PMPDM
On parlait d’un Kid606, et de notre incapacité à deviner quel virage adopté à chaque release. C’est un peu la même chose pour Grems. D’autant plus que le mec nous balance des galettes tous les 6 mois. Après le diamant expérimental-electro-drogué qu’était Broka Billy, puis le LP bien dubstep qu’était le premier Pour Ma Paire De Jordan avec Ntek, le très Uk Klub Sandwich avec Disiz, et le très hiphop/boom-bap Algèbre 2.0, Grems nous avait promis, avant un prochain solo, un deuxième LP de son groupe PMPDJ.
Le premier opus était, selon les dires de l’auteur, surtout là pour enrichir leurs lives. Et cela s’entendait. C’était brutal, wobble bass à fond, et si l’on avait aucun doute sur le fait que le truc devait flinguer des enceintes et retourner des mâchoires en concert, il était plus difficile de se l’enchainer en entier chez soi. Tu kiffais pas mal, mais tu callais avant d’arriver à la fin, façon double Whopper.
Alors, il paraitrait que ce nouveau PMPDJ est un reboot du groupe. Déjà parce que Starlion fait son entrée dans le crew, et que si MiM est toujours à la molette, la direction musicale change : fini les wobbles, on va faire du beau, du tube, de la saleté, du deep, du deepkho, du uk. On va continuer à prendre des claques, pas parce que les productions te crachent à la gueule, mais parce qu’elles te foutent des papillons dans le ventre. Pour Ma Paire De Mandales.
Il faut obligatoirement le préciser : ce LP ne bénéficie pas de sortie physique. Pour l’acheter, c’est mp3 only, faire chauffer Itunes tu dois. C’est d’autant plus dommageable que l’artwork de Néopen est superbe, et que l’édition physique de Algèbre 2.0 déchirait les rétines. Il y avait grave moyen de faire un objet beau comme un cul de mannequin, mais il faudra s’en passer, et continuer à se toucher sur du jpeg.
Donc PMPDJ, c’est désormais trois Mc. Au micro, on sent que les mecs se sont vraiment marrés, à balancer sur la plupart des morceaux des textes qui tournent autour d’un concept ou d’une sonorité (VV, CPMPDJ…), sans oublier les charges brutales (Stachmou) ou les ego-trip (Haterville, 5D…). C’est décontracté de la glotte et ça passe crème. Mais pour tout vous dire, j’étais un peu circonspect par la venue de Starlion au départ. Le mec assure parfaitement sur des instrues posées (cf son album, Toast, Chat Man…) mais on le sentait un peu à la ramasse sur le premier extrait de PMPDJ, surtout à coté de Grems et Ntek, qui ont l’habitude de chevaucher des instrues complètement cramées. Et bien, méa culpa, je me suis grave trompé. Le mec est fou. Il te balance des couplets dingos, à la vitesse de la lumière, et arrive à passer de phases très calmes, presque chantées, à des déclamations frénétiques affolantes. Sur certains morceaux, c’est crise d’épilepsie lyricale dans le salon.
Il faut de plus saluer la pertinence et la cohérence du groupe, les trois flow étant extrêmement complémentaires, la voix un peu plus aigue et joyeuse de Starlion contrebalançant parfaitement le flow ultra-technique de Grems, et la voix grave de Ntek. Au final, Starlion offre une respiration salutaire à chacune de ses interventions, bouffée d’air qui manquait dans le premier PMPDJ, et sa présence dans le groupe devient une évidence dès la première écoute du LP.
Alors niveau tracks, histoire de rentrer dans le détail : MiM c’est déchiré. On connaissait déjà MMP#!, qui défonçait pas mal en premier single, mais qui ne reflète pas forcément le contenu du LP. Car ce Haterville, ce n’est pas du tabassage, c’est le disque d’un putain de scientifique aux manettes. MiM te balance les plus belles instrues de 2012. Attends, je dis pas ça juste parce qu’il y a des Mc dessus. Tu me files le LP en version instrumentale, je te dis déjà que c’est l’une des meilleures galettes de l’année. Car ce PMPDJ, c’est surtout ça : de la techno-deep passée au mixeur pour enfanter des boucles folles à ravir les esgourdes.
Sur Haterville, MiM a décidé d’être minimaliste. Mais de façon intelligente. De décortiquer le 2step, la techno, de réduire parfois l’instrue à un seul gimmick, comme sur PMPDJ, superbe boucle que l’on croirait sortie d’un Robert Hood. Sur certains morceaux, on aurait presque l’impression d’entendre une fusion entre un Hell Hath No Fury des Clipse et la techno de Deepchord. C’est difficilement descriptible, MiM (et Grems, qui co-produit le morceau) semble se concentrer sur une seule sonorité, absolument imparable et tubesque, tout comme sur Pilon, où une bassline de l’enfer, pas plus, se fraie un chemin entre les bugs sonores. Mais parce que les mecs en ont dans le citron, ils te foutent une mandale en fin de tracks avec un soulèvement de synthés absolument sublime, chute dans le vide en mode techno-autiste qui te dresse les poils sur la gueule.
Et puis vient Tictac, et là, la baffe est grande. Cette instrue, on la croirait sortie du dernier Machinedrum, ou du Sepalcure. Mais en mode décharné, décortiqué au maximum. Un putain de 2step absolument sublime, avec le rythme claudiquant, le synthé fantomatique qui remplit l’espace et des basses affolantes. Sérieux, ce truc c’est une ode à la cyprine, ça transpire le sexe à mort, c’est hypnotique en diable. Quand je disais minimaliste, ce n’était pas synonyme de sans détail. Parce que là, ça fout le vertige tellement chaque élément, chaque son, est distillé avec prestance. On te sort un truc qui pourrait rivaliser avec le meilleur du Uk garage/2step, comme ça, d’un coup, sans prévenir.
