Nuits Sonores 2008 / Lyon

Posted in Chroniques on May 17th, 2008 by Dat'


Nuits Sonores 2008 / 07 Mai au 10 Mai.




On ne va pas garder le suspense trop longtemps. Les Nuits Sonores 2008 on été un grand cru. Pourtant il était difficile de rivaliser avec l’affiche proposée l’année dernière. Mais il suffisait d’un seul nom pour me draguer sans ménagement : Dj Krush.

Pour les jours à venir, deux ou trois articles donc, mais pas sous forme d’un compte rendu “jours par jours” comme l’année dernière. En Teaser :


/ Les pensées jetées sur papier ce soir
/ Des vidéos qui vont changer un peu des sempiternels trucs pris entre trois mille personnes avec le musicien en schtroumf à l’horizon.
/ Des photos floues pourries et des photos nettes cool.
/ Une interview.
/ Deux titres enregistrés d’une façon pas trop pourrave, dont un inédit ( ??) de Dj Krush.
/ Quelques anecdotes et petits bonus.




Reality Check



– Bon déjà, quelque chose a sûrement frapper pas mal de festivaliers. Le cadre du point “central” des Nuits sonores. L’année dernière, c’était les subsistances, ancien couvent avec une verrière de folie, permettant de voir le ciel s’éclaircir à l’aube tout en étant au chaud, à sauter dans tous les sens. Cette année, l’Usine SLI, ancienne usine d’ampoule super crade, grise, façon Basement au troisième sous sol d’une rave party sortie du clip No good de Prodigy : Gros poteaux en métal au milieu des salles, vieux néons pendouillants vibrant au son des basses, c’est pas ici que l’on ira faire une thalasso. Pourtant la magie opère en un claquement de doigt. Tout le monde se marre, danse, c’est super bon enfant, si l’on excepte le mec qui veut vomir et la demoiselle dans sa jolie robe à fleur qui semble avoir le Space Mountain devant ses yeux. Sinon niveau logistique, le site de 2008, c’est 3 salles, plus un espace plein air, sorte de hub central reliant les différents points, et une orgie de bars ( 5 je crois bien) Sinon les chiottes sont toujours aussi épouvantables.



– Donnée importante, j’ai eu la chance d’avoir le sésame “Pass Presse” cette année. Ce qui m’a permis d’apprendre, notamment, que les journalistes aiment bien le champagne (certains boss de magasines vont bien rire en voyant l’addition), que les mecs sont carrément sympa quand il s’agit d’aider quelqu’un d’un peu paumé, et que le bar presse, c’est drôlement pratique quand 500 personnes veulent prendre un verre au même moment sur les autres oasis de boisson.
Sinon tout le monde vous trouve plus sympa quand vous avez un badge, bizarre…




L’usine SLI avant les concerts…




– Premier nuit, arrivé un peu à l’arrache façon Taxi-en-trombe-dérapage, 10 minutes avant le début d’Underworld, qui était inratable. Jun Matsuoka balance de la bonne grosse Drum & Bass, ce qui accentue le coté ‘tain je suis dans une Tech clandestine ou quoi ? lors de la découverte de l’usine. Bon pour Underworld, cela faisait un bail que je ne m’etais pas replongé dans leurs compos, oubliant même les titres des morceaux les plus connus (excepté l’inénarrable Born slippy), et n’ayant que survolé leurs dernier album. Justement, c’est ce dernier qui sera pas mal mis à l’honneur sur le live, avec pas mal de compos bien calmes, bien planantes, tous synthés dehors…


————–



– La soirée qui me draguait depuis pas mal de temps, c’était la spéciale Jarring Effects du jeudi, en circuit électronique (donc gratuité oblige. Ils font les choses bien chez Jarring) La programmation, pour les amateurs du label lyonnais, avait de quoi faire tourner les têtes, avec notamment un live d’ Ez3kiel, et surtout le groupe Dalek. Bon sinon le concert d’Ez3kiel était en fait annulé.



– Bon en l’absence des précités, Dälek devenait évidemment l’attraction de la soirée. La chose bien connue, et le groupe le revendique même lors de leurs interview, c’est la puissance sonore de leurs Lives qui dépassent les limites de la compréhension humaine. Pour le coup, merci d’avoir prévenu, le live ne lui-même frôlait l’insupportable d’un point de vue volume. Obligation pour moi de rester à la frontière de la salle, collé contre le mur du fond, avec en bonus des Boules Quies vissées dans les oreilles. Pour le reste, concert de folie avec des basses tonitruantes, des grondements vous frappant directement le bide, écrabouillant vos viscères. Presque plus physique que sonore. Un guitariste se greffe au groupe pour balancer une masse sonore encore plus ahurissante, et on partira au dessus des nuages lors du titre magnifique Ever Somber, permettant de frôler le paradis après avoir plongé directement en enfer. Le public, par contre, visiblement apeuré par l’attentat musical, préfère se réfugier au bar extérieur et fuir une salle qui se vide progressivement. (Un pote a même cru que le plafond lui tombait sur la gueule lors d’une attaque sonique en règle) Très très bon live de Dälek, fascinant même… mais clairement abusé niveau volume.



– C’est REVO qui va réconcilier le public avec la scène. Comme le laissait présager leur très bon Artefacts…/ fraîchement sorti, les deux mecs de Morlaix ont balancé un live de folie où machines se fracassaient avec un sourire pervers sur des murs de guitares. Salle pleine à craquer en un quart d’heure, ambiance de folie, concert ultra énergique et défoncé, avec des montées en puissance (le point le mieux maîtrisé sur leur disque) à rendre dingue n’importe qui. Les gens sont unanimes : meilleur Live de la soirée, et de loin. Pour Fumuj, ce fut aussi excellent que sur disque (foncez sur leur énorme The Robot and the chinese Shrimp), avec ce mélange d’Electro, Hiphop, Punk, Funk et Dub (bien que ce dernier aspect fut un peu éludé en live pour donner quelque chose de plus frontal). Bref, c’est l’incendie, ça saute de partout, et on part tous en couille quand le groupe modifie son Play My fucking shit pour le tirer sur plus de 20 minutes. Brain Damage enfin, avec un concert plus classique, avec une orgie de samples ethniques bourrés de reverbs et basses Dub claquants comme un marteau sur un bloc de glace. Parfait pour finir la soirée.



– Les navettes gratuites, c’est cool, mais quand elles prennent les virages à 90° et les dos d’âne à 80Km/h, c’est moins cool. Quand on est obliger de s’envoyer des bonnes Rillettes sur des Pancakes bien sucrés de Pasquier parce que l’on a plus de pain, c’est pas super cool non plus.




… et pendant les concerts !




———–

– Dj Krush Dj Krush Dj Krush. Je me suis réveillé (difficilement) en pensant à Dj Krush. J’ai mangé Dj Krush. Je me suis douché Dj Krush. Mais sur Vendredi, il n’y avait pas que lui en tête d’affiche. A dire vrai, toute la soirée de vendredi était juste à tomber, essentiellement sur la Salle 3, qui m’a hébergé sans discontinuer de 22heures à 5 heure du mat non stop. Sans compter que Laurent Garnier et Agoria étaient prévus pour un long “Versus” de 7 heures dans la grande salle.



– Première mise en bouche bien sympathique avec le concert de Manimal, dont j’ai déjà dis tout le bien que je pensais de son Back to The Primitives, toujours dispo gratos en téléchargement sur son site. Perf bien classe, avec un Dj Bonetripps toujours aussi cabotin, et un Time parfait pour conclure. On aura même le droit à une apparition des Gourmets pour un morceau. Deuxième live méchamment attendu, Playdoe, aka Mc Spoek et l’ineffable Dj Fuck (Sibot) . Vu comme son album avec Mc totally Rad était juste une tuerie absolue, indispensable pour tout amateur de Hiphop electro déglingué, j’attendais avec une excitation non feinte de voir le mec sur scène. Et malgré un Mc moins affolant que Totally Rad, le tout était carrément jouissif, avec une variété d’instrue caractérisant bien Dj Fuck/sibot : Hiphop bien gras, 8bits débile ou électro bien barge. Pour avoir pu parler un peu avec Mr Dj Fuck plus tard dans la soirée, le mec est en plus super cool. Un peu plus et je tombais amoureux.



– Lumière éteinte, salle comble, presque étouffante. Dj Krush fait son entrée, armé d’un laptop et de platines. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, et aller à un live alors qu’on vénère un type depuis des années n’est pas toujours la meilleure des choses à faire histoire d’éviter le risque de tomber de haut. Hey bien pas déçu. Impressionné même. Le mec arrive à saccader, défoncer ses propres morceaux (ou ceux des autres, Dj shadow par ex) d’une façon renversante. Le set/live était super éclectique, passant du hip-hop à la Drum & Bass en un claquement de doigt, pour partir dans un final quasi apocalyptique : averse de saturations, à-coups et explosions rythmiques. Merci pour la claque.



– Pour Battles par contre, c’était plus bonnet de nuit que claque dans la gueule. J’avais pourtant vraiment apprécié leur Mirrored, mais en live, le tout fut bien bien froid, et pas foncièrement engageant. Pourtant les éloges sur leurs performances en Live fleurissent sur le Net. Etonnant. Bah cela aura permis de refaire tomber le soufflet avant le Live mega attendu d’Antipop Consortium, reformé après 6 ans de Split. Au menu, morceaux inédits du futur album (qui semble bien électro) et classiques qui rendent fou l’assistance (Ping Pong notamment). A noter l’absence de Beans pour le concert, passée presque inaperçue tant le groupe a habilement réinterprété les morceaux pour qu’ils paraissent naturels avec deux Mc…




Le site en exterieur




– Petit détour pour finir la soirée sur le Versus de Laurent Garnier et Agoria. Et je ne sais pas si c’est l?accumulation de bières ou la playlist parfaite des deux Monsieurs, mais le pied fut monstrueux sur la dernière heure. Guettez ces pages, je vais mettre ce weekend une vidéo sympathique de ce Live (entre autre)…



———

– J’ai compté patiemment, au réveil Samedi matin (ah ah), cela me faisait un joli résultat de 11 heures de sommeil en trois nuits. N’étant plus le jeune fougueux et pimpant d’il y a quelques années, je peux vous dire que le tout commençait sérieusement à peser sur l’organisme. Bon, malgré un mal de crâne intense et un ventre qui semble avoir disparu par manque de nourriture (C’est bien d’oublier de dîner la veille, je ne me rappelle pas avoir pris un coup de fusil à pompe dans le bide, mais cela faisait le même effet) Je ne voulais louper sous aucun prétexte le point presse de Laurent Garnier et Agoria. L’occasion de errer un peu dans le Palais de la bourse de Lyon, investie par des Dj et des vendeurs de disques. On essaie le fameux Tenori-On, puis on va se balader aux gres des rues de Lyon, transformée en ville électro le temps d’un Weekend. Pleins de bars crachent de la Techno à plein tube, des gens dansent dans la rue et tout le monde se fend la gueule.



– Le temps déchouer sur les berges du Rhone, et de tomber sur la NS block Party II toute basses dehors du debut d’aprem, jusqu’à 22heures. Super moment. Peut être même le meilleur moment de toutes ses nuits sonores. (bon je n’ai pas fais la soirée du Samedi soir malheuresment) On se prélasse au soleil (écrasant) sur les marches en écoutant le hip-hop balancé par Dj Spy et Dj Bubbz. Mais le soleil fait des dégâts sur une caboche bien fatiguée, je préfère battre ne retraite et revenir plus tard, à chaleur déclinante. Ce qui me fera louper, sans le savoir, Dee Nasty et les Gourmets. Youpi. Mais rien de grave au final, au vu de la suite. On s’installe donc pépère, avec de quoi se sustenter, et on se laisse bercer par la Techno-Pop-Hardcore-hiphop balancée par Dj Gero. Le soleil se couche petit à petit, alors que les danseurs deviennent de plus en plus nombreux. Et là, j’assiste à un tableau presque utopique : Tous le monde danse, tout le monde se mélange, se marre, Du jeune Tecktonikeur survolté au Rasta encore embué de son dernier joint, en passant par les demoiselles très apprêtées, les mecs torse poil hurlant à la mort, les technivaliers pas rassasiés de leur dernière virée en Bretagne, les jongleurs, les enfants, les parents, les amateurs de Hip-hop, de Techno, de Drum, les passants, les chiens, les curieux, les drogués, les supporters de l’OL, les serveuses du bar à coté, des vieux, et même un couple qui était au départ descendu de chez eux pour acheter deux baguettes de pain. Bref, une espèce de symbiose, d’osmose musicale, avec au dessus des têtes un soleil qui se couche, laissant paraître un panorama sublime.
Presque retourné par cette vision utopique, je décide de lever mon cul, de me mettre sur le pont adjacent, de me plonger dans ce beau tableau une dernière fois, et de rentrer chez moi la boule dans la gorge.





Le panorama que l’on pouvait admirer en dansant pendant la NS block Party II… ça marque…






Hop, next step ce Weekend, des vidéos sympas de ces Nuits sonores !





Dat’





Lightning Bolt – Wonderful Rainbow

Posted in Chroniques on May 13th, 2008 by Dat'


Get Innocuous





En fait, avant, j’étais dans un groupe de Rock. A la basse. On s’amusait drôlement. Le quatuor terrible, celui qui éclaboussait tout le quartier d’une classe et d’une prestance peu commune. J’avais rencontré Bruno sur le banc de l’école. Il faisait plein de trucs cool, genre fumer des cigarettes, pisser dans les chiottes des filles ou dire qu’il voulait se couper les veines. Il n’avait que les mots Sex Pistols et The Clash sur le bord de la langue, portait toujours son tee-shirt rose et jaune, refusait de délaisser son lecteur cassette, et criait à tue-tête que le gouvernement, ben ils allaient bien voir un jour cette bande de pourris. Il ne savait même pas faire la différence entre une gratte et une basse, et pour lui, les Pixies, c’etait des Chips. Mais il chantait drôlement bien. Genre Gérard Darmon en plein accident vasculaire, qui se coince un ongle dans une porte. Ca rendait plutôt pas mal, surtout quand une de mes cordes me pétait à la gueule.

Le batteur, lui, martelait ses fûts comme les fesses de son petit cousin : avec passion. Rencontré dans une cave, au détour d’une soirée foireuse chez je ne sais qui. La dextérité ahurissante du mec était sans pareille. Il avait, sans répétition, reproduit Smell Like Teen Spirit en tapant sur des bières à l’aide de baguettes chinoises. Elles étaient dans son nez, les baguettes. Super fan de Nine Inch Nails, le gars était ok pour frapper comme un bourrin sur les crissements inaudibles que je tentais de vomir avec ma gratte, avec l’autre en fond sonore qui hurlait que la vie, c’était super triste, mais moins que le gouvernement quand même. Mais le tout manquait encore un peu de cohérence. Pas moyens de trouver un vrai guitariste digne de ce nom. Celui qui pouvait faire trembler la terre entière d’un coup de poignet.

Apres un concert dans la cave du copine peu regardante sur ses sous-vêtements, un mec, encore plein de sang à peine séché sur un nez qu’il avait cassé en glissant justement sur une des culottes pas regardée par la miss du dessus, se ramène en ne tarissant pas d’éloges sur notre musique. Ce qui était toujours un peu le cas quand on mélange médicament et alcool. Mais passons, le mec jouait de la guitare comme un dieu. Vous imaginez la suite. De “party” cramoisies chez des particuliers en passant par la salle des fêtes de notre bourgade, sans oublier les bals de fin d’année au lycée, le succès est arrivé aussi vite qu’une balle de tennis dans la tronche de Grosjean. Concerts, coke, star-fuckeuses, gold mastercard, abonnement à la piscine municipale…
Il suffisait d’un rien pour être dépassé. Et justement, le gouffre nous a englouti après un terrible événement. Notre chanteur se vantait de pouvoir chanter en Live certaines de ses chansons en tenant le micro avec sa bouche, sans les mains. “Les vrais sons sortent du gosier” soutenait t’il toujours. Concert, fil de micro, il glisse dessus, tombe la tête la première et s’étouffe. Il en est mort. Ce qui nous a quand même valu un article dans le journal local. Le guitariste, lui, a préféré partir en australie.













Que faire sans chanteur et sans guitariste ? Sans ce qui est considéré par l’inconscient collectif comme étant l’âme d’un groupe ? Continuer à taquiner la furie des premiers jours. Mais garder une structure classique avec seulement deux éléments est difficile. N’est pas White Stripes qui veut, surtout que ces derniers pouvaient se prévaloir d’une voix affolante, même après avoir flirté avec Satan. On aurait clairement pu tenter de continuer l’aventure. De surplomber un massacre de batterie par ma basse grondante. Mais maintenant je vends des glaces.










Les Lightning Bolt n’ont pas eu, eux, cette hésitation. Difficile de savoir s’ils ont arpentés le même chemin que notre formation, ou s’ils ont accéléré sans le comprendre l’un de leur enregistrement en se convaincant que le tout sonnait drôlement bien, pour déboucher au final sur un résultat pareil. Ils ont foncé dans la brèche, avec pour seules armes une batterie et une basse. Les autres sont restés à quai. Reste que le tout frise le bordel absolu. Avec une rage et une fougue peu commune. Suffit de lancer Assassins pour s’en convaincre. Batterie tellement rapide qu’elle en devient presque Drum and Bass, et basse qui tremble façon earthquake anthem. Deux solutions s’offrent rapidement à l’auditeur : L’envie de sauter dans tous les coins, en dansant comme un damné, en cassant tout ce qui peut se casser. Ou courir en hurlant d’effroi, en tentant de s’étouffer avec ses propres cheveux durement arrachés pour abréger les souffrances. Il faut imaginer une transe tribale accéléré par 10 fois, avec un fou qui débarque au milieu du cercle pour tabasser tout le monde à coup de basse électrique

Quoique, le mieux serait peut être d’aborder ce « Wonderful Rainbow » avec le dantesque Two Towers Monolithe de plus de 7 minutes, cavalcade incessante dans les steppes de deux grands cerveaux malades. On passe par tous les états sur le morceau, du pseudo calme ambiant à la furie absolue, au matraquage de caisses, le tout sur un maelstrom de larsens, de parasites non identifié et autres délectables ignominies Noises. Apres une introduction diablement entraînante, façon Guitare Hero survolté, le groupe s’enfonce dans un tunnel abrutissant, le batteur et le bassiste semblant se déplier, se perdre dans une spirale sans fin, qui se répète, se détend jusqu’à overdose. En tendant l’oreille, on croirait presque distinguer un semblant de piano frappé à mort. A moins que ce dernier ne soit qu’une illusion auditive provoquée par le Tsunami vomi par Lightning Bolt. Les saccades de la fin, façon headbanging de l’enfer, ne nous laisseront pas le temps de trouver la réponse.
On fire en laissera plus d’un sur le carreau avec cette rythmique qui pourrait être calée dans un morceau Jungle, genre Venetian Snares qui troque ses logiciels pour une batterie flambant neuve. Le fait que le tout soit généré par un humain rend le tout encore plus détonant. La basse est beaucoup plus diffuse, tout en saturations, pour donner au morceau un traitement plus électronique. Entre la rythmique hallucinée, à faire passer les Fantomas pour les producteurs de Christophe Maé, et l’orgie de nappes crades qui déferlent en détruisant tout, on frôle la crise d’épilepsie. Et ce n’est pas la petite pause débile qui permettra de respirer, vu qu’elle se retrouvera elle aussi noyée dans une orgie sonore indescriptible. (L’arrivé de la seconde salve du batteur est, il faut le souligner, jouissive comme la mort.)

