Thom Yorke – “The Eraser”

Posted in Chroniques on July 25th, 2008 by Dat'


Indélébile…



ble…

Thom Yorke sortant un album sans les têtes de radio ? mouerf…

Puis les échos sur la réputation du disque se sont faufilés petit à petit dans ma caboche : Disque pour neurasthénique, complètement électronique, froid, difficile d’accès, Thom Yorke plus autiste que jamais, album de bidouilleur… (tout ceci pour mon plus grand plaisir…)

L’énorme promo pour cette galette au japon a fini de m’achever, pas possible de passer à coté de cette dernière… (Pour un prix risible en plus, 1500 yens, peut être pour cela que l’on me l’a offert )







Encore une fois, la pochette est superbe. Cartonnée, elle se déplie à n’en plus finir, montrant un homme détruisant une ville entière d’un revers de la main…
9 titres, c’est peu… et pour une fois, pas de titres bonus dans l’édition japonaise… Mais quels titres !!!



Le morceau éponyme, “The Eraser”, ne fait pas défaut à la petite réputation d’album numérique et autiste forgée depuis sa sortie… Ligne de Piano noyée dans des crépitements électroniques, la voix de thom yorke plus vulnérable que jamais. Le morceau prend très rapidement son ampleur avec des coeurs lointains fantomatiques, pour finir sur une montée de synthés s’emmêlant dans les plaintes du chanteur… On tombe amoureux directement de cette ambiance feutrée et enfumée si l’on est un temps soit peu sensible au genre…


Le 2eme titre, “Analyse” s’enchaîne directement après, pour nous offrir le premier bijoux de l’album…
Même recette, une mélodie imparable, le morceau puise son gigantisme dans ses nappes de synthés intervenants par deux fois dans la chanson…
C’est simple elles sont tout simplement à se damner… le final m’a littéralement arraché la colonne vertébrale à la première écoute… (au casque) superbe, tout simplement…





On continue dans le très bon avec “The Clock” et sa rythmique rapide, et surtout “Black Swan”, thom york égrenant un chant désabusé sur fond de guitare acoustique et bleeps electros… un synthé désincarné rampant derrière le titre… le titre reste calme, presque sur la même mélodie pendant 5 minutes, mais le tout transporte, fait rêver…


Skip Divided Tranche assez avec les 4 premières pistes, plus agressive (enfin toute proportion gardée hein… ) et plus courte de l’album, des sons électroniques crasseux suivant les montées de voix du Thom Yorke balançant ses “Hey Hey! you are a fool” hallucinés.. Mortel au casque, tout se baladant d’une oreille à une autre…


Toujours au rayon des trésors de l’album, “And It rain All Night” est sans aucun doute mon titre favoris…
Grosse basse électronique, synthétiseurs ultra-presents, toujours fantomatiques, voix de Thom Yorke à pleurer, ce titre est le diamant de l’album… Une sorte d’“Idiotéque” de Radiohead au ralenti, impressionnante, qui monte, descend, à la structure éclatée, les basses ronflant encore plus au milieu du disque pour partir dans un trip quasi Techno/IDM, avant de laisser la voix seule avec les lignes de synthés…
Je le vois bien rentrer en transe en live, comme il le fait souvent, en interprétant ce morceau…
Juste




Manque de pot ce titre est entouré pour moi des deux ratés de l’album…
Tout d’abord “Atoms For Peace” qui est juste chiant pendant les 3/4 du morceau, à cause d’une instru que je trouve sans saveur… J’ai eu du mal à aller au bout les premières fois, ce qui est bien dommage vu que sur ce morceau, la voix de Thom Yorke y est peut être plus vulnérable et sensible que jamais sur l’album, (Les paroles aussi) et surtout qu’après 3 minutes, une mélodie vient s’installer, emplie d’écho, et belle comme la nuit… Bref un morceau “à retardement”, qui oblige à fournir des efforts pour ne pas louper la fin belle et cristalline…

L’autre Morceau, c’est “Harrowdown Hill”, Premier single de l’album d’ailleurs… Agréable, la guitare quasi Funk sur des basses électroniques assez appuyées est plutôt bien placée, le refrain vraiment sympa, mais je ne sais pas, le morceau ne me convainc pas… j’ai l’impression qu’il manque quelque chose… L’impression d’être seul dans ce cas m’étreint, car tout le monde (critiques, chroniques, avis sur Internet) s’accordent pour dire que ce morceau est peut être le meilleur de l’album, mais non, je ne vois pas… Sympa, rien de plus (même si j’ai un petit faible pour le break assez ultime vers la fin du morceau)


Heureusement, “The Eraser” se clôt sur un morceau génial, “Cymbal Rush”. Ou seul les Bleeps et la voix de York emboîte le début de la piste pour laisser se superposer graduellement des nappes de synthés, un piano désincarné, petits crépitements et autres échos… L’ambiance est froide, lourde, triste, puis tout s’accélère, monte, s’emmêle…
LE morceau de l’album avec “And it rained all night”, un petit chef d’oeuvre…



Marcher dans les rues de Tokyo la nuit avec “The Eraser” dans les oreilles restera un souvenir impérissable, tant l’atmosphère du disque si prête…
Je Vais essayer de rester un minimum objectif (c’est pas mon fort ) et ne pas mettre ce disque dans les “Incontournables”…
Il en restera un disque que toute personne sensible à l’électronique froide et calme, à la voix de thom yorke ou tout simplement aux travaux hallucinés de Radiohead ne se doit de louper…


Un clip amateur non officiel pour Cymbal Rush avec une qualité de son un peu douteuse, mais bon :





Videos µ°6

Posted in Chroniques on July 21st, 2008 by Dat'



Double the stuff + double the cats = Quadruple the Awesome



6eme Salve :















Avril – The Date












Coaltar Of The Deepers / Sadesper Record – Siesta












Kid Koala – Basin’ Street Blues










Dat’
Descriptions des videos en commentaire !







Alarm Will Sound – Performs APHEX TWIN (Acoustica)

Posted in Chroniques on July 9th, 2008 by Dat'


You cant do classical music without a strat…






Aphex Twin m’a foutu une tripoté de branlées auditives, et cela grace la majorité de ses productions. Pourtant je crois être bien incapable de parler d’un album de sieur Aphex. La complexité de certains disques peut être, mais surtout un “background”, un ressenti, un trop gros passif émotionnel accroché à toutes ces galettes.
Comment expliquer l’émerveillement absolu lors de la première écoute de Richard D.James Album, ouvrant des territoires jusque là inexplorés par mes tympans? Ou l’incroyable complexité de Drukqs, à la beauté quasi-maladive, sans équivalence. Et la fureur de Come to Daddy traumatisant pour un gosse qui découvrait des clips cauchemardesques, la gerbe coincée au milieu de la gorge…


La parade, c’est d’aborder Aphex Twin en parlant d’autre chose. C’est ce Alarm will Sound Performs Aphex Twin, où quand une bande de fous tentent de s’attaquer au repertoire de l’anglais avec pour seules armes violons, batteries, clarinettes, pianos et autres instruments acoustiques (plus un fender rhodes). Un orchestre entier pour s’attaquer aux compositions d’un seul homme. Et il fallait au moins ça, vu que le groupe ne se limitera pas aux titres les plus calmes du génie des Cornouailles, en piochant avec aise dans Drukqs, Richard D.James Album, et Selected Ambiant Works II.


En écoutant les versions d’origines d’Aphex Twin, parfois inabordables dans la construction, on rigole bien devant l’ampleur du projet, en se demandant comment des mecs assez fous auraient pu avoir l’idée de se prendre un mur d’une façon aussi violente. Et en pleine face siouplait.















La pochette n’est pas d’un esthétisme rare, mais elle distille des informations assez intéressantes sur la façon dont Alarm Will Sound a abordé le boulot. Chaque morceau se retrouve avec un opérateur, un chef d’orchestre, qui va diriger les autres zozos pour respecter au mieux les matériaux de base. Sans compter la liste totale des instruments utilisés pour le disque, (une trentaine environ) sur les 13 titres choisis pour passer à la moulinette acoustique.








Le plus drôle, c’est qu’Alarm Will Sound ouvre le bal par un titre de Drukqs, Cock/Ver10, sûrement l’un des plus escarpé du double album… Droide en pleine implosion, maelstrom de sons métalliques et âpres qui se voient déchirés par une mélodie belle à pleurer, d’une fragilité extrême.
Que les sceptiques se rassurent, les rythmiques completement vrillées d’Aphex Twin sont toujours présentes, grâce à une batterie en pleine crise d’hystérie. Le matraqueur de füts (quoique ils sont peut etre plusieurs à taper en même temps) jouent avec une telle cadence qu’il en arrive à “driller” la rythmique, comme si cette dernière était crachée par une machine folle. (Avec une teinte plus claire néanmoins). Bref, on se retrouve ici en pleine pluie de couteaux, de rythmes cinglants, épileptiques, alors que des violons se chargent des envolées et déchirures autrefois perpétrées par des grillages en pleine floraison.
Hop, break, clarinette, violon et je-ne-sais-quoi se joignent pour cracher cette ligne belle à pleurer, soutenue par une grosse caisse bien pesante. Et l’on va jongler entre l’enfer et le paradis sur les 6 minutes que composent cette relecture magistrale, arrivant à piétiner tous les vannes que l’on avait mis de coté pour descendre en flamme ce projet pourtant perdu d’avance. Sans compter que la dernière attaque, fulgurante, arrachera la mâchoire de tous les amateurs du genre. Les instruments à vent rugissent, la rythmique martèle, tout s’envole dans une tempête de fin du monde. Imaginez la scène au conservatoire :

– “Bonjour mon petit Nicolas, que vas-tu nous interpréter avec ton beau violon tout neuf ? ”
– ” Cok/Ver10, tiré de la sonate Drukqs, jadis interpretée par le grand Aphex Twin ! ”
– ” hein ?!?!”









Allez je vous vois venir, on attend le moment où je vais lâcher un C’est même mieux que la version originale pour me sauter dessus et me taillader l’aorte avec un pis de vache.
Il est presque inutile de préciser que la force des compositions d’Aphex Twin balaieraient toutes relectures. Certes. Mais certaines peuvent néanmoins être sublimées. Souvenez vous de cette balade étrange au milieu du Richard D.James Album, Logon Rock Witch, sorte de manège tout cassé, claudiquant sans savoir où aller, remplis de bruits bizarres et intrigants. Toutes ces petits bric-à-brac, ces zouip, ces floup et ces pouet sont retranscris avec minutie. Tout en se permettant de mettre la mélodie au premier plan, rendant le morceau plus digeste, sans en enlever son mystère. On se retrouve devant une petite fable à mi-chemin entre Tim Burton et le vagin de ma grande tante, avec un simili-accordeon pour accompagner le tout. Autant dire que c’est drôlement beau. Magistral. Dans le même genre, la fanfare de Fingerbib sera retranscrite à merveille, prenant son envol sur la fin, même si l’on perd le coté rigolard et candide du morceau, au profit d’un écrin un peu plus précieux. On perdra quand même ses muqueuses sur les splendides montées du titre.

Presque piègé par cet instant de tendresse squameuse, on se retrouve la tête en plein Meltphace 6 nouveau challenger issu de Drukqs. Alors oui, c’est moins fort… moins enchevêtré… moins puissant que la version originale. Mais bordel quel pied ! La rythmique est encore plus concassée que sur le titre d’ouverture, la clarinette qui se charge de la nappe arrache sa génitrice et le tout transporte au septième ciel. C’est lumineux, orchestré à la perfection. On utilisera même quelques échos de voix d’anges pour parfaire le tout, alors qu’une sonorité rauque non identifiée en surprendra plus d’un. (Un hautbois poussé dans ses derniers retranchements ?). Et encore une fois, quand le tout se pose avant de repartir dans une cavalcade sans rémission, on lève les bras au ciel. Lâché de taureaux en pleine poire, et le tout sur plus de six minutes. Une relecture lumineuse.










Et là qu’un problème arrive à pas feutrés : Parler de Selected Ambiant Works II Pour ma part, j’ai toujours trouvé que ce disque était le plus difficile d’accès dans la disco d’Aphex Twin. Impossible de réellement l’écouter à la volée. Enfin si, mais il faut trouver le moment parfait. Un vrai cérémonial. Et les moments parfaits, c’est rare. Difficile d’accès, car aride à l’extrême. Angélique aussi. Comme si le paradis se transformait peu à peu en plaine dévastée, vidée de toute substance. On erre, on marche au milieu des décombres, du néant, en admirant ce paysage presque monochrome. Ben ici c’est pareil, avec les reprises de Blue Calx et Cliffs. Tout en dévoilant presque un petit je-ne-sais-quoi aux titres, en particulier pour Blue Calx, sublime, ample, majestueux. Linéaire, mais habité d’une tristesse folle. Il n’y avait que des synthés pour hanter ces plages. Il n’y aura presque que des violons pour ces reprises. Cliffs était déjà moins monolithique, avec ces petites perles glissant sur vos tympans, sonnant comme de petits oiseaux venant frétiller joyeusement sur votre épaule. Je craignais de me faire mortellement chier avant écoute, je me retrouve happé au final, hypnotisé par tant de retenu, de justesse.


Bon, il y a bien une ou deux déceptions dans ce disque… Quand on s’attaque à un titre qui n’avait, pour ma part, que peu d’immensité à la base, j’ai nommé le très j’ai-sequestré-quelqu’un-dans-ma-cave Gwely Mernans, qui plombait déjà Druqks avec son atmosphère de fin du monde. Ne me demandez pas pourquoi, et cela depuis la toute première écoute du disque (il y a 7 ans donc, au secours), mais ce titre, m’a toujours horrifié. Tout comme son petit frère Gwarek 2 l’impression d’être enchaîné dans une pénombre infinie, avec pour seule compagnie des gouttes d’eau tombant dans un coin de pièce et des rats mordant vos doigts de pieds, est presque palpable à l’écoute de cette sombre fresque. Ben chez Alarm Will Sound, c’est un peu pareil, mais cela ne fait plus peur du tout, ce qui était l’intérêt premier du titre. Un peu cheap, on dirait plus une BO d’un film d’horreur un peu série B, qui essaie de te faire croire que le tueur va sauter sur la pompom girl, mais que en fait non car elle est en sécurité, mais pas de bol, elle se fait égorgée cinq minutes plus tard en allant à la selle. Difficile d’être profondément impliqué donc.

Moins pardonnable, mais moins flagrant, c’est celle de 4, exceptionnel morceau de drill’n bass enfantine. Attention, la performance est à saluer, mais on attendait mieux à l’écoute de ce que l’album proposait au dessus. Les violons sont à tomber à la renverse, les attaques sont à se damner, mais le rythme est ici très en retrait, donnant un petit sentiment de mollesse au tout, un manque d’energie. Pas de valeur ajoutée, juste une belle remise en forme du titre, qui plairait gentiment à défaut de faire frissonner. Le Maître du jeu a du décider de mettre en avant les cordes, et de laisser la drill se débattre d’une façon étouffée. Dommage.
On aurait enfin préféré un autre choix de morceau que le très court et inutile Prep Gwarlek 3B









Mais la présence de l’allumé et Druqksien Omgyjya Switch 7 permettra de redessiner de grands sourires sur nos tronches. Pareil, la complexité et la rage du titre, surtout en son début, à de quoi faire fuir n’importe quel musicien qui se respecte, même si la mélodie tutoie le divin. Et bien Alarm Will Sound ne semble guère s’en soucier, en arrivant même a retranscrire les “coups de fouets” de l’introduction. Les hurlements magmatiques des machines seront remplacés par des trompettes guerrières, et l’on fera rapidement débarquer cette litanie sublime, à vous broyer les reins. Le tout est toujours aussi secoué, l’on s’autorise même un simili-break hip-hop, avant de repartir à toute vitesse dans la fournaise d’un judgment day. Certes, on s’écarte un peu de l’original en terme de construction, (l’intermède presque Harsch-Noise passe à la trappe) mais tenter le mimétisme reviendrait à se jeter du haut d’une falaise avec un kouign amann pour seul parachute.

On se paiera même le luxe d’avoir deux relectures acoustiques de deux titres qui étaient deja composés dans ce moule non electro, à savoir le très beau et fragile Jynweythek Ylow et le piano lunaire de Avril 14th.


C’est un scandale, pas de Laughable Butane Bob. Ni de On, Nannou, Every Day ou Girl/Boy song. Quand à l’oubli d’intégrer Peek 824545201 ou Vordhosbn au tracklisting, ça frôle l’impardonnable. Mais bon, avec une discographie aussi riche que celle d’Aphex Twin, il était difficile de contenter tout le monde.
Mais il y a quand même un morceau. LE morceau. Mt Saint Michel + Saint Michel Mount. La grande pièce de Drukqs, l’un des plus beaux morceaux de l’artiste. Un truc indescriptible, cristallisant presque la perfection musicale. Un titre qui a du me faire chialer. D’une violence sourde, ahurissante. Qui bascule dans une beauté, une pureté, un lyrisme à vous arracher les cheveux un à un. Un morceau à tiroir, à phases bien distinctes, toutes naturelles et indispensables. Un chaos qui se nécrose sur une mélodie effarante, pétrifiante, sacrée, avant que cette dernière implose graduellement dans une succession de saccades à vous liquéfier le cerveau afin d’en servir la substantique moelle au bar du coin.
Difficile donc de s’attaquer à ce monument, surtout en délaissant toute touche électro. Le résultat est à la hauteur des espérances ? Oui et non. Non, parce que le titre ne pointe que 4 minutes au compteur, alors que l’original en faisait le double. Oui parce que les mecs arrivent ici à un résultat qui déboîte clairement, un vrai tour de force.
L’introduction apocalyptique est présente, avec un tuba rauque et une batterie hystérique pour principaux employés en démolition. Plongeon dans la béatitude, la mélodie sublime s’imprime, chapeauté d’un piano cristallin distillant quelques perles trop éphémères. Pas de répit, les percussions re-débarquent en trombe, la mort au ventre, vitesse folle, pour un dernier baroud d’honneur, un énième soulèvement, grondant, fulminant, dernière grande tempête. Et puis, plus rien. Deja, trop tôt. Malheureusement, l’orchestre se dérobe, nous laisse dans le silence, peiné de ne pas entendre la suite du cataclysme, imaginant ce qu’aurait pu donner la formidable montée du morceau bardé de violons furieux et de pianos flingués.










