Melt Banana – Bambi’s Dilemma




(H)Arajuku Teenage Riot







Il y a des groupes que l’on croise le temps d’une semaine, pour les oublier pendant de longues années. On nous prête le disque, puis on oublie de suivre la formation malgré le fait qu’elle ait fait forte impression lors des premières écoutes. Puis, quelques années après, une bonne âme vous remet sur le droit chemin, vous rafraîchit la mémoire. Alors on cherche, avide, un disque du groupe pour combler ce manque au combien frustrant. Mauvaise nouvelle, le disque écouté il y a quelques années est extrêmement difficile à trouver en magasin. Bonne nouvelle, le groupe vient d’en sortir un nouveau le mois dernier, et est disponible dans tous les magasins un tant soit peu sérieux..


Mais quel est donc ce groupe ? Melt Banana. Ou 4 Japonais (+ 1 Américain sur l’album Cell-Scape) complètement cintrés, officiant dans un Rock quasi indescriptible.

Encore un groupe de Rock nippon de derrière les fagots qui expérimente plus qu’il ne nous amuse ?

Non. Car Melt Banana a un sacré background derrière lui. Officiant dans le Rock pour psychopathes depuis plus de 15 ans, ils distillent un savant mélange de Grind-Core, de Shoegaze, de Punk, de Noise et de Pop (si si) sans fatiguer une seconde. La description fait peur ? Certes, mais le son est toujours joyeux, sautillant, une vraie cavalcade, jamais lourde, jamais noire, jamais fatigante. Le groupe se paie même le luxe (chose rare) de vendre autant, voir plus, dans le monde que dans son pays d’origine. Car Melt Banana a quand même eu le privilège de faire des morceaux avec Mr Bungle, le-plus-grand-groupe-de-rock-du-monde², et d’accompagner ces derniers dans leurs tournées. Sans compter les concerts avec Fantomas, Tool ou Merzbow. Ils jouissent d’une popularité conséquente aux USA, portée par le charisme de deux membres, la chanteuse hystérique Yasuko et le guitariste magicien Agata, toujours caché derrière son masque chirurgical et accompagné de sa dizaine de pédales à effets. Formation complétée par la bassiste Rika, plus petite que son instrument, et plusieurs batteurs au cours de l’histoire du groupe, qui ont toute fois la caractéristique commune de pouvoir marteler leurs fûts encore plus vite qu’une machine épileptique.

Le CV est conséquent. Reste à voir ce que donne ce Bambi’s Dilemma, nouvelle galette du groupe 4 ans après Cell-Scape.















On peut être sur d’une chose, la pochette est carrément moins repoussante que celle de Cell-Scape. Un plan de travail taché de peinture et strié de barbelés englobe un livret contenant la totalité des textes (Louable, vu comme il est difficile de suivre les déclamations de la chanteuse en chef). Rien de spécial en somme. L’étonnement, lui, même en étant prévenu, jailli des la première seconde du disque :







Début très Rock-Californien, Spider Snipe verse au bout de 10 secondes dans un espèce de brûlot Hardcore-Pop ou la chanteuse, pour les néophytes, donne l’impression d’être l’héroïne complètement shootée aux Amphets d’un anime pour Otaku. On tutoie les sommets dans sa conclusion avec la rythmique qui s’emballe comme une vraie tornade.

Mais le premier gros titre du disque est sans conteste le suivant, Blank Page Of Blind. Gueulard au possible tout en restant diablement entraînant, le tout transpire le Punk de ravagé avec ce chant hystérique et une structure totalement folle. Mais c’est surtout ce qui va mettre en exergue le talent du guitariste, Agata, qui va littéralement torturer, faire crier sa guitare pour créer un mur du son comparable à un typhon, le tout soutenu par un batteur qui a du confondre ses fûts avec le visage de sa belle mère, tant il met du coeur à les martyriser. La conclusion façon Rock 60’s à la vitesse de la lumière est juste une vraie correction. Et tout ça en moins de 3 minutes…