Pour le coup, pas besoin de s’étendre énormément, tout l’album est gravé dans cet écrin violent et barge en diable, sorte de crises de nerfs, de pétages de plombs non contrôlés et minimalistes. Crises qui atteignent leur paroxysme sur les deux titres concluant l’album, 30 000 Monkeys et Duel In The Deep, qui se finissent dans un déferlement Noise de folie, avec un Rock qui se transforme, qui mute peu à peu en créature hideuse et destructrice, s’amusant à empaler des tympans comme on bouffe des Knacky Ball. Mention spéciale à Duel In the Deep et son introduction façon j’accorde ma guitare de la façon la plus stridente possible, avant de casser le tout avec des percussions shamaniques sorties du néant. La fin part dans un délire de bruit blanc et de castrations Noisy, après une chevauchée industrielle ahurissante. Neurones grillés. La comparaison avec les fous furieux de Melt Banana vient sans se forcer.









Gros bordel aberrant ou groupe de rock ultra entraînant (si l’on est dans un état second), difficile de trancher. Tiens j’hésite même encore à avoir un avis définitif. Le plus marrant, c’est que le groupe, qui a une résonance non négligeable dans le milieu du Rock éxpé, continue à garder une posture bien en marge, genre on se trimballe avec des masques pourris, et l’on fait tous les concerts au milieu du public (si si) parceque l’on aime pas la scene. La légende dit même que pas mal de gens auraient été surpris de voir deux mecs dans la foule foutre en l’air la première partie d’un concert de Lightning bolt, avant de comprendre que justement, c’était eux, les Lightning Bolt…
Pour le reste, “Wonderful Rainbow” est, parait il, beaucoup plus accessible que leur premier disque (que je n’ai jamais écouté…) Il est en tout cas, et sans hésitation possible, plus entraînant, plus barré et plus digeste que son successeur (même s’ils partagent tout deux de biens belles pochettes).


Wonderful Rainbow, où le meilleur moyen d’aborder le groupe ? Assurément. De plonger dans un rock instrumental de folie, filant à la vitesse de la lumière et hurlant comme un forcené ? Pourquoi pas, cela reste toujours plus drôle que Battles (mais moins foisonnant).

Reste à savoir si l’expérience, autant musicale que physique, vaut le coup de perdre 50% de ses capacités auditives…










Lightning Bolt – Dracula Mountain









Lightning Bolt – Peel Session
bon là, il faut fixer le batteur à la 40eme seconde…









10 titres – Load Records
Dat’











Trouble Over Tokyo – Pyramids

Posted in Chroniques on May 7th, 2008 by Dat'


Justin Timberlake meets Squarepusher during (Her Space) Holiday





Bon, ok, elle est super racoleuse cette accroche. Pourtant c’est un peu ce que je me suis dis en écoutant ce disque de Trouble Over Tokyo. Histoire de schématiser au maximum, certes, mais ces trois artistes me sont venus presque naturellement en pleine gueule à l’écoute du premier titre de ce Pyramids.


Trouble Over Tokyo, c’est l’histoire d’un prof de gratte Australien basé à Londres, qui se plait à faire des disques dans son coin, après avoir traîné dans quelques groupes. Le mec a un goût prononcé pour la pop, la simple, la directe. Mais ne peut s’empêcher de lorgner vers une electronica bousculée escarpée en diable. Il avait déjà sorti un disque autoproduit il y a deux ans, “1000”. Le truc n’était pas surpuissant, mais laissait perler quelque chose d’assez surprenant sous les aspects banals de la première écoute. Le disque était bien, mais la sauce n’avait pas prise. Il avait les éléments pour exploser, mais ne les mettaient pas en exergue. Une voix de tueur. La capacité de chier des mélodies bien lacrymales. Et une touche électronique à ne pas négliger, ravissant les esgourdes en quête d’adversité… Mais le tout ne formait pas un ensemble ultime. Juste très agréable. D’ailleurs, le disque est resté très confidentiel, je ne sais même pas s’il s’est vendu à plus de 900 exemplaires…

Mais voila que ce grand bohomme débarque avec un nouveau disque, composé encore tout seul, qui est sorti aussi de prime abord en catimini, de son propre chef.














Le détail assez sympathique avec Trouble Over Tokyo, c’est que tout, du Website jusqu’aux lyrics et cover de ses galettes, est dessiné. Comme fait “à la main”… Et donc à l’instar de son précèdent disque, on se retrouve avec une édition fourmillant de détails et petites private joke, de proverbes maisons un peu niais et de dessins bien marrants. On se tape même un schéma explicatif de Why should be on my album (on se demandera par contre pourquoi ils manque dans mon édition les paroles des trois ou quatre dernières chansons… allez savoir…)







Faut pas se leurrer, Trouble Over Tokyo, c’est de la pop. Mais il ne faut pas se faire piéger par les violons et la guitare acoustique, ainsi que les petite minauderies du chanteur.

Il suffit d’écouter le premier titre, Start Making Noise pour saisir le concept, et l’essence même de la musique de Trouble Over Tokyo. Gratte acoustique, nappes grondantes, et une voix, mon dieu, une voix de folie. Pure, cristalline, presque trop clichée quand on parle de pop. Qui siérait autant à du Coldplay qu’à un morceau r’n’bisant tournant en boucle à la radio. Je vois déjà serrer des dents. Et pour tout vous avouer, on m’aurait décris la chose de la même façon que l’un de mes sourcils aurait déjà une jolie crampe de circonspection.
Bref. Le mec continue sa complainte, des violons se posent, ça monte ça monte, on pense atterrir sur un refrain bourré de piano, de hululements célestes à faire chavirer les minettes. Craquement, bug, saccade, des beats giclent dans tous les sens. La structure explose, vrille, s’encastre dans un mur de rythmes éclatés, tornade de violons, avec le petit anglais/australien qui part dans des aigues à arracher le coeur. Le slow larmoyant, au demeurant superbe, se transforme en une cavalcade électro de folie, nous crachant à la gueule un contraste saisissant, à vous envoyer dans la stratosphère en quelques mesures. Son Noiiiise chapeauté de choeurs cristallins, déclamé comme s’il chutait dans une spirale sans fond arrache la gueule.
Le décors est planté, on va s’en prendre plein la poire. Mais pas dans le sens habituel du genre, avec une armada de rythmiques folles et agressives, ou des lignes de basses à faire trembler un pâté de maison. Non, ici, c’est le parfait équilibre entre facilité d’écoute et expérimentations, qui souffle, qui hypnotise, surtout de la part d’un blanc bec sorti de nul part.

Save Us, moins démonstratif, n’est pas non plus avare niveau baffes dans la tronche. Mélodie tristounette au piano, beat ultra appuyé, synthé bien fantomatique à filer la chair de poule, on savoure. Et voila que le Toph Taylor débarque, avec des petits aah aaah, genre je teste le micro avec style. Couplet de folie, le mec est littéralement habité, balance des phrases avec un naturel implacable, mettant à l’amende tout pitre peu remplumé devant un micro. Oh My god, Justin Timberlake chante sur The Eraser de Thom Yorke. Si si, c’est presque ça… les échos pleuvent, le piano roule comme jamais, les beats tabassent sans trop secouer. Histoire d’échouer tranquillement sur le tube du disque, The Liar, qui me fait clairement penser à du Her Space Holiday pour son intro aux violons virevoltants, avant de laisser un lit de rythmique façon fourmilière, très electronica dans l’âme, presque épileptique, gresiller dans toutes les directions. On prend une séquence, on la passe au hachoir, et on met le tout devant un ventilateur. Ca vole de partout, ça scintille dans l’air et c’est insaisissable. Encore une fois, chant de folie, qui part dans une frénésie totale avec cette partie scandée en ses deux tiers. Petit tube incontestable, qui ne se taillera sûrement jamais une petite part de bande radiophonique chez nous.









Et des tubes bien malaxés à la moulinette pop-electronica-r’n’b, on va en trouve plusieurs dans ce Pyramids. La ballade bouncy 4.228 où une certaine Milly Blue vient pousser la chansonnette et mettre un peu de féminité dans ce disque, en calmera plus d’un avec son refrain en apesanteur, même pas gâché une seconde par la niaiserie incontestable du texte.
Assez énorme d’entendre My Anxiety, qui aura pu passer sans problème avec un Timbaland inscris en gros en lieu et place du compositeur Australien. La ligne de chant est imparable, la grosse saturation est imparable, le beat bien dancefloor encore plus. Tu le passes sur MTV que tout le monde se demande d’où sort cette tuerie, se dit que le chanteur, ben il doit être trop beau et que le producteur à du toucher une bétonneuse de biftons pour produire le titre. Puis tu poses le single dans le FNAC du coin, il n’en restera plus à la fin de la journée. Manque de pot, My Anxiety ne passera sûrement jamais à la télé et c’est bien dommage.
Enfin, celui qui mettra tout le monde à genoux, qui rassurera ceux qui trouves les deux pistes du dessus trop frontales ou “simples”, qui ralliera les adeptes de morceaux facilement digérables aux amateurs de structures complexes taillée à la serpe, c’est sans contestation possible No Handed part III. Suite/refonte d’un double morceau qui était présent sur son précèdent disque (et qui écrase sans hésitation ces deux précédents exercices), le titre déroule un ensemble juste sublime, avec ce violon à tirer des glaviots lacrymaux en cascade, le rythme pachydermique (toutes proportions gardées) et ce refrain à inverser l’apesanteur elle-même.









Et point fatigué d’aligner deux trois bombes avec une maîtrise assez impressionnante, Trouble Over Tokyo défriche le terrain de la chanson pop belle, dénué d’électronique… Vous savez, les chansons belles, considérées comme telle dans l’inconscient collectif (donc forcement sans digression électroniques, quelle horreur comme ils disent souvent). On sort le piano, les choeurs, les violons, et on chante d’une voix claire et posée. Bon, perso je m’emmerde un peu sur Eyes Off Me, qui passerait très bien dans un film où-un-mec-court-apres-une-fille-qui-prend-l’avion-parceque-le-monsieur-il-etait-méchant-mais-il-regrette-alors-il-court-puis-il-prend-un-taxi-il-demande-au-conducteur-de-foncer-il-arrive-dans-la-salle-d’embarquement-l’avion-est-déjà-dans-le-ciel-donc-il-est-triste-mais-en-fait-la-jolie-fille-n’était-pas-monté-dedans-alors-vous-pensez-ils-sont-drôlement-content-les-tetons-pointent-et-ils-s’embrassent, mais pas plus.
Mais pour The Dark Below (à ne pas confondre avec le great below), c’est tout le contraire. Piano, voix, choeurs, et c’est tout. Pourtant Toph Taylor arrive presque à m’arracher une larme. La chanson est sublime, le refrain file la frousse, surtout vers la fin, quand il se permet de monter dans les aigues et de presser un peu plus son piano. Au secours, je deviens sentimental. Le genre de morceau qui arriverait comme un cheveu sur la soupe en live, avec la lumière qui s’éteint, le mec lâche ses machines pour se poser derrière son piano, tout le monde se la ferme, et à la fin de la chanson, on entendrait les mouches voler avant que les applaudissements résonnent, histoire de se rassurer, d’affirmer ce besoin irrépressible de casser l’irréel moment. De revenir sur terre. Ca doit faire frétiller la petite surface molle de mon coeur, je ne sais pas, difficilement explicable, mais c’est juste beau.

Trouble Over Tokyo va même pousser le vice, comme pour le titre d’ouverture, de faire fusionner les deux penchants de sa musique, sur le titre final Pyramids (à ne pas confondre avec pyramid song) : Mélodie candide au piano, presque boite à musique, coulant sous le chant calme de Toph Taylor. Choeurs, intensité qui gronde, on commence l’ascension, on vous compresse la colonne vertébrale, le tout prend une tournure presque Soul, et hop, une rythmique électro sort du placard pour chevaucher le tout, et accompagner le morceau pour attendre un gentil état de grâce. Certes, le kit de batterie est vraiment basique, mais l’intérêt n’est au final pas vraiment là, et la sauce prend sans se forcer, pour accoucher d’un très beau morceau de conclusion.










Il est clair que ce Pyramids ne plaira pas à tout le monde. Le coté très simple de certains morceaux pourront en faire bondir certains. Tout du moins si ces derniers n’étaient pas habités par une bonne louche d’electronica. Malgré tout, si l’on excepte l’assommant Off My eyes et le pas désagréable mais plutôt anecdotique Whashing Away The Dirt, on ne peut que tomber à genoux. Trouble Over Tokyo aligne des petits tubes bien retors et imparables, des morceaux pop à faire frémir les plus sensibles sans jamais se déparaitre de la petite surprise rythmique, de la complexité sortie de derrière les fagots. Il faut clairement pas être allergique au genre, il ne faut pas avoir envie de se plonger dans de l’expérimental, mais le disque est un excellent compromis entre les deux, arrivant à faire le grand écart en immédiateté pop et bizarreries électroniques, comme peu de groupes peuvent le faire ( Her Space Holiday Radiohead…).


Trouble Over Tokyo, c’est un peu “Cry me a River” remixé par PLAID. Evidemment que cela n’attendra jamais l’excellence des deux extrêmes précités, mais dans le genre contrepoids, surtout fait dans son coin ( !!! ) on a rarement attend ce niveau. Je sais que je radote, mais le chanteur peut en plus compter sur une voix de folie. A tuer n’importe qui sur place.


Ce Pyramids, c’est la synthese d’un mec qui aime la musique dans son ensemble, sans distinction de genre, quitte à se laisser dépasser par certains tics. Il balance tout avec son coeur, on fera les calculs après. Qui aime se balader avec des chansons super putes dans les oreilles en claquant des doigts, avant de revenir chez lui pour brancher ses machines et faire deux heures d’electronica autiste.
Qui trouve ça cool de poser la voix de Christophe Willem sur un morceau d’ Autechre, qui regarde le Top Mainstream de MTV avant de filer à une soirée Jungle Hardcore. Dernier gros point qui saute à la gueule, l’album transpire la sincérité. Toph Taylor semblant avoir sorti directement ce disque de ses tripes, façonné longuement avec ses petites mimimes, de chaque seconde de musique à chaque ligne de son livret…

Pour le coup, un label ne s’est pas trompé, car après une sortie en autoproduit sur sa propre structure, ce disque de Trouble Over Tokyo va sortir prochainement sur Klein. Ce n’est pas bien gros, mais c’est déjà bien. Le plus drôle, et triste en même temps, c’est qu’il n’y aura que 5000 copies de prévues, vu que le label n’a clairement pas pignon sur rue, là ou le mec a le potentiel d’en vendre dix fois plus. Il devrait néanmoins être trouvable en magasin si l’on passe la commande à son vendeur préféré.
(Et il reste disponible sur le site de l’artiste, livré super rapidement)




Splendide disque, un peu risqué, vu qu’il pourrait se mettre à dos les amateurs de musique électronique pour son coté trop immédiat, et faire fuir les amateurs de pop pour sa facette trop concassée.
Quoique, Trouble Over Tokyo risquera surtout le tour de force de réunir enfin deux publics diamétralement opposés : la midinette qui écoute en boucle le dernier titre du bellâtre à la mode et le désaxé amateur de constructions bien escarpées.



Quoi qu’il en soit, impossible que l’on n’entende pas parler de ce mec dans les mois à venir…









Trouble Over Tokyo – The Liar











10 Titres – Tokyotron records
Dat’











Videos µ°4

Posted in Chroniques on May 1st, 2008 by Dat'

Kids Undermirror



4eme Salve :










Avia – Why Should I Cry










KAN – 漢流の極論











Buruka Som Sistema feat Znobia & M.I.A & Saborosa & Puto Prata – Sound Of Kuduro









Dat’
Descriptions des videos en commentaire !








Portishead – Third

Posted in Chroniques on May 1st, 2008 by Dat'


Pre-earthquake Anthem












Je me retrouve un peu con, là, à ne pas savoir quoi dire. D’ailleurs ce qui va suivre est au final assez incohérent. Parce que après quelques jours d’écoute, je n’ai clairement pas encore saisi le disque. Sa substantique moelle comme dirait l’autre. Au départ je voulais en parler dans 6 mois, après avoir ingéré le monstre. Mais impossible de m’y résoudre, besoin de creuser le disque par écrit. Ça m’aide aussi à aborder l’album d’une autre manière. A découvrir des chansons que je n’avais pas écouté de la bonne manière. Ou différemment. Bref, un besoin presque viscéral. Comme pas mal de monde, j’attendais ce disque depuis des plombes. Depuis 10 ans. Vraiment. A m’enflammer à chaque rumeur de nouveau disque. A patienter sagement. A attendre. Attendre. Renoncer. Me dire que finalement, c’est très bien comme cela. Que Portishead fait parti du passé, mais qu’il est toujours bon de ressortir les disques, très souvent. Puis à s’enflammer lorsque des rumeurs parlent d’une reformation utopique. A trembler, blanc de peur, sur les premiers bouts d’instrues immondes qui ont perlé il y a pas mal de temps sur le myspace. Puis attendre. “Alien” d’abord. “Third” ensuite. Logique. Ne pas craquer. Ne pas casser la dynamique de l’attente. Malgré la vague de concerts enregistrés sur Youtube. D’écoutes intégrales sur Last-fm. Le plus drôle, c’est que pour une fois, malgré prières, implorations et tentatives de corruption, impossible d’avoir le disque en avance.

Jour de l’achat, on peste devant le choix de ces boîtiers à la mode, avec leur tranche réduite (j’aime pas ces boîtiers, j’y peux rien). On a le disque dans la poche. On est en avance. On attend quelqu’un, sous la pluie, abrité sous un mini-bout de porche d’un immeuble décrépis. Le moment idéal pour lancer le disque. Le rythme de Silence déboule. Une cavalcade ininterrompue. Des violons, comme au bon vieux temps. Ces lignes toutes fragiles, ces cordes prêtent à rompre. Cette guitare, lourde, pesante, qui tonne, qui vomi la même note. La mélodie est limpide, elle accroche directement. Elle se déroule. C’est long. 1 minute. Deux minutes. Deux minutes trente. Beth Gibbons arrive. Implore. Chante d’une façon pétrifiante, en cloisonnant dans sa gorge un semblant de sanglot, une boule grosse comme l’univers, qui l’étrangle, qui nous étouffe. Se tait. La cavalcade reprend, nous emporte avec elle. Arrêt brutal. on vérifie si le disque est toujours en train de tourner, si le discman ne vient pas de claquer au pire des moments. Que nenni. Sale coup de Portishead, ils savaient que tout le monde allait se perdre dans se premier morceau, trop content de se retrouver à nouveau enlacé par cette mélancolie presque morbide.











