Rival Consoles – IO



Coke & Dream





J’avais brièvement parlé dans le Top 2009 du morceau Flesh de Rone, (disponible seulement sur le Bora Ep ) qui m’avait littéralement dynamité le poteau vertébrale, et qui continue de me scotcher à chaque écoute. A dire vrai, ce qui m’impressionnait le plus, c’est ce glissement si naturel entre la première et la deuxième partie du morceau, passant d’un tunnel techno imparable à une fresque analordienne à s’en friser la mâchoire tellement elle est parfaite. Je vous jure, à chaque fois que j’écoute ce truc, je me prends ma grosse baffe, ma punition auditive. Certes, les deux parties du morceau sont vraiment bien branlées, mais c’est vraiment ce changement, ce revirement intervenant au milieu du morceau qui me renverse. Ce genre de procédé m’a toujours fasciné dans la musique.

Cet amour de la rupture tristoune dans la musique electro, je le dois à un morceau : IO de Plaid, parfait morceau squelettique et dance, mutant petit à petit en complainte dancefloor dépressive. Bon des exemples comme ceux là, il y en a des tonnes. Mais c’est celui là qui me revient toujours en mémoire, des que j’entends une progression, un glissement de la sorte, passant de la folie des stroboscopes au fin fond d’un paquet de mouchoir. Voilà, c’est ça OI de Plaid.

Sinon l’album de Rival Consoles s’appelle IO.













Cette introduction farfelue n’est point anodine, et son rapport avec le cd traité aujourd’hui ne se limite pas qu’au titre. Car après un premier court morceau qui démonte, (la sonorité cristalline qui débarque à la fin est assassine), se présente le morceau titre, IO qui dévoile clairement le concept de l’album : Que l’on ne s’y trompe pas, on navique bien dans les eaux d’un amoureux des compos Rephlex et Aphex Twin. Sauf que le bonhomme semble bien apprécier les dancefloors, en hésitant pas à nous balancer des rythmes d’enfoirés. La première moitié du morceau, c’est donc une espèce de tuerie acid-analord qui se tord dans tous les sens, matraqué par un pied imparable et une mélodie de folie. Et tout à coup, la tempête se calme, pour laisser place à une espèce d’élucubrations ambiant, à la An Ending Ascent de Eno. Mais toujours déboité par les basses. Ok, joli coup, mais un peu téléphoné.

C’est réellement avec le troisième morceau, 1985 que l’on va se prendre le disque dans la gueule, et se dire que putain, on va l’aimer cette galette.
Non sincèrement, ce morceau est dingue. Tu sens des le départ que tu vas en avoir pour ton argent. Ca grince, ça craque, le rythme Techno réveillerait un mort. Hop, une première mélodie s’immisce dans le bordel, et ça devient beau, vaguement triste mais toujours ravageur. Ca monte, ça monte, ça gagne en puissance et toi tu commences à perdre pied. Deuxieme salve mélodique après un break parfaitement placé, les poils s’hérissent, le cerveau se noie, stroboscopes, minijupes et pipe à crack. La mélodie est épique. Pas d’autre mot. Le titre était un truc dansant crade, il devient une charge sublime et épique. Sans compter que le tout se fait tabasser continuellement, que tout vibre, ça charge dans les sens.
Tu dansais pépère dans ton bar meat-market crado, mais quelqu’un avait glissé un produit dans ta conso pour te vider les poches à la sortie. En attendant toi, camé sans le savoir, tu t’envoles sur ce bout de piste collant, tu ouvres les bras vers le ciel en riant, même si t’es tout seul. Les semelles qui dérapent sur du vomi-red bull de la veille, la tête dans les étoiles à piloter un vaisseau spatial. Bordel c’est énorme. Je ne raconte même pas les breaks saccadés finaux, quasi-orgasmiques, nous laissant sur une petite mélodie à clochette dépressive.

Juste un peu plus loin, Electorate reprend un peu le même schéma, avec son début de tueur, funk electro crade, à renverser un club entier, avec des saturations qui giclent dans tous les sens, une bizarre mélancolique, et un beat qui se la joue roller-coaster. Et zou, au milieu, tout à coup, on change la donne, pour filer vers une montée complètement folle. C’est même plus épique là, c’est carrément tous les super-heros qui viennent te ramasser la gueule en même temps. Grosse progression en apesanteur, qui hésite constamment entre déprime et envie de planer, avec en prime des petits tintements synthétiques très Para One. Je veux entendre ça en live, voir la foule sauter dans tous les sens, pour chialer juste apres.









Rival Consoles (inconnu au bataillon, il parait qu’il faisait de la drill’n bass sur du classique avant) semble donc être amateur de ruptures, changement de tons et autres surprises culbutant électro imparable et mélancolie IDM. Et sur l’album, il y a encore plus parlant comme exemple, comme sur Preoccupied Fashion Bastard, complètement schizophrène. Bon, déjà, on va me prendre pour un fou, mais je suis sur que la première partie du morceau est une référence au Yeah Yeah de Bodyrox & Luciana (ou un remix, une relecture, ce que vous voulez… ou peut être une parodie vu le titre) Même synthé saccadé, quasi-même mélodie imparable, structure plutôt semblable… cela me semble trop gros pour n’être qu’un simple hasard, il ne manque plus que la voix déraillée.
Quoi qu’il en soit, Rival Consoles veut sonner pute, et le fait avec conviction. Bref ça vrille dans tous les sens, gros tube en perspective, la pièce devient moite, ça transpire à grosses gouttes. Ligne acid qui s’interpose, morceau qui se meurt, le dancefloor vient de se trancher l’aorte : il n’y a plus rien, à part un synthé Analordien à crever, superbe mélodie mourante, culbutée sur le podium par un rythme souffle-au-coeur.