Le disque s’adresse évidemment aux amateurs d’Aphex Twin en premier lieu, curieux de surcroit, permettant à ces derniers de redécouvrir des titres qu’ils connaissaient sous toutes les coutures. L’approche se fait completement différemment, à l’opposée des digressions affolantes et de la sensibilité extrême des compos du maître. Certes, certains crieront au scandale encore une fois, comme pour Easy Star All Stars s’attaquant à Radiohead. Mais encore une fois, le télescopage de deux univers radicalement différent fait des merveilles.

Pour donner une idée concrète, le résultat fait penser à la relecture de Rossz csillag allat szuletett par Bong-Ra et Venetian Snares. On utilise du classique, que l’on va fractionner et reconstruire dans un ordre qui échappe à toute logique sur le premier instant. Ne vous y trompez pas, si le disque est totalement acoustique, (On oublie les deux remixes inutiles en fin de galette), il est aussi profondément électronique, dans sa construction comme dans sa manière de reproduire les sons. Logique vous allez me dire. Un disque de musique électronique qui n’utilise aucun procédé tiré de machines, ni même de sampleur. La moindre parcelle des morceaux d’Aphex Twin sont réinterprétés, rejoués, réappropriés. En cela, l’émerveillement papillonne dans nos tympans sans discontinuer.



On tient donc ici le premier (et seul ?) disque de Drill and Bass qui plaira à votre grand-mère. Ce qui soulève d’ailleurs un paradoxe assez drôle, presque inexplicable. Pourquoi ce disque pourra être écouté et approprié par tous, et avec le sourire, alors qu’il reprend parfois note pour note les titres les plus désaxés d’Aphex Twin? En quoi un disque de musique classique completement fracassé sera infiniment plus facile d’accès qu’un disque de musique électronique, alors que ces derniers partagent les mêmes structures, les mêmes rythmiques, les mêmes attaques ? L’acoustique rassurerait l’oreille ?

L’expérience est intéressante. J’ai fais écouter le même titre, (Cock/Ver 10 pour être précis) sur les deux versions, en commençant par Alarm Will Sound, à une personne passionnée par la musique, qui a 15 piges de plus que moi.
Impressions : “J’aime beaucoup. C’est très beau, intriguant, très intéressant cette démarche, cette façon d’agencer les sons.”
Puis la version Drukqs. Réponse lapidaire : “J’aime pas. C’est moche.“Mais c’est le même titre !” “Non là, c’est moche, ça ne veut rien dire, ça n’a aucun sens.”




Bref, outre le fait d’aborder Aphex Twin d’une façon casse-gueule mais impressionnante, Alarm Will Sound nous démontre que la musique électronique n’a donc aucun sens.




















15 Titres – Cantaloupe Music
Dat’











Venetian Snares – Cavalcade Of Glee And Dadaist Happy Hardcore Pom Poms

Posted in Chroniques on July 1st, 2008 by Dat'


Cavalcade Of Glee And Dadaist Happy Hardcore Pom Poms






Venetian snares.. le mec qui sort bien 3 albums chaque année, souvent de qualités, toujours dingues… L’un des rois de la drill and bass rageuse combinant agressions sonores et mélodies belles comme la nuit…

Apres un “Rossz csillag allat szuletett” sublimissime et un “Meathole” terrifiant, j’attendais comme un dingue ce nouvel album, au titre à rallonge plutôt évocateur… (Mon impatience ne fut d’ailleurs pas vraiment ménagée avec presque un mois de retard… )

Je m’excuse par avance pour cette chronique brouillonne, mais il est presque impossible de décrire avec précision ce genre de morceaux qui percent directement votre âme… Aucune objectivité donc, mais plutôt une description des sentiments éprouvés lors des écoutes répétées de ce disque…












Encore une fois, et pas étonnant venant de lui, une pochette complètement folle, gore, d’un graphisme impeccable, décalé… (Et encore vous n’avez pas vu l’intérieur du boîtier… )

Le premier titre Donut est somme toute assez commun, morceau d’electronica-enervée les breaks intervenants sur une ligne mélodique et un sample décrivant un donut (!)…
Mais les choses sérieuses commencent des le deuxième titre, Swindon qui fait penser des son ouverture aux travaux d’aphex Twin post Windowlicker… La mélodie, fluette, se faufile entre les breaks assaillant cette dernière… mais ce morceau va révéler sa vraie valeur dans sa moitié, avec une grosse ligne de synthés, superbe, qui va prendre le dessus sur tout le reste… On nage en plein rêve, les synthés aux sonorités presque “dance” s’emmêlent avant de se fondre dans les beats super rapide pour atteindre le paroxysme du morceau, d’une violence et d’une tristesse absolue…

Revirement presque surprenant avec la piste d’après Pwtendo mêlant sons 8 bits et drill and bass, le morceau est très sympa, marrant, pour finir sur un final de toute beauté oû Aaron funk arriverait presque à tirer les larmes d’une NES… hallucinant… (Extrait de la chanson ICI et en fin “d’article”, sautez dessus)






Apres un XIII’s Dub métallique pas vraiment enthousiasmant, et un Vache flirtant avec le gros Harcore (et son sample en boucle”une machine, pour traire les vaches” en français dans le texte ) on tombe sur l’autre bijoux (LE bijoux?) de l’album, Plunging Hornets

Des le départ, nos poils se hérissent… Sur un synthé cristallin, une rythmique martèle de plus en plus vite, pour déboucher sur une drill and bass qui défonce le corps et le coeur…
Digne des meilleurs morceaux d’Aphex Twin et de Mike paradinas, Plunging Hornets donne l’impression de s’envoler avec des ailes d’anges, tout en se faisant déchirer par des coups de couteaux… indescriptible…

Apres un morceau pareil, difficile d’être sur le même nuage par un twirl qui reste pourtant très beau aussi, mariant mélodie enfantine et guerre de breaks… simple, planant…

Tache restera dans le même trip, avec une mélodie planante mais étonnante la première fois, mélangeant synthés et clavecins, avec un sample encore en français habillant le morceaux d’une aura presque religieuse… (Difficile à décrire) et P propose une courte plage dénuée de breaks, beats et sonorités violentes…






Le final de l’album, Cancel est encore un diamant à lui tout seul, et justifierait presque à lui tout seul l’achat de l’album…
Moins Drill and Bass que les autres titres, Il commence par une longue intro, calme, superbe, montant peu à peu… Puis au bout de deux minutes environs, un son crade et rageur surgit sans prévenir, pour déboucher sur un morceau anthologique…
On se bat, il faut se frayer un chemin entre des sons qui semblent vouloir tout détruire, en se raccrochant qu’à cette belle mélodie développé des le début comme seule lumière… tout monte, s’arrête, reprend, explose, du grand Art… Rarement entendu un morceau électronique avec une classe et une maîtrise pareille…

C’est simple ce morceau m’a littéralement arraché la colonne vertébrale des sa première écoute… au casque on en ressort groggy, vidé, détruit par cette masse de sons sublimes et agressifs à la fois…






Il est clair que pour apprécier un album pareil, il faut avoir un minimum traîné ses guêtres dans ce genre musical, beaucoup de personnes pouvant vous taxer de taré et de désaxé à écouter ce genre de maelstrom musical…
Mais si l’on est un minimum réceptif à l’Art de gars comme Aphex Twin, squarepusher, Paradinas et autres Chris Clark, on ne peut sérieusement pas passer à coté de cette galette…






Extrait de Pwntendo pour finir, sur des images d’Elfen Lied… vous avez de la chance, c’est justement le final qui est présent sur ces images… :








10 Titres – Planet Mu



Venetian Snares – Detrimentalist

Posted in Chroniques on July 1st, 2008 by Dat'


I’ve got the key, I’ve got the secret, ah ah ah oh aaah ah






On avait quitté un Venetian Snares sombre, déprimé et (semble t’il) à coeur ouvert avec son très beau My Downfall, album le plus controversé du canadien. Comment donner du crédit à un fou furieux habitué à balancer du Breakcore psychotique quand ce dernier se ramène avec un disque de musique classique ? En l’écoutant peut etre. Pour être facilement convaincu que Aaron Funk maîtrise aussi bien les assauts rythmiques que les constructions de violons en cathédrales. Reste que si on ne pouvait que s’incliner devant le travail effectué (mon dieu cette impression de “grandeur”), il était clairement plus compréhensible, voir normal de rester circonspect devant la démarche en elle-même, et de ne pas avoi accroché à la derniere livraison. Quand on est friand du coté hardcore de Venetian, il peut être clairement difficile de se fondre dans une enfilade de pièces minimalistes ne laissant perler que violons et harpes.


Le truc sympa avec le Canadien, c’est que l’on peut être sur d’avoir un nouveau disque dans les 6 mois qui viennent. Le truc sympa pour les sceptiques de la période église du sieur Aaron Funk, c’est qu’il était peu probable que ce dernier utilise deux fois le même concept pour deux disques sortant dans un laps de temps si proche. Ce qui été par contre moins soupçonnable, c’est que ce dernier allait nous balancer le négatif presque total de son My Downfall, en lorgnant vers une frange mainte et mainte fois défrichée par le passé : Des constructions sauvages, de grosses zébrures Rave et un musique bourrine à souhait, sans néammoins virer dans le hardcore qui tache. Le moine a retiré sa soutane pour filer dans une cave, habillé en rose fluo, la bouche pleine d’ectasies…
















Comme d’hab, l’artwork est bien cool. Comme d’hab, la pochette reste minimaliste, merci/dommage Planet-mu, on ne mourra pas étouffé sous les informations et remerciements. Reste qu’avec un esprit mal tourné, on pourrait essayer d’affiler chacun des objets présent sur cette pochette avec des anciennes galettes de Venetian Snares. Car ce Detrimentalist est un retour vers le passé. Attention, pas un truc hommage croulant qui veut faire poussiéreux afin de tirer la larme aux vieux cons mélancoliques que nous sommes. Quand je parle de DeLoreane, c’est plus dans l’esprit “synthese”, avec une grosse préférence pour les galettes les plus secouées du type. Quoique, le disque serait présenté comme un hommage aux premiers disques des The Prodigy que l’on ne s’en offusquerait pas…








Gentleman met directement dans le bain, et vous balance en plein visage ce que vous allez subir sur les trois quarts du disque. Vous aimez ? Vous allez prendre votre pied. Vous haïssez ce genre de déflagrations mi-ringardes mi-expérimentales mi-rave, vous pouvez partir, ou avancer d’une bonne demi douzaines de morceaux sans rougir.
Ringarde la musique de Venetian Snares ? Rangez vos battes de baseball, c’est un compliment. Il n’y a rien de plus jouissif pour moi que d’entendre de vieilles recettes Dance cheesy se faire malaxer, déchirer, étriper par une cavalcade de rythmes affolés. Reste que les poncifs et clichés seront bien présents, et près à se faire torturer par le tapis de bombes du Canadien :
Notons déja la presence de gimmicks vocaux archi-cramés qui pointaient depuis des années à l’ANPE, ne pensant pas qu’un mec serait assez fou pour faire appel à eux à nouveaux. (Enfin il y a eu Moby récemment, mais ce dernier s’est attaqué à la catégorie suprême, celle qui aura toujours du boulot dans les logiciels de musique à 30 balles vendus en supermarché.) On a donc des Whou Whouhou repetés jusqu’à overdose, pitchés à mort et un rap sombre qui dit que I’m here ?cause i’m fucked et que Everything est easy quand tu passes à la Tv machin, you heard Venetian Snares you say Gentlemaaaaan, le tout surplombé de synthés bien ravy, de sirènes et autres larsens plus ou moins officieux. On sera même étonné que le titre démarre sur un lit de Drum & Bass dans tout ce qu’il y a de plus classique, Amen break en force. Mais on ne la fait pas à Venetian Snares, qui va s’occuper de défoncer le tout avec des attentats breakcore presque irrévérencieux, hurlant, explosant, giclant dans tous les sens. On prend son pied, et, comme à l’accoutumé, la maîtrise du beat made in Winnipeg est à se damner.

Même champ de bataille pour Koonut Kaliffee, qui insistera un peu plus sur les gros synthés Dance post-apo, permettant au titre de jouir d’une première partie plus calme mais tout aussi prenante. Comme le veut la tradition, le sample vocal égrenée depuis les premières secondes balance sa phrase dans le silence total, avant que les synthés ultra massifs et une electro crasseuse viennent raser le tout. C’est beau, ça file la chair de poule, et c’est super crade. On en redemande.









La comparaison avec The Experience des Prodigy sera encore plus flagrant avec Sajtban, qui démarre en trombe, en ne se cachant même plus derrière des claviers rugueux. Nop, ici c’est les synthés cristallins tout pourris qui auront la vedette, façon “tudu dududuuu”, accompagnant un Mc survolté balançant des I gat stamina-minaminaminamina, que l’on pensait enterrés à jamais avec nos premiers cd de Hit machine. Niveau rythmes, c’est le chaos total, ça explose dans tous les sens, on se retrouve noyé dans une vague impressionnante d’écrasements sonores et d’implosions façon passage à tabac. Et ce n’est pas le petit break 8 bits bien calme qui calmera les ébats.
On lui préfèrera la superbe Drum’n Break de Kyokushin qui se perd sur ce rythme acéré et ces zébrures synthétiques qui s’entortillent à n’en plus finir. Extatique comme jamais, le morceau nous transporte dans ce qui peut se faire de mieux en Drum bien dark, en ajoutant une touche de déconstruction plutôt salvatrice. Un vrai bonheur.

Et là on flippe, car on lit le titre du morceau à suivre Eurocore MVP. La bave aux levres, je pris dieu en espérant que Venetian Snares a osé nous pondre une chanson d’Eurodance / Hardcore. Oui, mais pas tant que ça. Bon déjà, on est sur le cul en entendant que l’ossature principale de Eurocore Mvp serait un bout de Reggæ façon Out Of Space de Prodigy qui va se voir fracassé par les machines de l’autre tortionnaire. Basses Dub donc, échos drogués, on plane, avant qu’un pilonnage ahurissant s’abatte sur le pauvre Jamaïcain. Viol sonore, rythmiques acérées, le toaster se retrouve en plus completement pitché, distordu, malaxé par un Logiciel devenu fou, avant qu’un clavier AFFOLANT débarque pour emmener le tout au ciel, tout droit sorti d’une Nintendo camée qui doit se résoudre à sucer l’aiguille de son fix d’héroïne pour ne pas perdre une goutte du pandémoniaque liquide. Tout le monde saute n’importe comment en hurlant, ravagé par la drogue et l’alcool, glissant sur le foutre, cassant les dernières fenêtres impeccables de l’appart en se jetant à travers, pour finir crevé sur un tapis d’intestins cinq étages plus bas. Et en plus c’est drolement cool.









Alors plus haut, je parlais de synthèse. Et bien cette première partie de disque renvoie directement, et sans ménagement, aux Pink + Green et Chocolate Wheelchair Album de Venetian Snares, mais aussi/surtout à son énorme Higgins Ultra Low Track Glue Funk Hits : En gros, des samples en cascades qui se font vriller la gueule sur de la Drum’breakcore ultra saccagée mais jamais grasse, le tout dans une bonne humeur communicative, qui se fout de juxtaposer sonorités débiles et mélodies bien massives.

Mais Detrimentalist va aussi nous faire regarder du coté de l’inénarrable Cavalcade Of Glee And Dadaist Happy Hardcore Pom Poms avec l’excellent Poo Yourself Jason ( Titre en reponse au Brace yourself Jason de µ-ziq ? ), qui vomi une rythmique bien old school et acid sur des synthés ronflants en diable. Break, le morceau va accueillir de superbes claviers cristallins, distillant une mélodie très Aphex Twin, avant de partir dans un trip presque Analord, (On sait que Aaron Funk sait bien manier le genre depuis son disque Last Step) avec toutes ses nappes s’enroulant sur elles mêmes. C’est rudement bien foutu, ça fracasse ton échine, et ça te coupe en morceau quand les accoups reprennent rendez-vous avec ta mâchoire.

Bebikukorica Nigiri assurera la filiation d’une façon plus flagrante en permettant à une mélodie 8 bits de se faire massacrer avec tact par des beats effilés comme des couteaux. On pense inévitablement à Pwntendo, en moins épique et moins sublime évidemment (comment pourrait on faire aussi génial ?), mais en tout aussi jouissif et prenant. Yoshi s’essait au Sm avec Guinea Pig (le film, pas le disque ).










Enfin, l’ahurissant Flashforward renverra presque autant au disque à la vache écartelé précité qu’aux expériences les plus traumatisantes de Winter in a belly of a snake, aka j’utilise du verre brisé plutôt que mes machines pour construire un métronome. Le titre est glacial, en constant changement, affolant dans sa construction, passant de l’expérimental abstrait aux nappes analordiennes d’une façon abrupte, sans omettre digressions acides et beats indescritpibles, épileptiques, frisant avec le psychotique. C’est du rarement entendu chez Venetian Snares, le titre est d’une richesse, d’une violence indescriptible. On frole parfois même le chaos total, sur quelques secondes à chaque fois, histoire de ne pas traumatiser à vie. Reste que le passage entre la 4eme et la 5eme minute risque d’en éventrer plus d’un, tant la véhémence du tout est absolue. Le plus étonnant étant que le morceau va se nécroser dans un écrin calme, sublime, frôlant l’orgue d’enterrement, surplombé d’une petite drum à tomber. Un grand grand morceau du Canadien.