Il faut se le dire, sur Third, exit le Hiphop… Voir même exit le Trip-hop. On est bien sur un disque de Rock. Teinté d’electro, teinté d’une noirceur toujours aussi enivrante. Mais pour les Scratchs et les rythmes chaloupés, on pourra repasser. Les complaintes, il y en a toujours. Portishead fait toujours du Portishead. Nylon Smile est là pour enfoncer le clou. Il aura très bien figurer sur le deuxième disque. Sauf que les percussions et les guitares lancinantes ont remplacé les vinyles crépitants. Cette force dans les refrains. Dans ce morceau, il est à vous arracher la gueule en trente seconde. Il pue la mort. L’abandon total. L’impasse, dégueulasse, avec le cadavre qui pourri au fond au fond d’une flaque de pisse, à coté des poubelles et les vers qui passent par son trou du cul pour lui ronger les intestins. (Non mais c’est super beau quand même hein ! )
Plastic aussi, qui tonne comme l’orage, avec de grosses guitares plus menaçantes que Zeus Himself. Des réverbérations qui se perdent, qui tournent en enfer. Une batterie qui n’en fait qu’à sa tête. Et Beth gibbons qui semble partir dans une transe presque horrifiée, à éradiquer n’importe quel moral un tant soit peu défaillant. La rythmique completement flinguée et éclaté de Magic Doors fera aussi sont effet, avant de partir sur un refrain superbe, avec ce piano lourd, à tirer des larmes. Break, on égorge un pingouin, il crie comme un cochon, et hop on échoue une dernière fois sur ce refrain à tomber à la renverse…


Bon la messe est dite ? Non il y a The Rip. Le titre du disque au premier abord. Celui qui vous saute à la gueule à la première écoute. Et qui, à l’instar de quelques autres titres de ce Third, imprime une cassure en son milieu, un basculement total. Début acoustique, gratte chant. On se croirait revenu à l’époque du Beth Gibbons and Rustin Man, ce superbe album qui permettait d’entendre la Beth sur autre chose que des instrues neurasthéniques. Ok donc, passage acoustique, presque folk fait par un fantôme. Superbe chant. Toujours sur le fil, au bord de la rupture. On se laisse bercer. La mélodie est limpide, immédiate, sublime. Batterie qui déboule, qui accélère le tout. Synthé monstrueux. Blade Runner joue au Hockey avec ma mere.Ca monte ça monte, ça arrache les poils, la gueule, la mâchoire, les viscères, ce que vous voulez. On se sent submergé, prisonnier par cette vague sortie de nulle part, avec cette note tenue par Gibbons, comme pour vous régler le tympan sur une fréquence utilisée exclusivement par les anges… Et la litanie balancée au départ se retrouve en suspension totale, glissant sur cette nappe électronique qui débarque comme une vague immense, soutenue par un rythme bien appuyé. A crever de beauté. On le joue à ton enterrement que tu te réveil pour applaudir. Je veux dire, si au bout de dix ans, Portishead serait débarqué avec comme seul album ce morceau de 5 minutes, juste ce truc, j’aurais dis que c’est ok, que je suis drôlement content, comblé comme jamais, et qu’ils peuvent repartir dans leur caverne pour une demi-douzaine d’année sans regret, pas de problème.











Pour nous maintenir la tête sous l’eau, Portishead balance trois titres affolants, qui auront autant d’admirateurs que de détracteurs, tant le parti pris est assumé jusqu’au bout. Machine Gun tout d’abord, premier extrait suicidaire de l’album, avec cette rythmique ahurissante, compressée à mort, cette structure qui bug à n’en plus finir, imprimant dans notre cortex la pire des marches militaires que l’on ait pu graver sur disque. La maison de disque à du bien rigoler quand Portishead leur a confié l’envie de faire la promo autour de ce titre. Les Enfants du Plastique.
Tiens même la pub à la Tv, qui passe sur Canal + et TF1, ben elle a fait pleurer mon petit cousin. « Maman, au secours on va me tuer » qu’il a dit, en se noyant dans sa morve. Et encore, il a pas entendu quand le rythme change, mon petit cousin. La fréquence devient carrément psychotique, se tord, crisse, se morfond dans sa merde, pour devenir plus industriel que l’industriel. La nappe de fin, sublime, genre Vangelis se taillade les veines en prenant du Stablon, fini de vous achever à coup de pelle d’une façon bien propre. Le chant de Beth , lui, est étonnement clair, presque cristallin, avec les choeurs spectraux qui s’étirent à l’horizon. Machine gun, c’est un peu comme se prendre le trottoir en plein front environ 152 fois.

Le deuxième, c’est Carry On. Pour le coup, il y a de quoi être étonné. Portishead déroule un espèce de Hardcore Tribal étouffé, zébré de grésillements et de saturations qui feront fuir 90% de la population. Sans le chant de la belle, on croirait que la première moitié du titre s’est échappé d’un Black Dice. La rythmique est martiale, dissonante. Et l’on avance, on monte, on investi le terrain tel la plus dévastatrice des armées. La guitare balance un son imparable, la batterie se mue en bloc de glace, et c’est parti pour le traumatisme. La Downward Spiral de Bristol. On pourrait presque passer le morceau en club, si tout le monde trouvait cool de sauter sous le metro en dansant et en se tenant la main. Je verrais bien un groupe de Hardrock ou de Screamo reprendre le titre aussi. Pas touche à l’instrue hein, juste le chant. Entendre quelqu’un gueuler, devenir fou, s’arracher les tripes en hurlant à la mort sur la montée final, en beuglant des “And we carry on !!” jusqu’à devenir atone.

Dernier tour de force, Small part encore sur une dualité gratte voix, beaucoup plus sombre et traînante que The Rip . On susurre, on se plaint, on se lamente presque. Et voila qu’un orgue débarque, sans crier gare, pour emporter le morceau dans une longue chevauchée électronique instrumentale, de presque 4 minutes, mortuaire, nous balançant des les souvenirs bien noirs des premiers disques. Le morceau s’étire au final sur 7 minutes, et nous balance une vraie baffe en pleine gueule, avec cette chevauchée sortie de nulle part, cassant le titre au départ très lancinant. Et ce n’est pas le petit break calme de fin qui enterrera la hache de guerre, vu que le tout repartira pour une envolée folle, histoire de conclure en bonne forme.
Le disque finira sur le bien glauque Threads laissant glisser guitare et violon, avant de faire parler saturations et guitares façon abîmes, pour des explosions qui frisent le Métal, et une Beth gibbons qui se perd dans ses sanglots, emportés par des paraboles de sons bien sombres, comme un paquebot quittant le port en direction d’une nouvelle terre.











En entamant l’intro bordélique au dessus, je comptais écrire 20 ou 30 lignes, et dire que je reviendrai sur le disque dans quelques mois. Chassez le naturel, il revient au galop. Et après s’être laissé emporté dans une description automatique des titres, ben je ne sais toujours pas trop quoi dire. Je suis sur que je vais avoir une folle envie de revenir sur cet article. Le corriger, le compléter. Ou en refaire un.
Une chose est sure, l’album est grand. Enrme. Même les cotés les plus énervant de Portishead, que l’on retrouve toujours sur ce disque, passent presque comme du petit lait, comme sur Threads ou Plastic. Il va encore engendrer une tonne de groupe qui vont tenter de réitérer l’exploit de sortir un disque aussi sombre et pessimiste que ce Third en grande pompe. Le disque a une visibilité de folie dans les magasins, se paie même des pub Tv, et pourtant le tout et d’une radicalité assez impressionnante. Les cotés expérimentaux ne sont plus cachés derrière des tubes en puissances que pouvaient être les Roads, Glory Box and co… Il va falloir chercher, creuser jusqu’au sang, à s’en retourner les ongles, pour trouver les moments de grâce. Et pourtant il y en a. Evidents, implacables, magistraux : The Rip tout d’abord. Et evidemment les autres morceaux j’ai-la-chair-de-poule-tellement-c’est-beau que sont Magic Doors, Machine Gun ou autres Nylon Smile

Niveau style et influence sur les instrues, on pense à une tripoté de trucs Post-rock/ Krautrock, Goeff se dit même fortement influencé par Can et Neu !, A pas mal d’envolées électroniques aussi, du Throbbing Gristle, mais sur une bonne poignée de titre, les plus calmes, le disque me fait aussi penser à l’album de Circlesquare. Même teintes blafardes, mêmes guitares traînantes, mêmes lignes de basses grondantes.




Peut être que l’album va s’essouffler plus vite que ces prédécesseurs. Peut être qu’il va rester comme un classique sur plus d’une décennie. Peut être sera-t-il porteur d’un nouvel engouement pour ses musiques crades et mélancoliques. Peut être sera-t-il un simple pétard mouillé, apprécié seulement part les fous qui ont attendu le retour d’un groupe que beaucoup de monde commençait à taxer de poussiéreux. A voir si le disque, mis en avant un peu partout, réussira le pari de convaincre les foules, surtout avec des morceaux comme Machine gun sur les présentoirs.




La où Portishead force le respect, c’est que Third est un disque livré d’une façon presque trop brute, sans concession aucune. Third est un grand disque. Third pue la mort. Third bouscule comme jamais.



Et au final, je ne sais toujours pas quoi dire.


















Portishead – Carry On








11 titres – Island Records
Dat’









Videos µ°3

Posted in Chroniques on April 25th, 2008 by Dat'


Accident at Injured Strings



3eme Salve :












The Chemical Brothers – The Test / “Come With Us” ( Virgin Records )














Alias – Sixies Last / “Muted” ( Anticon )
















Danny Saucedo – Tokyo / “Hear Beats” ( SMG )











Dat’









Crystal Castles – Crystal Castles

Posted in Chroniques on April 24th, 2008 by Dat'


Wanna Slay People With Woodman






Megaman 2. Le mec cheveux au vent sur son building. Les sauts dans les nuages. Les blocs qui tombent. Les petits mecs jaunes à casque. Chaque pas pouvant être fatal. Les petits oiseaux qui fondent sur vous. Le professeur un peu coquin qui vous touche le corps pour vous greffer de nouvelles choses. Mais surtout Woodman et Bubble man. Les arbres bioniques, les singes suspendus à des bambous volants, les lapins qui lancent des carottes en métal, les poissons géants qui balancent des hippocampes en armure, les grenouilles pourries, les chiens qui crachent du feu, les feuilles téléguidées. Comme pas mal de gens, j’ai été happé plus jeune par ce jeu, qui me semblait insurmontable. Mais à dire vrai, plus que le challenge proposé, c’était vraiment les perles de musiques qui étaient distillées tout au long des niveaux qui m’arrachaient les neurones, en particulier sur les deux susnommés. Limite on faisait du headbanging en martyrisant les manettes, et on chantait les compositions en allant jouer au foot, en bas de la rue, en tapant dans un ballon fait avec du papier journal parce que les voisins, sinon, ils étaient pas content et ils flippaient pour leurs voitures.



J’ai beau tout faire, des que je pose une oreille sur un morceau de 8bits music, je pense à ça. Impossible de m’en défaire. Allant parfois comparer l’efficacité du titre avec ce qu’il reste de souvenirs completement effilochés dans ma caboche rongée par le Rivotril. Ce qui est cool, c’est que même en restant très marginal, le courant 8bits / Chiptune music a fait son trou, pour ravir tous les nostalgiques et les amateurs de musique électro débile mais jouissive dont je fais parti…
Des énormes Teamtendo à Bodgan Raczynski, en passant par le groupuscule 8bits People, il suffit de chercher un peu pour trouver son bonheur, et tomber sur de vraies perles, qui s’affranchissent de leur passif Geek pour balancer de véritables petites tueries dancefloor con-con. Super irritant pour les uns, ultra regressivo-jouissif pour les autres, le genre ne risquait de toute façon pas débarquer sur le devant de la scène, (tout au plus utilisé comme gadget dans deux trois tubes, à l’instar de la noise) même si deux trois illuminés voient en le genre le mouvement le plus excitant depuis le Punk (??) ou une démarche militante envers l’anti consumérisme et le désir de rester un petit n’enfant dans un corps d’adulte ravagé par les excès.



Et c’est là que débarquent les Crystal Castles. Selon la légende, un soir, Ethan, passablement éméché, matraqua son clavier croisé avec un processeur amiga pour en sortir une des compos dont il a le secret. Alice elle, criait dans un micro sans savoir qu’elle était enregistrée, histoire d’échauffer sa voix. “Accidentellement”, tout fut enregistré, et le Ethan s’est pris l’idée de superposer le tout. Ils trouvèrent ça marrant, ont balancé ça sur Myspace, carton immédiat. Avalanche de requests, un producteur les remarque, et hop, on presse ça sur vinyle. S’ensuit une Hype ultra grandissante, un passage dans la série Skins, des concerts de partout, et un groupe que les magasines se plaisent à définir comme étant de vraies tête de cons, refusant les interviews, devenant ingérables ou affichant un dédain intersidérale pour la presse et les medias. (Bon pour le coup, votre serviteur étant toujours à l’ouest, j’ai été au courant de tout cela que dernièrement. Je pensais même que le groupe était super underground, étant auteur que d’un excellent ep, Air War, qu’ils avaient peiné à vendre à plus de 500ex point barre en tapinant sur la terrasse d’un macdonalds. Loin de moi l’idée qu’un truc pareil pouvait réellement tout casser, mais passons…)
















Ce que l’on ne pourra pas reprocher aux CC, c’est d’avoir bien chiadé leur packaging. Au départ prévu avec un artwork de Trevor Brown présentant une Madonna tuméfiée, le disque est finalement balancé avec quelque chose de plus commun, vu que l’habillage avait été utilisé sans autorisation. Mais le tout est casé dans un packaging bien épais, à la qualité presque “papier photo” avec en bonus un poster hideux casé à l’intérieur. (Faites un test : vous avez envie d’accrocher ça sur l’un de vos murs ? = vous avez pris de la drogue. Simple, et efficace.)

A noté que ce petit privilège n’est peut être réservé qu’à l’édition américaine (sortie le mois dernier) vu que le disque sort en France en toute fin de mois. Le suspense est total. Vous allez peut être même avoir un titre bonus ou deux au lieu du poster, bande de petits veinards.










Le concept, au final, c’est quoi ? Un mec derrière ses claviers, bidouillés pour que ces derniers crachent la meilleure des litanies Gameboy. Une nana qui hurle, chante, hulule, gazouille derrière le micro. A l’écoute du premier fameux titre, Alice Practice on pourrait même illustrer (grosse erreur) Crystal Castles comme étant des Atari Teenage Riot ayant troqué leur Hardcore pour une free-party chez Mario et Yoshi. Grosses déflagrations 8bits, genre tu passes Tetris à la moulinette. La nana hurle, crie dans son micro, la voix en est même presque parasitée. Ok, cela doit faire son petit effet en concert. Et si l’on retrouve le même type d’exercice sur Xxzxcuzx Me il serait bien maladroit de croire que le groupe ne se cantonne qu’à cela. C’est même la part “minime” de leur boulot, l’album étant majoritairement composé de bluettes bien plus gentillettes et apaisées, à l’image de Crimewave et surtout Magic Spells, petits pop-songs 8 bits qui ne soulèveront clairement pas les foules mais raviront les oreilles.










LE titre de l’album, LE titre du groupe tout court, c’est Air War. Une bombe. L’un des meilleurs titre Chipmusic qui m’a été donné d’entendre, télescopant tout ce qui peux se faire de mieux dans le genre, en tirant autant sur la mélodie nostalgique que le coté super entraînant et immédiat, à rendre fou toute paire de jambes normalement constituée. La petite litanie s’installe, sautillante, Alice bafouille des trucs incompréhensibles au micro, et nous nous laissons prendre comme des cons dans la danse. Des que le beat se fait plus appuyé, on part dans un délire videomusicoludique juste énorme, on saute de partout, avant que le titre se fasse plus grave, avec ces synthés cradingues, qui semblent tomber dans un trou sans fond, et le rythme vrillé en arrière plan. C’est pas pour les Geek, c’est pas pour les new-ravers, c’est pas pour les fluokids, c’est pas pour les amateurs de drogue, c’est pour tout le monde, et on partouze avec le sourire s’il vous plait. Imparable.

On essaie de se remettre de ce petit attentat qu’un synthé vient nous titiller l’oreille à l’entame de Courtship Dating. Question immédiate : “Mais j’ai déjà entendu cela quelque part !?”. Effectivement, le tout fait penser, à s’y méprendre, à l’intro du dernier tube de 50 cents feat Timberlake produit par Timbaland (et aussi à un morceau de Nelly furtado par la même occasion). Vous savez, le fameux titre dont tout le monde aime l’instrue, mais que personne n’ose le dire car c’est du 50 cents et que bon, hein, il faut pas trop déconner quand même. Bref, la salve de synthé tue bien comme il faut, et accompagne parfaitement le beat bien salace du titre, avec une Alice qui pose sa voix d’une façon étonnamment pop après les beuglements qui précédaient ce morceau. Excellente petite raclée, moins imparable que l’autre, mais plus sournoise, rongeant vos oreilles pour les parasiter sur une journée entière.

Et hop, on se retrouve à fumer du crack sur le dos de Yoshi avec Good Time, sorte de comptine débile passée au hachoir 8bits, toute distordue, plein d’échos, bien sautillante. Ca donnerait presque envie d’harceler sexuellement un Alex Kidd en goguette. Même constat pour Vanished à se laisser planer au milieu de nuages pixellisés à mort, en essayant tant bien que mal d’éviter des trais jaunes qui se revelent etre des étoiles filantes (en plissant bien les yeux). Des friandises dans le genre, on en compte pas mal, avec Knights ou Through The Hosiery en tête de file. (Ainsi qu’un Tell me What To Swallow étrangement acoustique en conclusion, qui tranche réellement avec le reste du disque.)









Il est évident que pour avoir une popularité de la sorte, la musique de Cristal Castles n’est clairement pas tournée vers les racines de la Chipmusic. Les mecs ne se complaisent pas dans un copier coller des plus grands hymnes de nos jeunesses, et porte justement la recette sur un coté immédiat, dancefloor et pop. Une sorte de Chip ouverte, qui passera plus sur le label Kitsuné que dans un jeu Commodore 64. Comme l’on fait bien des groupes dans le passé, on utilise un genre plutôt confidentiel pour l’aérer au maximum, et convertir au maximum, convaincues de toucher à quelque chose d’inédit. Et dieu sait si de ce coté là, les Cristal Castles gèrent la chose de main de maître. Mais ils ne mettent pas non plus de coté ce petit coté Geek qui se nécrose au fond du coeur de compositeur d’Ethan, en témoigne trois titres du disque :

1991, très court morceau, est une petite bombe condensée en deux minutes, sorte de morceau de bravoure synthétique en progression, que l’on callerait bien en amont d’un boss, pour faire monter la tension, vérifiant méticuleusement son inventaire avant de faire le grand saut. Reckless va dérouler le grand jeu, la petite mélodie encore imparable, presque parfaite boucle acid super joyeuse, et ultra dansante. Le genre de morceau qui vous ferait (enfin) scotcher sur un générique de fin, rendant les crédits et le défilé de décors réglementaire diablement plus attirant. Mais qui pourrait aussi faire balancer les corps , assiégé par la défonce dans une salle de concert, transformant le bar crade en collines vertes, le Dj enflammé en Lakitu extatique, et les murs gris en couloirs de briques roses fluos.
Quand à la vraie petite bombe nostalgique, elle sera à chercher du coté de l’énormissime Black Panther, qui aurait pu être catapulté hymne du collectif 8 bits People sans sourciller une seconde. Grosse ligne mélodique bien kitsch, avec une Alice qui clame des insanités à l’horizon, le tout oblige juste à se briser la nuque en dansant sur ce titre. La quintessence de ce que je parlais en introduction : avec trois notes pourries, on peut accoucher d’une petite perle merdico-délirante, un machin mystique, irrationnel tant il provoque ce sentiment de jubilation et d’allégresse abêtissante.
Les allergiques de trips régressifs partiront en courant, les autres seront aux anges.











Une interrogation reste clairement en suspens. Le fait d’être mis en avant de la sorte est elle autant du à la musique ou à l’attitude (faussement ?) Punk-destroy-dédaigneuse du groupe, qui déclame se foutre de tout, être intéressé par que dalle, si l’on excepte le fait de “faire du bruit” ?

Le talent, la clef du groupe reste de télescoper tous les codes et ce qui se fait de plus accessible et de mieux dans la nouvelle vague électro-rock-newrave (sur toutes les bouches ces derniers temps) avec les ingrédients les plus rétros et régressifs que l’on puisse trouver dans la musique électronique. Là où le bas blesse, c’est que le groupe semble déjà s’autodétruire des le premier disque, avec une recette qui risque difficilement d’être renouvelable en l’état. Le plus drole étant d’entendre que ceci est le “son de demain”. Il est aussi un peu dommage que le coté “énervé” du groupe soit plus une resucée du premier morceau du groupe. (Voir le triptyque Alice Practice, Xxzxcuzx Me et Love And Caring qui utilisent étrangement les même éléments jusqu’à overdose)
On est aussi clairement étonné, (dans le bon sens du terme) de voir que là où l’on attendait une enfilade de bastos super dancefloors, histoire de pérenniser l’image hype du groupe, Crystal Castles lâche sur une bonne moitié de son album des petites litanies Pop 8 bits, bien gentillettes, insouciantes et parfois, il ne faut pas le nier, assez anodines. Plus propices au vagabondage tranquille dans un parc qu’à une nuit de débauche dans un squat.

