Easy Star All Stars – Radiodread



Well Charged






Radiohead. Ok Computer.
Il faudrait être fou pour s’attaquer à ce monolithe culte. Ce disque adoubé, vénéré, idolâtré dans le monde entier. Petit chef d’oeuvre de complexité rock, pétrifiant. Le disque qui est ressorti à chaque conversation sur les 10 disques qui ont marqué le Rock. C’est aussi l’un des disques qui a le plus inspiré les zicos d’aujourd’hui, ceux qui aiment beugler dans un micro une guitare à la main, pas toujours branchée. Une référence absolue.
Il est aussi décliné en milliers de remixes, d’albums plus ou moins officiels, de théories plus ou moins fumeuses. On ne compte plus les titres de Radiohead remixés dans une Techno merdique, en folk neurasthénique, en rock hystérique, en piano-voix dépressif. A se défenestrer.

Les remixes, en général, j’accroche moyen. Autant l’exercice de Bootleg est quelque chose qui me fascine, qui me passionne, mais les remixes, chose pourtant inhérente à la musique électronique ou hip-hop, me gonflent la plus part du temps. L’exercice est évidemment casse gueule, et le fait de reprendre sans grand risque une piste donnée n’est que guère excitant, concurrençant très rarement les matériaux originels.
Easy Star All Star on fait de cet exercice leur spécialité. Grosse formation de Reggæ Dub, les mecs ont explosé avec une cover complète du fameux « Dark Side Of The Moon » des Pink Floyd. Gros succès, carton underground, vu le culot de l’entreprise. Personnellement, je ne peux pas en dire plus, impossible de le trouver.



Mais quand on tombe nez à nez avec un RADIODREAD, a.k.a Ok computer repris par un groupe de Reggæ, on se fend la poire. On croit même à la blague de mauvais goût, ou à tous ces disques semi-officiels que l’on trouve dans tous les magasins de disques, ces « Tribute Disc » bien souvent frelatés, aux artworks ignobles (il faudra m’expliquer ça un jour) et ne dégageant qu’une ou deux bonnes réinterprétations au milieu de tentatives pas très folichonnes. Surtout que l’exercice de la reprise reggae n’est pas rare, donnant des version fégniante et sans passion de titre de stade, histoire d’enchanter les consommateurs d’herbe en manque de sensation (kikoo je reprend les White Stripes avec un beat et une gratte rachitique)
La curiosité est un vilain défaut, on se laisse tenter, en pensant déjà amèrement regretter les deniers dument gaspillés dans l’objet, en se consolant avec la possibilité de faire passer le truc dans une soirée ratée, histoire de faire marrer deux trois potes éméchés. Sauf qu’après la première écoute, on se demande si l’on ne va pas louer le stade de France pour passer le disque en boucle.















Cover super classe ; livret expliquant d’une façon exhaustive le fait d’avoir opté pour Ok Computer, disque beaucoup plus dur à calquer en Reggae que celui des Pink Floyd, vu les mélodies et structures escarpées, et parfois complexes, de l’album anglais.

Quand je parle de « calque », c’est que Radiodread met un point d’honneur à respecter au millimètre près l’oeuvre de Thom Yorke et ses copains : Même Tracklisting, même durée sensible de morceaux, même lyrics (si l’on excepte Fitter Happier), Timing au sein d’un morceau respecté le mieux possible… Pourtant, aucun sample de Ok computer ne sera utilisé. Tout est joué par le groupe, et chanté par des guests plus ou moins prestigieux (Horace Andy, Israel Vibration, The Maytals… et tout plein d’autres que je ne connais point. On excusera ma culture reggae presque au point mort, si l’on excepte quelques brasses en surface.)








Et l’on comprend sans détour le concept de Radiodread des son ouverture, avec Airbag, invitant Horace Andy a.k.a le 4eme homme de Massive Attack à poser de sa voix reconnaissable entre mille sur cette refonte. Si l’on reconnaît immédiatement la saturation caractéristique de l’ouverture du titre, et donc d’Ok Computer, le Riddim Dub super clair et joyeux qui surplombe le tout déclanche presque l’hilarité. Difficile de ne pas halluciner après 10 ans d’écoutes intensives d’un disque, et à fortiori de son entame. Tout est plongé dans une myriade d’échos, on hoche la tête par réflexe… super entraînant et ensoleillé. Pourtant la teinte principale est grave, sombre. Presque plaintive. Ce qui est inhérent à Thom Yorke siffleront les mauvaises langues. Et c’est justement là que le choc sera grand, et divisera les foules.
Beaucoup crieront au scandale en entendant Horace Andy faire des vibratos à la place de l’anglais. Certains se diront que c’est enfin la bonne occasion d’écouter Radiohead sans se faire agresser. Et au final, en prenant un peu de recul, on se dit que l’exercice est ici presque parfaitement contrôlé. De bout en bout.


