Bike For Three ! – More Heart Than Brains

Posted in Chroniques on June 18th, 2009 by Dat'


One day I should find the wrong way to wonderland







Sans avoir d’explication, je n’attendais pas vraiment cet album. Bien mal m’en a pris. D’ailleurs, bizarrement, je n’attends jamais vraiment un album de Buck 65, y allant toujours à reculont, pour en ressortir enchanté à chaque fois. Et cela depuis bien des années, peut être bien depuis son Man Overboard. Pour ma défense, il faut dire que l’on en a bouffé, du Buck 65, depuis un an, avec ses trois excellents (et gratuits ! ) albums de sa trilogie Dirty Bike. Cette salve de morceaux cradingues rassuraient un peu sur la trajectoire un peu brouillée du type depuis quelques temps, carrière d’une densité assez ahurissante. Le canadien, depuis 10 ans, nous sort une musique dégageant les tentatives de comparaison à coup de talons, entre Trip hiphop-electro-autiste (Man Overboard ou Square, sublimes) ou Hiphop folky sautillant (les énormes Talkin’ Honky Blues et Secret house against the world), tout se baladant autour d’Anticon et Lex. Sans oublier qu’il semble apprécier de poser des feat chez les français (de Gravité Zero à Detect, en passant par l’armée des 12)

Bref, après une fin 2008 chargée, Richard Terfry revient avec un nouveau projet sur Anticon, Bike For Three ! , duo composé de Buck au micro, et de la Belge-Coréenne Greetings From Tuskan aux machines. Pour l’anecdote, les deux entités ne se sont jamais rencontrées durant le processus de création de l’album, tout se faisant par échange de fichier et de mails. La demoiselle ayant pour habitude de créer des fresques fortement électroniques, pas besoin de réfléchir longuement pour comprendre que Buck 65 allait délaisser Mpc et boucles sèches pour de belles nappes synthétiques.















Derrière l’artwork énigmatique ( l’autocollant du titre étant d’ailleurs viré au déballage) se cache de jolis portraits crayonnés du duo, ou quelques formes plus ou moins cauchemardesques. Pas de lyrics, mais l’on se consolera en se rappelant que Buck 65 fait parti des Mc anglophones les plus intelligibles, de par sa voix rauque et posée. Et comprendre les textes est ici important, l’album ayant pour thème principal ruptures, sentiments et doutes (les titres son deja assez (trop?) eloquents), exposés sans détours, petite digression dans la jungle métaphorique parfois psychédélique du Canadien.




L’album est d’ailleurs tellement homogène musicalement et textuellement parlant qu’il ne faudra pas très longtemps pour piger ce que le disque renferme. All There is to Say About Love ouvre le disque d’une façon feutrée, avec nappes ambiant et clochettes cristallines. Paf, Buck 65 déboule plein d’aplomb et emporte directement le tympan. Le flow du mec rassure et tabasse dans le même mouvement, et le tout part vite sur un superbe refrain à base de bleeps tournoyants et d’un “Break chains, Make change, Break chance, wohohohooo… “ qui devrait parasiter pas mal de tête sur des journée entières. L’instrue est assez cosmique, ça s’enroule de partout, tête dans les étoiles sans jamais en faire des caisses, c’est vraiment beau.
Lazarus Phenomenon, beaucoup plus courte, pourra filer quelques mandales, et apres un faux départ fait de beats Hiphop bien secs, va décoller très rapidement, avec un Buck65 haussant petit à petit la voix, nous électrisant la colonne vertébrale dans le même mouvement, le gars étant superbement soutenu par une instrue éthérée explosant sur un lit de clochettes candide et une bonne gratte shoegaze.

Et des montées du genre, le disque en regorge, filant parfois de bonnes grosses baffes, tant on ne s’attend pas, la première fois, à ce que les morceaux se tapent des envolées pareilles. No Idea How en est surement l’un des meilleurs représentants. Débutant sur une électro candide, et un Buck 65 presque cabotin, le tout est joli, rêveur, balade ingénue qui va se faire fracasser par un “i’m so lost ! i’m so lost ! i’m so lost !”, refrain faisant basculer le morceau sur un Hiphop énervé. La mélodie tonne, prend de l’importance à chaque phrase lâchée par le canadien. On commence à étouffer après avoir eu envie de lever les mains.
Point de rupture, tout s’éteint, zéro beat, juste un océan de nappes qui déboulent en mode cathédrale, c’est sublime, ça t’électrise la gueule. Le mc rappait sur le toit d’un immeuble, mais il vient de sauter, et chute dans cet masse de synthés et d’échos en scandant ses “i’m so lost ! i’m so lost ! i’m so lost !” comme un damné. La dernière minute laisse presque sans voix. La claque.

There Is Only One Of Us tappera aussi dans l’explosion, commençant avec une belle première partie, à la longue et calme intro, puis au métronome appuyés de sonorités “caverne de glace”, avec un Buck 65 à la voix grave, triturée par des effets parfaitement placés. On raffermit le ton, les beats se font de plus en plus secs, avant que partir dans une Drum’n bass affolée, supplantée d’une guitare folle et de la voix angélique (et charcutée) de notre beatmakeuse.
Le très beau First Embrace remplira de même son quota de frissons à filer, avec un début très Ez3kiel, et un Buck 65 presque prophétique, constamment dégommé les machines de GFT, qui va se lâcher sur des synthés de plus en plus abrasifs, prenant de l’ampleur avant de se désintégrer dans un final bien crade.









Reste que le palme du morceau je-prends-ta-colonne-vertebrale-j’en-fais-noeud-avant-de-la-découper-au-ciseau-et-te-la-faire-bouffer revient au sublime Can Feel Love (Anymore), surement l’une des plus belles pièces Hiphop qui m’a été donné d’entendre chez Anticon récemment. Encore une fois, les petites clochettes sont de la partie, accompagnées d’un vocodeur débitant les mêmes mots ad nauseam. Encore une fois, le morceau débute d’une façon assez aérienne et apaisée. Encore une fois, le morceau a un refrain simple qui tue, et qui parasite la gueule pendant trois mille ans. Sauf que Buck 65, au milieu du morceau, commence à se regarder dans une glace, et balance un résigné “What happen to me that i’m so afraid to draw ? / afraid of the dark, afraid to let the people down / To take care of myself, my parents told me how / But they probably never imagine me alone as i am… “ et sur ces mots, le discours se tord, se nécrose, se retrouve écrasé par un liseré de son absolu, sorte de shoegaze électronique à faire dresser les cheveux tellement c’est beau, céleste, aérien. Et voilà que Buck 65 lâche un culte “Probably. Because. Maybe. If no matter what… “, mots du vocodeurs qui prennent alors tout leur sens. Le tout se perd dans ce marasme somptueux, on crache un dernier couplet histoire que le tout prenne encore plus d’ampleur, pour bien vérifier que tu viens de te faire arracher la gueule, et que t’es paralysé, en sang, assis comme un con, le casque sur les oreilles.
Tout est parfaitement placé, ça file la frousse tant la progression est énorme, c’est Buck65 feat Boards of Canada vs M83, tranche de la main en pleine nuque, hop coup de grâce, c’est fini, on est amoureux de ce disque.

Mais rassurez vous, le disque a aussi ses petits moments de grâce calme et pondérée, enrobant le Mc dans un écrin serein comme Always I Will Miss You. Always You et ses nappes en paraboles assez belles, bien planantes, ou le superbe One More Time Forever, mélangeant beat bien gras et cliquetis Idm du plus bel effet. Les refrains partent encore dans la stratosphère, avec des choeurs lâchés par la demoiselle du duo, noyés dans des parasites radiophoniques et un Buck65 à la voix qui se décomposées par les saccades.
Mais on trouvera aussi son lot de Hiphop plus hargneux et âpre, aux beats tranchant, textes scandés et synthés cassants. Ces derniers se posent d’une façon bien grasse sur l’énorme Nightdriving, rouleau compresseur ( “Hold Still Keep Goin’ !” ) avant de partir sur des teintes plus stridentes débouchant sur un final bien fracassé, giclant de partout en se décomposant. The Departure jouera sur le même terrain, avec un peu moins de force, mais autant d’efficacité, dynamitant la structure avec quelques saturations. On aura même le droit avec Mc Space à une passe façon Hiphop Oldschool plutôt bienvenue au milieu de l’album, reprenant un morceau du même nom de Mc Shan, en rehaussant le coté robotique de la compos de base.

On approchera de la conclusion avec Let’s Never Meet, et son instrue aux beaux synthés-hachés-dance-pute-cristalline très Clubhoppn’ de ParaOne, (Cela me permet d’ailleurs de rappeler que son Severed God’s Limbs feat Busdriver était une boucherie sans nom, un morceau hiphop cathédrale ahurissant) avec un Buck 65 domptant sans problème une structure beaucoup plus éclatée que sur le reste du disque. Le titre contenant ses moments de recueillement, avec ces petits synthés qui scintillent seuls sous la voix du canadien, et des passages complètement barrés et déstructurés, partant complètement en vrille, flirtant avec l’Idm sous crack.

Et précédant un Ending bien ambiant, More Heart Than Brains étonnera en sortant J. Phuong Minh Lé de derrière ses machines pour chanter sur la première moitié du titre, (aux beats appuyé, lignes presque techno et à l’ambiance oppressante), avant que Buck 65 lâche un ultime couplet complètement charcuté par les machines, laissant à peine apparaître quelques syllabes compréhensibles, étouffées dans un très bel écrin bien spatial.











Difficiel d’etre mi-figue mi-raisin avec ce Bike For Three ! Le disque est tellement homogène que l’on adhère directement à ce dernier, ou on le dégage bien loin, fatigué par l’uniformité du tout. Pourtant, les amateurs d’électro-hiphop ne pourront être qu’enchanté par l’essai de Buck65 & Greetings From Tuskan. Beaucoup moins âpre et cradingue que pas mal de sorties Anticon, Bike For Three privilégie les belles fresques electronica et ascensions crève-coeurs plutôt que les beats sombres. Buck 65 y est encore une fois impérial, construisant des refrains affolants avec juste deux ou trois mots, et avance surement l’un de ses projets les plus réussi. Certains morceaux sont d’ailleurs renversants ( “Can Feel Love Anymore”, pour ne citer que lui).


En se penchant sur ce More Heart Than Brains, on pense fortement au disque de Fat Joe & Styrofoam, qui avait aussi ces mêmes teintes électro-etherées. Mais aussi aux vieux morceaux de Tepr, quelques tirades de 13+God, ou à nos français de Depth Affect (leurs “Wyoming Hyghway”, “Dusty Records” ou “Junior International” auraient pu se glisser sans probleme dans ce Bike For Three…)


Un album coup de poing (en plein coeur) à écouter la nuit, à trois heures du mat’, les yeux troués par les cernes, une bière à la main, la mélancolie galopante, en regardant la nuit, les rues, les gens.














Bike For Three ! – Lazarus Phenomenon
Les deux minutes de vide à la fin ne sont évidemment pas sur l’album












15 Titres – Anticon
Dat’













Venetian Snares – Horsey Noises

Posted in Chroniques on June 10th, 2009 by Dat'


Hey Little Prince, I’ve made you a drawing of an girafe fucking an elephant. Stay on B612.







Bon, je ne vais pas me faire des potes avec le premier paragraphe. Ceux qui parcourent ces pages depuis pas mal de temps savent ô combien je suis fan de Venetian Snares, un type qui m’impressionne depuis bien des années, au rythme de production presque épileptique. Le canadien a sorti un album en Mai, Filth, et je n’ai eu aucune envie d’en parler, tant j’ai eu du mal à rentrer, assimiler et apprécier le disque. La première écoute me fit même presque penser à une bonne purge exaspérante, faisant passer les bruits de la ligne Oedo pour un disque de Plaid. Fatiguant, l’album s’est laissé appréhender depuis (quelques titres sympas), sans pour autant me convaincre réellement, se rangeant sans hésiter dans les oubliettes d’une discographie heureusement sans limite. Je ne devais pas être d’humeur à entendre parler de cramouilles et de fellations-tronçonneuses sur fond de basslines hysteriques. Et dieu sait si j’aime le Hardcore lâché par Venetian Snares, comme celui de son sublime album Meathole ou l’halluciné Higgins Ultra Low Track Glue Funk Hits.

Au final, le principal intérêt du disque, outre un communiqué de presse pas piqué des hannetons, était de donner la possibilité de gagner grâce à un jeu concours (youhou…) la Roland TB-303 du bonhomme.
La bonne nouvelle, c’est que l’on savait ce Filth (qui porte bien son nom) allait avoir un petit frère 1 mois après, Horsey Noises. Ep certes, mais indépendant (et diffèrent) de l’album sorti en parallèle.















Niveau cover, on laisse heureusement tomber l’artwork terriblement générique de Filth (qui a par contre un quatrième de couverture super classe) pour repartir dans les délires de Cavalcade Of Glee ou Pink + Green, avec une mise en scène d’animaux toujours plus droguée et crapuleuse, le tout sur napperon. Quand on aime les poneys qui s’enculent comme des lapins et les cochons qui se tripotent le saucisson en regardant un porno zoophile, c’est le bonheur. Pour les soirées en famille, Venetian Snares pense à nous.






Le disque commence par le morceau titre, Horsey Noises, et une saturation bien méchante, foutant directement dans le bain. Cela va nous éclater à la gueule, planquez vous, les ogives vont s’éparpiller avec violence. Mais en fait non, Venetian Snares se remet à “chanter”, comme aux plus belles heures de Winter in a Belly of a Snake (un de ses meilleurs disques) en balançant d’une voix désintéressée un refrain déjà élu par les lectrices de Elle Magasine comme texte le plus glamour de l’été : “Hey horse teeth girl, I wanna make you make horsey noises…”
La phrase se répète en boucle sur un rythme bizarre et claudiquant, chevauché par quelques réminiscences acid. Mais le coté malsain est décuplé quand un synthé faussé, presque semi-vomitif, se met à lâcher des nappes analordiennes étranges. La mélodie se la joue peinture de cadavre : c’est beau mais ça fout le malaise. Et quand la voix part en couille, que le rythme se lâche, que l’on frise le breakcore avant de retomber sur un break complètement nauséeux, histoire de repartir dans une déstructuration folle juste après, on commence à flipper en se disant que le pitch de départ du morceau, c’était une partie de cul.

Horsey Vag Island débutera en mode coups de talon, avec un bon gros rythme techno binaire, qui va tenir la main à des synthés maladifs. Ca tabasse, c’est beau mais ça file toujours la gerbe, malgré les petites incursions techno putes en fond sonore. Et vlan le morceau s’ouvre, déboule sur une jolie incursion analordienne, rapidement déchirée par des bleeps acid amorçant une explosion bordelique, matinée de réminiscences Raves dégénérées. Le tout se révèle vite imparable et jouissif, mais Aaron Funk décide de changer encore de bord et accueille basse et batterie pour un final Jazzy passé à la moulinette. Ce n’est pas la conclusion mi-candide mi-paranoïaque qui rassurera sur l’aspect détraqué du tout. Excellent morceau.








On aimerait se persuader qu’il reste un tout petit peu de normalité dans la caboche de Venetian Snares, mais Pig Dync, après une intro claustrophobe, va encore ressusciter les sonorités Acid déjà étrillées sur Filth. Sauf qu’ici, out est beaucoup plus calme, plus mesuré, plus aéré aussi. Le rythme est parfaitement placé, et la mélodie est belle, en cherchant bien, elle titillerait presque le coeur des amateurs d’analorderies. Ouai ça tue. Hey, un cochon ? Oui, le morceau part dans un trip breakcore à base de samples de porcs grognant dans tous les coins. Hop, ça se calme de nouveau, tunnel Techno drum and bass jubilatoire et plutôt bien foutu, on peut respirer, on n’a pas perdu la tête, meilleur moment. Mais le coté candido-malsain refait surface, la dernière minute du morceau ne se basant que sur des choeurs bizarrement pitchées. Une bande d’enfants mignons chantent de fausses bonnes notes en te regardant droit dans les yeux, mais cachent des couteaux de bouchers dans leurs poches. Les cochons, c’est nous, et on va prendre cher.

En guise de dernier shoot hallucinatoire, Venetian Snares nous offre une nouvelle version du morceau titre sur Horsey Noisers, pétrissant la base salace dans un lit beaucoup plus défoncé et charcuté. Le cheval en a marre de se faire titiller le point G, il hennit et se cabre avant de tout envoyer valdinguer : Beat ultra-sourd, grosse ligne drill complètement vrillée, synthés qui chialent leur malaise, voix qui part en couille à l’aide d’une bonne tripotée de filtres et d’effets. Nonsensique mais ultra jouissif, le tout aurait pu se frayer un chemin dans Cavalcade Of Glee sans problème… La dernière minute est épique, avec ce break ultra serieux lâchant un culte “I’ve made you a drawing of a girafe fucking a elephant, notice how his moustache look just like mine”, pour repartir dans une destruction aberrante sur une bonne dernière minute. Meilleur morceau de l’Ep, et de loin.










On ne va pas non plus s’enflammer non plus, cet Ep est bien marrant, assez jubilatoire, mais on est loin des pics d’intensités que peut nous servir Venetian Snares habituellement. Quoi qu’il en soit, Horsey Noises profite indéniablement du contraste avec l’ereintant Filth. Un contraste en tout point favorable au premier, malgré un nombre de pistes trois fois moins important.
Les deux sorties ne se prennent pas au sérieux, mais Horsey Noises prend, lui, nos tympans au sérieux, et enfourne son coté déviant dans des compositions bien branlées. De plus, cet Ep m’a poussé à réécouter Winter In a Belly Of a Snake et Meathole, ce qui n’est pas rien, tant ces deux albums sont affolants.


C’est débile mais bien construit, explosé, sympa, et permet de patienter tranquillement avant le prochain album qui devrait surement arriver dans 6 ou 8 mois. Rien de plus.











4 Titres – Planet Mu
Dat’













Mondkopf – Galaxy Of Nowhere

Posted in Chroniques on June 3rd, 2009 by Dat'


Là où les gens sombrent







Apres m’avoir fait squatter son myspace pendant plus d’un an, à écouter avec avidité ses nouvelles prods depuis la suffocante première version de son morceau Ave Maria, Mondkopf a bien accéléré la cadence :

Un excellent Ep sorti sur Fool House, (Declaration Of) Principles en fin d’année dernière, puis un nouvel Ep il y a quelques semaines sur Citizen, prélude à un album enfin près à squatter des rayons de disques en cours de disparition. Sans oublier la tonne de remix fracassant à chaque fois la base originale. Ah merde, j’ai déjà dis sur le précédant article que la musique de Mondkopf était grande, foutant un coup de pied au cul à nos tympans en plongeant des rythmes pachydermiques sur des synthés tellement bien taillés, tellement beaux, tellement puissants que l’on rêverait de se rouler dessus nu avec le reflet de la lune pour seul éclairage, des fleurs entre les dents et tout pleins d’autres trucs.
On a besoin, dans cette électro française qui suffoque de nouveau, de mecs faisant la symétrie en beauté pure et tabassage sonore. Le secret est là, ça doit être dur à faire, il n’y en a pas beaucoup, et c’est tant mieux, cela laisse la place à Mondkopf, Nil, Das Glow, Rone et consorts de nous filer de grosses mandales à chaque titre découvert. Bon Là en fait, je suis en train de partir sur une conclusion alors que je n’ai même pas commencé l’article, je débraye, prends ma respiration et plonge dans ce Galaxy Of Nowhere.














