Tokyo Red Bull Music Academy Weekender – November 2013 / Diamond Version, U-ziq, World’s End Girlfriend & Aoki Takamasa


“Les week-ends aussi chargés que le tour de France de Lance Armstrong”



En amont de la Red Bull Academy qui vient d’être annoncée sur Tokyo pour 2014, la boisson qui donne des ailes et qui me file pas mal de tachycardie (j’avais vite compris lors de l’écriture de ma thèse de fin d’étude que continuer à boire de ce truc allait clairement faire gicler mon coeur sur le bureau), organisait sur début novembre pas mal de concerts dans toute la ville, avec de sacrés artistes comme FaltyDL, Daedelus, Gilles Peterson, Sprinkles, Dj Krush ou Fennesz. Votre serviteur n’ayant plus le cerveau assez coriace pour s 5 jours de tabassage sonore, l’affiche du dimanche 4 Novembre avait fait frétiller mes Esgourdes : Alva Noto + Byetone et U-ziq se partageaient l’affiche, accompagnés de quelques légendes locales comme Aoki Takamasa, Fragment ou World’s End Girlfriend.

Beaucoup de monde pour un festival ayant eu énormément de pub dans la rue/médias, avec plusieurs salles débordant de rythmes concassés, avec une oasis de sofas moelleux pour se reposer, et quelques stands de bouffe degueu mais salvatrice. Comme toujours au Japon, on est surement dans le seul pays où l’on peut croiser une population aussi hétéroclite à un concert d’Alva Noto, des demoiselles en mini-jupes et casquettes YMCMB aux diggers autistes fous, en passant par les fous/folles furieux relookés comme des dingues sublimes. Stilettos et infrabasse, Autechre et lèvres glossées, mélange parfait.





Voir Aoki Takamasa faisait quelque chose à mon palpitant, car c’était la première fois (de mémoire) que j’avais l’occasion d’assister à un live de ce mec, malgré mes années passées au Japon. Grand fan de sa techno neurasthénique, rêche et répétitive, comme de ses exercices plus pop et funky de sn milieu de carrière ou sa collab avec T.Noriko, je me demandais ben ce que cela pouvait donner en live. Première bonne impression, le son est massif, écrasant, tout le live se fait peu de morceaux, tirés de RV8, étirés à n’en plus finir, à imprimer rythmes et variations jusqu’à nous perdre dans le bordel. Autre bon point, c’est du live pur, prouvé par les petits problèmes techniques sur certains lancements de nappes, nous prouvant que le mec est loin de seulement rester assis derrière son laptop à fumer des clopes. Un live qui serait parfait si il n’y avait pas le sempiternel problème des concerts au Japon : le son était bien trop fort. Ridiculement fort. Te mettant face à un dilemme cornélien… protéger ses oreilles mais écouter un live altéré, ou défoncer littéralement ses tympans pour aller à coup sur à l’hôpital demain. C’était pire que pour le live de Dalek, les connaisseurs comprendrons.
On touche d’ailleurs ici à un vrai problème de la nuit japonaise. Bien plus que ces fameux articles sur l’interdiction de danser au Japon dans certains clubs, ce qui est véridique, mais seulement presents dans les médias étrangers pour remplir le quota d’articles “uhuh ils sont vraiments bizarres ces japonais” (à l’instar des derniers laïus sur la disparition des parties de jambes en l’air dans le pays). Non, le vrai problème de la nuit Tokyoïte, c’est que les limitations sonores, tu peux te les foutre bien profondément dans le cul, et que si l’ingénieur du son n’est pas un putain de génie, et bien tu vas passer la soirée à entendre de grosses basslines qui grondent, et rien d’autre (imagine les résultats catastrophiques lors de concerts hiphop, avec Mc inaudible). C’est dommage, et c’est loin d’être la première fois que cette donnée flingue une de mes soirées dans la mégalopole.





World’s End Girlfriend nous a habituer à plusieurs formations en concert, pour autant de styles musicaux differents. Post-rock drill’n bass en solo sur scène, en formation quasi heavy-métal avec le Black Hole Carnival, ou accompagné d’un groupe de cordes, on ne sait jamais ce que nous reserve WEG. Ce soir, avec un seul acolyte, via un line-up inédit pour mes oreilles, je ne savais pas à quoi m’attendre. Premier soulagement, les niveaux sonores reviennent à quelque chose d’acceptable, et s’il n’y a que du vent (littéralement) pour les 5 premières minutes du concert, toute la richesse du son WEG apparait ensuite. le premier quart d’heure est quasi ambiant, avec voix de femmes triturées, field recording superbement réparti sur les enceintes de la salle et en 3D dans ta tête, accompagnés mélodies chialantes qui te flinguent le coeur.
Car WEG nous offre la primeur de 3 premiers morceaux inédits, 3 morceaux sublimes, à base de mélodies folles, de rythmes hiphop pachydermiques ou d’escapades jungle hystériques. Si ces tracks préfigurent ce que l’on pourrait trouver sur le prochain LP du Japonais, on risque de se prendre un petit chef d’oeuvre dans la gueule, retour à l’electronica escarpée après son dernier album très rock (qui fait néanmoins parti des chef d’oeurves de ces dix dernières années, ne l’oublions pas). Le concert continuera sur deux morceaux de Seven Idiots, dont un sublime Bohemian Purgatory épique qui va partir en tunnel techno hystérique pendant plus de 10 minutes. Pogos sur du WEG? c’est bien possible.





Le Japonais passe la main à l’homme que j’attendais le plus ce soir, Mr Mike U-ziq Paradinas, qui m’a complètement flingué avec son dernière album, et que je n’avais jamais eu le plaisir de voir en live non plus. Peu de surprise, le bonhomme va balancer un bon nombre de morceaux de son dernier album, plus quelques classiques et inédits (ou morceaux que je n’ai pas reconnu). Paradinas axe son set/live sur ses morceaux les plus dansants, n’hésitant pas à appuyer les rythmes et rallonger ses délires house/techno pour faire bouger le monstre foule. Les mélodies émo-idm ne sont pas en reste, et l’on se laisse clairement emporter par quelques escapades époque braindance. Mais là encore, le son est trop fort. TROP FORT. Si sur certains morceaux, le tout passe crème (Mountain Island Boner parfaite, Ticky Flanks aussi), d’autres sont littéralement noyés par les saturations causées par un ingé son qui doit être sourd comme un pot pour pousser autant les potards (Taikon inaudible, alors que c’est loin d’être un morceau hardcore). Un beau gâchis.





La formation massue de la soirée, c’était bien évidemment Diamond Version, aka Byetone et Alva Noto, pour leur projet ultra massif, techno et frontal. Et clairement, en live, ils n’ont aucune pitié, massacrant la salle à coup de basslines impressionnantes, franchissant allègrement le mur du son, tout en nous explosant les rétines avec des visuels hystériques. Si le volume est là encore complètement abusé, il est moins dommageable que pour Paradinas, Diamond Version jouant bien évidemment plus sur les textures, à en faire trembler les viscères, faite pour le live. Tympans déjà trop blessés (c’est vraiment le mot) par Takamasa, ça sert des dents sur certains passages, on abdiquera. Ne cherchez pas de photo de ma part, la soirée ayant été exclusivement, pour ces 4 concerts, dans le noir complet, avec des visuels discrets noir/blanc pour la plupart (un peu de couleurs chez Paradinas). Le photographe courant dans tous les coins à du pas mal galérer, solidarité mec. J’ai des Vine inaudibles et inintéressants si vous préférez.






Dat’

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