Où sont les violons !? Allez vous me dire. Vous avez raison, je parlais de synthèse (grossière), et aucun titre de Detrimentalist ne laissait aborder une once de sensibilité musique classique pour le moment. C’était sans compter sur Miss Balaton (lac hongrois), odyssée de 10 minutes, qui va remettre les choses dans l’ordre, et nous rappeler aux bons souvenirs du chef d’oeuvre Rosscz Czillag… et de son grand frère My Downfall.
Vous pouvez serrez les mimines en priant, ce titre est grand, gigantesque même. Très solennel en son début, il aborde les mêmes teintes d’immensité désertique que le dernier disque. Violon solitaire répondant à ses propres échos, choeurs fantomatiques d’anges déchus, on ose à peine respirer tant l’impression de pénétrer dans un lieu de culte est palpable. Sans crier gare, un bleep tortueux vient perturber la fête, vient s’immiscer dans cette atmosphère de recueillement absolu. C’est beau. Ça résonne, ça emporte. Avec ce son rugueux, l’église se transforme en track Techno sacrée, pure, sublime. Un violon irlandais s’invite dans la danse, virevolte, tourbillonne, explosion rythmique ultra violente, qui se dérobe après seulement deux secondes. Retour au calme, les cordes pleurent, les choeurs sont à la porte du paradis.
Alors déboule à pas feutrés une Drum & bass d’une finesse infinie, tentant d’accompagner les corps célestes sans les froisser. C’est beau, on respire, on entrevoit la lumière, tout s’envole. La barbarie semble gagner du terrain, les ailes blanches prennent peur, se dérobent, laissent les machines à leur vacarme. On déroule, on frappe, on plante ses lames dans une chair anonyme. Un orgue grandiloquent tente de remettre de l’ordre, de ramener tout le monde à la prière, sans succès. On se flingue, on se découpe, on s’entretue. Le combat s’embourbe, perd en cohérence, l’oreille est larguée, le rythme se décale, le sol se dérobe, on ne comprend plus, on se jette par terre en suppliant, la bouche étouffée par le sang pleuvant au dessus de notre tête, que le conflit s’éteigne sans qu’un coup perdu vienne malencontreusement nous transpercer l’aorte. On ferme les yeux, on supporte le maelstrom de violence. Apres quelques minutes, les corps gisent, le combat est fini, un silence de mort règne dans cette église où des rivières de sang coulent entre les dalles de pierre. On se relève, éberlué par un spectacle qui est passé de la beauté dans sa forme la plus pure au plus âpre et déchaîné des combats. Miss Balaton est une fresque sublime, qui flingue, qui émerveillera autant qu’elle désarçonnera au moment où la cohérence se mue en futilité. Apres avoir préparé son église avec minutie, Venetian Snares semble avoir lâché les chevaux sans contrôle aucun, comme un gamin détruisant son plus beau château de sable en sautant dessus et en poussant des hurlements stridents. On ne pouvait pas rêver meilleure conclusion.










Il ne faut pas se leurrer, ce Detrimentalist n’est clairement pas le meilleur disque de Venetian Snares. Et dieu sait pourtant que le mot “objectivité” ne s’applique aucunement à ce type dans ses pages. C’est un disque bien plus bourrin et violent que ses dernières livraisons, renvoyant clairement à ses premiers amours. Les fans du Canadien période pré-Rosscz Czillag seront aux anges. Surtout pour les 5 premières pistes de la galette, véritables tsunamis Breakcore-rave-dance-débiles-violents, décalcomanies des premiers délires de The Prodigy plongés dans une usine spécialisée dans le dépeçage de bovins.

Mais que les amateurs de terrains plus éclatés et moins rentre dedans se rassurent, la deuxième partie du disque se révèle plus diffuse, laissant les beaux moments et les notes fragiles se frayer un chemin sous le marasme ambiant. Attention, le tout reste très secoué, mais quand on connaît le bonhomme, l’avertissement est clairement inutile… Même si ce dernier nous avait habitué à des constructions plus sages ces derniers temps. Cela fait du bien de tomber sur un disque aussi décomplexé, chose de plus en plus rare. Sans compter que la galette abrite quelques petits diamants comme Poo Yourself Jason, Kyokushin, Flashforward, Eurocore Mvp ou Miss Balaton.


Pas de révolution, ou compositions miraculeuses pour cette fois ci. Il faut aimer s’aventurer sur un chemin beaucoup plus bourrin, déstructuré et dance-rave que précédemment. Il ferait donc au moins autant de détracteurs que My Downfall, en incarnant sa plus stricte opposition.



Detrimentalist reste néanmoins un excellent album. De la part de Venetian Snares, pouvait-il en être autrement ?











Venetian Snares – Gentleman











Venetian Snares – Miss Balaton











10 Titres – Planet-Mu
Dat’










Venetian Snares – My Downfall

Posted in Chroniques on June 30th, 2008 by Dat'

Exit Music for a

Cela faisait longtemps que Venetian Snares n’avait pas donné de nouvelles. Si l’on passe outre un obscur vinyle de remix de chansons de Black Sabbath, le canadien ne nous avait pas sorti de galette depuis 6 mois. Insignifiant pour un groupe normal, mais pas pour Venetian Snares, qui sort entre 2 et 3 disques par ans depuis quelques temps.

Et ces disques, ils étaient bons. Il nous avait cloué avec son Cavalcade Of Glee And Dadaist Happy Hardcore Pom Poms et le petit frère Hospitality, frisant l’excellence. Et si Pink + Green était plutôt dispensable, personne n’était dupe, la suite risquait encore d’être de haute volée. Une annonce tombe et étonne : Le prochain disque d’Aaron Funk, « My Downfall », sera la suite directe de Rossz Csillag Allat Szuletett. Ce titre imprononçable pour tout ceux qui ne maîtrisent pas le hongrois ancien (si j’ai bien suivi) était apposé à un disque sublime, la pièce majeur de l’artiste, et incontournable de la musique électronique de ces dernières années. La recette était simple, mais exécutée avec un talent incommensurable : Défoncer, vriller, fracasser de la musique classique avec de la Drill and Bass, de l’electro Hardcore, du Breakcore fou. Venetian Snares avait même appris à jouer du violon et de la trompette pour composer ce disque agrémenté, outre une chanson de Billie Holiday, de Samples plus ou moins archi-grillés pour les amateurs de musique classique.

Le disque frisait néanmoins le génie, mélange parfait de grâce absolu et de violence proche du Chaos. La suite annoncée d’une pièce maîtresse est donc toujours attendue avec circonspection. Comment réitérer la violence d’un choc résultant d’une oeuvre sensée unique ?

My Downfall se pointe donc, sous titré d’un (Original Soundtrack). Pourtant ce disque n’est la Bande Originale d’aucune oeuvre. Elle est simplement la Bo de la « chute » Aaron Funk. D’une dépression latente. D’un abandon de soi. Car si My Downfall est peut être la suite de Rosscz Czillag, il en est en aucun point comparable.

Le packaging est toujours minimaliste du coté de chez Planet-Mu, et l’on a en prime ici, vu le thème abordé par l’album, aucun artwork tendant au culte, comme ceux de Pink + Green ou Cavalcade Of Glee…

Une simple statue prise en photo sous plusieurs angles, et un boîtier blanc comme la neige. Alors on ouvre ce dernier, on ferme les yeux et…

… on se retrouve à déambuler dans une église. Une cathédrale. Vide. Il n’y a que vous. L’édifice est tellement imposant qu’en regardant la voûte, une sensation de vertige perle. Personne. Pourtant, des bribes de sons cristallins se font entendre. Des choeurs fantomatiques s’immiscent entre vous et votre solitude. Des anges. Des voix d’une pureté à vous faire perdre toute notion d’équilibre. Colorless. Ou comment retranscrire l’échos d’une église avec perfection. Pourtant Aaron Funk a bien mixé cela dans son studio. La prise de son n’est pas faite en Live dans une bâtisse religieuse. C’est impressionnant. Il n’y a rien sur ce titre, à part les anges précités. Rien. Des chants mystiques, entrecoupés de silence. Pourtant, ils nous happent. Le son est d’une profondeur et d’une qualité à couper le souffle. On se demande comment ce fou à pu rendre cette sensation de vide ecclésiastique aussi réaliste.

Que le monde se rassure, Venetian Snares n’a pas abandonné le chaos sonore, la furie, l’envie de tout fracasser avec ses machines. The Hopeless Pursuit Of Remission confortera naïvement dans l’idée que ce disque est la suite directe de Rosscz Czillag. Il aura pu y figurer sans dénoter soit dit en passant. Un orchestre tonne comme jamais. Fait de cuivres et de cordes, il impose à nos tympans de se prosterner devant sa grandiloquence sans broncher. Mais rapidement, les machines viennent au galop, filant au vent, tentant de pilonner le magma d’instruments, qui va tonner de plus belle. La Jungle / Drill est puissante, agressive, éclatant comme autant de coup de couteau sur un cadavre en proie à la folie meurtrière d’un grand malade. Pas de révolution ici, on assiste véritablement à une superbe guerre des tranchés entre une pièce classique et une musique électronique violente et acérée.

Mais après la tempête, le calme. Et Room379 nous replonge dans la pureté exceptionnelle du premier titre. Choeurs, encore plus angéliques que précédemment, qui donnent le « la » à un violon fragile et solitaire. Encore une complainte érigeant le néant comme matière à beauté absolue ? Non car tout décolle tout explose sous l’effet de cuivres, la voix et le violon étant portés aux nues, comme pour un final de film à émotion.

Le procédé semble limpide. On alterne pistes intimistes, que l’on peut totalement considérer comme de la musique dite « Classique », et morceaux mêlant sauvagerie et grâce. A l’instar de Rosscz Czillag en somme (qui était néanmoins plus accès sur l’électronique, les pistes dénuées de Break restaient extrêmement minoritaires). Oui. Mais non. Et dans les deux directions sonores précités:

Les cortèges électroniques tout d’abord. Il suffit d’écouter Integraation. Un grand morceau. Sûrement l’un des plus grand d’Aaron funk. Des Breaks et de la musique classique. Cela sonne comme une redite. Sauf qu’ici, tout est sublimé. Tout est infiniment plus travaillé. La mélodie, belle comme la mort, extirpée d’un violon, est à se dessecher de tristesse. Les cordes se superposent, pour donner un peu plus de poids au tout. 1 minute n’est pas encore révolue que vous sentez déjà le poids d’une grande oeuvre. Sans crier gare, des beats interviennent dans cette triste danse, virevoltent sans violence. Avec assez d’espace pour vous laisser respirer. Ça y est, tout s’envole. Le rythme est posé, les violons partent vers les cieux. Les rares pauses ne sont là que pour asseoir le tout de discrètes touches de harpes. La montée en puissance est incroyable. A la première écoute, c’est à vous arracher la gueule. Pour affirmer le tout, des bleeps Acid se greffent sur la superbe ossature, étouffant peu à peu les cordes larmoyantes. Choc. Une Masse d’une saleté impressionnante déboule. Enveloppe tout. Consume tout… Gigantesque. Pas un « mur » ou une vague, comme j’ai coutume d’appeler ça. Non. Une masse. Innommable. Jurant avec la grâce du début. Elle détruit tout. Le rythme, seul survivant de ce maelstrom destructeur, continue sa folle cavalcade, comme pour ne pas disparaître dans les limbes de l’être difforme. Puis tout se tait. Silence de mort. La masse rugit seule, imposante comme le néant absolu. Hurle. Avant de reprendre sa course, percevant au loin de nouveaux éléments à engloutir. La course reprend son cour, avec ce pilonnage rythmique, et l’orchestre qui tente de survivre en fond, étouffé, encerclé de toute part par le chaos. Le final est à la hauteur de la démesure de cette chasse. Une explosion, presque Noise, fracasse tout. Seul miraculé du conflit, un violon, qui vient pleurer ses dernières notes.

Affolant. La qualité de cette fresque est affolante. La qualité sonore est toute autre que celle du précèdent disque. On en sort complètement ahuris. Décomposé…

Autre chevauchée, My Half commence sur une vraie montée en puissance, comme pouvait l’offrir un certain Plunging Hornets dans son Cavalcade Of Glee… Les samples classiques poussent, les rythmes apparaissent petit à petit, suintent, giclent, se collent à la ligne directrice. On accélère le tout, on peine à suivre. L’explosion n’est pas brutale, mais graduelle, insidieuse, mais toujours aussi fracassante. On est encore embarqué sur plus de 7 minutes de toute beauté. La touche classique se fait plus discrete sur ce titre, privilégiant les breaks et les sonorités Acid. Sans parler de cette espèce de son aqueux, qui donne l’impression d’entendre des ondes d’eau se propager grâce aux échos dans vos oreilles. Les synthés, néanmoins secondés par les cordes sur la deuxième partie, auront pour une fois le premier rôle. Enfin tout au plus le droit de courber le dos et de subir les attaques en rafale des machines d’Aaron Funk. La piste soubresaute, se cabre, s’arrête net pour recommencer de plus belle. Une autre incontournable, plus emplie de violence que de tristesse, mais tributaire de la même beauté que sa grande soeur.

My Crutch serait toujours dans le même registre, en plus menaçant, plus lourd, rejoignant plus l’atmosphère de Rosscz Czillag. Le morceau n’en sera pas moins épique, toujours zébré d’une Drill and Bass entrecoupée de pauses bienvenues où les cordes auront le temps de s’exprimer. (Notamment sur la 3 minute, à tomber)

Mais je parlais de morceaux où la violence n’était que chimère : La série des « Hollo Utca » tout d’abord, morceaux (2-3-4-5, le 1 n’étant pas présent) qui ne mettent en avant que des violons. Si l’on pourra se passer du très vite irritant Hollo Utca 2 (je ne peux pas, j’ai l’impression d’entendre mon chat jouer du violon.), on appréciera la mélancolie étrange se dégageant de Hollo Utca 5 et du superbe Hollo Utca 4. Toujours sur le même instrument, My Picturesque Pit titillera bien plus la corde sensible, avec une mélodie à briser le coeur. Les sonorités sont plus fortes dans leurs traitements sonores mais plus ébranlées dans leurs mélodies, le tout pour donner un ensemble apaisant et inquiétant à la fois. A ne pas écouter avec un petit coup au moral. On sera presque étonné d’entendre une harpe, presque seule, cristalline, pleine de grâce, entamer I’m Sorry I Failed You. Elle sera vite rejointe de percussions sourdes et de voix enchanteresses. Un petit bijou en cristal, d’une fragilité extrême.

Mais le summum de la grâce, de al pureté, celle par qui l’album se justifie, celle qui incarne le concept de My Downfall, c’est bien If I Could Say I Love You. Car si Integraation est LE titre du versant secoué du disque, le morceau précité écrase de sa supériorité et de sa beauté toutes les autres compositions dénuées de beat. La première écoute, dans le noir total, m’a littéralement pétrifié. Pourtant, cette chanson pourrait être l’apologie du silence. Du recueillement. Des violons lointains perlent pendant quelques secondes. Silence. Des voix, des chants, des mélopées angéliques susurrent. Puis s’éteignent. Silence. Et l’on avance. Pas par pas, petites enjambées. Dans cette église, parfaitement reconstituée. Le son est incroyable. Réellement. La justesse de l’écho est à tomber par terre. Les voix, le violon, tout se mêle, peu à peu. Timidement. Comme si un trop grand respect, une peur indicible, les intimaient à ne se fondre les uns les autres qu’en se frôlant. C’est réellement sublime. Je ne sais pas ou Venetian Snares est allé pêcher ces samples de voix, mais ces dernières frôlent la perfection. D’une tristesse absolue.

Il sera facile de descendre en flamme ce My Downfall. Cela m’a même traversé l’esprit. Il faut absolument choisir le bon moment pour se plonger dans ce disque. Oeuvre prétentieuse, boursouflée, ampoulée, inepte. Ou disque sublime, d’une tristesse, d’une pureté et d’une beauté absolue. L’enchaînement d’adjectif peut varier d’un moment à l’autre. Et pourtant. Même si l’on se doute que la majorité des sons sont des samples pillés dans de multiples compositions classiques (trop vieux, ils sont rentrés dans le domaine public, pas besoin de les déclarer sur la pochette), même si le disque fait au premier abord un peu « Rosscz Czillag 2 », même si Venetian Snares semblerait presque stagner, on s’en fout. Ces arguments se démontent en quelques secondes Car le résultat est tout simplement renversant. Là où l’on reconnaissait clairement des morceaux dans Rosscz Czillag, simplement chapeauté par une rythmique Jungle (pour simplifier), Aaron Funk a ici changé sa manière de composer : Il semble clairement dissequer les morceaux pour les réarranger ensuite. Prendre plusieurs bouts de concertos pour violons, et les reconstruire pour obtenir la mélodie qu’il désire. L’extraordinaire travail sur les tessitures démarque ce disque de son prédécesseur sans hésitation aucune. Et les sceptiques de ce nouvel essai ne pourront nier que les impressionnantes Integraation et My Half, ou la sublime If I Could Say I Love You, sont des morceaux rares, à tomber à la renverse. Qui feront date dans la carrière d’Aaron Funk.

Quand à l’impression de se retrouver dans une église à l’écoute de ce disque, elle est frappante, à couper le souffle.

Sans compter ce malaise mit en musique, ce renoncement total, exprimé tantôt par la violence extrême, ou le calme désespéré, tout au long de ce disque. Et malgré tous les reproches que l’on pourrait tenter de faire à ce dernier, malgré toutes les remontrances que l’on hésite à lâcher même si l’on tient ici une galette sans équivalent, unique dans son genre (même à coté de son « prédécesseur » Rosscz Czillag), on ne peut s’empêcher de dire qu’une fois encore, Venetian Snares nous balance une énorme baffe en pleine gueule.

14 Titres – Planet Mu

Dat’


Boredoms – Chocolate Synthesizer

Posted in Chroniques on June 25th, 2008 by Dat'


Munyu munyu, drums and alcohol





Je me demande bien pourquoi Melt Banana, Christine23Onna, Lightning Bolt ou Animal Collective sont dans ses pages, alors qu’aucun article ici n’a traité du groupe Boredoms, semblant pourtant cristalliser tout ce qui peut se faire de mieux dans les formations précitées.