Mais pour le coup, la chanson qui m’inspirait le plus de curiosité était bien Paranoid Android, petit chef d’oeuvre morcelé, aux structures en constantes mutations, aux montées dantesque. Impossible d’imaginer la chose en version roots. Histoire d’enfoncer le clou, c’est une demoiselle, Kirsty Rock, qui va squatter le micro. Le premier tiers de la chanson n’étonne pas, avec la gratte acoustique toute douce, le chant apaisant, le rythme lancinant. Easy Star pousse même le vice de coller les petites énumérations que l’on entend d’une façon presque subliminale dans le titre original. Puis tout s’envole. La guitare électrique est remplacée par les cuivres, la transe s’avance. La chanteuse est loin de l’hystérie du Thom et se pose donc en médiatrice, domptant un morceau autrefois completement habité. On attend l’explosion, on choppera une joyeuse fanfare sonnant superbement au clair de lune, reprenant les mêmes lignes mélodiques. Plongée dans la partie neurasthénique du titre, tout se calme, les choeurs arrivent, le beat Dub se fait plus insistant, c’est décharné et superbe, à briser l’échine avant la montée libératrice finale façon Jazz band drogué. Hallucinant de maîtrise. Si comme le titre précédant, on n’est guère étonné par le fond, tant le mimétisme est flagrant, la forme sidère.









Et c’est à partir de Subterranean Homesick Alien que Radiodread va aller plus loin. Car s’il en garde et la structure, les morceaux vont se parer d’une atmosphérique parfois radicalement différente avec les compos d’Ok Computer, troquant le dépressif contre l’insouciance. Cette reprise est absolument sublime. Le chant de Junior Jazz, inconnu au bataillon, est parfaitement placé. Le tout est plus sec, plus étiré que l’original, plongeant le rythme dans des échos collants aux tympans sur plusieurs secondes, vous transportant dans une autre dimension. Le bomtempi bizarre dans lequel on souffle remplace la guitare dans une danse rassurante. Le refrain, qui est pour moi l’un des plus beaux de Ok Computer, celui qui m’arrache la gueule à chaque écoute, est ici placé d’une façon divine. Les percus explosent, tout se soulève, à crever.
Il est évident que le titre, comme tous les autres d’ailleurs, n’atteignent pas la force émotionnelle de ceux de Radiohead. Mais les titiller de la sorte, et parfois s’en approcher aussi dangereusement, est juste un putain de tour de force.

Comment se dire sérieusement « hey les gars, si on faisait un remix Roots de Exit Music (For a Film) !? » ? Franchement ? Parce que là, on le sent carrément le soleil, avec un Dub bien clair encore, sûrement l’une des compos les plus Reggæ dans le sens cliché du terme, avec le riddim, la basse et les reverbs. Si le ton est quelque peu grave (impossible de faire sans au vu de la matière première) Let Down va carrément transposer Radiohead dans un univers super fun, à vous zébrer la figure d’un sourire immédiat. On croirait sincèrement écouter là un classique Reggæ, au refrain imparable, qui aurait toujours existé en temps que tel. Certes la ligne mélodique est grillée à cent mètres, mais l’atmosphère du tout est si joyeuse, portée d’une façon magistrale par Toots, que ce Let Down réussi le miracle de pouvoir être pris comme un titre à part entière, et pas « une cover d’un titre de Radiohead ». Pourtant, rien d’affolant au final, mais le tout semble tellement naturel, que l’on jurerait que le titre s’est toujours paré de cette atmosphère épanouie, trouvant ses racines dans un local enfumé au fin fond de la Jamaïque.









Il ne faut pas se leurrer, LE titre que tout le monde va écouter, vérifier, scruter sur ce disque. Celui qui déterminerait presque la qualité de l’ensemble, c’est bien Karma Police, ineffable tube des années 1990, l’une des rares chansons à pourvoir fédérer autant de personnes, morceau imparable et emblématique du groupe.
C’est bien simple, la réussite est totale. Ecrasante même. Tout est retranscrit avec excellence, avec une mention spéciale pour les petits « tududu » perlant à partir du milieu de la chanson. Encore une fois (on ne le répétera jamais assez) la cover n’est évidemment pas comparable à l’originale en terme puissance, et beaucoup crieront au scandale. Mais quel pied d’écouter un titre repris d’une façon aussi jouissive ! Ca change des vidéos Youtube avec le mec qui chante d’une voix éraillée en tentant de reproduire les accords de guitare. Easy Star All Star pousse même le vice de remplacer la saturation finale par une trompette qui va petit à petit se noyer, se nécroser sur elle-même, pour échouer sur un Fitter Happier en demi teinte, un peu hors jeu, singeant le coté glaçant et énigmatique de l’original sans vraiment réussir son coup. Beaucoup diront que ce n’est pas réellement important pour un semi-interlude, mais Fitter Happier a toujours été pour moi une étape marquante et importe de Ok Computer, l’effet est donc un peu foiré pour le coup…

