Bogdan Raczynski – Alright !



Cum on my Selector





Bogdan Raczynski est un drôle de bonhomme, au parcours complètement improbable : Né en Pologne, et passant son enfance au Etats-Unis, Bodgan Raczynski va se retrouver SDF à Tokyo, après avoir abandonné son école d’art, ayant passé trop de temps à écumer les clubs de Jazz de la capitale Nippone. Arpentant les rues avec son ordinateur, il squatte chez des connaissances et autres rencontres d’un soir, composant des morceaux électro barrés, qu’il met à disposition sur Internet. Aphex Twin va le repérer et sortir ses premiers disques en 1999 (entièrement en Japonais, dont l’incontournable “Samourai Math Beats” ) sur son label Rephlex, avant de devenir un de ses meilleurs potes.

Bodgan Raczynski est loin de garder son sérieux vis-à-vis de sa musique, pourtant extrêmement difficile d’accès, et ne se cache pas derrière des pseudos et designs abscons comme ses compères de l’époque. Il pousse le vice de poser à poil sur une couette rose pour la pochette du disque “My Love I Love”, ou en robe à fleur sur “Thinking Of You”, apposant sur pochette des “If you don’t pay for this then don’t complain when I start making psychedelic trance”, sortir des déflagrations subsoniques dans un Ep foireusement intitulé « Ibiza Anthems Vol 4 », débarque sans prévenir sur des compiles Warp et compose un morceau pour Björk, tout en refusant que ce dernier intègre Medulla, se vantant d’avoir dans ses poches un morceau que tout le monde voudra écouter, sans pouvoir le faire (Il y a eu des fuites depuis).


Sa dernière sortie, “Renegade Platinum Mega Dance Attack Party: Don The Plates”, était juste humainement pas supportable, tant les fracas sonores pour un disque de Jungle détruisaient les limites légalement autorisées. “Mega Dance Attack Party” c’était juste la Drum&Bass poussée à son maximum, pouvant presque tuer le genre à lui tout seul, tant la rapidité des rythmiques, ébouriffantes, était poussée à son paroxysme. Prenez un disque de Squarepusher, superposez toutes les pistes et multipliez la vitesse par mille, vous serez encore loin du compte. (A noter le « superbe » clip où le voit le Bodgan manger chinois, avec un montage visuel tentant de suivre le marasme rythmique) Je plaints encore ceux qui ont acheté l’album par erreur, attirés par le titre bien putassier.

4 ans d’attente balayés par une annonce sur le site de Rephlex il y a peu, annonçant que le nouveau disque de Bogdan Raczynski, Alright ! , allait réinterpréter le revival Rave à sa façon.












Comme le Polonais-americano-japonais n’aime pas faire comme tout le monde, il y a une interrogation concernant la réelle appellation des titres du disque. Tous nommés et référencés sous le même intitulé, “Alright !”, ils laissent toutefois apparaître une autre appellation une fois le disque enfourné dans votre Discman ou votre Pc. Rephlex et Bogdan se seraient amusés à dénommer les 8 titres de ce disque par les 8 distributeurs internationaux des productions Rephlex. (La Baleine pour la France, Rough Trade pour l’Allemagne, Lowlands pour la Belgique, Forced Exposure pour les Usa…). On indiquera donc ici les noms plus les numéros de piste, histoire d’être le plus clair possible. Clair, Bogdan Raczynski l’est par contre dans ses intentions, annonçant la couleur derrière le disque avec un petit texte hautement explicite sur le contenu de l’album :
Alright ! take you on a critical mission to save the galaxy from absolute boredom and stupefying seriousness.
Enter ?Alright !?, a joyful & spicy blend of old-school rave, new school Eurodance power, original hardcore dance vibes and only the best in acid energy to inject a touch of joy and magic in your life. Tou can buy the album, you can nick it off a friend, but without it, you are a lost soul…


Un mélange de Rave, de Hardcore, d’Eurodance et d’Acid sur un lit bien lo-fi de Jungle épileptique, rien que ça. Pour le coup, Bodgan Raczynski ne versera pas dans la publicité mensongère.