L’envie d’écrire sur ce groupe a été ravivée récemment à la sortie de Super Roots 9, dernier album en date de la formation japonaise. Mais surtout à cause de la relative déception accompagnant la découverte de ce nouvel opus. Vu la relative monotonie de cette grande piste bien solitaire, intéressante mais clairement en deçà de ce que pouvait nous servir le groupe il y a quelques années. Boredoms, c’est une bande d’allumés nippons ayant commencé à torturer le Rock avant les années 90, et toujours en activité aujourd’hui donc, commençant par des disques complètements fous, ravagés jusqu’à la moelle, représentant le crétinisme assumé le plus insondable possible. Des pochettes immondes à la musique completement insaisissable, la formation avait jeté un vrai pavé dans une mare sûrement trop lisse, avec à sa tête le cultissime Yamatsuka Eye, à la voix presque indescriptible, tête de Hanatarash, et compagnon d’ Otomo Yoshihide ou de John Zorn pour les Naked city…

Petit à petit la musique du groupe a laissé des éléments de Rock psyché infiltrer sa mixture cinglée, pour partir disques après disques dans des constructions de plus en plus épiques, tribales et étirées, finissant sur un mythique concert avec 77 batteurs ( !!!) sous un pont de Brooklyn. Puis plus rien, ou presque. Des performances Live, un groupe qui mute, constamment, qui change même de nom pendant un moment.


La nouvelle galette donc, dernière née de la série des Super Roots, propose 40 minutes de choeurs angéliques matraqués par trois batteurs et un Eye bidouilleur. Cool. Mais c’est clairement en écoutant cette galette (sans compter qu’une opportunité assez miraculeuse m’a récemment permis de compléter la discographie de Boredoms ), au final assez linéaire, que l’envie folle de me replonger dans un disque que j’ai chéri de longues années m’a tenaillé comme jamais : Chocolate Synthesizer. Il me fallait en parler. Trop crétin pour ressurgir dans les discussions sans passer pour un taré. Trop de temps à avoir sauté dessus comme un con, à gueuler des Aciiiid Poliiiiice avec des potes pleins comme des barriques. Trop de temps à tenter de le faire apprécier avec pour seuls résultat quelques regards compatissants ou effrayés, tentant d’etre comprehensifs sur un eventuel probleme de synapses, comme dire que “tout va bien” à quelqu’un alors qu’il vient de toiletter un chat avec une râpe à fromage…
















Désolé pour l’agression visuelle. Mais pour le coup, impossible de l’éviter, vu que la pochette représente à merveille ce que l’on trouve dans cette galette. Et encore, on peut parler d’art ici, vu que les précédentes pochettes du groupes sont toutes aussi hideuses, ayant pour sommet celle de l’ineffable Pop Tatari qui… euh… non… je ne peux pas l’expliquer en fait… A l’intérieur, c’est une orgie de collages et de déguisements débiles à coup de capotes géantes, lunettes en papier et autres chapeaux montgolfières. Tout va bien.








Le pire, c’est que le disque a du se faire des milliers d’adeptes sur son premier titre, Acid Police, ultra fédérateur. D’abords gueulés à cappella, ces deux mots vont se gerber jusqu’à overdose pendant de longues secondes, avant qu’une guitare acérée débarque en balançant une ligne bien tubesque. Eye frôle l’extinction de voix, alors que débarque une rythmique pachydermique et un mur de guitare à faire imploser votre système d’écoute permettant au groupe entier d’hurler la fameuse puchline. Le marasme est en fusion, se transforme en mouvement perpétuel, oscillant entre hymne de stade et brûlot expérimental, supplanté par une déflagration Noise-rock éffarante. Silence, on reprend son souffle, les percussions se muent en attentat industriel, avec un Eye au bord de l’hystérie.
Ce titre, c’est juste l’ouverture parfaite pour un disque de Rock, un truc qui pourrait être repris en coeur et en cris par dix mille personnes dans une manifestation anarcho-truc, dans une enceinte de gladiateur, en faisant du ski nautique, dans une école, dans une bagnole lancée à fond les ballons sur l’autoroute (c’est pas bien), dans une soirée de beuverie absolue, sur un chalet jaune placé en haut de la tour eiffel. C’est régressif comme jamais, completement abêtissant mais surtout ultra jouissif, profondément libérateur après une journée de boulot harassante au moins aussi inutile que ce morceau. Et pour le coup, il cristallise bien ce que l’on peut retrouver au sein du disque : Malgré des compos souvent plus escarpées que cette dantesque ouverture, jamais Boredoms ne mettra de coté ce coté “jouissif”, groovy et entêtant. Malgré un taux d’instabilité mental hautement perceptible, le disque ne s’enlisera jamais dans les travers parfois fatiguant de certains Fantomas… Oui, parce qu’il va falloir se préparer à avoir envie d’hurler les mélodies de cette galette sur toute une journée, façon mmm monsieur machin, vous pouvez me passer ce dossier ? non désolé ! ACIIIIIIIIIDDD POLLLIIIIIICCEEEEEE. …









Bon je dis ça, mais le court Chocolate Synthesizer est sûrement le morceau éponyme d’un album le plus pourri de l’univers, ce qui est en soi un vrai tour de force. Non, sautons sur l’énorme Shock City, qui, après une introduction façon je-frappe-des-maracas-sur-un-egouttoir-à-salade-accompagné-d’une-six-cordes-plus-des-sifflements-lofi, bascule dans un Hardrock hargneux, massif comme la mort, avec un Eye hurlant comme jamais d’une voix suraigu ou caressant nos tympans avec des grondements d’outre tombe. Les guitares électriques feraient trembler la terre entière, et l’on ne peux que sauter partout dans la pièce en s’enfilant du verre pilé dans la gorge. Break, petit intermède latin de pacotille, avec des instruments sûrement dénichés à la brocante du coin, façon turliton de gamin doré à 1euros, avec pour seule partie chantée une sympathique imitation des Gremlins. La batterie tonne au loin, le rythme est épileptique, s’intensifie, débarque en grondant à la vitesse de la lumière, guitares électriques ahurissante et arsenal Noise qui explosent façon bombe atomique, emportant tout sur son passage, piaillements psychotiques, un vrai Tsunami. Le passage à tabac est monstrueux.
Et ce n’est pas Tomato Synthesizer qui rassurera sur les intentions du groupe, passant pour une bande de serial killer compléments détraqués, croquant encore la cuisse du dernier enfant écharpé. On flippe, c’est comme entendre le clown de Stephen King tentant de copuler avec Elvis sur le premier disque des Pixies. Le dernier tiers, juste abominable pour tous cerveaux normalement constitués, tétanisant tant il est hors moeurs/normes, finira de parachever le décors hôpital psy. Ah sinon, la chanson peut se chanter facilement dans la douche, et parasitera votre bulbe rachidien carbonisé en moins de temps qu’il se faut pour le dire. Anarchy in the Ukk tentera de faire cohabiter des zébrures Noise avec du Rock-pop fm, des effets Dub, quelques réminiscences 60’s et un carnaval folklorique japonais composé de zombis assoiffés de sang. Déglingué, et presque sage. (toutes proportions gardées)
Merci à Mama Brain de remettre les choses en place, qui, après une intro de corniaud bourré, va basculer sur une ligne rock qui frôle la tuerie, super dansante. On lève les bras, on transpire, et voila que le Eye repique sa crise, changeant de voix à chaque phrase, entre le gosse de 5 ans découvrant un nouveau mot et le gorille qui se coince un ongle dans une porte. Retour sur le refrain tubesque du titre, on jouit, avant de se retrouver dans un train fantôme psychédélique, avec une batterie transformée en fusil à pompe et des synthés ayant fermenté dans du Lsd pendant 3 mois. Tube rock expérimental faussement crétin du siècle. Enfin non, mais il est gigantesque quand même. On se comprend.








Action Synthesizer Hero, lui, frôlera le point de non retour en terme de folie, en nous arrachant la gueule avec cette vague Noisy presque aussi palpable qu’un cul de nonne dénuée de toute obligation morale, avant de basculer dans un rockabilly hystérique que l’on a parfois eu l’habitude de croiser dans les premiers Mr Bungle. Guitare sautillante, rythme ensoleillé, on s’y croirait chez Johnny Burnette si le chanteur n’essayait pas d’imiter le phoque male cancéreux en train de se faire égorger par un pécheur pas gentil. Phoque qui se fera finalement réduire en purée par une dernière vague sonore à faire pâlir le plus crado des synthés. Hop gros carton à nouveau. Les amoureux du genre tomberont aussi en pamoison devant B for Boredoms, tout aussi énergique, lumineux et hystérique. Merci pour les headbangings furieux, les nuques s’en souviendront.

Mais les Boredoms sauront ne jamais laisser sur place le coté le plus expérimental et barré de leur musique, avec certains titres s’étirant sur plus de 6 minutes, comme Voredoms, pouvant se traduire en langage “montagne russe” : Je te balance trente secondes de faux calme malsain, puis je détruis, fracasse le tout avec des pétages de plombs industriello-noise-core, le tout chapeauté par un chant plus solennelle que précédemment, renvoyant presque à un Hardrock lourd, sombre et poisseux. Puis vous prenez tous ce que vous pouvez trouver dans une cuisine, vous insérez une bonne centaine de pétards et vous mettez le feu au tout, tout en hurlant comme un damné au fond de sa caverne. Les derniers petits grésillements, et une guitare mourante suffiront pour habiller votre envie de réinterpréter les cris géniaux de votre petit cousin mangé par des bêtes sauvages, après être malencontreusement passé sous les roues d’une voiture.

Sinon pour savoir ce que ça donne un orchestre de Jazz passé dans un mixeur, arrosé de bouts de bidoches Punk hardcore, il faudra passer sur Eedoms, alors que Turn Table Boredoms, qui n’a rien avoir avec quelconque Dj, balancera aussi un Rock poisseux entrecoupé de crises d’épilepsie vocales que même le démarrages des soldes ne provoqueraient pas. Le syndrome de la tourette mis en musique.
Le cercle des cinglés disparus se terminera sur un titre presque “normal” après la tempête insensée du disque : Now Gom Synthesizer Way (why ?). Ok je dis ça, mais le tout contient peut être 5 ou 6 phases différentes, mais les passages seront aisément affiliés à du rock fiévreux et acharné. Première minute offrant un duo entre une batterie (qui aurait troqué ses fûts contre des casseroles) et un kazoo, avant qu’un lit de napalm nous transporte sur une guitare bien crade et entraînante, coupé par une trompette toute belle. Ça serait presque mélancolique. Enfin jusqu’à ce que Eye hurle ses problèmes comme un enragé sur un maelstrom de percussions et de gratte électrique, ne brisant étonnament pas cette jolie mélodie égrenée par un xylophone cristallin qui doit vraiment se demander où il a bien pu mettre les pieds. Les dernières minutent crèveront sur un Jazz encore plus chargé en alcool que celui de Kid Koala…










Apres écoute de cet alien total, qui détonne encore aujourd’hui par sa folie, sa liberté et son jusqu’auboutisme, on se demande ce qu’il s’est passé pour que le groupe devienne aussi sérieux. Ce Chocolate Synthesizer étant completement différent de ce que le groupe balancera par la suite. Bon en même temps on va pas s’en plaindre vu que les Cds suivant sont aussi des petits chef d’oeuvres, permettant au final d’explorer tout une frange du Rock grâce à la discographie de Boredoms. Il est clair que ce dernier a du filer de bonnes idées à des formation comme Fantomas, tout en se prévalant de sortir le disque de Rock le plus décomplexé qu’il m’ait été donné d’entendre.


Surtout que sous ses faux airs de crétinisme intégrale, le disque est au final extrêmement précis dans ses constructions, alternant phases de tueries absolues avec expérimentations énormes, le tout saupoudré de borognymes inintelligibles et d’un sentiment de puissance affolant ( Mama Brain, pour n’en citer qu’un). Même si, évidemment, Chocolate Synthesizer contient ce qu’il peut y avoir de plus débile dans le rock, osant même commencer un morceau par un Gimme a B, Gimme an O, Gimme a R, Gimme… BOREDOOOOOOOMS !!!, ce qui, vous en conviendrez, frôle le néant absolu en terme de sérieux dans ce monde de la musique en pleine déconfiture.


Le disque forme un amas absolu, un objet culte rempli de moments indescriptibles, à écouter à fond (mais vraiment) sous peine de ne pas pouvoir surnager dans cette sublime ignominie. Il faut clairement prendre son élan avant de se jeter dans cette galette repoussante au premier abord, qui filera des boutons et grillera le cerveau de n’importe qui en moins de deux.

A écouter en poussant le volume au max donc, tout simplement parce que Chocolate Synthesizer est juste ce que l’on peut trouver de mieux, de plus fou, et surtout de plus jouissif dans le Rock-hardcore-experimental-screamo-psyché-cretin-punk-pop-electro-debile-free-crado-tout-pourri.









Boredoms









15 Titres – Reprise Records
Dat’











Melt Banana – Bambi’s Dilemma

Posted in Chroniques on June 25th, 2008 by Dat'



(H)Arajuku Teenage Riot







Il y a des groupes que l’on croise le temps d’une semaine, pour les oublier pendant de longues années. On nous prête le disque, puis on oublie de suivre la formation malgré le fait qu’elle ait fait forte impression lors des premières écoutes. Puis, quelques années après, une bonne âme vous remet sur le droit chemin, vous rafraîchit la mémoire. Alors on cherche, avide, un disque du groupe pour combler ce manque au combien frustrant. Mauvaise nouvelle, le disque écouté il y a quelques années est extrêmement difficile à trouver en magasin. Bonne nouvelle, le groupe vient d’en sortir un nouveau le mois dernier, et est disponible dans tous les magasins un tant soit peu sérieux..


Mais quel est donc ce groupe ? Melt Banana. Ou 4 Japonais (+ 1 Américain sur l’album Cell-Scape) complètement cintrés, officiant dans un Rock quasi indescriptible.

Encore un groupe de Rock nippon de derrière les fagots qui expérimente plus qu’il ne nous amuse ?

Non. Car Melt Banana a un sacré background derrière lui. Officiant dans le Rock pour psychopathes depuis plus de 15 ans, ils distillent un savant mélange de Grind-Core, de Shoegaze, de Punk, de Noise et de Pop (si si) sans fatiguer une seconde. La description fait peur ? Certes, mais le son est toujours joyeux, sautillant, une vraie cavalcade, jamais lourde, jamais noire, jamais fatigante. Le groupe se paie même le luxe (chose rare) de vendre autant, voir plus, dans le monde que dans son pays d’origine. Car Melt Banana a quand même eu le privilège de faire des morceaux avec Mr Bungle, le-plus-grand-groupe-de-rock-du-monde², et d’accompagner ces derniers dans leurs tournées. Sans compter les concerts avec Fantomas, Tool ou Merzbow. Ils jouissent d’une popularité conséquente aux USA, portée par le charisme de deux membres, la chanteuse hystérique Yasuko et le guitariste magicien Agata, toujours caché derrière son masque chirurgical et accompagné de sa dizaine de pédales à effets. Formation complétée par la bassiste Rika, plus petite que son instrument, et plusieurs batteurs au cours de l’histoire du groupe, qui ont toute fois la caractéristique commune de pouvoir marteler leurs fûts encore plus vite qu’une machine épileptique.

Le CV est conséquent. Reste à voir ce que donne ce Bambi’s Dilemma, nouvelle galette du groupe 4 ans après Cell-Scape.















On peut être sur d’une chose, la pochette est carrément moins repoussante que celle de Cell-Scape. Un plan de travail taché de peinture et strié de barbelés englobe un livret contenant la totalité des textes (Louable, vu comme il est difficile de suivre les déclamations de la chanteuse en chef). Rien de spécial en somme. L’étonnement, lui, même en étant prévenu, jailli des la première seconde du disque :







Début très Rock-Californien, Spider Snipe verse au bout de 10 secondes dans un espèce de brûlot Hardcore-Pop ou la chanteuse, pour les néophytes, donne l’impression d’être l’héroïne complètement shootée aux Amphets d’un anime pour Otaku. On tutoie les sommets dans sa conclusion avec la rythmique qui s’emballe comme une vraie tornade.

Mais le premier gros titre du disque est sans conteste le suivant, Blank Page Of Blind. Gueulard au possible tout en restant diablement entraînant, le tout transpire le Punk de ravagé avec ce chant hystérique et une structure totalement folle. Mais c’est surtout ce qui va mettre en exergue le talent du guitariste, Agata, qui va littéralement torturer, faire crier sa guitare pour créer un mur du son comparable à un typhon, le tout soutenu par un batteur qui a du confondre ses fûts avec le visage de sa belle mère, tant il met du coeur à les martyriser. La conclusion façon Rock 60’s à la vitesse de la lumière est juste une vraie correction. Et tout ça en moins de 3 minutes…

Pas le temps de se reposer avec Craked Plaster Cast qui débute pourtant d’une façon juste imparable avec son air que l’on pourrait siffler sous la douche. Mais à peine se laisse t’on bercer par le chant guilleret de Yasuko que la piste éclate, comme si le groupe devait vous paralyser la gueule coûte que coûte. On passe sur de la chansonnette au Grind sans crier gare. Et cela plusieurs fois dans la chanson, en alternant le tonnerre hardcore et le calme popisant toutes les 20 secondes. C’est complètement débilitant, mais absolument énorme à écouter. Comme si vous viviez dix fois de suite le démarrage du Space Moutain en une poignée de minutes. Cette piste, c’est passer de la Pop tranquille à une structure à 300 BPM histoire de bien vous faire comprendre que ce que vous écoutez n’est pas normal, pas concevable. Juste énorme, pas besoin de gel le matin pour se relever les cheveux, une écoute à fond de ce titre fera le travail tout seul. On se demande franchement comment le batteur peut suivre en live sans que ses bras s’arrachent d’eux même au bout d’un quart d’heure.

On parierai presque sur du Rock normal si le final de Heiwaboke Crisis explosait pas de toute part, et l’on est obliger de s’offrir la joie d’un petit Head bangers sur le plus noir et torturé Cat Rain Land, croisement dégénéré entre un The Offspring et Atari Teenage Riot .










Atari Teenage Riot , le mot est lâché. Melt Banana dégage la même puissance, les beats Techno en moins, le batteur en plus, avec la même fougue, et en se payant le luxe d’augmenter le tempo par rapport aux acharnés de Berlin, (si si c’est possible) faisant passer le son d’ATR pour une Dodoche tentant de suivre une Ferrari. Une écoute même succincte du disque permet de s’en convaincre. Surtout si vous tombez sur le bruitiste et délirant Plasma Gate Quest


Mais Melt Banana ne fait pas que dans le rock TGV, et se pourvoit même de très bons instrumentaux, comme le planant Type Ecco System, où nappes se mêlent à des chants fantomatiques, le tout zébrés d’explosions électriques à vous glacer la gueule. Et sait même (presque) calmer le jeu sur Call The Vague qui officie dans le Hard joyeux mais bien énervé, avant son break complètement débile façon berceuse pour enfant.

