Gang Gang Dance – God’s Money



Voodoo People







On allume le feu, on sort les poupées vaudous, les aiguilles, les percussions et surtout les plus violents psychotropes.

Décrire la mixture? Impossible, à part dire qu’elle va vous faire partir bien haut. Une sorte de Rock déglingué et expérimental, agrémenté d’éléctro, de racines tribales et saupoudrée de pop et de dub, le tout habité par une grande prêtresse névrosée… Vous n’avez rien compris? Tout s’éclaire et se confond à l’écoute.












Une pochette qui a vraiment de la gueule, annonçant bien la couleur, et un livret qui a la bonne idée de proposer les paroles.


Si j’avais un conseil à donner sur ce disque, c’est de foncer sur la troisième piste, Egowar.
On tient là morceau majeur de la musique barrée, défoncée, perchée, originale, expérimentale… 9 Minutes complètements hallucinantes. Un travail des sons qui impressionne. Une ossature Rock, des effets Dub, des sonorités Pop, et un son tribal qui habille le tout. Mais ce qui étonne le plus, c’est cette voix, qui survient sans prévenir. Hallucinée jusqu’à l’os, presque incompréhensible dans ses propos, elle semble chanter comme le ferait un prêtre shaman dans une danse rituelle.
Un break survient, le tout fond dans un marasme d’échos, flirtant avec l’explosion sonore. Puis la calme transe reprend ses droits. On voyage comme on n’a rarement pu le faire avec un simple disque. Le titre se conclu dans le même schéma que le break dubesque du milieu, en poussant les échos à leur paroxysme, sur presque 2 minutes. On entend les guitares geindre, des instruments se noyer, et la voix qui tente de surnager au milieu de ce tsunami sonore. Il en serait presque dangereux d’écouter ce titre sous l’effets de drogue ou d’alcool quelconque.
Pas compliqué, simple d’accès même, il en reste pas moins complètement différent de la quasi-totalité de ce que l’on a pu écouter jusqu’à lors…
Surtout que le tout est mené de main de maître.
Comme si My Bloody valentine était parti en stage défonce au fin fond d’une foret peuplée d’Incas…




A dire vrai, et pour notre plus grand plaisir, Egowar n’est pas la seule claque du disque… On revient en arrière pour les titres le précédent. Car après la mystique intro God’s Money I (Percussion), on débouche sur un autre énorme titre, A. Glory In Itself B. Egyptian.
L’ensemble est clairement plus foisonnant que le monument précité…
On tombe sur un titre construit de multiples nappes électros toujours en mouvement, avec une chanteuse hystérico/controlée.
C’est le grand huit de la danse vaudou. Les sonorités tribales pleuvent, tout se mélange. Pas la peine de se raccrocher à une discernable ossature comme sur Egowar ici tout part en couille. On se fait envelopper par les musiciens, completement maître de la cérémonie. On se sent attaché et suspendu à un poteau, avec les quatre membres du groupe qui tournent autour de nous, scandant des formules magiques, le feu nous grignotant les doigts de pieds. Sensation sublimée à la moitié de la piste, le titre prenant une surprenante tournure presque groovie, malsaine, tordue. La mise à mort est proche, la grande prêtresse se bride de moins en moins, sa voix tutoyant les aigues et graves avec une facilité déconcertante. C’est de toute façon impossible à coucher sur écrit, malgré tout le vocabulaire que l’on s’évertue à vomir.




Manque de pot pour celui qui tente d’écrire sur ce CD, le groupe fait encore mieux trois pistes plus loin. Parce qu’atteindre le niveau proposé avec Before My Voice Fails, c’est du rarement vu. Même recette que ses grands frères, avec cet enchevêtrement de nappes et tissage electro, cette ossature rock, flirtant avec le violons “synthétique”, ses allures de pop, cette batterie bien appuyée et mélange bien perchée de sonorités venues d’ailleurs. On note l’apparition de samples d’instruments à cordes, renforçant le coté “foisonnant” du titre.
Mais là ou ce dernier prends tout son intérêt, oû il tutoie les sphères du génial c’est juste à sa 4eme minute. Tout explose, pour monter plus haut que le paradis. Même les anges ne peuvent pas suivre. La chanteuse, si instable, si déséquilibrée, mue sa voix démente en vrai chant pastorale. On navigue dans la chorale d’un asile psychiatrique. C’est beau comme la mort. Le mur de violon, cette voix divine, ce martèlement rythmique. La première écoute fut un vrai choc en pleine gueule.
S’envoler dans un gouffre sans fond. Ou chuter inlassablement vers le soleil, au choix.




