AUTECHRE – Untilted

Posted in Chroniques on February 21st, 2008 by Dat'


Scriiiiiiitvhfzzz






On parle souvent de la rapport de force / fusion homme-machine dans l’art. Que se soit dans le cinéma (Blade Runner, Terminator, Tetsuo…), la littérature (Asimov, Philip K dick and co…) ou bien sur l’animation (Le grand Lain, Gunnm, texhnolyze… )
Si l’on devait choisir un groupe de musique pour illustrer ce “thème”, Autechre en serait le meilleur représentant…
Ces deux génies ont, en une dizaine d’album, abolit la frontière homme / machine, atteignant son apogée sur le mirifique “Confield”…
Ces deux génies sont cités comme référence par un grand nombre d’artistes, Bjork ou radiohead en tête, (Thom Yorke plaçant le groupe des qu’il le peut dans une interview et revant d’un projet entre les deux groupes) sans compter tout le petit monde de l’électronique et du Hip-hop indépendant…
Ces deux génies sont signés chez Warp depuis leur début, écurie qui bénéficie toujours d’un catalogue d’artistes hallucinants…
Ces deux fous, je n’en pouvais plus de les attendre l’année dernière après l’annonce de leur nouvel album, “Untitled”…


Encore une fois, une chronique complètement subjective, brouillonne et qui n’engage que moi. Car parler “normalement” de ce genre d’album est quasi impossible… Beaucoup de gens crachent sur Autechre, en balançant des « c’est de la musique pour cinglés », « Ce n’est pas écoutable… »

A vous de voir, la musique n’est pas faite pour plaire à tout le monde…











Le packaging est classe, abstrait, comme d’habitude avec eux.
8 titres, pour une durée de 70 minutes… (Une moyenne de 7/8 minutes par titre) on prend sa respiration, on ferme les yeux et on plonge dans un univers métallique oû le peu de chair se fera défoncer sans état d’âme…

“LCC” premier long titre de l’album, va balancer pendant 3 premières minutes une rythmique martiale, âpre… Une marche militaire pour robots en quête de vie humaine, sur un champ de bataille dévasté…
Pour laisser apparaître une mélodie, fragile, fluette, qui se faufile entre ses sons tentant de la martyriser… on essai de s’y accrocher, mais c’est dur, elle file trop vite, elle est trop malmenée… Mais elle semble trouver son salut en prenant la main d’un synthé digne de la bande son de Blade Runner… Les robots se font plus discret, se cherchent, la vie prend le dessus sur cette rythmique aride… Apres s’être fait annihilé, on plane, c’est beau… Le titre à écouter en premier si l’on veut pénétrer dans l’univers d’Autechre…Sublime, dérangeant, incroyable emplit d’une dualité ou d’une schizophrénie presque évidente…

Pour peu de temps…

Le deuxième titre assène une rythmique encore plus métallique, saccadée, presque en mutation. “Ipacial Section” s’habille des les premières secondes de bleeps rapides, basses sourdes et grésillements en tout genre… on est martelé, ballotté, torturé par une machine. 2 minutes, elle assène son coup de grasse avec un son presque industriel, donnant une ambiance de Chaos. Et ce n’est pas l’anémique ligne mélodique, complètement noyée dans le marasme sonore, qui va nous rassurer…
Mais au bout de 3 minutes 30, comme pour nous sauver de l’étranglement électrique, un break et un synthé desservant une sorte d’incantation mélodique, s’immisce dans la danse… Cette fois ci, les forces sont égales, les machines répliquent en assenant des basses encore plus lourdes, mais le semblant d’humanité tient bon, donnant à cette piste l’impression d’écouter une véritable guerre technologique…
Tout se calme, seul un son métallique reste en place avec une mélodie rachitique et répétitive… un peu comme si deux survivants balançaient leur dernières forces dans la bataille… 10 minutes de conflit…



Les deux d’Autechre noyés dans leurs machines


“Pro Radii” démarre bizarrement… La domination des machines étaient elle trop importante? Le morceau, sur une rythmique escarpée, distille comme un son de “foule” criant victoire… Ce sample va courir pendant un bon tiers de la chanson… ni agréable ni désagréable… juste intriguant… auraient t’il gagnés une bataille?
Le sentiment d’allégresse n’est pas présent pour bien longtemps, un magma de cliquetis débarquent et une nappe, superbe, fantomatique, désincarnée, enveloppe le tout… c’est beau… métallique mais calme, âpre mais pas violent… comme si une marée d’androïdes arrivaient au loin… on ne les distinguent pas bien, mais on sent leur présence… le sample de “foule” se transforme en une sorte de “plainte”.
Un morceau presque irritant au premier abord qui devient l’une des pièces maîtresses de l’album…


Et l’on arrive à “Augmatic disport” mon titre favoris avec “LCC”… Une rythme inimaginable, qui se tortille, s’enroule et se déroule… les sons sont en train de se mouvoir dans vos oreilles, ils se développent, ils semblent vivants… On a clairement l’impression d’entendre un organisme grandir, bouger, parasiter un espace mis en place par les deux gars d’Autechre… ils balisent l’endroit où le son va muter de lui même… cela fait presque peur…
On est en plein dedans… le début de l’album illustrait le rapport de force entre l’homme et la machine, mais on assiste ici à une fusion entre ces deux entités… Impossible à décrire… un clavier s’invite à la danse, le son mute toujours, comme si il se jetait contre les murs, se roulait par terre, se nécrosait et explosait en même temps, sans cadence imposée, ni rythmique pré-établie… il bouge et évolue comme il le veut, comme il le peut…
Ce ne sont plus des sons musicaux, mais un “truc” vivant, rampant, déambulant dans vos oreilles… La fin est plus cadrée, comme si la chanson avait atteint sa forme adulte… 9 minutes 30 de mutation…

Les deux musiciens d’Autechre? On les a oublié… deux humains ne peuvent faire une musique pareille… c’est leurs boites à rythmes qui prennent le pas sur leur idées… les ordinateurs n’en font qu’a leur tête… Mais d’une façon tellement sensée et réfléchie… L’intelligence n’est plus artificielle…




“Untitled” se poursuit sur deux titres beaucoup plus court, (moins de 5/6 minutes) et quelque peu différents…
“Iera” fera presque office de marche funèbre pour enterrement d’androïdes, des bleeps rapides essayant de grignoter un orgue noir et glaçant… Presque vivante elle aussi, cette chanson est intrigante mais exceptionnelle, sans structure, les bleeps métalliques apparaissants comme bon leur semble pour accompagner cette lourde atmosphère…

“Fermium” fait presque figure d’Ovni, comme si Autechre, voulait nous rappelé ce qu’était les ordinateurs il y a bien longtemps, avant qu’ils nous dominent… La rythmique est simple, répétitive, donnant l’impression d’écouter une drum and bass décharnée… les sons sont basés sur le bruit d’une ligne 56ko tentant de se connecter… comme une séquence nostalgie, ou les humains se permettaient de pester et d’insulter leur ordinateur personnel qui avançaient comme des limaces… s’ils avaient su ce que toutes les machines préparaient, ils n’auraient pas adoptés un comportement aussi hautains et provocateur vis-à-vis des PC…




The trees … seul titre concret de l’album, débouchant pourtant sur la piste la plus difficile d’accès… Les sons sont abrasifs au possible, on peut toujours courir pour trouver une mélodie salutaire. Comme si Autechre avaient voulu nous donner le faux espoir d’enfin trouver une oasis de verdure dans ce futur ordurier et désenchanté, pour mieux nous asséner que non, il n’y a point d’eden ici bas… clairement industriel, aucun semblant d’espoir ne transparaît de ce “the trees”… seul des parasites pourraient faire penser à du vent courant entre le matraquage.


Dernier titre, “Sublimit” va mourir sur plus d’un quart d’heure… Il démarre avec une rythmique rapide, sèche, un peu comme “LCC”, avec des “bips bips” bien caractéristiques… 3min30, break, on croirait plonger dans un morceau de funk complètement détruit… comme un vieux vynil funky défoncé par le nouvel ordre établit… les sons se voient parasités par des rythmiques électroniques qui s’entrechoquent d’elles même… Puis le morceau va lentement se calmer, entamer une longue descente à partir de 7 minutes… tout deviens de moins en moins complexe, des voix (?) fantomatiques succèdent à certains sons, mais la base martiale métallique reste, résiste… les plaintes se font de plus en plus présentes…
C’est superbe, on a l’impression de tomber dans un tunnel sans fin, avec pour seule compagnie machines et âmes tournant autour de notre tête…


Certains privilégient une grosse montée en puissance à la fin de leurs albums… Autechre va opter pour une descente, un effondrement de plus de 15 minutes…

Il ne reste plus rien…



Incontournable…








Videos µ° 2

Posted in Chroniques on February 13th, 2008 by Dat'


Stay Another Season





2eme Salve :













Dj Rolando aka the Aztec Mystic – Jaguar / “Jaguar” ( Underground Resistance )















Daedelus – Sundown / “Denies The Day’s Demise” ( Mush / Ninja Tune )










Dat’








Tepr – The Deadly Master Of Rappers From Hell

Posted in Chroniques on February 11th, 2008 by Dat'


Tepr Empereur




Il existait un groupe qui, pour moi, cristallisait ce qui pouvait se faire de mieux en France. Ce groupe, c’était Abstrackt Keal Agram, composé de deux bretons ayant accouchés de trois albums inoubliables. Conviant les plus belles forces de l’électronique, du Hip-hop et du Post-rock, A.k.a était LE groupe à suivre, à découvrir, à dévorer si l’on était en manque de musique. Le groupe qui perlait à chacune de mes discussions sur la musique electro-hiphop made in France. Le groupe que je continue de conseiller aux étrangers que je rencontre sur ma route, de l’Angleterre au Japon. Mi-2007, l’aventure se termine, les deux membres voulant se consacrer à leurs projets solos respectifs. Fortune d’un coté, et Tepr de l’autre.

Tepr avait commencé à balancer des albums bien avant l’explosion de la formation. Le mec a d’ailleurs eu un chemin assez peu commun : En marge du groupe Aka, démarré à morlaix avec trois bouts de ficelle et une boite à rythme, Tepr sort un premier disque presque anonymement. Excitant les rares suiveurs de Aka à l’époque. En parallele, le bonhomme, avec son confrère d’Aka, ainsi que Robert le Magnifique et Psykick Lyrikah se tuent à la tache pour pondre la bande son de l’expérimentale pièce de théâtre/hiphop/électro Hamlet. Le résultat, imprimé sur deux disques (suivant l’évolution de la pièce) est excellent, mettant en valeur un spectacle ovni, à voir absolument sur scène.


Mais Tepr, c’est aussi (et surtout) un deuxieme album sorti en 2005, “Cote Ouest” que je considère majeur dans la vague d’électro “à la française” qui emerge ces dernieres années. Un petit chef d’oeuvre de mélodies putassières, de claviers super crades, de montées libératrices, de nerderies 8bits, d’eurodance pilée et de hardcore bontempi. A mille lieux de ce que pouvait faire Abstrackt Keal Agram, mais d’une qualité extrême. Un truc ultra jouissif, qui fit vomir les adeptes d’électro sérieuse, mais envoya au ciel les autres. Qui défonce encore la majorité de ce qui peut sortir avec une étiquette hexagonale, 4 ans après. Le troisième essai solo, dans la même veine, fut un peu moins saisissant, bien que toujours branlé en diable. Entre temps, le mec arrive quand même à se faire repérer par le Boss d’Anticon, SOLE, pour bosser certains titres de son album “Live From Rome”. Les américains n’ont toujours pas du se remettre des déflagrations synthétiques balancées en fin de disque.





Bref, malgré un parcours foisonnant et sans écueil notable, le type aurait du rester derrière ses machines, dans l’ombre du semi-anonymat que doivent gérer bons nombres de producteurs électroniciens. Pourtant Tepr est, depuis 6 mois, archi connu, sans que personne ne le connaisse vraiment. Paradoxe. Il tourne dans le monde entier, collabore avec M.I.A, mais surtout fait danser tous les amateurs de Tecktonik et squatte même le plateau de la Star Academy.

Parceque à Morlaix, en plus de Abstrackt Keal Agram (et du viaduc), il y a Grandmarnier et Yelle. Une bande de potes, inséparables. (Faut dire qu’à Morlaix, il vaut mieux en avoir, des potes) Yelle, plus besoin de la présenter, elle est sur toutes les bouches, tous les plateaux de Tv, entre son duo avec Micheal Youn “Parle à ma main”, sa charge contre Cuizinier et son “à cause des garçons”. Justement ce dernier titre a été supplanté dans les ventes par son remix Officiel Tecktonik réalisé par Tepr.



En attendant de voir (avec une grande curiosité) ce que va donner la carrière du bonhomme après cet énorme coup de projecteur (et la tournée mondiale de Yelle), on prend un vinyle, et on fait un Rewind de folie pour s’intéresser à son indispensable premier disque. Loin des sons pétaradants et fluos de la suite, The Deadly Master of Rappers From Hell est un petit indispensable, d’une beauté effarante, avec une direction sonore unique depuis le virage (extrêmement bien négocié) de Tepr par la suite.













Sous le digipack cartonné orné de ces excellents petits artworks se cache un enregistrement turbulent. Ce disque n’aura pas dut sortir sous cette forme. Et n’a failli ne jamais exister. Le disque dur de l’ordinateur de Tepr ayant tenté de se suicider, le travail de ce dernier disparaît à jamais dans les limbes brumeuses de l’informatique. Reste alors sept pistes, sept morceaux, pour former un ensemble déjà conséquent, mais marqué du sceau « et si celle là avait disparue aussi ? ». Quoi que l’on en dise, le Pc de Tepr devait être sacrement mélomane, vu les diamants qu’il a choisi de nous laisser avant de crever.







Si il y a bien quelque chose qui n’a jamais changé chez Tepr, c’est l’utilisation des claviers cheaps et crasseux. Prairie commence justement comme cela. Avec une ligne, presque mortuaire, d’un synthé tout pourri. Qui avance, qui s’étire tranquillement, qui prend son temps, dodelinant en changeant de fréquences. Coup derrière la nuque, un rythme énorme, fracassé, extrêmement sec, déboule sans prévenir, fait exploser les divagations bien sereines de l’introduction. Et la marche va se poursuivre, lentement, offrant en pâture ce clavier nonchalant à une multitude de coups de couteaux, à ce beat semblable à des jets de verre pilé. Mais une nappe cristalline, absolument sublime, se pose en spectatrice, chapeaute le tout sans s’impliquer réellement dans le conflit, pour une montée finale à tomber par terre, rivalisant avec ce que l’on peut faire de meilleur dans le genre. Elle vous transporte, vous envoie en une seconde au dessus des nuages, et se retire avec la même grâce, vous laissant seul et con devant une beauté si évidente. Pourtant, le titre est fait avec rien, ou presque… Trois notes de claviers, une cadence accidentée, point barre. Mais il est impossible pour tout amateur de musique électronique vaporeuse de ne pas tomber à genoux devant un titre pareil.

Yto et Krow Ta arpenteront des chemins bien différents. Le premier va charcuter un semblant de piano par une vraie volée rythmique, giclant littéralement dans tous les recoins de vos tympans. On est proche d’un exercice coutumier à Prefuze73, Tepr s’amusant, comme l’américain à disséquer des millisecondes de samples d’instruments acoustiques pour les accoupler avec une structure sautillante, en constante mutation. Quand à Krow Ta, c’est le remix de At Work titre de Robert le magnifique, qui lui avait déjà réinterprété un titre d’Abstrackt Keal Agram. La boucle est bouclée. Le résultat enterre l’original. On est en pleine cavalcade chaotique, jonglant constamment entre la mélopée candide et les beats menaçants. Impossible de reprendre son souffle, le manège tourne trop vite. Pourtant, en sa moitié, le morceau se calme, break sur une nappe lugubre, superbe. On baigne dans une ambiance purement cinématographique, la scène se fixe, le temps est suspendu, paralysé. On regarde, on scrute autour de soi, comme si un immeuble entier allait nous tomber sur la gueule. Mais la marche, beaucoup plus lourde, plus traînante doit reprendre. Le beat nous pilonne, lourd, mais tout en retenu. Tentant de reprendre le pas de course sans jamais réellement y arriver. On frole la perfection.









Nous n’y sommes pas reprendra la même construction que le titre ouvrant l’album. Une longue longue divagation synthétique, ici parsemé de parasites et bleeps en tout genre, va se déployer sur plus de deux minutes, ouvrant ses bras pour vous étouffer avec une assurance inquiétante. Les mains choppent votre gorge, tout explose, avec pour métronome une guitare électrique bien sombre, tonnant comme jamais au milieu cette compo décharnée, rapidement submergée par des sons industriels paraboliques, histoire d’agoniser dans un dernier râle bien âpre.
A la première écoute, il est clair que le titre qui marquera tout le monde (et à raison) est bien Xersate. Morceau le plus secoué du disque, il jouit surtout d’une ampleur incroyable : On peine à décrire la claque, stupéfié par cette bombe « Drum & 8 bits », explosant de toute sa superbe, réattaquant chacun de ses passages par un tonnerre de rythmiques, de plus en plus ramassées, de plus en plus rapides, pour finir dans une orgie de break cristallins, le tout allongé sur un clavier superbe. Extrêmement bref dans sa durée (on dépasse à peine les 3 minutes), ce titre n’en est pas moins gigantesque par sa force, dans son aggressivité, qui tranche avec le reste des ambiances du disque.