L’étonnement sera toujours de prime avec Crow’s Paint Brush (Color Repair) très pop 70’s, toute candide et sautillante, perlée de digressions sonores psychés, avant le typhon final évident à décorner un taureau.









Plus que l’ambiance guillerette du tout, ce titre est le pivot de l’album. Car si j’ai parlé de Noise comme parti prenante du « son Melt-Banana », elle en était presque totalement absente sur ces deux tiers d’album… et ce Crow’s Paint Brush commençait elle à distiller quelques cassures électroniques tranchant (quoique) avec l’ambiance Core / Pop / Hard / Grind de l’album.
Car l’album Bambi’s Dilemma, et c’est seulement après une écoute complète que l’on s’en rend compte, n’est pas un énième disque de Rock malade accouché par des cinglés en goguette. Non, Bambi’s Dilemma est une descente, une spirale ou les morceaux de Pop violentés comme rarement vont petit à petit tendre vers une Noise pure et dure, où le chant va non plus se laisser submerger par des guitares saturées, mais par un véritable magma de machines de plus en plus âpres, rêches, violentes. La Noise, la vraie, la dure. Mais qui tendra pourtant toujours vers l’acceptable, l’accessible, ayant pour seule mission de sublimer la folie des 4 Japonais, et non de simplement terrasser nos tympans.


T For Tone ouvre le bal avec cette machine ronflante qui va se faire balayer par un batteur fou, un Agata qui détruit littéralement sa guitare et un tsunami de machines criant à la mort. Mais le versant Noise de l’album va se dérouler d’une façon peu commune, comme une enfilade de petites vignettes bruitistes, au lieu de se cantonner à un titres massif…

Slide Down, Lock The Head, One Drop One Life, In Store, Dog Song et Chain Keeper vont donc tour à tour laisser la chanteuse cracher sa hargne sur un lit de sons concassés, malmenés, défoncés, industriels, faisant passer la bande son de Tetsuo pour un épisode de Bob L’éponge. Mais l’on garde évidemment toute l’énergie du début du disque, avec ce coté Punk juste atomisé par les saturations et explosions Noise. Ça crie, ça craque, ça crisse, ça hurle. Encore une fois, le peuple Japonais nous démontrent leur maîtrise de la Noise, sans commune mesure avec le reste de la planète. In Store s’avère être un véritable précipice pour psychotique avec ces « scriiiiiiiiiiiiitchhhhhfzzzzzz » qui montent, qui montent sans jamais vous agresser… Plus aucun beats, plus de structure, tout est fait pour balayer les repères, et favoriser l’abandon de soi, avec pour seule bouée de sauvetage le chant de l’autre maniaque qui, et c’est presque un véritable miracle, ne se laisse jamais déborder par la folie ambiante. (Enfin, on va dire qu’elle y participe grandement, à cette folie…)

Dog Song reprendra les atmosphères Popisantes du début, pour les violer comme jamais par un ras de marée de saturations, cris, oscillations rageuses et nécroses métalliques, avant de finir dans un refrain au rock tutoyant la crise de nerf.










On quittera la violence de cette brochette de titre pour une conclusion s’étirant sur plus de 5 minutes absolument SUBLIME (Durée conséquente par rapport au reste des titres du disque)

Bien plus calme, Last Target On The Last Day nous plonge dans de grosses nappes électroniques saccadées avec une guitare bourrée d’effet, et une voix qui semble littéralement perde la tête en fond sonore. C’est très expérimental, planant comme la mort, un vrai diamant. La batterie s’affole parfois pour quelques instants, pour mieux s’éteindre et retomber dans le psychédélisme complètement drogué du morceau. Indescriptible. Une grosse explosion survient, avant de nous laisser dériver en apesanteur sans aucun repère. Voila, on tient la sensation : Ce titre, c’est simplement comme si l’on vous abandonnait, comme si l’on vous laissait à la dérive dans l’espace, dans le vide intersidéral. La tension est plus que palpable, avec ces saccades plus ou moins contenues, les échos, distorsions et effets vous font perdre la tête. On ne pouvait rêver mieux pour conclure cet espèce de brûlot complément schizophrène qu’est ce Bambi’s Dilemma










Il n’y a pas à tergiverser pendant des heures, Bambi’s Dilemma des Melt Banana est le disque le plus fou, le plus flingué, le plus dingue qu’il m’a été donné d’entendre depuis pas mal de temps. Rien que pour cela, il est indispensable. De plus, ces Japonais arrivent à garder vivante la flamme d’ Atari Teenage Riot d’une façon totalement décomplexée, ce qui est, vu l’aura culte du groupe allemand, un véritable tour de force. Enfin, Melt Banana, à l’instar des Boredoms, et contrairement à la brochettes de groupes énervés qui n’ont pour objectifs que de vomir leurs frustrations, ne se dépareille jamais d’un coté « Fun » qui aère grandement leurs pétages de plombs, et rend le tout bien plus agréable à l’écoute, alors que la violence de ce disque a peu d’équivalence dans le genre.

Sans oublier toutes ses cassures de rythmes, ces structures mutantes et changeant toutes les trente secondes, donnant aux morceaux des sensations comparables à des montagnes russes façon 36 loopings. Ce qui explique grandement leur copinage avec les différents groupes de Mike Patton, dont Mr Bungle






Ce disque, vu sa sortie récente, et l’aura du groupe dans le monde, est de plus assez facilement trouvable dans toute bonne crémerie. A ne vraiment pas louper quand on aime le Rock qui sort complètement des sentiers battus, mutant, faisant fuir n’importe quelle personne bien dans sa tête, qui arrive à nous foutre sur le cul à chaque piste, à nous faire poser gravement la question sur la santé mentale des protagonistes nous servant leur mixture.




Melt Banana confirme enfin que le Rock Japonais, quand on prend la peine de gratter la surface, se révèle immensément riche et incontournable pour tout amateur de musiques déviantes. Ces derniers, tout comme Christine 23 Onna, Coaltar Of the Deepers, Tokusatsu ou Cornelius, dans leurs genres respectifs, (et Trouzemilles autres formations, j’en vois déjà venir gueuler pour ne pas avoir cité leur groupe favoris, le rock indé Japonais semblant tellement ailleurs) sont là pour nous le confirmer.




Il va falloir sérieusement ouvrir les yeux et les oreilles, sous peine de rater quelque chose de grand.

















18 titres – A-Zap Records
Dat’










Videos µ°5

Posted in Chroniques on June 22nd, 2008 by Dat'



Sorry, no ghost track on this record !


5eme Salve










Plaid – Itsu













Lamb – Cotton Wool














September – Cry For You










Dat’










Antipop Consortium – Interview 09/05/2008

Posted in Chroniques, INTERVIEWS on June 15th, 2008 by Dat'


Antipop Consortium : Interview 09/05/2008


Une interview mal préparée donne toujours …









L’interview sera disponible sur Krinein.com en début de semaine d’une façon plus “propre”, serieuse et concise.











Où l’on parle du nouvel album, de l’importance des potes, de “push the music forward“, du mélange electro hiphop, de la langue Française et de cerveaux connectés sous un parapluie. Avec M.Sayyid, High Priest, E.blaize et Mad Man…







Dat’ : Bon tout le monde attend réellement l’album, le net s’est enflammé à l’annonce de votre reformation, façon Jesus revenait sur terre (j’en faisais parti). Quelle est la direction de ce nouveau disque ? Plus electro, plus Hiphop ?


M.Sayyid : La direction, c’est “Infinite, Infinite, INFINITE ! ”

High Priest : Nous ne faisons pas de séparation entre la musique électronique et le hip-hop. On utilise ce que l’on veut utiliser, on fait ce que l’on veut faire, quel qu’en soit la matière. Pour le prochain album, on va juste continuer à développer et enrichir la direction que nous avions instaurée et tenue avant. Mais en même temps, on a une approche plus individuelle (Projets solos) de notre musique, que l’on ne changera pas.




Dat’ : Pourquoi un nouveau disque après tant d’années de séparation ?

High Priest : On est arrivé à un point ou l’on apprécie de nouveau de travailler ensemble, de compter sur les autres, d’avoir ses potes autour de soi. C’est le point de départ de ce nouveau projet, et notre principale motivation : S’apprécier mutuellement, musicalement comme amicalement.





Dat’ : Apres votre Arrhythmia, vous aviez besoin de projets solo, d’aller un peu chacun de votre coté?

M.Sayyid : Oui, exactement. Personnellement je ne regrette pas une seule second ce que l’on a fait. On devait aller chacun de notre coté pour quelques temps. Ca nous a montré que l’on ressentait un manque entre nous, et entre ce que l’on faisait ensemble. Mais plus important, je veux vraiment remercier tout ceux qui ont supporté ce que l’on a fait en marge d’Antipop Consortium, comme avec Airborn Audio et les autres projets en solo. On va garder tout ça en mouvement et en vie, c’est pas fini de ce coté là aussi. Mais Antipop Consortium est définitivement la priorité, comme cela a toujours été. Fluorescent Black, c’est le nom du prochain album, et il a une putain de gueule.




Tsugi : C’est la première fois que vous venez en France ?

M.Sayyid : Non, nous sommes allé à Lyon plusieurs fois, et depuis 99, on va pas mal en France. On a un bon lien avec ce pays, pas mal d’amis, c’est toujours un plaisir de revenir et de bourlinguer avec nos connaissances.



Tsugi : Quelques mots en français ? je sais que vous tentez d’apprendre la langue…

M.Sayyid : Enchanté ? (rires) Merci beaucoup. Un. Deux. Trois…

E.Blaize : …Catorce ?

M.Sayyid : Nooooooo ! ( Eclats de rire, avec un High Priest qui se met à chambrer dur) C’est tout en fait, mais je maîtriserai mieux le français la prochaine fois, là c’est le début.

(Gros bordel en anglais, on tente de les relancer sur le futur disque)


M.Sayyid : Vous savez, c’est une super période pour nous de se remettre à la musique, en groupe. Personnellement, niveau composition, et E.Blaize dans la production, on est réellement passé au niveau supérieur. Toutes les choses que nous faisons en studio sont “out of control”. Le fun, le plaisir et le bonheur que l’on a d’être de nouveau ensemble, vous allez pourvoir l’entendre clairement. C’est vraiment énorme, plein de lyrics perchés, d’harmonies et surtout plein d’expérimentations qui vont vous pousser à gueuler des “WHAT THE FUCK ?”





Dat’ : Justement, tout le monde attend des ?What the fuck?. A chaque fois que l’on écoute les disques d’APC pour la première fois, il y a des morceaux-what-the-fuck, comme “Mega”…

M.Sayyid : Ouai c’est exactement ça. Mais vous savez, même pour la musique en France, on a pu voir ce phénomène. Dans la “French music” en 1999, il y avait beaucoup de boucles et de Breaks Jazzy. Quand on est revenu ici, petit à petit des gens ont commencé à aimer ce que l’on faisait. Puis ces derniers grandissent, et s’acclimatent de plus en plus avec la musique électronique. Maintenant, des tas de groupes sont dans le mouvement électro. Mais nous clairement, on a toujours gardé notre ligne directrice.





Dat’ : De même, quand vous aviez vendu votre dernier disque, Arrhytmia, ce dernier était encore pas mal expérimental pour bon nombre de personnes. Beaucoup de gens parlent de APC maintenant, ou depuis deux ou trois ans, mais c’était plutôt compliqué avant… vous pensez que votre musique etait trop “futuriste” ?

High Priest : mmm pas vraiment. Quand on regarde la musique, ou l’art en général, on distingue deux sortes de personnes : Les traditionnels, et ceux qui tentent de briser les limites. Push the envelop forward. Nous sommes une bonne fusion des deux. Le Hip-hop est notre base, nos fondations, mais on essaie de le fondre dans les nouvelles technologies. Regarder le passé, mais ne pas s’y embourber, et toujours tenter d’innover. Cela a toujours été notre façon de procéder. Sur notre prochain disque, on n’essaie pas de combattre quelque chose, de se mettre en marge d’un mouvement. Juste repousser les limites. Just push it forward





Dat’ : Et pour vous, c’est quoi la musique du futur?

M.Sayyid : On a kidnappé E.Blaize, notre producteur, pour la tournée. Il est responsable de tout ce que vous entendez depuis le début. C’est LE mec, il tient les clefs, il est le futur, donc on doit bien s’occuper de lui (rires)

E.Blaize : Le futur de la music, ça a toujours était la Fusion. Juste fusionner des éléments qui existent deja, et créer quelque chose de nouveau avec, qui pourrait être apprécié par tout le monde





Je-ne-sais-plus : Vous jouez souvent dans ce genre de festivals, plutôt électroniques?

M.Sayyid : Ca depend du contexte, de comment notre musique est perçue selon les endroits. C’est vrai que l’on joue généralement dans des festivals électro.


Tsugi : Parfois dans des Festival plus Hip-hop ?

M.Sayyid : Oui oui, ça varie vraiment. On est en tournée avec Public Enemy aussi. La musique est en forme ces temps ci. Tout le monde a maintenant les moyens de faire sa propre musique, et de pouvoir être écouté plus facilement. C’est vraiment une révolution pour la musique. Je ne suis pas du tout dans le mouvement démoralisé qui dit que la musique est dans la merde, sur la vente de disque and co… C’est un fait avéré, c’est sur, mais la musique vivra toujours, même en marge du marché et des tendances. Et beaucoup de choses cool sortent encore de ça. Madonna vient de balancer des trucs compléments fous, et je suis un grand fan de Lupe Fiasco, de DataRock… (uh ? le groupe Norvegien ?!?)





Tsugi : Vous avez de nouvelles influences aussi? De nouveaux groupes, qui pourraient vous avoir influencés sur ces dernières années ?

– Dat’ : …et qui aurait peut être changé votre musique d’une façon plus personnelle ?



M.Sayyid : Ouai bien sur, des mecs comme Pharell ou autres sont énormes. Mais, personnellement, j’ai toujours voulu être un musicien. J’ai passé énormément de temps derrière une MPC ou à écrire des textes, maintenant je suis bien, je peux prendre des décisions sans regarder en arrière. Mais le plus important, c’est d’être un membre du Consortium. Parcequ’à chaque fois que je veux partager une idée tous les gars se disent qu’il faut tenter de travailler dessus, de voir comment les choses vont évoluer avec. C’est ça qui est cool dans APC, on a toujours un retour positif sur des idées. Même si elles ne marchent pas, tout le monde a planché dessus.

High Priest : Juste pour compléter : pour tous les membres, ce que l’on a fait en solo n’était pas en réaction à l’explosion de APC. Le Consortium a toujours été construit, élaboré comme si nous étions tous connecté en réseau, tous sous le même parapluie. Un collectif qui débarque avec une vision unique et homogène. Et pour “Fluorescent Black” qui débarque au début de l’année prochaine, on a remis ce système en marche.

M.Sayyid : Hey, je la retiens celle là…





Dat’ : Vous avez des surprises pour les Lives à venir, concernant le nouveau disque?

M.Sayyid : Beans n’est pas là aujourd’hui, donc on va réadapter les morceaux, et balancer quelques nouvelles pistes ce soir. Beans est absent car malheureusement, il est à des funérailles. Mais on voulait quand même être présent. Rassurez vous, on n’a pas dégagé Beans du groupe (rires)





Dat’ : Et juste pour finir, est-ce que vous avez un ou deux groupes à conseiller pour les français qui vont tomber sur l’interview ?

M.Sayyid : Il y a trop de noms à balancer. Mais je soutiens totallement ce que fait Sole. Personnellement j’écoute plus des vieux trucs ces temps ci, comme DEVO. Vous connaissez ? J’en dis pas plus, parce que pleins de groupes vont me dire “hey tu nous as pas cité, tu nous as pas cité” (rires). Donc je vais dire Devo. And definitively, Check for Sole







Antipop Consortium Videos



















Et puisque Beans était absent, on va lui laisser la parole le temps d’un morceau en solo :




Beans – Papercut






Dat’











Sole – Sole and The Skyrider Band

Posted in Chroniques on June 15th, 2008 by Dat'

Sole. Reachin’ The Sky.






Le Label Anticon est vraiment un cas à part. Créé en 1997 part quelques cinglés pestant contre la gangrene rongeant le Hiphop Américain qui se noyait dans ses propres clichés. Au départ, un disque, « Deep Puddle Dynamics », sorte de pavé dans la mare, bousculant les habitués du genre avec des instrues vaporeuses, des lyrics hallucinés et des flows nasillards. Très vite, le label acquiert une aura : Nom parfait et identité graphique remarquable, avec cette fourmi reconnaissable entre mille. Deux entités se détachent et pèsent rapidement dans le hiphop indépendant : Themselves, et Sole. Ça tombe bien, ce dernier est le Boss du label. Celui par qui tout a commencé, ce grand Boucheron à la barbe rousse qui s’est dit que le hiphop pouvait être teinté de rock et d’électronique. Que l’on pouvait être un MC tueur sans avoir de style. (Cf Dose One, ravageant toutes les battles de son flow TGV tout en débarquant en slip ou en tee-shirt jaune moulant.) Alors le crew grandit, s’expose. Collaborations, Echanges. On parasite le groupe de post-rock Hood. On s’infiltre chez les The Notwist. On fricote avec Buck 65. On s’occupe du Peeping Tom de Mike Patton. Mais surtout, on casse les barrières. Non. On les brûle, on les démolit, on les atomise. La France a connu ce petit monde avec le projet Clouddead, sûrement le plus emblématique des artistes Anticon, alors qu’il sort sur un autre label, Mush. Clouddead, c’est le surréalisme du Hiphop. L’abstrait. La drogue d/pure.