Mais c’est au final sûrement ce qui réussi à ce disque de Cristal Castles. Même s’ils adoptent le coté assez radical de n’utiliser que des sons 8 bits dans leur compos, le tout tape dans bien des directions, et se trouve bien plus écoutable sur la longueur qu’un disque stricto-chiptune.
Surtout que l’album abrite de vraies diamants, Air War et Black Panther. A l’instar d’un Cote Ouest d’un Tepr, ou du Midnight Juggernauts, ce Cristal Castles est la friandise que l’on aimera tous se lancer après écoute intensive d’un µ-ziq bien dépressif.



Bref, clairement pas indispensable, mais chaudement recommandé pour prendre son pied sur des boucles toutes pourries, et méchamment jouissives.

Les nostalgiques ne se sont jamais aussi sentis aussi actuels.



















Crystal Castles – Air War (Version Courte)









Crystal Castles – Black Panther











16 titres – Last Gang Records
Dat’










RAoul Sinier – Brain Kitchen

Posted in Chroniques on April 14th, 2008 by Dat'


It’s about Whalemen, BabyTrash, Ants, Samourai Radish, Flesh and Robots.






Le seul mec qui a fait passé Venetian Snares pour un ermite fainéant et improductif cette année est français. Raoul Sinier cumule en un peu plus d’un an pas mois de 6 sorties sur presque autant de labels différents… D’ailleurs, pour le coup, je ne sais même plus quoi écrire en intro, vu qu’à l’instar des productions du canadien cité plus haut, le nombre d’article sur Raoul Sinier dans ces pages se transforme petit à petit en vraie avalanche.

Reste que si l’année 2007 a été émaillée par de nombreuses galettes placées sous le signe du RA, c’est bien dans ses prémices que le choc fut rude, avec le gigantesque Wxfdswxc2, tuerie absolue, indispensable disque pour tout amateur d’électronique crade et barrée, malheuresement presque introuvable 1 an après. (Il devrait néanmoins ressortir en version digitale dans les semaines à venir) Un véritable diamant, laissant perler des moments sublimes sous les saturations et les zébrures monstrueuses. On a suivi l’année de Raoul Sinier comme un drogué avec son fix, content de reprendre une dose sans jamais prendre la même baffe intergalactique que lors de la première injection.

Ce Brain Kitchen annoncé comme véritable 3eme disque de Ra, et donc successeur direct de Wxfdswxc2, portait donc un lourd passif. Comment faire mieux que la précédente galette, tout en réussissant à nous étonner malgré de nouveaux morceaux/EP proposés tout les trois mois entre les deux albums…















Le fossé, le changement entre l’année 2007 et ce nouvel opus est de prime abord difficilement perceptible si l’on en reste à l’ouverture du disque, Intro 3 qui reste dans le pur style Ra déballé ces derniers mois : Ligne mélodique ombrageuse, massive et bien crade, qui crache sa rage sur un beat massif, percutant comme la mort. On a même ici une petite touche industrielle, avec des claquements de machines non identifiés. Ca explose, ça accélère, histoire de nous faire morfler sur une belle montée ininterrompue en guise d’introduction.
Bref, on se dit que Raoul Sinier veut confirmer sa ligne directrice, profiter d’une distribution et d’une ouverture plus large pour continuer son travail de bourreau des machines. Ce qui, au vu des précédentes sorties, conviendrait parfaitement à tout amateur du genre.

Ne pas prendre de risque. L’idée même de faire du surplace pour un mec dont la musique est déjà un risque à elle seule semble pourtant clairement saugrenue. Et se fait littéralement balayer des que l’on avance dans ce Brain Kitchen.








Raoul Sinier ne prend pas seulement des risques, il envoie carrément sa musique dans des stratosphères rarement foulées jusqu’à lors, d’une façon radicale. Le déclic se trouve un peu plus loin, cristallisé par Stone Pills. On pige directement le virage que prend la patte “RA” sur ce disque. Le travail sur les rythmes est juste ahurissant. Démarrant sur un synthé claudiquant, on entend de drôles de fourmillements en arrière-cours. Le rythme débarque, explose, se nécrose, se tire, s’arrache les viscères dès le début de la piste. Une espèce de masse grouillante, laissant perler Trente sons à la seconde, donnant à peine le temps à des robots de crisser, crier, déraper, avant d’être repris dans le maelstrom grouillant. C’est un peu comme si RA avait posé une boite à rythme sur chaque patte d’une colonie de fourmi, et que cette dernière improvisait une exode musicale en courant le marathon de Paris. Pas de structure à proprement parler, on tente de se raccrocher à la litanie égrenée par le clavier pour que notre oreille trouve une “prise”, une balise. Réflexe humain quand la noyade devient inexorable. Et au moment où l’on trouve refuge dans un morceau qui semble enfin se laisser dompter, tout se nécrose, par en vrille, disparaît. Imaginez que le titre est une page blanche, et que vous le roulez en boule avant de balancer ça par la fenêtre.
Toutes les machines d’une usine débarquent en hurlant, en se tordant de douleur, en roulant des yeux et en tabassant tout ce qui bouge. Impossible de comprendre ce qu’il se passe, impossible de réellement piger si c’est bien le disque qui part dans un territoire inhumain, ou si toutes les rames de métro autour de vous vous saute dessus pour vous étrangler. Ce n’est pas effrayant, pas agressif, juste incroyable. Le soulèvement des machines est pour aujourd’hui. Non content de nous lapider avec ce changement, l’armada laisse une once d’humanité se frayer un chemin, avec une mélodie pétrifiante de tristesse, tout droit sortie du plus beau des Aphex Twin, pleurant le fait de se faire déchirer de la sorte.
Morceau juste incroyable. Niveau “les machines prennent vie et vous arrachent le coeur tellement c’est beau”, on avait pas fait aussi bien depuis le Untilted d’Autechre.


Ce morceau cristallise parfaitement le pallier franchi sur cet album. Ce qui va impressionner. Les rythmes. Les beats. Ce travail de fou, qui annihile les structures, qui transforme les mots continuité et répétition en notion inexistante. Une confirmation, histoire de se convaincre que l’essai, n’est pas un one shot ? Simple, le titre juste après, BabyTrash (remember la petite poubelle) nous en balance autant dans la gueule d’un point de vu construction. Sur une nappe encore une fois bien grasse se prélasse une véritable armada de cliquetis, d’incisions, de coups de lames rythmiques très claires, se comptant en milli secondes. Comme si un androïde tapait son rapport sur un clavier d’ordi cassé, après avoir pris un navire de coke dans la tronche. Coup derrière la nuque, le robot se désactive, et la piste bascule sur un environnement plus candide, plus lumineux, avec un rythme qui se fait presque simili-hiphop pendant quelques secondes, avant de vouloir concurrencer une nouvelle fois nos amies les fourmis, à la vitesse de la lumière. Enorme. Le boulot sur les rythmes est réellement à tomber à la renverse.










Et quand Ra tente de la jouer cool, avec King Frog, et son coté funk salace bien marrant, c’est de toute façon pour nous tétaniser de la même manière. La mélodie est instantanée, immédiate, presque tubesque, prête à retourner une boite de nuit. Le beat se fait même presque House pendant quelques secondes. Mais tout est accolé à des hurlements de machines, qui en veulent toujours plus, crissant, se foutant sur la gueule en arrière-plan. Elles cassent la dynamique, explosent la bonne marche, transforment la petite bombe en folie industrielle. “Hey les mecs, je tiens un tube gigantesque là, mais je vais l’enregistrer en live dans une usine d’assemblage de motos Kawa”. On danse comme des petits fous entre un rouleau compresseur et un atelier de soudure. Break, on sombre dans la dépression, avant que la mélodie revienne, beaucoup plus lancinante, saccadé. Plus belle aussi, presque résignée sur le tapis roulant la menant à la concasseuse. Des choeurs religieux se greffe au tout, c’est sublime, le métal a la chair de poule, un comble.

Les Whalemen, eux, sont toujours bien présents, et font la teuf dans une cathédrale. On sort l’orgue histoire d’égorger les poulets dans la bonne humeur, et on part dans une transe bien sombre, parfois émaillée de petits éclairs optimistes presque 8 bits dans la mélodie. Le tout noyé sous un lit de rythme encore une fois aberrant, à s’en décrocher la mâchoire. Le tout se fini sur une montée très analord, avant de subir encore le sort de l’étouffement programmé, de la nécrose de beat qui semble chère à Raoul Sinier.

Vous aimez le Jazz ? la petite boucle de piano entamant Solid Flesh vous le rendra bien. Enfin sur quelques secondes, avant que le tout bascule encore sur une messe orgiaque, où les corbeaux baisent avec les zombies en buvant du sperme dans des crânes de jeunes vierges.
Le breakcore vous fait envie ? Listen Close va nous en balancer violemment, tout en évitant de calquer la rythmique si commune à ses collègues. Ici, tout est ravagé, on superpose trois chansons de Venetian Snares avec une vitesse multipliée par dix, puis on passe le tout au bullet-time.
Et quand on parlait d’instrues organiques, vivantes, en constantes mutations, on ne peut pas passer outre The Incredible Spitting Machine qui convie les plus grandes forces des synthés fantomatiques accouplés à un magma sonore indescriptible qui ferait passer les compos les plus alambiquées d’un Quaristice en demi-teinte pour des compos d’étudiants faites sous E-jay.










Et si l’on excepte l’impressionnant et ultra saccagé Bleeders Club qui déverse une vomissure de bleeps métalliques sur une mélodie toute belle, la fin de l’album va s’avérer plus tempérée. Enfin je dis ça, mais le tout reste hautement barré. Mais les structures, le déroulement est plus progressif. Les changements sont moins abrupts, interviennent par leviers successifs. La première bonne surprise est de retrouver l’ineffable Huge Radish Samourai, morceau titre de son (gros) Ep sorti en fin d’année, entre titres inédits et remix (Raah il faut écouter celui de Lynx & Ram). Le titre illustre à merveille la cavale du pauvre radis traqué dans une usine digne d’Oddworld, en offrant des couches de nappes mystérieuses bouffées par des sons crépitant dans vos oreilles au fur et à mesure que la course poursuite s’intensifie. On est loin de la rage incontrôlée des precedents morceaux. Tout est distillé avec une préciosité saisissante. La petite mélodie candide perlant en fond semble vous transporter dans un ballet vieillot, littéralement submergé par les parasites, par ces vagues de beats insectoides bouffant le titre jusqu’à sa moelle, échouant sur un final ahurissant, dévorant la moindre parcelle de normalité d’une façon effrénée et désordonnée, revenant alors aux structures affolées décrites plus haut. Au casque, l’effet est assez renversant…

Brain Kitchen se fera encore plus lancinant, beaucoup plus posé, avec ce synthé nauséeux s’enroulant petit à petit sur une aura menaçante, armée de beats toujours concassés mais plus espacés et discrets qu’à l’accoutumés. On avance comme dans un tunnel, à peine éclairé de sa torche pourrie, avant de tomber sur le grand monstre, qui explose avec son beat gigantesque, fracassant, et la mélodie grandiloquente, à raidir le plus téméraire des auditeurs. Vous faite le pire des cauchemars, et l’on profite en plus de votre sommeil pour vous passer à tabac.











Difficile de dire si ce nouveau disque est meilleur que Wxfdswxc2. Car ce dernier comportait des morceaux tellement cultes, des envolées tellement énormes qu’il devient difficile d’être objectif. Je suis convaincu que Wxfdswxc2 est un disque que je continuerai de conseiller et de défendre corps et âme dans dix ans, tant l’objet cristallise tout ce qu’il y a de mieux dans la musique électro ravagée.
Brain Kitchen choisi de prendre un autre parti. Fini les titres qui paraissent immédiat des la première écoute (Wonderful Bastard ou Skinfest), bonjour le travail d’orfèvre, le ciselage de rythmiques presque impensables. Raoul Sinier a choisi de nous offrir un disque radical, qui creuse un fossé conséquent avec ses anciennes oeuvres d’un point de vu architecture sonore. Fini les directs en pleine gueule. Ici, il faut s’abandonner, s’investir presque, pour pouvoir s’émerveiller de ses myriades d’explosions, de rythmiques grouillantes, de cette véritable population de beat qui fait sa révolution sur chaque titre.

Et quand j’emploi le terme “Radical”, c’est que le disque l’est réellement. On a rarement entendu cela dans l’électronique française. La richesse des rythmiques met à l’amende la majorité des formations dans le style, et peut même être comparé au sacro-saint Autechre. C’est dire le tour de force. Les synthés, eux, ne sont pas comparable avec autre chose. Ils devraient limite avoir le copyright Ra, histoire de breveter le truc.
Sans compter que le disque offre de toute façon des morceaux proprement hallucinants, comme Stone Pills ( je vais pas m’en remettre de celui là), King Frog ou BabyTrash. A l’instar du précédent disque, on ne risque pas de croiser souvent un album aussi singulier que Brain Kitchen. Ra a une patte bien à lui, atypique, voir unique. En espérant que sa signature chez Ad Noiseam va enfin permettre une distribution sur le long terme.

Ce Brain Kitchen se pose (encore) comme un disque indispensable, mais pour oreilles vraiment parées à tout pour le coup. Le disque est rude, fracassée comme jamais. Il défonce, il détruit, il transperce. Il vous balance une nuée d’insectes dans le conduit auditif, tout en bouchant le tout avec des claviers plaintifs. On avait pas eu un disque aussi poussé dans le “je fais tout exploser, partir en vrille et je vous emmerde” depuis le Moustache de Mr Oizo.
C’est une pierre de plus à l’édifice que Raoul Sinier continue de construire, son univers de créatures monstrueuses et mélancoliques, en les référençant directement dans les titres, en les faisant apparaître dans ses courts métrages, dans ses peintures, en les incrustant petit à petit dans des scènes quotidiennes, rendant le tout presque vraisemblable.



Peut être a-t-il même réellement un gros limaçon câlin sous son canapé, allez savoir.


















Contrairement à Wxfdswxc2 , il n’y pas de Dvd pour accompagner Brain Kitchen. Par contre, ce dernier est cette fois accompagné d’un magazine bien rempli, à lire, pour découvrir un peu plus l’univers de Sinier, des interviews, des pensées mises en vrac… Et qui, surtout, donne l’explication de l’idée du Radis Samourai :




BRAIN KITCHEN MAGAZINE








14 Titres – Ad Noiseam
Dat’









Easy Star All Stars – Radiodread

Posted in Chroniques on April 4th, 2008 by Dat'


Well Charged






Radiohead. Ok Computer.
Il faudrait être fou pour s’attaquer à ce monolithe culte. Ce disque adoubé, vénéré, idolâtré dans le monde entier. Petit chef d’oeuvre de complexité rock, pétrifiant. Le disque qui est ressorti à chaque conversation sur les 10 disques qui ont marqué le Rock. C’est aussi l’un des disques qui a le plus inspiré les zicos d’aujourd’hui, ceux qui aiment beugler dans un micro une guitare à la main, pas toujours branchée. Une référence absolue.
Il est aussi décliné en milliers de remixes, d’albums plus ou moins officiels, de théories plus ou moins fumeuses. On ne compte plus les titres de Radiohead remixés dans une Techno merdique, en folk neurasthénique, en rock hystérique, en piano-voix dépressif. A se défenestrer.

Les remixes, en général, j’accroche moyen. Autant l’exercice de Bootleg est quelque chose qui me fascine, qui me passionne, mais les remixes, chose pourtant inhérente à la musique électronique ou hip-hop, me gonflent la plus part du temps. L’exercice est évidemment casse gueule, et le fait de reprendre sans grand risque une piste donnée n’est que guère excitant, concurrençant très rarement les matériaux originels.
Easy Star All Star on fait de cet exercice leur spécialité. Grosse formation de Reggæ Dub, les mecs ont explosé avec une cover complète du fameux « Dark Side Of The Moon » des Pink Floyd. Gros succès, carton underground, vu le culot de l’entreprise. Personnellement, je ne peux pas en dire plus, impossible de le trouver.



Mais quand on tombe nez à nez avec un RADIODREAD, a.k.a Ok computer repris par un groupe de Reggæ, on se fend la poire. On croit même à la blague de mauvais goût, ou à tous ces disques semi-officiels que l’on trouve dans tous les magasins de disques, ces « Tribute Disc » bien souvent frelatés, aux artworks ignobles (il faudra m’expliquer ça un jour) et ne dégageant qu’une ou deux bonnes réinterprétations au milieu de tentatives pas très folichonnes. Surtout que l’exercice de la reprise reggae n’est pas rare, donnant des version fégniante et sans passion de titre de stade, histoire d’enchanter les consommateurs d’herbe en manque de sensation (kikoo je reprend les White Stripes avec un beat et une gratte rachitique)
La curiosité est un vilain défaut, on se laisse tenter, en pensant déjà amèrement regretter les deniers dument gaspillés dans l’objet, en se consolant avec la possibilité de faire passer le truc dans une soirée ratée, histoire de faire marrer deux trois potes éméchés. Sauf qu’après la première écoute, on se demande si l’on ne va pas louer le stade de France pour passer le disque en boucle.















Cover super classe ; livret expliquant d’une façon exhaustive le fait d’avoir opté pour Ok Computer, disque beaucoup plus dur à calquer en Reggae que celui des Pink Floyd, vu les mélodies et structures escarpées, et parfois complexes, de l’album anglais.

Quand je parle de « calque », c’est que Radiodread met un point d’honneur à respecter au millimètre près l’oeuvre de Thom Yorke et ses copains : Même Tracklisting, même durée sensible de morceaux, même lyrics (si l’on excepte Fitter Happier), Timing au sein d’un morceau respecté le mieux possible… Pourtant, aucun sample de Ok computer ne sera utilisé. Tout est joué par le groupe, et chanté par des guests plus ou moins prestigieux (Horace Andy, Israel Vibration, The Maytals… et tout plein d’autres que je ne connais point. On excusera ma culture reggae presque au point mort, si l’on excepte quelques brasses en surface.)








Et l’on comprend sans détour le concept de Radiodread des son ouverture, avec Airbag, invitant Horace Andy a.k.a le 4eme homme de Massive Attack à poser de sa voix reconnaissable entre mille sur cette refonte. Si l’on reconnaît immédiatement la saturation caractéristique de l’ouverture du titre, et donc d’Ok Computer, le Riddim Dub super clair et joyeux qui surplombe le tout déclanche presque l’hilarité. Difficile de ne pas halluciner après 10 ans d’écoutes intensives d’un disque, et à fortiori de son entame. Tout est plongé dans une myriade d’échos, on hoche la tête par réflexe… super entraînant et ensoleillé. Pourtant la teinte principale est grave, sombre. Presque plaintive. Ce qui est inhérent à Thom Yorke siffleront les mauvaises langues. Et c’est justement là que le choc sera grand, et divisera les foules.
Beaucoup crieront au scandale en entendant Horace Andy faire des vibratos à la place de l’anglais. Certains se diront que c’est enfin la bonne occasion d’écouter Radiohead sans se faire agresser. Et au final, en prenant un peu de recul, on se dit que l’exercice est ici presque parfaitement contrôlé. De bout en bout.