C’est dans une cours de récréation que Mondkopf nous accueille, entre cris d’enfants en plein jeu de la bouteille et synthés fantomatiques. On attends, on se demande ce qui va nous tomber sur la gueule, et c’est une bizarre litanie aquatique qui ouvre Bain du Matin. Précision, c’est un immeuble qui te sonne la tronche, des beats massifs et saturés fondant sur cette dance en Slow motion. Coups de butoirs d’une violence sourde, béatitude presque candide, le contraste est là, les sursauts dans l’échine aussi, surtout quand le titre prend subtilement son envol.

Le tout laissant place au très bon La dame en bleu, morceau trainant depuis un bail sur le net, et retravaillé à chaque occasion (notamment sur le dernier Ep). Cette demoiselle en mode azur, char d’assaut mystique, entre choeurs d’anges et ligne de basse grondant comme la mort, se fait elle aussi pilonnée par un kick monstrueux, un truc pour abattre les cloisons, pour rendre fou son voisin.. Cyclone piloté par le paradis, on se retrouve propulsé dans l’oeil de ce dernier lors d’un break christique, façon dame chantant dans une église vide avec le soleil qui se couche. Mais rien à battre, les murs tombent, l’ange se fait arracher les ailes au couteau, les kicks reprennent leur marche militaire, ça crache et ça se cabre, avant de détaler, enfin, vers le silence. Quand on connaît le morceau, on sait que c’est la conclusion. Mais Mondkopf joue la surprise, et déploie un lit de violons cristallins, chialant une mélodie à crever pour une derniere minute façon recueillement. Putain, ça tue. Vraiment.
Mais ne croyez pas que le bonhomme ne pose son regard que sur les bénitiers. Parce que Libera Me, c’est un peu l’instrue rouleau compresseur que tout groupe de Hiphop rêverait d’avoir. Murs qui tremblent et synthés qui décollent.

Mais c’est surtout Scream Of Stars qui va nous coller la tête contre le sol bien crade d’un nightclub, histoire de se faire écraser la caboche par une armada de tallons aiguilles battant la mesure sous l’effet de psychotropes. Et dieu sait si l’intro prend son temps pour nous mettre dans le bain (du soir), passant en boucle une saturation accompagnée de handclaps imparables. Ca claque, ça vibre, mais on sent que le tout va s’avérer drôlement sérieux quand des synthés putes se mettent à perler, trance ecclésiastique se perdant dans les échos. Ça s’emballe, c’est superbe, des beats sourds déboulent de partout et tabassent tout ce qui passe. Etoiles qui fusent, jupes qui volent et stroboscopes épileptiques, c’est le moment où tu danses depuis 3 heures, t’es crevé, tu te noies dans l’odeur de pisse et de clope, tu viens de vider un litre de bière mais tu as encore soif, on te bouscule mais tu t’en branle, tu danses un zombie sous valium depuis deux tours de cadran. Mais tout d’un coup, un synthé sublime te titille, un rythme te fait renaitre, alors tu ouvres grand les bras, et tu recommences à sauter sur place en gueulant comme un porc, parce que tu as l’impression que la musique te porte, que les infrabasses t’étouffent, te décollent du sol, t’arrachent l’âme, tu sais plus si tu dois chialer parce que ce qui coule dans tes oreille est superbe, ou rire pour faire comme tout ce monde autour de toi. Mondkopf semble en être persuadé, et veut te faire danser sur la plus belle texture de son clavier. C’est fini ? Bah non, le morceau vire dans un espèce de Hiphop écrasé et imposant, gardant toujours cette mélodie affolante au creux de la main, mais ralentissant la cadence au maximum. Snoop Dog débarque avec sa bagnole rose, mais veut faire sauter les suspensions avec du Chris Clark.









On calmera méchamment l’ambiance avec trois morceaux déployant une facette plus introspective du son de Mondkopf, avec le parfaitement intitulé Les Voyageurs, grande fresque débutant encore dans les hululements ingénus d’une école primaire, et laissant des nappes s’étirer nonchalamment sur un rythme plus en retrait, tout en laissant une litanie persistante le long du plan séquence. Gros travail sur les synthés, qui grésillent, s’appuient ou s’effacent, ondoyant calmement aux grés du fil rouge mélodique. Le morceau s’éteindra même pour mieux repartir, laissant la ligne sombrer dans un gouffre de réverbérations du plus bel effet, avant une dernière et légère bronca, laissant place au cosmique Speaking With The Noise, longue complainte pétrie de bugs et de mélodies crève-coeur. Les synthés sont ultra granuleux, se tordent, grondent, craquent mais ne se rebellent jamais. Cornes de brume synthétiques qui tonnent, convoquant la houle et gens sombres. Ligne grandiloquente façon space disco noyé sous six mètre de profondeur, au fond d’un port abandonné. Des choeurs monacaux se font entendre, se fondent dans les lignes de synthés, amorçant une longue décente vers le silence.

Music For My Room frisera avec le minimalisme, habillé d’un piano bouffé par l’echo, et de choeurs mystérieux. Ecrin d’une pureté indéniable, slow motion total, ce n’est pas le space disco que l’on tentait de noyer, mais bien notre propre caboche. On dérive au fond de l’océan, en regardant le point de lumière disparaître peu à peu. On ferme les yeux, on s’abandonne, avant d’être surpris par une étrange mélodie mélancolico-pute, prenant de l’ampleur et nous parachutant sur Valse dans l’ombre, son rythme sourd, ses voix féminines et son violon grave, glaçant. Qui gratte, s’enroule, exulte puis explose, danse, copule avec les synthés. Deuxième montée, gorge serrée, on attend la déflagration, mais on aura… que dalle.

Enfin, si, la frustration se retrouve vite rassasiée par l’énorme Lambs Are Dancing, débutant avec un gros rythme techno, qui claque comme la mort, et accueille une boucle de synthé bien trance et jouissive. Hey, les danseurs exultent, le sol tremble de nouveau, et bien violemment. Ça monte à mort, grosse correction. Le pire, c’est que l’on va intégrer une petite litanie un peu débile, enjouée et lo-fi, filant le sourire, et donnant envie de se tourner sur soi même comme un con. Ca reprend des drogues et ça court dans tous les sens, ya des couleurs partout et des débiles qui se dessapent. Grosse erreur, le lieu de vice mute en lieu de culte, les bâtons fluo se retrouvent parachutés en pleine messe, tout s’éteint et laisse place à une étrange prière. Sacre, prophétie et repentance, le synthé trance réapparait, les pierres tremblent, l’ascension devient complètement débridée, ça frôle le 8bit affolant et ingénu du dernier album de Bodgan Raczinski, les bières volent, jours et nuits sonores, on oublie tout et on se jette contre les murs. Rave avec les moines.


Et à force de s’éclater la gueule contre les remparts, ce ne sont plus des étoiles qui filent devant nos yeux, mais carrément des Planètes, massives, imposantes. Qui affolent les enceintes en balançant un rythme monstrueux, et une mélodie hésitant constamment entre hédonisme trance et neurasthénie electronica. Les deux pauses sont sublimes, et foutent la chair de poule, façonnant un bon cassage de mâchoire quand tout repart en transe, quand les synthés s’illuminent, quand les choeurs se répètent ad-noiseam, quand le rythme cogne à n’en plus finir, quand les nappes violonesques se permettent d’enterrer le tout d’un sublime revers de pelle.
Et c’est le dernier titre de l’album qui s’avance. Ce fameux Ave Maria. Qui m’avait décimé la colonne vertébrale il y a plus d’un an, dans sa première version, épurée, longue escalade synthétique absolue. Puis dans sa version live, présente sur l’ep sorti chez Fool House, la cathédrale se retrouvant assaillie par des beats ahurissants, soulevant littéralement les trippes. Pour l’album, c’est une troisième version qui apparaît. Dénuée de beat, de nouveau. On repart sur les premières fondations. C’est à crever. Oh, mais c’est quoi ce synthé pute qui arrive ? Et ce grondement menaçant ? c’est toujours aussi majestueux. La cathédrale est encore là, mais elle se retrouve parasitée par vanguard. Je ne sais pas trop quoi dire. Ah si, ce morceau, c’est le testament d’une compilation Dance machine, qui vient de se pendre sur le parvis de l’église.
Et comme dans la première version, le morceau va laisser place à des choeurs embrumés, enserrés entre deux moments de mutisme. Bref, les trois versions de ce morceau sont indispensables, superbes, complémentaires. Logique, quand la base même frise la perfection. Au pire, on met les trois bout à bout, et on l’on oublie conscience et réalité.










A l’écoute de ce Galaxy Of Nowhere, Mondkopf semble aimer les rythmes qui cognent, les minijupes, les lasers verts, les rave party débridées, les nightclub bondés jusqu’au jours d’après, la trance des 90 qui reprend du Moroder. Mais il semble aussi être épris de filles qui courent au ralenti avec le soleil dans le dos, les long travelling, regarder par la fenêtre la nuit, chuter, chuter la nuit, les “chemin du retour” après une fin de soirée, la mer, ses profondeurs, et les films que l’on ne regarde pas mais que l’on ressent même si on n’y pige pas toujours grand chose.
Avec ses samples religieux et ses titres mystiques, on sent que le mec semble autant tripper sur les vitraux que les stroboscopes. Même source de lumière, seul le prisme diffère. La frontière se brouille, et c’est bien parce que c’est beau.
A l’instar de l’artwork, Mondkopf, tout au long du disque, veut nous faire courir comme un gamin sur un parking en écartant les bras, pour essayer de s’envoler vers le ciel. On se casse la gueule à chaque saut, pour se relever les genoux en sang et recommencer inlassablement, le sourire aux lèvres, la tête vers la lune.



On pense aussi inévitablement à Modeselektor, pour les rythmiques écrasantes et cet amour du recyclage de teintes putes dans des écrins majestueux. Voir un peu Clark,  pour la densité des textures, pour cette envie de nous matérialiser la musique.
Certes, on pourra regretter qu’il n’y ait pas une ou deux pistes “frontales” de plus (Sainte, où est tu ? ) et que le tout est parfois un peu carré. Pinaillons. Mondkopf cassera surement ses structures pour devenir encore plus grand. En attendant, il nous sert un énorme album, assez atypique dans l’électro française, prenant le parti de faire danser les chimères, de tabasser les rêveries, pousser la trance sur orbite.


Faire copuler deux planètes, plonger la beauté et la mélancolie dans le nightclub de province, celui qui n’a pas peur de jouer du Haddaway alors que t’es en train de te taper une grosse dépression. Superbe disque.










Mp3 :



Mondkopf – La Dame En Bleu (Ep version) Clic droit / enregistrer sous











Mondkopf – Johnny Cash / God’s Gonna Cut You Down (Mondkopf plus de sommeil remix)











13 Titres – Asphalt Duchess
Dat’













Dj Baku – Japadapta

Posted in Chroniques on May 28th, 2009 by Dat'


Japan Data







Dj Baku est l’un des (très) rares Japonais à avoir un écho non négligeable dans le hiphop hors de son pays, au coté de Dj Krush, Kentaro ou Dj Honda. (Voir Hifana ou Shing02, dans une moindre mesure) Pas qu’il puisse s’enorgueillir d’une discographie longue comme une autoroute (seulement deux albums), où de collaborations en rafales avec des vocalistes from Usa, Baku s’est façonné avec son premier disque culte Spinheddz une réputation de technicien / scratcheur fou, confectionneurs d’instrues sortant souvent des sentiers battus :
Balançant un Hiphop frontal et oldschool accompagné de de Kan – MSC, Rumi ou de Mic Jack Production, ou prenant énormément de libertés avec le genre sur ses albums, en s’autorisant des délires électro, drum voir rock, et pote avec la clique Anticon ( DoseOne a infiltré son album Dharma Dance, des tournées en commun et Dj Baku a signé une instrue de la mixtape de Themselves sortie il y a peu.)

Mais dans un Hiphop Japonais souffrant des mêmes maux que la J-pop, en étant saturé de sorties “je veux faire américain”, de réminiscences World’s Apart et de mixtapes se basant quasi-exclusivement sur la plastique d’une demoiselle (Dj Kaori, Dj Mayumi, Dj Azumi, Dj Megumi, Dj Miyuki, Dj Flambi…) en recyclant les même tracklisting; Dj Baku a surtout eu le mérite de prendre la tangente et de se poser comme l’un des étendards et porte parole du Hiphop jap inde.
Sur ses propres prods évidemment, mais aussi en sortant un dvd documentaire sur le sujet, Kaikoo, multipliant les concerts du genre, puis en sortant l’année dernière une (excellente) compilation audio regroupant pas mal de compos de ses potes présents sur le label Popgroup. 2009, on passe au stade supérieur, et avant un album fin aout accueillant strictement des mc japonais, Dj Baku balance l’artillerie et sort une grosse mixtape se prévalant d’être le reflet d’une scène Hiphop inde japonaise en constante mutation. Le tout étrillé par les cuts et scratchs rageurs du bonhomme.
















Le packaging reste assez simple, même si le papier glacé renfermant le gargantuesque tracklisting (42 pistes, sans compter celles abritant plusieurs morceaux façon Mash-up) est appréciable. Le coté un peu panneau publicitaire de la jaquette peut faire flipper par contre. Quoi qu’il en soit, les chanceux auront même le droit à un cd bonus.


La mixtape en elle même, colossale d’un point de vue durée (78 min au compteur) va avoir la bonne idée de partir sur différentes terres sonores, tout en restant évidemment dans le sujet principal. Et c’est par une facette old-school et Jazzy du Hiphop japonais que Baku nous accoste, après une intro lardée de scratchs. Beats sourds, boucles de piano cristallins, et handclap de rigueur. On notera l’imposant morceau de Dj Baku feat Nipps & K-Bomb, où le piano va rapidement se faire dérouiller par une ligne de basse monstrueuse et un flow ultra rocailleux, l’excellent morceau de El Nino, parfait dans le genre Old-school ensoleillé mâtiné de turntabilisme, et surtout la présence du morceau Punk de l’excellent Shuren The Fire, un mec que j’adore, ayant pondu un alien sur TBH record en 2004. Le morceau en question, façon litanie bizarre à la Kid Koala hostée par la voix nasillarde du monsieur mettra tout le monde de bonne humeur. Au milieu de tout ça, une petite surprise avec Astro SoldiersRaymondGreen & El Da Sensei rappent sur un remix du Baby’s Got a Temper de The Prodigy.
Puis l’on va glisser sur un Hiphop plus dur et sombre, avec en point d’orgue de Coast To Coast de Baku feat Kan, et son break spirale électronique bizarre, le morceau de Juswanna et son instrue écrasée, façon abstract claustrophobe dans un tunnel ou celui de Bes feat Kan (décidément) et ces rythmes rouleau compresseur. Autre petite surprise, le morceau va d’ailleurs échouer sur une excellente track de Big Joe (un des mc de Mic Jack) qui va faire exploser une Mpc sur un sample du jeu Super Metroid.









C’est apres ce clin d’oeil que le disque va complètement partir en vrille, pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Dj Baku va d’abord recycler son délirant Akbah Attack, morceau Drum and bass de folie cramé par des vrilles électro crade et une guitare épileptique, en apposant le flow impérial d’ill Bosstino, le Mc des geniaux Tha Blue Herb (surement mon groupe nippon préféré). Ce Bootleg de drogué est énorme, à filer l’envie de sauter dans tous les coins de sa piaule, transcendant le morceau original qui manquait justement d’un mc pour vraiment rester dans les mémoires. Le tout file un véritable coup de fouet à la mixtape, qui va izarrement, pour quelques titres, partir dans un trip Rock-metal avec les The Stalin, Punk Hiphop avec des guitares hurlantes, ou celui des Zazen Boys, complètement déglingué, genre Cornelius qui aurait pris trop de coke. On aura meme droit à la présence du groupe Boris, formation Drone Doom hardcore qui n’a rien à voir avec le Hiphop, pour 1 minute frisant la rupture Noise.
Le retour au Hiphop se fera avec une claque bien violente, grace aux trois morceaux du groupe MSC, surement l’une des formations tokyoïtes les plus respectés, miroir des coins les moins fréquentables de Shinjuku. Les refrains sont, comme souvent avec le groupe, scandés en meute, et le ton massif, sérieux. (Kan y est toujours intraitable). On appréciera aussi Maktub de Evisbeat et son instrue basée sur des cordes asiatiques et rythmes qui claquent.



Le tout va encore changer de direction, et partir vers la voie électronique, avec trois morceaux Abstract très plaisants, dans la pure veine d’un Prefuze73, entre samples charcutés, scratchs bizarres et rythmes super secs, notamment sur l’excellent May come up to the window feat G-Rina, joyeux et chanté sur la fin, apres un break bien cool. Notre sélectionneur du jour ne va pas oublier le Dubstep, et nous balance le jouissif Heso-Cha de Rumi, bourré de Wobble Bass et de lignes crades. Cette dernière fait d’ailleurs partie des rares Mc féminine à se démener dans le Hiphop indépendant. Et si elle est parfois autant exaspérante qu’intéressante, son dernier album mérite le coup d’oreille, ne serait-ce que pour ses prods de folie. Bam, transition parfaite, on tombe sur l’énooooorme Hungry Ghost présent sur le dernier album du globetrotteur Filastine, qui avait justement invité le japonais ECD à poser sur ce tube grime-dubstep à crever, avant de débouler sur un morceau claustro de Tha Blue Herb, malheureusement trop court ici.
L’electro Dubstep de Goth Trad (jettez une oreille à son album) va secouer un morceau du dernier album de Baku avec de grosses ligne de basse à faire trembler les murs, se collant parfaitement au Mc prophétique et allumé Ito Seiko, pour laisser place à un C.I.A tout aussi poisseux, basé sur une ligne bourdonnante et des scratchs acerés.
La fin de la galette sera plus légère, en pensant même à placer le petit morceau hi-pop sucré de rigueur. On lui preferera le mash-up de deux morceaux de Baku concluant le tout, façon hi-pop-électro-asiatique apaisé.