SKD SRD / 01 va d’ailleurs raviver les souvenirs de pas mal d’amateurs de Jungle, nous renvoyant directement aux bon délires de Goldie, ou des premiers Squarepusher. BPM poussés au max, dérivé d’amen break comme base rythmique, et mélodie crado-naive pour supplanter le tout. On pense même précisément au Big Loada de Tom “Squarepusher” Jenkinson quand le morceau s’emballe, pour virer dans une violence difficilement gérable. Un bon gros trip Jungle comme l’on en croise de moins en moins, qui ne révolutionnera rien, mais qui reste diablement jouissif.
D’ailleurs, “Révolution” ne sera clairement pas le mot d’ordre d’Alright !, qui veut surtout nous plonger dans l’insouciance d’une électro décomplexée, et délestée de toute recherche infructueuses et abstraites, tout en gardant une violence et une déstructurations peu commune. On sera donc encore plus emballé par Intertia / 02, sorte de hardcore dadaïste construit sur des nappes de synthés claires, maigrelettes et naïves, une Eurodance du pauvre. Un peu comme si les Pet Shop Boys se faisaient pilonner par un Manu Le Malin en train d’étouffer. La mélodie de plus en plus guillerette, mais toujours maltraitée par les machines du Bogdan, va nous donner l’impression de regarder un épisode des Télétubbies sous influence de crack, avant de mourir lentement dans un échos persistant.








Mais c’est vraiment La Baleine / 04 qui va nous mettre à genoux, prouvant sans détour que l’on peut accoucher d’une électro euphorique sans faire l’impasse sur la beauté du tout. Car ce morceau est juste incroyable. Partant sur une marche militaire, fait de handclaps archi-communs, un synthé fragile va perler petit à petit, n’attendant même pas une minute avant de s’envoler dans les airs, accompagné d’une Jungle ultra rapide mais feutrée, délicate, tenant la main à ce petit moment de grâce. Sublime. Boum, virage à 180°, on tombe dans un gros Breakcore bourrinant avec des beats ultra sourds et un vomissement de rythmique que seul certains élus peuvent si bien maîtriser. Le traitement clairement hardcore de cette seconde partie n’empêchera pas le retour d’un clavier lunaire, à vous arracher la colonne vertébrale, qui tente de survivre dans cette guerre des tranchées, avant qu’une mélodie toute naïve refasse son entrée, pour participer à une fin de piste absolument mortelle, à vous dresser les cheveux sur la tête, tant le mélange entre beauté et chaos est juste parfait… Sublime et furieusement dansante, La Baleine arrive même à dépasser le “Castilian” de Ceephax, qui était pour moi LA piste de l’année façon « Je brûle tes jambes tellement tu veux danser, je vole ton coeur tellement tu trouves ça beau et je fais fondre ton cerveau tellement tu comprends rien parce que c’est trop rapide ». Un vrai petit chef d’oeuvre, le diamant de ce Alright !

Et quand on nous décape une nouvelle fois les oreilles avec Neutron / 05, mélangeant sonorités Acid et Bontempi low-budget sur une grosse Drum pas piquée des hannetons, c’est pour mieux nous replonger dans un trip revival avec Rough Trade : Débutant par une musique de jeux vidéos que l’on croirait extirpée d’une scène un peu niaise d’un Final Fantasy 7, les beats, plus écrasés, mais toujours épris de folle vitesse, débarquent s’en crier gare, pour commencer une longue cavalcade. La mélopée, toute jolie, toute mignonne, ne cesse de s’enfuir devant le troupeau rythmique qui tente de rouler dessus. On assiste à une course poursuite entre candeur et frénésie, avec une petite fille qui se mue bien rapidement en papillon, ouvrant ses ailes pour tutoyer les cieux et nous ravir les esgourdes dans le même mouvement. Cela me brûlerait presque les doigts de taper les mots « sensibilité » ou « joli » pour un disque aux contours semblant si incontrôlables et sauvages, mais pour le coup, c’est bien les termes qui correspondraient parfaitement à ce morceau.