Mais pour le coup, la chanson qui m’inspirait le plus de curiosité était bien Paranoid Android, petit chef d’oeuvre morcelé, aux structures en constantes mutations, aux montées dantesque. Impossible d’imaginer la chose en version roots. Histoire d’enfoncer le clou, c’est une demoiselle, Kirsty Rock, qui va squatter le micro. Le premier tiers de la chanson n’étonne pas, avec la gratte acoustique toute douce, le chant apaisant, le rythme lancinant. Easy Star pousse même le vice de coller les petites énumérations que l’on entend d’une façon presque subliminale dans le titre original. Puis tout s’envole. La guitare électrique est remplacée par les cuivres, la transe s’avance. La chanteuse est loin de l’hystérie du Thom et se pose donc en médiatrice, domptant un morceau autrefois completement habité. On attend l’explosion, on choppera une joyeuse fanfare sonnant superbement au clair de lune, reprenant les mêmes lignes mélodiques. Plongée dans la partie neurasthénique du titre, tout se calme, les choeurs arrivent, le beat Dub se fait plus insistant, c’est décharné et superbe, à briser l’échine avant la montée libératrice finale façon Jazz band drogué. Hallucinant de maîtrise. Si comme le titre précédant, on n’est guère étonné par le fond, tant le mimétisme est flagrant, la forme sidère.









Et c’est à partir de Subterranean Homesick Alien que Radiodread va aller plus loin. Car s’il en garde et la structure, les morceaux vont se parer d’une atmosphérique parfois radicalement différente avec les compos d’Ok Computer, troquant le dépressif contre l’insouciance. Cette reprise est absolument sublime. Le chant de Junior Jazz, inconnu au bataillon, est parfaitement placé. Le tout est plus sec, plus étiré que l’original, plongeant le rythme dans des échos collants aux tympans sur plusieurs secondes, vous transportant dans une autre dimension. Le bomtempi bizarre dans lequel on souffle remplace la guitare dans une danse rassurante. Le refrain, qui est pour moi l’un des plus beaux de Ok Computer, celui qui m’arrache la gueule à chaque écoute, est ici placé d’une façon divine. Les percus explosent, tout se soulève, à crever.
Il est évident que le titre, comme tous les autres d’ailleurs, n’atteignent pas la force émotionnelle de ceux de Radiohead. Mais les titiller de la sorte, et parfois s’en approcher aussi dangereusement, est juste un putain de tour de force.

Comment se dire sérieusement « hey les gars, si on faisait un remix Roots de Exit Music (For a Film) !? » ? Franchement ? Parce que là, on le sent carrément le soleil, avec un Dub bien clair encore, sûrement l’une des compos les plus Reggæ dans le sens cliché du terme, avec le riddim, la basse et les reverbs. Si le ton est quelque peu grave (impossible de faire sans au vu de la matière première) Let Down va carrément transposer Radiohead dans un univers super fun, à vous zébrer la figure d’un sourire immédiat. On croirait sincèrement écouter là un classique Reggæ, au refrain imparable, qui aurait toujours existé en temps que tel. Certes la ligne mélodique est grillée à cent mètres, mais l’atmosphère du tout est si joyeuse, portée d’une façon magistrale par Toots, que ce Let Down réussi le miracle de pouvoir être pris comme un titre à part entière, et pas « une cover d’un titre de Radiohead ». Pourtant, rien d’affolant au final, mais le tout semble tellement naturel, que l’on jurerait que le titre s’est toujours paré de cette atmosphère épanouie, trouvant ses racines dans un local enfumé au fin fond de la Jamaïque.









Il ne faut pas se leurrer, LE titre que tout le monde va écouter, vérifier, scruter sur ce disque. Celui qui déterminerait presque la qualité de l’ensemble, c’est bien Karma Police, ineffable tube des années 1990, l’une des rares chansons à pourvoir fédérer autant de personnes, morceau imparable et emblématique du groupe.
C’est bien simple, la réussite est totale. Ecrasante même. Tout est retranscrit avec excellence, avec une mention spéciale pour les petits « tududu » perlant à partir du milieu de la chanson. Encore une fois (on ne le répétera jamais assez) la cover n’est évidemment pas comparable à l’originale en terme puissance, et beaucoup crieront au scandale. Mais quel pied d’écouter un titre repris d’une façon aussi jouissive ! Ca change des vidéos Youtube avec le mec qui chante d’une voix éraillée en tentant de reproduire les accords de guitare. Easy Star All Star pousse même le vice de remplacer la saturation finale par une trompette qui va petit à petit se noyer, se nécroser sur elle-même, pour échouer sur un Fitter Happier en demi teinte, un peu hors jeu, singeant le coté glaçant et énigmatique de l’original sans vraiment réussir son coup. Beaucoup diront que ce n’est pas réellement important pour un semi-interlude, mais Fitter Happier a toujours été pour moi une étape marquante et importe de Ok Computer, l’effet est donc un peu foiré pour le coup…

Tout le contraire d’Electioneering, superbement interprétée, et passé dans une moulinette ultra plaisante et positive, avant de partir sur un Dub instrumental plus électronique pendant 2 minutes. La question était posée sur le comment adapter le presque industriel Climbing Up The Walls, morceau pachydermique et extrêmement sombre, l’une de mes pièces favorite de Ok Computer. Tout se déroule pourtant sans accroc, avec un jeu de percussions assez incroyable, se multipliant sans crier gare aux grès des reverbs, et Easy Star All Stars préfèrent axer le morceau sur des couplets entraînants, polissant un refrain que beaucoup trouvent agressifs dans sa version original. Reste que l’explosion finale est bien là, et par dans un magma Jazzy-saturé du plus bel effet. Encore une fois impressionné par la capacité d’adaptation du collectif, réussissant à arpenter un chemin qui semblait presque impossible sur ce morceau, et où de nombreux groupes de rock échoueraient lamentablement.









Et là c’est le drame, on arrive à No Surprises, seul titre de Ok Computer qui m’a toujours fait profondément chier. Une guimauve sympathique qui fatigue au bout de deux minutes. Re-miracle, sans transcender le tout, Easy Star rend la chose moins fatigante, plus agréable. La petite litanie connue d’entre tous persiste, la chanson perd en candide ce qu’elle gagne en intérêt, et le tout se tient mieux. (Je viens de signer mon arrêt de mort avec ces 5 lignes)

Dernière grande réussite, si l’on excepte un The Tourist bien foutu, agréable mais anodin, (et deux titres bonus instrumentaux reprenant Airbag et Exit Music) : Lucky tue littéralement. Le Rythme est juste énorme, bouffé par des échos monstrueux, le Beat Dub par excellence et un Franky Paul parfait dans son rôle, tantôt grave, tantôt cristallin et émouvant au possible. Le refrain file la chair de poule immédiatement. Le chant, l’instrue, tout est plongé dans un torrent d’échos, sublimes, à vous faire perdre toute notion de temps et d’espace. Le solo est ébouriffant, indescriptible, d’un autre temps. Le titre se permet même de durer deux minutes de plus que son modèle, histoire de prolonger l’orgasme sonore jusqu’à satiété. Enorme réussite.










La conclusion est sans appel. Il est évident que ce disque tire sa force de Ok Computer, et que sans la qualité originale de ce dernier, ce Radiodread ne serait pas un bon disque.

Mais là où le pitch du disque semble être au départ une mauvaise blague, le talent de la formation pour reprendre et réinterpréter les débats juste enorme. S’attaquer à KarmaPolice est une chose, s’en prendre à Climbing Up The Walls ou Exit Music (For A film) en est une autre, et bien plus périlleuse. Outre une performance artistique et musicale le disque traduit par ce mélange completement improbable un amour de la musique sans schisme et distinction de genre, ce qui n’est pas si courant. Réconcilier les fans du groupe Anglais avec ceux qui aiment le Reggæ sans faire de la bouillie fout sur le cul.

Certes, on pourra toujours arguer que ce disque n’est qu’un disque de Cover comme un autre, s’appuyant jusqu’à overdose sur une matière première sans véritablement de génie de création.
Certains hurleront au scandale pour avoir osé toucher le sacro-saint Ok Computer pour le plonger dans un genre musical diamétralement opposé aux intérêts de pas mal de fans. Mais le respect perle d’une façon tellement évident à chaque petite note de Radiodread que cette critique est balayée d’un revers de main, à croire presque que le tout a été fait d’une façon religieuse, en constante collaboration avec Radiohead (qui a salué ce disque à sa sortie, impressionné par le travail effectué)
On notera enfin que le disque n’a pas la charge émotionnelle, la force de Ok Computer. Mais ceci est si évident que cela ne tient clairement pas debout une seconde. Sans compter que ce Radiodread est une manière parfaite pour redécouvrir un disque usé jusqu’à la moelle par nos platines.


Car dans l’univers du Remix ou de la Cover, ce disque est excellent, affichant une maîtrise proprement ahurissante. Et surtout, (c’est bien le principal) vraiment agreable à écouter. Indispensable pour les amateurs de bizarreries et autres aventures musicales inclassables.









Easy star All Stars / Radiodread – Karma Police










Easy star All Stars / Radiodread – Let Down









Easy star All Stars / Radiodread – Climbing Up The Wall










14 Titres – Easy Star Records
Dat’











Moby – Last Night

Posted in Chroniques on March 30th, 2008 by Dat'


Rechute





C’est lui qu’il faudra engueuler. Je m’apprêtais à faire un article sur un disque de folie, le truc qui changerait la face du monde tellement c’est trop bien, mais il va falloir attendre. Moby est de passage en France pour la sortie de son nouveau disque, et il voulait me voir absolument. Faut dire que je m’étais un peu embrouillé avec lui à la sortie de son « Hotel ». J’avais mal pris qu’il me fasse un coup pareil, alors que l’on vivotait ensemble depuis des lustres. Le clash, le vrai, vécu comme une véritable trahison. Cela m’avais presque autant affecté que quand Pete Doherty avait piqué ma nana en 2005. Enfin lui, il s’était rapidement fait pardonné en me filant une bétonneuse de drogue. Alors que Moby, pensant bien faire en rendant hommage à mon pays en invitant Mylene Farmer pour un Duo ignoble, s’était bien foiré. Pire, je m’étais juré de ne plus jamais revoir ce petit con, en m’exilant quelques temps en Angleterre pour oublier cette tumultueuse relation. Sans, évidemment éviter de me replonger par fois la larme à l’oeil sur les photos de notre jeunesse, cristallisant toutes ses bonnes années, de « Everything is Wrong » à « Play », en passant par « I like to score ».


Bref, revoilà qu’il se pointe, la gueule enfarinée, pour taper causette avec moi, et me dire tout content qu’il est enfin revenu sur des terres Dance super cheap, comme au bon vieux temps, le tout dans un restaurant pas piqué des hannetons.













Dat’ : Yo !



Moby : Salut Dat’. Sympa ce restau végétalien, je ne connaissais pas. Pfiou l’angoisse, j’ai rencontré les commerciaux italiens, ils m’ont promptement conseillé d’inclure un nouveau titre en rital dans l’album, pour que ce dernier soit plus « vendeur » au pays de la mozzarella contaminée. Je n’ai pas vu le truc venir, j’ai passé les 2 dernières heures à faire un morceau pour un zozo que l’on m’a pas présenté, Pavarotti, je n’étais pas resté dans un studio depuis bien longtemps… Mais finalement il ne sera pas inclus dans le disque, il parait que le mec est mort.
Bon sinon, tu as écouté ce One Night ? Je suis sur qu’il t’a plus je suis revenu au pur son des 90’s avec des synthés pourris et tout ! En fait, c’est l’histoire d’une nuit à New-york. Je l’explique bien dans le livret d’ailleurs, avec comme d’hab un petit texte, une sorte de « préface ». Un melting pot de la fête, du sexe, des drogues, et de la saleté de NYC…



Dat’ : Sincèrement, en voyant la gueule de la pochette, j’ai bien failli ne pas venir me taper ton menu carotte cuite spécial salsifi et venir te parler. Non mais c’est quoi ce truc ? Tu penses sincèrement que quelqu’un va avoir un accès de folie et accrocher l’immonde poster inclus dans le packaging ?



Moby : Non mais avec ces photos, je voulais revenir à l’esprit fondateur des années 90. Cet embrasement fallacieux qui animait tous et chacun, nous rassemblant dans une transe spirituelle extatique, fourvoyant les images imposées par le capitalisme pour les détourner d’une façon plus frondeuse. Les nichons ça fait vendre quoi…

(au serveur) un radis blanc bouilli s’il vous plait !



Dat’ : Pour le coup, j’ai bien cru à une blague en écoutant le premier titre, Ooh Yeah. J’ai cru à une démo de synthé, tu sais les petites litanies incluses que tu peux lancer en appuyant sur un bouton rose, et faire croire que tu fais de la musique. En plus, avec le vide au milieu, on dirait que tu la lances deux fois. Je veux dire, c’est quoi l’objectif là ? Samples d’usine, voix toute pourrie, avec des sons coupés à l’arrache… C’est assez incroyable pour le coup, j’ai même vérifié si c’était bien ton cd que j’avais dans mon lecteur, et pas celui de mon petit cousin qui fait de la musique avec son jouet lumineux Smoby. On lui en a acheté un, histoire de soutenir la restructuration là.



Moby : En fait, j’ai abordé ce nouvelle album avec un regard neuf, un pote m’a fait découvrir un logiciel assez incroyable, E-jay. J’en ai délaissé Max/MSP au vu des possibilités qu’offre ce truc. C’est ébouriffant comme application, il y a pleins de petits carrés de couleurs, et on les superpose les uns avec les autres, ça fait de la musique facilement. Cet album doit s’aborder comme un Lego musical. C’est comme ça que j’ai construis I Love To Move In Here. En prenant les petits samples de violons tous pourris, que j’ai superposé avec des gimmicks hip-hop cramés et les samples de scratchs qu’il y avait dans le logiciel. Bon il y en avait qu’un, mais je l’ai mis plein de fois, comme ça, ça fait cool.



Dat’ : Ah non mais une vraie blague ces deux titres. Je te jure j’étais mort de rire en écoutant le disque la première fois, en me demandant si tu te foutais pas littéralement de la gueule du monde en osant graver ça sur disque…
Enfin je dis ça, mais après, ça s’améliore carrément. A croire que tu devais tester les boutons de tes machines avant de te lancer dans de vrais morceaux. 257.zero est carrément sympa, même si le fait de dire des chiffres avec une voix robotisé est un truc qui ne se fait plus depuis 20 ans. En fait c’est ça, tu veux faire un disque de Dance archi galvaudée ?



Moby : Ouaip, c’est le concept. Je voulais faire un disque de techno Dance un peu naze. Celle que l’on écoute en riant aujourd’hui, mais qui nous faisait tous kiffer il y a 10 ans. Les clips avec pleins de dessins moches, avec des types qui dansaient en collants orange et tout…



Dat’ : En plus sur ton 257.zero on retrouve ce que j’aime le plus chez toi : Les nappes de synthés cristallines, celles qui t’envois juste en orbite, genre tu vole dans le ciel avec les petits oiseaux. J’ai toujours considéré que c’était ta spécialité ces lignes de synthés angéliques. Bref, ton titre est bien sautillant, mais la montée finale est assez sublime. J’ai l’impression de retrouver l’énergie et la grace d’Everything Is Wrong. Avec le décompte vocal, on aurait presque l’impression d’être dans une fusée paré au décollage, qui pique vers la lune.
Même constat avec Everyday it’s 1989. Je veux dire, dans la forme, le titre est tout pourri, mais dans le fond, c’est assez jouissif. Des beats de merde, des claviers que l’on n’avait pas entendu depuis 15 ans tellement tout le monde a honte de les utiliser vu le ringard de la chose, une voix que tu as encore choppé dans un vinyle d’avant-guerre… Mais ça marche carrément, j’ai l’impression que tu célèbres le meilleur des tubes de Snap ! ou Technotronic… Et encore une fois, le titre bascule dans l’extatique avec tes nappes divines. Super putassier, super ringard, super beau.
Live For Tomorrow calme le jeu, en se bardant d’une techno plus sombre, mais la voix soul habite bien la composition, et les claviers sont encore à ramasser ses dents, on se croirait presque dans une église. Il est plus à rapprocher de tes exercices duveteux sur Play et 18 d’ailleurs, vu que le titre est planant, assez prenant, sans avoir le coté « ringard » du reste des morceaux. Quand au break du milieu, il est juste sublime. On part dans une électro lunaire à filer la chair de poule et vriller les poils du cul. Ça me ferait presque penser à du Orbital. J’ai l’impression d’être plongé dans un océan aux teintes azurées. Sûrement LE morceau de ce Last Night. Tu reprendras une bière ?



Moby : Mmmm pourquoi pas, histoire d’accompagner mon suprême Soja.



Dat’ : Ok je vais manger ça aussi. Non ouai par contre, qu’est-ce qu’il s’est passé pour les deux titres suivants, La même nuit et Hyenas ? L’hydropo devait être sacrement Discount pour avoir l’idée de pondre des trucs pareils…



Moby : Bah en fait, les commerciaux Français m’ont dit qu’il fallait mettre un duo français dans mon album, que cela se vendrait mieux. En plus la chanson avec Mylene Farmer avait cartonné chez vous parait-il, je me demande pourquoi d’ailleurs, vu que j’avais pondu une vraie merde car la nana me faisait peur en beuglant avec ses cheveux rouges. Mais beaucoup de mes fans n’avaient pas apprécié l’écart, et les commerciaux m’ont dit que ce Abd Al Malik est pas mal respecté chez vous, qu’il était plus crédible. Il parait qu’il a même gagné deux fois les Victoires de la musique… c’est encore mieux que les MTV awards il parait.
Bref j’attends que ce Abd Al Malik chante pour que je noie sa voix dans des nappes de folie, mais j’ai pas compris, le mec n’a fait que parler. Je voulais faire un morceau Soul electro qui tue, et le mec parle, c’est tout. Je pensais qu’il n’était pas content, qu’il m’expliquait des trucs et tout, mais en fait non, il parait qu’il est tout le temps comme ça dernièrement et qu’ils y a plein de gens comme ça chez vous, qui parlent, qui prennent le bus et tout j’ai pas trop compris. Donc j’ai juste balancé deux trois saturations histoire de couvrir le tout. Il parait qu’il dit des trucs super bien dans la chanson. Ca va redorer mon blason après le coup du duo avec Farmer.
Bon autant pour ce titre, c’est du spécial exclusive shit for France, il remplace un titre de hiphop amerlock. Mais pour Hyenas j’ai vraiment voulu réhabiliter cette superbe langue qu’est le français à la face du monde. J’y ai mis toutes mes tripes, en asphyxiant le titre dans un écrin fantomatico-Trip-hop. J’espère que les français seront fiers.



Dat’ : Ouai non mais c’est à chier. Heureusement que l’on entend à peine que c’est du français, sinon je changerais de nationalité tout de suite quoi.



Moby : …



Moby, au resto, en train de se demander pourquoi il a fait deux chansons avec du français dedans…





Dat’ : Enfin je te rassure, la suite repart dans la Pouet Dance super cheap et super pute que j’aime beaucoup.
I’m In Love, trop bon ce truc. Le beat bien appuyé, la voix sexe, le tout qui s’emballe sur des synthés à pleurer, tu as envie d’écarter les bras et de courir nu dans l’herbe avec un sourire jusqu’aux oreilles. Le genre de piste que tu peux passer en boite entre deux trucs agressifs pour balancer tout le monde dans les nuages tout en continuant de suivre un rythme bien appuyé. Surtout la fin, avec la voix aigue qui attaque, la montée de synthé, on se croirait dans Hit Machine, ultime.
Quand à ton single Disco Lies il est super bien choisi, il cristallise parfaitement ce que l’on peut trouver dans le disque : sonorités ringardes, voix commune au genre, claviers parfaits, pour un ensemble super putassier mais jouissif. Par contre il s’est passé quoi pour le clip ? Vous avez sérieusement payé quelqu’un pour faire ça ?