Sous son aspect fourre tout, ce Japadapta se révèle plus que pertinent pour tous ceux qui attendaient une lorgnette complète sur le Hiphop japonais, représenté d’une façon rachitique dans nos contrées. L’album se la joue Roller Coaster, part dans tout les sens, avec des transitions bien violentes, et dessine une bonne cartographie de l’underground nippon, sans jamais prendre réellement position dans le trop expérimental, ou a contrario le trop classique… tout en se permettant de balancer quelques surprises au long du mix (Le sample de Prodigy ou de Super Metroid, le bootleg Tha Blue Herb vs Baku, le passage Metal Noise, les très bons morceaux abstract ou la traversée Dubstep.)
Certes, pas mal de morceaux sont courts (c’est l’exercice qui veut ça) et l’on pourra se plaindre d’un manque de lumière sur les quelques trésors du HH japonais, comme Tha Blue Herb, Mic Jack Production, Cappablack ou Nujabes. Mais l’on rétorquera qu’il faut clairement écouter ces derniers sur la longueur d’un album.

En attendant son nouvel album prévu pour mi-juillet, conviant 12 Mc Japonais à dompter ses instrues, Dj Baku veut nous aider à trouver des perles dans les rayons de Hiphop japonais ou dans les limbes d’internet, et le fait de la plus belle des manières… Le tout devant être facilement trouvable en import. Excellente carte sonore.







Tracklisting :


01. Intro
02. Mouse On The Keys + Whakhakha Breaks / Toccatina (DJ Baku cut up words mix)
03. DJ Baku feat. Nipps,K-Bomb / Walkman
04. Raymondgreen feat. El Da Sensei / Astro soldiers (Haruma`s dream)
05. Shuren The Fire / Punk
06. Illmariachi / Viperz beats
07. El Nino shout out by Freez / Re revolution
08. Q-Ill feat. Sd Junksta shout out by Q-Ill / Tokyo avantgarde
09. Norikiyo shout out by Norikiyo / Do my thing
10. Juswanna shout out by Juswanna / ピエロスタイル
11. Silver Buck / 目覚めろ日本
12. DJ Baku feat. 漢、般若 / Coast to coast
13. Bes from Swanky Swipe shout out by Bes feat. 漢 / Rebuild
14. B.i.g Joe / Lost dope
15. 【Tha Blue Herb / アンダーグラウンド VS アマチュア】 【DJ Baku / Akbah attack 】
16. The Stalin / ロマンチスト
17. Boris / 放て!
18. Black Ganion / Evil
19. Sand / Nickel
20. Starter + Showy / Starter / Create the roots
21. Turtle Island / Self navigation
22. Zazen Boys / This is noraneko
23. 降神 feat. エローンざ尋, 漢 / お尋ね者
24. 漢 feat. Msc / 巡回
25. Msc / 新宿u.g.a (Remix 03)
26. Evisbeats feat. 茂千代 / Maktub
27. Bron-K feat. Ojibah Shout Out Bybron-K、Ojibah / World go round
28. 【Shuren The Fire And Band / 街】 【Cro-Magnon / Garactic mellow 】
29. Senna / Skit
30. Noizd Phank feat. G.Rina / Karma may come up to the window
31. 志人 / 内外
32. Rumi / Heso-cha
33. Filastine feat. Wire Mc And Ecd / Hungry ghosts
34. Tribe Rock / 手鏡に映る手紙
35. Tha Blue Herb / 未来は俺等の手の中
36. 【Goth-Trad / Back to chill】 【DJ Baku feat. いとうせいこう / Dharma】
37. C.i.a. shout out by Ciazoo / Rhyme44
38. Yoyo-C / Golden teeth (45 mug)
39. 般若 / Fly
40. Norikiyo / アウトレットブルース ~蛇の道をゆく~
41. Gagle / 雪ノ革命
42. 太華 + DJ Baku feat. Pushim (Acappella) + Think Twice / DJ Baku / Steps








Petite sélection d’artistes présents (ou non) sur cette compilation :







Tha Blue Herb – 智慧の輪 Chie no Wa










Kan – 漢流の極論










Shing02 – 400










MSC – Shinjuku Running Dog









Dj Baku – Spin Street












42 Titres – Popgroup Recordings
Dat’














Moderat – Moderat

Posted in Chroniques on May 20th, 2009 by Dat'


To Have her whisky off to scotland







Difficile d’éviter l’introduction un peu factuelle en parlant de ce Moderat, où l’association de deux pointures de l’électronique Allemande : Apparat et Modeselektor. Le premier ayant, après de petits bijoux electronica, accouché d’un dernier album frisant la perfection, se révélant dans des constructions plus pop, et avançant des compositions à griller toute colonne vertébrale un peu sensible au genre. Les deux zozos du groupe Modeselektor avaient eux aussi, la même année, balancé un énorme disque (je me demande encore pourquoi je ne l’ai pas inséré dans mon top 2007 ) faisant le grand écart entre bombes imparables (The Darkside Of The Sun, 200007, Déboutonner, Hyper Hyper…) et morceaux à filer la chair de poule (Edgar, The White Flash, le sublime Let Your Love Grow…), pour un album partant dans tous les sens sans (presque) jamais gaver.

Ce disque de Moderat a su se faire attendre. Annoncé, abandonné, puis réactivé, l’album est tombé sous le coup d’un leak incomplet et crado trois mois avant sa sortie, cette dernière se retrouvant d’ailleurs repoussée semaine après semaines (prévu en Avril, pour finir par sortir mi-mai), avant de se voir parée d’un Dvd, d’un tracklisting remanié et de 4 titres supplémentaires.


PS d’introduction : Ah Au fait, je profite de l’artice pour glisser une news qui fait plaisir : un nouvel album de Clark, Totems Flare a été annonçé pour le 13 Juillet, apres son excellent Growls Garden . La pochette et tout le Tracklisting + info sur le site du label. Hop.

















Ce qui est sur, c’est que le projet a été bossé à fond, visuellement comme musicalement. Le Digipack est nickel, entre carton et encre en relief, mâtiné d’un mince livret présentant un tracklisting et des images du Dvd. L’artwork est reconnaissable entre mille, et est déjà décliné en tee-shirt. Rien n’a été laissé au hasard, la version Deluxe porte bien son nom, on pardonne les retards.








Ce qui était prévu initialement, c’est que le projet cristallise les forces des deux entités. La puissance mélodique de l’un, avec les rouleaux compresseurs imparables de l’autre. L’ouverture, A New Error convaincra du bien fondé de l’entreprise. Techno rampante, au rythme bizarrement compressé mais hypnotique, surplombé dune petite litanie fragile. L’intérêt, cette ampleur que semble prendre graduellement le tout, passant de l’électro claudicante au tube empereur et implacable : La mélodie se déplie à n’en plus finir, les beats tapent en mode marche militaire, oscillant constamment entre fresque éthérée et pilonnage cradingue. Le bug sonore du dernier tiers, débouchant sur une hausse sonore surprise finira d’entériner le tout : Rien de spécial, certes, mais drôlement joli et plaisant.

Sea Monkey reprendra ce schéma de la piste qui commence dans le caniveau, pour finir en frôlant les nuages. Sauf que Moderat envoie clairement du bois sur cette piste, avec un kick assez monstrueux, caverneux en diable, mi-organique mi bionique. Ça tabasse dur, c’est super sombre, mais ça laisse assez d’air pour que des lignes de synthés à crever se greffent en mille-feuilles, histoire de continuer de nous taper sur la gueule, mais avec grâce. Quand la piste s’éteint, souffle, c’est pour mieux nous envoyer ad pâtre la minute d’après, n’hésitant pas à nous lâcher un tapis de bombe sur le crane. Les murs tremblent ? c’est normal.

Un peu plus loin Les Grandes Marches finiront de représenter le coté Techno du disque, en démarrant sur une guitare divine, rapidement secondé d’un clavier un peu Trance. Ok. C’est beau. Mais quand le rythme démarre, ça devient cosmique. Pour l’anecdote, je n’ai pas pu m’empêcher de lâcher un “Oh putain” dans le métro, à ce moment précis. Le reste du titre, assez court, et bénéficiant de l’explosion du premier tiers, se déroulera tranquillement, avec en fond ces guitares shoegazes cristallines écharpées par un kick bien sourd. (Dire que le morceau n’était pas prévu dans la première version du disque)
N°22 finira le boulot en proposant un long Dub/techno synthétique bien foutu et hypnotique, avec un travail de folie sur les synthés, des voix bizarres qui se dissipent dans l’espace, et une attaque finale qui plaira aux amateurs de Scuba.










Mais Apparat et Modeselektor devaient évidemment accoucher de morceaux plus pop. Bonne nouvelle, c’est Apparat, toujours aussi céleste derrière un micro (On remerciera encore Ellen Allien d’avoir eu l’idée de le pousser à faire cela), qui se colle à la partie vocale sur deux titres (enfin trois, mais il y en a un où c’est moins évident).
Rusty Nails tout d’abord. Premier titre tournant sur le web, et surtout plus belle pièce de l’album. Un vrai diamant. Rythmique chaloupée, profonde, mystique. Nappes de synthés divines, à crever. Et ce chant, bizarrement verrouillé par des machines, parfaitement placé. Le tout charme, hypnotise, renverse. Je ne sais pas vraiment décrire ça. Quand Sascha Ring se tait, et laisse les synthés cathédrales s’envoler, défoncés par une rythmique massive, c’est à filer le vertige. Des comètes te foncent en plein dans les trippes, tu te noie dans l’espace. Le chant reprend, le soulèvement se tait, mais on est déjà perdu, déjà étouffé, déjà largué, déjà mort. Le genre de morceau électro pop ultime comme on n’en façonne quasiment jamais, à ranger aux cotés du “The Test” des Chemical Brothers ou du “Even Spring” de Plaid. Rien que ça. Il faut l’entendre pour le croire, le casque vissé sur les oreilles, les images, les souvenirs, les émotions submergeant le cerveau, jusqu’à l’asphyxie.

L’autre leçon, c’est Out Of Sight en fin d’album. Comme celui du dessus, on a l’impression que les trois allemands ont pas mal écouté Burial avant de composer le morceau, le rapprochement pouvant aisément être fait dans les beats, profonds et sourds, pattern se dépliant ad nauseam tout en se logeant immédiatement dans notre cortex. Dans le traitement des claviers aussi, rugueux mais absolus, planants mais palpables. Dans le traitement de la voix enfin. Le morceau dans son ensemble pouvant immanquablement pensé au sublime Wayfering Stranger du précité Burial. Apparat susurre au milieux de synthés qui s’enroulent, vrillent, grondent. 6 minutes en totale apesanteur, à dompter les échos insondables et les textures affolantes. Va falloir que Sascha Ring pense à composer un album peuplé de ses incursions vocales, tant ces dernières ont débouché sur des petits chef d’oeuvres.

Les autres feats vocaux cultiveront une veine plus hiphop. On passera malheureusement sur le morceau Slow Match avec Paul St Hilaire, qui se fait dégommé par le souvenir de sa dernière incursion sur une prod Moderat, dans le précédant Modeselektor. Les textures sont encore à tomber (la première montée file la frousse) mais il manque un truc pour que la sauce prenne réellement. On lui preferera Sick With It, qui fera surement grincer des dents en balançant un Dancehall Technoïde hosté par Eased (inconnu au bataillon pour ma part) qui part dans des refrains épiques à grand coups de synthés, et un break lunaire + conclusion qui me rappelle les grands moments de Groove Armada sur leur “Goodbye Country“.

L’affolant BeatWaySick, seulement présent dans l’édition Deluxe de l’album, finira de fracasser les mâchoires avec un beat pachydermique complètement alien, permettant à Busdriver d’aligner son Flow Tgv comme un damné. Le refrain cartonne façon salve épileptique de fusil à pompe, à bout portant et en plein milieu du bide. Grosse grosse mandale, un des meilleurs morceaux du disque. Les voisins sonnent à ta porte, c’est normal.










L’album s’attaque enfin à une électronique céleste, planante, et belle comme le jour, avec notamment des morceaux “couple”, à l’instar des Fractales de l’album Walls.
3 Minutes Of / Nasty Silence débutera de la plus belle des manière, avec une première moitié simplement habitée de synthés à tomber, mélodie tire-larmes en slow motion, désert cristallin qui se déplie vers l’infini et sature graduellement. Vlan, grand coup de godasse, on vire tout pour échouer sur un tapis de beats déstructurés, giclant dans tous les sens, bourrés de bugs et de parasites. On ne s’en est pas rendu compte, mais on est déjà sur le deuxième morceau, qui réinvite les nappes de l’introduction, histoire de les faire copuler sur ce lit convulsé, et de nous bruler le coeur dans le même mouvement, avant que le morceau agonise dans des réverbérations cradingues.

Porc #1 / Porc #2 proposera le même type de voyage onirique, en commençant d’une façon plus directe, avec guitare appuyée et beats sourds. Encore une fois le titre prend rapidement une envergure saisissante, cavalcade gagnant implacablement en puissance. Mais la deuxième partie va calmer le jeu et partir vers les cieux, la gratte se retrouve en fond, alignant une ligne de basse sur des nappes angéliques, et un Apparat qui se remet à chanter, sa voix perlant à l’horizon, habillant discrètement un final homérique, avant de finir sur une étrange conclusion aux sonorités acid. Les nuages rentrent dans ton appart par la fenêtre, c’est normal.











Le Dvd n’est pas, bonne nouvelle, qu’un simple supplément. N’attendez pas de pseudo fonds d’écran en mode kaléidoscope, le travail de Pfafinderei est superbe, les artistes se focalisant sur la matière et le mouvement, pour accoucher de fresques habillant parfaitement les sons de Moderat. (Les Clip de Rusty Nails ou de BeatsWaySick sont admirables) De plus le Dvd se paie des interludes habillés par quelques courts titres non présents dans le disque (si l’on excepte Berlin ). Un vrai plaisir, bien plus qu’un bonus, à voir sur un bon écran, d’autant plus que les films uploadés sont systématiquement retirés de Youtube pour le moment. (Etonnant d’ailleurs qu’il n’y ait pas au moins un clip utilisé pour la promo, vu la reussite de ces derniers)

Au final, Apparat et Moderat ont servi l’album que l’on attendait (Justement, seul vrai problème du disque ?? ), parfait équilibre entre roulements électro puissants et mélodies divines. Difficile de dire si l’album résistera, sur de longs mois, aux écoutes intensives (voir compulsives dans le cas de Rusty Nails), les titres favoris s’identifiant dès la première écoute, pour un tout qui se révèle directement évident. Mais impossible de bouder son plaisir devant un album pareil, chiadé à l’extrême, générateur d’émotions bien présentes, et balayant un spectre musical assez varié.


Sans surprise, on espérait un très bon album, et l’on a un très bon album. Une des sorties indéniable de ce printemps.














Moderat – Album Trailer















CD 15 Titres + Dvd 10 Titres – BPitch Control
Dat’












World’s End Girlfriend – Farewell Kingdom

Posted in Chroniques on May 13th, 2009 by Dat'


Bench Nowhere Tronica







Toujours pas remis de la grosse claque administré par le disque de Wisp il y a peu. En écoutant le disque de l’anglais pendant la semaine précédant l’article, j’avais très souvent pensé à un autre disque, sans jamais le mentionner, obnubilé comme un con par les comparaisons règlementaires quand on parle du genre. Pourtant, impossible de ne pas penser à un disque de World’s End Girlfriend à l’écoute de The Shimmering Hour.
Bien que les deux galettes soient clairement différentes, il y a cette même envie de télescoper des rythmes vrillés, concassés, explosés, sur une richesse mélodique affolante. Des morceaux à tiroir, souvent longs, qui se laissent découvrir sur des mois et des mois tant les détails abondent. Mais Katsuhiko Maeda, l’homme multi-instrumentiste derrière le projet World’s End Girlfriend (qui est un nom drolement classe, soit dit en passant) va plus loin que l’anglais. Son truc, c’est de construire des cathédrales presque Post-rock quasi acoustiques, pour les étriper dur, avec une avalanche de rythmes électroniques. Au fil des années, le japonais va privilégier de plus en plus le son post-rock, sans perdre en intensité. Ce Farewell Kingdom est peut être le disque imprimant parfaitement cette dualité Electro/post, omniprésente.

L’occasion d ?ailleurs de souligner que je suis tombé sur les productions de ce mecs grâce à un commentaire sur ces pages de deux lecteurs, “K”, il y a maintenant plus d’un an, puis “Popof22”, me poussant à me plonger dans les disques du musicien. Merci à eux ! Ceci fut d’ailleurs facilité par le fait que la majorité des galettes du japonais sont dispo en Europe (assez rare pour être signalé) ayant donc pu glaner la plupart des sorties du gars en cherchant bien, et en ayant pas mal de chance (ah ben oui, il ne faut pas déconner non plus)

















L’artwork de l’album est surement le plus simple de la discographie de Maeda. Peu d’informations, excepté les quelques musiciens invités. Pas d’indices sur la durée des morceaux (pourtant souvent gargantuesques). Petite anecdote cependant, à la lumière, sous un certain angle, le nom du groupe apparaîtra en gros sur la jaquette. Il m’a fallu plus d’un mois pour m’en rendre compte.









Coté musique, il suffit de se plonger dans le premier titre, Yes, pour comprendre que le japonais ne fait rien comme les autres. On pense avoir acheté un disque de musique électro, on se retrouve plongé dans une longue introduction, faite de chants d’oiseaux, de nappes mystérieuses et de bouts de dialogues enfantins difficilement compréhensibles. Une guitare perle, jette deux-trois notes complètement étouffées par les autres éléments, un piano tente le coup aussi. On frole le recueillement. Pourtant, on sent qu’un édifice se dresse, les clochettes, les violons, les nappes se faisant de plus en plus concrètes. L’ensemble si propre du début commence à être bouffé par les bugs, les grésillements, les parasites, aux facettes plutôt hostiles dans cette représentation méditative. Et sur cette ligne qui commence à se détraquer, la guitare acoustique te chiale une mélodie à griller ta colonne vertébrale, façon folk dépressif. Le morceau commence alors à prendre son envol. Fini les divagations, bonjour l’envolée acoustique, la litanie se renforce, se façonne. Le piano pleure aussi. Les enfants reviennent, mais les voix, les rires, les exclamations candides se tordent, se révulsent.
Pour se retrouver balayer par un rythme pachydermique, grosse batterie à l’entrée incongrue au bout de 8 minutes, alors que l’on attendait qu’elle au départ. La mélodie continue de grimper et le tout continue de vriller de craquer, de se révulser. Le rythme s’emballe, part dans un trip Drill’n bass avec une guitare électrique qui hurle un larsen, qui s’arrache, qui expulse une rage contenue depuis les prémices, tout en laissant les violons et les cuivres continuer leur mélodie. C’est le bordel, la folle explosion, ça crisse, ça hurle, on vient de se faire dérouiller, il fallait attacher sa ceinture, le morceau est parti dans le ciel avec notre âme. Et quand tout se tait, tout s’éteint, il ne reste que cette saturation cradingue et cette clarinette ( ??) pour nous arracher la mâchoire, avant qu’un rythme Hiphop superbe finisse le travail à coup de talons. 15 minutes de musique, l’accélération est tellement aberrante que l’on s’est tout pris en pleine poire sans réagir une seule seconde. A ne pas écouter en pleine nuit, ou perdu dans ses pensée, sous peine de perdre pied totalement. Il faut se raccrocher à quelque chose de concret, une lumière, un voisin, une télé en sourdine pour éviter de se retrouver en miette après un truc pareil. Ecouté d’une façon distraite, le morceau peut s’avérer pompeux, ou ampoulé. Mais si l’on rentre dedans, c’est la sensation assurée de se prendre un immeuble en pleine gueule.