Plénitude totale avec Lowlands / 07, proposant une balade de 6 minutes très Lo-fi encore une fois, bien planante, avec un clavecin crado égrenant calmement une litanie douce et plaisante, sautillant au grès d’une cadence retenue, pleine de tact, loin de la grosse artillerie déballée plus haut. Mais c’est avec Goodfellas / 08 que Bodgan Raczynski reprend les armes et conclu le disque avec un titre ébouriffant, de toute beauté, doté d’une aura monstrueuse. Les nappes de synthés cristallines que l’on croirait déterrées d’un With Or Without You de U2 contrebalancent une réverbération bien sale qui tourne dans vos oreilles en spirale, avant que le rythme se mettent en branle et donne la cadence à ce mélange pétrifiant. On accélère, on accélère, avant de choir dans un écrin plus Trance, grondant, âpre, au métronome réglé sur une marche militaire. Boum, sirènes dehors, Goodfellas nous balance une mélodie tubesque, une sorte d’Eurodance super cheap, un truc de stade, à vous faire lever les bras au ciel en hurlant votre envie de partir en vrille. Même si l’intensité des beats ne trompe personne, on est juste en train de rester bouche bée, comme des cons, devant cet hymne tout crasseux qui déroule sa grâce devant nous. Le plus drôle, c’est que la mélodie, bien putassiere, semble naître d’un clavier tellement pourri qu’elle en perd toute sa vulgarité, pour se complaire dans le sublime. Comme si Eiffel 65 et Floorfilla sodomisaient une Game Boy, le tout remixé violemment par un Aphex Twin en pleine dépression. Bodgan Radczynski invente ici l’hymne rave autodétruit, le tube rongé par la gangrène, le blockbuster créé avec trois bouts de fils. Un morceau juste incroyable, donnant autant envie de danser que de se morfondre, oscillant parfaitement entre tristesse absolue et enchantement jubilatoire. On ne pouvait pas rêver d’un plus beau point final pour son disque.









Le retour de ce grand Monsieur, qui a décidé de lever un peu le pied sur ses productions (ce qui veut dire qu’elles restent bien plus secouées que 90% des morceaux existants), est une vraie bénédiction. On n’avait pas entendu un disque d’électro aussi décomplexé et jouissif depuis des lustres, tentant, en l’annonçant frontalement, de taper dans la Rave Old-school et la Jungle pour les remettre au goût du jour. Evitant tout écueil de mauvais goût, (loin d’etre gagné d’avance), Alright ! distille une électro comme l’on en fait malheureusement trop peu ses temps-ci, balançant une gna gna gna… Oh et puis fait chier, au diable les phrases explicatives, ce disque est une vraie tuerie, accouché par un grand malade, laissant le trop serieux au vestiaire, avec de vrais petits miracles pour les amateurs de synthés cristallins et de mélodies à la con sur une Jungle / Drum & Bass à défriser l’anus de votre caniche. Pour ceux qui sont en manque d’un « vrai » disque de Squarepusher depuis que celui-ci a décidé de rester caché derrière sa guitare, ou pour ceux qui cherchent encore le cadavre d’Aphex Twin dans son bunker des Cornouailles. On pourra citer aussi tous ceux qui sont restés sur leur faim en écoutant l’indispensable Ep de The MFA, qui avaient pris le même créneau, avec autant réussite.

Une excellente galette, vraiment, avec des titres de fous furieux, comme La Baleine ou goodfellas. Donc merci Mr Raczynski. Par contre, cela m’arrangerait bien que vous n’attendiez pas 5 ans pour ressortir un disque.






Bogdan Raczynski








8 titres – Rephlex
Dat’







  1. vlad1595 Says:

    LA FOLIE DANS UN DISQUE!

    Recouvrir ses murs de mousse et enfiler une camisole avant d’écouter.