Même combat avec Xpr Vr, l’un des sommets de l’album. Démarrant sur un Dub glacé aux basses pachydermiques (sans déconner), ce morceau au nom imprononçable va se laisser, encore une fois, envahir par une ligne Acid grésillantes et crasseuse. Encore une fois, on veut nager dans les cotillons, l’alcool et les urinoirs, mais rien n’y fait, Rival Console semble vraiment vouloir casser le moral des clubbeurs en mille, le titre partant dans une sublime (sans déconner²) fresque façon moi-aussi-je-veux-faire-du-Aphex-mais-je-le-fais-bien, avec des synthés qui chialent, une bassline qui mute et un rythme toujours techno, mais claudiquant. Genre qui te dit que tout va bien, pour te vomir sur les pompes la secondes d’après. La party est finie, pleurez maintenant ! Yep, ce morceau, c’est le twist d’une soirée qui semblait réussie, la rupture parfaite : Tout allait bien, les fêtards se dandinent devant un Dj en essayant d’être cool. On cligne des yeux, et l’on voit tout le monde affalé sur les sofas, camé jusqu’à l’os, à s’étrangler avec sa propre merde.

Histoire de légitimer le parallèle avec Rephlex, Rival Consoles sortira des compos rentre-dedans pour nous filer un vrai titre Drill’n bass avec Agenda, reniflant dur le Aphex Twin, entre une section rythmique façon jet de verre pillé en pleine poire, moogs au bord du gouffre et mélodie chair de poule. Bon ok, j’ai l’impression que le bonhomme utilise carrément les mêmes presets qu’Aphex, mais c’est rudement bien foutu, donc on apprécie.

Et si 70% du disque repose sur ce phénomène de rupture au milieu des morceaux, Rival Consoles a le bon gout de nous balancer quelques morceaux plus linéaires, mais toujours aussi jouissifs. Digital Fuck se la joue rouleau compresseur rave-melancolique avec une belle mélodie et un rythme simulateur de baffe. Func se la joue électro-mysterieuse avec des nappes drôlement bien foutues. Seul Pvar me laisse un peu de marbre finalement.
L’album finira sur une dernière cavalcade club-geek-épique avec ARP qui démarre en mode acid-funk putride, bouffé par les bugs, et les assauts rythmiques et les saturations, pour débouler presque sans prévenir, sur une nouvelle escalade analordienne vraiment belle, toujours un peu neurasthénique mais pas trop quand même, qui s’étendre tranquillement.










Bon, pour relativiser un peu, ce IO de Rival Consoles, c’est typiquement le genre de disque que j’aime dès la première écoute, malgré des références trop pesantes. Certes, Aphex Twin est passé par là, Windowlicker et XMD5A en tête. Tiens, on croirait presque que Rival Consoles tente de fusionner ces deux grands morceaux sur IO. C’est presque du Fan-service. Sauf que le bonhomme arrive à tracer sa voie en donnant une patte clairement plus club et rentre-dedans à ses morceaux, se détachant en une seconde de la myriade de clones à la Aphex. Certes, c’est chair de poule à la Analord, mais ça te retourne aussi le cerveau comme un samedi soir à coup de beat Techno imparables. Cela semble assez anodin au premier abord, ça se revele vraiment bien foutu au final.


De plus, cette construction quasi exclusivement basée sur la rupture, sur le changement de schéma, d’atmosphère, de mélodie, est un truc qui me fascine. A l’instar de Tepr et son album Cote Ouest (ze référence), Rival Consoles fait toujours évoluer ses morceaux, en partant d’une base dance pour la fracasser avec du triste, du beau. Du club vers la mélancolie, de la fête vers la semi-dépression. Certaines fins de morceaux sont vraiment belles, d’autres absolument épiques, et toujours bien amenées.


Un grand disque ce IO ? pas du tout. Mais une vraie bombe pour les amateurs de mélodies à crever sur des beats de bucheron, sans hésitation. L’histoire d’une nuit de folie, qui tangue et se nécrose petit à petit. End of party.














Rival Consoles – 1985








Mp3 :


Rival Consoles – 1985 (Enregistrer sous)









11 Titres – Erased Tapes Records
Dat’







  1. ShinobiOfGaming Says:

    Alors là mec, sache que j’ai kiffé cette musique. Du très bon goût!

  2. KzrData Says:

    Le bonhomme a ressorti un album il y a peu: Kid Velo. Tu devrais jeter une oreille dessus, ça déboite toujours autant.

  3. Dat' Says:

    Ah ouai ouai, j’avais écouté quand il foutait ça sur Soundcloud… mais je n’ai jamais creusé au final… Il faudrait que je m’y remette. Merci pour le Reminder !

    Dat’

  4. Deepo Says:

    Ptain milles mercis KzrData pour le reminder. Excellent album ce Kid velo! Im in love ^_^

  5. Cathedrale Says:

    Tueur!

  6. Tai game 7 vien ngoc rong Says:

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