Pas le temps de se reposer avec Craked Plaster Cast qui débute pourtant d’une façon juste imparable avec son air que l’on pourrait siffler sous la douche. Mais à peine se laisse t’on bercer par le chant guilleret de Yasuko que la piste éclate, comme si le groupe devait vous paralyser la gueule coûte que coûte. On passe sur de la chansonnette au Grind sans crier gare. Et cela plusieurs fois dans la chanson, en alternant le tonnerre hardcore et le calme popisant toutes les 20 secondes. C’est complètement débilitant, mais absolument énorme à écouter. Comme si vous viviez dix fois de suite le démarrage du Space Moutain en une poignée de minutes. Cette piste, c’est passer de la Pop tranquille à une structure à 300 BPM histoire de bien vous faire comprendre que ce que vous écoutez n’est pas normal, pas concevable. Juste énorme, pas besoin de gel le matin pour se relever les cheveux, une écoute à fond de ce titre fera le travail tout seul. On se demande franchement comment le batteur peut suivre en live sans que ses bras s’arrachent d’eux même au bout d’un quart d’heure.

On parierai presque sur du Rock normal si le final de Heiwaboke Crisis explosait pas de toute part, et l’on est obliger de s’offrir la joie d’un petit Head bangers sur le plus noir et torturé Cat Rain Land, croisement dégénéré entre un The Offspring et Atari Teenage Riot .










Atari Teenage Riot , le mot est lâché. Melt Banana dégage la même puissance, les beats Techno en moins, le batteur en plus, avec la même fougue, et en se payant le luxe d’augmenter le tempo par rapport aux acharnés de Berlin, (si si c’est possible) faisant passer le son d’ATR pour une Dodoche tentant de suivre une Ferrari. Une écoute même succincte du disque permet de s’en convaincre. Surtout si vous tombez sur le bruitiste et délirant Plasma Gate Quest


Mais Melt Banana ne fait pas que dans le rock TGV, et se pourvoit même de très bons instrumentaux, comme le planant Type Ecco System, où nappes se mêlent à des chants fantomatiques, le tout zébrés d’explosions électriques à vous glacer la gueule. Et sait même (presque) calmer le jeu sur Call The Vague qui officie dans le Hard joyeux mais bien énervé, avant son break complètement débile façon berceuse pour enfant.

L’étonnement sera toujours de prime avec Crow’s Paint Brush (Color Repair) très pop 70’s, toute candide et sautillante, perlée de digressions sonores psychés, avant le typhon final évident à décorner un taureau.









Plus que l’ambiance guillerette du tout, ce titre est le pivot de l’album. Car si j’ai parlé de Noise comme parti prenante du « son Melt-Banana », elle en était presque totalement absente sur ces deux tiers d’album… et ce Crow’s Paint Brush commençait elle à distiller quelques cassures électroniques tranchant (quoique) avec l’ambiance Core / Pop / Hard / Grind de l’album.
Car l’album Bambi’s Dilemma, et c’est seulement après une écoute complète que l’on s’en rend compte, n’est pas un énième disque de Rock malade accouché par des cinglés en goguette. Non, Bambi’s Dilemma est une descente, une spirale ou les morceaux de Pop violentés comme rarement vont petit à petit tendre vers une Noise pure et dure, où le chant va non plus se laisser submerger par des guitares saturées, mais par un véritable magma de machines de plus en plus âpres, rêches, violentes. La Noise, la vraie, la dure. Mais qui tendra pourtant toujours vers l’acceptable, l’accessible, ayant pour seule mission de sublimer la folie des 4 Japonais, et non de simplement terrasser nos tympans.


T For Tone ouvre le bal avec cette machine ronflante qui va se faire balayer par un batteur fou, un Agata qui détruit littéralement sa guitare et un tsunami de machines criant à la mort. Mais le versant Noise de l’album va se dérouler d’une façon peu commune, comme une enfilade de petites vignettes bruitistes, au lieu de se cantonner à un titres massif…

