La tong summer gang
Agoniser dans la neige. Puis se perdre dans une mégalopole bardée de néons. Rod Modell semble maintenant vouloir nous emmener en vacances, sur les bords de mer, après une étrange escapade qui ne m’avait pas volé le coeur (Hash-Bar Loops). En balançant 3 albums en 3 ans, tous sortant au même moment (l’été, étonnant vu la froideur de la musique de Modell), l’aventure Deepchord (qui ne présente plus Echospace) prend des allures de rendez-vous obligatoire, à l’instar d’un bon Breaking Bad des familles. Comme si Modell voulait absolument nous administrer notre dose de techno enfumée, pleine de réverbération et d’échos, bourrée de drogues, à écouter en marchant le long d’immenses artères routières baignées dans des lumières blafardes. Et pourquoi pas finalement ? Peu sont ceux qui peuvent rivaliser avec le bonhomme, si l’on excepte un Andy Stott qui a hypnotisé 2011, et un Robert Hood qui revient nous secouer dans pas longtemps… Reste à voir si la plage promise sous les néons arrive à nous ensorceler avec le même talent.
Deux choses sautent aux yeux. La pochette d’une part, superbe. Et le tracklisting : 90% des morceaux font dans les 5 minutes, là où les fresques techno-brumeuses des 3 derniers albums tiraient assez souvent vers les 7, 8, voir 12 minutes. Sommer contiendrait des bombes plus resserrées, plus évidentes, plus frappantes ? Loin de là.
L’album commence comme les précédants. Comme si le disque était loin, très loin, et que nous devions le rejoindre à pied, s’en approcher, doucement, et se laisser envelopper par ce dernier. Il fallait se frayer un chemin entre la foule et les fils électriques dans Liumin. Ici, c’est sur un bord de mer sépulcral, teinté de gris et de violet, où seuls fantômes et âmes errantes s’y promènent. Après quelques minutes de marche, à courber le dos sous des synthés hypnotiques, on sent la fête techno organisée sur la plage poindre, avec ce beat sourd et lointain qui commence à tonner. Glow donne l’impression d’arriver après deux nuits blanches dans une rave sauvage installée sur la plage, complètement shooté par des psychotropes, à ne plus savoir ou aller, à simplement se repérer grâce à ses oreilles, avec les reflux à droite, les pas qui crissent sous le sable et le rythme étouffé loin devant.
La caractéristique principale de Sommer, qui ne rend d’ailleurs pas la tâche facile au chroniqueur, est qu’il est difficile d’en extirper des individualités. Tout coule comme un ensemble uni, où il est parfois difficile de s’y retrouver et de savoir depuis combien de temps nous avons la tête plantée dans le LP. Il est loin de temps des solos de Rod Modell, et évidemment de Liumin, qui malgré son coté “bloc techno monolithique” savait donner des respirations salvatrices, et quelques incartades sonores d’une piste à l’autre (le parfait Summer Haze et son introduction à casser une colonne vertébrale, le dingue BCN Dub, l’apaisant Warm…). Et l’on est à l’opposé de The Coldest Season, qui variait les tempos et savait lancer des quasi-tubes de temps à autre (Celestialis, qui portait bien son nom, et surtout le sublime Sunset, qui a bien du me faire chialer une ou deux fois). Non, sur Sommer, c’est une autoroute, ou plutôt une plage pour rester dans le thème du disque, qui s’étend à perte de vue. Ecouter ce disque, c’est être à un point A du bord de mer, et se dire qu’il va falloir marcher jusqu’au point B, à l’horizon, le vent en pleine gueule, sans rencontrer personne, si ce n’est quelques aspérités lâchées par houle et marées. Du sable sur la gauche, de l’eau sur la droite, la horde avance le nez dans la techno, à contrer des synthés sans faillir.
Oh, il y a bien un Fourier, qui surprendra au milieu du disque, avec un rythme ultra sourd et appuyé, tout droit sorti d’une cave enfouie sous le sable, où des fêtards fantômes semblent s’y abandonner jusqu’à suffocation. Il y a le très beau Beneteau aussi, un peu moins ouaté que les autres, qui tabassera tout en conviant les nuages dans la danse. L’étouffant Flow-Induced Vibrations, qui reposera plus sur de grosses nappes bien mélasses, impressionnantes quand les basses sont tournées à fond. Ou la très belle conclusion Wind Farm, donnant l’impression que le marcheur a finalement abandonné en cours de route, n’ayant plus la force de cavaler vers l’horizon, en choisissant subitement de se tourner vers la droite pour s’immerger dans la mer doucement, et y mourir.
De part son coté monolithique et étouffé, il est difficile d’écouter ce disque n’importe quand, n’importe comment. Comme tous les disques de Deepchord / Echospace, il faut trouver son moment, sa méthode, pour apprécier les élucubrations droguées de Modell, et pour réussir à se laisser envelopper par ses fresques quasi-neurasthéniques. Pour moi, deux moments s’imposent :
Il est 3 heures du matin. Avachi devant son ordinateur, à regarder des conneries, à surfer nonchalamment sur internet, sans but, sans réel intérêt. A attendre le sommeil. A le provoquer même, après avoir avalé ses sempiternels somnifères. Quand les effets de ces derniers apparaissent, quand ils commencent à t’enlacer avec leur langues gluantes, quand ton corps commence à s’engourdir, mais que tu t’obliges à resté planté devant ton écran encore un peu. A ce moment là précisément, lancer un Deepchord / Echospace prend toute son ampleur. Les yeux torves, à ne plus voir le temps défiler, à se sentir doucement attiré par le lit derrière soi. Quand ton âme est déconnectée, quand tes mains continuent de taper sur un clavier que tu ne ressens pourtant plus au toucher. Quand le Rivotril vient de s’immiscer dans tes synapses, comprimant ton cerveau doucement jusqu’à ce que tu ne puisses plus tenir debout. Quand le monde tangue, quand le sol tombe. Alors, Sommer fait son petit effet. Comme les disques précédents. La dose distillée par Rod Modell libère ses effluves.
Et étonnamment, si le propos du disque semble évoquer le littoral, Sommer marchera aussi bien, comme Liumin, si tu te laisses bouffer par la mégalopole. Sommer est parfait sous les néons, à déambuler dans les rues après une sortie de club, où d’une fête avec des potes. Quand les métros ne sont plus, quand les seules âmes errantes sont des cadavres remplis d’alcool, des hôtesses en quêtes de clients et des taxis tournant doucement dans la nuit, sentinelles de la mégalopole. Là aussi, de l’alcool, des cigarettes, des somnifères, ou une simple fatigue extrême s’imposent. Tout ce qui peut te plonger dans un état second, tout ce qui peut de castrer les sens, tout ce qui peut te faire oublier la sensation des pieds claquant sur le bitume. Comme une bonne nuit blanche, évidemment.
Depuis deux albums, le “Echospace” semble manquer au “Deepchord”, et pas simplement dans le nom. La musique est plus opaque, insondable, moins évidente. Je continue de préférer The Coldest Season et Liumin à Hash-Bar Loops et ce Sommer. Pourtant, ce dernier m’accroche plus que le précédant. Peut être une simple histoire d’état, de moment, d’ouverture à la drogue sonore distillée par Deepchord. Dommage que le morceau Jeanneau, donné en free download par Soma il y a peu, ne soit pas intégré dans le disque lui aussi.
Car encore une fois, aucune raison de refuser cette nouvelle dose estivale fournie par Modell.
13 titres – SOMA
Dat’
This entry was posted on Wednesday, September 5th, 2012 at 5:11 pm and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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