Magnetic – Silent Storms



Metropolis







Je clamais il y a peu mon amour immodéré pour l’abstract Hip-hop, qui se fait de plus en plus rare. Mais un autre genre a empoigné mon petit coeur pendant bien des années : L’electro-dub à la française. Tombé dans la marmite grâce aux prémices de petites groupes devenu grands, à l’aube où Jarring Effects sortait son premier LP estampillée High Tone. Dévoilant des paysages affolants, draguant mes esgourdes à base de samples world matraqués par des saturations énormes noyées dans les reverbs, le Dub français m’a accompagné pendant tout ce début de siècle. A sauter sur toutes les sorties touchant de près ou de loin au genre comme un mort de faim. Comme tout mouvement qui prend de l’ampleur, les disques fusent, les projets naissent, vague énorme, French-touch avec des dreads, pour finalement s’étioler peu à peu. Les meilleurs se nourrissent d’influences diverses, les autres disparaissent. Depuis deux ans, c’est presque le calme plat, le mouvement étant largement mis au second plan, face à un Dubstep de plus en plus présent (En parlant de ça, nouveau disque de Distance annonçé pour mi-novembre, bonne nouvelle). Chaque sortie un tant soit peu ambitieuse est donc un presque événement en soi, et le dernier disque de Kaly Live Dub nous avait déjà ravi les tympans cette année.

Magnetic, je ne connaissais pas vraiment. Je suivais le groupe depuis quelques temps sur leur myspace and co, sans savoir qu’ils avaient déjà sorti un disque il y a quelques années. Naïvement, je pensais que ce Silent Storms allait être leur première livraison, interloqué par une charte graphique mystérieuse et assez sublime, mélangeant mégalopole asiatique et teintes cyberpunk.


















Contrairement à pas mal de formations du genre, Magnetic donne de la voix, avec un Andrej 747 déclamant en anglais ses griefs sur tous les morceaux, d’une voix oscillant entre le super posé et le survolté (les textes sont tous inclus dans le livret). Sûrement la première chose qui saute aux oreilles pour celui qui s’attend à une galette Dub plan-plan.

L’artwork ne ment pas sur la marchandise. Ce disque de Magnetic est sombre, électronique, poisseux, bande son parfaite pour errer dans les méandres d’une ville cradingue, étouffante et étouffée. L’énorme Silent Storms qui ouvre le bal, ne me fera pas mentir.
Le premier contact avec l’album est impressionnant, déroutant, asphyxiant presque, avec cette nappe gigantesque peuplée de sons industriels bizarres. Comme si un vent tempétueux faisait trembler une usine entière. Une voix, perdue dans ce maelstrom, égrène des pensées, alors qu’un semblant de sitar laisse couler une belle mélodie.
Imaginez un atterrissage dans la mégalopole de Blade Runner, avec ses rues métalliques, ses âmes perdues et ses échoppes asiatiques à perte de vue. L’atmosphére s’adoucie, comme si un rayon de soleil perlait de nuages trop noir.
On lève la tête, on apprécie, on prend un bol d’air, avant de reprendre la cavale dans ce dédale désincarné. Grosse Drum & Bass qui se mêle aux cordes, le Mc arrive au premier plan, balance ses phrases d’un flow super clair, ça prend aux tripes, avec cette montée orientale défoncée par un lit de rythmes métalliques et de zébrures noisy, ça fuse dans tous les coins, le pied est total. Le morceau est ultra massif, chaque seconde de son est imagée, puissante, violente ou planante, le tout sur 6 minutes. Il se greffe reellement comme la peinture musicale d’un homme déambulant dans une ville pourrie jusqu’à la moelle, avant de se faire poursuivre par une entité gouvernementale belliqueuse, courant à corps perdu dans des rues cradingues, à bousculer passants et semi-cadavres sur pattes.