Moby : Bah en fait, je voulais faire un nouveau clip qui contestait Georges Bush. Mais on m’a dit qu’il allait plus être là dans quelques temps, et que cela serait super ringard de critiquer un président que tout le monde va oublier dans 3 mois. Déjà que la musique du disque est surannée, il ne fallait pas non plus que la vidéo le soit. Donc j’ai préféré axer le brûlot contestataire contre le grand maychant patron de KFC. J’ai bien déliré en étant déguisé en poulet vengeur. On sent bien le message politique et conceptuel de l’oeuvre, c’est cool.



Dat’ : Sinon dernier gros morceau que l’on écoute avec un plaisir presque coupable, The Stars fait fort. Merde les percussions du début, on croirait qu’elles sortent directement d’un Bontempi. Et c’est lyrics, super plouc « i see the staaaaaaaaaarrrrssss » je crois que cela faisait 15 ans que personne avait eu les couilles de tenter un truc pareil. Reste que le coté Rave-débile fait mouche, et l’on écoute ça comme un niais, en étant directement parachuté dans notre jeunesse. Je suis un inconsolable nostalgique, mais là tu as fais fort. J’ai vraiment l’impression d’entendre du Snap ! ou du Culture Beat. Et le dernier tiers, avec ce petit break sentimental, accalmie avec la tempête tuning de la fin, je suis client à fond.



Moby : J’ai fais un stage avec Bogdan Raczynski en fait, mais faut pas le dire.



Dat’ : Le seul truc qui m’embête, c’est que si ton disque marche, la démarche va se désacraliser. Il n’y aura plus ce petit frisson de honte quand tu écoutes de la Dance idiote dans le Métro. Genre tu es tout propret dans un costume avant d’aller faire le tapin mental pour obtenir un jour de congé au bureau, avec ta cravate bien serrée, mais en fait tu écoutes de la merde sous ton casque et tu te dis “Hey ouai, je tire la même tronche d’enterrement que vous, mais en fait j’écoute de la grosse merde débile, et en plus j’adore
Au fait, il s’est passé quoi pour les derniers titres là ? Pourquoi le disque devient subitement tout calme ?



Moby : Ben en fait, je voulais faire comme pour Hotel, mettre un deuxième disque bonus avec que de l’electro ambiant. Mais mon label a dit que cela coûtait une blinde et vu que la prise de risque était énorme de sortir un disque de Dance qui aurait déjà été considérée comme HasBeen il y a 10ans, ils ont préféré limiter la casse, ça coûtait trop de fric de foutre un deuxieme disque. Bref j’en casais quelque uns en fin d’album, ou rien du tout. Et vu que je veux montrer que je suis un type sensible, je n’ai pas pu resister.



Dat’ : Certes, m’enfin il n’y a aucune cohérence avec le reste du disque, c’est vraiment étrange, on passe de petites folies remuées à quatre plages d’ambiant décharnées, on a presque l’impression de changer de disque.



Moby : Bon pour tout t’avouer, sur Degenerates j’ai testé mon nouveau synthétiseur, je fais des petits réglages et tout, mais après, c’est du sérieux. Sweet apocalypse et Mother Of Night me font penser aux steppes glaciales et abandonnées. J’en suis assez fier.



Dat’ : bah je n’ai rien contre tes pistes ambiant, tu maîtrises bien le truc, je te le dis depuis un bail ça. C’est pas vraiment révolutionnaire, mais ça passe bien, surtout Sweet Apocalypse surplombé par ce beat feutré et sourd. Tes claviers y sont pour beaucoup, tu sais choisir les bonnes teintes, et la montée finale est assez pétrifiante, si l’on se laisse prendre au jeu. M’enfin la rupture est assez brutale tout de même avec le reste de ta galette.
Je serais moins dithyrambique sur Last Night un peu trop mielleuse pour le coup, même si cela caresse plutôt bien les esgourdes. On dirait du Morcheeba pas top. Et le morceau caché, c’est pour la métaphore du mec qui échoue dans un piano bar après une soirée de défonce ?

(au serveur) l’addition s’il vous plait.



Dat’ : Enfin quoi qu’il en soit, j’ suis plutôt content que tu te sois rebranché sur des sonorités plus électro. Pour le coup, tu dois être un des seuls à tenter de faire un disque pareil, à remettre au goût du jour la Dance et la Techno super ringarde des prémices de 90. Bon le disque va horrifier tous ceux qui t’apprécient pour tes tubes pop qui restent dans la tête pendant 3 mois, mais pour le coup, c’est une vraie et grosse prise de risque, j’ai bien l’impression que ceux qui t’encensaient il y a pas longtemps vont te démolir.
Perso, mon petit coeur vibre toujours pour ce genre de trucs super putassiers, donc tu as touché la corde sensible.
Même s’il n’a pas sa superbe d’antan j’ai l’impression de revoir le « vrai » Moby, celui qui n’avait pas peur de balancer des synthés kilométriques, des rythmes Techno-Dance, et qui faisait chavirer les foules en reprenant des hymnes pour les habiller à ta sauce.



Moby : Arrête, tu va me faire rougir…



Dat’ : Enfin je ne vais pas te retenir plus longtemps, je sais que tu dois filer. En attendant, je vais continuer de gigoter comme un con sur I’m in Love, The Stars, Disco Lies, Everyday it’s 1989, 257.zero ou Live For Tomerrow.
Avoir des frissons de honte en écoutant de la musique, c’est une sensation malheureusement de plus en plus oubliée.

Bon par contre, je vais dire à tout le monde que j’ai aimé ton album hein, faut pas déconner, difficile d’assumer le truc jusqu’au bout…



Au fait… Tu peux me rembourser les 18 euros que je t’ai filés pour ton précédent disque ?











Moby – Disco Lies











14 Titres – Mute Records
Dat’ & Moby


Ce que vous venez de lire est une fiction, car je n’ai jamais, au grand jamais, mangé un suprême de soja.










Moby feat Mylene Farmer – Slipping Away ( Crier la vie )

Posted in Chroniques on March 30th, 2008 by Dat'

C’était mieux avant…





Elles sont quand même drôlement sympas les maisons de disques.

Quand un artiste étranger sort un nouveau single, on se dit que l’on va l’adapter au marché français, en prenant, pourquoi pas, une icône du paysage musical histoire de nous faire vibrer l’échine de bonheur. (et vider notre porte-monnaie)






Le dernier en date est donc ce morceau Slipping Away / Crier la vie oû Mylene farmer a l’honneur de tirer la bourre avec le rachitique Moby sur une nouvelle bombe musicale sensée brasser les (très) nombreux fans de Mylene et les suiveurs de Moby.



Le truc est que je respecte énormément Moby… Je ne vais pas vous cacher que j’hésite beaucoup à mettre cette phrase au passé, et cela depuis pas mal de temps maintenant…
Mais j’ai du mal à effacer de ma mémoire ses albums comme “Everything is Wrong”, “Play” ou “I like to score”.
Mais j’ai encore plus de mal à supporter le vide intersidéral qu’il nous a servi en mode groom feignant avec son “Hotel” ou ses dernières prods.



“Hotel” parlons en. “Slipping Away” est un titre tiré de son dernier album. Un des rares supportables, avec le sympa “Raining again”. Oula, rien de transcendant, mais loin des horribles niaiseries peuplant le reste du disque (je tiens d’ailleurs à préciser que le Cd bonus d’hotel est presque intéressant, si l’on aime l’ambiant).
Un morceau pop rock lancinant, sensé être planant, plutôt insignifiant mais assez discret et pas tapageur.
Pas de quoi tourner en rotation à la TV et à la radio. La solution? Appeler en renfort cette fermière de Mylene pour envelopper tout ça.



Et là une question se pose : pourquoi, en plus de rajouter la voix de la dame, (je n’ai rien contre) il fallait modifier la musique? Les français aiment t’ils la techno de bûcheron et les grosses basses tacheronnes au point d’en faire le cheval de bataille de ce single… ?
Le rajout de ces gros beats dégueulasses et putassiers a quel objectif?


A vrai dire je m’en contrefous de la réponse car le titre pourrait être défoncé de n’importe qu’elle façon, cela me passerai bien au dessus, vu le peu d’importance que j’accorde au morceau original.

Mais je me demande ce qu’il se passe dans la tête des zicos là…
Sans compter que le procédé de duo est carrément synonyme de foutage de gueule ici (et comme bien souvent)



Deux solutions :

– Les artistes ne se sont jamais rencontré, on a rajouté la mylene à l’arrache. Très probable vu que les cuts entre les voix sont grossiers, surtout pendant le refrain. On croit que la voix de Moby est littéralement mise sur “Mute” pour faire passer celle de Farmer, sur la même piste sonore (remplie de ces beats degoulinants ne l’oublions pas). Il faudrait donc virer le commercial qui a eu cette brillante idée.


– Les artistes se sont rencontrés pour enregistrer ensemble. Il faut dans ce cas la virer l’ingénieur du son, qui a laisser son fils de 5ans drogué aux barbituriques s’occuper de l’enregistrement du duo en studio, afin d’aller voir Ricet Barrier en concert. (Faut dire qu’il n’en fait plus beaucoup des concerts, faut pas les louper. Sacré ricet…)





La chanson en question



Pourquoi faire alors un billet sur un procédé grossier utilisé bien des fois dans la musique?

Parce que je pleurs quand Moby nous sert des trucs pareils. Et surtout car l’espoir de le voir faire quelque chose de bien à nouveau est aussi réduit que l’estomac de ma cousine anorexique sur son lit d’hôpital.


Où est passé le Moby qui pouvait nous faire pleurer avec ses pop-songs electro sur le fil, comme les superbes “My Weakness”, “Novio” ou “Porcelain”?
Où est celui qui pouvait enflammer les enceintes avec sa grosse dance comme “Hymn”, “Feeling so real”, “James bond theme” ou “Go” (Twin peaks tout ça…) ?
Ou même se permettre de sortir en single un titre Hardcore, “Thousand”, veritable tornade de beats et de sons.

Ne me dite pas de me tourner vers son autre nom d’artiste “Voodoo child” son projet plus “underground” car son dernier album est tout aussi désespérant…

Mais surtout où est le Moby qui a fait l’une des plus belle musique de film avec son “God Moving Over The Face Of The Waters” qui sublime littéralement l’intensité de HEAT, grand polar de Micheal Mann. (Et le film Syriana par la même occasion)



Comme je suis bien gentil, je vous laisse le lien de ce fameux “God Moving over the face of the waters” (trouvé au hasard sur radioblog) :

http://www.radioblogclub.com/open/108798/moby_god_moving/%5BSyriana%5D%20Moby%20-%20God%20Moving%20Over%20The%20Face%20of%20the%20Water




Et dans le même mouvement le clip de “Porcelain“, morceau ultra galvaudé maintenant, utilisé jusqu’à la moelle, pouvant tendre carrément vers l’overdose…

Mais que voulez vous, je suis un nostalgique inconsolable…








Sur ceux, je m’en vais retourner écouter le superbe album de Sebastien Schuller, “happiness”. L’album parfait qu’aurait du sortir Moby en disant vouloir plus se tourner vers la Pop électronique.
Ou peut être “Double figure” de Plaid, si il était resté dans son electro ambiant cotonneuse et rêveuse, mais toujours ultra maîtrisée…




Il parait que Moby sort un Best Of, et que ce “crier la vie” en est quelque sorte le titre sensé le faire vendre. Ah?
Quoique en regardant le Tracklisting, toute la période “Dance-Rave” (bien plus conséquente que son penchant actuel), ainsi que bon nombre de ses singles les plus introspectifs sont passés à la trappe…

Risible…





PS : Vous ne savez pas qui est Ricet Barrier? raaah mais il est immanquable ce mec… cliquez : Ricet Barrier

Frog Pocket – Come On Primates Show Your Teeth !

Posted in Chroniques on March 24th, 2008 by Dat'


Before The Drill Heals Us






Je n’avais pas parlé d’un disque comme ça depuis quelques temps, si l’on excepte les derniers Venetian Snares. Le plus drôle, c’est que je suis passé au moins dix fois devant ce disque, abandonné tristement au fond d’un bac Fnac. Dix fois que je me dis qu’il faudrait se laisser tenter par ce disque Planet-Mu à la pochette fort jolie, sans jamais franchir le pas au final. Appréhension de tomber sur un disque de Dubstep un peu pataud, genre constituant le genre de prédilection du Label en 2007 ? Attention happé par des sorties clinquantes en tête de gondole ? Un peu des deux. C’est après une discussion enflammée que je me suis laissé tenté par ce Frog Pocket, artiste qui m’était totalement inconnu. Mais mes oreilles avaient besoin d’un bon disque de Drum/Drill and Bass. Celle qui vous fait vibrer, qui marie à merveille chaos et pureté absolue, qui vous envoie directement dans la stratosphère après vous avoir lacéré la gueule à coup de couteaux.

Je ne m’attendais pas à être aussi bien servi.

















En regardant de plus près, je me demande encore comment je n’ai point pu craquer sur ce disque avant. Il est pourtant évident que cet épouvantail, qui subira une fin tragique à l’intérieur du livret, ne pouvait cacher qu’un ensemble atypique et prenant.

Bon je dis ça, pourtant Frog Pocket, n’a rien de vraiment atypique. A l’écoute de ce disque, il est même inévitable de faire la comparaison avec trois ténors : Venetian Snares, The Flashbulb et Squarepusher. A dire vrai, certaines pistes auraient pu être placée dans certains albums des précités sans dépareiller une seconde. Mais l’anglais sait maîtriser une donnée qui place son disque en orbite : la montée en puissance. Le talent pour construire de vrais catapultages vers les cieux, des ascenseurs vers le paradis. Qui ne se prive pas pour faire durer l’ascension sur 7 ou 8 minutes.










Il suffit de se plonger sur le premier gros titre du disque, Rig Of The Jarkness pour comprendre le fonctionnement de l’album dans ses grandes lignes, mais aussi de l’ampleur de la baffe, monumentale à la première écoute. S’ouvrant sur un gros rythme Drum and Bass bien clair, presque scolaire, surplombé d’une guitare distillant tranquillement sa mélodie, le titre bascule dans le synthétique avec l’arrivée d’un clavier superbe, très IDM, bien cristallin, histoire de vous balancer illico presto dans les étoiles. On écarte les bras, on ferme les yeux, et on se laisse aller à filer entre les étoiles, en surplombant la terre d’un air hautain. Pause, vide astral, seul l’écho de la mélodie est perceptible. Une sorte d’oasis avant que la cavalcade reprenne à fond les ballons. La mélodie vous arrache le coeur, les beats acérés vous le lacère à la vitesse de la lumière. Ca monte, ça monte, ça accélère, on perd pied, one ne pige plus rien, on étoufferait presque, c’est sublime. Le paroxysme est atteint, on s’attend à ce que le titre échoue dans les réverbérations de rigueur.
Peine perdu, Frog Pocket fait vriller le rythme, ce dernier explose, exulte, se tord, crisse, hurle. Jusqu’au basculement final absolument ahurissant : Une vague indescriptible, un Tsunami sonore débarque, balaie tout, rase la terre entière pour former un magma affolant, grondant comme la mort elle-même, simulant le plus violent des tremblements de terre sans jamais nous agresser. Une plongée dans l’enfer. Hallucinant. Je sais pas, imaginez une centaine de platine jetée les unes sur les autres, avec un rouleau compresseur pour les écraser, des gens autour qui hurlent à la mort, un vaisseau spatial qui tombe sur le tout avec Merzbow aux commandes, avant que la planète elle-même explose dans un fatras insensé, avec de la lave, des météorites, des dinosaures mutants et tout. Voila vous avez saisi. Alors que les dernières secondes laissent vivre un larsen réconfortant, on se retrouve complètement con, à chercher une poche d’air pour reprendre son souffre, à regarder si des marques rouges vives ne sont pas gravées sur votre cou, après s’être pris ce goulot d’étranglement long de 9 minutes.

Même combat pour Windy Goule qui nous balance un titre semblant tout droit sortir d’une galette de Squarepusher. Drum super speed, mélodie fluette toute candide, entre synthé et chants angéliques, et c’est reparti pour une montée en puissance à flinguer la colonne vertébrale de bonheur. Même structure que précédemment, on fait la course, on calme le jeu, et on repart dans une chevauchée de folie. Le rythme presque académique se dédouble, s’entrelace sur lui-même, formant une vraie armée de breaks fous, le tout surplombé par une nappe colossale. Le genre de conclusion utilisée en fin de film, l’apothéose, celle où le héros butte tout le monde la larme à l’oeil, avec des colombes, des filles qui ont peur, des méchants qui hurlent, des balles qui fusent au ralenti et des plans épileptiques.









Mais Frog Pocket, en parallèle à ces folles envolées, aime aussi les cordes pincées, les harpes et les atmosphères enchanteresses. Une comparaison devient encore toute naturelle. Lady Hunter Blair, aurait pu directement sortit du fabuleux Kirlian Selection de The Flashbulb sans dépareiller une seconde. Tout comme le sublime Helpy staircase, où un semblant de harpe en cristal déverse une triste et belle litanie, en se faisant malmenée par un beat Hip-hop. Les violons débarquant dans le dernier tiers finiront de vous achever bien proprement.

On défriche, on défriche, et une nouvelle référence nous saute à la gueule : Aaron Funk A.k.a Venetian Snares. Période « Rosscz Czillag » précisément. Impossible de ne pas penser à Szerencsetlen, deuxième piste du fameux album aux pigeons. Il en reprend presque les mêmes violons menaçants, qui appuient leur agressivité de la même façon que chez Mr Funk. Evidemment, des breaks fous et tranchants charcutent le tout. On évitera le copier coller avec une guitare rock qui va supplanter des cordes reléguées au rang de pleureuses en horizon. On lui préférera le sublime Dungeon Hill, qui après une longue introduction à la harpe, va laisser un violon se complaire dans le sublime, virevoltant sous les assauts Drill&bass, essuyant tant bien que mal les attaques, partant dans une mélopée à vous dresser les cheveux sur la tête. Là où Venetian Snares tente de saloper la musique classique de la plus belle des manières, Frog Pocket va s’attaquer à des cordes qui sonnent plus Europe de L’est, pour un résultat tout aussi aberrant, avec un final encore pétrifiant de puissance et de beauté, crevant sur une petite boite à musique d’une mélancolie poignante, après nous avoir ravagé le cerveau par une rythmique en 16/16. Monstrueux.
Le Frog Pocket, multi instrumentiste de son état semble d’ailleurs tenter une approche assez inédite dans le genre, car en live, au lieu de massacrer un sample en direct, préfère lancer sa rythmique pour jouer du violon dessus comme un hystérique. Ca promet.


Et c’est quand il est plus difficile de coller des références que Frog Pocket nous lamine peut être encore plus la mâchoire. Bo’Arigh est juste insane. Peut être la structure la plus défoncée du disque, véritable maelstrom industriel qui pétarade dans tous les coins, qui hurle, se hérisse sans contrôle apparent, pour laisser échapper un synthé Analordien, répétitif à en mourir, laissant perler 9 notes à pleurer, pour se faire littéralement violer dans un final d’une violence inouïe.













Super redondante que cette chronique, vu que les 3/4 des pistes pourraient se résumer à des montées sublimes, des explosions graduelles, qui s’allument tel des orgasmes. On sent le truc venir, il pointe, il submerge, et il est impossible de ne pas se laisser prendre dans la vague, de ne pas suffoquer par tant de sublime, de grandiloquence et de maîtrise.

Attention, il est vraiment clair que Frog Pocket propose à été mainte et mainte fois proposé auparavant. Le mimétisme est parfois flagrant avec The Flashbulb ou Venetian. Frog Pocket n’invente rien, et se complet presque dans le fan service du « je fais monter la sauce au maximum pour tout faire péter au final, le tout accompagné d’une mélodie tristounette et sublime histoire de brouiller les coeurs »

Ouai c’est ça, ce Come On Primates… C’est du Fan Service pour tout amateur de Drill / Drum / Breakcore en manque de sensation, en se permettant même de jouer tous les instruments utilisés dans l’album. Et comme tout Fan Service, les références pleuvent. Mais le tout est tellement bien foutu, tellement maîtrisé, tellement beau, tellement jouissif, qu’il devient un disque ultra-recommandé pour TOUT amateur des artistes précités, en manque d’une bonne claque musicale dans la gueule.