Tout le contraire d’Electioneering, superbement interprétée, et passé dans une moulinette ultra plaisante et positive, avant de partir sur un Dub instrumental plus électronique pendant 2 minutes. La question était posée sur le comment adapter le presque industriel Climbing Up The Walls, morceau pachydermique et extrêmement sombre, l’une de mes pièces favorite de Ok Computer. Tout se déroule pourtant sans accroc, avec un jeu de percussions assez incroyable, se multipliant sans crier gare aux grès des reverbs, et Easy Star All Stars préfèrent axer le morceau sur des couplets entraînants, polissant un refrain que beaucoup trouvent agressifs dans sa version original. Reste que l’explosion finale est bien là, et par dans un magma Jazzy-saturé du plus bel effet. Encore une fois impressionné par la capacité d’adaptation du collectif, réussissant à arpenter un chemin qui semblait presque impossible sur ce morceau, et où de nombreux groupes de rock échoueraient lamentablement.









Et là c’est le drame, on arrive à No Surprises, seul titre de Ok Computer qui m’a toujours fait profondément chier. Une guimauve sympathique qui fatigue au bout de deux minutes. Re-miracle, sans transcender le tout, Easy Star rend la chose moins fatigante, plus agréable. La petite litanie connue d’entre tous persiste, la chanson perd en candide ce qu’elle gagne en intérêt, et le tout se tient mieux. (Je viens de signer mon arrêt de mort avec ces 5 lignes)

Dernière grande réussite, si l’on excepte un The Tourist bien foutu, agréable mais anodin, (et deux titres bonus instrumentaux reprenant Airbag et Exit Music) : Lucky tue littéralement. Le Rythme est juste énorme, bouffé par des échos monstrueux, le Beat Dub par excellence et un Franky Paul parfait dans son rôle, tantôt grave, tantôt cristallin et émouvant au possible. Le refrain file la chair de poule immédiatement. Le chant, l’instrue, tout est plongé dans un torrent d’échos, sublimes, à vous faire perdre toute notion de temps et d’espace. Le solo est ébouriffant, indescriptible, d’un autre temps. Le titre se permet même de durer deux minutes de plus que son modèle, histoire de prolonger l’orgasme sonore jusqu’à satiété. Enorme réussite.










La conclusion est sans appel. Il est évident que ce disque tire sa force de Ok Computer, et que sans la qualité originale de ce dernier, ce Radiodread ne serait pas un bon disque.

Mais là où le pitch du disque semble être au départ une mauvaise blague, le talent de la formation pour reprendre et réinterpréter les débats juste enorme. S’attaquer à KarmaPolice est une chose, s’en prendre à Climbing Up The Walls ou Exit Music (For A film) en est une autre, et bien plus périlleuse. Outre une performance artistique et musicale le disque traduit par ce mélange completement improbable un amour de la musique sans schisme et distinction de genre, ce qui n’est pas si courant. Réconcilier les fans du groupe Anglais avec ceux qui aiment le Reggæ sans faire de la bouillie fout sur le cul.

Certes, on pourra toujours arguer que ce disque n’est qu’un disque de Cover comme un autre, s’appuyant jusqu’à overdose sur une matière première sans véritablement de génie de création.
Certains hurleront au scandale pour avoir osé toucher le sacro-saint Ok Computer pour le plonger dans un genre musical diamétralement opposé aux intérêts de pas mal de fans. Mais le respect perle d’une façon tellement évident à chaque petite note de Radiodread que cette critique est balayée d’un revers de main, à croire presque que le tout a été fait d’une façon religieuse, en constante collaboration avec Radiohead (qui a salué ce disque à sa sortie, impressionné par le travail effectué)
On notera enfin que le disque n’a pas la charge émotionnelle, la force de Ok Computer. Mais ceci est si évident que cela ne tient clairement pas debout une seconde. Sans compter que ce Radiodread est une manière parfaite pour redécouvrir un disque usé jusqu’à la moelle par nos platines.


Car dans l’univers du Remix ou de la Cover, ce disque est excellent, affichant une maîtrise proprement ahurissante. Et surtout, (c’est bien le principal) vraiment agreable à écouter. Indispensable pour les amateurs de bizarreries et autres aventures musicales inclassables.









Easy star All Stars / Radiodread – Karma Police










Easy star All Stars / Radiodread – Let Down









Easy star All Stars / Radiodread – Climbing Up The Wall










14 Titres – Easy Star Records
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