Mais le sommet du disque, que dis-je, de la musique du breton dans son ensemble, c’est bien ce Tepr Empereur. Je ne sais pas si ce dernier était impressionné par son morceau au point de l’affubler d’un titre aussi direct, mais le mec ne s’est clairement pas trompé. Car c’est avec ce morceau que l’on peut définitivement se rentrer dans la tête que Tepr est un grand de la musique électronique française, en groupe comme en solo. On l’entend en haut de sa pyramide, nous balancer ce morceau absolument sublime, tutoyant les 8 minutes. L’introduction, longue, toujours, est d’une beauté folle. Pesante dans ses prémices, elle va rapidement s’ouvrir à l’aide d’une discrète guitare acoustique, et de simili-violons à pleurer. Le tout prend le temps de s’éclaircir, de s’envoler, timidement, pour accueillir de la meilleur des façons une rythmique sourde, appuyée, mais beaucoup moins envahissante que précédemment. On ouvre nos ailes pour aller flirter avec les cieux. Pause. La boite à rythme ferme sa gueule, laissant la mélodie briller de tout son éclat, imprimer une tension de plus en plus prenante, comme si elle était prête à vriller. Mais contrairement aux explosions rythmiques précédentes, on va basculer ici dans le sublime, invoquant les plus belles forces du Shoegaze et de l’électronique, vous balançant une nappe à vous arracher le coeur, emplissant tout l’espace de votre cerveau. La montée finale est indescriptible. C’est chuter dans un gouffre insondable, tout en se dirigeant immanquablement vers le soleil, les larmes aux yeux, le rire aux lèvres. Même Boards Of canada ne ferra pas mieux trois ans après dans son Campfire Headphase.
Je suis sûrement le seul à le dire, mais ce Tepr Empereur est pour moi LE morceau d’electronica parfait. Le morceau que j’aimerai faire si j’avais eu un peu de talent. D’une beauté, d’une tristesse, d’une profondeur effarante. Le genre de titre qui semble vous arracher les viscères, vous tirer des larmes imaginaires avec une violence impensable. Qui vous laisse con, crevé, anéanti après son écoute. Qui résiste à une centaine de relecture. Rien que pour ce titre, l’album mérite d’être traqué chez son disquaire, d’être commandé, même en étant à l’autre bout du monde.

Le pire, c’est qu’après ce choc, Tepr a bien compris qu’il ne fallait pas repartir pour un tour, pour un titre “normal”, qui allait forcément devenir inutile après un monument pareil. Il ferait donc d’Hier Soir le prolongement du précédent. Sa longue conclusion. Dénuée d’infractuosité. De simples nappes grandiloquentes, pour digérer la mandale, pour continuer à dégringoler dans ce puit de tristesse, de beauté. Un piano, lugubre pour escorter le tout. Une longue marche funèbre, vers la mer. Car au terme de cette composition glaçante, majestueuse, se débattent des vagues échouant sur la plage. Un resac constant, reposant, qui engouffre petit à petit le disque en son entier.






Il ne reste plus que l’obscurité, les vagues, et nous même, perdu dans cette immensité, à contempler, érrant sur cette plage, la conclusion d’un petit album incroyable.




Tepr a bien pondu en 2003, avec ce The Deadly Master Of Rappers From Hell ce qui se fait de mieux, de plus beau, dans l’électronique française.

















7 Titres – Idwet
Dat’











Une Feuille Noire – Etrange Cercle

Posted in Chroniques on February 8th, 2008 by Dat'

La feuille au fond du puit…




Un an…
Il y a des groupes que l’on découvre au détour d’un rayon.
On ne connait strictement rien d’eux.
On a la chance que la borne d’écoute reconnaisse le code barre du CD.
On a la chance d’écouter le premier titre.
On a la chance d’avoir quelques euros dans sa poche, et on achète, à l’aveugle, pleinement convaincu des 3 premières minutes, en lâchant mentalement un “Putain la claque, je garde le reste pour chez moi, j’achète!”







Le Digipack déjà, ultra classieux, surtout pour un groupe indépendant “anonyme”. (Un trio Nantais)
Très noir, nous distinguons néanmoins une school-girl avachie, inerte, comme soutenue par des fils de marionnettistes invisibles…
On ouvre, un CD, un DVD.
Et quelques phrases énigmatiques.
Et je repete, le boitier, de l’art à son design en passant par ce qu’il contient, est vraiment excellent, j’adore.



LE titre, c’est Activate première piste du Cd.
Une voix féminine fantomatique, sur le fil, légère. Quelques grésillements pour envelopper le tout. Mais Des la première minute, un son Enorme débarque sans prévenir. Le beat grince comme jamais, c’est âpre, métallique, dur. Ce rythme m’a laissé sans voix à son premier assaut.
On obtient 5 minutes de Trip-Hop glaçant, industriel, crasseux au possible. C’est noir comme la mort. Au casque la sanction est immédiate.
Comme entendre un morceau de Portishead, où Goeff Barrow aurait troqué ses platines contre un rouleau compresseur.


Démence commence directement sur une grosse nappe de sons indus mais aériens au possible… ce n’est plus la rythmique qui est abrasive, mais la texture sonore en elle même. Cette piste me fait penser au “Spaced” d’Alif Tree, mais enterré sous 10 mètres de cadavres. (Au passage, disque immanquable que ce “Spaced”)


Syncope Mentale assure le nécessaire avec des basses fracassantes, lourdes au possible, clochettes innocentes et une guitare criant brièvement la mort. Le texte est en français, ce qui étonnera au premier abord. (Texte ne laissant transparaître aucune lueur d’espoir.). Chanson laissant sa place au destructeur Kikoïne avec toujours un son de synthé sorti d’outre tombe, ultra crade, le Sieur et la Dame se partageant le micro.




La suite fera presque dans le sans faute, avec un Incolore semblant tout droit sorti des ténèbres, avec des basses presque hardcore et une mélodie chargé et menaçante. Le break laissant place à une sorte d’orgue n’en est pas moins angoissant, pour repartir de plus belle dans les sonorités du commencement. Petit bémol pour le chanteur, qui en fait un peu trop sur ce coup là, la voix pouvant quelque peu gêner l’immersion dans le sarcophage. Never en prendra le contre pied, avec un synthé grave mais “clair”, et une atmosphère beaucoup apaisée. Le male en fait encore un tout petit peu trop, et l’on accueille avec bénédiction la Dame Lilou et du troisieme compere “DNA”, qui portent le morceau vers des hauteurs transperçant les nuages noirs et épais des prémices de la piste.


Nous passerons Too proud, Too pretty qui est surtout Too pas grand chose, le morceau restant sur la même ligne du haut de ses 6 minutes… Seule déception de l’album, ce qui est d’autant plus préjudiciable car le rythme défoncé est excellent et la guitare très belle…


Mais la conclusion de la galette sera heureusement amenée avec brio grâce au génial Conditio², suivant de très près le magnifique premier Activate
Tout en progression, le morceau prend son temps avec des nappes sombres et crades enveloppant la voix de Lilou.
Tout accélère, le rythme se fait de plus en plus appuyé, une guitare intervient, c’est excellent. Un peu comme un morceau d’Ezekiel période Barbary, toujours en plus sombre.





Le DVd lui, offre une autre facette du projet, avec trois clips et un court métrage accompagné d’une version de “Never” étirée sur 10 minutes. (Sans compter les photos de hautes qualités et autres “goodies”.


Je me doute que ce CD ne fera que peu d’adepte. Déjà certains n’encadrent pas les trips “Sombres” tirant vers le “Torturé”, le “Gothique” d’un point de vue visuel (j’aime pas ce mot utilisé pour cataloguer tout et n’importe quoi, mais cela vous donne au moins le “contour” de ce que je veux vous décrire.) La pochette faisant foi, on est pas là pour se marrer. Mais la musique en est tellement profonde et âpre, que tout ce qui l’entoure en apparaît subitement et clairement justifié.
Ce qui est d’autant plus étonnant que ce groupe Electro / Trip-hop / Indus sort donc de la scène électronique, et non pas de l’engorgée scène rock drapée de noir et de corbeaux…


Les seuls petits problèmes que l’on pourrait soulever sont les textes du mec un peu trop… “Trop”, tout comme sa voix, sur deux titres.
Pour le Reste, c’est juste du tout bon, avec du coté feminin (predominant) la Lilou portant le disque de sa voix faussement timide, désespérée, tentant de se frayer un chemin dans l’amas de métal agencé autour d’elle. L’Ambiance est étouffante au possible, on est pris à la gorge (notamment sur Activate), les reperes sont perdus, comme dans une marche funebre faite d’acier…




Et surtout, ils ont leur propre univers, bien loin des clichés de la musique actuelle, qu’il soit visuel (DVD ultra travaillé) comme sonore. Ils n’ont pas l’air de tricher. Et c’est sûrement le plus important.



Imaginez Massive attack période “Mezzanine” se faire sodomiser par Manu Le Malin, Avec Nine Inch Nails les saignant au fer rouge.






Et écoutez “Activate” bon dieu !


Black Dice – Load Blown

Posted in Chroniques on February 7th, 2008 by Dat'


Origin of Psychiatry





Cela fait pas mal de temps que j’avais envie de dire quelques mots sur le dernier Black Dice, qui peut largement se prévaloir, sans hésitation, d’être l’album le plus étrange de l’année dernière. Cette semaine, apres m’être coltiné un objet qui ferait passer la dernière livraison d’Alizée pour un chef d’oeuvre expérimental, deux solutions s’offraient à moi : Devenir dépressif ou me lobotomiser à nouveau avec de la musique totalement absconse. Et pour le coup, ce Load Blown s’y prête à merveille.

Black Dice, c’est un collectif américain démarrant sur les bancs de la Fac en faisant de la Harsh Noise malaxée au rock et à l’electronica. Les mecs signent directement sur DFA Record (James Murphy aka LCD soundsystem, mine de rien) et Fat Cat, avant d’échouer dans la maison Paw Tracks, repaire des allumés Animal Collective. Ce qui, inévitablement, conduit Black Dice à être catalogué dans cette mouvance émergente portant aux nues, à raison, des groupes tous plus cramés les uns que les autres. Pourtant, et même si la formation a clairement aérée sa recette musical, Black Dice est assez loin dans la forme des élucubrations géniales d’un Panda Bear. Passer de l’un à l’autre sans être prévenu risque même de provoquer une lourde crise de démence.












Ce qui est déjà bien, pour la première fois avec un disque de ces trois New-Yorkais, c’est que l’on va éviter les Spasmes vomitifs en regardant leurs pochettes. (Ce qui, vous en conviendrez, peut être gênant lors du passage en caisse.) Non, on serait même presque attiré par cet artwork mêlant images tronquées et couleurs discutables. L’intérieur du disque, lui, nous resservira la surcharge de collages réglementaires pour toute galette du genre.






Je dois clairement vous faire part de mon étonnement. On peut danser sur du Black Dice. Si si. Bon ok, si votre fenêtre est ouverte, vous risquez fortement de finir aux urgences en HP, dénoncé par des voisins apeurés, pensant qu’une réunion satanico-hippy-arty-droguée se déroule dans votre appartement. Oui, parce que s’il reste possible de remuer son popotin sur les morceaux de ce disque, il va falloir clairement laisser toutes considérations sociales au placard, et accepter le risque que votre cerveau coule par vos oreilles apres environ 30 minutes de traitement…
Et pas besoin d’une introduction doucereuse pour vous le faire comprendre. Kokomo vous balance le concept en pleine gueule, avec une violence peu commune mais pas agressive, reposant sur une ligne de basse gigantesque, saturant à tout va, partant complètement en couille au grès des coup de butoirs balancés par le groupe. C’est fait, une minute, vous êtes déjà les esclaves de Black Dice. L’ossature est absolument monstrueuse, faisant trembler le sol sous vos pieds, sans pour autant bourriner sur le rythme. Le son est tellement grave et rugueux qui en devient aussi épais qu’une mélasse indescriptible. C’est “l’attaque de la moussaka géante” mise en musique. Le pire étant ce sample innommable, complètement défaillant, qui chapeaute le tout, comme si l’on tapait avec un marteau sur un jouet déglingué, jusqu’à la folie. Pourtant, ce passage à tabac lymphatique, cet espèce de Hardcore passé au Bullet Time reste étrangement entraînant, presque excitant. Black Dice vient de créer la marche militaire du futur, composée de soldats aliens ravagés par la drogue, marchant en zigzag avec les fusils dans le cul, baïonnette comprise.

On restera encore plus dans l’expectative avec Roll Up, qui semble comprimer un sample tribal jusqu’à overdose, poussant le tout dans une stridence aquatique, aucunement gênante d’un point de vu sonore, mais extrêmement dérangeante niveau perte de repaires, surtout quand on entend pointer ces petites mélopées tordues, passées à vitesses diverses. Encore une fois, le tout est étrangement attirant, avec une « tribalité » sous jacente pas piquée des hannetons (attention mots savants) Du moins jusqu’au deux tiers du morceau, avant qu’une saturation énorme débarque sans prévenir, façon, “ Hey les mecs, je viens de trouver un vieux sample de la tondeuse à gazon de Dj Shadow, je viens de mixer ça avec le bruit de moteur d’une formule 1 emboutie par un tracteur, ça rend bien non !? ” Merci pour la trouvaille, sponsorisée par les aspirines du Rhône.







Tribal. Terme qui prend tout son sens dans cet album. Black Dice s’amuse de la construction de transes enflammées pour les mixer avec une noise électro expérimentale étourdissante. Le groupe délaisse les longs bidouillages sonores (et parfois stériles) pour se plonger dans une démarche plus directe, plus viscérale, mais non moins déglinguée. Et c’est avec Gore que l’on va comprendre pleinement le concept. Car Gore est une tuerie absolue. Il faut imaginer une tribu au fin fond de la jungle matraquer ses fûts en dansant autour du feu, hurlant à la lune, pendant que les Black Dice, tapis sous des peaux de bêtes, balancent des déflagrations gigantesques, surhumaines, à faire pâlir le plus revêche des Dinosaurus, même nappé de son plus beau chocolat. Le rythme va rendre fou tout bassin normalement constitué, appelle nos instincts les plus primaires, censurés par notre bienséance habituelle. L’envie de crier, de sauter sur le mobilier en arrachant ses vêtements pointe obligatoirement. Gore, c’est partir à la chasse en pleine Amazonie, avec guitares électriques et boites à rythmes pour armes blanches. Imparable. Je ne vous parle même pas du final inhumain, vous noyant dans un torrent de bruit blanc, d’explosions, de saturations, transformant la partie de jambe en l’air en véritable massacre. Pourtant la progression se fait le plus naturellement possible, tant l’aliénation est inévitable des les premiers instants. Grand titre.

On continuera dans le trip aborigènes-torturés-dans-une-usine avec Scavenger, morceau bruitiste complètement déséquilibré. Essayez d’imaginer des Bulldozers Caterpillar tentant de taper la discute avec une broyeuse de voiture, le tout en plein milieu d’un concert de Reggæ, avec des tahitiennes qui vous filent des colliers de fleurs à chaque déhanchement obscène de votre part pour éviter des tirs de lasers relativement dangereux. Oui voila, on y est presque, Black Dice nous sert le premier morceau de musique tahitienne industrielle. Un marché de niche qui a de l’avenir, Universal peut sécher ses larmichettes.








La folie va aussi être séchée, par Drool. Elle va s’avérer en tout cas plus pernicieuse, plus discrète, mais tout aussi perverse. Beaucoup plus calme, cette composition va distiller sur un rythme toujours endiablé (mais ici étouffé) une fluette mélodie sortant de flûtes taillées à même les tibias, pour une sorte d’hypnose reptilienne proche des expérimentations de Panda Bear, les trois accords de guitare en moins. On se croirait plongé dans un rythme d’initiation, de passage à la vie adulte, terriblement sensuel, avec une musique qui ne se fait pas trop prenante pour ne pas bouffer et empiéter sur l’importance de l’acte se déroulant sous nos yeux. Intriguant. Hypnotisant.
Pas autant que le claudiquant et nauséeux Toka Toka, semblant de danse du ventre bourrée à la vinasse, et parsemé de grondements électroniques. Presque harassant par sa structure flinguée, le titre va basculer au bon moment sur une petite litanie déglinguée et toute candide. Passez vous un disque de maloya la tête dans un micro-onde embué de zamal, et vous serez encore loin du compte.

Le traumatisme n’en sera que plus grand au moment où Load blown va rebasculer dans les digressions du début, avec ces saturations et zébrures soniques gargantuesques. Bananas en traumatisera plus d’un, avec son rythme semblant retranscrire la chute d’une goutte d’eau dans sa flaque amplifié mille fois, métronome d’un lit sonore hermétique cousu par une masse d’harmonicas/accordeons ( ?) lancinants, et de scriiitttchhfiiiiizzzz biens sentis. La musette de grand père revisitée par Merzbow. Musette qui va basculer, apres quelques hululements de rigueurs, dans une electronica mystique et avant-gardiste, renvoyant aux tentatives les plus lugubres d’un groupe estampillé Warp.
Manoman aliénera les derniers téméraires, apres une entrée de piste d’un bruitisme rare, nous foutant dans une longue fresque oscillant entre Game-boy lacérées au rasoir, beatboxing sous Lsd, percussions épileptiques et incantations saccadées. Le tout s’emballe parfois, tenant une frénésie sur une trentaine de secondes avant de retomber dans son processus de lobotomisation sectaire. Guitare folle ou hurlements d’un démon retenu prisonnier depuis des siècles, impossible à savoir, mais Manoman va invoquer un son ultra crade, plaintif et massif, perçant la bonne marche du tout d’une façon lugubre, à vous glacer le sang à la première incursion. On imagine vraiment des zozos danser avec des masques effrayants en répétant jusqu’à overdose les mêmes exorcisme, autour d’un corps torturé à mort, ce dernier laissant perler de brefs râles de douleurs essoufflés et désespérés au milieu de ce tableau cauchemardesque. Des grands malades.