Mais revenons à nos moutons. Anticon créé un mouvement : Il porte le backpackers Hiphop aux nues. Fait une petite révolution avec Why ?, sortant des disques de Hi-pop hallucinés. Tente de faire le disque fusion ultime avec la réunion de Themselves et The Notwist : Le hiphop caverneux VS la pop lumineuse. Possède dans ses rangs l’un des plus talentueux beat-maker du monde : Alias. Tous posent sur les disques de tous. Tous se mélangent. Tous veulent innover.


Mais Anticon finit par tourner en rond. Les boucles sombres n’ont plus la même saveur. Les meilleurs disques des artistes Anticon sortent sur d’autres structures, comme le dernier Subtle. A dire vrai, le meilleur et seul vraiment excellent disque du label sorti ses derniers années, outre le précédant Sole justement, est : « Anticon Label Sampler: 1999 – 2004 »… Révélateur. (Mais néanmoins indispensable)
Bref, on s’emmerde dur.
Anticon est-il de ces labels au glorieux passé, mais qui n’arrive qu’à surnager actuellement, avant de s’éteindre, tel Mo’Wax ?




Sole, lui, n’est pas du genre à se laisser abattre. Etant sûrement l’un des plus honnête cracheur sur micro de ses dernières années, il sent que la formule bat de l’aile. Ironie du sort ou coup de génie, trois énormes sorties débarquent en l’espace de deux mois. Trois joyaux qu’il ne faut pas louper. Le Telephone Jim Jesus, le dernier Odd Nosdam, et celui du Boss lui-même.
Il faut le dire, le précédent de Sole, « Live From Rome », était excellent. Mais harassant sur le long terme. Overdose de textures crades et de MPC torturées. Seuls les prods de Telephone Jim Jesus et de notre petit français Tepr donnaient de l’air à ce maelstrom sonore. Le mec lui-même n’arrange pas le tout, déclamant avec force des couplets acides parfois plus longs qu’un album entier de Kanye West.

Alors on attend ce nouvel opus avec excitation et appréhension. « And the Skyrider Band » ? Oui car Sole a senti le besoin d’entourer ses machines par un groupe. Un vrai. Avec des instruments acoustiques. C’est tout simple. Et pourtant un grand pas dans la sphère Hiphop d’Anticon.

Fini les textures crades et les beats déchaînés ? Non. Sauf que Sole va poser tout cela dans un écrin « Post-rock ». Pour ce virage flirtant avec le génie, Il mérite une montagne d’offrande.














Rassurons tout le monde, les textes sont encore une fois confinés dans un livret qui peine parfois à contenir ses derniers. (Le tout dans un digipack “cartonné”) Comme toujours avec Sole, certains sont tellement conséquents qu’il n’y a aucun retour de ligne, et les textes prennent parfois tout l’espace de la page, en hauteur comme en largeur. Bref, on a toujours l’impression de se retrouver devant une reproduction du Code Civil en plus petit. Mais ceux qui auront le courage de s’y plonger ne regretteront pas le voyage, tant les lyrics sont des petits bijoux de tranches de vie, des histoires à eux seuls. Des pamphlets emplis de rages et de dégoût contre tout ce qui entoure Tim « sole » Holland.








Mais la nouvelle recette musicale, elle, marche t’elle ? A Sad Day For Investors l’affirme d’emblée. Guitare électrique enlevée, samples vieillots d’opéras, la batterie s’emballe pour vous décaper les tympans, alors que Sole déclame ses textes comme un enragé. Pour ceux qui ne connaissent point le monsieur, il faut savoir que ce dernier balance ses paroles comme le ferait un Télé-évangeliste. Mettant toute sa force dans chaque ligne du récit, la veine protubérante sur le front à cause d’un énervement latent. Et à part ce texte scandé avec rage, le reste est frontal. Ne retombe jamais. Monte, monte, jusqu’à l’explosion finale, presque bruitiste, vrillant de toute part avec ce mur de guitares stridentes et cette batterie à l’agonie. On se croirait presque sur un disque des Pixies avec un Frank Black qui aurait voulu se la jouer West Coast. Il faut le préciser. Sole, s’il a la vitesse, n’a jamais eu la technique d’un Busdriver ou d’un Dose One. Certains crieront au scandale. Pourtant le charisme du mec fera taire les grincheux. Sole semble dérouler ses textes à l’envie, sans se soucier de la rythmique. Certes, on le conçoit sur de rares endroits. Mais la rage et l’implication de ce dernier au micro balayeront ces menus problèmes.

Ghost. Assasinating Other Ghosts ralentira le tempo, sans pour autant mollir. On troque les guitares contre un orgue et des violons perlant sur un Tim Holland qui décide de toucher le coeur avant de choquer les oreilles. La rythmique est étouffée, rampante, laissant la part belle aux variations des claviers. Le texte est sombre, laché en détachant bien les mots, comme pour nous faciliter la compréhension d’un constat froid et énervé. Sole regarde du ciel et nous rend grâce de ses observations. L’envolée de corde superbe fini d’achever le tout. « Sleeping in a tin can I woke up late / they say I’m a bad pilgrim but all I have is a faith running trough my hands like ants / Like my last advance, like a non master of circumstance / This tale, be it dismal, has no heroes but ghosts, assassinating other ghosts / Been a year since I seen the coast / desert like an ocean, although I’ve seen more than most it aint enough / These eyes are stomachs, stomach’s like a labor camp? .

Autre compo bien rock, The Bridges, let us down est brillante dans le genre, avec ces guitares dissonantes et amplifiées habillant un texte de haute volée qui basculera sur des violons parfaitement placés.
« I Like people with flowers, Because they trying, because they haven’t Given up…?










Là où l’on saisit réellement l’ampleur du disque, c’est sur le sublime A Hundred Light Years And Running. Ce titre est un vrai miracle. Démarrant sur une simple gratte acoustique pincée, et un harmonica soufflant au loin, Sole vous pilonne avec ses pensées d’une façon bien posée, pour vous les imprimer bien profond dans votre cortex. L’ambiance est hypnotique, minimaliste, presque Western. La melodie de la gratte est belle comme la nuit. Sur le refrain, on chante d’une voix faiblarde et lumineuse, pour laisser un deuxième couplet se faire assaillir par un rythme ultra appuyé, donnant des allures presque latines au tout. C’est tout simplement sublime. Sole rehausse la tension de ses paroles, avec un ton plus enlevé, cadrant parfaitement avec l’instrumentation. Refrain. La dernière partie est à s’arracher les tripes. Tout bascule dans une tornade de cordes, de guitares, avec un Sole devenu fou, en transe. Comme s’il allait mourir après la chanson. C’est tout à fait ça. Imaginez que le mec n’avait plus qu’un couplet à dire avant de disparaître à jamais. A la première écoute, j’en avais presque le souffle coupé. La progression du tout est à tomber par terre. Sûrement l’un des morceaux qui m’a le plus impressionné cette année. Un diamant, de bout en bout.

Pour se remettre du choc, le beaucoup plus classique The Shipwreckers permet de remettre les idées en place avec une ambiance très « Bottle of Humans » le premier disque de Sole. Instrue planante, que l’on croirait sortir des machines d’Alias (qui a fait le mix final de l’album soit dit en passant), avec ces nappes arrivant sur la structure comme des gouttes d’eaux résonnant dans leur chute. Sole débite son texte avec une vitesse qui étonne, à nous demander comment on peut aligner autant de phrases aussi conséquentes sans tomber dans le coma.

Autre classique « Anticonien », ce Sound Of Head and Concrete avec ces samples de cordes à vous arracher le coeur et une MPC galopante, rythmant le titre comme de cinglantes gifles sur la gueule de votre poupon, un In Paradise reposant sur une ligne de guitare saturée et sombre, laissant toute la place aux beats bien massifs ou un Cavalry presque classique dans son traitement, mais néanmoins très beau et planant… On serait presque étonné de croiser un Dub – Reggæ des cavernes avec Nothing is Free, énorme, avec un refrain qui parasitera plus d’une tête sous la douche.









Il est évident que Sole ne peut se détacher de ses bonnes vieilles habitudes, et les titres expérimentaux et noirs qui tissaient la majorité de ses productions se retrouvent encore un peu ici. En sous nombre, ils sont plus marquants, sortants clairement du lot par leur structure dérangée. The Bone of my Pets en est le meilleur représentant, et l’une des têtes de liste du disque. Démarrant sur un piano classique bien lugubre, qui saccade rapidement pour former un ensemble oppressant, le tout chapeauté par des beats acérés, presque psychotiques. Boum, tout ralenti, devient lent ; gros coup de frein, avant que le concert classique saccagé reprenne ce qui lui revient de droit. Et hop on rebascule sur un hip-hop crépusculaire, ralenti, presque screwed, avant de balancer Sole sur une Amstrad un peu claudicante, oppressante. Gros malaise quand le piano retrouve l’aisance du tout début. On conclura sur un « This is the bones, the bones of my pets, this is the bones… » bien malsain, à griller les rares neurones encore en bon état après un tel traitement.

Heureusement pour les frileux, on revire dans le Post Rock, avec un One Egg Short Of the Omelette avec une superbe composition, qui commence en apesanteur, pour s’emplir d’une grandeur peu commune chez Anticon, avec des instruments, des claviers débarquant de toute part, portant le tout dans les nuages. On se croirait dans un album de Mogwai. Des flûtes apaiseront le tout avant une explosion final à vous dresser les cheveux sur la tête. Superbe.

Le coup final, par Stupid Things Implode On Themselves, est violent. Parfaite conclusion pour un brûlot dans le fond plus que dans la forme, il fera chavirer les indécis avec cette sublime progression se voyant greffer toutes sortes d’instruments pour littéralement balayer les tympans. Prédominera un Orgue surpuissant au début, accompagné de violons déchirants. Le ton est grave, sérieux en diable, et va basculé dans une transe ramassée, entre concert tzigane et rock fiévreux, laissant des murs de sons s’occuper de l’exécution finale. L’orgue revient, pesant, lourd, grandiloquent, comme un chef dirigeant ses troupes, ces dernières noyant Sole sans jamais l’effacer totalement. Ce ne sont pas les dernières trente secondes plus apaisées qui nous vont nous enlever de la tête que ce titre est tout simplement grandiose. Les paroles sont affolantes, Sole constatant encore de sa vision noire et acerbe que tout part en vrille dans une société imagée, mais pas si éloignée de la notre. Et ce qui est bien, c’est que le ton de ses déclarations cadrent parfaitement avec leurs contenus. Tim Holland est dégoûté par ce qu’il voit, et le dit avec ses tripes.
? Everybody wants to be a kid again but only a fool would raise a kid in this / Nobodys out to get out, but everybodys out to get what you got / Keep the dogs hidden, the guns loaded, the ?well? well guarded / The Kids are quiet or sold south for organs, but nobody wants your poisoned kidneys?
Ok… Le reste du texte est tout aussi apocalyptique, et ferait passer la société de n’importe quel autre film d’anticipation pour des paradis.












Sole, comme sur ses précédentes productions, ne fera pas l’unanimité. Certains reprocheront, encore, sa façon de déclamer ses textes comme le ferai le gourou d’une secte, ou que ces derniers soient comparables à de véritables romans. Certains le trouveront aussi presque antipathique à trop prêcher l’underground, à se croire encore précurseur d’un mouvement dont il a pourtant enflammé la mèche.
Mais la critique d’un univers aride et presque autiste est maintenant balayée par la sonorité touffue et riche de cet album. Ce « Sole and the Skyrider Band » est l’un des rares disques à faire parfaitement le pont entre Hiphop et rock. Pas de ceux qui rajoutent trois guitares pour histoire de, mais dans une vraie démarche musicale, comme pouvait le faire Dälek avec son “Absence”, en plus brut. Sole a du beaucoup écouté de disque de Mogwai and co avant de pondre son disque. Car si l’empreinte Anticon est très présente sur certaines morceaux (The Bones Of My Pets, The Shipwreckers…) la structure de beaucoup de titres flirtent avec le Post-rock, en plus concis évidemment, mais avec ses instrumentations touffues et cette manière si particulière de monter, gonfler, avant d’exploser dans une myriade de sonorités…

Il est aussi l’incarnation du label qui se remet un peu en question, qui se reprend en main pour éviter de s’enliser. Grand bien lui fasse, vu les sorties de ces derniers mois.



Ce « Sole and the Skyrider Band » est un grand disque de hip-hop, comme on n’en fait peu. Parce qu’il n’en est pas vraiment un, mais surtout parce qu’il est maîtrisé de bout en bout. Parce qu’il fait le choix de voguer sur l’acoustique, là où toutes les productions, et même celles de son propre label, s’obligent a verser sur de l’électronique pour avoir un minimum de succès…
Mais c’est surtout un disque totalement habité par un Homme halluciné, presque incohérent, la bave aux lèvres, scandant ses pamphlets comme si sa vie en dépendait. Un vrai écrivain, comme on n’en fait (presque) plus. Un mec qui s’investi dans chacun de ses mots, même s’il ne s’agit que d’un simple adjectif. Qui fait vivre ses écrits en vous les balançant littéralement à la gueule. On ne demande qu’une chosen qu’il continue à nous secouer, à nous tabasser de la sorte. Certains morceaux frisent même le miracle sonore, avec les sublimes A Hundred Light Years and Running, Bone Of My Pets ou One Egg Short of the Omelette…)



Beaucoup perdent la tête en se demandant quel sera l’album Hiphop indé de l’année… Aesop Rock, El-P ou Shape of « Dr Who dat » Broads Mind, sans trouver la reponse…


Tout simple : ce sera celui de Sole, sans hésitation possible.









– MP3 de “The Shipwreckers” (click droit / enregistrer sous)








SOLE – Stupid Things Implode On Themselves









13 Titres – Anticon
Dat’








Autechre – Quaristice

Posted in Chroniques on June 8th, 2008 by Dat'


Si la frustration etait un disque, elle s’appellerait Quaristice





Vous imaginez bien que c’est la fête sur ces pages. De savoir qu’Autechre, pour moi l’une des plus grandes formations de la musique actuelle, sort un nouveau disque, ça me rend tout chose. Surtout quand un disque annoncé début Mars débarque sans prévenir un mois avant sur la plateforme de vente du label, en format digital. Alors je ravale tous mes beaux discours sur la dématérialisation de la musique, et j’achète les mp3 avec une larme perlant sur le coin de l’oeil, en me disant que la vie, c’est drôlement beau parfois. Surtout que je ne me suis toujours pas remis de la claque administrée par leur dernier opus, Untilted , qui était absolument magistral…

Une donnée retenait drôlement mon attention depuis l’annonce de ce Quaristice : Son Tracklisting. 20 morceaux ! Vingt ! Twenty ! Veinte ! Ichi ni-truc ! Presque autant de morceaux que sur les trois derniers disques réunis… Qui dit liste impressionante de titre dit forcément durées plus brèves des essais, à moins de taper dans l’orgie de Skit façon Boards Of Canada. C’est aussi de là que pointait l’inquiétude. Il fallait faire le deuil des fresques de 10 minutes parcourant les galettes d’Autechre.

















Et c’est clairement l’axe qui va le plus bousculer dans Quaristice. Surtout pour les fans suivant le groupe depuis des années. Peur de se répéter ou simple envie d’opérer différemment, les deux scientifiques du groupe changent complètement, avec ce nouveau découpage, la façon dont nous devont aborder la musique d’Autechre. Sans même avoir posé une oreille sur le disque, on devine qu’il va falloir se heurter au syndrome des morceaux inutiles, ou anodins. De voir la durée des pièces raccourcir d’une façon drastique va nous exposer à la frustration de ne pas assister à une mutation complète. Il est de toute façon clair que même Autechre ne pourrait aligner vingt Gantz Graf d’affilée, fresque courte mais si riche, si parfaite qu’elle n’avait aucunement besoin de s’étendre pendant des lustres.








Bref, malgré l’excitation liée à la découverte d’un monument, on ne peut s’empêcher de tirer un peu la gueule avant de faire claquer le disque dans notre lecteur. (Oui oui, je n’ai toujours pas de lecteur Mp3) Sans savoir que cette moue dubitative allait rapidement se faire balayer par un sentiment d’émerveillement. Momentané. Mais clairement présent. Pourquoi momentané ? Parce que les 7 premiers titres administrent les premières grosses taloches, sans ménagement, et d’une belle façon. Ce qui vient ensuite, nous allons en parler après.

Ce qui étonne immanquablement, c’est cette très belle ouverture de disque, Altibzzz, extrêmement paisible. Morceau d’ambiant aux teintes tres belles, composé de simples nappes aux sons ronds et chauds, comme le groupe n’en faisait plus depuis un bail.
Mais l’expérimentation reprend ses droits dès The Pic électro minimale qui se change en être hideux en fin de parcours, et surtout IO, morceau de bravoure terrifiant, aux beats claquants comme la mort, replongeant dans le coté old-school des premières oeuvres autistiques d’Autechre, que l’on croisait dans Chiastic Slide. Des voix en putréfaction vomissent un babillage inintelligible, la mélodie est maladive et le rythme s’emballe pour se figer dans une transe indescriptible. Bref, on triture au maximum, mais une structure et des balises rythmiques permettent de ne pas se perdre totalement dans le flot sonore.









Mais A dire vrai, les deux grands morceaux de ce premier tiers de disque sont clairement Plyphon et Simmm. Ils vont surement rester sur toutes les bouches, come etant de grands grands titres du duo anglais. Le premier, est d’une complexité affolante, tout en vomissant une certaine immédiateté refoulée. Un objet difforme, hallucinant, se nécrosant sur lui-même comme le plus repoussant des cadavres, éructant des zébrures synthetiques sublimes. Imaginez la nécrose d’un cadavre immonde provoquer des relents d’eurodance, et vous y etes. Oui c’est ça, Plyphon, c’est passer un titre des Masterboys dans un réacteur d’avion. Un beat ultra sourd et appuyé bastonne comme jamais, des éclats metalliques giclent dans tous les coins, et une mélodie tente de s’échapper de ce magma, de cette fusion inéxorable. Elle crie, elle se débat, pour mieux se faire tabasser par le pilonnage d’un métronome devenu hystérique. Le son est à tomber par terre, et l’impression de “vie” inhérente à pas mal de morceaux d’Autechre prend ici tout son sens. C’est bien une entité monstrueuse qui s’ébranle dans nos oreilles. Qui crie, qui hurle, qui implose, qui s’arrache les viscères. C’est bien un coeur qui s’impose comme rythme pour nos tympans. Mais son existence est bien trop courte. Bien trop éphémère. Première victime du format “court”. On aurait aimé partager les souffrances de cet être sur un temps doublé. Sur 7 voir 10 minutes. On se contentera de cet aperçu, si dantesque soit-il.