  2. wony, visiteur Says:

    C’est attirant :p

  3. Dat' Says:

    Ouaip c’est attirant, par contre faut bien apprecier les vieux delires de mecs comme Squarepusher ou Aphex pour accrocher…

  4. Skorn Says:

    Excellente chrochro, une vrai plaisir à lire. Manque plus que le CD in my pocket :nerd:

  5. LordMarth Says:

    Encore un grand malade pour notre plus grand bonheur, ça fait un bail que j’ai plus écouté du bogdan, je vais m’y repencher :nerdvicious:

  6. LordMarth Says:

    PS : énorme le cum on my selector !!! Tout est dit ^^

  7. shilom Says:

    Le dernier Bogdan que j’ai écouté, c’était “Boku mo Wakaran”. Ton article m’a rappelé quelques bons souvenirs, merci 😉 faudrait que je tente la nouvelle plaque maintenant.

  8. Dat' Says:

    Ah oui je te conseille de tenter, tu devrais pas etre déçu, surtout si tu es un connaisseur du monsieur !

    Il est plus guilleret, mais vraiment excellent !

  9. micrabe, visiteur Says:

    trop bien la critique…
    enfin un truc qu’on comprends et qui se la pête pas avec des mots du genre “résolument”, “prêtre electro” ou autre trucs tous machés…
    merci. Pas encore écouté mais plus pour longtemps (on l’attendais celui là) 🙂

  10. Dat' Says:

    “Cet album a été resolument élaboré par un ancien pretre electro, redirigeant toute la subjectivité de son art dans une salvatrice regression musicale.”

    Hey bonne idée !

    Non bon sinon il est clair tu peux te jeter dessus, c’est vraiment un bon disque, qui, enfin, remet un peu au gouts du jour les anciens délires Warpiens et Rephlex. (oui je radote, mais c’est important !)

    Ce alright! permet enfin de nous faire arreter de pleurer de mélancolie sur nos “Big Loada” de Squarepusher, “Mick&rich” d’aphex et µ-ziq ou autres petites tueries du genre.

  11. Leaz, visiteur Says:

    Joussif, jubilatoir, transcendant, une vraie petite merveille de notre amis Bodgan !

    A quand la musique de Bodgan comme hymne national planétaire ?

  12. elektroika, visiteur Says:

    Je suis en train d’écouter cet album, et c’est une super bonne surprise à la premiere écoute ! Il y a vraiment des excellents morceaux , hyper entrainant , rien à voir avec les delires bruitistes qu’il a longtemps fait.

  13. Dat' Says:

    Clair le disque peut rééllement s’ecouter en toute circonstances ou presque. Rien de mieux qu’un petit Goodfellas / 08 pour se foutre de bonne humeur…

  14. jerome, visiteur Says:

    yes top album. Il tourne en bouche chez moi depuis pas mal de temps. Par contre c est vrai que j ai tendance a l ecouter a partir de Baleine.. et de la jusqu a Goodfellas c est l extase. rien a dire. Le morceau final file la chair de poule.

    sinon j adore tes critiques Datura333 mais par contre je suis completement paume sur ce site!! Y a t il un moyen pour etre au courant des nouvelles critiques que tu postes, ou de s abonner a une newsletter pour le rayon electro?

    merci en tout cas et ne t arretes pas!!

  15. Dat' Says:

    Hey tu es le premier à me dire ça ! alors :

    – prends l’url http://www.gamekult.com/blog/datura333

    – tu tombras directement sur la page d’accueil du blog, ou les dernieres critiques apparaissent en rang d’oignon.

    – Sinon tu as “accueil du blog” au dessus du titre de chaque article pour revenir à la page de garde.

    – Derniere chose, sur la droite, en dessous des liens, tu as le mois avec les articles dedans…

    – Enfin, il y a le flux RSS pour te tenir au courant des nouvelles chroniques (tout en haut !) si tu sais utiliser RSS and co (perso je ne sais pas..)

    Sinon, bien content de voir que je ne suis pas le seul à avoir la “chair de poule” sur Goodfellas ! Ce morceau est vraiment énorme. Une sorte de perfection dans l’electro-debile-rave-8bit-pourrie-sublime.

    Merci ! hesite pas à repasser sur ces pages !

  16. jerome, visiteur Says:

    Merci, desole je suis pas top sur internet!! mais tes rubriques sont tellement completes que je veux pas en louper une goutter!