Slide Down, Lock The Head, One Drop One Life, In Store, Dog Song et Chain Keeper vont donc tour à tour laisser la chanteuse cracher sa hargne sur un lit de sons concassés, malmenés, défoncés, industriels, faisant passer la bande son de Tetsuo pour un épisode de Bob L’éponge. Mais l’on garde évidemment toute l’énergie du début du disque, avec ce coté Punk juste atomisé par les saturations et explosions Noise. Ça crie, ça craque, ça crisse, ça hurle. Encore une fois, le peuple Japonais nous démontrent leur maîtrise de la Noise, sans commune mesure avec le reste de la planète. In Store s’avère être un véritable précipice pour psychotique avec ces « scriiiiiiiiiiiiitchhhhhfzzzzzz » qui montent, qui montent sans jamais vous agresser… Plus aucun beats, plus de structure, tout est fait pour balayer les repères, et favoriser l’abandon de soi, avec pour seule bouée de sauvetage le chant de l’autre maniaque qui, et c’est presque un véritable miracle, ne se laisse jamais déborder par la folie ambiante. (Enfin, on va dire qu’elle y participe grandement, à cette folie…)

Dog Song reprendra les atmosphères Popisantes du début, pour les violer comme jamais par un ras de marée de saturations, cris, oscillations rageuses et nécroses métalliques, avant de finir dans un refrain au rock tutoyant la crise de nerf.










On quittera la violence de cette brochette de titre pour une conclusion s’étirant sur plus de 5 minutes absolument SUBLIME (Durée conséquente par rapport au reste des titres du disque)

Bien plus calme, Last Target On The Last Day nous plonge dans de grosses nappes électroniques saccadées avec une guitare bourrée d’effet, et une voix qui semble littéralement perde la tête en fond sonore. C’est très expérimental, planant comme la mort, un vrai diamant. La batterie s’affole parfois pour quelques instants, pour mieux s’éteindre et retomber dans le psychédélisme complètement drogué du morceau. Indescriptible. Une grosse explosion survient, avant de nous laisser dériver en apesanteur sans aucun repère. Voila, on tient la sensation : Ce titre, c’est simplement comme si l’on vous abandonnait, comme si l’on vous laissait à la dérive dans l’espace, dans le vide intersidéral. La tension est plus que palpable, avec ces saccades plus ou moins contenues, les échos, distorsions et effets vous font perdre la tête. On ne pouvait rêver mieux pour conclure cet espèce de brûlot complément schizophrène qu’est ce Bambi’s Dilemma










Il n’y a pas à tergiverser pendant des heures, Bambi’s Dilemma des Melt Banana est le disque le plus fou, le plus flingué, le plus dingue qu’il m’a été donné d’entendre depuis pas mal de temps. Rien que pour cela, il est indispensable. De plus, ces Japonais arrivent à garder vivante la flamme d’ Atari Teenage Riot d’une façon totalement décomplexée, ce qui est, vu l’aura culte du groupe allemand, un véritable tour de force. Enfin, Melt Banana, à l’instar des Boredoms, et contrairement à la brochettes de groupes énervés qui n’ont pour objectifs que de vomir leurs frustrations, ne se dépareille jamais d’un coté « Fun » qui aère grandement leurs pétages de plombs, et rend le tout bien plus agréable à l’écoute, alors que la violence de ce disque a peu d’équivalence dans le genre.

Sans oublier toutes ses cassures de rythmes, ces structures mutantes et changeant toutes les trente secondes, donnant aux morceaux des sensations comparables à des montagnes russes façon 36 loopings. Ce qui explique grandement leur copinage avec les différents groupes de Mike Patton, dont Mr Bungle






Ce disque, vu sa sortie récente, et l’aura du groupe dans le monde, est de plus assez facilement trouvable dans toute bonne crémerie. A ne vraiment pas louper quand on aime le Rock qui sort complètement des sentiers battus, mutant, faisant fuir n’importe quelle personne bien dans sa tête, qui arrive à nous foutre sur le cul à chaque piste, à nous faire poser gravement la question sur la santé mentale des protagonistes nous servant leur mixture.




Melt Banana confirme enfin que le Rock Japonais, quand on prend la peine de gratter la surface, se révèle immensément riche et incontournable pour tout amateur de musiques déviantes. Ces derniers, tout comme Christine 23 Onna, Coaltar Of the Deepers, Tokusatsu ou Cornelius, dans leurs genres respectifs, (et Trouzemilles autres formations, j’en vois déjà venir gueuler pour ne pas avoir cité leur groupe favoris, le rock indé Japonais semblant tellement ailleurs) sont là pour nous le confirmer.