L’autre titre soulevé plus haut, Simmm impose enfin une durée décente aux élucubrations d’Autechre. Et risque d’être rapidement gravée dans le marbre. Démarrant sur une mélodie cristalline et limpide, le morceau va rapidement se faire rattraper par une cavalcade claudicante, désincarnée, étrange, similaire à une vieille boite à musique flinguée, pour se laisser submerger par un mur de crasse sonore à faire pâlir tout androïde digne de ce nom. On nage en pleine mixture cauchemardesque. Comme si tous les jouets d’un magasin pour enfant prenaient vie, et se mettaient à vous sauter dessus en criant comme des forcenés, avec des ressorts et des vis sautant dans tous les rayons. Mais les batteries semblent faire défaut, et ce mælstrom cauchemardesque va échouer sur un lit de coeurs fantomatiques, pour un final sublime, tout en retenu, à vous arracher le coeur. Ce titre, c’est les montagnes russes de l’expérimentation. On passe du limpide au psychotique sans sourciller en 5 minutes, avec une conclusion rêvée. Masterpiece.


Je parlais de 7 morceaux. Si l’on excepte le tres court Senderemawe qui est plsu dans la continuité de son précédent qu’autre chose, il reste à citer Perlence, qui ne rassurera pas sur l’état mental de nos compères du jours. La mélodie candide entamant le titre est littéralement balayé par un rythme pachydermique, complètement saccadé, emmenant nos oreilles dans une guerre de l’an 3000. La structure du tout est juste impressionnante, ne serait-ce que d’un point de vu “conceptuel”. A ce niveau, c’est du rarement entendu. Pourtant, loin de se complaire dans une conception seulement arty, Perlance développe une musicalité de folie, sur un ensemble carrément jouissif. A croire que les mecs ont voulu mettre en musique une pluie d’astéroïdes.










Et là, sans prévenir, voila que le sol se dérobe une première fois. Paralel Suns sonne le glas de la perfection, pour s’aventurer sur le terrain de l’anodin. Terme que je n’avais pas apposé sur du Autechre depuis des lustres. Ce titre est anodin. Attention, je n’ai pas dis mauvais. Juste inoffensif. On pourrait s’enorgueillir sur le fait que le morceau marque une pause salvatrice dans ce déluge sonore, et que la profondeur des échos est assez stupéfiante. Certes. S’il était le seul. Deux plages plus loin, c’est Tankekern, qui, s’il impressionne avec cet aspect “Tunnel sous couvert d’apocalypse” ne débouche sur rien.


Voila le vrai problème de Quaristice. Certains titres ne débouchent sur RIEN. Ils sont là, ils sont content, déplient leurs squelettes, parfois impressionnants, mais rien à faire, au moment où l’on attend la suite, où l’on va avoir les yeux qui vont briller d’émerveillement, rien, que dalle, on passe à la suite. C’est comme vous foutre un plat de lasagne super alléchant devant vous, on vous le fait bien sentir, la croûte craque sous la perfection de la cuisson, et hop, au moment de planter votre fourchette, on vous chipe le plat en vous annonçant que en fait, c’est pour la table d’à coté. Tankekern aurait pu être un titre ultime, si il avait prit de la hauteur, si Autechre avait décidé de le travailler avec amour pendant plus d’une demi-douzaine de minute. Là, on est face à une ébauche. A un “bout”.

Dans une interview, l’une des têtes du groupe explique que les Vingt titres résultent d’une difficulté à choisir dans le tas. Pour eux, tout était bon, impossible de mettre des entités de coté. C’est louable. Mais cela donne aussi l’impression que la formation n’est pas allé jusqu’au bout des choses. On n’avait pas été habitué à ce que Autechre traite son album avec une attitude presque dilettante, genre “bon on file 20 cartouches plutôt bonnes, débrouillez vous avec”. M’enfin attendez. Je dis, ça, mais les morceaux anodins forment une partie infime de ce qui compose Quaristice. Fwse ou BNC Castl en font parti. C’est cool, mais rien de transcendant. Ils seraient absents qu’on ne s’en porterait pas plus mal. Personnellement (et je précise bien cela, vu combien la subjectivité prime sur un album d’Autechre) les seuls titres que l’on pourrait qualifier de mauvais sont Fol3 “hey-si-on-froissait-du-papier-pendant-quatres-minutes- et-on-rajouterai-des-reverbs-sur-le-tout-ça-pourrait-etre-sympa-ah-ouai-cool” et Notwo, où l’on se fait quand même drôlement chier.









Alors heureusement, il reste des titres de folie. Steels pour exemple, qui porte on ne peut mieux son nom. Déflagration ultra-sourdes à faire trembler les vitres, façon “bête gigantesque faisant trembler l’horizon à chacun de ses pas”, brisures métalliques débarquant dont ne sait où, pour former une masse ahurissante et indescriptible, ce morceau ne ressemble à aucun autre. Beaucoup prieront aussi devant Chenc9, qui semble tout droit sortir de LP5, l’album où Autechre semblait tenter un rapprochement avec l’IDM warpienne dans ce qu’elle avait de plus immédiat.. Le rythme concassé qui fuse, telle une drum & bass défigurée, s’enchante de pouvoir convier un synthé fragile tout droit sorti d’un disque d’Aphex Twin. C’est superbe, un peu old-school mais assez déglingué pour ne pas sentir le renfermé. On se prosterne.
Même son de cloche pour 90101-51-I énormissime piste rave “à la Autechre”. On pose un clavier de folie, ça se brise toutes les deux secondes, ça explose, ça crie, ça se révolte, mais cela reste furieusement entraînant. Ce titre, c’est aller sur un dancefloor après avoir pris toutes les drogues de la terre.

Et comme tout disque d’Autechre qui se respecte, on a le droit à une conclusion fabuleuse, tirant (enfin !) sur plus de 7 minutes. Qui prend le contre-pied de l’album, avec son atmosphère extrêmement paisible, légère, dénuée de tout conflit. On va longuement divaguer sur un semblant d’instrument asiatique, qui distille ses notes avec parcimonie, sur un accompagnement minimaliste, voir décharné. Un vrai désert après l’orgie métallique courant sur Quaristice. Pour s’effacer, se dérober au profit de chants plaintifs, timides, étouffés. On se ballade dans une église complètement vide, simplement traversée par le vent. Autechre fait de al musique avec du vide. Avec le silence. Impose une ambiance, un recueillement. Il n’y a rien, ou presque durant ces 7 minutes. Et pourtant, tout se tient, rien n’est superflu, rien n’est à ajouter. Là est le paradoxe. Quaristice veut nous submerger avec des morceaux en veut tu en voila, des orgies de sons, et, au final, nous émerveille avec du vide.










Quaristice est un excellent disque. De musique électronique, de musique tout court. Le travail sur le son est encore aberrant, certains titres tuent. Mais il manque une petite chose qui faisait d’Untilted, de Tri Repetae ou de Confield des albums parfaits. Quaristice n’est pas parfait. Le choix d’imposer une multitude de morceaux, d’essais, sans jamais donner la chance à certains de s’épanouir nuit au tout. On est frustré. Frustré de sentir que certains morceaux sont justes les fondations de qui auraient pu être des monuments.
On ne pourra pas reprocher à Autechre de s’être reposés sur leurs lauriers, de ne pas avoir pris de risque. Quaristice change complètement la donne et la façon d’aborder le groupe. Là où les néophytes de la formations ne seront peut être pas dérangés outre mesure, il y a là pour l’habitué un véritable travail mental à faire pour accepter ce visage d’Autechre, plus court, plus concis, et pas toujours pertinent dans ses choix. De plus la multitude d’univers abordés dans cette nouvelle galete pourrait faire passer cette dernière pour un Best-of Autechre, un panel de ce que peu faire le groupe. Oui, il y a du Amber, du Tri Repetae, du LP5, ou du Confield dans ce Quaristice. On pourrait même s’amuser à replacer les titres dans leur contexte, comme un enfant qui s’amuserait à foutre des triangles et des carrés dans leurs socles respectifs.



En fait, Quaristice souffre du même défaut que LP5 ou Chiastic Slide : l’inégalité. Malgré toute ses qualités, il ne forme pas un socle uniforme et parfait comme pouvaient se le prévaloir Untilted ou Tri-repetae. Je ne parle même pas de qualité, mais simplement de cohérence. Qui rendent ces derniers uniques. Et indispensables.




La déception de voir Autechre s’éparpiller, et ne pas s’acharner à tirer le meilleur d’une petite poignée de morceaux est grande. Ce ne sont pas les quatre ou cinq morceaux moyens qui portent préjudice à l’album. Mais bien le fait qu’aucun titre ne dépasse les cinq minutes qui géne. On a l’impression d’avoir un disque trop encadré, limité, voir censuré par les artistes eux mêmes… Un comble pour des types qui arrivaient à insuffler une véritable aura, un coté vivant à leurs créations sans avoir peur de les étirer sur un quart d’heure. La où le groupe pouvait me faire chialer avec les 3 premiers titres d’Untilted ne ravira mes esgourdes que d’une façon plus brève, moins introspective. Ce qui donne un album d’une qualité évidente. Mais qui restera dans l’ombre de certains monolithes du groupe, qui flirtaient, eux, avec la perfection.



Quaristice, lui, se contente de naviguer entre excellence et sentiments mitigés. Ce qui est deja pas si mal.







20 Titres – Warp
Dat’










Scuba – A Mutual Antipathy

Posted in Chroniques on June 8th, 2008 by Dat'


Acappellas & Cathedrals





Je ne sais pas trop comment commencer. A dire vrai, quand tout le monde se prend la déferlante d’un mouvement dans la gueule, on tente de surnager, de ne pas se noyer dans un océan de sorties au début ultra-attirantes, pour ne tomber au final que sur du générique, de la recette déclinée au kilomètre. Puis des têtes, apparaissant parfois presque par magie, tentent de se démarquer du genre, pour le porter sur d’autres rives, télescopant les influencent pour construire des oeuvres hors normes, difficilement classables. On ingurgite tout une tendance et on la malaxe avec son background musical.

C’est un peu le cas de Scuba, membre actif de la sphère Dubstep depuis trois ans, balançant des Ep vinyles à tour de bras, tabassant les amateurs de basses grondantes. Perso je n’en sais pas grand chose, je ne connaissais point le monsieur avant l’annonce de son premier disque ici présent. A dire, vrai, je n’aurais peut être pas jeté une oreille à ses prods sans des premiers échos annonçant un album très aérien, au son cristal-taillé-à-la-serpe, explosant la “norme” Dubstep de plus en plus synonyme de compilations ramenées par un pote au pays des Fish&chips.

















Soyons franc, en plus des échos alléchants suscités, il est évident que la pochette avait fini de me convaincre. Je pense ne pas trop prendre de risque en avançant que cet ornement d’un certain Luke Berry risque d’être sur le podium des Artworks de l’année, souffrant du syndrome j’ai-le-disque-en-version-Cd-mais-je-le-veux-aussi-en-vinyle-pour-le-mettre-sur-mes-murs-ou-en-évidence-sur-mon-bureau-tellement-il-claque. Cette devanture tranche d’ailleurs avec le contenu super sobre du reste des feuillets, à la limite de l’abstrait.

Bon, on avait beau être prévenu de l’aspect qu’allait avoir la musique de Scuba, j’attendais quand même quelques Booooouuuwww booooouuuuwww boooouuuwww et autres Brrrr Brrr Brrrrrllrlrlrlrlrlrlrlrlr (oui je sais, on me dit souvent que je sais bien faire le Dubstep avec la bouche). Bref, de la bonne Wobble bass des familles et autres déflagrations sourdes, à faire danser le meringue au lustre du voisin ayant le malheur d’habiter sous vos pieds. Et bien non. N’espérez pas faire trembler le quartier, Scuba offre vraiment une approche nettement plus aérienne dans sa manière de titiller les neurones et la paire de jambe qui va avec.
Donnée importante, le disque de l’anglais a été enregistré autant à Londres qu’a Berlin. L’histoire d’un déménagement réussi en somme. Car si la musique de Scuba pose clairement ses fondations dans la musicalité Anglaise de ces derniers temps, avec la lenteur du tempo et le lent déploiement des morceaux, il plonge aussi clairement l’ossature de son Dubstep dans la préciosité de la Techno Berlinoise.









Systematic Decline ne va pas me faire mentir. Lente montée d’un clavier noyé dans un écho cristallin, rapidement accompagné de percus puis d’un beat appuyé mais pas envahissant. On avance tranquillement, on laisse les synthés rêveurs se dérouler, on se voit au dessus des nuages à flirter avec le soleil. Pour avoir une idée, on est assez proche d’un Pinch dans la manière de traiter la musique, en misant le plus possible sur l’espace sonore, sur cette envie de construire une sorte de Dub des cathédrales.


Impression renforcée avec le sublime et énigmatique Hard Boiled qui, s’il se pare d’un semblant de rythme tribal bien entraînant, n’abandonne jamais cette ligne sonore étrange, semblable à un souffle de vent au fond d’une grotte. A une chute sans fin dans les tréfonds d’une musique puant les psychotropes. Et quand le titre se pose, c’est pour mieux échouer sur de sublimes claviers, Dub dans leurs échos, Techno dans leur manière de geindre. Ces derniers claquent comme un marteau sur un bloc de glace, avant de partir dans des répercussions presque renversantes. La gestion de la “spatialité” du son est ahurissante, et le coup du vent sifflant dans les oreilles façon mouvement perpétuel magnifie la sensation de chute dans un univers ouaté, doucereux, cristallin. Ouai, ce morceau, c’est tomber dans une caverne de glace sans fond, avec les anges qui jouent du synthé comme ultime requiem. Tiens, les anges vont même se permettre de pousser quelques choeurs fantomatiques en fin de course, histoire de vous arracher la colonne vertébrale de la plus belle des manières.
Une chose impressionnante, c’est cette gestion parfaite du silence. Le son respire, prend son temps, marque parfois des pauses d’une demi seconde, reprends son souffle, profite des latences pour mieux nous inonder d’échos l’instant d’après. C’est la musique qui prend vie, qui voit son coeur battre. Attention, je ne parle pas de naissance à la Autechre, grouillante et difforme. Non ici, c’est comme voir la plus belle des princesses ouvrir les yeux et s’étonner avec une candeur folle de sa première inspiration. Alors on lui prend la main avec la plus grande des prudences, tant cette dernière semble fragile, et l’on continue de choir dans le gouffre en enlaçant la belle.

Tiens je parlais d’Autechre. Hey bien figurez bous qu’à l’écoute de certains titres du disque, j’ai clairement pensé au duo Anglais et à leurs premiers disques, au visage beaucoup plus doux et éthéré qu’aujourd’hui. A leur album Amber précisément (et “Montreal” notamment). Aka ses grandes plages de synthés à crever tellement elles sont belles surplombées de beats concassés et fracturés.
Disorder, c’est un peu ça, avec le rythme qui semble se broyer au fur et à mesure que la piste prend son envol. La mélodie ne semble pas se soucier de cette marche chaotique, en allant tutoyer les sphères de l’extatiques, perlant dans vos oreilles d’une façon bien ronde, en montant constamment lors du dénouement, histoire de vous hérisser les cheveux comme il faut, s’il vous plait.
Le parallele avec Amber sera encore plus évident lors de Ruptured qui laissera un beat hardcore (mais très étouffé) se démener d’une façon martiale, tentant de suriner violemment une mélopée cette fois directement tirée de l’au delà. Messe spectrale implorant grâce ou synthés taillés au quartz, cette dernière rend le rythme presque inoffensif dans cette rage à sens unique, presque absurde dans sa conquête de pervertir la pureté du tout. A tomber à la renverse.









A dire vrai, la seule piste qui laisse trahir clairement des racines Dub est Poppies avec cette basse presque traditionnelle qui se roule dans une résonance hypnotisante, et une voix balançant des phrases avec un ton grave. Sauf qu’elle trahit dans le même mouvement les influences Techno du Monsieur, vu que les pistes du genre qui égrènent des synthés envoûtants et des voix robotisées sont légions. Juste que l’Ibiza-anthem semble être passé en Slow-motion, avec une fumée impénétrable en couverture. On écarte les bras, on admire les clubbeurs se mouvoir dans du coton, et les lumières éclairer par intermittence ce lieu de débauche passé au Bullet-time. On se laissera aussi envelopper par le long Suck qui alterne entre phases Dub massives et passages de synthés grandiloquents, presque Vangelis, sublimes.


Mais le sublime a un nom dans ce A Mutual Antipathy : From Within. Le bijou absolu du disque, un travail d’orfèvre qui met à genoux dès première écoute. Pourtant il est bien plus minimaliste que la plupart des compositions peuplant la galette. La première moitié du titre est extrêmement diffuse, quasiment dénuée de rythme, simplement bardée de nappes nébuleuses, presque sibyllines, dévoilant petit à petit un air fragile, lumineux. Le beat est placé à l’horizon, 3km derrière les montagnes, histoire de ne percevoir que les réverbérations sourdes de ce dernier. Et c’est là que le miracle opère. Une mélodie, dépouillée, réduite à son plus simple apparat, chante trois notes jusqu’à overdose, tourbillonnant dans cet écrin de porcelaine. Imaginez les synthés d’une piste cheesy façon “Tu du du Tu du du” qui seraient découpées au millimètre près, puis plongés dans le cristal pur avant d’être jeté dans vos tympans. Le rythme renforce son emprise, et l’on se laisse littéralement happer par cet espèce de songe sur patte, flirtant avec la perfection sur deux minutes. Une perfection tout en retenue, presque minimaliste. Le plus beau des baisers, celui qui vous effleure les lèvres avant de disparaître à jamais.
Encore une fois, c’est foutre une Rave dans un bocal, et l’enterrer au plus profond de la terre. C’est ressentir les vibrations d’une boite de nuit à travers le trottoir, l’oreille collée contre le bitume. C’est danser seul au milieu d’une église completement déserte, sur le simple souvenir passé d’une soirée trop arrosée. C’est gaspiller sa dernière seconde de vie au milieu d’un dancefloor, et aimer comme jamais regarder le monde vaciller.