Call Past Rain, titre suivant, débute avec un piano et une douce, envoutante, cristalline. Celle de Piana, chanteuse nippone de pop expérimentale. Ca susurre, ça miaule, ça accompagne une mélodie à crever, entre piano et nappes de synthés. Crac, gros bug, éclats électroniques de 3 secondes, on vient de se faire violer les tympans, mais pas grave, le tout reprend son cours. La voix de Piana est démultipliée, flirte avec des samples cradingues en distillant une pop à se damner, façon japon-traditio-mélancolique. Les violons qui la soutiennent complètent parfaitement le tout.
Et tout à coup, World’s End Girlfriend prend ta tête et l’écrase contre un mur, la frotte sur le bitume et te crache à la gueule, en fracassant le tout avec des brisures électroniques, beats déstructurés hachant la sereine complainte, la malaxant en monstre difforme et sublime. Ca gicle de partout, et c’est pourtant toujours aussi absolu, céleste, magique qu’au départ. Violence.

La demoiselle est dépecée, écrasée, il ne reste presque plus que des réminiscences explosées, des bugs, des soubresauts informatiques. Qui mutent graduellement en un Abstract Hiphop superbe, finissant de concasser le morceau. Mais en fait, on est déjà sur Daydream Loveletter, et l’on ne s’en est pas rendu compte, tant la transition se fait naturellement. Pour la première fois, le morceau commence directement sur un craquage electronica, créature Autechre-ienne en pleine décomposition. L’acoustique est en retrait, les aspérités nous giclent à la gueule, c’est superbe (je sens que je vais encore avoir un problème de synonyme sur cet article) et complètement barré, oscillant constamment entre plénitude totale et déconstruction cramée. Un break super calme va courir sur une minute, désolation, on croit être le seul survivant sur terre, seul compagnon un vent nous frôle. Mais c’était sans compter qu’une armée de robots tombe, des rythmes industriels réduisant tout en charpie, une guitare électrique déboule pour passer le tout au lance flamme, hardcore en roue libre, tout est fracassé, broyé. Le larsen final est libérateur, dernier assaut avant que tout s’éteigne. On voulait juste se faire bousculer, on vient de se prendre un camion de face.

Le japonais n’a toujours pas envie de lâcher ses brisures electronica, et va combiner rythme claudiquant et expérimental avec piano en spirale sur Halfmoon Girl, mélancolie toujours parasitées par des saturations et autres soubresauts. Plus académique, le morceau n’en reste pas moins fascinant dans son exercice de dépeçage de choeurs d’enfants, anges à la voix candide passés à la moulinette. Fragile Fireworks démarrera avec un étrange piano en mode Lounge-hotel-hilton style, avant d’accueillir un salutaire et très beau violon, renouant avec les terres acoustiques des prémices de la galette. Encore une fois l’ascension est de mise, les instruments s’enroulent dans une valse tire larme baroque avant de se retrouver de nouveau dans un mixeur Idm avec des beats coupant le tout façon pluie de couteaux.










Mais l’autre monolithe effarant de ce Farewell Kingdom, le morceau où il faut encore méchamment s’accrocher, prendre sa respiration et décoller avec le feu au cul est cristallisé par Fifteen White, tableau de 12 minutes, débutant sur les susurrements angéliques de notre copine du dessus, avant que de nouveaux bugs apparaissent, et qu’un rythme abstract se déroule tranquillement. Petites clochettes à la mélodie imparable, beat sourd, on pense à Plaid qui aurait fait un tour à l’Hotel2tango. C’est super beau, super paisible. Et quand la voix se mue en choeurs d’église, c’est absolument sublime, touché par la grâce, à crever. Des saturations ultra crades salopent le tout, agressent l’oreille, goutte de sang dans un océan cristallin, sensation unique. Un beat massif comme la mort, renversant, retourne tout, nous étouffe, nous aneanti, Hiphop aberrant, puis Drill’n Bass explosée, massacre, folie, synthés planants, trop beau. C’est fini ? non, le beat devient Indus, hardcore, innommable, la guitare s’arrache les boyaux, ça vocifère, ça se déchaine, tempête absolue, ouragan, tsunami de larsens, de destructions, au secours, tout ça. Avant de mourir sur trois minutes de piano et de reverbs. Putain de merde un des plus beaux morceaux qui puisse exister sur cette petite planète. Si l’album pouvait se résumer à une piste, ce serait celui là, sans hésiter. Un diamant absolu.

You reprendra les éléments de Yes sur une durée presque équivalente, mais touchera moins, malgré une montée toujours saisissante, et un final avec des violons virevoltants Vs gratte électrique du plus bel effet.
Le disque se terminera sur le court Onepiece (enfin, 5 minutes tout de même), sublime conclusion tournant autour d’un sample de violon tournant sur lui même, au départ complètement noyé sur une grosse pulsation bien cradingue. Des dialogues perlent, entre disputes, public d’un show tv, extraits de films, gamins joyeux. Le violon prend graduellement de l’ampleur, chiale sa mélodie, s’imposant comme élément premier du morceau. Il nous embrasse de sa mélancolie, nous cajole, nous rassure. On se laisse emporter, la bave aux lèvres, les yeux dans le vide. Jusqu’à ce qu’une étrange impression nous tenaille. Le violon se fait menaçant. Trop présent. Trop puissant. Etouffant. Il bug. Sature. Crisse. Il ne pleure plus, il s’énerve. S’emporte. Craque. Se transforme en vague Noise écrasante, malsaine, fiévreuse. A la limite du supportable, tout s’éteint nous laissant avec un silence parasité par l’empreinte de ce soulèvement hypnotique, proche de la conclusion d’un autre disque de fin du monde, le dernier Matt Elliott. C’est comme regarder un mec jouer du violon avec passion, avant que ce dernier te saute subitement dessus en te fracassant l’instrument sur le haut du crane.









Difficile d’expliciter la mixture servie par World’s End Girlfriend. Sorte de Post Rock cristallin défoncé par une electronica sauvage, le disque fait parfois penser à un meeting entre A Silver Mont Zion et Venetian Snares période Winter In The Belly Of a Snake. Pour les envolées acoustico-lyriques à crever des premiers, et pour les beats ciselées façon poignard et autres brisures électroniques de l’autre. Certes les allergiques aux morceaux étirés et sérieux vont blêmir, mais il suffit d’écouter certaines fresques (car se sont bien des fresques musicales que le japonais compose) absolument renversantes comme Yes, le couple Call Past Rain / Daydream Loveletter ou l’inénarrable Fifteen White pour partir loin loin loin loin loin, et galoper dans les innombrables strates de son subconscient.

Presque unique, excellent disque.












Mp3 :


World’s End Girlfriend – Daydream Loveletter (Clic droit / Enregistrer sous)










8 Titres – Noble / Third Eyes Recordings
Dat’











Burial and Four Tet – Moth / Wolf Cub

Posted in Chroniques on May 9th, 2009 by Dat'


And those two noises, the moan and the stud, I’ve heard every single day since, and i still don’t know which is scarier







J’ai pas vraiment souvenir d’une sortie aussi bordélique depuis un bail. Et aussi mystérieuse. Rappel des faits : Il y a deux semaines, une news balancée via la plateforme Bleep du label Warp (quand même), annonce qu’un Split Ep entre Burial et Four Tet va voir le jour sous peu, mais qu’il est déjà Sold-out. Aucune information, aucun teaser, aucune promo, aucune confirmation. La bonne blague. Le label K7 nous avait déjà fait le coup en annonçant officiellement lui aussi un Dj Kicks avec Burial aux commandes, affirmation ayant enflammé le web (dates de sorties, fakes…) avant de partir en eau de boudin.
Bref, on n’y croit pas des masses. Mais il y a une semaine, la plateforme de vente Juno.co.uk fait un gros coup en foutant des extraits de l’Ep et en ajoutant ce dernier dans son catalogue. Le projet existe donc vraiment ! Merde, une collab entre deux des mecs les plus respectés de ces dernières années prend forme via le Label Text de Four Tet !


Mais un autre problème s’avance. La distribution s’annonce chaotique, l’objet ultra rare, penser mettre la main dessus relève presque de l’utopie. D’autant plus qu’une sortie digitale n’est pas prévue (?!). TOUTES les structures de ventes en lignes sont “Out Of Stock”. Les disquaires ne savent pas si ils pourront en recevoir. Pire, ils ont peur d’acheter des faux, l’objet étant tout noir, sans aucune information ni indication. Comme des milliers d’autres vinyles sortis sous le manteau, ou un Bootleg pressé à l’arrache dans un coin. Sinon il y a les sites qui prennent les commandes sans avoir l’objet. Vendu à 5 euros pour le moment, ce Moth / Wolf Cub risque de voir son prix s’envoler sur le net, s’il n’y a qu’un tirage (il est déjà à 90 Euros sur Discogs… le jour de sa sortie… hum…). Perso, j’ai réussi à acheter/reserver le vinyle, en passant commande avant le fatidique Out Of Stock. Tout en me doutant le nombre de commande doit évidemment dépasser allègrement le nombre de disque à vendre. Au final, grâce à Burial et Four Tet, on a l’impression de participer à une loterie géante. Hop ne parlez plus de téléchargement, voici l?avenir du disque. Sinon dans quelques années, les collectionneurs se jetteront sur tous les vinyles noirs perdus dans les bacs en espérant peut être tomber sur l’Ep et l’on nous révélera que en fait c’était Aphex Twin qui était derrière le projet.

Donc oui, aucune sortie digitale. Et un vinyle fantôme. Difficile de poser une oreille dessus. Pourtant, certains magasins ayant reçu des exemplaires ont du s’empresser de ripper le truc sur le net. Des liens trainent, sautent la seconde d’après, puis se multiplient. D’ailleurs, je crois que c’est la première fois que je déroge à la sacro-sainte règle de ces pages. Ouip, j’ai acheté cet Ep, mais j’en parle avant de l’avoir reçu. Tout simplement car je ne sais pas si je vais le recevoir un jour. Forcement.
















Alors déjà contrairement à ce qui a été annoncé par les sites de ventes, on a pas à faire à un split Ep. Burial et Four Tet semblent bien avoir taffé ensemble sur les deux morceaux. Une vraie collaboration entre les deux artistes, flagrante quand on entend le tout. Mais bon, on n’en est pas sur, vu qu’il n’y a pas d’info. Oui, sinon le premier morceau c’est Moth, et le deuxième Wolf Cub (Lone ?). Mais on n’en est pas sur, vu qu’il n’y a pas d’info. Ah si, un truc certain, c’est que les deux morceaux flirtent avec les 9 minutes. Ce qui est une drôle de bonne nouvelle, quand on avait peur de se retrouver avec deux trucs rachitiques.









L’hypothétique premier morceau donc, Moth. Qui est énorme. Vraiment. Linéaire, sans suprise, sombre. Mais énorme. L’introduction, tout en échos, laisse perler une mélodie simple, un tintement qui va se muer en synthé sortant du brouillard, un peu pute, assez techno. Qui va se répéter à l’infini. Le rythme est évidemment imputable à Burial, sorte de pulsation laid back qui se nécrose parfois en un simple et rachitique métronome techno. D’autres nappes cristallines se greffent au tout avec minutie, caverne de glace ou dancefloor cradingue, on ne sait pas trop. Mais le truc est tellement hypnotique (le rythme au casque, super sourd, avec ce synthé imparable, tu peux entendre ça pendant 30 min sans sourciller), que l’on décolle quasi-immediatement. Tout est distillé avec perfection, tout arrive au bon moment, tous les sons se répondent les uns aux autres. Et quand les voix r’n’b pitchées fantomatico-sensuelles omniprésentes sur Untrue arrivent, on bascule. Voile devant les yeux, on s’imagine dans un after pour dépressifs, à danser au ralenti. A se mouvoir en slow-motion, au milieux d’autres zombies perdus dans les drogues, aveuglés par des lumières épileptiques. La fumée est telle qu’elle créée un vas clos, une bulle quelque fois transpercée par un bras sortant d’une autre bulle.
Le long break Kick / handclap va renforcer cette impression, avant te repartir sur la phase première du morceau, qui va s’envoler graduellement, nous perdant, nous étouffant dans ces vagues de synthés mirifiques. Le trip est absolu. C’est se balader complètement embué dans une ville vide à l’aurore, avec le soleil qui éclaire petit à petit les rues d’une teinte orange. Prendre le premier métro les oreilles encore grésillantes, et regarder la ville défiler devant nos yeux, le visage collé contre la vitre.
Mais ce morceau, c’est surtout une plongée en apnée dans un Nightclub. Danser comme un camé, jusqu’à en crever. Le genre d’ambiance où tout le monde est éreintée, extenué, démoli, sans pouvoir s’empêcher de remuer encore et encore sur une pulsation sédative, les bras ballants, la tête sans vie, pendue comme un bout de cadavre en oscillant de droite à gauche. Pinch avait fait du “Underwater Dancehall“. Burial et Four Tet s’essaient au “Underwater Nightclub”. A écouter au casque, les yeux fermés, la fatigue étrillant le moindre centimètre de votre corps. Sublime morceau.



Wolf Cub commencera d’une façon plus candide, plus aérienne, et calme, avec cette petite mélodie hachée en mode clochette qui va longuement s’enrouler sur elle même, avant de laisser de très beaux synthés entrer dans la ronde. Toujours aussi planant, on est déjà pres à partir dans l’espace quand tout s’éteint, tout s’étire. On flirte avec le silence, seuls des bruits bizarres se font entendre, mais un rythme claudiquant file une claque. La litanie du départ fait son grand retour, des voix ( ?) éthérées, spectrales et désincarnées se tissent à l’horizon. Encore une fois, on est loin du roller-coaster, tout se déroule avec raffinement. Au moment où le morceau commence à faire du surplace, les superbes teintes du départs se greffent au tout, les voix prennent de l’ampleur, ça vient chatouiller l’échine. Mais le morceau s’efface tranquillement, on regarde le compteur, c’est surement la fin, il ne reste qu’une minute trente, dommage. Arrachement de coeur, le rythme revient pour une dernière bronca, accompagné de voix à filer la chair de poule. Arg arrêt cardiaque, on vient de s’envoler au ciel, pour nous rabattre violemment sur terre une minute après. Superbe. Mais trop court, le tout s’éteignant juste après.










Difficile de se prononcer sur la question de l’engouement énorme autour de cette mystérieuse sortie. Pas vraiment intéressant de discourir là dessus d’ailleurs, chacun voyant midi à sa porte. L’Ep en lui même est de toute façon excellent. Surtout pour les fans de Burial et Four Tet, qui seront aux anges. Entendre copuler les meilleurs des éléments de ces deux entités, sur près de 9 minutes à chaque fois, est un vrai bonheur. Les morceaux sont parfaitement calibrés, construits, ciselés.
Certes, ceux qui ne peuvent plus voir les rythmes de Burial en peinture risquent de partir en courant. C’est les mêmes. C’est toujours aussi linéaire, super homogène. Mais au combien affolant, vu la perfection du tout. Surtout pour Moth, un vrai diamant, qui risque de s’accrocher à mon cortex pendant longtemps. Burial apporte toujours cette profondeur ahurissante, ces beats rampants et narcotiques, cette sensualité bizarre et dépressive. Four Tet aère le tout avec son sens de la mélodie, et ce coté plus électro. Moth aurait très bien pu se frayer un chemin sur une galette estampillée Kompakt d’ailleurs. Wolf Cub est un peu frustrante, s’épanchant un peu trop à la fin de son premier tiers, pour nous couper l’herbe sous le pied lors de sa conclusion, mais reste un excellent morceau.

Bref, jetez vous dessus si vous aimez le style des deux bonhommes. Ou si vous avez envie de partir très loin, le casque vissé sur les oreilles. Dans les deux cas, le problème, c’est qu’il faudra avoir le cul bordé de nouilles pour acquérir la version vinyle, seul support officiel pour cette sortie hypnotique.









mp3 :


Burial & Four Tet – Moth (extrait)


Burial & Four Tet – Wolf Cub (extrait)










2 Titres – Text Records
Dat’











Wisp – The Shimmering Hour

Posted in Chroniques on April 27th, 2009 by Dat'


You cannot describe the awesome







Il y a parfois du bon dans le fait de ciseler une musique qui rappellera sans détour ses mentors. Wisp, à l’instar de The Flashbulb, fut longtemps considéré par beaucoup comme l’eternel mec voulant faire comme Aphex Twin ou µ-ziq, faisant des excellents morceaux comme Aphex Twin ou µ-ziq, mais sonnant éternellement comme du Aphex Twin ou du µ-ziq.
L’anglais, apres avoir inondé le web d’album et d’Ep digitaux (une bonne dizaine) a signé sur le défunt (et excellent) label Sublight pour deux galettes. Bastonnant avec son Honor Beats, et ravissant avec son remix du Huge Samurai Radish de Raoul Sinier, Wisp pouvait continuer son petit bonhomme de chemin sur la structure de son pote Benn Flashbulb Jordan. Mais voilà que le mec se retrouve, pour son nouvel album, signé sur Rephlex. Rien que ça. Le Label d’Aphex Twin justement, qui avait pourtant annoncé il y a quelques temps qu’il ne sortirait plus que des Lp realisés par les “anciens” de la boite.

