Beat On Us
Les hiatus ont parfois du bon. La techno rêveuse aussi. Rone, m’avait choqué il y a 5 ans avec son premier album. Choqué violemment. Pourtant le disque n’avait pas grand chose de spécial. Un court disque presque frustrant, d’une techno mélodique et lumineuse loin de violenter les esgourdes de prime abord. Sauf que c’était beau. Très beau. Ca confinait même au sublime sur certains titres. (le mec ayant sorti un des meilleurs morceaux du genre avec Flesh, hors Lp). Puis le breton a sorti So So So, un ep magnifique, déroulant une recette légèrement modifiée, mais sur un terreau encore plus émo. Valse d’éons dans les néons.
Néanmoins, Rone m’avait moins chauffé avec son deuxième album. Plus electronica que techno, pourquoi pas. L’album était très bien, pas de reproche, pas de raté. C’était juste un peu moins beau. C’est tout. Sentiment inexplicable, la subjectivité des émotions. Là ou Spanish Breakfast me plantait des ailes dans le dos et m’obligeait à voler avec les étoiles, Tohu Bohu me faisait docilement hocher de la tête lors de mes nuits blanches. C’est déjà pas mal vous allez me dire. Mais c’est comme un plan cul supplantant de fauves nuits secouées par le vrai amour. C’est bandant, mais ça n’explose pas les cœurs.
Alors le Rone, en attendant une nouvelle livraison, je l’ai un peu cherché, dans ses remixes, dans ses pères (Plaid sort bientôt, et de ce que j’en sais, ça va être très beau), dans ses paires et inconscients rejetons. Et voilà que deux Ep sortent en même temps, sans réellement crier gare : un nouveau Rone, Apache, et un rouleau compresseur émo, Atonement / Empfgang de Leave Things.
Alors on va commencer par les darons. Au premier extrait du nouvel Ep, Bachi-Bouzouk, beaucoup se sont écriés qu’enfin, ce morceau live avait un enregistrement studio. Sauf que de mon coté, je n’ai jamais pu voir un putain de live de Rone (dont un que j’ai loupé à l’Ageha pour une sombre histoire d’avion, club ou j’ai failli me faire déboiter par un yakuza, pour la légende). Alors ce premier morceau, je l’ai pris violemment dans la tronche, avec tout l’attrait de la nouveauté qui va avec. Un morceau techno pur et hypnotique, avec des lasers et stroboscopes qui vrillent partout dans ta gueule. Loin d’être de la musique grise, Bachi-Bouzouk est pleine de couleurs, electro arc-en-ciel plongée dans la drogue. Ce morceau, c’est Enter The Void featuring kaléidoscopes de néons. C’est, semble t’il, linéaire, alors que ça déborde de détails de légers changements, de soubresauts mélodiques qui ciblent directos la colonne vertébrale. Ce craquement à 3min48, tu l’entends ? Et cette outro que l’on aurait aimé voir se déplier pendant 2min encore, tellement belle et fragile ? C’est le Rone que j’aime le plus, celui qui te donne envie de danser et de chialer en même temps, mais toujours avec le sourire. Ambivalence aven… ah merde déjà fait.
Mais le français semble vouloir montrer différentes personnalités sur cet Ep, et c’est un morceau plus calme, plus Tohu-Bohu qui déboule avec Apache. Marcher à l’envers sur la lune avec nos amis les psychotropes. Cinématographique, mais pas façon court métrage. Pachydermie, mélancolie lourde, explosions à la Bay, synthés qui dégringoles façon pluie de météorites en Russie. Ca parle (et porte) au cœur, avec une conclusion bien émo pour malaxer les palpitants. Bon, pour l’envie de danser, on repassera, mais courir au ralenti dans un champ de blé en écartant les bras face au soleil, ça se fera sans problème.
Dernière épopée, et pas des moindres : Origin. Là, on ne tape ni dans le club, ni dans la divagation en apesanteur. Ici c’est la descente, le cauchemar, la violence sourde. Peut-être le morceau de Rone le plus dur, qui commence comme une comptine, et qui vrille vite en matraquage hystérico-épique, avec une Gameboy qui massacre tout ce qui bouge, un spectre sonore gigantesque qui se déverse dans tous les pores de ta peau, et des hurlements qui tentent d’éviter la noyade dans tout ce marasme. Tu penses arriver au climax du bordel vers les 3 min, mais c’est à peine la moitié du morceau. En live, ça doit être dantesque. Sur disque, c’est surprenant au départ, décontenancé jusqu’à ce que tu te mettes à sauter dans ton appart en tapant sur les murs. Pas forcément l’exercice le plus réussi de Rone, ça pourrait sembler un peu maladroit, un peu old-school aussi, mais en l’écoutant au bon moment, c’est dantesque, un peu comme si tous tes vieux disques de Thunderdome se mettaient à chialer en lisant leurs lettres de ruptures.
Ah il paraît que l’Ep a été développé avec une science du son révolutionnaire mais vu que mes oreilles sont bien trop vieilles et cabossées pour apprécier ce genre de détails, ben j’en parlerai pas vraiment, mais il doit bien y avoir des infos intéressantes à ce sujet sur le site d’infiné. L’Ep défonce, et l’on espère, les doigts croisés tellement fort jusqu’à la nécrose, que le bonhomme puisse débouler en 2014 avec un nouvel album. Et vite, j’ai besoin de musique Ronesque pour donner de la vie aux viles néons de ma ville.
