Good news, everyone ! (2)
On avait laissé Autechre il y a à peine 3 mois sur un très bon Oversteps, renouant avec les sphères mélodiques du duo, flirtant avec l’ambiant et le beatless, sans omettre quelques charges radicales (D-sho Qub ou Treale) On avait même droit à quelques surprises en tombant sur un Os Veix 3 superbe, que n’aurait pas renié Alva Noto, ou des See on See et O=0 faisant du pied à Plaid (dont on attend toujours l’album… ahem). Bref, le duo anglais respirait enfin, et ramenait sa musique sur quelque chose de plus concret, ouvert, rassurant.
Autechre sur cette première année, ce fut aussi, pour moi, un live presque traumatisant. Rêve de gosse de voir la formation en concert, je n’ai pas été déçu. J’ai eu l’impression de me faire passer à tabac pendant 2 heures, la musique ne s’arrêtant jamais, maelstrom d’une violence absolue, dans le noir complet, avec un son d’une ampleur et d’une frénésie hallucinante, presque intolérable. Le tout dans le noir complet. Et attendez, des concerts de noise ultra brutale, du simili-merzbow, j’en ai fais des tonnes. Avec mêmes des mecs qui vomissent sur scène avec des gants de ski. Mais non, cette performance d’Autechre fut surement le live le plus violent, le plus éprouvant qui m’a été donné d’entendre. Pas du tout le meilleur. Mais le plus sauvages, surement. Je passe sur le battement de cœur passé à fond la caisse pendant 15 minutes sur liseré d’explosions indus, avec des gens craquant totalement, se tenant la tête, recroquevillés à même le sol.
Quand le groupe arrive déjà de nouveau avec un disque, on prend un peu peur. Que Quaristice m’ait déçu, c’est un fait, mais son vrai problème, c’était tous ces appendices dispensables, ces versions alternatives de versions alternatives de versions originales (ou pas) sortant de tous les cotés, réduisant à néant la coherence de l’album, pour le transformer en vaste lego à composer soi-même. Move Of Ten aurait pu, elle aussi, passer pour un cadeau bonus, un junk disque servant à compléter son pendant sorti 3 mois avant, avec sa pochette similaire, le titre façon recueil de Faces-b. Pourtant la galette est un vrai album, un essai qui n’a d’Oversteps que le rond sédatif de sa pochette.
Et comme souvent avec Booth & Brown, à part un bien joli artwork, pas grand chose à se mettre sous la dent si l’on excepte une couleur intérieure (jaune délavé) qui détonne de nouveau, après le vert du précédant du disque. Mais de ce dernier, il n’en est pas vraiment question à l’ouverture de Move Of Ten, hargneuse, rude, âpre, squelettique. Autechre renoue avec un son plus sec qui caractérisait https://www.chroniquesautomatiques.com/2008+autechre-untilted.html, dernier chef d’oeuvre, et peut être meilleure plaque du groupe pour ma part.
Alors penser à LCC des les premières mesures d’Etchogon-S, ça me rend tout chose, vous imaginez bien. Rythme de folie, complètement mutant, distribuant taloches sur taloches, éreintant, froid, superbe, mortuaire. Une mélodie, évidente (pour une fois) et belle qui se glisse au milieu, fait des bulles sur cette cavalcade mécanique. En dessous, c’est une vraie boucherie, ça s’écharpe, une vraie baston d’enfoirés, ça concasse dur. Le titre, qui n’offre pas de réelle évolution (à l’inverse de ses potes sur Untilted) reste impressionnant, et surtout diablement jouissif pour ceux (j’en fais parti) qui quémandaient quelque chose de plus âpre et frontal de la part des anglais.
A dire vrai, Move Of Ten part dans tous les sens, arpentant pas mal de chemins déjà retournés par le groupe, en les magnifiant, réactualisant. Si la galette est clairement homogène et construite (ça reste de la musique étouffante et hypnotique, ça reste “du Autechre”), elle s’autorise beaucoup plus d’écarts qu’Oversteps. Et vire carrément sur des exercices plus concrets et directs… Le premier extrait, y7, avait étonné en proposant une electro acid torturée, clairement secouée, mais pas trop expérimentale, assez plaisante, même si l’on y revient pas forcément après quelques écoutes intensives.