Bref, passons les descriptions formelles de l’affaire, perso je n’étais absolument pas au courant de cette histoire, datant d’il y a pourtant un an et entériné par un Ep distribué fin 2008 en autant d’exemplaires que de cheveux sur la tête d’un bonze. Comment beaucoup de ses compères de chez Sublight, je pensais malheureusement que le mec était entre deux label, pas réellement raccroché à une structure, perdu dans la nébuleuse de l’underground électronique. Un album de prévu, oui. Où et quand, aucune idée. Il faut dire que Rephlex, ce n’est pas le char d’assaut médiatique. (Et même si Wisp est surement sur Rephlex depuis plus longtemps que l’on ne le croit, suivez mon regard)
Bref, j’étais assis la semaine dernière, devant un gâteau au chocolat nappé de caramel et accompagné d’une boule de glace vanille (Notez les détails, j’essaie de faire dans le journalisme de terrain) quand une super musique, assez analordienne, me titille l’oreille. Cavalcade de rythmes, synthés à crever, envolées mirifiques. Le soundsystem aidant à rendre le tout assez impressionnant. Surtout devant un gâteau au chocolat. Au moment où le disque se termine, je saute sur mes deux jambes, histoire de glaner des informations sur ce mystérieux magicien. “C’est le Wisp, on a reçu ça hier” “C’est Wisp ? Ah… “

















La pochette fait presque rire pour le coup, encore plus minimaliste (comme souvent avec le label) qu’un packaging Planet Mu : Un feuillet avec un arbre mort, point barre. On évite la photo du mouton ou l’objet non indentifiable en gros plan, mais de peu.
Reste que la musique prime évidemment avec le label anglais, et c’est par un morceau assez classique que débute le disque. Teddy Oggie va balancer ce qu’il faut de nappes oldschool, de crissements analogiques et de rythmes échevelés pour plaire à tout amateur du style. Oh, au fait, Teddy Oggie est un morceau présent depuis un bail sur le Myspace de Brian Tegraskin, le mystérieux pseudo derrière The Tuss. Et là, tout s’éclaire ! Ou pas, et Aphex est encore derrière ce brouillage de piste, il fait ce qu’il veut, c’est le boss. Bref, des notes de pianos se font entendre, un semblant de brouillard tombe sur nos esgourdes. Transition arrivée sans crier gare, Picatrix a deja commencé. Des moog chialent à l’horizon, des grésillements s’invitent, ça titille l’échine. Et vlan, un gros pied Techno déboule, transformant la calme fresque en montée imparable, basculant rapidement dans un écrin épique, avec mélodie qui vrille, synthés angéliques et beat énorme. Le tout va se tordre graduellement, imploser, vriller, crever. On croirait presque entendre la fin d’un morceau de Wxfdswxc2. Sublime. On était parti pour une virée electronicanalordienne tranquille, on se retrouve avec une fusée qui transperce le ciel. Et la montée, on se la prend en pleine gueule.

A peine le temps de remettre les pieds sur terre que Keeper Of The Hills nous ressert un terrain plutôt calme. Allez, impossible de se faire surprendre. Le rythme sautille, la mélodie est candide, c’est joli, cela s’enroule à n’en plus finir, hypnotique. Coeur arraché une nouvelle fois, une explosion rythmique drill défonce tout, rageuse, ultra sombre, superbement amenée. On redécolle, ça fuse de partout, des choeurs fantomatiques chantent au loin, ça commence à devenir putain d’épique, grosse nappe trance, mandale, des moogs interviennent pour te piétiner les trippes, c’est l’espace qui te tombe sur la tronche. Tout se calme, le morceau semble se conclure, mais la course reprend comme jamais avec une espèce de harpe qui part en couille façon jeux vidéos stage psychédélique. L’un des plus beaux titres de la galette, sans hésiter une seconde. Une electronica épique. Pas d’autre terme en stock.

Que les puristes se rassurent, il y a des morceaux dans la grande tradition du genre, comme ce Flat Rock qui fera obligatoirement penser à du µ-ziq période Lunatic Harness, avec cette Drill’n bass feutrée, servant de longs notes de synthés limpides, et une petite explosion cristalline qui fera du bien à la colonne vertébrale. Ou le superbe et aérien Seaway Trail, laissant gambader une jungle acérée ultra-rapide, mais sans jamais exploser, restant en retrait, le tout sur une mélodie jouant avec les échos, entre compo de mégalopole futuriste et chant post-apo. Au moment ou le soleil se lève sur une terre dévastée, ravagée, cadavres pourrissant encore sous le chant des oiseaux.










Mais l’intérêt premier du disque se trouve justement dans cette alternance parfaitement dosée de tracks analordiennes classiques, et de cavalcades oniriques à tomber, cathédrales d’évènements apparaissant toutes les minutes, transformant une base presque banale en fresque superbe ou déjantée. Et surtout, de varier les pattern rythmiques. Cultus Klatawa va partir sur un métronome de nouveau Techno, beat pilonnant dur, partant en spirale, sur une mélodie aérienne. Break, des violons guillerets prennent la main du beat qui s’affole, des choeurs se font entendre, c’est la Techno dans la cathédrale comme disait l’autre. C’est déjà parfait, mais Wisp va faire partir le tout dans une jungle ciselée comme jamais, encore une fois épique avec le soulèvement mélodique et les petites paillettes sonores qui apparaissent de partout. Ascension sublime, paie ta fracture de l’échine. Tout pourrait se finir, on en aurait déjà clairement pour notre argent, mais la piste va partir dans un délire Acid déstructuré, se fracturant à chaque effet lancé (On sent que le mec a bien du se marrer derrière ses machines), pour finir sur une dernière accélération presque oldschool, crevant sur les violons du départ. Sinon juste âpres le morceau, on fait retour arrière pour le réécouté, car on a rien compris mais c’était trop beau donc on en veut encore.

Sinon il y a le monolithe Summoner’s Hollow, qui du haut de ses 7 minutes, nous embarque sur une hypnotique intro christique, entre chants d’églises et échos intrigants, qui vont vite se faire violenter par un beat disloqué et un moog mortuaire. Ce dernier va joliment nous pousser au suicide en jouant avec nos trippes, avant un break presque atone, laissant perler des violons à chialer. Tout s’emballe, tout était triste mais maintenant ça baise comme des porcs, violons, moogs, pulsation sourde indescriptible s’écrasent sur une course mélodique et rythmique affolante, ça canarde les tympans et ça viole le coeur, nous laissant complètement abasourdis sur le parvis de l’église du départ, avec une simili-harpe pour seul compagnon.

Bon il y a aussi l’énorme track drill Katabatic, le délire moyenâgeux un peu alien de The Shaper ou l’électro bien dark de Rim World Walker (la progression du tout est encore à se damner), mais je sais pas trop quoi dire, j’ai épuisé mon stock de synonymes façon superbe, trop bien, à crever, j’aime la vie, la folie, c’est beau, tout ça.










Mais manque de pot pour mes synonymes, la fin de l’album est absolument mirifique, genre tu entends les trois derniers morceaux d’un coup t’a l’impression de te faire renverser par un camion qui transportait une cargaison de ninjas musicaux qui ont pour mission de t’arracher la gueule comme tu t’es rarement fait arracher la gueule en te lançant leurs petites étoiles en fer là, qui se plantent facilement sur un corps paniqué. Et pas que la gueule aussi, parce qu’il y a aussi la colonne vertebrale qui part en morceaux, les tympans, la mâchoire, et la peau aussi. Mais la peau, c’est après avoir eu le temps d’avoir eu la bonne chair de poule. Celle qui te paralyserait presque, qui te redresse d’un coup, et qui te fait dire “putain mais c’est quoi ce bordel, c’est absolument mortel, arg faut que je monte le son mais il est déjà au max, aidez moi j’étouffe”. La track qui te souleve, qui te brise la nuque et qui te laisse pour mort. Ce morceaux, c’est Hidebehind. Qui est affolant pris seul, mais qui prend tout son sens au milieu du reste. Parce que Hidebehind c’est tout d’abord une espèce de montée trance-pute qui te martyrise les sentiments tellement c’est beau, entre claviers qui font tudududu et snares en mode épilepsie. Donc ouai, chez Rephlex, pendant deux minutes, c’est nightclub avec midinettes en minijupes et stroboscopes qui t’égratignent la rétine. Machine à fumée, Dj qui lève la main et verres de vodka. Mais tout se renverse, Idm candide te voilà, Aphex Twin est dans la place et vire tout le monde à coup de talon, avant de se faire mettre dans un placard par un long break de synthé sublime, genre The Flashbulb et son Lucid Bass III. C’est beau, tes complètement décalqué et tu laisses tomber ta tête en arrière en bougeant comme un camé, qu’importe l’endroit, l’ivresse est là, et elle te bastonne. D’ailleurs, le Dancefloor te retombe sur la gueule avec violence, toutes les ambiances se mélangent, l’electronica se frotte aux portes jarretelles, et toi tu souries, parce que tu viens de prendre ton pied d’une façon absolument monstrueuse. Les “Wouhou” façon hit-machine qui interviennent parfaitement sur la descente matinée de violons finissent de t’achever à grand revers de main en pleine tronche. Deux mots pour résumer le truc : Putain. Et épique. Encore une fois.

Et voilà que Fire Above, après une intro grésillante parasitée par des choeurs folkloriques, part dans un trip Blade Runner à grand coups de synthés nauséeux et de voix graves. On pense aux vieux µ-ziq, mais pas trop longtemps parce que le morceau part dans une drum’n bass ecclesiastico-chiptune. C’est fini ? Non évidemment ! Après un break caverneux, des violons irlandais entament une ronde enjouée, c’est complètement incongru mais quand tout part en couille ça devient évident, voir absolu. Ais-je déjà utilisé le mot épique dans cette chronique ? Oui ? Ah merde. A tel point que le slow débile des trente dernières secondes paraît tout à fait normal.

Dernier morceau. Winter Of Flight. Apres tout ces morceaux en diamants, après toutes ces attaques, toutes ces montées, toutes ces cavalcades, tous ces arrachages de mâchoire en mode dentiste professionnel, il fallait quoi ? Un morceau qui te piétine. Qui te file l’envie de chialer. Qui te martyrise le palpitant. Ce dernier morceau, ce n’est rien que des violons, foutus dans une bonne couche de bruits numériques cradingues. Rien que des violons. Qui déversent une mélodie qui te coupe les jambes. C’est surement rien comme ça, mais après un album pareil, ça fait un effet boeuf. Surtout que Wisp ne se la joue pas instrument en solo qui pleure dans une salle vide. Non c’est l’effet de masse qui prime, genre 50 cordes empilées qui chialent sur ta gueule. Genre shoegaze de violons. Dans l’intro je disais avoir entendu un peu de l’album devant un gâteau au chocolat. Ben la brochette musicale finale en faisait partie. Et à cause de ça, j’ai oublié de le finir, ce foutu gâteau.












Je ne sais pas trop quoi dire en conclusion. Il faut juste souligner que la structure de l’album est assez balaise, la plupart des 14 titres tournant autour des 5/6 minutes. Vu la foisonnance et la richesse du tout, l’album risque de se laisser arpenter pendant de longs mois, à découvrir de nouveaux détails à chaque écoute.


Alors bon, je vais faire vite. L’album est énorme. Il m’a scié. Ecrasé. Vraiment vraiment. Le lien entre Idm neurasthénique, sonorités Rephlex et progressions épiques est parfait. Oui, on peut trouver ça ampoulé, ou grandiloquent. Ouai ouai, les références sont toujours là quand on écoute Wisp, impossible de ne pas penser à AFX ou Paradinas en parcourant ce The Shimmering Hour. Mais bon, je ne sais pas ce qu’a bouffé Wisp en composant cet album, mais il peut arrêter la musique, no problem, il peut mourir tranquille, il vient d’accoucher d’un disque absolu.
Je ne sais pas, je suis un peu perdu devant la richesse du disque, devant sa construction, devant les émotions qui ont afflué durant les (multiples) écoutes. (évitez les extraits de 30 secondes sur le net d’ailleurs, et gaffe aux preview and co, aux infos erronées… L’album devait sortir il y a un an en plus) J’ai l’impression qu’il va falloir que je m’y plonge encore pendant quelques mois avant de voir le brouillard se déliter. Mais impossible d’attendre, je voulais en parler dans ces pages, quitte à lâcher un papier bancal.



L’équation est simple :

Si vous aimez le mélange Drill’n bass / Moog qui chialent / Violons / Mélodies presque émo / Synthés sublimes / Jungle affolée / Aphex Twin / Déstructurations lumineuses / Trucs épiques / Eclairs techno / teintes Rephlex analordiennes / Electronica à crever… (oui oui, tout ça en même temps, sur le même disque)
N’hésitez pas une seule seconde, on ne trouvera surement pas quelque chose d’aussi énorme dans le genre pendant un bon bout de temps.













Wisp – Cultus Klatawa (et non pas Summoner’s Hollow)











14 Titres – Rephlex
Dat’











Videos µ°12

Posted in Chroniques on April 20th, 2009 by Dat'


This City







































Tiebreak – Evil Thoughts












Dat’
Descriptions en commentaire !













Rone – Spanish Breakfast

Posted in Chroniques on April 15th, 2009 by Dat'


Je vais me noyer







Un terrier, du thé, des obligations, des turpitudes et paradoxes en rafales. Un lièvre de Mars plus con qu’en Mai, mais moins intelligent qu’en Avril. Devenir petit et grand en bouffant de la bouffe, bouffi en biffant la ponctualité d’une cérémonie sans but, perdu en trouvant la sortie. Un jeu de carte dans un château de carte qui obéit à une grosse carte qui exprime ses plus vils penchants en voulant crucifier une jeune fille en tulle bleu culotte blanche, qui n’a rien trouvé de mieux que de suivre ad nauseam un sourire sans chat. Ou un chat sans sourire, je ne sais plus. Ca fait tellement longtemps, les détails m’échappent. Par contre, ce dont je suis sur, c’est que la demoiselle coursait un lapin blanc paniqué a l’idée d’arriver en retard à son recrutement. Il courait, il courait, il courait, il courait, il courait, il courait, la bleuette sur ses talons.

Comme Alice, le français Rone cavale derrière le rongeur. Ce dernier lui a piqué ses lunettes. Chez Rone (à ne pas confondre avec Lone, et son excellent album de l’année dernière), il y a toujours des tasses géantes, des lapins et des terriers. Mais aussi des grosses fraises, des poules qui pondent des oeufs qui pondent des poules qui pondent des oeufs qui pondent des poules, des vaches à lait, des cascades de dominos, des femmes nues en mode néon rose et un poster de “parle avec elle”.
Et surtout un premier maxi chez Infiné, le label d’Agoria, hébergeant les sorties de Clara Moto ou Apparat. Et une apparition dans le très bon At The Controls du Lyonnais. Le petit dej’ espagnol est ajouté au menu. Nous permettant de basculer.















Derrière la jolie pochette cartonnée et après le très beau titre d’Intro, se profile Spanish Breakfast premiere incursion derrière le miroir de Rone, cristallisant parfaitement ce que l’on trouvera dans l’album. Et se permettant de nous lancer un beau coup au coeur, avec cette mélodie candido-divine à la Plaid, égrenant clochettes et boites à musique tunées sur un lit de synthés vaporeux. 1 minutes de musique, et l’on se dit déjà que le disque va être énorme. Break, chute, les murs se désagrègent, les échos dansent, se marrent, vrillent. Un synthé plus dance fait surface, une myriade de percussions déboule de l’horizon pour nous caresser l’oreille. Le cliquetis d’une horloge devenue folle, se transformant en un million de fourmis revenant du boulot. Et c’est là que le titre devient renversant, (Ce moment m’hypnotise à chaque fois dans la vidéo) quand les synthés reviennent, paraboles sublimes, on plane sur ce lit de dominos rythmiques, la mélodie s’immisce en nous par tous les pores de la peau, berceuse techno. Paradoxalement, le temps se dilate et s’étire en s’enroulant autour des claviers, mais s’empresse, se hâte à cause du métronome. Et tout ça en trois minutes. Bonheur.

Je commence à regarder par la fenêtre. Belleville sera plus guillerette, avec cette mélodie lumineuse, pilonnée par un beat techno binaire, rapidement accompagné des handclaps de rigueur. Petit à petit, des notes se libèrent, perlent sur la structure, goutte d’eau tombant sur nos tympans, avec échos, ondes et tout le toutim. Joli morceau d’electro presque ingénue, conviant le jardin public, l’herbe trop verte et les parties de football avec des potes que l’on ne voit plus depuis longtemps.

Le tout débouche sur le titre le plus enlevé du disque, Aya Ama, assez proche de certains exercices de Popnoname, pure track techno qui se confond amoureusement dans des teintes nuageuses, diffuses et cristallines. On a envie de danser, mais le cerveau prend le pas sur le reste, se déconnecte, nous envoie dans nos souvenirs la bave aux lèvres et la gorge serrée. Ouaip danser sur ses souvenirs, les piétiner gaiment, se perdre dans les hautes herbes, courir avec le ciel bleu devant soi. J’ouvre une bière. Le break presque Noise nous tire violemment vers la réalité, comme si une rame de métro venait violer nos songes, avant que la cavale extatique reprenne de plus belle.
Et malgré le nom, ce n’est point l’envie de sauter dans un plumard qui nous tenaille sur Interlude To The Bed, avec ces synthés mélancoliques qui vont partir peu à peu dans un trip bien classe. Et, je radote, beau. (Raaaah mais pourquoi n’en faire qu’un interlude ?!? trop d’injustice ici bas. Rone est peut être justement trop haut perché dans son ciel). Je pose mon cul sur une chaise et je continue de regarder par la fenêtre.

Ciel et mer, c’est le contraste offert par Poisson Pilote, noyade en règle, océan de reverbs peuplé de mélodies fragiles, se démultipliant à chaque note dans nos oreilles. Une grosse ligne de basse bien grave, cradingue et grésillante secoue le tout, mais la plénitude reste totale, à en crever. Difficile de décrire le trip. C’est Plaid qui se noie. Plaid qui se noie en slow-motion. Plaid qui se noie en slow-motion après avoir pris trop de drogues. Noyez-vous avec le casque. Histoire de vraiment perdre le souffle.










Pour ceux qui auraient peur de ne pas pouvoir remonter à la surface, il y a la solution de l’isolement. De l’abandon, du grand voyage. Into the wild et tout pleins d’autres machins. Bora. Etonnante incursion vocale de Alain Damasio, l’auteur de La Horde Du Contrevent, qui s’était justement coupé du monde pour écrire son bouquin. Alors il va nous expliquer le processus. Son départ, son envie de création, sa “necessité d’être”. La musique de Rone, toute en ascension, est parfaite. Et si au début, on ne peut s’empêcher de se dire Il me fait chier ce mec avec ses “putains de merde isole toi merde putain quoi fais pas de concession…”, le tout devient rapidement mirifique. Les paroles résonneraient presque comme le discours d’un prophète poussant l’humain à tout lâcher pour vivre à poil dans un coin de paradis. Et contrairement au discours de Damasio, Rone ne veut pas nous lâcher, ne veut pas nous laisser partir. Graduellement, ses synthés nous enveloppent, nous portent, nous étouffent. Tu veux te barrer, tu veux prendre un avion, tu vois les plages se dessiner devant les yeux, mais rien à faire, la mélodie, le rythme flirte de plus en plus avec la grâce, te piège, te flingue, te matraque. On te martèle la nécessité de s’échapper, mais on t’étrangle dans le même mouvement.