No Protection démarrera d’une façon plus conventionnelle, laissant directement la parole à Andrej, sautillant sur une mélodie bien Dub. Les refrains se transforment en vraies baffes, grosse vague electro-indus, crissant dans tous les coins, qui doit filer une vraie correction en live. Le break coupant le morceau laisse la rythmique se saccader, vriller sur elle-même, avant de repartir dans une charge bien massive, pour une dernière montée extatique, mêlant guitare électriques, beats carnassiers et saturations salvatrices. Bonheur.
Le titre ne se déparait pas de cet effet “chape de plomb” entendu sur le précédant, cette résonance transformée en noire immensité qui va couvrir toute la première moitié du disque, imprimant une ambiance profonde et opaque au disque.









Mais la vraie claque de ce disque survient avec Amnesia, tuerie absolue de ce Silent Storms. Apres une intro très Ez3kiel, un rythme ahurissant vient se fracasser sur la clochette mélodie, comme si dix mecs tapaient sur une colonne de glace avec des marteaux. On est déjà complètement con de ce prendre une telle attaque dans la gueule, que le Mc égrène à la vitesse grand V des tonnes de mots, sans prendre le temps de nous laisser respirer. “Trainstations, airports, carpark, terminal, elevators, polices and thieves, bank accounts, shells, clouds, real estate, social welfare, unemployment, television, loneliness, fax, mail, mobile, files, folders, prozac, antivirus… and dancefloors”
Et c’est justement au moment où la piste de danse est évoquée que le morceau s’envole dans une fusée de nappes cristallines, avec le chant qui fonce dans les étoiles en lâchant des Everybody’s trippin… pour mieux repartir dans des couplets épileptiques. Deuxième refrain, deuxième incartade dans la galaxie après nous avoir éclaté la tête dans les caniveaux, reverbs, pause, le morceau part dans un gros trip Drum & bass à arracher la colonne vertébrale. Ce morceau est juste monstrueux.

Même sur les deux titres plus calmes ( Lost In High Tides et le presque tubesque Glorious Days avec son refrain à chanter sous la douche si on a pas dormi depuis 48 heures, pour simuler des reverbs avec son cerveau) encadrant le susnommé, l’enveloppe sonore sourde fait son travail, et se pose sur vos oreilles, s’immisçant dans votre cortex d’une façon presque instantanée, parasitant vos envies de légèreté en vous plaquant dans un dôme façon ville futuriste souterraine.










Et c’est d’ailleurs à la moitié du disque que la donne change un peu. Apres un long et sublime titre de 8 minutes, Blind qui part sur une base très électro bien progressive, pour finir sur une excavation jazzy, et un Love Blood & Dust extrêmement serein, dub tribal drogué laissant la place aux ambiances asiatiques et aux percussions (le travail sur les rythmes est admirable), Silent Storms va se révéler plus clair dans ses ambiances. Mais aussi parfois beaucoup plus déstructuré dans la construction des tracks. Le lourd manteau s’échappe peu à peu, pour laisser place aux attaques cramées et aux beats drillés. Comme si, après avoir essayé de survivre dans les rues sales remplies de camés, de putes et de fraîches overdoses d’une cité écrasée par un état totalitaire, on ne se décidait qu’à se perdre dans des Clubs underground où la fête sert de dernier rempart à la désillusion extérieure. Plus lumineux mais plus fracassé. Goodbye Country (Hello Breakbeat).

How Many en est sûrement le meilleur représentant, avec cette rythmique un peu folle, entre bleeps non contrôlés et beats qui se nécrosent en saccades. Le refrain serait presque ensoleillé s’il ne croulait pas sous les attaques d’une fondation presque organique, giclant de tous les cotés. Vlan, passage en slow motion, une énorme ligne de basse embarque tout, on à l’impression de se retrouver dans une track techno meurtrière, avant que le tout retrouve son coté détruit et jouissif du départ, tentant de résister aux assauts monstrueux du monstre précité. Et ce n’est pas l’entracte cristalline qui permettra de respirer, vous que le tout va repartir dans un dernier bouffé par les saturations, histoire de reprendre son pied un maximum.