  17. funky 5, visiteur Says:

    J avais écouté le disque sur le site de bogdan c’était bien mais le son pas terrible.Bon tant pis je le commande quand meme.Maintenant je l’ai chez moi le met dans la stereo ça commence putain c est assez méchant,je vais sous la douche c’est festif,sors de la douche c est génial.
    merci datura
    BRAVO BOGDAN

  18. funky 5, visiteur Says:

    en fait c est pas vraiment méchant disons c est le beat qui est rapide sa surprend a la première écoute.Je cherchais un mot pour ça musique guilleret /coup de pied au cul/antidepresseur.J ai eu l impression de décoller

  19. Dat' Says:

    Hey mais prendre sa douche sur le dernier titre du disque, c’est super dangereux, tu risque d’inonder toute ta baraque en te jettant partout avec le pommeau de douche XD

    (sinon ouai, je l’avais aussi un peu ecouté sur le site de Bogdan son cd, avant sa sortie, ben j’etais pas ultra emballé non plus, le son etait assez mauvais…)

  20. MOIJE, visiteur Says:

    Cum on! Ah, Excellent!

    Loupé cet album l’année dernière… et quel contournement négasioniste! Honte à NATO! Bogdan Raczynski comme à son habitude ne fait pas vraiment dans la finesse. Des rythmiques martelantes, entetantes parfois proches du HardCore. Des mélodies quasi toutes aussi débilisantes les unes que les autres, drolatiques, entrainantes, chantantes, de gros foutages de gueule en faisant partir en couilles les belles moral-mélodies licorneuses disneypédohétérophilophobe. Et pourtant on touche quelques fois la Grace… Cette musique délirante ne peut que donner envie de sauter partout comme dans le jeu Maradonna brosse la moumoule à Maman qui travaille sur le porche clérical. Elle donne envie de gueuler dans la rue, vetu de notre pelage naturel à coussin moelleux, afin d’éviter un mitraillage offensif, ce qui n’est malheureusement plus la mode, sauf en Irak. Des lignes de basses vous transpercent l’anus une deuxième fois. Une anus transcendantal pour être concret. Puis la vitesse luttant pour la survie du pétrole troisième volet, folle, démesurée ferait courir un myopathe atrophié, Mère Theresa sodomisant Satan-négrobyte. Bref, une bonne poilade défoulante en compagnie de ce pollack murissant au bonheur de tous dans la dégénéresence Nazie, comme du whisky consommé en mode euphorie biennale de Corrida Heyselienne. Je conseille d’ailleurs fortement un a-psychiatre à cet handicapé japanisé – discrimination pléonasmiste n’oblige que moi. Le final est doux. SUCK YOUR COQS! – c’est ma lillypupte qui va être noyée… Bogdan l’enfant fou.

    http://infokiosques.net/antipsychiatrie

    Cum on your babyface!

  21. Leekid, visiteur Says:

    Bonjour 🙂 Je me permets de compléter ta très belle chronique par une chronique concernant un seul morceau (Lowlands-Track 7) de cet album…

    Lowlands (extrait de l'album Alright de Bogdan Raczynski)