Le pire, c’est que le tout déboule sur le meilleur titre du disque, Tasty City, qui s’ouvre sur une pagaille de bruits citadins, avant de partir sur un rythme techno mutant, mi-organique mi-métallique. Mais ce sont clairement les claviers, sublimes, qui portent le morceau. Mais genre qui portent le morceau dans la stratosphère, voir plus haut, je ne sais même pas où. Oubliez les échelles, sortez les fusées. Rien de spécial, le tout est presque linéaire, et pourtant c’est le pied ultime. Et je ne parle pas du moment où les synthés se parent d’une teinte mi trance-pute, qui m’écrase l’échine en mille, avant de breaker et de partir sur un écrin plus sombre et retenu, mais tout aussi fascinant. A la première écoute, j’ai cru que le métro déraillait au ralenti, avant de s’envoler en spirale vers l’espace, avec le feu autour de la carlingue, les gens qui se font aspirer dans le vide par les portes grandes ouvertes et les nuages qui s’écartent pour laisser passer ce convoi hurlant… mais tout en étant le seul à m’apercevoir de tout ce bordel, le casque vissé sur les oreilles.

Enfin, si Rone a clairement du apprécier Alice et son pays rempli de dégommés, il a peut être été aussi happé plus jeune par Mysteres et compagnie, avec les maisons qui saignent, les pommes trop mures en lévitations et autres chats télépathiques qui buttent tout le monde parce qu’ils n’ont pas eu leur mou. Car avant une belle Outro assez Blade Runner, c’est La Dame Blanche qui aura le privilège de partir pour une danse sur plus de 7 minutes. Longue montée électro hypnotique au rythme sec, qui va rapidement accueillir un étrange saxophone, jouant quelques notes avant de se fondre dans le noir, en effectuant ce va et vient tout le long du morceau, pendant que la structure de ce dernier devient de plus en plus massive. Coup de grâce, un orgue se greffe au tout, transforme l’escalade en pèlerinage mortuaire, casse la colonne vertébrale quand les deux instruments continuent de jouer alors que la techno se mue en silence, avant de repartir de plus belle, les beats pilonnant violemment, histoire de bien nous encastrer la mâchoire contre un mur.











Etrangement, ce Spanish Breakfast est un album assez court pour le genre, avec 45 minutes au compteur, adoptant presque un format pop. Mais la frustration de ne pas avoir de morceau supplémentaire est vite balayé, tant le tout se tient parfaitement. Rien n’est superflu, rien n’est foiré, tout se tient, tout s’imbrique, tout est superbe. Certes, on ne peut s’empêcher de penser que l’intro et l’interlude, étirés, auraient pu faire de grands morceaux…

Mais rien à faire, le disque est excellent, une vraie réussite, une musique qui fait copuler les rythmes de la techno avec les mélodies de l’Idm la plus mélancolique. Un album qui prend les problèmes, les préoccupations, les obligations et toute les merdes d’une journée bien rempli pour les annihiler, les écraser, les balancer hors de portée en quelques minutes. J’aimerai bien me creuser la tête pour trouver un défaut, un truc qui ne va pas. Il y en a surement. Mais je n’en ai pas envie. Car ma tête ne m’appartient plus. Le disque pousse simplement à la rêverie, à l’abandon. On divague, on se perd. Et comme Rone, on saute sur des fruits géants, on tombe dans un gouffre plein de couleurs, on danse avec des objets qui soudainement s’animent.




D’ailleurs, depuis 45 minutes, je suis toujours assis devant ma fenêtre, à ne rien faire, si ce n’est de contempler la ville… Les lumières qui s’allument, les gens qui rentrent chez eux, qui courent, qui marchent, qui rigolent, qui téléphonent. Le ciel qui s’assombrit. Les réverbères qui crépitent. Les jupes qui frisent sous le vent, les cravates qui se dénouent. Les milliers de fils électriques qui parcourent les rues. Les maisons qui s’éveillent. Certains détails semblent même s’acoquiner avec la musique perlant dans mes oreilles. On frise l’irréel. Je contemple, j’écoute ce Rone, et je n’ai rien fais d’autre pendant une heure. La conscience hors du monde. Ca faisait longtemps. Vraiment longtemps.

























10 Titres – Infiné
Dat’












LO:BLOC – From Northern Climes

Posted in Chroniques on April 7th, 2009 by Dat'


JR lines. At Night.








Ca va être compliqué de pondre le sempiternel paragraphe d’introduction parlant de l’artiste-sa-vie-son-oeuvre. Parce que je ne sais rien de ce Lo:Bloc. Enfin si, il est japonais. Et c’est son premier disque. Le seul petit verset d’info que j’ai eu de lui est en Kanji. Et je ne sais pas les lire, à part les mots Ville, soleil et bière. (Et encore, je mélange les trois quand j’ai trop pris du dernier). J’ai bien demandé de l’aide pour que l’on me traduise le tout, et avoir de quoi pondre quelque chose d’intéressant, mais la bio se révèle être une simple description, succincte, de ce From Northern Climes.

Alors je vais décaler le tout et parler directement du packaging. Car il a son importance. A dire vrai, l’artwork (superbe) a réussi le tour de force de capter mon attention dans un disquaire tokyoïte, aka le paradis sur terre où il y a plus de disques dans un rayon que de poules dans un abattoir Label Rouge. Dans cette orgie de galettes au mètre carré, il est parfois difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Surtout que la musique électronique et le Hiphop japonais sont toujours au même endroit, voir mêlés à la jpop, et donc coincés entre deux Koda Kumi et trois Ayumi Hamasaki. (D’ailleurs si le camion balançant le dernier single de la demoiselle en mode 120 decibels dans la rue pouvait faire grève, ça m’arrangerait). Oh, en passant, un nouveau double dvd de Tha Blue Herb est sorti (sans cd malheureusement) ! pour les amateurs d’imports, l’info à son importance.

Bref, cet artwork crayonné, avec ce loup trainant une poupée dans un monde post-apo, tue. On se penche obligatoirement sur le disque, ne serait ce que pour rendre hommage au graphiste. Et attendez, il y a mieux, quand on ouvre le disque, le livret se déplie pour former une frise qui accroit le panorama, la ville et le loup étant en fait encerclés par deux énormes glaciers, une bonne poignée de détritus et une lune gigantesque. Le label sortirait un poster de l’image en son entier que je l’accrocherai dans ma piaule. Par chance, le magasin mettait à dispo une borne d’écoute permettant de tester le disque, et de ne pas faire un achat totalement à l’aveuglette.


















A dire vrai, c’est la deuxième piste, Under The Leaf qui m’a immédiatement collée un merde je vais encore devoir dépenser du fric, alors que j’étais juste venu pour “voir” dans le cortex. Le morceau commence directement sur une mélodie, une sonorité d’une beauté folle, difficilement descriptible. Similaire Aux Sons Cristallins de Plaid, Mais en Plus “Asiatique” (Ce n’est pas vraiment clair je sais, mais nous allons appeler désormais cette sonorité la “SASCPM+A” le temps de l’article, car elle revient assez souvent dans l’album)
Bref, la mélodie, divine, se déroule en déployant ses ailes, tableau beau et calme, des nappes surviennent, et un gros kick déboule sans ménagement nous permettant de partir pour un voyage sans retour. Voler au dessous des nuages en évitant les coups de canons qui tentent de nous trouer le bide. Se laisser dériver dans l’espace tout en frôlant les comètes. Et Quand, à la moitié du titre, une bassline grave déboule et que les percussions s’affolent, les cheveux se dressent, l’échine se noue, les tympans tressautent. Bordel, après avoir pondu un morceau pareil, on doit se sentir drôlement fier. Le titre est d’autant plus impressionnant au casque, quand les basses sont réglées au max, pour jouir d’un contraste presque parfait.

Le titre d’ouverture, Scattered Bubbles dévoile lui une facette un peu plus abstract de l’artiste. Longue progression, presque timide, d’un morceau qui n’aurait pas fait tache dans certains disques d’Alias. Graduellement, les éléments se greffent les uns après les autres sur le beat semi-hiphop et l’étrange litanie métallique de base : piano, handclaps, nappes, beats plus sourd, le tout prend du corps sans jamais exploser, se laissant parasiter par des bruits divers sans jamais dévier de sa trajectoire.

Le morceau titre, From Northern Climes, ressortira les SASCPM+A, pour les confronter à une rythmique plus fracassée, et des claviers encore plus aériens et granuleux, formant de belles paraboles dans nos oreilles. En son tiers, le titre démarre réellement, nous emportant encore dans une broderie electronica absolue, pour partir dans un trip évasion, entre chutes de synthés et beats syncopés, toujours saupoudré de la sonorité asiatico-cristalline du dessus, main-character du disque. La fin plus dépouillée, bouffée par les échos, imprimera bien le coté homérique du tout.
The Elements, l’utilisera aussi notre copine sonorité décrite au dessus pour un morceau imparable, croisement entre la béatitude candide d’un Plaid et le rythme d’un Prefuze73. Hummer rose, Lunettes de soleils, vitres ouvertes et hiphop à fond. Sauf que l’on est point en train de rouler à fond dans un centre ville, mais bien dans une caverne de glace, à tournoyer la bave aux lèvres, noyée dans une mélancolie presque trop palpable. La progression du titre est superbe, ça scintille de partout, spirale de tintements purs sur lit rythmique bien appuyé.







Mais les bons morceaux du disque ne reposent pas tous sur cette fameuse SASCPM+A (ceux qui n’ont pas lu le début du texte ne vont rien comprendre) et Emancipation, plus abstract hiphop, se pose lui aussi comme l’une des perles du disque, dans un écrin ramenant de nouveau à Alias. Les vagues de claviers occupent le décor sur le premier tiers, créant des frises électro passant d’une oreille à l’autre ad-nauseam, ondulant tranquillement, en attendant qu’un rythme hiphop se pose sur le tout. On avance en dodelinant de la tête, la nuque en monde métronome, le sol s’ouvre sous nos pieds, une vague de violons crache une mélodie super belle par deux fois, genre grosse vague de regrets, gorge serrée alors que l’on était en train de marcher dans la rue en claquant des doigts.

Le plus expérimental In The Distance se posera avec un abstract minimaliste, beat rachitique se frayant un chemin entre deux jolies lignes mélodiques gazeuses, et quelques samples de field recording (restaurants, voitures, foule), avant de basculer sur une drum métallique et décharnée, le beat se nécrosant pour prendre une teinte plus acérée, sans jamais perturber la litanie distillée au piano.
Puddles se la jouera plus House dowtempo, nous noyant dans un mille-feuilles de synthés aquatiques, bouillonnant tranquillement, Jacuzzy entouré de percussions tribales. Le remix par Nanofingers, en fin d’album, donnera un peu plus de corps au titre, en offrant une structure un peu plus cassée et cradingue, malgré des pianos un peu trop lounge-supermarché pour passer incognito, heureusement vite balayés par le chapelet tribalo-aquatique du tout, ses samples vocaux assez mystiques et le gros grésillement du dernier tiers. Joli coup, bougrement hypnotique.

Les SASCPM+A se re-pointeront pour une sublime dernière ronde, After The Rains, qui ne prendra pas ses dernières comme fondation, ne s’en servant que pour envoyer ses “refrains” au paradis. Le morceau en lui même épouse presque la structure d’un titre pop, tout en restant instrumental, à base de refrains / couplets, ses derniers laissant le champ libre à des synthés fragiles et limpide, coupés par les excavations célestes du dessus. Le morceau pourrait être susurré sous la douche, tant le tout est évident. Ecrin ambiant fracturé par des envolées Plaid-iennes à tomber.
A l’écoute de ce titre, on pardonnera à Lo :Bloc les deux mollassons Silent Majority et Dream Feelings, un peu trop génériques et convenus pour réellement marquer.













Certes, les références pleuvent. C’est inévitable à l’écoute de ce From Northern Climes, les comparaisons débarquant et se collant aux enceintes, sans véritablement être inquiétés. Mais ces noms n’écrasent jamais de leur poids les compos du japonais (Dj de son état, je crois bien) qui délaisse les Nightclub le temps d’un album electronica matinée d’abstract, tabassant durement l?échine sur quelques titres.
Le coté reveur matraquée par des rythmes bien appuyés (histoire de radoter, en poussant les basses une fois le casque sur les oreilles, le procédé colle étrangement bien avec le disque) fait son petit effet, et frôle parfois la petite tuerie électro-melancolico-candide (The Elements, Under The Leaf, Emancipation… ) ravivant personnellement une petite fibre qui a toujours été sensible à ses ambiances.


Très bon et beau disque electronica rêveuse, située quelque part entre Plaid et Alias, aidé et porté par de superbes mélodies cristallines.

A écouter si vous avez l’occasion de tomber dessus.








Mp3 :



LO:BLOC – Under The Leaf










11 Titres – Liquid Notes Records
Dat’











Rob Da Bank – Sci-Fi-Lo-Fi vol.3

Posted in Chroniques on April 1st, 2009 by Dat'


Une histoire de godasses







Je n’aime pas les compilations. Soit le disque regroupe des morceaux façon best-of que tout le monde possède déjà. Des compilations inutiles. Il y a aussi celles qui exhument des artistes géniaux mais complètement abscons et anonymes. Il sera alors impossible de voir plus loin que le petit bout de musique présente dans la galette. On cherche, on ne trouve pas, on est triste, crise de nerf. Des compilations frustrantes. Ou sans parler, évidemment, de la baterrie des “volume 75 summer de ton été best hit il fait chaud”
Mais pire, je n’aime pas les compilations avec de la bonne musique dedans. Car je dois alors irrémédiablement acheter l’album de l’artiste qui vient de me taper dans l’oreille. Acheter une bonne compilation, c’est accepter de devoir foutre du fric dans 5 disques supplémentaires le lendemain. Et donc manger des coquillettes jusqu’à la fin du mois.


Par contre j’adore le Shoegaze. Qu’il soit rock ou électronique. Ces murs de sons me rassurent. M’impressionnent. Me soulèvent, me font rêver, planer. Des teintes qu’il est presque impossible de décrypter, tant les couches sonores s’empilent, se déplient, se multiplient. 15 guitares qui jouent en même temps. 20 claviers asymétriques qui s’envolent vers le ciel. On a l’impression de découvrir un truc à chaque écoute. Un larsen qui nous avait échappé. Une bronca synthétiques qui se révèle de plus en plus lumineuse. Un mot, noyé dans la masse, qui soudainement apparaît. Peut être le genre de musique idéal pour marcher seul dans la nuit, au milieu des néons d’une ville folle. Ou à bord d’un train, le nez collé contre la vitre, complètement crevé, à regarder d’un oeil torve le paysage se carapater.

Une compilation qui essaye de faire une petite chronologie musicale du Shoegaze, c’est risqué. Du moins sur le papier. Mais ceux qui s’occupent de cette entreprise étaient déjà responsables du très bon Sci-Fi-Lo-Fi vol.1, façonné par Andrew Weatherall, réussissant à nous faire un excellent panorama du Rockabilly déglingué.
Ici, c’est Rob Da Bank, dj de la BBC radio, qui se colle au Vol 3 et essaie de couvrir 25 ans de vagues sonores et d’ambiances violemment nébuleuses, des débuts Rock jusqu’aux actuelles errances électroniques.



















Comme d’hab avec les Sci-Fi-Lo-Fi, on se retrouve avec un packaging bien foutu, à base d’intéressantes images entre monstres gélatineux et sympathiques nymphettes en pleine séance de galipettes. En plus d’un tracklisting et d’une chronologie, le disque est garni d’un long texte narrant l’histoire du genre, bourré d’anecdotes.
Rob Da Bank réussi d’ailleurs bien a transcrire sur disque la mutation qu’à connu le Shoegaze, se tournant petit à petit vers l’électronique, cette dernière tenant même les nouveaux patrons de la discipline, M83 et Boards Of Canada en tête.








Reste que Sci-fi-Lo-fi démarre avec des titres/groupes qui n’appartiennent pas directement à la scène Shoegaze, mais qui ont surement façonnés et influencés cette dernière. Les murs de sons, les teintes évasives ne sont encore que des alternatives perlant dans des morceaux foncièrement rock. C’est dans les solos de guitares de Ultra Vivid Scene et dans le dantesque morceau de Dinosaur Jr. que l’on aura le quota de brume nécessaire pour se perdre. Reste que c’est l’ultra connu (et superbe) titre de The Jesus & Mary Chain, “Just Like Honey” (Qui a gagné un tour de piste supplémentaire grâce à la Bo de Lost In Translation) qui ouvrira le bal, résumant parfaitement ce que l’on trouvera sur la première moitié de la galette : Voix pleines d’échos, guitares abrasives en masse, nuages d’effets.

C’est Pale Saints (choppez l’album “In Ribbons”) qui se posera comme la première formation réellement estampillée Shoegaze dans cet album, avec un long titre duveteux qui va partir petit à petit sur un terrain plus crade, mais toujours aussi planant. Puis Spiritualized, Chapterhouse, Lush et Ride. Et là, on se dit que Rob Da Bank a vraiment pris les gros noms du mouvement, ne cherchant pas à nous dévoiler quelques perles méconnues et oubliées de tous, trouvées au fin fond d’un magasin anglais poussiéreux suintant le Fish & Chips. Il évite juste My Bloody Valentine, presque ironiquement. Certes. Ceux qui connaissent le mouvement sur le bout des doigts feront la moue et trouveront le tout “Useless”. Ceux qui ne connaissent le Shoegaze que de loin (ou pas du tout) seront aux anges, ces groupes étant des valeurs sures. Ce qui, comme moi, ont quelques-trucs-mais-pas-tout sauteront sur l’aubaine pour compléter les trous d’une discographie morcelée par la chance de trouver ces groupes en occaz, ou au détour d’une réédition.
Reste que personne ne boudera son plaisir devant le pétrifiant Nowhere de Ride, océan de larsen où tente de survivre un harmonica, hanté par un chant spectrale, détaché, déclamant ses dires d’une façon presque prophétique, avant de s’effacer devant des montées de guitares affolantes, à filer la chair de poule, arpentant le parfait équilibre entre rage morbide contenue et calme pré-apocalypse.
Le plus joyeux et éthéré titre de Chapterhouse se fondera dans les codes du genre (guitare claire sur mur de son évasif, voix trainante et cristalline sur armada de reverb / échos avec voix féminine pour les choeurs mélancoliques) mais étonnera avec son break presque techno sur son dernier tiers.