Ouaip, des grands malades, vraiment. Impossible de se pencher sur ce disque sans prendre le risque de partir en courant, en se demandant qui a bien pu être assez fou pour financer un truc pareil. (Certes, en écoutant le dernier Panda Bear, le brouillard se dissipe assez rapidement) Et pourtant, cette nouvelle livraison de Black Dice est beaucoup moins opaque et fastidieuse que leurs précédents opus. (Bon ok, je défie tout le monde de ne pas avoir envie de se défenestrer apres avoir écouté 3 fois d’affilé le titre bottom Feeder ) On tape dans le rythme, on bastonne, on se fait plaisir, au lieu de noyer les auditeurs dans des bidouillages en tout genre. Les mecs se lâchent totalement, et nous emportent dans un alien musical qui n’a que très peu d’équivalant.

La seule comparaison pertinente qui me viendrait à l’esprit pour définir ce disque est de dire que Black Dice est à la musique tribale ce que Christine 23 Onna est au rock 60’s/70’s :
Une base foncièrement remuante, dansante, évidente qui se retrouve noyée, détruite, concassée, torturée par un torrent de musique Noise et autres expérimentations en tout genre.



Mais il est clair (et c’est sûrement l’une des premières fois dans ces pages) que conseiller ce disque est tout simplement suicidaire. Il est presque impossible de prévoir la réaction de quelqu’un devant un disque pareil, même en analysant d’une façon minutieuse son background musical. Personnellement, je trouve ce Load Blown énorme, fasciné par la démarche d’un son unique, complètement flingué, et pourtant profondément directe et entraînant. Submergé par cette recette liant rythmes tribaux étourdissants dans des brisures et des grondements affolants. Certains titres sont imparables, impressionnants, comme Gore, Kokomo ou Scavenger, et le tout respire le déséquilibre et l’hallucination à plein nez.

Beaucoup vivront Load Blown comme une agression, comme une invitation effrayante à basculer dans la folie, à éviter absolument. Certains verrons un exercice musical stérile et sans queue ni tête. Peu vivront ce disque comme un gros fix du meilleur psychotrope que l’on puisse trouver sur le marché apres la came refilée aux producteurs de Cascada.




Dans tout les cas, impossible de prévoir le résultat. Impossible de conseiller (ou déconseiller ce disque). A tester absolument. En aveugle. Mais le premier qui met un “satisfait ou remboursé” à coté de ce disque est aussi cramé que les musiciens de Black Dice, et n’aura clairement pas peur de voir les finances de son commerce chuter dans un gouffre insondable.




Black Dice attendra, au fond, pour une dernière danse psychotique.










Black Dice – Kokomo









10 Titres – Paw Tracks
Dat’









Atari Teenage Riot – 1992 / 2000

Posted in Chroniques on February 6th, 2008 by Dat'

Never Forget The Hardcore Riot





Atari Teenage Riot un de mes groupes culte. Un nom qui en jette un maximum. Et la façon de le poser sur les pochettes, c’est juste du grand art. Pour englober une vraie bourrasque sonore.


Quand est sortit cette été le Best Of de ce groupe, je ne pouvais pas le louper.



De gauche à droite : Nic Endo, la japonaise venue rejoindre le groupe en 1997 pour apporter un son encore plus “noise” et dur que précédemment, Carl Crack chanteur/MC malheureusement mort d’une overdose en 2001, Alec empire, qui compose et produit les morceaux en prenant parfois le micro et Hanin Elias, hurleuse hystérique du groupe…



Le groupe s’est formé en 1992 pour réagir face au mouvement électronique allemand tendant plus que largement vers l’extrême droite, ainsi que l’atmosphère fasciste latente et plus que présente dans l’Allemagne du début des 90.
ATR va rapidement se forger une réputation de groupe Anti-Nazi, anti-fasciste, anti-capitaliste, anti-globalisation avec un discours férocement (parfois trop) engagé…
Et on peut dire qu’ils ne vont pas y aller avec le dos de la cuillère pour protester, que ce soit au niveau de la musique comme de leurs revendications…
Un mélange de Hardcore electro et Hardrock hurleur, tendant parfois presque vers la Gabber pour l’electro et le Grind pour le coté “rock”…
Quand aux paroles, elles sont criées, scandées et balancées avec toute la rage possible et imaginable… Le tout avec des basses Hallucinantes qui feraient trembler un immeuble…
Mais ATR, ce n’est pas que cela. Et le Best Of est parfais pour se rendre compte de l’évolution et de la richesse des morceaux.


Les premiers titres d’ATR proposent pour la majorité une instrue faite de beats hardcore techno faisant exploser les BPM et de gros riffs de guitares. Tout cela fait furieusement penser au “Fat Of the Land” de Prodigy avant l’heure, en 10 fois plus puissant…
D’ailleurs le problème d’ATR, c’est d’avoir bridé mon plaisir de la découverte du fabuleux Fat of the Land. Quand tout mes potes s’extasiaient sur le son massif du groupe anglais, mes oreilles avaient déjà subies le chaos du disque “delete yourself”. L’écoute de la musique en était changée…

Et malgré cette recette somme toute peu changeante, les titres oscilleront du gros tube Dance/Rock presque kitsch Speed à la tornade Hardcore Midijunkies jusqu’au Grind metal Start the riot qui écrase tout sur son passage…
On croira même reconnaître le riff de smell like teen spirits de Nirvana transformé en rouleau compresseur électronique au détour du titre atari teenage riot
Même si le style va évoluer avec le deuxième album, en ouvrant un peu plus le style de leurs compos, avec par exemple Destroy 2000 years of cultures, gros Big beat Hardrock (impossible de ne pas penser aux morceaux futurs de Prodigy après l’écoute de ce titre d’ailleurs), ATR va atteindre le firmament avec l’arrivée de la grande et belle Japonaise Nic Endo, qui va clairement rénover le son d’ATR le tirant encore plus vers le chaos et destruction, en foutant une bonne grosse dose de Noise, d’industriel et de distorsions mélodiques…





Les morceaux tirés de l’album ultime 60 Seconds Of Wipeout et présents dans le best of en attestent :

Revolution Action titre génial, va balancer entre gros rock, big Beat et passages Noise/industriels, Too dead for Me va devenir un hymne pour désaxés et le fabuleux Western Decay supprimera les gros beats pour laisser les gueulards s’exciter sur de grosses nappes ultra crades… (On pleure que le titre Digital Hardcore ne soit pas sur la compil, représentant le titre le plus extrême du groupe, une orgie de Noise que l’on croirait sortie tout droit de chez Merzbow)

Le clip de Revolution Action, parlons en… :

Rapidement censuré aux USA pour cause de
“Violence sur jeunes cadres dynamiques americains”
(véridique, et relayé par de nombreux medias, cela participe à sa légende) il a méchamment tourné en boucle sur MTV/MCM en 1999 chez nous… tous ceux qui squattaient un peu leur télé à cette époque doivent se souvenir de cet alien… A ma connaissance, je crois bien que c’est un des rares morceau avec de la noise ayant tourné en boucle à la TV aux heures de grandes écoutes (quoique le come to daddy d’Aphex Twin se défend bien)


“revolution action”



Toujours pour parler musique, le groupe a mine de rien collaboré avec Rage against the machine ( le titre Rage ), Slayer, the Arsonist ou carremment Nine Inch Nails, les deux groupes faisant une tournée énorme et cultissime pour la sortie du Fragile de NIN et du 60 seconds Wipeout de ATR… Les Beasties boys ont sorti les albums d’ATR sur leur label aux USA. Certains les compareront avec les « Public Enemy » du hardcore. Ils deviennent véritablement cultes là-bas ainsi qu’au Japon (ils sont toujours dans l’inconscient collectif d’ailleurs) et leur musique va être utilisée dans de nombreux films…




Mais il n’y a pas que la musique qui transparaît dans ATR.
Car ils ont des choses à dire. Ayant une haine farouche contre l’extrême droite allemande bien servie par les skin-heads dans les 90’s, ils vont s’attirer les foudres de ce milieux avec des titres comme Deutschland Has got To Die, Hetzjagd auf Nazis (Hunt the nazis) ou encore Burn Berlin Burn. Sans oublier les pochettes qui énoncent la couleur sans détour.
L’album future Of War va même être “bannis” de l’Allemagne en 2002 (six ans après, allez savoir pourquoi…) et donc interdit de vente. Le titre Death Of A President va lui aussi faire tressauter la censure…
Des “débats” politiques seront organisés parfois après les concerts et il n’était pas rare qu’Alec Empire s’assoit sur le bord de la scène pour échanger points de vues et revendications avec le public.

Le seul problème est que le thème de la révolution et des émeutes peut être un peut trop redondant sur les deux premiers albums, dans les paroles comme dans les pochettes, clips etc etc…


“rage”



Les membres du groupe se feront même arrêter en plein concert, qui prenait place dans une manifestation anti-quelque chose, cette dernière s’étant transformée en guerre des tranchés avec une centaine de policiers allemands… (Je ne posterai pas la video, carrément chaotique… )
D’autres concerts vont se faire envahir par des skin-heads pour virer en affrontements incontrôlés… la folle ambiance quoi…


Mais cela n’entache pas la qualité et la puissance façon rouleau compresseur des compositions d’ATR. Le groupe a pris fin en 2001 quand Carl Crack est mort d’une overdose (Il était carrément stone lors des derniers concerts…) alors qu’un album devait sortir peu après. Il restera dans les valises d’Alec Empire. Et tous les fans attendent le coeur battant de voir si la galette sortira un jour… (Négatif selon Alec)



?Too dead For me?,peut être le single le plus « facile » d’ATR

J’ai découvert ce groupe en 1996-1997 en pleine période Prodigy / Chemicals Brothers and co avec “delete yourself”… Je crois bien que à la première écoute, ce disque m’avait fait peur, mais me fascinait en même temps. Et de voir un Tetsuo en énorme dans la pochette de l’album, alors que ce même gamin est en pleine lecture des “Akira” pour la première fois de sa vie, cela marque un homme… Je n’ai d’ailleurs jamais pu dissocier le manga Akira du groupe ATR depuis… Certains morceaux se collent d’eux même sur des pages du Manga…
Forcement, à mon jeune age, je ne comprenais pas vraiment la teneur politique du disque, qui fait partie intégrante du groupe et de sa musique.
Mais on peut écouter ATR de cette même manière aujourd’hui, pour peu que les revendications violentes du groupe gonflent certains…
Mais c’est passer à coté d’une facette du groupe qui, si elle n’est pas toujours cautionnable, est toujours vraiment intéressante… Les contestataires en herbes seront ravis…
En grandissant un peu plus, j’ai pu comprendre l’ampleur des propos d’ATR, et leur influence en Allemagne au début de leur carrière…


Comme toute formation sortant des sentiers battus, ATR a beaucoup de détracteurs. Mais ce Groupe pourra aussi rassembler les publics d’electro-hardcore et de Metal-hardrock. Et c’est bien le principal…

Ce groupe a une aura, et on manque un peu de gars de cette trempe aujourd’hui…


Deux phrases glanés sur le net sympas pour conclure :

In the same way that everyone should own a Bob Marley CD, because nobody dislikes Bob Marley, everyone should also own an ATR CD, because just about everybody you know will hate it. Its a piece of history and something to treasure (…) Even if you do play it only once a year, you’ll love it every time you do.


Dans les années 90, Atari Teenage Riot était classé dans le genre “Electronica”. Mais en réalité le groupe n’avait rien à voir avec ça. C’était surtout trop avant-gardiste, trop radical dans la vision des choses et dans la forme, peut-être juste trop fort et trop bruyant pour l’époque ! (fnac.fr)










Clark – Turning Dragon

Posted in Chroniques on February 1st, 2008 by Dat'


Ceramic is the Bomb





Clark. Apres un Body Riddle absolument fabuleux, j’attendais ce nouveau disque comme le messie. Body Riddle , outre une beauté et une force à couper le souffle, dégageait une vraie perfection sonore d’un point de vue strictement technique, séparant d’un gouffre ce disque avec toutes les précédentes sorties dans la musique électronique. (Voir musique tout court). A vous dégoûter de passer des heures à travailler la texture d’un son, d’une nappe, d’un rythme. Ecouter Body Riddle , c’est comme prendre des cours de production, mais avec les yeux embués de larme vu le sublime du tout.

A successeur annoncé, prières déclamées, Ep retourné. Le Throttle Promoter a étonné. Résolument dancefloor, avec une couleur presque cheesy, il désarçonne. Dérange. Mais on s’y fait, pour deux raisons : Des pistes ultra bien foutues. Mais surtout une signature sonore toujours présente, avec des basses et une profondeur de champs absolument énormes. Mais un tout assez anecdotique au final, surtout comparé à ces anciens travaux.

Alors la nouvelle livraison arpente t’elle le même chemin que cette mise en bouche ?

Aucunement. Car si Turning Dragon tabasse dur, il va le faire avec une noirceur, une puissance et une dimension plus qu’inattendue.













Les artworks du disque ne vont pas faire dans la dentelle. Apres vous avoir arraché le coeur, Clark va vous déchirer les oreilles. Et en montre la bonne marche façon Van Gogh, en se sectionnant ces dernieres avec un sécateur. Ce qui ne donnera pas vraiment d’explication à la créature de la cover, qui est inspirée des dessins de Dope Pope pour l’artbook Metalman project. Excepté un semblant de malaise.









Vous arracher les oreilles. Dès les premiers secondes. Le titre ouvrant le disque, New Year Storm est gigantesque. Un rythme martial. Colossal. Etouffant. Un vrai coup de poing en pleine face. A peine a-t-on retrouvé ses esprits que Clark pousse le vice de rendre le tout encore plus puissant. Un vrai attentat sonore. A la première écoute, on imagine simplement qu’un boeing s’écrase sur notre tête. Que l’objectif n’est ici que de nous retourner comme une merde, de nous exploser en mille morceaux. Mais il est évident que ce petit génie des textures nous réservait quelque chose de plus subtile. Apres avoir encaissé le choc, en se penchant un minimum sur la construction de cette violation de notre intimité sonore, on se rend compte de la complexité du titre. Tout est fait dans la superposition de textures, de saturations. Le pied, ultra-massif, balaye tout sur son passage, mais cache une forêt de crissements qui balayent l’espace d’une façon plus qu’affolante. Alors que l’on saute déjà de tous les cotés en se cassant les vertèbres contre nos murs, Chris Clark décide de faire muter le rythme techno en Hip-hop protéiforme, hésitant à repartir de plus belle devant ce lit de synthés sombrant de plus en plus sur des notes mélancoliques, avant de s’abandonner dans un torrent de mélancolie et de retenue. Sur Body Riddle , Clark faisait pleurer ses morceaux avant de les faire plonger dans le chaos. Ici la démarche est contraire. On commence dans une Free-party, on fini en sanglots dans les égouts.
Ce titre est écrasant, d’une violence, d’une frénésie et d’une beauté rare. Ecouter New Year Storm, c’est se complaire dans la perversité d’un Windowlicker d’Aphex Twin sodomisé par un Manu le Malin, devenu fou après une écoute intensive de Rollin&Scratchin’ des Daft Punk. Je vous jure, je n’avais pas eu une telle envie de faire trembler mon immeuble depuis un bail. Quand au sempiternel couplet sur la profondeur du son de Chris Clark, il est inévitable ici. La puissance du tout est absolument dantesque. A vous faire sentir le “souffle” à l’autre bout de votre pièce. Même les morceaux de mecs comme Das Glow semblent avoir été enregistrés en mono sur un I-pod première génération à coté de cet ouragan.

Et même si le terme de ce premier titre s’enlise dans une noirceur dépressive, on entend pointer en sa toute fin un semblant d’ambiance délurée, d’une ivresse collective. Comme quand vous vous retrouvez, ivre mort, le nez dans les poubelles d’un club qui vient de vous éjecter manu militari. En tentant de s’affranchir d’une brume alcoolisée épaisse comme trois murs, on perçoit d’une façon ultra étouffée les basses, les cris, les synthés stridents s’échapper de l’interieur de l’établissement. Alors on prend son courage à deux mains, on se lève tant bien que mal, on se fraie un chemin entre deux videurs à l’ouest et on accède une nouvelle fois au saint graal dancefloor : Les portes s’ouvrent, les lumières éblouissent des pupilles déjà bien dilatées, le deuxième titre s’enchaîne directement, la musique vous saute à la gueule. C’est Volca Veins, espèce de tube défoncé, à la rythmique Trance / Jungle folle, épileptique, chapeauté par une voix putassiere qui distille des paroles difficilement intelligibles, à base de “Ooooh baaaby” “I hooope you machin love” et autre “Feel craaazyyy”. Ok, Clark fait de la Dance/Rave de fin du monde, en se permettant de rajouter des sirènes, des lasers et des “Piou Piouuuuu” pour bien enfoncer le clou. Jouissif comme jamais. Evidemment, la fin va encore se nécroser sur elle-même et s’éteindre dans une ligne sourde et grésillante.