Bon, vu que 3 morceaux c’est court, on a envie de sauter directement sur quelque chose d’aussi prenant. Et le hasard fait bien les choses, car chez Fin de Siècle, label ayant sorti le superbe Ep de Paulie Jan il y a déjà quelques temps, on sort des galettes en rafales. Alors Leave Things, il paraît que c’est un bonhomme de 18 ans qui déroule sans forcer des morceaux de folie. Des petits génies précoces, on commence à en voir pas mal, mais ça continue de m’impressionner à chaque fois. Putain à dix huit ans, niveau création musicale, j’avais seulement fait un scratch par accident sur un tourne disque dans un magasin Hi-fi de province. Pourtant, dans ma tête, j’avais de grands projets. La jalousie.
L’étonnement. Puis le plaisir, en écoutant Atonement, un des rouleaux compresseurs de l’année, pour sur. Là, on ne s’embarrasse plus de caresser les voisins dans le sens du poil, ça tabasse violemment. C’est des kicks gratte ciel, des lignes de basses bien salopées. Et c’est surtout une putain de mélodie qui va très vite décoller en mode tunnel sur l’autoroute à 200km/h. Rone c’était coloré, mais chez Leave Things, ça pue le macadam, bye bye les arc-en-ciel et tirades lumineuses. Béton amer, lampadaires qui rythment une course effrénée, c’est un tube techno martiale et oppressant, avec ce putain de filigrane mélancolique qui porte le tout vers les étoiles. A 3minutes pile, c’est l’orgasme, la déraison, la transformation des danseurs en zombies défoncés. On pense un peu au breton du dessus, ainsi qu’à Few Nolder. Morceau de folie, joli tour de force, foie gras dénervé, on en redemande.
Empfang sera moins dans l’émotion, plus dans le matraquage, avec le diable, tout le temps, dans les détails. C’est métallique, ça part dans une direction en écrasant tout le reste. Mais ici aussi, la mélodie est là, belle, plus difficile à dégager mais tout aussi prenante. Prôner l’efficacité dans la violence, c’est possible.
En deux petits titres, en plus de ce que l’on avait entendu l’année dernière chez Leave Things, on comprend qu’il se passe au moins quelque chose de bien en 2014. Rookie de l’année? Pour sur. Alors on va sommer à Fin de Siècle d’arrêter de se pochtronner le groin, et de vite sortir un Lp de ce jeune mec, sous peine de les retrouver canés dans une impasse, la tête vers le ciel, seulement bons à faire des câlins au créateur.
3 titres & 2 titres
Infiné & Fin De Siècle
Dat’
TWITTER (envoie des photos de chats sur Twitter)
Tags: Apache, Atonement, Bachibouzouk, double techno izi, Empfeng, fin de siecle, infiné, Leave Things, Rone
This entry was posted on Sunday, April 13th, 2014 at 11:13 pm and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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c’est beau dans les deux cas !
Les deux sont très bons!
Pour rester dans nos francais préférés, t’as vu que Nil Hartman a annoncé sont album pour cette année? Et que cette fois ça à l’air un peu plus serieux !
Alors j’ai vu effectivement que c’est annoncé, mais j’espère vraiment que c’est pour cette année. Vraiment !
Miel Béton, c’est bien bon tout ça !
Daté mais tout aussi bon est l’EP “Cloud Complex” de Rob Clouth (et son magnifique “Bubble Chamber”) qui sort bientôt un nouvel EP avec une track massive tout en délicatesse : https://soundcloud.com/leisuresystem/rob-clouth-islands-of-glass
Sinon merci toujours et encore pour ces chroniques et ces découvertes.
Je ne connaissais pas du tout ! La track en lien est bien méchante effectivement.
je vais ecouter le reste, merci !
dat’
@ Fozzy & Dat : 😉
Il est cool ce morceau de Rone : il en a d’autres aussi altruistes en magasin ?
L’EP de Rob Clouth est sorti.
Track 1 : http://youtu.be/zSGPtrlXrbg
Track 2 postée au dessus : https://soundcloud.com/leisuresystem/rob-clouth-islands-of-glass
Track 3 (attention pépite) : http://youtu.be/-UsPwU5tNAA
Le mec produisait avant sous le pseudo de Vaetxh des morceaux plus barrés, plus organiques. Je vous conseille son “mix de l’été 2013” : https://soundcloud.com/methlab-recordings/vaetxh-methlab-mix-2013
Si vous savez pas quoi faire au goûter vous pouvez aussi passer faire un tour sur mon blog, vous y trouverez de tout et du n’importe quoi (et du Rob Clouth bien évidemment, faut croire que je fais une fixette).
Le lien manquant : http://www.tcaroli.fr/blog/
@ Nil : Je l’attends avec impatience l’album ! Parce que bon, Ma disctronica est bien, mais mon lecteur va bientôt plus avoir assez de place pour afficher le nombre de lectures !
De quel morceau de Rone tu parles? Parce que c’est assez diversifié sur cet ep justement.
@Fozzy : merci ! Je crois avoir en stock de quoi faire oublier Ma Disconica (à mes oreilles tout du moins, et de loin). D’ici la fin de l’année 🙂
Je parlais simplement du morceau posté par Dat’.
Ça fait plaisir à entendre 😀
Essaye son ep So So So dans ce cas !
J’avoue, le So So So est un classique !
Je note !
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