Il va falloir sérieusement ouvrir les yeux et les oreilles, sous peine de rater quelque chose de grand.

















18 titres – A-Zap Records
Dat’









  1. NerdPunkachien Says:

    Superbe review. J’ai rien à ajouter. Ravi de t’avoir remis sur le droit chemin 😎

  2. Aeneman Says:

    Argh…je veux (pour changer) :fou:

  3. LordMarth Says:

    oh my god excellent article de fond encore un blog qui l’est bon pour la santé 😀 je note en tout cas ça en fait des trucs à écouter je vais squatter un cave avec mon casque et mon son :p

  4. Dat' Says:

    J’espere qu’il n’y a aps de vin dans ta cave, ou tu ne vas pas en ressortir de sitot…

    Aeneman ==} tu devrais le trouver sans trop trop de probleme celui là (enfin en creusant un peu..)

  5. Blooguear Says:

    J’ai Teeny Shiny de MB, et bizarrement je ne sais pas si c’est super abordable comme groupe ( en tout cas cet album ).
    J’vais voir pour cet album si il suit la même voix que Teeny Shiny… ( En plus ya le memorable Freeze the bee :nerd: )

  6. Dat' Says:

    Teeny Shy est, semble t’il, le plus abordable des disques de MBanana…

    Pour le reste, et surtout celui là, c’est franchement pas “facile” d’ecoute…

  7. Hamuzu Says:

    Très bon article gros. Perso je conseil en priorité le 13000 Miles At Light Velocity de melt banana. Réenregistrement de leur premier morceaux. on va de la chanson de 5minutes à celle de 9secondes. Bref MB c’est l’avenir :fou:

  8. evasin Says:

    Mon oreille non inité a ce genre a posé oreille sur ce disque et bah ma foi j’ai bien aimé, le contraste entre un instrumental heavy et le chant me file la pêche, bon encore certains morceaux passent mal pour moi, pauvre petit, non initié mais a part ça j’ai adoré.

  9. Dat' Says:

    Ravi que ça vous plaise, comme dirait l’autre…

  10. DRunxx Says:

    Melt Banana 😎
    Il me tarde qu’il y ait un revival de tous ces groupes sortis sur Skin Graft rds dans les années 90, Melt-banana, Brise Glace, Flying Luttenbachers etc… c’était le bon temps…

    Jme joins au coeur de félicitations, keep up the good work dude !

  11. MrNothing, visiteur Says:

    Mon dieu cette explosion dans ma tête Merci ! Ce groupe est fantastique.

  12. LordMarth Says:

    “J’espere qu’il n’y a aps de vin dans ta cave, ou tu ne vas pas en ressortir de sitôt…”
    tu veux dire que melt banana with vine n’est pas recommandé 😀

  13. wony, visiteur Says:

    je tiens a te remercier Dat. Je ne suis pas du tout habitué à ce genre de son. Je me cantonne habituellement à de l’electro et du hiphop. Mais j’ai voulu tester tout de même grace a ta kronik. Et franchement ca me plait. C’est foufou, ca fait disjoncter mes méninges. J’aime ca 😀
    merci

  14. Dat' Says:

    Bon ben c’est cool. Rien ne peut me faire plus plaisir que quand on me dit que l’on a pu sauter d’un style à un autre pour essayer…

    Ben en meme temps, dur de rattacher Melt banana à un style precis 😀

  15. staphi Says:

    J’ai découvert ce groupe la semaine dernière et en concert comble du bonheur. Le genre de concert où on reste hypnotisé tout le long, refusant d’aller aux toilettes ou chercher une bière pour n’en pas perdre une miette. Le genre de concert dont on sort avec un sourire béat et figé. Depuis, ce disque tourne en boucle. Je n’avais jamais entendu ce genre de zique avec un côté fun aussi prononcé et surtout, avec un petit plus qui fait qu’on sait qu’on écoute quelque chose d’indispensable. A faire écouter aux gens qu’on veut initier aux musiques barrées car le côté délirant de ce groupe atténue vraiment le côté dissonant et hermétique. Je pense que cela explique en partie leur succès mondial.

  16. Dat' Says:

    Ah Melt Banana en live… Je rêverai de pouvoir les prendre en photo !

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