Loin d’être sur les rotules, Clark donne l’impression de convier Mr Oizo sur le complètement barré Truncation Horn. On se croirait presque dans Moustache (Half a Scissor) avec ce beat concassé, semblant bugger, déraper, foirer sur certaines mesures, chapeautant des voix hachées dans tout les sens. Mais la comparaison ne tiendrait pas une seconde si il n’y avait pas le Mojo funky de Oizo, concrétisé ici par une nappe synthétique affolante, agressive, sortant des enfers. Monstrueux.
Tout clubber ravagé jusqu’à la moelle creve un jour ou l’autre. La musique se fait plus dure, on flirte avec la Techno minimal et sombre. Les basses sont sèches, les zébrures métalliques fusent. L’orientation est toujours aussi rentre dedans, mais le titre For Wolves Crew hésite, malade, nauséeux, entre la techno de cave et l’oppression complète. Si l’on démarre sur les chapeaux de roue, attaqué encore de plein fouet par un rythme bourrinant les tympans, on perd rapidement la raison, on tressaute assailli par les beats lentement effacés par de longues plages planantes et sublimes. On est rapidement transporté dans l’univers cotonneux de Boards Of Canada avec ces nappes discordantes, qui montent, nous enveloppent, rendent le rythme secondaire, effacé, presque inutile. Les saturations, impressionnantes, tentent encore de vous réveiller, de vous tirer de ce songe dissonant, sans succès. On se laisse happer, petit à petit, dans une longue chute semblant aléatoire, nous offrant des paysages complètement différents à chaque clignement de paupières, devenues plombs avec l’abus de psychotropes.
Violenl tente le dernier sursaut, le spasme final d’un début de disque ultra agité, mais cale au beau milieu de sa cavalcade crasseuse, avec ce martèlement presque indus qui va se faire avaler peu à peu par des synthés paraboliques, au goût très Autechre, façon sanglots d’androïdes survivant au chaos.










Oui, ces deux titres impriment une vraie rupture au sein d’un disque qui va replonger dans les teintes plus évasives et pétries d’émotions de Body Riddle . Et le titre qui représente au mieux cette volte-face est bien le mirifique Arch Of The North. D’une beauté pétrifiante.
L’amorce du titre est pourtant assez effarante, vous plongeant dans un véritable tunnel à une vitesse folle, avec ce son pesant et presque imperceptible, comme le bruit du vent pour seul témoin d’immensité d’une plaine désertée… Dans ce tunnel défile des zébrures de synthés, fantomatiques, tonitruants, parasités par la dimension de l’écrin.
Comme écouter un live avec les oreilles enfoncées dans du ciment. Ne percevoir qu’un brouhaha incessant, percé de stridences versatiles. Apres une brève incursion Acid, le titre va basculer sur une mélodie sublime. Un synthé cristallin, qui chiale et qui vous fais chialer avec lui. Qui vous arrache les tripes à pleines mains afin de sécher ses sanglots. Gémissements divins. Le tunnel se transforme en gouffre insondable. Avec pour seul compagnon de chute, une détresse, une mélancolie impossible à déchiffrer. Ca vous prend la gorge, et cela ne vous lâche qu’au moment ou votre corps gît inanimé, disloqué au fond du trou. L’un des tout meilleurs titres de Clark. Difficile d’en dire plus.








Il essaiera bien de nous amuser, nous rassurer avec Hot May Slides, son beat syncopé et sa petite mélopée guillerette, mais rien à faire, le morceau va encore s’échouer sur des nappes lugubres, fragiles, arpentées par des coups sourds. Mercy Sines, c’est aussi de la mélodie avant tout. Ce sont des nappes décharnées qui tournent à n’en plus finir, saccagées par un rythme ramassé, sale. Qui se muent en voix, en complainte, avant de repartir dans de subtils carillons.

Le fétard torturé des premières heures est en train de errer dans des rues crades, le visage trempé par les larmes. A la recherche d’un semblant de lumière. Un vrai bad-trip. Il va trouver son salut avec Beg. Comme un dernier sursaut d’orgueil. Il se jette corps et âme dans cette cavalcade Rave dantesque, avec cette introduction de fou furieux. Une vraie salve pour psychotique. Un mur de claviers ultra agressifs, un rythme hardcore, le sol tremble. Mais la fureur est factice. Elle se mortifie encore, devient pale, assourdie. Elle se perd dans les échos. Elle s’efface même devant une mélodie tristounne, fluette, presque trop candide comparé au viol sonore la précédant.

Dernière marche, dernier rempart, Penultimate Persian. On ne se cache plus. On balance la machine, les synthés les plus beaux que l’on a en stock. On pense irrémédiablement à la série Analord d’Aphex Twin. Par ce que c’est trop beau. Trop puissant. Trop maîtrisé. C’est la pop song électro parfaite. Le truc trop bizarre pour être apprécié, et trop évident pour être ignoré. Quand au clavier débarquant sans prévenir vers 2minutes 30, c’est le coup de grâce. Le truc qui sublime le morceau. Qui le sanctifie. La simplicité extrême jumelée avec la grandiloquence totale. Qui peut se prévaloir d’une telle conclusion pour un album de musique électronique? On est au paradis. Avec “Turning Dragon”, Clark nous a fait visiter les Raves anglaises, les rues crades, les gouffres puant la mort, et nous envoie ici directement au septième ciel pour méditer sur tout ça. A crever de bonheur.











Allez. J’ai longtemps cogité sur une conclusion du genre : Quel est le meilleur des deux albums entre Body Riddle et Turning Dragon ? Le premier est tellement impressionnant d’un point de vue production, mais cette nouvelle galette marque un tel changement de cap dans la façon d’aborder la musique de Clark.

Mais on pourrait tourner des heures en rond, impossible d’en tirer une conclusion valable. Il est clair que Body Riddle ne sera toujours pas dépassé en terme de puissance et de qualité de son. Même par son propre successeur. Il a aussi une “force” émotionnelle presque unique. Mais Turning Dragon est gigantesque. Il est plus tape à l’oeil, indéniablement. Ca rutile, ça bastonne, ça crache de tout les cotés. La qualité sonore, même si elle est un peu plus en retrait, reste impressionnante. La puissance du tout est époustouflante.

Turning Dragon, c’est un peu le négatif de Body Riddle. Les deux disques explorent la même faille : Mêler chaos et beauté pure. Mais si le précédent le faisait ravagent le sublime à coup de tessitures impressionnantes, Clark va ici opter pour une recette bien plus simple. Faire exploser les structures à coup de rythmiques monumentales. Beaucoup seront désarçonnés, voir déçus, par ce choix sans compromis, et clairement inattendu au vu des précédentes livraisons. Compréhensible. Reste à s’investir, à supporter cette pluie de coup pour écouter un disque indispensable, d’une beauté et d’une violence folle.


Cette conclusion est nulle à chier. On va s’arrêter là pour énoncer une évidence :





Avec ce disque, et évidemment tous ses précédents, Chris Clark rentre dans le panthéon des plus grands compositeurs de musique électronique.















Teaser Album Sampler mp3 Part.1
Teaser Album Sampler mp3 Part.2
(Click droit / Save)








11 titres – Warp
Dat’









Clark – Body Riddle

Posted in Chroniques on January 27th, 2008 by Dat'


Paradis Artificiels…





Mea culpa.

Tout enflammé à la sortie du dernier Venetian Snares, j’ai proclamé ce psychopathe comme le représentant, le meilleur successeur de l’après vague Aphex Twin, conjuguant talent, beauté et folie dans chacune de ses compositions.

Une semaine après, je tombe par hasard sur une annonce proclamant la sortie d’un nouveau disque de Chris Clark ( juste “Clark” pour l’occasion) toujours sur le mirifique label WARP.

Malgré trois ans séparant son chef d’oeuvre imparfait “Empty the Bones of you”, comment ais-je pu oublier ce type?

Car il est clair que si un artiste peut se targuer d’être dans le sillage des plus grands de l’électronique, c’est bien Chris Clark, en regard avec tout ce qu’il a pu nous servir jusqu’à maintenant. (Pas assez d’ailleurs)

Si Venetian Snares est le pendant énervé de l’IDM d’aujourd’hui, Chris Clark en propose une facette bien plus intimiste, mais non moins fracturée…






Fébrile avant de démarrer ce disque. Deux semaines d’attentes interminables avant de goûter aux nouveaux titres de Chris Clark.

Et des les premiers secondes, je ne suis pas déçu : Herr Bar se joue de tout, avec ses notes de boites à musiques noyées petit à petit dans des vagues de nappes alternant entre puissance et intimité.
Le titre monte en force jusqu’à emplir entièrement nos oreilles, jusqu’à prendre littéralement l’ascendant sur toute structure possible. La puissance du son est impressionnante, occupant tout l’espace alloué tant bien que mal par notre casque. Les beats fracassent une sorte de chaos sonore, ou la mélancolie du début, complètement annihilée, laisse place un mur de son imposant.

Il faut savoir que Body Riddle va sur les deux tiers de son contenu opter pour la même recette, une mélodie claire et fragile qui va petit à petit se fracasser à un marasme sonore, à une déstructuration complète tendant vers la destruction des maigres bases du morceau ou au contraire à l’apaisement clairement instable. Mais rassurons les oreilles sensibles, cette destruction n’est jamais agressive, jamais désagréable, toujours dans la maîtrise et la beauté d’une totale perte d’équilibre, d’une explosion divine sur le fil.




Herzod en est aussi un digne émissaire. Dénué de toute violence, de sons, beats ou basses appuyés, le titre repose sur un enchevêtrement de lignes de synthés triturées à l’extrême. On a l’impression d’écouter un son en 3D se mouvant aux grés de la volonté de Clark. Les nappes sont claires, belles à crever, pour finir dans un mille feuilles de saturations complètements décalquées. L’amateur qui se laissera abandonner dans paysage décharné sera automatiquement touché en son fort intérieur.



D’autant plus que TED, le succédant directement, pourrait en étonner plus d’un. Gros Synthé débarqué de nul part qui va se faire exploser par une rythmique Hip-Hop ultra appuyée. On lève un bras, et on fait du headbanging en solo. Le morceau, toujours au bord de l’explosion, file nous donne envie de se jeter dans la pièce après un quart d’heure d’expérimentations beaucoup moins directes. Ted échouera dans une crique bien mois accueillante que le départ, avec un rythme aride et fracassé, et cela seulement pour quelques secondes.

Roulettes Thrift Run continuera à élever le tempo avec une rythmique flirtant avec la drum and bass, zébrée d’éclairs métalliques, avant de renouer avec un semblant d’ossature HipHop sur l’ouverture de l’excellent Vengance Drools. La pression va marquer des temps d’arrêts, pour laisser vivre une ambiance fantomatique, avant que le rythme massif revienne violenter le tout. Et l’apparition de cliquetis mélancoliques ne va pas calmer Chris Clark, qui va littéralement les éviscérer avec un son d’une saleté et d’une rudesse hallucinante. Les choeurs décharnés finaux ne nous relèveront pas, le choc est rude, le morceau gigantesque.




Entre temps, Clark aura le bon goût de laisser vivre des ambiances calmes et ambiant sur les interludes Springtime Epigram et Drew on the mouth, et balancer un violon en pâtures à des synthétiseurs sans pitié avec Frau Mav jouant à le balader sur de véritables montagnes russes. La fluette mélodie tentant d’intervenir à la moitié ne fera pas le poids non plus face à ce véritable ras de marée de sons.




Entamant la dernière ligne droite de l’album, Matthew Unburned casse littéralement la gueule avec son piano dissonant malmené par des saturations cradingues et un rythme Abstrait lorgnant encore avec un Hiphop mutant et malmené. Mais la qualité de cette piste devient indiscutable lorsque qu’un semblant de violon s’enroule au piano pour monter dans les hautes sphères de la mélodie planante. Tout se calme, comme un champ de bataille déserté par les conflits. On se fait malmener à l’ouverture pour mieux planer pendant tout le coeur du morceau, avant de repartir de plus belle, bousculé par ces beats imparables.
Du grand art, et un incontournable de “Body riddle”.




Pour nous achever, débarque sans crier gare LE chef d’oeuvre de l’album, Night Knuckles.
Pourtant seul Morceau non électronique à proprement parlé, il émerveille avec cet enchevêtrement de sonorités toutes droit sorties de boites à musiques. On ne peut pas faire plus touchant. Il faut imaginer un morceau Drill and Bass, ou tout son serait remplacé par ces cliquetis symbolisant la pureté même.
Ce morceau me tue, me broie les viscères, m’écrase le coeur. Les yeux fermés, je suis transporté comme rarement j’ai pu l’être auparavant. La première écoute, après tous ces titres ultra-electroniques, fut un choc. La mélodie est belle comme la nuit, angélique, touchante et mélancolique au plus au point. Une vraie balle dans le ventre.
Alors certes les effets d’une musique sont très subjectifs, mais il m’est impossible de rester de marbre devant ce ravissement de tous les instants… Même si certains n’y verront qu’un “morceau-sympa-avec-des-bruits-de-boites-à-musique-dedans”. La structure du morceau, et ses sonorités font immédiatement penser à certains morceaux de “Drukqs” d’Aphex Twin, ou du fabuleux morceau Nannou du même génie. Mais ce dernier se fait écraser devant la maîtrise de Night Knuckles. Merci pour ces 4minutes.



Encore sonné par ce titre, ainsi que tout le contenu de cet album de géant, Chris Clark va nous donner l’occasion de redescendre sur terre avec la longue plongé de The Autumnal Crush courant sur 8 minutes.
Et il ne va pourtant pas nous ménager sur l’ouverture. La très belle mélodie va se faire rapidement submerger par un vrai bloc de sonorité, poussé à la saturation. Et pourtant, on plane comme jamais. Cela crache, se déchire dans nos oreilles, on se fait valdinguer comme une vulgaire poupée sous les assauts de ce véritable tsunami industriel.
C’est superbe.
My Bloody Valentime a inventé les murs de guitares.
Chris Clark désacralise les murs de synthétiseurs.

Puis la rudesse des sons va laisser place à 4 minutes d’une longue chute dans le noir, le tout s’éloignant avec un dégradé presque imperceptible pour s’éteindre le plus calmement du monde.





Reste alors un fabuleux disque électronique, comme un condensé de tout ce qui peut se faire de meilleur dans l’electronica, et particulièrement sur le Label WARP. Cela faisait longtemps que ce Label n’avait pas sorti un disque de cette qualité. Sorti le même jour que le dernier Squarepusher, l’un des plus grand nom de la même maison, il se trouve un peu dans l’ombre. Mais la qualité est incomparablement supérieure.


On peut lire sur le blister de l’album Trax qui énonce : “D’aussi haut, jamais chaos ne parut si beau.”
Ils se trompent, nous ne surplombons pas ce chaos. Clark nous plonge la tête en plein dedans.


Sorte de brassage de bien des influences au sein de son monde musical, il se pose surtout comme le My Bloody Valentine de l’électronique. Tout en ayant une forte personnalité extrêmement forte, en proposant quelque chose de vraiment singulier et intimiste.







L’un des meilleurs disques d’electronica qui m’a été donné d’écouter depuis quelques années.







Video non officielle, mais rudement bien foutue.














11 titres – Warp
Dat’








Videos µ° 1

Posted in Chroniques on January 26th, 2008 by Dat'

Singes




J’ai eu une idée révolutionnaire en traînant sur un site underground très peu connu : Youtube. (et son énigmatique petit frère dailymotion)

Loin de moi l’envie d’inonder ses pages de vidéos sans article.
Non. Juste une seule fois par mois, pas plus, proposer deux ou trois vidéos, sans distinctions de genre, sans thème particulier, sans direction précise :


On aura donc pêle-mêle des vidéos pourries habillant de superbes morceaux, des vidéos superbes habillant des morceaux pourris, des vidéos superbes habillant de superbes morceaux, des petits chef-d’oeuvres oubliés, des morceaux super connus pas oubliés, de petites vignettes dépassant à peine le couple de minutes ou de longues élucubrations tirant sur la dizaine, des expérimentations inaudibles ou des tubes limpides et imparables…

Tout en essayant évidemment de proposer des mélopées sortant un minimum des sentiers battus. Car au final, l’art d’accompagner une musique en image est parfois tout aussi plaisant que celui d’en écouter simplement.


A apprécier avec les yeux et/ou les oreilles.





Première salve :









Kode9 & Spaceape – 9 Samourai / ?Memories Of The Future? (Hyperdub)











Cornelius – I Hate Hate / ?Point? (Matador)










Dat’







Akihabara 1

Posted in Chroniques on January 26th, 2008 by Dat'
Akiba, Electronique, Maids, AsoBitCity et Bonus d’acceleration


On revient sur des videos direct from Japan avec deux videos (toujours de mauvaises qualités, on ne change pas une équipe qui gagne) d’une courte balade dans l’axe principal d’Akiba…
(Ne vous inquietez pas, je n’ai pas une crise d’epillepsie/envie subite de courir dans la premiere video, elle accelere toute seule sans que j’en connaisse la raison…)

Suivrons des photos dans le prochain article…

Les deux videos se suivent…

http://s13.photobucket.com/player.swf?file=http://vid13.photobucket.com/albums/a285/datura333333/Akiba1.flv“>” target=”_blank”>Akiba1

http://s13.photobucket.com/player.swf?file=http://vid13.photobucket.com/albums/a285/datura333333/Akiba2.flv“>” target=”_blank”>akiba2



Setsubun Bean Unit – Setsubun Bean Unit

Posted in Chroniques on January 21st, 2008 by Dat'


Strange Music For Strange People






Des gens bizarres, il y en a partout. Les gens bizarres, ils aiment bien les gens bizarres. Alors ils se retrouvent, et font de la musique bizarre. C’est un peu ce qu’on fait les zozos de Setsubun Bean Unit. Cette formation, c’est la rencontre entre 4 anglais bizarres et 6 Japonais(es) bizarres. Le plus drôle, c’est que c’est un autre mec très bizarre qui a repéré le groupe, et qui les signe sur son label. Vous devez peut être le connaître, il a fait un album entièrement composé de sons enregistrés dans sa cuisine, ou un autre avec des bruits “corporels”, tout en produisant les albums de la chanteuse de Moloko ou de Dani Siciliano… Oui, le grand Matthew Herbert, pour ne pas le citer. Alors comme ce dernier, ils aiment le mélange, le télescopage de genre, la folie douce d’une musique enfumée, guillerette et étrange.