Ok. Mais sinon, au milieu de tout ces beaux noms, il y a Slowdive. Qui est justement, paraît il, un gros nom du shoegaze aussi. Mais que je ne connaissais pas du tout. Jamais entendu parlé. Le morceau, c’est When The Sun Hits. Et ça doit être le meilleur morceau de la compil’. Une baffe. Au casque, c’est sublime. Ligne mélodique d’intro qui tue. Qui frôle le Hit. La voix est grave, laconique, toujours dans le style neurasthénique soulagé d’avoir enfin retrouvé sa boite de calmant. Et vlan, tu te prends la montée de guitares, de synthés, de je-ne-sais-pas-quoi dans la gueule. Une vague monstrueusement belle, étirant les aigues à l’infini, montant à n’en plus finir, t’extirpant le coeur pour le foutre dans le cul histoire de tordre les viscères dans le même mouvement, et t’écraser le tout avec un sourire pervers. La montée suivant les Hey Hey ! est à crever.
Le pire c’est que tu en redemandes. Alors le groupe te ressert une mandale après un deuxième couplet, t’offre un voyage gratuit dans la stratosphère. Sauf que tu as les ailes qui brulent, que tu retombes comme une merde vers la terre et que tu vois défiler ta vie sans pouvoir faire grand chose. Mais ce n’est pas très grave parce que c’est beau. Quand la mélodie du début revient, on pense à une évidente et doucereuse conclusion. Mais le groupe bastonne une dernière fois. Une charge ultime, d’une puissance folle, à t’arracher la colonne vertébrale, sans même te bousculer. Slowdive te casse la gueule, mais t’anesthésie d’abord. Aucune douleur, aucune violence. Enfin si la violence, c’est quand le titre s’arrête. C’est quoi cette idée aberrante de faire un fondu en pleine montée finale ? Il avait bu, l’ingé son ? Il aime faire mentalement souffrir les gens ? Il s’était endormi sur sa console et il a baissé le volume sans faire gaffe ? C’était un stagiaire ? Il y a eu une coupure d’électricité lors de l’enregistrement ? Ils n’avaient pas assez de sous pour finir les morceaux ? Le pire, c’est que j’ai acheté l’album du groupe, et que plusieurs morceaux finissent de la sorte. Inexplicable.











Le basculement vers l’electro se fera avec les éminents Boards Of Canada, et leur très calme Zoetrope. Sans remettre en question les qualités du morceaux, que j’aime beaucoup (ou comment perdre toute notion du temps en 5 minutes), on pourra avancer que ce dernier “casse” un peu la dynamique du disque, étant clairement minimaliste et pas foncièrement dans la direction générale de ce Sfi-fi-lo-fi. Il y a des titres bien plus Shoegaze dans la disco des écossais que cette belle litanie dépecée.

C’est Ulrich Schnauss et son On My Own qui s’emparera donc le premier de la recette Shoegaze électro aka “Nugazers”, troquant les murs de guitares contre les lits de synthés, avec des rythmes plus appuyés et des montées souvent épiques. Ce Ulrich Schnauss, je ne le connaissais pas du tout non plus, et la découverte est tout aussi plaisante que pour les rockeurs du dessus.
Claviers cristallins, rythmes électro, voix enfantines que l’on croirait échappées d’un disque de pop japonaise, l’allemand va enfanter d’une ascension flirtant avec les 7 minutes, s’enveloppant de voluptés vrillées, de chants angéliques et d’un mille-feuilles de synthés à filer un sourire qui tranchera plus d’un visage. Own My Own laisse de coté la sempiternelle mélancolie de ces camarades pour une joie candide qui se sublime lors des refrains, façon “je vole dans l’espace au milieu d’une pluie d’étoiles avec des aliens à la con qui me tournent autour en chantant”. Superbe morceau d’un mec que je vais m’empresser de découvrir. Le break de la fin, façon église noyée dans des parasites électro, fera le parfait lien avec le fameux Teen Angst de M83.
Le français peut se prévaloir d’être la principale tête du Nu-shoegaze, et Rob Da Bank choisi de coller dans cette compile l’un des titres les homériques du bonhomme. Lyrics supplantés par une percussion épileptique débouchant rapidement sur une envolée folle de synthés cristallins, indescriptibles, noyant des choeurs féminins. Trois fois, le Space Moutain fait son boulot, et nous arrache l’âme pour l’envoyer à des milliers de kilomètres.

Petit retour dans le passé avec les inénarrables Cocteau Twins, très joliment remixés par Seefeel, ces derniers faisant tourner indéfiniment une phrase de Frazer, en la plongeant dans des saturations de tout genre. Et là où Rob Da Bank me fait plaisir, c’est en accordant une place à l’excellent Maps, qui avait sorti un très bon album il y a deux ans, réussissant à balancer une pop électro se roulant dans des strates de synthés embrumés, permettant à We Can Create de titiller bien souvent les nuages. Ce You Don’t Know Her Name, versant joyeux de Maps, ne dérogera pas à la règle en mâtinant ses refrains de soulèvement de claviers, avec un énorme gimmick au piano qui va intervenir dès le milieu du titre, magnifiant ce dernier. La montée finale aura de quoi contenter les plus en manque de brouillard sonore, avant que le morceau se dérobe sur une ballade folk un peu dépouillée et pas inoubliable du duo Dean & Britta, mais permettant de clore la compil’ sur une note un peu plus calme et posée.











Comme bien souvent avec les compilations, ce Sci-Fi-Lo-fi Vol 3 ne sera pas d’une grande utilité à ceux qui connaissent le genre ciblé sur le bout des doigts. D’autant plus que Rob Da Bank se limite clairement aux grosses têtes du Shoegaze. Mais justement, cette piqure de rappel ne peut être que bénéfique, le genre étant clairement mésestimé ces temps-ci (à l’instar du trip-hop). Tout en ayant le mérite de faire découvrir des perles absolues, et d’ouvrir les portes d’une musique complètement à part dans la frange qu’elle occupe, de sa non-couverture médiatique au total repli voir effacement des groupes face à leur musique.



Rob Da Bank a surtout le mérite de rappeler avec Sci-Fi-Lo-Fi n°3 que non, le Shoegaze n’est pas qu’une musique pour drogués et mélancoliques attendant la fin des cours en regardant les feuilles mortes tomber d’un arbre au loin, tout en triturant leur boite de prozac. Ni un truc noisy où l’on ne parle que de filles qui courent au ralenti avec le soleil dans le dos, d’amour perdu et de consciences noyées dans le vide. Ni une marque de chaussure.


Le Shoegaze, c’est de la pop. De la pop viciée, cradingue, perchée, mélancolique, abrasive, massive, autiste, perchée, neurasthénique, planante. Une pop écrasée par un millier de guitares. Par un immeuble de synthés. Par des vagues de larsens, de saturations, de bugs, de machines. Une pop qui pèse de toute sa densité, qui écrase les oreilles, qui coupe le souffle, balaye la gueule avec ses bourrasques, étouffe et fait vriller l’inconscient.


Je n’aime pas les compilations. Mon banquier non plus. Le lendemain même de l’acquisition de Sci-fi-lo-fi vol 3, j’ai du acheter trois nouveaux albums. Merde.













Sci-Fi-Lo-Fi Shoegaze coté Rock :



Slowdive – When The Sun Hits











Sci-Fi-Lo-Fi Shoegaze coté Electro :



Ulrich Schnauss – On My Own












15 Titres – Soma
Dat’











Clark – Growls Garden

Posted in Chroniques on March 25th, 2009 by Dat'


She was breaking up into a thousand tiny pieces, like snow, or bonfire sparks








Difficile de taper une intro sur un mec qui est apparu plus d’une fois dans ces pages. D’autant plus que Chris Clark me fracasse depuis des années avec ses disques, sans jamais faillir une seconde, inventant presque la 4eme dimension sonore avec son travail de production depuis Body Riddle, permettant de surclasser la plupart de ses compères en termes de textures sonores. Qu’il se la joue mélancolique (Body Riddle, Empty the Bones Of You…) ou bourrin (le traumatisant Turning Dragon, Throttle Furniture…) l’anglais se pose en briseur professionnel de colonnes vertébrales.

La bourrasque du précédant album passée, on était prêt à attendre quelques années avant de se reprendre un nouvel album de Clark dans la tronche. Reprendre son souffle, panser ses blessures, remettre ses viscères en place. Ceci était sans compter le zèle de Warp, annonçant il y a peu un nouvel Ep (gros Ep même) du bonhomme, à sortir dans tous les formats (Cd / Vinyles / Digital). Ouai content. Les premiers retours annoncent le bordel comme étant le mix parfait entre les deux derniers disques. Ouai super content, même si on flaire les effets de manche façon communiqué de presse. Un premier titre est leaké dans un show radio anglais. C’est la monumentale mandale.
















Alors le fameux titre mis sur orbite en avance, c’est Growls Garden, qui se construit pour la première fois autour de paroles allègrement distillées par Clark tout au long du titre. Et il faut croire que que ce dernier a trouvé la formule du refrain qui sera chanté dans la douche pendant des semaines. On va y revenir. Ce qui frappe d’abord, évidemment, c’est cette densité, cette profondeur qui vous gicle à la gueule dès le premier beat, dès le premier grésillement, dès le premier clavier qui virevolte. Mais cette fois un autre élément se greffe à la danse. Une voix grave égrène des mots, sans ciller : Winter sun beam break the cold ship of light. Les synthé typiques de Clark susurrent leurs mélodies, c’est le spoken word des cavernes, mais ça monte, ça s’illumine, le break part, c’est déjà trop beau mais le chant se met à balancer un culte “I will find you, in a garden, sometimes” et vlan, tout explose, une vague absolue te fonce sur la gueule, un truc inimaginable, qui te transperce de part en part pour te laisser complètement groggy. Tu viens d’essuyer l’assaut du siècle que Clark part déjà dans un trip dance presque French touch de quelques secondes avant de vriller de nouveau sur l’explosion miraculeuse, le tourbillon sonore sublime, on a juste envie de hurler I WILL FIND YOU IN THE GARDEN jusqu’à la fin de notre vie, mais l’ascension est trop mortelle alors on la ferme, on prend son pied et on chiale. Et comme d’hab avec l’anglais, le morceau va mourir tout doucement, va se déliter dans des échos fragiles et cristallins, nous laissant cons et hébétés, comme après une tempête soudaine, à se demander où est passé le toit de la maison et Simon, le petit cousin que l’on avait laissé jouer gentiment dans le jardin. Il ne reste plus que le ballon rouge. Sinon le morceau est surement l’un des plus grosses tueries engendrées par l’anglais, un morceau monumental, regroupant son coté bourrin, mélodique, dansant, mélancolique, épique… absolu.

Difficile pour Clark de tenir la barre aussi haute sur le reste de l’Ep. Mais il ne baisse pas les bras, et nous sert un The Magnet Mine qui n’aurait pas fait tache sur le dernier album : Tres dancefloor, avec ce clavier aigu qui sautille sur une instrue jamais agressive, bien que saturant cradement. Le tout est assez joyeux, techno épileptique pénarde. 2eme minute : Traumatisme = Un rythme ahurissant, pachydermique, déboule en nous fracturant les tympans au pied de biche. Le moment boucherie de l’Ep. Mais genre mega dure la boucherie, avec plein de sang, des moulinettes pour steaks hachés et des vaches qui hurlent que c’est injuste. Les digressions s’affolent, crissent de partout, ça vrille comme un zébulon sous cocaïne, jouissif. Encore une fois, la conclusion se complaira dans le nuage éthéré, toujours de bon augure après une correction pareille.








Seaweed se présentera comme l’alien de l’Ep, reposant sur une ligne de groove bien poisseuse, qui se retrouve constamment parasité par des bugs, des ralentissements, un train qui passe, des sautes d’humeurs d’une machine que l’on croirait devenue défectueuse. Le titre est basique mais totalement imprévisible. C’est comme écouter un titre du premier Daft avec une bouteille de vodka dans le nez, ou danser sur du Boys Noize dans le métro. Le titre n’arrête pas de dégringoler pour quelques secondes, avant de reprendre son pas de danse chaloupé. Certains ne seront pas passionnés par l’exercice, mais perso, j’apprécie énormément ce genre de terrains accidentés.
C’est Gonk Rouphage qui m’électrisera un peu moins, sur sa première moitié en tout cas. On va dire que la barrée intro breakbeat concassée dure un peu trop longtemps, et peut vite gonfler. Mais dès le milieu du titre, tout redevient fou, avec une averse de sons paraboliques indus à crever, et un final (trop court raaah ! ) qui part dans un trip rave de furieux, à tuer sur plac plus d’un dancefloor. Le truc ronfle mechamment, et aurait mériter de continuer une petite minute de plus. Frustrant.

Mais Clark reprend les rennes avec le mirifique Distant Father Torch, Hiphop mutant absolument monstrueux, aux basses monumentales, qui persécutent une mélodie presque christique, entre synthé de fin du monde et orgue d’église en mode post-apo. Le morceau en lui même est presque linéaire, tout en étant gigantesque, d’une profondeur à filer le vertige. Quand les claviers s’élèvent, alors que les rythmes tonnent de plus belle, ça prend le coeur, ça arrache la gueule, chair de poule. Passage à tabac sous somnifère, champ de bataille en slow motion avec la faucheuse pour seul guide, on se laisse bercer par ce matraquage claudiquant et presque gauche, en total décalage avec la ligne de synthés, Hiphop décharné, c’est comparable avec les meilleures élucubrations d’ Autechre. On vient de se prendre un immeuble sur la tronche, oublions l’hypothétique poche d’air sous les gravas.

C’est d’ailleurs le néant, l’attente et la plénitude d’après conflit qui nous attendra derrière ce diamant, car Farewell Mining Town se la jouera bande son pour ville désolée, fresque où seul le vent et les choeurs d’anges déchus se débattront dans nos oreille, pour un très beau titre ambiant. Qui emboite parfaitement le pas à Distant Father Torch, nous plongeant dans liquide amniotique histoire de panser les blessures subies précédemment. On ferme les yeux, on se laisse dériver sur ce lit de voix et de simili-orgues en profitant du paysage.








C’est tout ? Non car deux morceaux de plus s’incrustent dans l’édition japonaise :
Penultimate Persian Penultimate Mix tout d’abord, refonte du diamant concluant Turning Dragon, petite merveille electronica qui se muait graduellement en hymne dance old-school à crever tellement c’était trop beau. Le remix, très analordien, se focalise entièrement sur l’intro du titre, pour développer les synthés, et la belle mélodie qui en découlait. Pour schématiser, il va étirer et retravailler les 25 premières secondes du morceau, pour en former un de 3 minutes 30. On laisse les beats en retrait, moins saccagés, pour faire chialer la mélodie, claviers en apesanteurs, avec un mirifique passage au milieu, épique, qui donnée envie de courir vers une falaise pour s’envoler la bave aux lèvres et le sourire jusqu’aux oreilles. Enorme.

Bread Session 5 jouera lui sur l’opacité, en présentant une composition expérimentale, où un beat fourmillant, crépitant de partout, se noie dans une vague d’échos incessants. Une mélodie mortuaire perlant d’un piano désaccordé se ferait très faiblement entendre au sein de cet aride chaos. Le tout est assez mortel au casque, mais perd pas mal de sa dimension sur des enceintes. Le titre agonisera sur une longue saturation de guitare, complètement cramée, qui semble rendre l’âme, liée à un synthé tout chétif et fragile. Etonnant (surtout au casque), bizarre, mais manquant clairement d’un je-ne-sais-quoi d’émotion pour que le titre sorte de son écrin “démonstration technique”











As usual, Clark défonce, dans la vague émotion qu’il nous jette en pleine gueule, dans sa production et dans son relief sonore toujours faramineux. Son titre Growls Garden est gigantesque, et devrait à coup sur lui ouvrir les portes de chemins non arpentés auparavant. C’est la baffe évidente de l’Ep, c’est aussi son morceau le plus simple, le plus direct, le plus touchant depuis un bail. Mais Clark n’a pas policé sa musique pour autant, et balance des aliens de folie comme son fracassant Distant Father Torch, autre bombe de l’Ep, avec The Magnet Mine (les rythmes démarrant à la 2éme minute, bordel…) et Penultimate Remix.

En espérant que cet Ep annonce un nouvel album, et que le morceau titre puisse, dans le meilleur des mondes, tourner à la radio, à la télé, dans les bagnoles. Il a le potentiel pour. En attendant, je vais me contenter de hurler les lyrics sous la douche. Ca marche aussi.










Mp3 :


Clark – Growls Garden Clic droit / Enregistrer sous










8 Titres – Warp Records / Beat Records
Dat’











Videos µ°11

Posted in Chroniques on March 15th, 2009 by Dat'


Symétries











[url=
from Vimeo][/url]

Nil – Ma Disconica (Monome Remix)












Archive – Bullets













4mat – Vertical










Dat’
Descriptions en commentaire !








The Mitchell Brothers – A Breath Of Fresh Attire

Posted in Chroniques on March 10th, 2009 by Dat'


Someday, British Youth







Même en étant un grand fervent de The Streets, j’ai été, après l’euphorie de la découverte, assez déçu par le dernier album en date. Très bien foutu, jolies instrues, morceaux plus longs. Rien de méchant à reprocher à ce Everything is borrowed (si ce n’est des textes moins cinglants que sur les précédents essais)… Pourtant impossible de remettre le disque dans mon lecteur. Aucune envie de me replonger dedans, là où les deux premiers continuent de me hanter, frisant la perfection, pointant tranquillement dans le cercle de mes albums de Hiphop préférés.

A la sortie de The Hardest Way To Make An Easy Living, aux textes énormes, mais trop frugal et radin, puis de ce Everything is Borrowed, et les relatives déceptions qui ont suivi, je me toujours tourné vers un disque, fortement affilié à Mike Skinner. Histoire d’avoir sa petite dose de The Streets, sans se tourner obligatoirement vers les deux premiers opus, étrillés comme jamais par mes tympans. Les similitudes entre ces derniers et l’album des Mitchell Brothers sont telles, que j’ai longtemps considéré ce A Breath Of Fresh Attire comme le troisième album “non officiel” de Skinner. Il faut dire que c’est sur The Beats Recording que la galette est sortie. Et qu’elle est quasi-entièrement produite par The Streets, qui pose même sur la majorité des choeurs et refrains. Pourtant le groupe est quasiment inconnu en France.

L’histoire est d’ailleurs marrante, les deux frères Mitchell se retrouvant signés sur le label après avoir glissé, ni vu ni connu, une maquette dans la poche de Skinner, avec un numéro de téléphone, alors que ce dernier faisait la queue dans une banque. Ils auraient pu se prendre un coup de pied rotatif. Ils se retrouvent signé sur le label le plus en vue du Hiphop anglais à l’époque. Comme quoi, l’audace paye encore un peu. Je compte faire pareil si je croise Britney Spears au kebab du coin.



