Cela tombe bien, Frog Pocket vous en file douze d’un coup.










12 Titres – Planet Mu
Dat’










Filastine – Burn It !

Posted in Chroniques on March 17th, 2008 by Dat'


Trente-cinq jours sans voir la terre… Pull rayé, mal rasé, on vient de débarquer…






A la base, ce disque ne devait pas foncièrement atterrir sur ces pages. Mais plus je l’écoute, 4 mois après sa sortie, plus je me laisse happer par cet espèce de tour du monde défoncé par la musique électronique te le hip-hop. Le cross over parfait. Le genre de disque qui vous balance aux quatre coins du monde en 1 heures, sans laisser pour compte machines criardes et autres truanderies sonores. Surtout que le mec en lui-même, détaché de son disque, mérite bien aussi un petit paragraphe. Un activiste radical comme l’on en fait peu…


Il y a des musiciens qui passent plus de temps à faire le tour du monde qu’à s’enfermer dans leurs studios, et Filastine en fait clairement parti. Mais ce dernier n’est pas qu’un vieux baroudeur des familles, mais surtout un véritable militant bien hardcore : Alter-mondialiste jusqu’à la moelle, perturbateur en chef des sommets du G8 ou de l’OMC, il sillonne surtout la planète pour produire des groupes locaux donner des concerts n’importe où, tant que l’amour de la musique y est et qu’il y a moyen de gueuler :

Dans une voiture retapée en Soundsystem aux USA, pour une campagne électorale perché sur un camion dans le centre de Tokyo, habillé comme un détenu de Guantanamo à Montreal, Seul déambulant dans des parcs avec son pc sur un caddie, au sein d’une communauté Zapatiste à Mexico, ou foutant le bordel dans les colocs commerciaux avec son Internationale Noise Brigade… Les exemples et anecdotes ne doivent pas manquer. Surtout que le mec sillonne le globe pour sampler des sons, et former des groupes en veux-tu en voila.




Toujours à l’affût de petites perles, en ne délimitant désormais plus son champ d’action au seul hexagone, Jarring Effects, qui s’ouvre décidemment aux citoyens du monde (cf l’indispensable coffret CapeTown Beats from Afrique du Sud) a du plonger sans hésité une seconde dans l’aventure à l’écoute de ce vrai petit bijoux, qui respecte d’ailleurs le cahier des charges du label à la lettre, en télescopant de la plus belle des manières cultures de multiples destinations avec l’électro ou/et le hip-hop.












Beaucoup de gens mêlent électro et musique world en prenant à droite et à gauche différents Samples, habillables avec plus ou moins de talent. Filastine lui, va directement chercher à la source. Peu d’albums ont autant eu le goût de voyage que ce Burn It. Vraiment. Fresques électroniques, brûlots Hiphop, chants traditionnels, expérimentations en tout genre, Burn It prend tout.

Et après une brève intro, Quémalo Ya nous plonge dans un Hip-hop que l’on a peu, à l’instar du Japonais, ou de celui des pays de l’est (sautez sur la compile “Scandinavian hiphop Invasion” si le genre vous intéresse !), la possibilité d’entendre malgré son extrême richesse : Celui qui vient d’Amerique du sud, où percus et rythmes saccadés ont généralement la part belle et s’ajustent mieux aux flows hachés et chantants du genre. Effet garanti sur le bassin. Dans le même genre, on trouvera plus loin The Last Redoupt dans une veine plus chaloupée, avec un refrain du plus bel effet, zébré de cette ligne synthétique un peu vieillotte. Un putain d’excellent titre, qui sait draguer MTV sans tomber dans la banalité. Toujours en Hiphop, mais sans parole pour cette fois, Judas Goat) est une vraie petite pépite, rappelant les premiers morceaux de Dj Krush. Sample oriental martelé d’un beat à casser les nuques, accompagné sur la fin de percus sèches, on se croirait presque à marcher dans le désert sous un soleil de plomb, en priant de tomber sur une oasis salvatrice. Les Derviches Tourneurs se mettent à l’abstract hip-hop.










Mais le premier vrai morceau à nous arracher la gueule, à nous retourner tout en nous baladant dans tous les coins tant sa structure est au départ insaisissable, c’est Splinter Faction Delight 4éme plage du disque. Démarrant sur un superbe chant traditionnel à vous dresser tout les poils de votre corps, et rapidement chapeauté par une rythmique massive et bien crade, le titre va basculer sans prévenir dans un Hiphop dégueulasse (mais vraiment, genre ODB coincé à poil dans une cave depuis trois semaines) ou les certains L3arbee & Lna vont cracher des flows taillés à la pierre ponce. Le schisme entre la pureté de la complainte féminine et des assauts des deux rappeurs est à couper le souffle, tant le tout est saccagé, maladif, presque trop brutal pour être accepté par quelqu’un de sain mentalement. On croirait un morceau empli de grâce complètement parasité, détruit, cassé par Filastine et ses deux potes. Le tout renforcé par ces changements de rythmes brutaux et ces bruits de fréquence de portables qui grésillent.
Ce titre, c’est un peu le bootleg parfait entre la pureté du diamant et les bas fond d’un quartier sordide. Impressionnant.

On en se relèvera plus. La suite est du même niveau, voir plus. A commencer par Crescent Occupation, qui part sur une Drum & Bass bien classique au rythme ultra rapide. Mais rapidement le titre devient lumineux en accueillant ce violon crachant sa peine de la plus belle des manières. Le morceau ralenti, repart de plus belle, accompagnant ces cordes aux teintes d’Europe de l’est. Badmarsh&Shri sont dans la place (même s’ils viennent d’Inde, m’enfin on se comprend).










Mais le vrai bijou, que dis-je, le petit chef d’oeuvre de ce Burn It, c’est bien Autology. Apres une longue intro où une note de violon se fait de plus en plus pressante, la belle du morceau Splinter Faction Delight , présentement nommé Mlle « Jessika Skeletalia Kenny » revient pousser la chansonnette avec sa voix sublime, à crever le coeur. Ici, on lui laisse la liberté de s’appesantir sans qu’une bande de désaxés lui coupe la parole. Pourtant le morceau sera tout aussi dérangé et imprévisible dans sa structure. Filastine lui-même intervenant ici en zébrant le tout de beats acérés, transformant ce chant divin en chair à canon pour un Break-Jungle de grande classe. C’est absolument sublime. LE titre qui convaincra tous les sceptiques.

Toujours dans le créneau dépaysement garanti, Dance Of the Garbage Man va vous noyer au milieu du fameux carnaval brésilien, en balançant une Batucada endiablée et survitaminée (voir presque fatigante sur le long terme). Sympa avant d’aller au boulot, histoire de voir de jeunes filles aux habits multicolores frétiller dans les mornes couloirs du Métro. On lui préférera (dans un style radicalement différent certes) l’excellent Hip-hop dérangé de Boca de Ouro, où nappes synthétiques iront de paires avec deux couplets ultra maîtrisées, enlaçant un refrain aérien où chant étouffé et (encore) parasité s’alignera sur un violon de toute beauté, avant un final presque psychotique.

Je le disais enfin plus haut, mais là où Filastine semble le meilleur, c’est bien quand il apaise ses machines pour nous envoyer sur une autre planète. Cela tombe bien, les deux derniers titres (sans compter l’interlude qui les sépare) sont de ceux là. Ja Helo tire dans l’electro tribale progressive, avec cette longue ascension qui va déboucher sur de superbes choeurs, très « GhostInTheShelliens » allant et venant sur vos oreilles comme le ferait les vagues sur une plage de sable. Le tout est juste pétrifiant.

Dreams From The Wounded Mouth, lui, virera dans le mystique, avec un chant toujours aussi pur et sublime, dérange, bousculé, par des digressions industrielles. Le rythme pachydermique démarre, s’emballe, flirtant avec le Breakcore, la demoiselle s’envole directement au paradis dans cette énième version tentative de marier la beauté suprême avec le chaos. On massacre tout, presque avec violence, avant de retomber dans une conclusion angélique, pleine de sérénité.
En haut du plus haut des sommets, à admirer la plus impressionnante des vus, en se laissant aller au grés du vent et de cette voix mourant peu à peu dans une ultime excursion électronique, déformant doucement le chant calme et emplie de plénitude. A chialer de beauté. Satisfait ou (pas) remboursé. On ne pouvait rêver meilleure conclusion.









On peut dire que Filastine invente les montagnes russes internationales, celles qui traversent tous les pays, en n’oubliant pas d’y intégrer des Loopings à faire peur, pour pimenter le tout. Les balades autour du globe, on connaît. Mais autant secouées et riches que ce Burn It, c’est plutôt rare. Certes la recette n’est vraiment pas nouvelle, et on pourrait presque craindre la redite, mais Filastine se sort tellement bien du piège je-maquille-de-la-musique-world que le disque risque de faire parti des meilleurs du genre, malgré une hétérogénéité extrêmement poussé qui risque de refroidir ceux qui n’aime pas sauter du coq à l’âne dix fois dans la même galette. (Voir au milieu même d’un titre). A dire vrai, à part l’irritant Palmares, curieux et désagréable morceau où une demoiselle égraine en français des phrases sans rapport apparent, Burn It frôle le carton plein, oscillant entre titres fiévreux et rageurs, et morceaux lumineux et sublimes.

Burn It, est le témoignage foisonnant d’un artiste ayant fait le tour du monde, et qui tente de nous en transmettre quelques bribes, non sans oublier de les avoir enfilé dans la moulinette de son esprit malade. Loin des Tour Operators et des circuits organisés bien cadrés, Filastine balance un album d’une richesse assez incroyable, saccagé en diable, nous offrant un nouveau port à chaque encrage sonore. Certains titres sont justes mirifiques, comme Autology, Splinter Faction Delight, Boca de Ouro ou l’incroyable conclusion Dreams From The Wounded Mouth.

Tres très chaudement recommandé.






















16 titres – Jarring Effects
Dat’











Dose One – Skeleton Repelent

Posted in Chroniques on March 12th, 2008 by Dat'


Duel dans la brume contre moi






J’allais commencer ce texte par un “on ne va pas refaire un nouveau couplet sur Dose One“, avant de me rendre compte étonné qu’excepté le dernier album de Subtle, le cas Dose One n’avait pas été réellement traité dans ces pages, comme ont pu l’être un Patton ou un Venetian Snares. Pourtant, et à l’instar de ces derniers, s’il y a bien un gars dont je saute sur chaque release comme un mort de faim, c’est bien ce grand malade. Qui semble, ces dernières années, s’être fixé sur son projet Subtle, groupe parti du hiphop, qui balance maintenant une musique indéfinissable tendant vers un maelstrom de genres…
Justement, alors que l’arrivée d’un nouvel album est imminente, et qui devrait placer enfin Subtle dans le panthéons des groupes barrés, Dose One s’autorise, une fois de plus, un projet solo pour respirer, loin de la tornade du groupe précités.


Et le plus étonnant, alors que le Mc a posé sa voix sur un nombre incalculable de disques, et ayant le pied dans presque autant de maisons de disques, c’est que ce Skeleton Repellent a été sorti cette année, produit par les petites mains de monsieur, sans label, aucune référence, avec une distribution ultra limitée, sans promo rien. Un disque qui existe en tant que disque, replongeant l’exposé Dose One dans les affres du plus petit des groupes indépendants presque débutant. Un disque entièrement façonné par l’artiste, si l’on excepte la participation sur certaines pistes de Dan Boeckner, le zozo des groupes Handsome Furs et Wolf Parade…














Malgré l’absence d’une maison de disque, on peut dire que Dose One a clairement mit les petits plats dans les grands, mettant encore en avant son solide talent de designer pour nous filer une édition bien chiadée, bourrées de ces personnages récurrents à la tête rayée, et d’un disque noyé par de petites têtes de morts. Malheureusement pas de traces des textes abscons de Dose One, mais les curieux se consoleront avec la liste complète des instruments/machines utilisés dans l’album…









Des le lancement du disque, on peut clairement situer le “son” de ce dernier. Exit la folie de Subtle, le hiphop de Themselves ou Deep Puddle et la pop de 13+God. Ici, on va naviguer dans le son si caractéristique de son projet complètement barge qui avait propulsé Dose One, Why ? et Odd Nosdam sur le devant de la scène hip-hop expé internationale. Celui par qui “Anticon” a commencé à exister et à vivoter en Europe : le groupe cLOUDDEAD.

Les deux disques partagent le même grain de son “brumeux”, extrêmement vaporeux, plongeant dans la limite du réel et de l’imaginaire. Dans You Circa You on fait côtoyer beats tous pourris avec des milliers de synthés mis les uns sur les autres, sans pour autant donner un sentiment de son massif. Non tout est fait pour vous envelopper dans un brouillard ambiant, laissant à peine perler la voix de crécelle de l’americain. D’ailleurs, il chantonne, et s’éloigne, s’éloigne, s’éloigne. Jusqu’à se demander si le mec ne nous laisse pas en plan, se barrant après avoir seulement introduit son disque. Hey, je t’ai amené dans une purée de pois, je te lâche la main, t’es perdu et t’as l’air con. Mais le larron se plait à faire des surprises, et vous tapote l’épaule pour vous embarquer dans une ascension à vous dresser les poils du cul en moins de deux, avec cette percussion bien massive en métronome acharné. Dose One se lâche, rappe à toute vitesse, headbanging dans la brume.


Tout le disque va respecter le schéma indescriptible du premier disque de cLOUDDEAD. Pop song toute guillerette, Hip-hop acharné, digressions électroniques… Tout, absolument tout, est noyé dans ce brouillard sonore poisseux et vaporeux, donnant un aspect de “distance” et d’immensité du son assez impressionnante, mais pouvant rebuter ceux qui ne jurent que par des explosions qui grillent les enceintes et des beats qui claquent comme la mort. On va même se retrouver, en plein coeur du disque, au beau milieu d’une cour de récréation sans s’en rendre compte, avec des enfants piaillant au loin, noyés et désincarnés par ces fumées de claviers omniprésentes. La progression des sons utilisés est si diffuse, si naturelle, qu’elle nous enveloppe sans que nous nous rendions compte d’être prisonnier d’une lente et inexorable étreinte.
Cet album met la sensation de “demi-sommeil” en musique. Celle où vous vous laissez aller, avachi sur un canapé, à vagabonder mentalement, passant d’un sujet à un autre sans cohérence aucune, tout en ayant ce sentiment de fatigue qui pèse sur la caboche sans jamais s’amenuiser.










Certes, Death Death Death Death Death va sortir pas mal de gens de leur torpeur, avec ce piano frappé, et un refrain qui se perd dans les limbes insondables de plaintes hurlées à l’horizon, mais même ici, tout semble cotonneux, apaisant. On est complètement dérouté par la chape de plume pesant sur notre caboche, que l’on entend multiples bruits sans pourvoir les situer : Voitures qui passent, harmonica bien seul, petits cris… Le rêve éveillé dans toute sa splendeur.

Il y a bien la guitare acoustique de Wolf Parade sur The Line in The Cold qui va tenter de nous extirper dans un ensemble plus concret le temps de quelques minutes, pour un folk ténébreux, pour rapidement se faire avaler par une véritable couette sonore, toute molle, toute accueillante, emplissant la moindre parcelle de vos tympans. On vous susurre à l’oreille, on vous cajole, mais vous vous retrouvez bien seul à planer au dessus des nuages, à dériver sans but, oubliant que sous le lit de coton, l’enfer est près à vous cueillir tel un fruit mur.
Allez, on aura même notre vraie phase hiphop avec Hardest Thought, formé de couplets rugueux, avec un DoseOne débitant son texte sur des percus presque industrielles. Mais tout bascule forcément dans une ronde guillerette faite de clochettes et de refrains cajoleurs.

Et je ne parle pas de l’énorme Mom, qui va accoquiner rythme bien crade avec une montée cristalline et extatique, pour assurer le finish au vocoder ou de l’ineffable The Great Compromise long voyage de 8 minutes, indescriptible, fait de montées à vous arracher le coeur et de longues divagations synthétiques fragiles, complément embuées.










Cette dernière résume parfaitement ce disque : Un long voyage dans la brume la plus opaque, une plongé dans un Silent Hill sonore où chaque coin de rue laisse perler un son, un chant, une conversation, un bruit une envolée Hiphop ou une litanie pop. Impossible de les situer, comme il est impossible de se situer soi même si l’écoute est faite les yeux fermés. On est condamné à errer, les bras tendu, en esperant toucher un obstacle rassurant dans cette marche à l’aveugle.


Skeleton Repellent est au Hiphop ce que My bloody Valentine est au rock, ou Panda Bear au folk. Une longue plongée dans l’inconnu, dans un brouillard insondable, bourré de réverbérations, d’effets et d’expérimentations… Une descente en apnée dans le cerveau nébuleux d’un mec qui ne se plait qu’à s’extraire du monde réel par tous les moyens imaginables. Le disque se vit réellement comme un songe, comme un rêve à demi éveillé. La sensation de voir le paysage défiler alors que l’on a le nez collé contre la vitre du Tgv avec ce DoseOne dans les oreilles, et les paupières bien lourdes, est assez indescriptible…




En bref, Skeleton Repellent est le meilleur disque de cLOUDDEAD depuis… le premier disque de cLOUDDEAD… la comparaison est de toute façon obligatoire tant le mimétisme entre les deux disques, dans le fond comme dans la forme, est flagrante. Ce nouvel opus de Dose One va s’avérer donc rapidement indispensable pour les amateurs du groupe. Et ils auront raison, tant cette livraison frôle l’excellence dans son genre, et tant il est rare de tomber nez à nez avec un disque aussi opaque, enfumé, rêveur, mais aussi hermétique, voir presque autiste. Car en poussant la recette à l’extrême, certains argueront même que Dose One s’auto-parodie en usant de cordes si difficilement distinguables.

Mais cette galette semble si personnelle, dans son choix de distribution comme dans sa musique, que l’on a clairement plus l’impression que l’artiste s’est offert une bouffée d’air, un gros trip introspectif et mélancolique, comme il n’en avait pas fait depuis 10ans, et cela pile entre le joyeux et bordelique For Hero For Fool acclamés par la critique, et le prochain disque à sortir prochainement avec son groupe Subtle.



Le truc sympa, c’est que l’on peut même créer ce disque à la maison, histoire de vivre le truc à sa manière, ou de tester avant d’acheter :
Munissez vous d’un masque à gaz, puis allumez un feu dans votre pièce. Vous ne voyez plus rien ? Trop de fumée ? Votre main n’est même plus distinguable en la plaçant devant votre nez ? Parfait, maintenant lancez simultanément un disque de Public Enemy sur votre chaîne Hi-fi et une veille cassette de Donald Duck sur votre TV.



Ça y est, vous êtes l’heureux possesseur d’un Skeleton Repellent !!