Bienvenu dans le premier disque de d’Electro-Funk-Traditionnel-Japonais-Jazzy-Expé-sous-acid.













En passant sur le packaging cartonné remplit d’exclamations japo-anglaises, tout démarre par Gujo Ondo et son trombone bien grave, ronchonnant sur une rythmique sautillante, inondée de tintements cristallins. Boum, le chant Japonais, très traditionnel dans l’âme, donc voix féminine chevrotante, un peu crécelle, va en gêner plus d’un : “Ouai c’est quoi ta compile bizarre que tu viens de voler dans un resto jap underground là ?”. Certes, on peut penser cela. Mais avez-vous l’habitude de lécher votre soupe Miso accompagné d’une fanfare claudicante, noyant le chant d’intro dans un déluge de sons bordéliques, fusant de toute part, sorte de Jazz de dessins animé puant la cocaïne. Le tout zébrés de bruits non identifiés, comme si cette fanfare était parsemée de petits bugs incontrôlés.

Ces petites digressions électroniques vont être au coeur de l’excellent Rettsu Hissu, proposant un Dub acoustique, lorgnant du coté de Lazarperry ou DAAU et donc sautillant, joyeux et beau comme la nuit. Sauf que dans le commandos des haricots, on aime la débauche et la perte de repères, ici traduites par une composition lacérée d’effets Noisy et de réverbérations dubesques, poussant certaines échappés acoustiques dans l’expérimental, plongeant le titre dans une structure imprévisible et fracassée, alors que le tout s’annonçait aussi gentil et bondissant qu’une trottinette bovine. C’est plaisant, entêtant, mignon, et surtout complètement flingué. Ce morceau, c’est un peu Christine 23 Onna qui tient la main à High Tone pour danser autour d’une Fanfare d’alcoolos.








Et même si ce titre est un incontournable du disque, LE morceau de ce Setsubun Bean Unit se cache juste après : du haut de ses 8 minutes, Fire Festival impressionne. Pire, il glace le sang dans ses prémices. Car pendant trois minutes, c’est la tête plongée dans une ambiance de temple, là où l’on tape sur des disques avec des diamètres qui se comptent en mètre, là où des moines hululent à la grâce des esprits, vous niquant la cornée pour au moins deux mois en vous balançant de la fumée corrosive afin de former le plus imperméable des brouillards autour de votre enveloppe corporelle. Bref, c’est beau, planant et mystique. Mais les maigres percussions qui se faisaient entendre jusqu’à vont s’intensifier, se regrouper, se réunir après une longue recherche des troupes dans le noir le plus total. Battements de tambours, break, on se retrouve dans une Drum and Bass de toute beauté, accélérant jusqu’à plus soif, propulsant le titre dans les plus hautes stratosphères extatiques que l’on puissent imaginer. Une Drum and Bass pure, de grande classe, forcément acoustique, composées de battements ultra-rapides de baguettes et percus boisées en tout genre. Quand les incantations féminines reprennent de plus belle, tentant de dompter ce rythme fou, c’est pour mieux nous arracher le peu qui nous sert d’échine, avec un final fleurtant avec la Transe incontrôlée. Sublime. On n’était point autant tombé en pamoisons devant un tel exercice depuis le « Sonic Traveler » de Dj Krush.









Il va s’en dire que le Slow folklo-Nippon d’avant guerre ( ?!? ) proposé par Tora San permettra de reprendre un tantinet son souffle. A danser langoureusement serré contre sa belle, avec la condition sine-qua-non que cette dernière soit vêtue de son plus beau kimono bleu. Ou qu’elle soit raide défoncée (et vous avec). Au choix, et histoire de se préparer avec béatitude au déséquilibre mental menaçant toute personne posant une oreille curieuse sur Akita Ondo :
On tentera de schématiser en parlant de nanas crachant un semblant de Hip-hop sur une effervescence de carnaval composé de gros dragons, cerfs volants multicolores et mecs habillés en jaune poussins qui sautent de partout en faisant la toupie, mais on sera encore bien loin du compte. Surtout que le titre, après s’être agité dans toute votre boite crânienne, va mourir d’une façon bien mystérieuse, presque irréelle, laissant le silence envelopper peu à peu les rares instruments n’ayant pas encore perdu l’équilibre, ces derniers avortants au dernier moment une nouvelle partie de jambe en l’air.

Tsugaru Jinku sonnera alors presque normal après ça, avec son ambiance claudicante et le chant japonais encore bien traditionnel. Sauf que très vite, le titre va basculer dans une simili-drum and bass, un peu plus bordélique pour le coup, mais toujours entraînante, menée par un hautbois déchaîné, pour retomber quelques minutes plus tard dans les élucubrations japonisantes des demoiselles du commando, accompagnées d’une voix grave d’outre tome, implorant les démons à cracher sur votre tombe. Erik Truffaz meet l’art du Kabuki.

Alors quand la conclusion se profile avec le génial Lion Dance, on ne peut qu’être triste de lâcher cette bande de dingues complètement allumés. Ce dernier titre, c’est une construction superbe, ronde et agréable, penchant vers les musiques d’Europe de l’est, qui va peu à peu se muer en petite libellule d’émotion, aidée par ce xylophone caressant la colonne du morceau avec ivresse, pour laisser les instruments à vent instaurer un ton plus grave, plus lourd, s’enfonçant peu à peu dans des saturations électroniques. Mais la fête bat toujours de son plein, et dodeline toujours avec une bonne humeur communicative, pour un dernier baroud d’honneur, une dernière levée rigolarde, la bouffonnade de fin, cachant derrière son grand sourire une petite ride de tristesse, à vous attendrir pile au moment où le silence se fait malheuresement roi.










Oui le Setsubun Bean Unit est un commando de musiciens drôlement dérangés. Oui, il faut être un peu frappé soit même pour accueillir un disque pareil sans avoir envie dans la minute qui suit de plonger sa tête dans une montagne d’éléphants roses. A dire vrai, excepté le trop hermétique et placide Moon River Is A Swanp, tout dans ce disque respire le bon gros délire assumé jusqu’au bout des baguettes.

C’est original, bordélique, complètement à coté de la plaque, et surtout profondément jouissif.

Qu’une envie, se replonger dans cet univers déglingué encore et encore. Il est clair que cet ovni ne plaira pas à tout le monde, et qu’il passera difficilement après une écoute intensive de Portishead. Mais si l’on met toutes considérations rationnelles de coté le temps de ce Hanabi musical unique en son genre, on risque de prendre un pied assez monumental à l’écoutes de ces vignettes taillées à la serpe folle.
Un groupe à suivre, assurément, tant ce premier disque des Setsubun Bean Unit est une étonnante et inattendue reussite.



Bizarre. Mais surtout jouissif et absurde au possible.










8 titres – Accidental
Dat’










Ez3kiel – Battlefield

Posted in Chroniques on January 18th, 2008 by Dat'


Goodbye Sober Day





Qu’il est loin le temps prospère de l’ère Naphtaline. Les sourires à chaque coin de rue. Les saltimbanques pleurant leurs mélodies pour seules plaintes dans notre royaume. Les enfants courant dans les chants, s’amusant à faire tinter leurs carillons et clochettes. Les parents berçant la famille entière au coin du feu en laissant courir leurs doigts sur le piano de la chaumière. Les doigts courent maintenant sur des manches d’épées. Les bras ne moulinent plus pour récolter du blé mais pour trancher des têtes. Un an à peine Naphtaline, notre royaume a rebasculé dans le conflit, la guerre, qui n’était pourtant plus qu’un lointain souvenir depuis la fin de la période Versus. Alors on se prépare à la plus grande bataille que l’on ait connu sur les terres d’Ez3kiel.

On sert les rangs, on regarde au loin, on touche le soleil avec le glaive, et on hurle, en courant vers ce maelstrom d’armure et de sang.













Intérêts politiques, pécuniers ou simple envie de tuer, rien n’explique pourquoi les peuples se sont de nouveaux embrasés. Pourquoi la colère gronde après des années si paisibles. Les signaux étaient pourtant au rouge. Le calme entraîne la tempête comme on dit. Alors on reprend les hommes des foyers. On enrôle n’importe quel gamin ayant la force de tenir une branche, si jeune soit-il. Les insoumis seront de toute façon irrémédiablement écartelés. On marche en rang, on chante, on se soutien, on se porte, jusqu’au premier champ de bataille.

Volfoni, l’une des principales têtes de la dernière guerre, avait déçu lors de son dernier combat. Trop statique, trop mou. Il pleurait encore la perte des ses plus fidèles camarades, à cause de cette erreur de jugement lors de sa complainte Naphtalinienne. On savait alors qu’il allait faire des dégâts lors de la prochaine campagne, qu’il allait avoir à coeur de meurtrir les lignes adverses comme il n’avait jamais pu le faire auparavant. Cette bataille, cette première saignée dans le coeur ennemi, c’est la Volfoni’s Revenge. Le choc démarre pourtant timidement: Les deux armées se scrutent, se jaugent, dissèquent les futurs cadavres. Mais il faut courir. Vers la mort. Le ton est donné, la trompette résonne, sonnant le glas d’une existence encore trop tranquille pour les plus jeunes, qui n’ont connu que l’air Naphtaline. Un premier coup de guitare, c’est le coup de massue. Et l’explosion. Les corps qui volent, les têtes qui roulent, La rage, les hurlements, le Métal est là. On sent son odeur, encore plus présente que le sang. Les Guitares, violentes, pleuvent sans distinction. Au milieu, Volfoni éructe. Il se souvient des vieilles tactiques de son maître, devenu fou, John Zorn. Le but est clair : détruire toute âme qui vive à coup de Harpes pour métalleux bien violents, noirs, sombres, le tout sur des percées Jazzy affollées. Une tactique expérimentale certes, mais qui laisse les adversaires bouches bées. Assommés par tant de violence. Il ne reste plus rien. Notre armée Ez3kiel a développé une fougue, une violence, une rage sur ce Battlefield sans communes mesure avec les exercices précédents.









Il faut bien terminer le boulot. La formation adversaire est complètement désarçonnée, surprise, éclatée. Les soldats détalent de partout, tentent de fuir ce Maelstrom métallique qui semble tout écraser. Alors on sort les Haches. Pour couper la tête des rampants. Ouvrir le ventre des fuyards. Offrir une averse de tripes au dieu Soleil. Les bourreaux Spit On The Ashes et affluent vers la masse grouillante. Un homme est là pour guider, organiser cette lugubre démonstration. Une voix éraillée, âpre, malsaine, tout droit sortie du clan Neurosis. On sent que ce lieutenant en a d’ailleurs tiré des enseignements : La marche est émaillée d’une ambiance qui pourrait être tirée de « The Eye Of Every Storm », si l’on excepte le féminin bras droit qui donne de la voix lors des refrains, pour redynamiser les troupes.
Mais la douceur n’est pas dupe, et s’efface pour les exécutions finales. On ne distingue plus rien. La barb4ry est à son paroxysme. Le lieutenant vocifère, rentre en transe, tandis que la pluie de sang brouille les visages, sous les arceaux dessinés par des guitares électriques ultra-appuyées, prêtent à tout décimer. Violence. Explosion. Acharnement. Encore et encore.

Les troupes rentrent donc triomphantes de ces premières hostilités. On déambule sur le chemin du fort, la tête haute, les yeux embués de larmes. On regarde la lune prendre de l’ampleur dans un ciel ombrageux. Beaucoup se taisent. Glacés par tant d’excès. Mais certains sortent leurs instruments. Histoire, avec The Wedding, de fanfaronner dans le recueillement. Evident que le leader s’occupe encore de cet instrument aux cordes grondantes et sourdes. Mais on accompagne le magma métallique d’un accordéon. Les faciès restent stoïques, alors l’accordéon pleure. De tristesse, de mélancolie. Et cette ronde tourne, tourne, monte, tutoie les cieux. Les cuivres sont alors priés de s’élever. De communier. Oui, les guerriers restent stoïques, mais ils tremblent tous sous cette chape musicale belle comme la mort. Etonnant de voir ce bien sombre cortège, revenir avec autant de grâce, d’aplomb. Certains tomberaient à genoux devant tant de sublime.








Mais malgré une implacable première victoire, de retour dans son royaume, il est toujours bon de voir le vieux sage. De se rendre dans l’antre du savoir, de l’humilité, du recueillement, d’Alignement son esprit sur celui des forces de la nature. Le vieux sage du royaume, Blu Rum 13, qui a autre fois servi sous les ordres de One Self et Reverse Engineering, se terre dans une caverne de glace qui surplombe le royaume. Même les yeux fermés, il voit. Les champs de bataille, le bon vivre de la cité, les amis tombés, Les trahisons, les coups d’éclats, il voit. Alors il nous explique, tire un bilan de la situation, de sa voix grave et posée. Seulement accompagné de tintements et d’échos, réverbérations naturelles de son habitat glacé. Même les plus sceptiques sur la bonne santé mentale du prêcheur écoutent. Se taisent. Car le moment est sublime. Impose le respect. Un hip-hop gravé dans le givre qu’ils disent. Le sage nous permettra même de nous aventurer un peu plus en profondeur de sa cave, seuls cette fois, pour un moment encore plus paisible, pour plus introspection, sur Lull. Dans ces profondeurs bleutées, le souvenir de la calme ère Naphtaline n’a jamais été aussi proche.








Il est temps de repartir. Planter l’estocade finale dans une entité déjà bien entamée. Pour que la victoire soit totale, il faut user d’une botte secrète. Que l’effet de surprise ait raison de toute tentative de résistance. A dire vrai, Ez3kiel avait déjà usé d’un effet semblable pour clore en beauté, pour enterrer toute envie de rébellion en utilisant une certaine composition, « Requiem for a Dream ». Personne ne s’y attendait, Personne n’a survécu. Alors après une longue table ronde, l’armée a décidée d’adapter une très célèbre, et ancienne, tactique usitée il y a des siècles. La fameuse “Danse des Chevaliers” d’un ancien maitre de guerre reconnu : Serguei Prokofiev. La dernière entité à l’avoir utilisé fut “Roméo Et Juliette”, ici renommée The Montagues And The Capulets
A la perfection. Cela marche à la perfection. L’effet de surprise est total. L’armée d’auditeurs est restée paralysée à la première charge, estomaquée par tant de sublime. Chaque coup de rythme est immense, gigantesque. Une vraie vague déferle sur les caboches adverses. La démarche claudicante est millimétrée. Toute notre armée pose le pied sur le terrain au même moment. La terre tremble. Comme si une bête monstrueuse fondait sur vous. C’est hallucinant de beauté, de gigantisme. Et quand le ballet classique se transforme en tornade, le maelstrom humain qui se risquait à la résistance se mue en une simple motte de beurre. La plus grande attaque de notre campagne, LE morceau de choix de ce véhément Battlefield.
Pour terminer dans la furie la plus totale, on laisse nos hommes se transformer en monstre. Faire preuve de brutalité extrême. De s’abandonner dans Firedamp, à la sauvagerie, à la frénésie, à la démence. Deux minutes d’une bourrasque de chair, un torrent de Grindcore, d’étripement Hardcore. Une vraie boucherie. La réalité n’est plus qu’une notion vaine et oubliée. Seul le mal, le sang, la haine compte, fait voler en éclat toute rationalité musicale.

Le sol n’étant plus qu’un entassement de viscères, de tripes et de crânes défoncés, l’armée lâche les armes. Et s’en retourne discrètement vers leurs foyers, marchant timidement dans ce Wagma d’ossements. Murailles démesurées. Les portes grandes ouvertes, femmes et enfants chantant, criant le bonheur de retrouver leurs barbares d’êtres perdus. Alors on fait tonner les guitares, violemment, une dernière fois, pour rendre hommage à ce Battlefield qui fauchera bien des âmes. Liesse. Headbanging.









Comme tout grand conflit, s’acheminer vers Battlefield est difficile. On refuse le conflit sur les premiers instants, on veut retourner aux périodes les plus tranquilles. En se demandant comment ces dernières ont pu autant voler en éclat, comme les pages regulierement déchirées durant ce Battlefield. Il est évident que passer de l’ère Neo-Classique à l’age sombre du Métal-Rock ne se fait pas sans heurt. Mais, très rapidement, la soif de violence, de brutalité, d’agression s’installe, et l’on s’y abandonne à coeur perdu.
Pire, on s’y jette, on s’y abandonne la bave aux creux des lèvres et les yeux injectés de sang. En cherchant le peu de lumiere perlant de ce gouffre insondable.