Rew(1) par contre, se la joue grandiose, avec un rythme Hiphop qui déboule de nul part, presque pimp, avec une vraie bassline, et des handclaps carrement. Oh mon dieu, Autechre devient mainstream. Ca craque évidemment de partout, machines en mutation, le duo veulent te faire bouger la nuque avec de l’abstract bien laidback, mais ne peuvent s’empêcher de frotter ta gueule sur le ciment. Il y a aussi un modem 56ko qui fait une crise nerf au milieu du marasme, et qui rend le tout encore plus génial. On claque des doigts en se faisant rouler dessus par un 33tonnes. Bonheur.
Attendez, Autechre balance carrément de la techno pure sur M62 ? Yep. Rythme binaire bien sourd, c’est franchement dansant, et l’on est clairement étonné d’entendre un truc aussi dépouillé et easy-listening émanant du groupe le plus craqué de l’electronique. Pourtant c’est clairement lié au groupe, avec ces mélodies mourantes, synthés en fin de vie qui égrènent leur mal-être, superbes complaintes neurasthéniques. Et plus le morceau avance, plus l’on pense, à cause de cette mélodie cancéreuse en fil rouge, au Duntisbourne Abbots d’U-ziq (un essentiel) A dire vrai, avec une pulsation moins régulière, plus electronica, M62 aurait pu se glisser dans la galette de Paradinas sans trop de soucis. C’est dire la qualité de la prise de risque.
Mais le vrai tour de force de cet imprévu album est cristallisé par Nth Dafuseder.B (un vrai cauchemar ces titres), d’une beauté absolue, claque énorme. Saturations discrètes, bleep chelou, on n’est pas forcément transporté par l’intro. Mais l’usine se fait, petit à petit, recouvrir par une cathédrale de synthés, une chape angélique à filer la frousse, rapidement dérouillée par une marche militaire industrielle énorme. La cadence est morose, ça claudique irrégulièrement, et les synthés, eux, grandissent, s’animent. On a l’impression d’assister à un accident de voiture pendant la messe. La dimension sonore du morceau est énorme. Tu divagues, tu te laisses porter par les claviers, mais les beats te cassent la gueule. La mélodie, au départ guillerette, presque candide, devient à chialer à partir de la 3ème minute. La métamorphose est brève, quasi imperceptible, mais si on la chope, la colonne vertébrale ne survit pas. Autre détail qui m’étais passé par dessus sur les premières écoutes : le rythme concassé du départ change subitement, et devient plus régulier, violent, dur. D’une structure complètement explosée, on passe à des coups de surins métronomiques. Le rythme ne veut plus nous avaler, simplement nous écraser les pommettes. Gauche – droite – gauche – droite – gauche – droite –gauche – droite. Pam Pam Pam Pam Pam Pam Pam Pam. C’est ridicule, mais quand je me suis pris cette séquence dans les tympans la première fois, ça m’a laissé sur le carreau. Surtout que le tout est accompagné d’une mélodie à se damner. Le tout titillant de près un certain “D-sho Qub”, dans sa rythmique mais en balançant le tout au paradis. Superbe, vraiment. Je sens que ce morceau va affoler mon compteur itunes sur cette année.
Alors forcément, il y a deux trois tentatives un peu moins réussies, ou qui me touche moins personnellement. Le Hiphop indus (oui vraiment) de Pce Freeze 2.8i est sympa mais un peu redondant sur la longueur. No Border n’est pas super passionnant non plus, bien qu’hypnotique. Iris was a pupil se débrouille mieux, en reprenant des éléments d’Oversteps, pour les glisser dans un écrin electronica ambiant du plus belle effet, avec dix couches de mélodies volant en diagonale. Ylm0, lui aussi lié au précédant disque dans ses sonorités, passionnera de même un peu plus, avec ses clochettes sympathiques virevoltant de partout, et un morceau échouant sur un dernier quart vraiment beau, la litanie prenant un peu de hauteur.