Je disais donc que Mike Skinner s’est réellement impliqué sur ce disque, première sortie Lp de son label oblige. Crédité que deux fois sur le tracklisting, il est en fait sur tous les morceaux, ou presque. Il fait des feats, il chantonne sur les refrains. Comme sur ses propres albums. Et quand il ne fait rien de tout ça, on l’entendra quand même discuter ou dire une connerie en début ou fin de morceau. Le micro est en panne ? Il branche sa boite à rythme pour concocter les instrues. Les prods ne choqueront pas les amateurs des deux premiers The Streets, les ambiances, les beats, les claviers y sont similaires (un gramme de préciosité en moins). Quand aux textes, on reste dans le trip glande avec ses potes, bières au pub, on refait le monde assis dans le parking du coin, équipe de Liverpool, beuveries à la bière premier prix et drague foireuse…

Le mimétisme est tellement flagrant que ce disque des Mitchell Brothers se tapent les mêmes défauts que ceux de The Streets : Il y a le sempiternel morceau niais-guimauve (She Got It All Wrong) avec piano et refrains pleins de trémolos. On a aussi le morceau un peu sombre plombé par une instrue linéaire et un peu irritante (Someone Can’t Look Us In The Eye et G.o.r.g.i.e ) ou l’instrue dont on ne voit pas le bout, genre la Mpc est bloquée sur une pattern qui tourne en boucle pendant le mec est descendu à la superette du coin ( Wish I did the Same )








Sanction. Certes le paragraphe commence mal. Mais au moins on a lâché les griefs des le départs, plus besoin d’y revenir. Car le disque referme de belles claques. Le court Fuck Me ? Fuck You ! entame l’album avec un pied sourd et fracassant, couvrant les deux frères qui se vanne mchamment tour à tour. Mais c’est Routine Check qui va se présenter comme première mandale réglementaire. Le flow est bien rond, les accents anglais sont à couper au couteau, les beats claquent comme la mort, et les deux frères narrent les contrôles de police au faciès, et à répétition. Comme souvent sur le disque, les points de vue se croisent et s’entrecroisent, ne se limitant pas qu’au monologue de rigueur, et, à l’instar de The Streets, s’appuient sur des descriptions précises et acides des situations. Le deuxième couplet se base sur une discussion Police Vs Mitchell, ce dernier jonglant avec les personnalités entre chaque phrase : Whats the problem officer ? / Just a routine check mate, thats why we stoppin ya / This is the 3rd time now i must me popular / … / I showed you all my papers now what more do you need? / Now come on son where you hidin all the weed? Is it in the glove compartment or under the seat? Behind the sun visor all tidy and neat now listen son you might as well tell me what you got…. L’énorme Kano déboulera pour un couplet bien hargneux, avant que Skinner himself s’incruste en cabotinant tranquillement, contrastant avec ses potes du dessus en avançant qu’il Oi oi I don’t get many routine checks those days, et que la dernière fois qu’il s’est retrouvé au commissariat, c’est simplement pour signaler le vol de son super portable, qu’il avait en fait fracassé lors d’un stupide pari au babyfoot.

Autre tuerie avec Harvey Nicks, et son intro toujours parcouru de handclaps bien violentes et surtout habitée d’une drôle ligne mélodique casio, qui mute en grosse bassline à faire trembler l’immeuble. Le Morceau est lancé, des basses crades et vrombissantes secouent le tout, ça balance à mort, Skinner est au refrain et un texte assez énorme. On accueillera une autre grosse tête du Hiphop anglais, qui était presque anonyme à l’époque : Sway. L’anglais, que l’on connaît maintenant pour flirter avec la superstar Akon, pour avoir peté les charts anglais, et pour faire parti du groupe de Amon Tobin Two Fingers (album à venir). L’un des morceaux incontestables du disque.

Autre morceau bien jouissif, When The Whistle Blows et son rythme epileptico-cheap, narrant le fan de Liverpool fou devant l’écran, insultant l’arbitre et jurant devant chaque action, avant que la télé lâche en plein match. Ou Excuse My Brother, confrontant encore deux points de vue, celui du Tony Mitchell, défoncé, foutant le bordel et draguant tout ce qui bouge dans un bar minable, tandis que son frère, sobre, s’excuse à tout rompre, et tente de calmer le jeu pour que la soirée ne tourne pas au pugilat. Encore une fois, les lyrics alternent les points de vue, avec une description clinique du moment, et un Skinner qui s’incruste encore pour quelques phrases. Le texte anime heuresement une instrue un peu monolithique, bien que le métronome soit bien appuyé.
Comme pour le mentor, plus que des morceaux, les chansons se prennent comme de petites histoires, des scénettes bourrées de détails, d’une vie quotidienne souvent banale, aliénée par l’ennui et la boisson. On pourrait presque faire un court métrage pour chaque morceau, tant les lyrics mâchent le travail, se muant en véritable images sonores.










Et si le disque choppe les mêmes travers qu’un The Streets, il sait aussi atteindre un niveau affolant pour les mêmes raisons. Il suffit que Skinner déballe une prod d’une classe folle pour que l’on tutoie la perfection. Smart Bastard tout d’abord, superbe instrue de cordes samplées, et de choeurs classiques, matraquée méchamment par une boite à rythme, au tempo lent, mais écrasant. La compo est une vraie tuerie, ça se loge directement dans la nuque, pour la parasiter totalement tout le long du morceau. Les frères Mitchell poussent l’exercice du ping-pong vocal encore plus loin, et se succèdent au micro à chaque mot (ou presque), donnant au titre un coté très haché, collant parfaitement avec le tout, et contrastant avec le refrain chanté. Enorme morceau.

Personnellement, je trouvait The Streets au plus haut de son art dans l’exercice “instrue façon dance-émo-grime-slow-motionnées”, comme sur le chef d’oeuvre Blinded By The Lights, Turn The Page , Stay Positives ou Empty Can. Direction un peu abandonnée par la suite d’ailleurs, à mon grand désarroi. Mais Skinner a concocté deux pépites dans le genre pour les Mitchell Bros :
Le superbe Alone With The Tv tout d’abord, morceau un peu pessimiste, dissertant sur la solitude perlant d’un couple qui se croise sans jamais se voir, entre les horaires de boulot, lassitude et routine de la vie, avant que la demoiselle quitte définitivement la maison, lassée de vivre avec un fantôme, laissant un vide pour de bon. First this this morning you ironed my shirt for me / At lunchbreak we were fighting on the phone / This evening i bought back dvds / But I’m alone with the TV…
Encore une fois, le tableau est superbement décris, d’une façon clinique. Mais c’est l’instrue qui renverse tout, avec ce gimmick vocal pitché sur un lit de synthés dance passés au ralenti. Le tout est grave mais super beau, un peu cheap mais classe, parfait équilibre mi-pute mi-dépressif. Au niveau des meilleures salves de The Streets.

L’album se terminera sur son meilleur représentant, Don’t Try This At Home, conclusion de 6 minutes, fresque Hiphop d’une mélancolie absolue. Cordes synthétiques lancinantes, claviers dance bullet-time, rythme un peu plus en retrait, refrain à filer la chair de poule, on frise la perfection. Les Mitchell se lâchent avec flow à haute vitesse, balançant leurs phases en donnant l’impression de ne pas se soucier du rythme. Ils sont décalés, vont trop vite ou pas assez, mais tant pis, il faut cracher le texte avant de mourir, il faut compter cette histoire qui pue la tristesse, cette nuit qui tourne mal, spirale négative, façon film noir. Ça suinte le bitume, les rues crades, la solitude au milieu d’une ville sombre et désertée, où s’ébattent deux-trois dealers se prenant pour des cow-boys, entre les chats errants et les poubelles. Un classique, l’un des morceaux de hip-hop anglais que je préfère. Qui prend la gueule et les tripes, qui vous retourne et extirpe les souvenirs, pour vous les jeter en pleine face. Sublime.











Ce A Breath Of Fresh Attire est évidemment à conseiller, en premier lieu, aux fans de The Streets. Du moins de la première moitié de la discographie de l’anglais, tant la symétrie entre les deux oeuvres est flagrante. On pourrait arguer que la redite pourrait alors se pointer, et que la nouveauté n’est point là. Certes. Difficile d’être étonné par ce disque quand on connaît sur le bout des doigts les galettes de Skinner. Le plaisir est au départ presque coupable, ravi d’avoir dans les oreilles un album qui sonne comme une sortie avortée de The Streets, comme un 3éme album non officiel. Je l’avais d’ailleurs pris à sa sortie comme palliatif, comme disque permettant de facilitant l’attente d’un Hardest Way To Make A easy Living qui s’annonçait dantesque. Avant de vite changer mon approche du disque. Car au final, Ce Mitchell Brothers s’est révélé bien meilleur, supplantant le boss le temps d’une galette, et se posant comme une petite référence.

D’ailleurs, le deuxième album des frères Mitchell, sorti fin 2007, n’a pas gardée cette superbe. Invitant pourtant Calvin Harris, Plan B ou Franz Ferdinand, le pas super Dressed For The Occasion n’arrivera pas à faire une once d’ombre à son prédécesseur, délaissant les tableaux taillés au cordeau et les instrues bien troussées pour un Hip-hop plus rigolard et radiophonique.

A Breath Of Fresh Attire se poserait presque comme un petit trésor ignoré, écrasé par sa ressemblance avec les rouleaux compresseurs de The Streets, sorti au mauvais moment, et n’ayant presque jamais eu de résonance en France, pouvant même se prendre comme un gros Ou est Charlie ?, histoire de voir si l’on peut détecter toutes les interventions de Skinner.
Mais c’est pourtant de cette concordance qu’il en tire ses qualités, alignant de vraies perles ( Don’t Try This A home, Smart Bastard, Alone With The Tv… ), bénéficiant du talent évident de Skinner pour les instrues, et tapant souvent juste avec des textes toujours aussi crus et réalistes, croquis de situations souvent banales mais royalement bien décrites…


Une très bonne galette, un peu oubliée, pour les amateurs de The Streets donc… Mais surtout pour ceux qui apprécient le hip-hop UK en général.

























12 Titres – The Beats Recordings
Dat’










µ-Ziq – Lunatic Harness

Posted in Chroniques on March 5th, 2009 by Dat'
Oversleeping C’est en tombant sur le planning complet du label Planet Mu pour cette année 2009 que je me suis tourné, avec une mélancolie certaine, sur ma pile de disques, sur laquelle trône toujours les vieux disques de µ-ziq aka Paradinas, le boss du label. Pas que le mec prévoit de sortir de la polka (Le Jega est enfin daté, on y croirait presque, les deux Venetian Snares aussi, dont le Horsey Noises et sa cocasse jaquette ) Mais point de µ-ziq à l’horizon. Certes le dernier essai de date pas de très longtemps, Paradinas ayant trusté le podium musical de l’année 2007 avec son Duntisbourne Abbots Soulmate Devastation Technique, étrange album cancéreux emplit de beats crades et de synthés nauséeux. Mais quand même, la larmichette est de mise. µ-ziq, c’est clairement l’un de mes musiciens favoris, l’un des trois mecs que j’ai le plus écouté dans ma petite vie. C’est aussi une batterie de classiques étalés sur 15 ans, l’homme n’hésitant pas à faire muter sa musique pour mieux défricher les chemins d’une électronique qui semble presque se développer à chaque sortie de Paradinas. Lunatic Harness (et le confidentiel Urmur Bile Trax) marque un basculement dans le son du bonhomme, laissant entrer franchement des rythmiques Drill – Drum dans sa musique, sans jamais se délester des superbes mélodies lacrymales trottant tout le long de ses premiers opus. L’album symbolisant l’équilibre parfait dans la carrière de µ-ziq, brassant tout un pan de la musique électronique sur 70 minutes. Pourtant le musicien semble trop souvent cité en dernier, à coté de ses comparses tout aussi influents, lors d’une discussion sur l’electronica Warpienne / Rephlex… Passons outre le feuillet anémique tentant de se faire passer pour un livret, et plongeons sur Brace Yourself Jason, énorme entrée en matière, cristallisant bien ce que l’on pourra trouver tout au long du disque. Un clavier sautillant, un rythme Drum saccagé, et ces nappes mi-angéliques mi-nauséeuses, semblant faire fi des aspérités rythmiques, hululant leur tristesse sans se faire avaler par le chaos. Rapidement, une mélodie 8 bits imparables se fait entendre, tirant le morceau vers un territoire plus candide, même si toujours plombé par les demoiselles du dessus. Ca fuse, ça s’arrête net, le rythme n’est jamais là plus de 30 secondes, comme si un échange de balle s’instaurait entre la mélodie et le métronome. Quand tout s’enflamme vers la fin, ralliant les éléments du morceau pour une dernière bronca, chapeauté d’un violon chair de poule, on est déjà convaincu que ce Lunatic Harness se pose comme un album de folie. Hasty Boom Alert se fera plus mélancolique, pataugeant dans les ambiances éthérées que µ-ziq fera fructifier sur son dernier disque. Les nappes de synthés flottent, s’allongent, se frôlent, tandis qu’un rythme hystérique galope, bastonne, tentant de détruire le calme ambiant. Pourtant ces derniers restent étouffés. Ils tonnent, grondent, mais n’agressent pas, s’effaçant même pour laisser la mélodie s’envoler. Le contraste est très beau, le titre entier jouant sur cette dualité violence / calme absolu, tout en surprenant avec ce rythme Hip-hop claquant sur les 15 dernières secondes. Mushroom Compost tapera aussi dans cet affrontement, pétrissant des gimmicks électro aquatiques que l’on croirait sortis de Tango / Bluff, pour les martyriser à grand coup de drum affolée. Blainville nous arrachera le premier sourire du disque, entre mélodie rigolarde et petits bleeps cristallins, mais c’est bien Lunatic Harness qui explosera les conventions instaurées par les titres précédents, démarrant sur les chapeau de roue en explosant, dynamitant, que dis-je, torturant une phase de beat-box pour la faire muter en Drill-folle-out-of-control, désamorcée par des breaks super cools à la mélodie de jeux vidéos mignonne et autres bruitages cheaps. On claque des doigts, on se dit que l’orage est passé, le parapluie est rangé, on saute dans l’herbe encore fraîche le sourire aux lèvres, le soleil brille, les oiseaux chantent, on prend sa respiration. Vlan, un Tgv nous écrase la gueule, éparpillant nos viscères aux quatre coins de la fresque, le beatboxeur frise l’épilepsie, c’est génial, le rythme ultra lourd de la fin est tellement jouissif qu’on à envie de décéder sur place, un vrai bordel, le pied total. Le long Approaching Menace (qui ne pourrait pas trouver meilleur nom) secouera nos esgourdes avec une drum indus ultra bourrine, à peine accompagnée d’une nappe intimidante, mais Paradinas reviendra vite à la drill belle et insouciante grâce à My Little Beautiful, et surtout l’excellent diptyque Secret Stair Pt 1 & 2 La première s’ouvrira sur des claviers sublimes, de coutumes chez l’anglais, qui se dérouleront lascivement avant de se faire chopper par une rythmique rampante, Amen break super rapide à filer la chair de poule. On ferme les yeux, on apprécie le voyage en se disant que le morceau arpente la même voix que ses camarades. Mais le titre bascule sur une mélodie absolument divine, à te compresser la colonne vertébrale, la passer au hachoir pour la refourguer aux requins. Très brèf, n’apparaissant que trente secondes maximum, ce petit entracte au Moog servant de miracle se fera dérouiller violemment par la rythmique. Pour revenir à la toute fin de la chanson, se posant comme conclusion parfaite d’un titre qui me paralyse à chaque fois, tant le moment de grâce, absolu, y est trop bref. On grappille les secondes comme un mort de faim, on fait abstraction de tout pour profiter de la mélodie, que l’on aimerait entendre courir pour toute une nuit. Un morceau qui se pose pour moi comme un grand classique de Paradinas, ceux qui vous marquent au fer rouge pour les dix années à venir, sans raison apparente, à l’instar d’un Twangle Frent, µ-ziq Theme ou d’un Siege Of Antioch… La Part 2 prendra la suite directe de sa grande soeur, sans (malheureusement) faire continuer le petit diamant du dessus, mais en enrichissant le tout de violons innocents et de beats moins soutenus (bien qu’escarpés). Toujours aussi bien foutu et prenant. Le dernier tiers du disque sera habité par deux morceaux bien sombres, tranchant avec les rythmiques rapides et convulsés du reste de la galette, pour s’enfoncer dans un brouillard maculé de claviers funèbres, dont l’alien Wanabee préfigurant certains travaux d’Aphex Twin dans sa période Drukqs, aka j’ai enregistré mon morceau dans une cave en tapant sur des objets non identifiés, le tout sur des notes glaçantes. La légende veut que ce morceau soit un “remix” du tube Wanabee des Spice Girls, vu la phrase déclamée en boucle par une voix gutturale : If you wanna be my lover, you gonna get with my friends. On finira la tête écrasée dans les caniveaux de London, monolithe sublime, où les nappes spectrales flirtent avec les violons et les clochettes cristallines sur plus de 6 minutes. Seul sursaut, brisant littéralement ce calme et ces oppressantes ténèbres : Un beat pachydermique, saturé et craspec, qui va s’incruster par deux fois dans le morceau, histoire de lâcher quelques boucles. Ces deux pièces opaques seront séparées par l’impeccable Catkin and Teasel, Hiphop bien tranquille, à la mélodie aérienne et tristounne, qui va virer, graduellement, en Drill’n bass étouffée mais bien bordélique, giclant de partout. Hypnotique, le morceau implose petit à petit, nécrosant sa base première sous les coups de butoirs rythmiques dérouillés. Le disque se finira sur le sublime Midwinter Log, petite balade insouciante qui va vite frôler le jeu de massacre rythmique, avec des beats acérés ne demandant qu’à se déchaîner crissant, s’étirant, vrillant, fulminant sans jamais partir véritablement à l’assaut, n’inquiétant pas la tranquille marche de violons et autres nappes célestes. C’est à la moitié du morceau que l’on frisera le chaos, avant de retomber dans la béatitude bubble-gum du départ. Difficile d’être critique devant Lunatic Harness, tant l’album tutoie la perfection dans tous ses ingrédients, des nappes chair de poule aux mélodies belles à crever, en passant par des rythmiques bien présentes et des facettes bien variées. Les rythmes justement, toujours épileptiques, toujours acérés, flirtant avec la Drill’n bass, sans jamais tomber dans l’ultra violence de Bilious Path, apaiseraient presque : Bien qu’escarpés, ils ne bouffent jamais la structure réelle du morceau, explosant tout en gardant une parcelle de retenue, de timidité, mettant en exergue des compos parfois à chialer. S’il est difficile de soutenir que ce disque cristallise le meilleur de µ-ziq, tant ce dernier à évolué au cours de sa discographie, et que certains disques nous accrochent d’un point de vu strictement sentimental, (Je serai bien incapable de dire quel est mon disque préféré du bonhomme, même si Bluff Limbo m’a sûrement marqué à jamais), on s’avance sans risque en disant que ce Lunatic Harness se pose comme parfaite mosaïque musicale de l’anglais. Un indispensable dans la catégorie electronica / drill / drum pré-2000
µ-ziq – Brace Yourself Jason
13 Titres – Astralwerks Dat’