Et l’on espère alors secretement une simple chose : Que cette guerre dure au moins 100 ans…











11 titres – Jarring Effects
Dat’









Boards Of Canada – In a Beautiful Place Out in the Country

Posted in Chroniques on January 12th, 2008 by Dat'


Out From Out Where





On ne présente plus les Boards Of Canada. Considérés comme l’une des formation les plus influente et importante de la musique électronique, les deux monsieur, dénichés par une des têtes d’ Autechre, ont emmaillé leur carrière avec des albums à chaque fois considérés comme des pierres angulaires de l’électronique rêveuse, belle et planante : Music As The Right To Children tout d’abord, traumatisant toute personne ayant essayé, en vain, de nous faire pleurer avec de poignantes nappes synthétiques. Placé, à tort ou à raison, dans les 25 meilleurs albums de musique « psychédélique », ce disque représentait à la perfection la flambée passée du label Warp. Puis Geoggadi, marathon expérimental, délaissant les litanies enfantines pour des théories mathématiques et équations mystérieuses. 22 titres, étouffants, sublimes, dérangeants, entre synthés dissonants et beats sourds. Bizarrement, coincé entre ces deux monolithes, est sorti un disque qui n’a pas eu l’exposition de ses deux compères, peut être à cause de son statut bâtard d’EP logé dans un « vrai » boîtier de disque, écrasé par les deux autres rouleaux compresseurs.

Et si In A beautiful place out in the country est un titre qui ne démord pas des ambiances évasives et cotonneuses du groupe, le propos du disque est tout autre. Coincé entre nouveau millénaire approchant et relents sectaires, le groupe égrène, d’une façon évidemment ironique, des références plus ou moins subtiles à la secte des Davidiens, qui organisèrent un suicide collectif massif au Texas au début des années 90 : Du titre prêchant l’échappé stellaire aux paroles du gourou leader passées au vocodeur sur le troisième titre, Boards Of Canada semblait enfin raccrocher, pour la première fois, leur musique sur quelque chose de concret.

Cette dernière ne serait donc pas directement née des étoiles, mais bien façonnée par deux mains humaines ? Petit retour sur la production du groupe dont on parle le moins.











On le dit à chaque sortie du groupe, mais Boards Of Canada fait du Boards of Canada. Toujours. Même en rajoutant des sonorités acoustiques dans leur dernier album, la recette ne change pas. Sûrement que le plat est trop bon pour être remplacé. Son goût est tellement unique que l’on ne peut s’en lasser. Ce n’est donc pas demain que l’on verra Boards Of Canada faire de l’Eurodance.

Donc voila, rien à dire de plus, In a Beautiful Place out in the Country, c’est du Boards Of Canada, point barre. Article intéressant.









Mais en laissant ses mains divaguer sur le clavier en écoutant le disque, impossible de ne pas se laisser submerger par des images niaises, des pensées profondes et sentiments personnels à l’écoute de cet EP : Kid for Today, c’est lent, vaporeux, claudiquant, avec ce métronome non identifiable, sorte de frottement sur des tuiles de bois, (chacun en fera son interprétation). Rien ne semble perturber ces synthés, tellement diffus qu’ils pourraient se substituer au bruit d’un vent chantant sa mélancolie, caressant le toit d’un chalet bien solitaire, en haut de sa montagne. C’est austère, beau comme la nuit, mystérieux, triste et chaleureux dans le même mouvement. Comme la dernière étreinte de l’être aimé, lors d’une chute inévitable dans un gouffre insondable.



Et si le précédent titre pouvait être une simple chute/mise en abîme, baladant nos souvenirs au grés du vent, Amo Bishop Roden ne laisse pas place à la rêverie. Enfin si, mais d’une façon tellement poignante, tellement forte, qu’elle se vit comme un coup de grâce, en perte de conscience instantanée, en choc brutal derrière la nuque. Ecouter Amo Bishop Roden c’est se faire arracher le coeur pour en extraire toutes les images les plus tristes et les plus belles de votre existence. C’est une thérapie gratuite, une mort avant la mort. C’est voir défiler les instantanés de sa vie, emmagasinés au plus profond de soi. Le genre d’images qui débarquent par vagues, vous plongeant dans un profond état de catalepsie pour quelques minutes. Ah oui le morceau, j’ai oublié d’en parler. Difficile de faire plus simple : C’est sublime. La mélodie, fragile, toute fluette, me viole le cortex. Les effets de nappes paraboliques, balayant l’espace le temps de maigres secondes, est hypnotique. Le rythme, pourtant extrêmement discret, réduit à son stricte minimum, vous perce le corps, se répercute dans vos artères, s’immisce dans le plus petit des recoins de vos tympans, avec cette lourde résonance. C’est hors du temps. Le genre de morceau que l’on pourrait passer en mode Repeat pendant une heure, tant l’impression de lassitude est inexistante, tant la progression de ce titre, pourtant linéaire, se prête au jeu du Fix musical, opium de l’évasion. Le morceau qui vous emporte quand vous êtes crevé, et qui vous crève quand vous tentez d’ouvrir vos ailes. Un paysage, un territoire imaginaire est créé, et seule une mauvaise santé du lecteur de disque pourrait nuire à ce voyage.
Saut de l’ange : sur la bonne centaine de compositions accouchées par Boards Of Canada, Amo Bishop Roden en est la plus belle. L’une des plus simple aussi. Mais le meilleur morceau du groupe, le plus touchant, le plus profond, c’est sans hésitation.







Difficile de s’extraire de ce titre donc. D’accepter le fait qu’il va falloir passer au prochain tableau. De se préparer au profond vertige créé par la reprise de conscience, par l’ouverture de paupières trop longtemps fermées. Elles qui étaient ouvertes sur un monde d’une beauté saisissante. Le plafond a souvent une sale gueule. Alors on va se chercher une A Beautiful Place Out In The Country. Tres « Music as the Right To children » que ce morceau : Synthés aériens/mortuaires, beats Hiphop autoritaires, rires d’enfants perlant tout au long de la composition. L’étonnement vient de ce texte débité au vocoder, comme sur une piste underground des frenchies de AIR. Texte servant de préchi-précha pour le gourou de la secte de Waco. A vrai dire, difficile d’en saisir la teneur, tant le tout est déformé, fondu dans les nappes de claviers cristallines, pétrifiantes de clarté. Et ces enfants, qui rient, qui se gaussent de l’atmosphère énigmatique du tout, pour entamer une dernière ronde qui va s’éteindre lentement, très lentement, jusqu’à rendre les digressions imperceptibles.

Zoetrope conclura le disque d’une façon encore plus saisissante, en jouant sur les échos et répercussions, faisant tournoyer dans nos oreilles des notes claires, rebondissant sur les murs d’une caverne de glace, distillant une mélopée timide, éphémère, hypnotique. On perd la notion du temps, on lache prise, se laissant emporter par ce psychotrope enfantin et presque abêtissant. Etrange et parfait mélange entre ésotérisme et hermétisme. Difficilement descriptible.









Pour les fans du groupe, ce petit disque est immanquable. Mais pour ceux qui ne connaissent que peu/pas Boards Of Canada, In a Beautiful Place Out in the Country est une excellente mise en bouche, de part sa qualité extrême tout d’abord, mais aussi par son prix plutôt faible (fait rare chez Warp), l’EP tournant, accompagné de son beau boitier, dans les 7 ou 8 euros neuf environ.
Il n’est évidemment pas la peine de reparler des titres précités comme dernière bonne raison de vous plonger dans ce disque, tant ces petits miracles parlent d’eux même… (Qui a dit « Amo Bishop Roden » ?) Oui, la musique du groupe est terne, lente et autiste au premier abord. Mais elle est au final si belle et profonde que perdre pied en compagnie des deux écossais est toujours accompagné d’une impressionnante fascination pour ces petites fresques vaporeuses… Sentiment qui n’a point fléchit depuis 10 ans maintenant.

Mais “In a Beautiful Place…” est surtout, sans conteste, le meilleurs des disques du groupe en format “court”, Twoism compris.


Reparcourir encore et encore cette sublime petite galette nous amène inévitablement à une question plus que logique : A quand un nouvel album de Boards Of Canada ?









4 Titres – Warp
Dat’









TOP 2007 / Rétrospective

Posted in Chroniques on January 5th, 2008 by Dat'


Rétro 2007 :




L’heure du bilan est arrivée. Et qu’elle année que fut cette madame 2007 ! Sorties de disques en rafales, tous plus bons les uns que les autres, découvertes et confirmations de talents, impossible de savoir où donner des oreilles. Cette année a tout simplement réduite à néant 2006 en terme de qualité.

Alors évidemment, ce top / rétrospective ne prêche pas le goût unique, et il est évident que ce dernier repose sur la subjectivité absolue. Plus qu’un pamphlet sur les disques que l’on devrait s’obliger d’apprécier, cet article est plus un retour arrière sur les disques qui m’ont marqué en 2007. Sans compter que les rubriques sont partagés d’une façon un peu stérile cette année, (Artistes Solos / Groupes) mais plus sympas pour le référencement, en essayant d’éviter le systématique Top façon 1er / 2eme / 3eme.


On remarquera sûrement de grands absents aussi, certains disques n’étant pas passé par mes esgourdes à cause d’un manque de temps, un excès de flemme, ou d’impossibilité de mettre la main dessus. (En vrac Bat For Lashes, Alva Noto, PJ Harvey, The Field, Boratto…)


N’hésitez pas à faire partager vos coups de coeur de l’année en fin d’article aussi, il n’est jamais trop tard pour découvrir de bons disques…


(Les titres en bleu renvoient directement à leurs chroniques respectives)









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Artistes Solo




Burial – Untrue :



Personne ne s’attendait vraiment à un tel résultat. Apres un premier disque sombre et étouffant, Burial nous sert ici un vrai petit joyaux, s’affranchissant des règles Dubstep pour accoucher d’un objet indéfinissable, entre Hip-hop ralenti, R’n’b passé au Bullet time, Dance étouffé et Trip-hop d’outre tombe. L’album, d’une opacité et d’une linéarité troublante, reste néanmoins un objet complètement unique, absolument sublime, d’une force impressionnante. Le plus drôle restant cette engouement énorme qui s’est créé en à peine deux mois, germant d’anonymes début Novembre pour échouer sur les pages de grands quotidiens fin Décembre. Que l’on aime ou que l’on déteste, Burial a bien sorti avec Untrue un disque qui risque de faire date, et d’être traité en référence par tous pendant de nombreuses années.




Beirut – The Flying Club Cup :



Deuxieme livraison musicale pour Zack “Beirut” Condon aussi, et il en sera de même pour les éloges. Si The Flying Club Cup a peut être moins de force que le premier essai du musicien, il gagne en clarté et en beauté. Musiques de l’est télescopées au folklore français, le tout mâtiné de structures plus Pop et accessibles, le disque impressionne surtout par son incroyable capacité à nous cracher des mélodies confinant au sublime et des envolées à vous broyer l’échine. Entre tristesse ravalée et sourire mélancolique, “The Flying Club Cup” est sûrement l’un des plus beaux petits objets de l’année 2007.




µ-ziq – Duntisbourne Abbots Deastation Soulmate Technique :



Si l’on devait dégager le disque le plus malsain, singulier et étrange disque de 2007, cela serait bien ce µ-ziq. De sa pochette ultra-violente au contenu nauséeux et cadavérique de la musique, Duntisbourne Abbots… ne laissera personne indifférent. Mike “µ-ziq” Paradinas délaisse ses élucubrations Breakcore pour une électronica faussement, cachant un profond malaise, et débouchant sur une incroyable conclusion, aboutissement de 16 morceaux naviguant en eaux troubles, délivrance d’un voyage qui mettrait à mal le plus assuré des marins. La meilleure et seule définition un tant soit peu exact de Duntisbourne Abbots… serait de dire que ce disque, malgré une apparence bien naïve, est rongé par un inexorable et incurable Cancer.




RA – Wxcfvdx2 :



L’année 2007 fut méchamment chargée pour Raoul Sinier, entre sorties d’albums, d’EPs, changements de Labels, Expositions and co… Si elle se termine avec un excellent “Huge Radish Samouraï”, le point d’orgue de cette année est incarné par le disque Wxcfdx2, ravageur, au son impressionnant, mettant en musique un véritable ballet de saturations, d’explosions et de rythmes pachydermiques. RA, en plus d’être un graphiste de talent, se pose ici en véritable esthète de la mise à mort de ses machines, en organisateur de séance jouissive de torture de Boites à rythmes. Wxcfdx2 pourrait être considéré comme un futur classique des productions électroniques françaises s’il n’était déjà pas malheureusement presque introuvable. (Conséquence de la fermeture bien malheureuse du Label Sublight). La recherche, aussi difficile quelle soit, en vaudra la chandelle, sans hésitation.




Panda Bear – Person Pitch :



Il était une fois un mec, qui, en marge de son groupe Animal Collective, s’armait d’une guitare et de deux samplers pour nous offrir une véritable ode à la drogue et à la rêverie absolue. Sorte de Beatles (encore plus) maculé de LSD, de Brian Wilson passé à la moulinette Dub, de folk pétrit de réverbérations et d’échos jusqu’à overdose, Person Pitch est un disque immense, porté par son morceau “Bros”, tirant nos esgourdes dans un univers d’une beauté indescriptible sur presque 15 minutes. Qu’il est bon de se laisser porter par des effluves de stupéfiants musicaux, et cela jusqu’à perte totale de repaire et de conscience.




Pinch – Underwater Dancehall :



Autre figure de proue d’un genre propulsé sur le devant de la scène cette année, Pinch, comme le précité Burial, casse allégrement les frontières pour nous sortir un premier album étonnamment ouvert, lorgnant autant sur le Dancehall que le R’n’b, en passant par une bonne couche d’Electro Techno minimale. Doté d’un traitement sonore à foutre sur le cul, et cela des l’énorme titre d’ouverture, Underwater Dancehall ne porte que trop bien son nom : Des morceaux, avec des invités vocaux pour la plupart, cristallisés dans une caverne de glace. Des concerts écoutés sous la banquise, dans les abîmes d’une mer sans fond.







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Groupes / Formations :


Cappablack – Façade & Skeletons :



Composé de deux Japonais, le groupe Cappablack, presque inconnu chez nous, a sorti chez le label Allemand Scape ce que l’on peut taxer de grand album avec ce Façade & Skeletons. Entre abstract Hiphop de haute volée et pièces électros sublimes pouvant jouer des coudes avec le haut du panier mondial, ce disque se paie même le luxe d’accueillir quelques featurings, avec l’américain Awol One pour deux morceaux bien massifs, et Emirp sur 3 titres, un Mc Japonais impressionnant, arrivant à rapper sur des productions bien expérimentales, à faire pâlir Autechre. Mais le disque ne s’enlise pas dans les digressions déstructurées, et nous sert aussi de superbes compositions de Hip-hop instrumental, pour former le “disque-de-groupe” de l’année. Dj Krush a vraiment du souci à se faire.




Tomahawk – Anonymous :



Patton est de retour, avec l’une de ses plus fameuses formations, Tomahawk. Mais ces derniers n’ont pas fini de nous étonner, et après un “Mit Gas” qui pourrait se classer sans mal dans les plus grands disques de Métal, Tomahawk vire dans le Hard rock Indien, faisant partouzer grosses guitares et chants traditionnels, hurlements Pattoniens et réminiscences de musique folklorique qui défriserait tout papouse un peu aventureux. Incontournable si vos soirées entre amis se résument à gesticuler autour d’un feux, en tapant sur des casseroles comme des forcenés, tout en hurlant à la mort devant les yeux exorbités de vos voisins. Le Headbanging avec des plumes sur la tête, c’est quand même drôlement plus esthétique.




Mc Totally Rad and Dj Fuck – Are Fuck’n’Rad :



Le Label Jarring Effects, après avoir défriché le meilleur de la scène electro-indé en France, pose ses valises en Afrique du Sud, le temps d’éditer en hexagone trois disques d’artistes de la ville du Cap. Dans ces trois là se trouve un vrai trésor de Hiphop décalé, association du beatmaker Sibot et du Mc Totally Rad aka Waddy Jones. Productions de folie, bourrées de samples, de contre rythmes, de gros clins d’oeil et de passages bien jouissifs, le disque se distingue surtout grâce à un Mc hallucinant de maîtrise, doté d’un flow complètement polymorphe, pouvant changer de ton, de voix et de vitesse 5 fois sur le même morceau. Alternant de vrais petits tubes avec d’autres compositions complètement improbables, Mc Totally Rad and Dj Fuck are Fuck’n’rad est pour moi tout simplement le meilleur disque de Hiphop indépendant sur cette année 2007. Indispensable.




Tha Blue Herb – Life Story :



Bon. Il était difficile de faire mieux, voir aussi bien, que le diamant qu’était le précédent disque de Tha Blue Herb, fiers représentants de leur région de Sapporo. Alors on l’attendait au tournant, ce Life Stories, craignant une resucée du fameux Sell Our Soul. Il n’en est rien, les Japonais vont plonger leur Hiphop, toujours déclamé dans leur langue natale, dans une électronica lunaire et Warpienne flirtant avec les compositions de Plaid ou Board Of Canada. Life Stories est un monolithe sombre, puant le ciment et le béton amer, accompagnant parfaitement les virées nocturnes dans des quartiers désincarnés, ou seule la lumière des réverbères illuminent alcooliques transis de froids et longues artères peuplées d’immeubles symétriques et austeres. Un album profond et très sérieux, au packaging superbe, presque prophétique dans la façon que Ill-bosstino a de déclamer ses textes, habillés par les instrues superbes et délétères de O.N.O… Reste à savoir pourquoi ce groupe ne reçoit encore aucune visibilité en France.