    Ou comment mettre tout son talent au service d'un morceau. Et un seul. Attention, je ne suis pas en train de dire que Bogdan a eu un trait de génie au côté duquel devrait cohabiter, le reste du temps, la médiocrité la plus ordinaire. Non, Bogdan fait partie de ces grands de la musique électronique. Prolifique, expérimenté, séducteur. Et pourtant. Ce Lowlands n'a pas d'équivalent et ne supporte aucune comparaison. Ni dans toute la discographie du compositeur polonais, ni chez personne d'autre d'ailleurs. Mais j'entends pourtant déjà les objections s'élever. D'aucuns, parmi lesquels sans doute d'irréductible nostalgiques d'atavismes post-yéyé ou autres conservateurs de musées acoustiques, auront beau affirmer que je délire complètement. On en trouvera sans nul doute aussi dans le camp des électro-mélomanes – c'est à dire à priori les plus à même de savoir de quoi je cause – pour tenir discours identique. Mais je maintiens. Ce morceau est une perle inestimable posée dans un écrin de sensibilité.
    Après, toutes les querelles de clochers, soutenues des meilleurs arguments du monde, n'enlèveront rien au caractère hautement subjectif que présente toute création musicale à son auditeur. Vous pourrez donc parfaitement échapper au charme de Lowlands, de la même manière que j'y ai succombé.
    Mais parlons-en un petit peu. Un voyage techno-mélo-pop, dans lequel le plus beau synthé récupéré du grenier d'Edgar Froese pourrait sembler bien désuet, s'il n'était intégré dans un dispositif résolument futuriste, et si le gimmick leitmotiv et hypnotique qui ouvre le bal ne nous élevait d'emblée dans une ambiance stratosphérique. Puis, rapidement, un pied sourd vient soutenir une mélodie imparablement naïve qui, son petit chemin faisant, nous entraîne dans ce que le lyrisme électronique sait faire de plus pur, un peu à la manière de gouttes d'un élixir divin, de plus en plus fines, allant à la rencontre d'un verre de cristal. Et à chaque fois on tombe dans le piège. Coincés là-haut entre deux gros nuages bien moutonneux, du style cumulus qu'on a envie de croquer, avec pour compagnons un piano céleste et un coeur cadencé à 180 battements par minute. C'est aussi que, l'air de rien, la construction subtile et efficace du morceau fait bigrement bien son boulot en arrière plan. Il y a là dedans un certain génie dans l'arrangement. Pas de virtuosité prétentieuse, pas d'alambic inutile, mais au final des briques en Chamallow roses qui s'emboîtent avec justesse (comment auraient-elles pu s'emboîter autrement et mieux ?), formant ainsi un escalier moelleux et sautillant en colimas-son qui vous fait gentiment tourner la tête, avec, en guise de dernière marche, un accès direct vers les cieux…Ça y est, on y est.
    Il ne vous aura pas échappé, je pense, l'omniprésence du champ lexical de l'altitude. C'est bien légitime. Car c'est de là-haut qu'il faut regarder et écouter ces plaines, ces Lowlands. Mais rassurez-vous. L'ivresse aura dès le début pris le pas sur le vertige. Lowlands vous tient par la main et ne vous lâche pas, du décollage à l'atterrissage. Et une fois qu'on a atterri, on se sent comme un gosse sortant d'un tour de manège : heureux et l'envie de recommencer chevillée au corps. Vous imaginez bien qu'en ce qui me concerne, je ne me gêne pas. Et ce comportement de gamin capricieux qui veut s'empiffrer jusqu'à exploser est l'empreinte typique que seuls les grands objets musicaux savent laisser.

    Leekid.

  22. Dat' Says:

    Yop Leekid, merci pour ce commentaire ! ça enrichit drôlement l'article, si des indécis hésitent encore à foncer sur ce disque…

    Coïncidence marrante, je me disais hier, écoutant ce disque dans le train, que je ne pouvais plus me passer du trio de fin d'album…

  23. K, visiteur Says:

    il vieillit carrement pas cet album…
    toujours aussi sublime
    a quand une suite??

  24. Dat' Says:

    Je ne peux qu'acquiescer…!!

    Pas sur que cela soit pour 2010, vu que Rephlex a deja devoilé pas mal de son programme pour l'année…

  25. KzrDt Says:

    Mon dieu… Je viens de retomber sur cet album via une recherche youtube obscure et aléatoire. Et viens par la même me souvenir que j’avais découvert ce truc ici…
    J’en profite pour te remercier, une fois n’est pas coutume, en plein milieu ultra-jouissif d’Alright, de ce qui représente certainement mes meilleures découvertes musicales de ces dernières années. Merci à toi!
    Cette petite montée donne vraiment envie de mourir en convulsant d’une crise d’extasy, ou de courir nu dans les champs en chassant les papillons, un geste désespéré et beau à en crever quoi. Mon dieu ce morceau!

  26. Dat' Says:

    KzrDt ==> Ah merci, ton commentaire fait plaisir… !
    C’est vrai que ce disque reste dans mon top all-time perso, certaines montées sont incroyables. Rien que “La Baleine” ou le fou “GoodFellas”… il faudrait qu’il nous ressorte un truc dans le genre celui là…

    Dat’

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