv. Car contrairement au précédent, qui insérer quelques grosses blagues dans un album cohérent, ce I told You I Was Freaky repose quasiment sur la plaisanterie, en prenant soin de parsemer le tout de quelques rares merveilles. Alors pourquoi parler du disque ? Pour donner envie de regarder la série, et revenir sur la galette après. Car Flight Of The Conchords est assez unique dans son genre, dans le fond comme dans la forme. Tournures retorses et humour complètement absurde, avec certaines scenes quasi absconses sur quelques épisodes, le sitcom prend la tangente fasse au milliers de séries comiques américaines.
Mais outre le fait que le tout pousse au rire, la serie est une ode évidente à la musique, aux millions de groupes galérant dans les garages et les pubs miteux, en passant plus de m à accorder sa guitare qu’à balancer de la musique. L’humour et le caractère naïf des deux têtes principales suffisant à rendre le tout drôle et jamais moralisateur. Une ode à la débrouillardise, et surtout au Self Home Made.

Car là où la serie se démarque réellement, c’est dans son mode de fonctionnement, étonnant pour un sitcom à succès aux USA : Les deux Flight Of ont le contrôle quasi totale de leur oeuvre filmique/musicale, qui n’existe à la base que par leurs propres morceaux créés depuis des années. On a donc une serie qui existe pour la musique, et une musique qui existe grâce à la serie. Tout le contraire d’un objet télévisuel qui a besoin d’un simple habillement sonore, ou de compos créées sur commande. Contrôle évident sur les compositions, le duo faisant tout lui même dans leur coin, ce qui est presque pas croyable quand on les entend s’attaquer au Hiphop ou à l’electro avec autant de talent et d’humour que pour leurs habituelles comptines folk/pop.
D’autant plus qu’ils se permettent même de ne pas inclure certains de leurs meilleurs morceaux au sein des LP (“Think about the epileptic dogs”, “Pencil in the wind”, “Bret you have to going on”, “Frodon don’t wear the ring”…). Contrôle enfin de l’écriture des blagues, des scènes, mais surtout du déroulement du show en lui même. Et décideront donc d’eux même de stopper la série, malgré une attente assez énorme concernant une troisième saison.
Peut être que ces Neo-zelandais veulent justement que leur musique recommence à exister par elle même, et non plus dans ce méli-melo image/musique impossible (surtout pour la deuxième saison) à démêler ni séparer. Les mecs auront réussi, à coup de blagues absurdes et d’idées musicales assez folles, à faire infiltrer la musique indépendante dans toute sa splendeur au sein d’une bulle mainstream et populaire (certaines vidéos sur youtube dépassent allègrement les dix millions de visionnages), sans heurt ni baissage de froc.

Le tout est tellement singulier, que Flight Of The Choncords est de toute façon condamner à ne réellement marcher que dans trois pays : USA, Australie et Nouvelle Zelande. La faute à un humour trop illogique, mais aussi trop référencé, des épisodes étant parfois exclusivement centrés sur les différences culturelles entre les US, et la N.Zelande (et donc le frère ennemi Australie). Tout en se heurtant évidemment au problème des paroles de morceaux intraduisibles. (En même temps, c’est logique, on ne va pas s’amuser à traduire tous les disques venant de l’etranger)



Bon, ça c’était la conclusion Télérama, parce que au final, on s’en fout un peu. Pour faire simple, la serie Flight Of The Conchords est à crever de rire (et pourtant je suis pas client de ce genre de trucs, mais la serie défonce la plupart des trucs comiques émanant des USA) et surtout l’amour de la musique transpire à chaque seconde de cette oeuvre filmique. Si fort que la serie pourrait être portée comme étendard d’une culture indie qui ne cesse d’exploser. Surement la meilleure série télévisuelle ayant pour sujet principal la musique, depuis… aucune idée en fait. Tellement rare qu’une grosse machine laisse une place aussi importante à ce thème, que le tout ne peut être qu’indispensable. Le groupe même réussi le tour de force, dans la plupart des consciences, (il suffit de parler à un américain) de se placer sur le podium de ce que l’on connaît de mieux de la Nouvelle Zelande, avec les moutons, le seigneur des anneaux et… euh… les moutons. Le duo semble juste avoir envie de se marrer et de faire de la musique en même temps. Ils ont trouvé le meilleur moyen pour le faire.

Bref, ne pas acheter ce I Told You I Was Freaky en premier, mais bien se tourner vers les dvd imports (Et le disque éponyme précédent, lui, vaut vraiment le coup même sans avoir le sitcom devant les yeux). Regarder la serie, se marrer comme jamais, puis revenir sur les disques, qui passeront de la galette extravagante crétine inutile au statut d’album indispensable. Et tomber amoureux de Carol Brown.













Flight Of The Conchords – Carol Brown












Flight Of The Conchords – Hurt Feelings












Flight Of The Conchords – If You’re Into It













Flight Of The Conchords – Inner City Pressure













14 Titres – Sub Pop
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