On ne touchera plus les dieux de la même façon, sur le reste des pistes, mais l’on continuera l’aliénation shamanique de la plus belles des manières, ne serait-ce qu’avec Nomad For Love (Cannibal), plus calme, presque linéaire par rapport aux mets distillés à longueurs des sillons de “God’s Money”. Les basses sont plus rondes, le tout est plus épuré. Un dub minimal et froid. La chanteuse par toujours autant en couille, mais sans excès, flirtant avec le Spoken Word sur la fin, répétant les mêmes mots sur fond de reverbs et tripatouillages en tout genre.




Le groupe laisse aussi la douce folle taire ses incantations pour quelques plages instrumentales, liant les pistes principales entre elles, comme des longs ponts tantôt planants, tantôt angoissants, toujours surprenants et singuliers.
On notera donc le presque étonnant God’s Money V, ou une rythmique tribale parsemée d’éclats métalliques pencherait presque vers un Hip-hop desséché, ou le cristallin planant Untitled (Piano), tout droit sorti d’une cave de glace, finissant sur un trip saccadé noir et oppressant.
Même début d’ambiance « moins zero degré » avec God’s Money VII qui évoluera lui sur une électronique bizarroïde, peuplée de petits bouts acoustiques difficilement identifiables. Un trip qui aurait pu avoir sa place sans rougir dans le mirifique “Druqks” d’Aphex Twin…

Pour finir, et toujours dans la veine des “instrumentaux”, le disque se conclue avec le petit chef d’oeuvre God’s Money IX. Excellentissime, indescriptible encore, oû une batterie et une guitare se noient dans des synthés fantomatiques, semblables à des plaintes d’âmes errantes.







A vrai dire, et contrairement à pas mal d’autres “aliens musicaux” chroniqués dans ces pages (Guinea Pig, Merzbow, Orgasmic…) ce disque couvre un spectre extrêmement large. Il pourra plaire aux amateurs de Rock, de pop, d’electro, de musique bien “ethnique” et de toute autre expérimentation sonore sortant terriblement des sentiers battus.
Cela ne ressemble à rien d’existant. Et après avoir écouté un disque pareil, on n’a franchement plus le même regard sur les productions “normales”, un peu comme Mr Bungle pour le rock, ou un Aphex Twin pour l’electronique…
Une écoute d’extraits de trente seconde n’a encore ici aucune signification…

Ce fut clairement pour moi l’un des 5 meilleures disques de 2005.

Il est aussi l’un des disques qui représente pour moi le plus la défonce sonore, les expériences sous psychotropes et les sons carrément perchés, tout droit sortis d’une autre dimension. Les structures et architectures musicales n’ont rien de commun, et la voix de la chanteuse, completement hallucinée, dégénérée, aliénée, contribue à ce son abreuvé de trips artificiels, d’une recherche musicale rare.

On est autre part, dans le délire et la tête de quatre musiciens qui viennent, ou en tout cas pensent et vivent dans un autre monde.






Indispensable et essentiel, sincerement…








9 titres – the Social Registry
Dat’






  1. kain2097 Says:

    10 000 bravo! Amplement mérité vu la qualité de ce blog, avec des articles détaillés. 😉
    Ce disque à l’air sympa, je vais le télécharger pour me faire un avis, l’achat viendra après.

  2. Aeneman Says:

    Kain m’a coupé le compliment…=) donc yep effectivement bravo pour ton blog de qualité, bonne continuation!

    Côté cd faudra que j’écoute ça avant ^^…mais merci de continuer à nous faire découvrir tout ça 😎

  3. Dat' Says:

    Yep merci… :jap:

    Pour le CD, aeneman, je pense que cela pourrait te plaire, bien different de ce que l’on peut entendre en général. Un peu comme avec ta decouverte de Mr Bungle.

    Kain, tiens moi au courant…

  4. kermalex Says:

    Bravo pour les coms et les pages, tout ça! 😉
    Et merci d’élargir notre culture musicale, avec toi on sort vraiment des sentiers battus!

    Revers de la médaille, à cause de ton satané blog, je passe de plus en plus de temps à la fnac découvrir les groupes dont tu parles, au détriment de mes études…salaud! XD

  5. Dat' Says:

    de toute façon le droit c’est le mal mec… XD je te rends service en fait.

  6. kermalex Says:

    Bah, c’est pas si mal, une fois juge je déclarerai ton blog d’utilité publique, pour lutter efficacement contre la nouvelle star et compagnie…

  7. Dat' Says:

    :afro:
    tu me donnera l’ordre à mettre sur le cheque…

  8. Skorn Says:

    RAS…

    En fait si ! Egowar est une tuerie en poupée voodoo ! :love:

    Ca décoiffe, et très tentant, comme d’hab… làlàlà

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