C’est tout l’interet de A Mutual Antipathy. Se dévoiler de plus en plus à chaque écoute. Nous happer graduellement dans cette caverne de glace électronique, ce microcosme où le son a une existence propre, se laissant aller à la respiration, à la divagation sub-consciente. Chaque couche, chaque nappe semble avoir été taillée dans le verre, avec des rythmes résonnants, créant des précédents comme un caillou plongeant dans une étendu d’eau. Les ondes se propagent graduellement, sans aspérité aucune. Le plaisir simple d’entendre une véritable cathédrale sonore, un édifice d’une beauté parfois frappante. Attention, cette derniere étant parfois cachée, pleine de sous entendus, et qu’il faut dénicher, accepter, assimiler. L’écoute au casque est même presque obligatoire. Ou dans à fond sur des enceintes qui coûtent la peau du cul.



A Mutual Antipathy est un disque qui se découvre, qui se déflore à chaque écoute, et qui explose, rayonne, émerveille dans sa gestion parfaite des silences, des respirations, des réverbérations. Froid si l’on y pose une oreille discrète, impressionnant si l’on accepte de s’y abandonner. Superbe disque.









11 titres – Hot Flush Recordings
Dat’











NIL – Comme Un (Presque) Printemps

Posted in Chroniques on June 2nd, 2008 by Dat'


Even Spring. Almost.





Les yeux injectés de sang. Le cerveau flottant encore dans un résidu de bière. L’année dernière, j’etais venu au Ninkasi pour voir dDamage, reconnus pour leurs perfs live ahurissantes, et écouter Puzzle sur scène. Je suis reparti avec un seul nom dans ma tête, scandé tel un mouvement perpétuel par mes synapses : Nil… Nil… Nil… De ce mec, je ne connaissais que le nom (On fait gaffe à tout ceux qui crèchent chez les Gourmets. Jettez une oreille à Carmen Maria Vega par la même occaz), le gif clignotant sur Infratunes, et un ou deux morceaux écoutes distraitement, et qui ne m’avaient pas foncièrement emballés.


Alors quand Nil s’insère timidement entre Puzzle et dDamage, on se dit que l’on va prendre son mal en patience, faire retomber la pression avant le grand chambardement. Les lumières s’éteignent, un beat assez commun démarre. On dodeline de la tête, aspiré par ce métronome sympathique, sans réellement en être persuadé. Justement, un drôle truc se passe avec vos synapses. Un vrai bug. Quelque chose, vous étreint, vous prend la gorge, vous étouffe comme une merde. Vous vous retrouvez seul, dans une dimension parallèle. Les lumières deviennent monochromes. La masse de gens, dégueulant de transpiration, ne devient qu’une chimère uniforme, compacte, irrationnelle. Juste vous, et une musique qui vient de vous percer le cerveau, de vous envoyer dans l’espace, pour vous plaquer violemment contre le sol la seconde d’après. Ce bug, c’est une mélodie, folle, à chialer, qui se faufile au milieu de ce matraquage rythmique. Je ne sais pas comment dire. C’était un mélange de nostalgie et de découverte. N’en déplaise aux grincheux, mais je n’ai pensé qu’à une chose pendant le Live. Les meilleures pistes des Analord d’ Aphex Twin. Attention, je parle des pistes “frontales” d’Analord. Genre Pwsteal. Ldpinch.D, Fenix Funk5 ou Reunion 2. Les seuls morceaux au monde qui vous donnent envie de danser en hurlant de plaisir, tout en pleurant sur la mort de vos proches. Bref, donc, merci pour la claque magistrale, et ce mélange de sons bien abrupts mixés avec des claviers à s’arracher la gueule.



J’avais dis que je reparlerai de Nil des son premier Ep mis en vente. Et j’espérerai que cela se ferait vite. Manque de pot, j’ai du passer un an, les cernes aussi grosses que des trous du cul, à naviguer sur son Myspace, à écouter chaque putain de morceau uploadé pour l’occasion, en restant à l’affût d’une date, constamment repoussée.


Bon les titres de Nil ont du martyriser pas mal d’autres anonymes comme moi, mais le plus drôle, c’est qu’un certain Busy P est tombé sur le myspace du gars. Et en plus de l’embarquer sur toutes les grosses soirées Ed-Banger, il signe un Edit d’un titre de l’Ep du Nil. Ouai l’ep, enfin, sorti, oh joie, il y a peu sur le label des Gourmets. Ceux qui connaissent sont contents. Ceux qui ne connaissent pas vont bientôt l’être.

















Bon, le truc bien avec Nil, c’est qu’il aligne directement un vrai petit bijou, qui résume à lui seul ce que l’on pourra trouver chez le Lyonnais. Comme un Printemps c’est la symbiose parfaite du sentiment que j’exprimais au début. Cette dualité entre rythmique appuyée et dansante, contre une mélodie à vous briser l’échine. Ce rythme, presque House, linéaire, à peine habillé de ce petit frisotti aigu, remplie parfaitement son office : La nuque travaille dur le va-et-vient. Pas des masses hein, on ne tient pas ici une boucle révolutionnaire, mais le tout suffit à faire vaciller les bassins, et lever vite fait les bras.
Et revoilà le bug, encore qui déboule sans crier gare. Cet espèce de clavier miraculeux qui semble pleurer sa mélodie. Ouai c’est ça, danse, et imagine subitement la plus belle des mélodies. Ben elle est sur Comme un printemps. Elle se déroule, elle passe devant nos yeux tous mouillés l’espace d’un instant. Le beat lui, commence déjà à tambouriner derrière la porte, pilonne petit à petit ce moment de grâce, pour repartir comme jamais dans un élan extatique façon je vole au dessus des nuages. Bref bruit blanc, un horizon crade déboule, et l’on cavale dans l’herbe le sourire jusqu’aux oreilles. Non mais je vous jure, à partir de 2 min 16, ce morceau, c’est comme courir à poil dans un champ de blé avec les cheveux qui bougent au ralenti. C’est comme casser tout ce qui se trouve dans ton appart, la rage au ventre, la tristesse te faisant vomir les larmes, en hurlant d’une façon inhumaine. C’est voir tes potes danser avec une joie indicible, alors que tu sais pertinemment que tu ne les reverras plus jamais. C’est comme se retrouver en haut du plus haut des buildings de la plus illuminée des villes, d’écarter les bras et de sauter en riant.
Le morceau, lui, va s’effacer peu à peu, laissant mourir les nappes de synthé progressivement, te laissant completement ahuri après un truc pareil. Le plus drôle, c’est qu’il n’y a rien de spécial. C’est même super simpliste (toutes proportions gardées) niveau construction, faut pas s’attendre à du Goldie. Un rythme pas effarant, deux ou trois effets, et un clavier distillant une demi-douzaine de notes. C’est tout. Mais l’alchimie est parfaite, presque miraculeuse. Je veux dire, les mecs qui chient des mélodies comme ça un jour, ben ils peuvent mourir tranquille.









Alors forcément, Je tourne en carré va paraître plus fruste que sa petite soeur. Elle tire d’ailleurs un peu plus sur le coté Dancefloor de Nil, en faisant la part belle à un rythme crade et ramassé, bourdonnant dans vos oreilles, oscillant aux grés d’attaques qui doivent faire un malheur en Live. Quand à la litanie obsédante, elle choppe vos tympans pour ne plus les lacher. Petit break, le son s’étouffe, la piste devient presque atone, pour surenchérir quelques secondes avec une nouvelle estocade bien saturée. On se dit que le mec nous refile une bonne piste secouée, et voila que débarque une boite à musique angélique, qui n’aurait normalement rien à foutre ici, excepté le fait de nous émerveiller et nous balancer, une nouvelle fois, à la lisière de la stratosphère.


Mais je parlais de symbiose totale entre le coté rentre dedans de la musique de Nil, et sa facette plus absolue, plus émouvante… C’est avec Ma Disconica que l’on attend sûrement le sommet du “concept” décris plus haut. La première piste, si sublime soit elle, est plus basée sur une rupture, un virage presque inattendu, qui vous fait passer du Club à la béatitude en un claquement de doigt, à l’instar des anciennes prods de Tepr. Pour Ma Disconica, Nil se la joue sympa, le mille feuille est dispo dès le début. Le problème, c’est qu’il va falloir étreindre son paquet de mouchoir comme un forcené dès l’entrée sur la piste. La boule à facette se met à chialer sans nous faire languir. Le lit presque saturé fait l’effet d’une bombe, donne un aspect presque “tube” aux premières mesures, rapidement accompagnée d’un pied sourd et d’une mélodie cristalline à s’arracher les viscères de bonheur. Histoire de radoter au maximum, on se demande encore si Nil vient pas (encore ?) de chier sa plus belle séquence.
Impossible à décrire, c’est juste trop bon. Encore une fois, c’est croire entendre Aphex Twin remixer un titre de Justice. C’est voir ses pieds cramer de bonheur sous l’effet du rythme, et dégueuler son coeur tellement la mélodie est belle. Le Break du milieu, où les claviers seuls se délient, tentant de t’écraser les vertebres, est juste lumineux, et permet de bien faire comprendre que oui, la mélodie tue. Putain, et je ne vous parle pas de la montée finale qui survient juste après ça. Je veux entendre ça en boite, en concert, en live, dans la voiture, dans la rue, chez mon voisin, dans le métro, à la tv, à la radio. Tiens, tu écoutes le titre la vieille, que le lendemain tu es capable de le siffler dans la douche. Tout ceux qui sont tombé dans la marmite Nil confirmeront. Alors tu commences à bouger comme un con avec le pommeau de douche dans la main, à chanter, tu mets de l’eau partout, tu danses dans ton appart la bite à l’air, tu ouvres la fenêtre, tu cries que la vie, ben parfois c’est drôlement beau et tu te retrouves au commissariat pour attentat à la pudeur.











Tout est une histoire de mélodie. On a l’impression, dès que l’on aborde un titre de Nil, que ce dernier a tenté de nous en façonner la plus belle des plus belles. Et je parle aussi des autres titres du bonhomme qui étaient écoutables à un moment, et qui, je l’espère, se retrouverons sur son premier album. On pleure d’ailleurs l’absence des morceaux Et voler ton coeur et Le coeur sur le pied qui étaient juste mirifiques de ce point de vu. D’autant plus qu’une des deux s’est peut etre vue voler sa place sur l’Ep par un Edit assez inutile de Comme un Printemps par le big boss Busy P. Il n’apporte rien de fondamental à la chanson, et casse même sa progression. Enfin on ne peut nier qu’avoir l’aval de Pedro Winter sur son premier Ep ne peut être que salvateur pour la suite.



“Le coeur sur le pied”. Ouaip, c’est tout à fait ça. Cela aurait pu être le titre de l’article, tant il résume ce que peut nous refourguer Nil. “Le coeur simple” aussi. Pas besoin de construire des cathedrales musicales ampoulées pour toucher au plus profond des gens. On pourrait même resumer sa musique en une phrase, constituée de deux intitulés de morceaux : Voler ton coeur pour le mettre sur ton pied.
Ça te ravage les jambes et le bassin, mais cela te parasite le cerveau et le coeur, constamment tiraillé entre joie et mélancolie. On trouve ça super jouissif, super beau, super optimiste et triste dans le même mouvement. C’est des petites bombes à danser qui te poursuivent jusqu’à ce que tu passes l’arme à gauche dans ton pieu, explosé par le sommeil. Qui s’écoutent aussi bien avant de faire la bringue, qu’affalé dans un train en ruminant sur les bons moments passés, avec un paysage défilant devant tes yeux aussi rapidement que tes souvenirs. Nil arrive à brasser deux émotions completement opposées d’une façon rare, comme seuls des tenors de l’electronique savaient le faire auparavant. On ne les citera pas, histoire d’eviter les comparaisons fumeuses.



En fait, ce que balance Nil, c’est pile tout ce que j’aime dans la musique électronique. Un coté rythmique qui tabasse, qui vous file immédiatement l’envie de danser. Et sur le fil, des mélodies à chialer. Une musique qui vous fait vibrer, danser, sauter dans tous les coins. Qui vous étouffe, qui vous prend la gorge. Qui joue sur les souvenirs, les sensations, les sentiments. Nil veut nous noyer dans les étoiles.



Si son futur album, à sortir en fin d’année, aligne d’aussi belles perles sur une demi-douzaine de titre, il risque sans conteste d’être un des rares disques que je défendrai jusqu’à la mort…









En vente sur Beatport, Itunes, et en vinyle dans tous les bons magasins.


4 titres – Gourmets Recordingz
Dat’









Matmos – Supreme Balloon

Posted in Chroniques on May 28th, 2008 by Dat'


Laying with numbers / Playing with dumbers





Difficile de dresser un portrait du groupe Matmos. Musique électronique en constante mutation, toujours en recherche de nouvelles idées et formes d’expressions, les deux américains ont petit à petit été considérés comme les princes d’une musique concrète ouverte sur le monde et la musique dans toutes ses expressions. Grands potes de Bjork ou du Kronos Quartet, instigateurs des disques Soft Pink Truth, les Matmos ont surtout sorti une tripoté d’albums ayant chacun un thème central radical, désarçonnant à chaque fois les amateurs du groupe.


Apres une première étape très electronica, le groupe a secoué son monde en sortant A Chance to cure is a Chance to cut disque affolant (c’est par celui-ci que j’ai pu découvrir le duo d’ailleurs) ayant pour concept de mixer des samples, des bruits de corps et d’opérations chirurgicales avec de l’électro, sans jamais oublier la notion de mélodie (génial dernier morceau). Aussi fascinant que repoussant, le disque arrivait à nous faire danser sur une transplantation du foie en 5.1. Imaginez toutes les opérations de Nip/tuck remixées avec des beats techno et des digressions click n’ cuts. L’objet, sans équivalent, annonçait la couleur dès le packaging (au secours) et décortiquait tous les sons entendus dans le disque (une habitude pour le duo).
Dansez sur une liposuccion, remuez les fesses sur une chirurgie de l’oeil au laser, planez en pleins tests sur des rats ou payez vous un bad trip sur un ravalement de façade ! Passer A chance to cut is a chance to cure c’était l’assurance de passer une bonne soirée. Enfin, pour vous évidemment, à prendre des photos le sourire aux lèvres d’une audience décomposée dès explication du concept : “Hey mec, tu danses sur une rhynoplastie là hein !” Bref, le disque d’électronique le plus organique, au sens propre du terme, un trip total, jusqu’au-boutiste, encore incroyable aujourd’hui.

J’aimerai me fendre d’un article sur cet Ovni, mais je vais juste dire que ce disque est indispensable pour tout amateur de bizarrerie électronique. Il est fascinant, passionnant, drôle (la liposuccion qui se transforme en deep house “indienne”, avant de virer au Hip-Horgane), foisonnant, parfois sublime et toujours aussi énorme et jouissif. Un de mes disques de chevet.









Bon, on s’attendait à une spéciale Best-of accouplements de chevaux bondage sur fond de Trance pour le disque suivant, mais le groupe nous sort leur relecture du patrimoine musical américain avec The Civil War : De la guerre de sécession au vieux banjo country tout pourri, tout était malaxé dans un écrin electronica sublime, mais franchement déroutant, à se demander si le groupe ne se foutait pas de notre gueule sur certaines pistes…
Dernier essai officiel en date, The rose has teeth in the mouth of a beast se présentait comme un manifeste Gay du collage sonore, poussant la musique concrète à son paroxysme, en tentant de dresser le portrait de 10 personnes / artistes / écrivains and co, souvent homosexuels, toujours ayant le destin brisé. Morceau d’electro-machine à écrire-piano, ou Break-fanfare-salace, le disque s’affranchissait des essais concrets lourdingues pour donner ce qui fut la galette la plus accessible du duo. Même ma grand mère trouvait ça cool.





Autant vous dire qu’à l’annonce du nouvel album du duo, je piaffais d’impatience, même si je n’ai jamais pu retrouver la perfection du son Matmos depuis leur essai electro-chirurgical, ce qui commence à faire un bail mine de rien. Mais voila que s’ammène Supreme Balloons, annoncé comme très direct, très porté sur les synthés pourris, les Atari et le son 8 bits recréé à l’aide d’une armada de claviers Korg et Roland de première génération, mais surtout dénué de collages et autres expérimentations sonores. Une révolution dans le son de Matmos. Allaient ils tomber dans une musique commune, sympathiques mais sans trop de surprise ?














Evidemment, les mecs de Matmos ne pouvaient pas faire un simple disque de musique vintage, pour le plaisir simple de la régression. A l’instar du récent “Computer Games” de Kerri Chandler, le concept devait porter plus loin. Comme d’habitude avec les deux gars de San-Francisco, il faut prendre une matière première pour la détourner, la flinguer, a massacrer, la transporter sur des territoires insoupçonnés, que cela soit une réussite totale ou un essai completement foireux.
Pour tout vous dire, je n’ai pas trop pigé le truc à la première écoute. (Comme je n’avais pas pu piger le A chance to cut is a chance to cure trop aveuglé par les bruits d’intestins en pleins coïts sonores). On pense à un disque de 8bits électro bien marrant, assez barré. Petite erreur. En s’accaparant les morceaux, en tendant l’oreille, en s’occupant plus des structures et des architectures plutôt que des sons eux même, on pige vite le truc :
Matmos se sert de la musique 8 bits pour faire de la musique. Plutôt “refaire” la musique. Naviguer de genre en genre. Defrichons la chose.








Synthés tout pourraves, litanies rigolotes, bleeps nasillards, on est bien dans un semblant de Soundtrack de oldies. Rainbow Flag laisse une mélodie se dérouler, monter et descendre, faire la nique à vos tympans en faisant des petits loopings rigolos. Mais le rythme est étrangement cadencé. Il parle directement à vos hanches. Il vous donne envie de claquer des doigts. Il part dans un semblant de choeurs sous heliums, ou de trompettes lo-fi, au choix. Hou ! