Rone – Creatures


L’amour la nuit







Rone, je l’ai rencontré au hasard, comme les plus belles rencontres. Quand tu ne t’y attends pas, quand tu as la certitude que l’on ne t’y reprendra plus. L’esprit libre, encore cabossé des amours précédents, tu déboules au détour d’un rayon de disque, dans un club, les oreilles libres, le cœur mou. Alors c’est le coup de foudre, la folie directe : la relation qui démarre sur les chapeaux de roues, au risque de se bruler. On passe son temps à baiser un weekend entier, des histoires de chair, des histoires de Flesh. Le début d’une histoire d’amour, ce n’est que mélodie, et passé l’électricité des premières fois, on se roule dans les synthés de Rone jusqu’à l’agonie, jusqu’à ce que les sexes brulent. Le dos griffé. Le dos griffé. Jusqu’au sang. On baise, on baise, on fume une clope à la fenêtre, on baise, et on parle de la vie, de la sienne, de la notre. Des longues phrases, des tirades banales que l’on pensent profondes, pour des moments tellement beaux. C’est Bora-Bora à la maison, c’est des moments de vies romancés ou crus, des mensonges et quelques vérités. On s’invente un personnage, ou l’on gomme certains défauts, parce qu’à chaque début de relation nous est offert la possibilité de se redéfinir.

Alors on passe des semaines, voir des mois, le sourire aux lèvres, à se balader dans Spanish Breakfast. Tous les jours, toutes les nuits. A y penser constamment. Ce n’est pourtant pas l’album de ta vie, mais il y a quelque chose de chaud, de rassurant, un coté aventure aussi. On lui pardonne tout, ses petits défauts (trop court), ses petites manies, et, lors de rares moments fugaces, cela confine au sublime. Alors on baise on baise on baise. Puis on commence à connaître les habitudes. L’excitation de la nouveauté n’est plus là, mais pourtant, chaque rencontre, chaque nouvelle écoute, chaque nouveau rendez-vous est tellement plaisant. On était un peu perdu aux premières écoutes, à ne pas s’avoir que faire de ces nouvelles courbes, de ce nouveau corps, gestion d’émotions nouvelles. On connaît parfaitement le tout désormais. On le chante sous la douche, on le connaît par cœur, on sait sur quels boutons appuyer pour tout faire sauter. De lassitude ? Que nenni. Quel bonheur, cette relation qui partait sur du plaisir spontané, sans lendemain, évoluer en longue quête amoureuse. Spanish Breakfast me faisait danser en club, avant de rentrer explosé, défoncé, chez moi. Des mois plus tard, il m’accompagnait en me tenant la main au boulot, dans mes moments de joies, dans mes déprimes. Un plan cul mâtiné de drogues qui se transforme en relation longue durée, que demande le peuple ?

Tu as envie de pleurer, mais parce que tu es bourrés, et heureux.




Et le temps passe. Un deuxième album arrive. Une sacrée étape, dans une relation, parfois casse gueule, souvent accueillie avec sourires. Seuls les cons ne voulant pas s’engager auront peur de ce genre de défis. Rone, le papillon de nuit volant au grès des mélodies, n’est justement pas qu’un papillon de nuit. La deuxième étape, c’est souvent de prouver que l’on peut être plus sérieux. Alors on police. On police. Les aspérités des débuts, les petits défauts, on les accepte moins. La maladresse tellement mignonne des premiers mois devient un peu agaçante. Alors on gomme. On fait des efforts. Il se gratte les couilles, elle reste collée à son Smartphone. Il est encore un peu gamin, collé à sa PS1. Elle pête un plomb parce qu’il est bordelique. C’était mignon, c’est devenu chiant. Soudainement. Alors on fait des efforts, on rabote. Tohu Bohu, c’est beau. Très beau. C’est la relation stable, sans la drogue et les levrettes sauvage du début. Mais c’est toujours aussi agréable, et surtout, rassurant. Personne ne t’as jamais mieux taillé une pipe/planté sa langue dans ton con qu’un ange qui te connaît sur le bout des doigts depuis un an.