10 Titres – Pas de label
Dat’








Sebastien Tellier – Sexuality

Posted in Chroniques on March 1st, 2008 by Dat'


Pimp my Teub façon tres vintage chantilly






Bon certes tout le monde en parle. Journaux, Tv, internet, difficile d’être passé à coté d’un sujet sur Sebastien Tellier ces dernières semaines. Pourtant, il y a encore quelques mois, Sebastien était, à l’instar de Moby en son temps, “l’homme dont t’on connaît tous la musique sans savoir de qui elle est” grâce à sa très belle Ritournelle, chanson qui a fait le tour du monde. (Piqûre de rappel avec le clip ). Il suffisait alors de s’acoquiner avec un des Daft Punk pour enfin entrevoir l’exposition, la vraie, la jalousée, celle où le visage devient plus connu que la musique en elle-même. Il faut dire que Sebastien Tellier est le mec revé pour les unes de magazine:

Bon pote de Mr Oizo, qui réalisera ses clips et produira pas mal de morceaux, Tellier va flirter avec la French Touch au moment de son agonie dans les primeurs des années 2000. Detruit par la tournée mondiale de Air, dont il faisait la première partie, et qui offrait plus de drogues, d’alcool et de groupies que de date de concert, Tellier se retrouve noyé dans la spirale addiction en retournant dans son appart terne de Paris. On parle même d’un séjour en Hôpital Psy. Mais le mec continue de jouer au bon flingué, et sort un album assez controversé, “Politics”. La ritournelle étant l’arbre cachant une forêt luxuriante, indéfinissable et surtout drôlement perchée, nous faisant passer d’un sentiment d’émerveillement à des crises dubitatives en une poignée de minutes. Sans oublier sa participation à des BO de films, comme Lost In Translation, en façonnant même entièrement celle de Narco, ou de Steak avec Mr Oizo et Sebastian.

Et le voila revenu avec un album axé sur le cul, le vrai, seul sujet qui semble l’intéresser aujourd’hui. Il faut dire que le cul, c’est ce qui marche le mieux aujourd’hui. Tout en étant le sujet le plus consensuel. Il aurait du sortir son album Politics ces temps-ci, le sujet est porteur cette année, et on aurait plus prit Tellier comme un dangereux illuminé (si cela n’est pas déjà fait) plutôt qu’en vieil érotomane crado vêtu d’un peignoir d’hôtel volé















Bon il y a deux modes plutôt drôles, voir risibles, pour toute pige traitant de près ou de loin du dernier disque de Sebastien Tellier :

– Ce dernier est considéré comme un génie absolu, comme le dernier héros et sauveur de la musique française, et son dernier album comme un véritable diamant brut, un miracle de la nature. Sans parler une seconde de ce dernier.

– Ce dernier est un enfoiré. Il faut rejeter en bloc ce dernier essai, en le traitant de déplorable, d’insulte à l’humanité, de relents célestes, de fast-food pour la Hype. Mais pour le coup, là aussi, impossible d’avoir ne serait-ce que quelques lignes sur le disque en lui-même.


On sacralise, ou l’on vomie, l’objet en tant que tel, et ce qu’il semble représenter. Sans décortiquer une seule seconde la musique elle-même. Le tout en assénant des vérités absolues histoire de convertir au max, d’un extrême à un autre. Quand à ce que ce Sexuality représente, l’image qui donne est tellement différente d’une personne à une autre qu’il en devient complètement hasardeux d’en tenter une interprétation. Même l’artiste lui-même module son discours en fonction des apparitions, passant de pamphlet sexuelo-revolutionnaire au simple délire de musicien attiré par ce que la musique a de plus moite.
Pourtant l’objet en lui-même mérite quelques lignes. Dans sa version collector, Sexuality se présente en édition “livre”, à l’instar du dernier Daft Punk justement, avec ses photos de plus ou moins bon goût, son disque noir ébène sur recto-verso et son texte de l’amour et la violence traduit en 8 langues. Tant qu’à parler de cul, autant pousser le fétichisme jusqu’au bout.










Sans avoir prêté attention aux avis divers et variés, j’aurais eu du mal à croire que ce disque serait autant bousculé au final. A peine aurais-je lâché un “oui en gros, comme Politics ou l’incroyable vérité, Sexuality offre un ensemble vraiment accidenté, très pot-pourri, à chacun de faire sa propre tambouille avec ce qu’il trouve de bien dans le disque” Mais cristalliser une telle haine, ou un tel engouement masturbatoire, sans se raccrocher une seconde à la musique en elle-même, je ne vois pas.

Ne me fait pas dire ce que je n’ai pas dis, le disque est tout sauf anodin. Certaines pistes sont même grandioses. A dire vrai, l’ouverture de Sexuality, Roche est sûrement LE tube du disque. On écoute les nappes, le beats feutré, le chant susurré superbe de Sebastien Tellier et l’on se demande juste si ce n’est pas Timbaland qui a produit le titre. Tout y est. Le tout est juste imparable. Pourquoi le label n’a pas choisi ce titre comme premier extrait, tant il aurait pu exploser tout sur son passage ? La vidéo accompagnant le titre serait sans appel : Des billets, du champagne, des nanas à poils, les claquements de doigt, des grosses bagnoles, le tout filmé au ralenti. Combo parfait. Car Roche, c’est un peu le morceau de Pimp r’n’b parfait. L’instrue est imparable, le chant est imparable, le texte est imparable. Ouaip, Tellier lâche pour quelques minutes la pop pour nous lâcher le morceau de r’n’b français ultime.
Dans un autre registre, mais d’une façon tout aussi jouissive Divine fait penser aux cabotinages de Politics, tout en mâtinant la chose d’une aura très Beach Boys. Le titre est simple, direct, complètement ringard, mais super bien foutu. A vous filer le sourire pour le reste de la journée. Tout comme Kilometer, qui ravira les amateurs de Bontempi, ces derniers zébrant grassement une structure très funk, bien soutenue par une guitare affolante et un vocoder utilisé à outrance. Bref, on se marre bien au pays de Tellier.








Mais le principal morceau de Sexuality, et premier extrait du disque est bien Sexual Sportswear, monolithe instrumental de plus de 7 minutes (réduit d’une façon idiote et drastique pour le clip). L’intro en paralysera plus d’un, nous transportant directement dans la plus sombre des scènes d’un Carpenter, avant de s’étirer, de partir dans des spirales synthétiques que l’on croirait échappées d’un Jean Michel Jarre en état de grâce. L’ambiance est plombée, on ne se tire plus la nouille en rigolant avec ses copains, on se laisse dériver dans cette longue odyssée spatiale, d’une classe gigantesque, intemporelle. On perd notion du temps, on vit ce morceau comme une longue chute, déprimante et sublime. Sexual Sportswear, c’est un peu La ritournelle pour drogués. Drogués du cul, drogués d’expériences musicales, drogués de la solitude ou de trips extra-sensorielles, pas de distinction. Si l’on accepte de se laisser envelopper, bouffer, envahir par cet ensemble aux allures vétustes, désuètes, démodées, la sensation de dérive est énorme. Le temps est ralenti à l’extrême, la gravité n’est plus qu’un lointain souvenir, les comètes filent et l’univers devient moite, lugubre, insondable. Le morceau imprime une vraie rupture en ce milieu de disque, tout en nous crachant à la figure que les premiers titres ne sont peut être pas si assurés, si rigolards qu’ils semblent paraître. Le paraître. Notion centrale de ce disque. On tente de se grimer au maximum, d’enjoliver son apparence pour cacher un amas de pourriture stagnant dans nos tripes.








Fingers Of Steel, autre moment de grâce, illustre bien cette déliquescence du propos premier de l’album. On tente de jouer l’étalon, en vomissant ce comportement une fois le liquide séminal perdu sur une chute de rein. La boucle de synthé se répétant à l’infini imprime ce malaise, cette obligation de se tenir droit alors que l’envie de se prostrer en gerbant cheville la gueule.
En écoutant Fingers Of Steel, on voit des nanas suivre nonchalamment le rythme, d’une façon désintéressée, une clope à la main, en faisant la gueule. On voit des mecs lubriques les observer du coin de l’oeil, en faisant la gueule. On les voit se carresser en faisant la gueule. On doit baiser parce qu’il faut baiser. L’envie n’est plus qu’un concept suranné, la mécanique, la lassitude de l’habitude remplie son office, colmate les brèches qui ne s’ouvriront qu’une fois la tête dans les chiottes. Le morceau est beau. Superbe même. Mais il est drôlement triste. Complètement désabusé. La voix, presque monocorde de Tellier, tirant pourtant bien vers les aigus, entérine ce sentiment.
Chez nos amis les polèmistes, le petit effet sur les premières syllabes, “aspirées”, représenterait une extraordinaire métaphore érotique. D’autres y verront les signes inéductables de l’essoufflement du disque. On dira juste qu’il participe excellemment à l’effet fantomatique et hypnotique du titre, qui se pose comme un incontournable de la galette.

Dernier petit prodige, et conclusion de Sexuality, L’amour et la violence titre ayant pas mal tournée sur la toile. C’est simple, on va retomber dans l’emphase habituelle de ces pages : Ce morceau m’a littéralement arraché les tripes à la première écoute. Sebastien Tellier nous refait le coup de La ritournelle, à savoir une mélodie lacrymale sur laquelle se greffe un bref couplet chanté débarquant sans prévenir, histoire d’arracher les derniers poils encore dressés sur votre échine. Débutant sur une fluette litanie au piano, le morceau va petit à petit s’enfoncer dans un magma de synthés prenant de plus en plus d’ampleur, cette dernière étant proportionnelle à la sensation d’étranglement perlant sans discontinuer. On peut penser à toutes les références que l’on veut, en les accoquinant de termes salaces, façon c’est écouter Moroder suçant Christophe, mais une chose est sure, ce titre est tout simplement renversant. Il vous choppe, il vous caresse, il vous étrangle, et vous laisse comme une merde, tentant de retrouver son souffle sur des synthés se retirant discrètement, presque gênés par l’effet provoqué.








Un avertissement est de mise. Certains ont déjà du le remarquer dans ces pages; je suis un éternel amoureux des synthés pourris. Les gros synthés granuleux bien crados, ou super cristallins mais bien ringards. Les synthés pourris quoi. Le jugement ici est donc forcément biaisé. Mais on trouve réellement de belles choses dans ce Sexuality. Qui rendent le disque hautement recommandable. Voir presque indispensable. Mais il va alors falloir jongler avec des titres supers moches:
Strictement rien à changer chez Sebastien Tellier en 8 ans. (D’où mon étonnement sur la révolution annoncée du son du bonhomme) Sa recette, c’est entremêler titres sublimes et bizarreries déconcertantes, qui difficilement acceptable selon l’humeur qui nous envahie. Sur “L’Incroyable Verité” c’était Fantino et Black Douleur à coté de Oh Malheur Chez O’Malley. Sur “Politics”, c’était Broadway et La ritournelle à coté de Ketchup VS Génocide.

Sur “Sexuality”, Tellier ne va pas y aller par quatre chemins. Certains titres sont drôlement moches. Pas moches “horribles”, mais moches sympathiques. Ceux que l’on va écouter en découvrant l’album, pour ne plus réellement les écouter par la suite… Je pourrais dire tout ce que je veux sur Pomme, le chant est super bien placé, la mélodie pas aussi conne qu’elle en a l’air, mais le tout fait trop kitsch pour être apprécié en toute circonstance. On sera encore plus décontenancé sur Elle, qui, tout en restant agréable, pulvérise tous les slows les plus surannés que l’on a pu cracher sur cette dernière décade. Une Heure ne dure pas autant, et c’est une excellente idée vu le caractère très salle d’attente de cette dernière…










J’écoute le disque, en long, en large et en travers, et il reste strictement impossible pour moi de déterminer pourquoi les avis ne se situent que dans la sacralisation ou l’acharnement total.
Dans un cas comme dans l’autre, difficile de vraiment y croire. Si l’on excepte les incartades de Pomme, le disque est au final très peu explicite, et risque clairement d’emmerder la plèbe en quête de porno. Tout comme celui recherchant le sexe classe et aseptisé. ( Pour le coup, le meilleur disque d’électro pour des divagations érotiques reste A grand Love Story de Kid Loco )
On se plait dans les magasines à brandir le disque comme la célébration d’une sexualité décomplexée, celle qui se respire à chaque coin de rue.


Pourtant après, écoute, la galette donne l’impression du contraire :

Sexuality semble parler d’une sexualité frelaté, moribonde, mécanique. Celle d’un vieux croûton qui tape dans les bassins sans plus trop y croire. Qui exige que la levrette soit faite devant une glace parce qu’il trouve ça cool, sans pour autant s’empêcher de bailler d’ennui devant cette fresque de chair qu’il a contemplé mille et une fois. Les morceaux sont guillerets, mais tous atteints d’une dépression latente. Plié sous le poids de ses kitscheries, Tellier semble bien fragile en égrénant le catalogue de ses petits plaisirs. On se touche avec envie tout en laissant vagabonder ses pensées. Se morfondre sur la beauté et la fragilité du corps humain en plein coït. De ne pas pouvoir s’empêcher d’utiliser le sexe comme palliatif comblant une brèche sans fond.




C’est évidemment ce qui émane du disque dans son entier, car Sebastien Tellier, lui, semble avoir abordé le thème de son nouveau disque comme il l’avait fait avec ses anciens :

Parler de cul, comme de politique, parce que cela le fait marrer. Point barre. Abordant le truc en dilettante, pas foncièrement sérieusement, mais pas au second degré non plus. Sebastien Tellier navigue en barbu débraillé dans un univers qui semble le dépasser, regardant filer d’un sourire narquois son disque dans les hautes stratosphères du débat idéologique du bien fondé d’une oeuvre, sans que l’on effleure ne serait-ce qu’une seconde le contenu de cette dernière.
Il est évident qu’il ne faut pas écarter le génie marketing de Record Makers et de Guy-Manuel de Homem-Christo, mais Tellier semble plus s’amuser de la situation que de vraiment se rouler dedans. Toujours pas de quoi le clouer au pilori, ni de lui ériger une statue, surtout que le matraquage est encore loin d’être massif.





Le disque, lui, est bon, très bon même, si l’on est prêt à accepter une avalanche de synthés tout droits sortis de l’enfer.
Et plutôt que de porter aux nues le sexe dans ses grandes largeurs, Sexuality célèbre la tristesse de coucher avec un top-model sans pouvoir s’empêcher de penser à sa liste de course du lendemain matin.



Et comme d’habitude avec Tellier, il faudra serrer les dents à chaque changement de piste, en s’attendant à tomber sur un nouveau diamant, ou un énième foutage de gueule bizarroïde complètement assumé.












Sebastien Tellier – Sexual Sportswear











11 titres – Record Makers
Dat’










Dj Krush – Blue Fantasy Remix (Tetsuya Komuro)

Posted in Chroniques on February 25th, 2008 by Dat'


“Psychedelic Hop”




Ce n’est pas moi qui le dit, mais la pochette. Qui énonce même un “Blue Music for chill Out / after Hours? pas piqué des hannetons. Tout un programme. Je ne vais pas refaire un pamphlet sur Dj Krush, qui peut prétendre être l’un des artistes que je respecte le plus. Je pensais d’ailleurs connaître 99% de ce que ce dernier avait fait. Bien mal m’en a pris, on en apprend tous les jours. Un disque sorti en 2002 donc ( !! ), consacré au remix d’un certain Tetsuya Komuro par Dj Krush.
Pour le coup, je ne savais strictement pas qui était ce Tetsuya Komuro. Il apparaît pourtant comme étant une véritable star de la musique electro grand public au Japon, collaborant avec les grandes têtes des Charts que sont Yoshiki de X Japan ou la miss Ayumi, et sonorise films, animes et grands concerts d’une Techno très psyché, presque spirituelle, bourrée de nappes sucrées et de rythmes appuyés. Une sorte d’Underworld en plus kitsch, voir un équivalent nippon de notre Jean Michel Jarre national. Justement, ces deux amateurs de claviers fumeux ont collaborés ensemble pour un disque sorti pour la coupe du monde de Football ( ?!?) en 98 (quelqu’un en avait sincèrement déjà entendu parlé ?) avec sur l’un des titres un featuring (attention tenez vous bien) de “Marc Panther”. Ebouriffant.

Bref, outre une façade sous les projecteurs, le japonais se plait aussi à délirer sur de longues plages Techno ambiant, très Chill out, parfaites pour partir une petite heure dans un univers ouaté, en apesanteur. Et c’est à Dj Krush qu’incombe la responsabilité de torturer un petit peu Blue Fantasy, pour un disque qui semble avoir été complètement passé inaperçu, même dans les discographies officielles de Mr Krush.













Une piste. Un seul morceau. De 15 minutes. Pourtant placé dans un bel écrin, comme tout album qui se respecte, avec photos de Dj Krush et teintes bleutées, dans une imagerie très Chill out. Pas de surprise donc dans le matériel sonore de “base” servant au remix de Dj Krush. Et connaissant bien le travail de ce dernier, on décèle sans nul doute ce qu’étaient les fondations de ce remix, même sans jamais avoir écouté la version originale (et c’est pas faute d’avoir essayé)









Première réaction, presque naturelle sur une production de Krush : Le beat est bon. Carrément jouissif. Un bon rythme Hiphop, bien syncopé, comme on en fait plus, à vous faire balancer la tête d’une façon inconsciente en deux minutes. Surtout plongé dans ce lit de nappes ultra planantes, très belles, cristallines comme jamais.
Deuxième réaction : C’est quoi ces guitares toutes kitsch ?!? Hey oui, on est dans de la Dance Psychédélique, et la guitare inhérente au genre est ici aussi de la partie. Vous savez, ces longues notes de guitares très claires et éthérées façons génériques de Ushuaïa ou autre programme nous expliquant que la terre, ben elle est quand même drôlement belle même si elle a besoin d’une transfusion fissa. Il faut donc s’y faire, et certains partiront directement en hurlant d’effroi. Pourtant, le tout est tellement apaisant, tellement planant, avec cet enchevêtrement de nappes célestes, que le tout frise le sublime, évidemment surplombé du rythme appuyé bien balancé par Dj Krush. Le tout sur un semblant de sample oriental remplissant parfaitement son office.
Apres une demi douzaine de minute, les teintes se font plus sombres, des nappes nous vrillent la colonne vertébrale. Le beat est plus présent, toujours très hip-hop, la guitare se perd dans de multiples réverbérations et la chape de clavier continue d’entretenir une atmosphère très ouatée. On dodeline de la tête, et on se laisse donc emporter dans ce beau voyage synthétique, en s’étonnant même de fredonner la mélodie évidente distillée tout au long de ce Blue Fantasy.


C’était sans compter sur le platiniste japonais, qui n’a pas pour habitude de s’enfermer dans une routine linéaire. Car dans le dernier tiers du morceau, on va virer sans prévenir dans bonne une Drum & Bass des familles. Le rythme claque, file comme le vent, et nous balance sur le toit d’un train à grande vitesse après nous avoir fait longtemps survolé les nuages. Mais ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dis, l’orientation du morceau reste la même, avec la guitare et les claviers toujours bien présents. L’aspect gracieux et harmonieux n’est pas mis au ban, et l’on plane toujours autant, mais cette petite montée finale est plus que bénéfique, et nous fait penser aux disques de Drum & Bass un peu oldschool, celle que l’on habillait de cordes et nappes bienfaisantes, façon Goldie ou 4 Hero, plutôt que de déchirures crades et digressions saccadées pour désaxés. Il manque plus que la petite voix soul et l’on s’y croirait.









Il est évident que le disque n’aura que peu d’intérêt pour ceux qui n’ont rien à carrer de Dj Krush. Mais ceux qui se prosternent devant ce mec tous les matins, surtout s’ils apprécient la face “électronique” du bonhomme, seront aux anges. On pourra arguer sur le fait que le coté “Lounge” est un peu trop présent, ou que la guitare peu irriter au départ, mais l’on fait rapidement abstraction de tout cela pour se laisser dériver sur cette très agréable pièce d’un quart d’heure. Sans compter que l’EP nous emmène sur des territoires rarement foulés par Dj Krush.



Bref, c’est beau, enivrant, mélodieux, et fortement recommandé pour ceux qui apprécient le travail du maître japonais. Aucune surprise, très consensuel, mais foutrement envoûtant et planant. En attendant un nouvel album…





Attention, chercher ardemment un exemplaire de ce disque peut provoquer un certain désespoir. Nous déclinons toute responsabilité en cas de crise de démence.








1 Titre – FOA Records
Dat’