Two enemies se chargera de finir le travail d’une façon plus sombre, mais tout aussi enlevée, avec cette rythmique appuyée, marbrée de parasites indus, la rythmique Dub tentant vainement de se frayer un chemin au milieu de cette offensive explosée. Plus le titre avance, plus il devient imparable, s’alignant presque comme un délire techno dégueulant des synthés implacable, nous obligeant à danser en sautant contre les murs.
Quand à After Me il démolirait presque les limites de la perceptions pour nous enfoncer dans un Funk-dub completement disloqué, bourré de reverb jusqu’à la moelle, mettant en valeur des percus toujours aussi bien foutues. Le seul moment normal sera incarné par une guitare crachant un gimmick entêtant, avant de laisser les volutes sous acides vous violer le cerveau. La fin sublime, laissant perler un semblant d’accordéon spectral, me laisse sur le carreau à chaque écoute.

My Head’s Like a Radio se chargerait bien d’être le titre le plus évident du disque, avec ce beat Hip-hop cinglant, s’il ne se finissait pas dans une montée Noise effrayante, détruisant le coté direct du morceau, pour le foutre dans un bac de lave en fusion. Ca crisse, tout se déchire, les machines hurlent, et pilonne un refrain évident. A croire que le groupe s’est rendu compte de l’agression salvatrice car il terminera le disque avec un Day Dreamin’ presque en rupture totale avec le reste du disque : super aérien, super clair, presque pop. Andrej ne scande plus ses textes, il les chante, les susurre, les étire. Les percussions du début, bien présentes, s’étiolent petit à petit à force que les “Am I trippin’ ? Do I move right, Am I dreamin’ ?” se répetent. Les paroles se dédoublent, s’envolent, des nappes à tomber débarquent, nous envoyant au dessus des nuages, c’est tout beau, presque fragile. Les portes métalliques s’ouvrent sur un champ de blé aux couleurs éclatantes. Superbe conclusion.











Je ne m’attendais sincèrement pas à quelque chose aussi abouti, aussi plaisant et aussi flingué en achetant ce Silent Storms. Arrivé presque en catimini, le groupe me file une belle mandale. Pour le coup, oubliez le nouveau disque d’asian Dub Fondation, ce Magnetic le tue sur place, et étrille le reste de la concurrence cette année. Certains titres sont, au risque de me répéter, monstrueux (Amnesia évidemment, mais aussi Silent Storms ou How Many), tout se tient parfaitement, et la voix, omniprésente, est parfaitement greffée à la musique du groupe. Pire, elle est même le guide d’une ville oppressante mise en musique, seule âme encore lucide dans ce paradis de crasse et de matière.


Car la principale qualité de ce Silent Storms, c’est bien cette patte, cette personnalité implacable qui court tout le long du disque, cette ambiance sublimée par la pochette qui vous plonge dans une mégalopole pervertie, une sorte de Neo-Tokyo, Neo-chicago ou neo-ce-que-vous-voulez. Cette chape de plomb assure le travail à la perfection, vous tenant la tête dans les égouts, à renifler la merde, malgré tous les regards jetés vers le ciel. Le coté déstructuré et foisonnant de certains titres vous renverra à l’aspect grouillant des rues, blindées de lumières et de corps anonymes, fuyant la réalité pour quelques fugaces paradis artificiels.
Ce Silent Storms de Magnetic c’est parfois ce concert de Dancehall donné dans la cave d’un club coupe-gorge où des prostituées robotisées sucent un client qui ne pense qu’à s’ouvrir les veines. C’est aussi l’électro dub sortant des interstices d’un mini appartement où le monde se marre encore un peu en écoutant de vieux vinyles et en se frôlant les uns les autres, malgré une montagne de textures grises et d’amer béton dès que l’on se penche à la fenêtre.



Grosses textures électro, sonorités dub extatiques, attaques rythmiques jouissives, titres imparables et completement flingués. Magnetic ressusciterait presque l’étendard du Dub Français. Celui que j’aime profondément, celui qui m’envoie dans la stratosphère tout en me filant des coups dans le bide. Celui qui laisse encore la place aux racines de cette musique, tout en les lacérant avec des rythmiques cinglantes. De bout en bout, l’album se tient, nous flingue, nous transporte dans l’univers que l’on veut bien se créer, alignant de superbes fresques musicales sombres et escarpées.


Magnifique disque, gros coup de coeur.









12 Titres – Ozore Age
Dat’








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