High Tone – Underground Wobble :



Le groupe phare du Dub électro français revient (enfin!) après un album en demi teinte il y a deux ans. Craintes rapidement dissipées, le groupe High Tone propose dans Underground Wobble plus que de simples pistes, nous proposant de véritables fresques mariant electro, dub et musiques traditionnelles histoire de bien vous envoyer dans la stratosphère. On revient à ses premiers amours, avec un Dj Twelve toujours impérial aux platines, tout en poussant le vice de construire des morceaux façon cathédrale, histoire d’entériner qu’High Tone est bien le premier et meilleur représentant du Dub français.




Dillinger Escape Plan – Ire Works :



Un brin de Faith No More, quelques pincées de Melt Banana, une pousse de The Flashbulb et un pouce de Pop dans un maelström de Hardcore brûlant : Le dernier disque des Dillinger Escape Plan est une vraie partouze de genre, reléguant même Miss Machine au rang des disques trop sages. Saccagé même dans sa structure, en faisant côtoyer de vrais morceaux bien consistants avec une enfilade de minis craquages hargneux, il incarnant sûrement le Grand Huit musical de l’année: Ire Works balance au sein d’un même morceau couplets ultra violents, refrains pop lumineux et breaks pour aliénés. Cela n’arrangera pas notre instabilité mentale latente.









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Made Of Chaos : Destruction et désolation en 2007 :






Merzbow – Merzbear :

Merzbow, l’un des artistes les plus prolifique du monde nous sort avec Merzbear un disque qui renoue enfin avec le meilleur de ce que peut faire ce maître de la Noise. 50 minutes de chaos absolu, de violence sourde, de déchirures sonores qui n’ont aucun égal dans le territoire musical actuel. Plus qu’une production indispensable pour les amateurs du terroriste sonique japonais, Merzbear est sans conteste ce qui es arrivé de mieux à la Noise depuis bien des années.



Mayhem – Ordo Ad Chao :

Je ne suis pas un spécialiste de cette formation, mais Mayhem étant considéré, historiquement / qualitativement comme le grand groupe de Metal, ce dernier disque était attendu comme jamais par les amateurs. Au départ plus attiré par le packaging sublime (tout en métal, avec un disque rouge) et la réputation d’une livraison sans concession, Ordo Ad Chao nous plonge dans la noirceur absolue, nous envoie promener sur des territoires désolés, d’après conflits, la violence étant ici pas envoyée en pleine gueule, mais vécue d’une façon plus insidieuse, comme si l’on vous laissait pour mort dans une tranchée dégueulasse. Difficile à ingurgiter sans avoir envie d’ouvrir le gaz.



Manu le Malin – On The Way Home :

Les Best-of et compagnie, ce n’est pas vraiment mon truc. Mais quand l’un des plus importants représentants de l’électro française, avec les Daft Punk et Laurent Garnier, dans son pan le plus violent, étant le fer de lance du Hardcore, nous sort une “rétrospective” sur 15 ans de carrière, difficile de ne pas tendre une oreille. Le résultat est sans appel, entre inédits ravageurs (Les premiers titres produits avec les Daft Punk, des petites friandises faites spécialement pour ce disque), titres issus de ces anciennes productions et remix de folie (celui de Vitalic, inhumain) On The Way Home donne une excellente vision de la carrière de Manu Le Malin, et surtout de ce qui peut se faire de mieux dans l’électronique Hardcore.








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Made Of Beauty : Béatitude et sublime en 2007 :






B.Fleischmann – Melancholia / Sandestrabe :


Composé de deux disques contenant chacun un seul titre, c’est surtout la première galette, Mélancholia, qui nous intéresse ici. Car si l’on pouvait encore qualifier une longue composition de 45 minutes de simple” morceau”, on pourra s’avancer sans trop de problème pour avancer que Melancholia en serait le plus beau de l’année 2007. Longue aventure où violon, accordéon, Beats appuyés et nappes électroniques se tiennent la main, pour former un amas absolument sublime, surplombé d’une mélodie belle à pleurer. Ecouter ce petit chef d’oeuvre avec un casque bien fermé sur les oreilles, en regardant le paysage défiler dans un train, laissant sa conscience divaguer et jongler avec ses souvenirs, est une expérience qui en brisera plus d’un. Le plus bel album de 2007, et surement l’une des plus belles choses qui m’a été donné d’écouter.



Venetian Snares – My Downfall :

Si Venetian Snares, à l’instar de son compère Luke Vibert, enfile les sorties avec un rythme de fou furieux, il n’avait qu’une fois mélangé son breakcore déstructuré avec de la musique classique sur le mythique “Rosscz Czillag”. Le canadien, sûrement pas bien dans ses pompes, nous offre la bande son de sa dépression, de sa chute, en utilisant au premier abord la même recette, mais s’écartant au final énormément de son premier exercice “electronico-classique”. Beaucoup plus classique qu’électronique, avec des morceaux sans aucune machine violentée, My Downfall donne l’impression d’avoir été enregistré dans une église, le traitement du son étant ici d’une profondeur assez incroyable. Et même si le disque est porté par des titres touchés par les anges, comme le fabuleux “If I could say I love you”, Venetian Snares ne délaisse pas ses origines et n’oublie évidemment pas de verser dans la drill-core hallucinante, nous composant des morceaux de bravoure sans égal, comme sur “Integraation”, juste gigantesque.



Apparat – Walls :

Apparat pris le goût du chant en collaborant avec Ellen Alien. Bien lui en a pris, car ce Allemand autrefois prostré derrière ses machines passe de l’IDM à l’électro pop, pour un album sublime, qu’il hante sur quelques morceaux de sa voix angélique, reléguant presque Thom Yorke au rang de simple suiveur (le superbe “Arcadia” notamment). Tout n’est pas chanté, et la moitié des titres offrent des instrumentaux aérés, mêlant cordes, bleeps expérimentaux et montées lumineuses. Un must have de cette année 2007, pouvant plaire autant à un grand public qu’aux chevronnés un tant soit peu sensibles…






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EP de l’année :


Das Glow – Weiss Gas



On va faire simple, cet Ep, sorti en début d’année chez Institubes, contient deux des plus grands morceaux Techno qui puissent exister. « Cathédrale » et « Vulcanice » sont des futurs classiques, des bombes absolues. Ecouter Weiss Gas, c’est accepter de se faire rouler dessus par un camion avec le sourire. Ni plus, ni moins.






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HighLights / On en a parlé toute l’année :






Animal Collective :

L’avantage d’un groupe, c’est de pouvoir se scinder en plusieurs entités, pour couvrir l’année de sorties diverses. Chez Animal Collective, on est soit drogué soit naturellement cinglé, pour ne faire de la musique comme personne. Sur 2007, en plus de concerts de folie, 3 étapes. Le solo d’Avey Tare, qui décide, après avoir travaillé sur de belles compositions pop, d’enregistrer à l’envers et de tout inverser sur le disque au final, pour offrir le premier album sponsorisé par les aspirines du Rhône. Panda Bear, autre tête pensante du groupe, s’offre des vacances pour nous sortir son fabuleux Person Pitch, dont on parlait plus haut. Pour finir, tout ce petit monde se réuni pour sortir l’excellent Strawberry Jam. Le truc interressant, c’est que le groupe joue depuis un an des compositions pour le prochain disque…


Ceephax :

L’année 2007 a servi de révélateur pour le petit frère de Squarepusher. Deux albums sur Rephlex, diptyque d’électro acid affolante, surtout pour le premier volume. Mais c’est aussi sur Planet-Mu que Ceephax a lissé explosé ses envies, en sortant l’Ep “Megalift”, qui contient une piste absolument énorme, “Castilian”, (sans compter trois autres titres de folie) oscillant entre électro 8 bits, grosse drum and bass et digressions acid. Incroyablement jouissif. Ceephax se assurément pose en grand espoir de la musique électronique de demain. Les Jenkison ont bien fait de laisser les capotes au vestiaire.


RAoul sinier :

Un album effarant en début d’année, Wxcfvdx2, une série d’Ep non moins excellents ( tEv.panic Redone, Ultra food, Two Heads ) et un maxi gargantuesque en fin d’année, Huge Radish Samouraï, Raoul Sinier n’a pas chomé, en gardant une ligne de qualité assez impressionante. Le pire, c’est que ce processus effréné doit déboucher sur un nouvel album début 2008, « Brain Kitchen », à sortir chez Ad Noiseam. On attend ça de pied ferme.


Aphex Twin :

Aphex Twin n’a rien sorti cette année, et pourtant son nom a été sur toutes les bouches. Car en plus d’avoir hébérgé grâce son label Rephlex de vraies tueries comme les petits derniers de Ceephax ou Radzynski, deux disques d’un certains The Tuss ont tracé leurs chemins dans les étalages. La grande question, enflammant les forums et magasines, fut posée : Est-ce Aphex Twin qui se cache derrière ce projet aux couleurs très Analord ? Impossible de le confirmer réellement, même si pas mal d’indices ferait tendre les hypothèses dans ce sens. En attendant un véritable nouvel album… un jour peut être.






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Les morceaux de l’année façon : « Je brûle tes jambes tellement tu veux danser, je vole ton coeur tellement tu trouves ça beau et je fais fondre ton cerveau tellement tu comprends rien parce que c’est trop rapide »



> Nil – Et voler ton coeur / Comme un Printemps

> Ceephax – Castilian

> Bogdan Raczynski – La Baleine / Goodfellas

> Mr Oizo – Patrick122

> FFF – The Feeling

> Jamie T – Operation






Mais aussi (et enfin) :



– La sublime cover du disque de Distance dans sa version vinyle, “My Demons”, qui pourrait, une fois dépliée, être regardée pendant des heures.


– Le live de Daft Punk et d’ Etienne de Crecy, ou quand deux vétérans de la French Touch reviennent avec des concerts immanquables, que j’ai évidemment manqué. Je prends toujours des anti-dépresseurs pour tenter de ne pas me noyer dans des larmes de regrets.


– Les disques de moins en moins chers en magasin, c’est sympa.


– Les disques de moins en moins présents en magasin, c’est triste.


– La tentative revival rave débile ultra réussie de Bogdan Raczynski avec son disque Alright ! Il arrive même à nous pondre des petits miracles comme « La Baleine » ou « Goodfellas » On en veut comme ça plus souvent. Au diable la musique prise de tête, vive les synthés pourris sur des cavalcades de rythmes inaudibles.


– L’affaire Radiohead. On parle de révolution, de véritable bras d’honneur à l’industrie du disque. Cela en est un, un vrai, un bien gros. (Tenter de faire un procès à I-tunes, se barrer de sa maison de disque pour sortir un ultra attendu album avec le choix laissé au consommateurs de décider du prix,ce n’est pas donné à tout le monde) Mais la bande à Thom Yorke veut faire du zelle, et fait aussi un bon gros doigt aux auditeurs quand ils retirent la possibilité de télécharger “In Rainbows” deux mois plus tard, pour le sortir sur un Label et de négocier avec I-tunes pour que le disque soit présent sur la plateforme. On avait pas vu autant de va et vient depuis la fameuse danse d’héléne. Heureusement que le disque est très bon, mais cela évite une bonne tranche de rigolade.


– La hype autour de Burial et Animal Collective. Parce que la Hype, c’est quand même plus drôle quand les albums sont bons.


– Le Dubstep : Tout le monde en parle depuis un an, Planet-Mu en fait son “Sound of futur”, et des disques sortent à la pelle. Si l’on ne rechigne pas contre une pelleté de bijoux que nous a amené ce genre, on se demande pourquoi les groupes qui font du Dub s’obligent à appeler ça Dubstep pour avoir un tant soit peu d’attention à partir de maintenant. Car au final, pas mal de ce qui sort estampillé Dubstep ces temps ci aurait été appelé Dub il y a deux ans. Reste que le mouvement est en pleine lumière, en partie grâce au lampadaire Burial, et que l’on attend son obligatoire évolution sur les années à venir.
Techno Minimale ou industrielle ? Peut être. Trip-hop ? Sûrement…


– Le groupe Fortune, moitié du duo français Abstrakt Keal agram, qui aprés le Hiphop instrumental, se troune vers le Synth-rock. En 7 titres, ils font mieux que tous les “Klaxons” band reunis.


– Les bonbons envoyés à chaque commande chez Norman Records.







2008 ? On attend la bave aux levres : Autechre, Alec Empire, M83, Les Gourmets, les arlésiennes Portishead et Massive Attack, Ez3kiel, NIL, Sebastien Tellier, Raoul Sinier…


Les chroniques automatiques rempilent au moins pour un an avec un programme pareil !






Dat’




Tacteel – Je ne vous oublierai pas

Posted in Chroniques on December 27th, 2007 by Dat'

Merci, nous non plus…





On peut dire que le passage entre 2006 et 2007 a été prolifique pour la bande de TTC:

Commencé par l’énormissime Eurogirls d’Orgasmic et Jean Nipon, les sorties se sont enchaînées avec le « Above The Law Tribute » de JB Rambo et Tacteel, un maxi de ce dernier “Feel It, Feel It”, le 3615 TTC plutôt controversé, la mixtape d’Orgasmic début janvier et le solo de Tekilatex à venir en Avril…
(Sans passer à la trappe la grosse claque Das Glow, avec son EP « Weiss Gaz », immanquable pour tout amateur d’electro sombre qui tabasse… il faut en parler… non mais rien que le titre Cathedrale mon dieu…)



Entre cette avalanche, un disque sorti presque anonymement fin février, « Je ne vous oublierai pas » de Tacteel. Certains s’étonneront qu’un disque d’un des machinistes les plus en vogue actuellement soit complètement passé inaperçu. La raison est simple :
Les Japonais, en plus d’avoir une richesse musicale proprement hallucinante dans chaque coin de leur capitale, se payent le luxe d’accueillir une tripoté de disques inédits dans leurs magasins. Certes, ce phénomène n’est pas nouveau, mais il est toujours étonnant de voir un artiste français vendre son disque qu’au Japon. Ce Tacteel en fait donc parti.
Sorte de disque « rétrospectif » concentrant pistes sorties sur EP vinyles parfois bien difficiles à trouver, remixes et titres inédits, « Je ne vous oublierai pas » pourrait être prit comme un disque éducatif tentant de faire rattraper le retard du pays du soleil levant sur le travail du co-fondateur d’Institubes. Et ils doivent s’en mordre les doigts, les Japonais, de ne pas avoir vu plus tôt l’émergence de ce mec dans notre paysage musical.










Je ne sais pas qui a eu le coup de génie de muer Tacteel en notre Jacques Brel national sur la cover, mais l’idée mérite un vrai coup de chapeau. Et les photos du livret enfoncent le clou, avec la posture « je-retire-mes-gants-en-cuir-adossé-à-une-voiture-de-collection ». Heureusement que les Japonais ont la manie de glisser sur la tranche du disque un petit résumé de son contenu, car on voyait déjà la orde de petites japonaises désemparées de ne pas trouver le disque d’un crooner french lover, mais celui d’un géniteur d’une électro enflammée. 18 titres donc, avec certains issus de l’introuvable « Butter Of The Fat », du petit chef d’oeuvre « Cheap Fun », du barré « La Saint Etienne » et du dernier né « Feel It, Feel It », plus deux compos pour TTC directement sorties de « Bâtards Sensibles », le tout complétés par quelques inédits et remixes pour des tiers (Klanguage, Existereo…)
On ne pouvait pas avoir meilleur panel pour représenter l’entendue du travail de Tacteel, et cela depuis 2001. (Ils n’ont pas poussé le vice d’intégrer ses morceaux, quand ce dernier faisait parti du mythique groupe ATK…)






Il suffit d’écouter un titre comme Go Dance With My Friend pour se mettre à genoux. Rythme ultra appuyé, synthés qui crachent le feu, ligne ultra crade, final qui pète les plombs en se distordant sur lui-même, ce morceau retournerait un Dancefloor en une poignée de seconde.
Même constat avec Bologne, diamant du disque, qui ne fera que grandir pendant 6 minutes, sur un synthé meurtrier distillant une mélodie imparable. Les beats vous cogne la gueule, petit à petit, vous donnant l’irrésistible envie de vous jeter contre les murs. Sans parler de la dernière minute surplombée par ce clavier fantomatique, prêtant au titre une aura mystérieuse… Les Daft Punk en feraient presque pale figure.


Alors certes, dans le genre, il y a aussi un ou deux ratés, comme ce Feel It, Feel It un peu trop lourd et tapageur, mais il suffit de se tourner sur L’hiver vous va si bien pour se rassurer, Tacteel sait faire pleurer ses platines tout en nous faisant tressauter. Encore cette structure complètement escarpée, ces putains de claviers littéralement habités… (Essayez de chopper le remix de Zdar dans le même mouvement, il vaut le coup d’oreille)

Et comment ne pas saluer une façon totalement décomplexée de nous balancer ses production, à l’écoute d’un Xmas In Padova fleurtant avec une Eurodance ralentie, langoureuse, avec ses gros synthés bien tacherons et son rythme syncopé. Mais aucune faute de goût ne perle, tant le tout est maîtrisé avec brio.







On change totalement d’ambiance avec le titre phare de son EP « Cheap Fun » (hormis ses prods pour TTC), Emofuck. Car si la structure du morceau est somme toute classique, entre ses guitares « morricone » et ses relents de nappes malsaines, Tacteel arrive, avec ce titre, à nous accoucher de l’incarnation du dédain, de la supériorité, de la condescendance. Ce titre vous donne immédiatement l’impression de toiser le monde, de le regarder avec arrogance, en relevant votre col et mettant vos lunettes de soleil, le tout avec un bon gros sourire en coin. Peu de chansons peuvent transmettre un sentiment pareil. C’est con, c’est simple, mais ça marche, et c’est surtout une vraie tuerie.