Mais c’est clairement sur la fin de la galette que Autechre remet une claque, avec deux titres en or massifs, Cep PuiqMX, et ClnChr (ce dernier dans l’édition japonaise seulement)
Cep PuiqMX commence avec une grandiloquence peu commune chez les deux anglais, avec gros synthés façon space opéra et rythme hallucinant, qui se roule sur les trottoirs en éructant come un damné. C’est sale, ça pue la mort, ça se décompose de partout, tuerie. Et tu as toujours les nappes qui tonnent et s’envolent vers le ciel, alors que tout se nécrose dans tes tympans. Une ville aspirée dans un trou noir. Et en lieu et place d’une explosion règlementaire, Autechre va faire crever son morceau, en l’abandonnant dans sa geôle. On prend petit à petit de la distance, les synthés deviennent sifflements, on laisse le pauvre homme à son funeste destin, pendant que les murs lui tombent sur le coin de la gueule, la destruction devenant marasme jouissif et absolu, la track étant littéralement froissée dans nos oreilles.
Et bonne nouvelle, pour une fois, la bonus track japonaise n’est pas un vulgaire “pouet” bonus sorti d’un ableton en mode démo, ou une petite vignette ambiant filée à l’arrache. A dire vrai, je ne serai pas étonné si l’on me disait que ce ClnChr sortait tout droit des morceaux écartés d’Untilted (ouai !) encore une fois, car comme pour l’ouverture de Move Of Ten, c’est ultra rude, âpre, désertique. Ca tape dur, mais sans violence. On ne veut plus jouer avec tes viscères, simplement te casser le nez. Le rythme est parfait, presse hydraulique ayant oublié ses congés, et brutalisant l’acier inlassablement. Bref, du Autechre pur sucre, hypnotique, violent, nickel. Et là, le choc, une mélodie se fait entendre au milieu du bordel. Des violons, mourant, écrabouillés, qui surgissent des entrailles façon Tetsuo pour aller se foutre sur la tronche avec les exosquelettes. Ballet industriel, Hiphop pimp du prochain siècle, complainte depressivo-concrete, ça m’a arraché le cœur à la première écoute, et cela devrait se placer dans mes titres préfères du groupe très rapidement.
C’est tout simplement juste ce que je préfère chez Booth & Brown. Ce qui, pour moi, révèle la beauté d’une musique de ce genre. Le rythme est là, la mélodie aussi. Il est violent, elle est belle. Il ne faut pas chercher bien loin, ils sont là, sous nos yeux. Et pourtant, c’est d’une violence absolue, d’une complexité sourde, tout en circonvolutions, en soubresauts, en révolte continuelle. La collision des extrêmes, le chaos fleuretant avec la pureté, avec une progression, une ascension évidente. Dans ces cas là seulement, Autechre ne fait plus de l’idm, de la braindance, des mathematiques, de l’électro compliquée. Il n’y a plus de règle, plus de dénomination, plus de genre. Ils mettent simplement face à face deux entités qui ne pourraient normalement jamais cohabiter, mais qui copulent, ici, à la perfection.
Certes, ce Move Of Ten n’est en rien comparable à Oversteps, grand monolithe mélodique et abstrait, faisant fie des rythmiques pour se balader dans des nuages bouffés par la rouille. Là, ça part dans tous les sens. Et pourtant, cela correspond mieux à l’idée que je me fais d’un disque d’Autechre. Ce nouvel essai surprise n’est pas exempt de défauts. Mais en assenant quelques missives superbes, indiscutables, le groupe se refait une nouvelle jeunesse. Le passable côtoie le sublime : Les tentatives ennuyeuses se battent contre certains titres sont énormes. La galette est bancale, inégale.
Et pourtant, en lâchant quelques exercices de style très réussis (le Hiphop Rew(1), la Techno mélancolique de M62, et surtout en accouchant de morceaux ahurissants comme Etchogon-S, Cep PuiqMX mais surtout Nth DafuseberB et ClnChr, le groupe balance un disque qui me marque enfin de nouveau, comme je ne l’avais pas été depuis Untilted. C’est totalement subjectif, mais avec les 4 morceaux précités, Autechre reprend sa forme ultime.
Il ne reste plus que la mélodie, d’une pureté absolue, pulvérisée avec rage et laissée pour morte dans nos oreilles.
Autechre – ClnChr
Autechre – Nth DafuseberB
11 Titres – Warp Records – Beat Records
Dat’
This entry was posted on Wednesday, July 14th, 2010 at 12:44 pm and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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