Dans le même genre, tu as Haterville, tout aussi fascinante. Au départ, il n’y a pas grand chose, si l’on excepte ce rythme boiteux et cette ligne de basse louche, un peu aigue. Entek commence à cracher en mode psychotique, une bonne bassline vient caresser les oreilles sur le passage de Starlion, et tu sens que tu es en train d’assister à l’accouchement d’un tube. Break, Grems déboule et tabasse tout ce qui bouge pendant que des synthés puputes font muter le morceau en mode club crade à 4h du mat’, avec fumée de clopes, stroboscopes, minijupes et porte-jarretelles. Ca mouille dur. MiM, qui n’a pas produit le début de la track (concoctée par Chamade Beat), vient apposer sa patte en conclusion avec un petit “16” qui explose dans tous les sens, via breaks et cassures qui giclent en 3D dans tes oreilles, l’instrue se disloquant complètement pour notre plus grand plaisir.
Usle le S.A.V, c’est la grosse claque dans la gueule une fois encore, avec une instrue ENORME, parfait mélange entre un hiphop pimp, bass music que ne renierait pas Lunice et une techno bien ronde. Merde, Starlion est absolument monstrueux sur ce morceau, en partant sur un couplet très lent, avant d’éructer comme un dingue et de partir dans un trip flow TGV qui en laissera plus d’un sur le carreau. Tu passes ça en club que les danseurs s’écartent pour laisser passer les Low Riders. Le compteur d’écoutes itunes fume déjà. Mais La palme du passage à tabac revient à 5D, featuring le vétéran Dadoo (qui avait déjà lâché un sacré couplet de mutant bien fou avec Bunk de Set&Match). Ici, chacun son couplet, chacun sa punition SM. Starlion, c’est des rythmes pachydermiques et synthés trance, ça te fout une trempe de l’enfer. Dadoo débarque, l’instrue se mue en electro psychotiques qui n’aurait pas démérité dans un EP de Reso. Avec Grems, on debarque sur une partie destructuré et expérimentale, avant de filer sur un dubstep ultra enervé pour le final hystérique de Entek. Ecouter ce morceau c’est comme te prendre des fessées avec une serviette mouillée : évidemment que ça fait mal, mais c’est putain de bon.
Merde permettra de poser un peu l’ambiance après le typhon du dessus, avec une instrue bien sombre, tout en basses et grondements, profondeurs de zalem et ghetto futuriste. Pour les amoureux du premier PMPDJ, Anthem ressortira le gros dubstep bien gras, qui donnera l’impression à tes oreilles de passer le mur du son, et ferra surement le bonheur des caves à concert.
PMPDJ étonne par la qualité de sa galette. Comme si le groupe avait réussi, juste pour ce LP, à trouver l’équilibre parfait entre expérimentations et amour du hiphop. Comme si les quatres zozos avaient voulu jouer les petits chimistes, pour accoucher de la recette optimale après avoir tenté de multiples mélanges. Les mecs envoient tout balader, font des doigts d’honneur à tout le monde, puis se mettent autour d’une table pour reconstruire un objet à la cohérence folle.
La force de Grems et sa clique est de s’octroyer toute les libertés dans le hiphop, sans jamais tomber dans l’inadéquat, le hors propos. Sur ce PMPDJ, cette prise de risque, pourtant extrême, sonne juste à 100%. Cette envie de briser les limites, de pousser les murs, tout en gardant les pieds sur terre est le fil rouge indiscutable de ce LP. Tout semble couler dans nos oreilles avec logique, amour et humour. Et puis sérieusement, comment ne pas revenir sur le taff de MiM, dantesque, arrivant à balancer un pur disque de rap, en proposant pourtant des instrues lorgnant à 90% vers l’electro cramée. Cela aurait pu flirter dangereusement avec l’album concept bancal, (il suffisait de peu, en poussant un peu trop le délire) mais les 4 mecs, en ajustant et en dosant tous les éléments à la perfection, accouchent d’un LP rempli de tubes aux productions à tomber par terre.
Les chats ont beau faire de sacrées conneries, ils retombent toujours sur leurs pattes.
PMPDJ – Usle le S.A.V
PMPDJ – Stachmou
Sur le même sujet :
– Klub Sandwich – Les Valcheuzes
11 Titres – Grems Industry
Dat’
This entry was posted on Thursday, October 18th, 2012 at 9:19 pm and is filed under Chroniques. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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C’est vrai que le final de Ntek sur 5D est complètement fou ! ça secoue grave l’encéphale…
Merde merde putain ! J’y suis encore sur cet album tellement il est fou !
Pas super fan des autres albums de grems et pmpdj, quelques morceaux tripants surtout pour le son et le délire expérimental mais jamais trop emballé par les paroles, parfois même atterrantes sur certains titres et puis tous ne rappent pas au même niveau. En revanche je dois avouer que ce ce haterville déchire bien, bon équilibre, les mecs glissent des bonnes quenelles et l’instru est parfaite, on regretterai même que la fin de pilon ne dure pas un peu plus longtemps…
“Il y avait grave moyen de faire un objet beau comme un cul de mannequin, mais il faudra s’en passer, et continuer à se toucher sur du jpeg.”
Aaah la nostalgie du 56k !
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