Il serait difficilement utile de revenir sur les deux morceaux de TTC produit par Tacteel extraits, n’en déplaise à certains, du diamant « Bâtards Sensibles », Ebisu Rendez-vous et le tsunami Girlfriend.
Le premier, hommage au quartier de Tokyo susnommé, et à la flamboyante capitale dans son ensemble, trouve pleinement sa place dans cette compilation, de par son sujet évidemment, mais surtout pour le formidable travail du producteur, qui cisèle littéralement un écrin tout en sonorités cristallines, sautillantes, mutantes pour les trois MC. Il aurait été amusant d’intégrer une petite traduction du texte en Kanji dans le livret, pour nos amis nippons, car le texte est, au final, plutôt juste et bien senti.
Quand à la présence du salace Girlfriend, titre que 90% des gens connaissent, pour le meilleur et pour le pire, parfois sans même savoir qui en sont les géniteurs, elle est plus que justifiée, ne serait ce que pour assener le fait indiscutable que l’explosion de l’influence du groupe fut habillée par les mains du sieur Tacteel.






On trouvera enfin quelques titres plus introspectifs, comme Kératine, Selective Approach ou Chien Jaune, sortes d’instrues Hip-hop mutantes, concassée, déviantes aux nappes discrètes distillées avec parcimonie… Ces titres représenteraient presque des asiles de paix entre le déluge de beats et claviers parsemant leurs congénères. Le plus étonnant sera sûrement le GUsh concluant l’album, sorte d’Autechre rachitique et dépecé, où seul un semblant d’accordéon, au bord de l’agonie, semble perler sur ce no man’s land.

Un regret, l’oubli scandaleux (oui, scandaleux révolution tout ça…) d’un des meilleurs titres de Tacteel, Dressed In Polyester complètement dingue, à la structure démente, qui ne trouvera donc pas refuge sur cette galette.






Avec son aura grandissante, il est bien évident que l’artiste est de plus en plus demandé pour se taper des refontes et remixes de morceaux plus ou moins divers.
A dire vrai, à part le bon remix pour Klanguage, on est un peu moins convaincu par le reste de la sélection, alors qu’il a(vait) fait du très bon avec son boulot sur le bijoux « 3 Wishes » pour Cuizinier, ou « Mata-Hari » pour Abstrackt Keal Agram pour ne citer qu’eux, qui sont bien plus riches, explosés et aventureux que ceux présents ici. Car contrairement à son compère Para One, qui a une patte reconnaissable sur n’importe quel de ses travaux pour les tiers, Tacteel manque parfois d’identité et d’originalité sur ses dernières relectures.








Reste alors un Tacteel qui défonce quand il travail pour son compte, avec une personnalité exacerbée dans chacune de ses prods, toutes complètements habitées jusqu’à la moelle, créant à force de coups de poings une attente de plus en plus difficile à réfréner sur le déjà annoncé premier « véritable » disque solo du Monsieur. Solo qui confirmera tout simplement aux derniers circonspects le statut, on l’espère, d’un futur incontournable de la musique électronique.

« Je ne vous oublierai pas » est comme un témoin, une première étape gravée sur CD faite de pilonnages d’EP tous plus énormes les uns que les autres et d’une identité forte, une rétrospective de ce qui s’est fait, et surtout de ce qu’il fera dans les années à venir.

Ce disque est la preuve par 18 qu’il fallait miser sur lui dés le début, comme se plait à marteler son entourage…






Pour l’acheter, guettez arcademode.com il devrait faire son apparition, en stocks limités par contre… Sinon, il faudra le faire importer directement du Japon… chose toujours étonnante quand on sait que l’artiste viens de France, et présent sur un label français de surcroît…





18 Titres – Institubes
Dat’





Pinch – Underwater Dancehall

Posted in Chroniques on December 25th, 2007 by Dat'


Gimme The Light





Sitôt Burial porté en étendard d’un genre, que l’on taxe tous ceux qui tente une sortie de ?challenger?, concurrent, suiveur ou nouvel espoir. Pinch est de ceux là. Très attendu, son album est même qualifié de disque post-Untrue, alors qu’il sort presquen en même temps. Pourtant, Rob “Pinch” Ellis n’en est pas à son coup d’essai. Natif de Bristol, ville d’où, nous le savons tous, jamais une once de talent n’est sortie de ses rues, Pinch est surtout à la tête du label Tectonic (rien à voir avec nos élastico-men nationaux), present dans le *censuré* mais caché par Hyperdub et Planet-Mu, il abrite neammoins des artistes comme Skream ou Cyrus. S’amusant à cumuler les casquettes, Pinch est surtout l’auteur de plusieurs maxis sur le précité label Planet-Mu, avec un “Qawwali” qui a assit la réputation du monsieur chez les amateurs de *censuré*. Mais rien ne laissait présager un futur album comme ce Underwater Dancehall.

Surtout quand un disque n’a jamais aussi bien porté son nom que celui-ci.













On le disait, Burial a en quelque sorte changé les règles dans le *censuré*. Porté aux nues par des medias s’étonnant et s’emparant de l’engouement parcourant forums et blogs sur Internet, le disque est passé des fonds de rayons plein de poussières début Novembre au têtes de gondoles fin Décembre. Reste que rien de tout cela n’aurait pu arriver si Burial n’avait pas décidé de s’affranchir des règles du *censuré*, n’hésitant pas à utiliser des voix fantomatiques teintées de Soul et R’n’b, en effaçant de ses compositions les grosses Wobble Bass inhérentes au genre. Et comme tout bon monstre souterrain qui se respecte, une mouvance musicale commençant à se rouler dans la lumière prend un risque non négligeable de se scléroser en moins dix fois moins de pages de magazine que de gouttes de sueurs versées avant chaque sortie de disque.

Pinch va pousser le vice d’exacerber la recette de Burial, de pousser le *censuré* dans ses derniers retranchement, pour le faire flirter avec les genres, cassant les limites mêmes de ces derniers. Là où Burial utilisait des voix (révolution en soi) noyées sous des tonnes de filtre, Pinch va carrément débaucher des Mc pour accompagner ses compositions.









La meilleur illustration de ces propos vient dès l’ouverture, avec l’énorme Brighter Day avec un certain Juakali en featuring. Le ratage n’était pas vraiment possible, puisque ce titre est en fait le morceau Qawwali remis au goût du jour, surplombé par le flow ragga de Juakali, rauque, sombre et rapide. Et là est tout le concept de Underwater Dancehall. Tisser des instrues de folie, taillées dans le diamant pur, pour accueillir des voix sans modification, créant ici un véritable collage entre Hiphop / Dancehall et *censuré*. Attention, l’instrue reste ici extrêmement profonde, minimaliste dans sa forme, avec un rythme étouffé, et une superbe réminiscence d’accordéon qui survient ici et là, pour replonger dans les limbes planantes du titre. Sans oublier l’énorme basse, ronflant des le milieu du titre, emportant le Mc dans un Dancehall passé au Bullet Time, comme si Sean Paul se décidait à donner son concert en se laissant emporter dans l’espace, flottant au milieu des anneaux de Saturne.
Le morceau est tout simplement énorme. Les comètes douceâtres, zébrant le titre en larguant une multitude de tintements rajoutent énormément à l’ambiance ultime du titre, oscillant entre plénitude totale et transpiration d’une fête Reggæ folle au fond d’une cave. Un vrai bonheur pour les oreilles, les sons sont d’une rondeur et d’une profondeur impressionnante, à faire palir n’importe quel ingenieur du son.


“Underwater Dancehall”. La direction est posée. Nous sommes sous la banquise, en train de nous noyer dans une étendue opaque et liquide, tout en entendant les reliquats d’un concert battant son plein juste au dessus de notre tête. Pas moyen de remonte à la surface, seules des bribes de basses parviennent à nos oreilles, suivant les aléas de la minceur de la voûte glacière, alors que le seul le Mc parvient à percer la couche de son flow cadencé, berçant notre noyade.








On reprochait à Burial de greffer à ces ses morceaux de samples tirant vers le R’n’b, ce dernier étant sûrement, de part sa surexposition, le genre le plus honnis des auditeurs de musiques indépendantes. Pinch nous tape le saut de l’ange avec les yeux bandés et sans piscine pour l’accueuillir, tirant carrément la couverture des origines 2-step et garage anglais dans ses compositions, en appelant Yolanda à la barre sur Get Up pour avoir un vrai chant Soul R’n’b, clair et distinct. Tout en se prévalant d’immerger ce dernier dans une sauce Dub de folie, avec une Wobble Bass affolante qui va faire trembler toutes les vitres de votre pâté de maison. La demoiselle du jour, elle, va balancer d’une superbe voix un chant qui transforme le titre en tube, pouvant presque passer en rotation sur MTV, si la déconstruction n’était pas de mise dans l’arrière cour. Refrains tubesques, couplets tubesques, Instrue en or massif, du tout bon, Timbaland peut aller se rhabiller.

Yolanda, on va la retrouver sur Battered qui, après une introduction que l’on aimerait entendre s’étirer sur 10 minutes, nous refait le coup de cracher une ligne de basse hallucinante, vrombissant comme le ventre d’un dragon en manque de cervelle à siroter. Le tout chapeauté par des claviers cristallins, sublimes, parsemant le morceau d’une voûte étoilée. Et la Yolanda, qui minaudait tout le long de ces deux titres, se mue dans la conclusion en une vraie diva soul, toute droit sortie du Blue Lines de Massive Attack, nous arrachant la colonne vertébrale sur la montée finale du titre.








On parlait du Toaster Juakali ci-dessus : ce dernier n’étant pas venu que pour une seule représentation. On le retrouve donc sur Gangstaz et Trauma. Le premier titre va débuter par une mise en abîme sublime, sorte de plongée en apnée dans un lagon bleu clair, avant que le Mc allonge son flow d’une façon encore plus appuyée, frappée par de sourdes basses dub, giclant dans vos oreilles avec les Reverbs de coutumes. La plongée du début se permettra de breaker le titre de la plus belle des façons, avant de repartir dans la structure de base de la plage.
Ce titre, c’est juste une ballade dans une caverne de glace en tenant la main à Beenie Man. D’un minimalisme assez impressionnant, il ferait passer le « Hell Hath no Fury » des Clipse pour un disque d’Arcade Fire. Sur Trauma le ton se fera plus rude, les beats plus directes, les nappes plus menaçantes, avec un Juakali qui va intervenir progressivement. D’abord noyé dans les échos, le monsieur va retrouver sa fougue des débuts dans un Dancehall d’outre-tombe.

Et à trop taper dans la musique actuelle, on oublierait presque que Pinch ne met pas de coté les racines jamaica du “mouvement” avec One Blood One Source, Morceau de Reggæ technoïde, rappelant les exercices de Rythm&Sound, habillé chaudement pour l’hiver avec cette énorme ligne de basse bien rampante, raisonnant et ronflant dans vos tympans comme tout bon gros son qui se respecte. Le coté très Roots du titre, tranchant mine de rien avec le reste des productions renvoie aussi directement aux morceaux des anglais de Nucleus Roots. Il en reste un morceau qui apaise bien, surtout après les élucubrations tranchantes de Juakali.








Mais Pinch (et c’est comme ça qu’il avait plutôt fait son beurre jusqu’à lors) c’est aussi du *censuré* instrumental, et même bien plus, car ces derniers permettent de réaliser au combien Rob “Pinch” Ellis aime les chemins de traverse, et brasse une quantité de styles impressionnante, qu’il se plait à mélanger dans la joie et l’obscurité. Ils rassurent enfin sur le fait que non, Underwater Dancehall ne pourra pas être réduit à un simple projet de “*censuré* avec des voix”. Le monstrueux et presque glauque Airlock nous le crachera de plein fouet, et en pleine gueule siouplait, avec cette Techno minimale façon-noyade-dans-un-puit-lors-d’une-nuit-noire-sans-saut-pour-remonter-dommage, avec pour seule ligne mélodique un vent soufflant sur une plaine désolée, seulement fréquentée par quelques claviers se perdant dans leurs propres échos. Etouffant.

Au contraire, le sublime Angels In The Rain va vous envoyer d’un coup de pied au cul direction la stratosphère tant le tout est lumineux. Basé sur une percussions sèche, claquant comme le revers d’une main sur la joue d’un trop gentil mouflard, des choeurs indiens (crédités par un « feat Indi Kaur » ) viennent vous caresser les esgourdes, vous tiennent la main pour planer au dessus des nuages. Ce titre, c’est vous faire embrasser les anges, vous envoyer rebondir sur une immense masse de coton, c’est la berceuse que le monde attendait pour arrêter de se foutre sur la gueule. On n’avait pas plané sur un morceau de Dub/World depuis un bail. (Depuis la dernière galette d’Adrian Sherwood ?)

Même constat pour le très beau Widescreen, électronica progressive de toute beauté, en apesanteur totale, les échos jouant cette fois plus sur le synthé principal, transformant ce dernier en tube de lumière, construisant une véritable bulle de cristal autour de notre tête, alors qu’un rythme bien sec tente de marteler l’abris de solitude où nous nous sommes murés. Le dernier tiers de la piste sera plus conventionnelle, reprenant les sempiternels rythmes dub bien massifs, venant se fracasser dans une pluie d’échos, bien verglacés pour le coup. Widescreen n’aurait clairement pas fait tache dans le dernier disque d’ Apparat.

On est donc loin de l’énigmatique conclusion de ce Underwater Dancehall, Lazarus, débutant sur un gimmick ragga augmentant au fil des réverbérations, avant de débouler sur un rythme tribal hallucinant, lent mais bien pernicieux, se répétant à l’infini, tentant de trouver la sortie, avec sa démarche assurée, d’un labyrinthe d’échos créé par Pinch, avant qu’un choeur, qui semble donner de la voix dans la plus profonde des cavernes, ne viennent apaiser le tout. Allures mystiques déconcertantes certifié. On pourrait croire au disque “Goodbye Country (Hello Nightclub)” des Groove Armada remixé par la mort elle même, ou les aliénés de Black Dice qui se seraient mis au *censuré*, lassés de leurs expérimentations folles.









Mais le *censuré* n’est vraiment lui-même que dans des constructions instrumentales, les voix brisant et enfermant le style des titres dans un carcan, limitant les portés et la liberté de constructions de ces derniers. C’est ce que certains grincheux pourraient dire à l’écoute de ce “Underwater Dancehall”. Pinch, généreux mais couard, et qui n’est surtout pas d’humeur à reparler des origines du mouvement, va éviter intelligemment les conflits en proposant, en plus du disque original, un disque supplémentaire avec les mêmes morceaux, en versions instrumentales. On profitera donc d’un disque de *censuré* lunaire, forcément dépouillé, mais extrêmement profond et planant, avec un ravissement provoqué à chaque seconde d’écoute grâce à l’extraordinaire travail de Pinch sur ses textures sonores, qui sont, bardées de vocals ou non, de vrais bijoux. Il est évident que des titres comme Angels In The Rain perdent un peu de leur superbe, mais l’initiative est plus que louable.










Le disque risque de ce faire pas mal d’ennemis. Car il se positionne un peu trop comme un disque bâtard pour plaire. Trop vocal et mainstream pour les amateurs de *censuré*, trop minimaliste et épuré pour les amateurs de Dancehall et de Hiphop, trop bavard pour les amateurs de musique électronique, trop électronique pour les amateurs de R’n’b / Dancehall. Trop éclaté et diversifié pour les auditeurs de musique hermétiques et nébuleuses, mais trop hermétique pour les groupies de musiques ouvertes. L’utilisation sans honte d’influences mainstream pourra même être vécu pour une trahison pour les suiveurs de Skream et sa bande. (Il est vrai que de passer de Qawwali à Get Up ne se fait pas sans étonnement la première fois.)


Pourtant, Underwater Dancehall est surtout l’un des premiers disques d’un artiste directement affilié au *dubstep* qui ose autant s’écarter des codes du genre, à l’instar de Burial. Mais là où ce dernier s’enfermait dans un style unique et jamais vraiment entendu jusqu’à lors, Pinch en prend le contre-pied en tentant surtout ici de faire rentrer le *censuré* dans une ouverture béante, dans une normalité flagrante (salvatrice ou non pour le genre, c’est à voir, et il plaira assurément à ceux qui trouvent le Burial trop linéaire et obscur)
Et dieu comme cette “normalité” lui va bien, à Pinch. Les morceaux de Dancehall / Hiphop fantomatiques se succèdent, aux teintes sonores sublimes, dans un vrai voyage multi dimensionnel, taillé à la serpe d’or, larguant loin derrière les productions habituelles habillant nos Mc favoris.


Il rappelle enfin que le *censuré*, brusquement propulsé sur le devant de la scene depuis son récent avènement, avant d’être un genre à lui tout seul, un monolithe aux beats pachydermiques et aux basses ronflantes, est un métissage de genre, un télescopage d’influences presque innombrables, et surtout une évolution de styles dans leurs extrêmes… que Pinch tente de remettre dans le droit chemin. Qu’une hâte, voir comment ce dernier va évoluer sur les années à venir.

D’ailleurs, au final, le *censuré* existe-t-il vraiment ?



Pinch et Burial, la bonne pioche de l’année.











10 Titres + 10 Titres – Tectonic
Dat’