C’est beau putain, c’est beau. Tu fêtes des anniversaires des noëls, des valentines, c’est beau, tu es heureux putain. Bye Bye Macadam, ça te rappelle le début, quand tout était fou, beau, candide. Parade, ça te rappelle quand tu rentrais bourré en hurlant dans la rue, avec ta nymphe dans les bras. Tu roulais sur le monde putain. Maintenant tu roules sur ton canapé, devant la télé, mais c’est bien. Et puisque vous vous connaissez bien, pourquoi ne pas pimenter un peu le bordel, et tester de nouvelles choses ? Ca fait des Let’s Go avec High Priest, mais c’est pas grave parce que tu as confiance et que tu vois bien que ta relation tient debout, que c’est fait ensemble, putain tu es heureux. Alors oui, c’est plus mou. C’est moins l’aventure, les surprises, ce n’est pas tous les jours, mais seulement quelques fois dans le mois. La lassitude ? Pas encore. Pointe-elle le bout de son nez ? C’est possible. Le dos griffé ? va falloir oublier. Le boulot tu comprends, “et si les collègues voient ça”, alors que tu te pointais avec des suçons au taf il y a un an, et tu en étais fier.

C’est beau, c’est beau. C’est mieux construit, plus solide, les fondations sont fortes. Mais la passion n’est peut être plus là. On a troqué la passion pour la sécurité. C’est pas plus mal.

Tu as envie de pleurer, mais parce que tu sens le truc glisser, parfois s’éteindre, alors que tu es pourtant heureux.




Ca fait quelque temps que tu ne l’a pas vu. Avec le boulot, les obligations, les fausses excuses, tout ça. Oh, ça se croise tous les jours hein, mais depuis combien de temps n’y a t’il pas eu le feu ? Le vrai, celui qui brule, qui fait transpirer, qui nique le lit et les cervelets. C’est froid bordel. C’est toujours aussi propre, toujours aussi beau, surtout vu de l’extérieur. Oh, le couple parfait. Il est beau le couple, il est parfait, putain on vous envie, vous avez l’air tellement heureux. Toi, tu reviens chez toi, un troisième disque sous les bras des souvenirs pleins la tête, de la mélancolie à tour de bras. Il fait froid. Tu regardes le frigo et tu penses à Biolay et sa chanson déprimante. On continue d’écouter Rone, tous les jours. Mais ça baise plus. Ca fornique, de façon robotique. Une obligation presque.

Pire, tu commences à comprendre que ta nymphe fréquente d’autres personnes, des Bachar, des Kondo… elle ne le cache même pas, ça ne t’intéresse plus, et le pire, c’est que tu t’en fous. Parce que c’est déjà mort. A l’intérieur, tu le sais. Ca prendra peut être encore six mois. Six mois à trainer un cadavre. A s’engueuler, des hurlements inutiles (Ouija) parce que entre deux séances d’ennuis (Memory, Calice…) il faut bien un peu de tension, un peu d’électricité (de belles disputes neanmoins avec Sing Song). Les gueulantes ont remplacé les baises sauvages, il faut bien se décharger d’une façon ou d’une autre. Et pourtant tu continues, tu tentes de regarder vers l’avant, de faire des voyages, des propositions. Parce que c’est rassurant. C’est RASSURANT. Ca fait des années que tu écoutes cette musique, donc tu fais quoi si tu te retrouves tout seul comme un con ? Ca fait peur, de se retrouver seul. Mieux vaut trainer un cadavre hein ? Jusqu’à ce que tu en puisses plus, faut le trainer ton cadavre, hein ? Jusqu’à ce que tu en chies du sang hein ?

Alors c’est fini, c’est mort, et pourtant, au détour d’un regard, d’une soirée, d’un geste, tu te souviens que tu etais amoureux. C’est un peu amer, un peu triste, mais il y a une légère chaleur dans ta poitrine. Tu te rappelles de tous ces putains de moments, mélancolie belle et lunaire. C’est Mortelle, c’est beau, c’est le plus beau truc depuis des années dans ta putain de relation de couple. C’est nouveau et c’est avant. C’est rassurant et ça pue la baise des premiers jours. Tu penses même à quitter la ville et tout recommencer à deux, comme aux premiers jours. Ca te file les larmes aux yeux, tu es heureux, tu te dis que tout peut repartir, l’étincelle est là, l’amour aussi, bien enfoui sous un paquet de merde. Alors tu espères, comme un niais, comme un con. Tu te dis, “putain Rone, produit de la pop française, fait un album entier avec Daho, et on deviendra le couple le plus incroyable de l’univers”  Les minutes passes, l’étincelle trépasse, elle ne te regarde plus, et voilà que l’on s’engueule à nouveau pour rien. La lassitude. Et tu te rends compte que dans ce couple, il n’y a que du vide. Pas de rage, pas de lien. Mêmes les conflits sont vides, sans passion, sans feu.

Tu pleures parce qu’il ne reste plus rien. Plus d’amour, plus de haine, plus rien.

L’amour dure trois albums.
















12 morceaux – Infine

Dat’

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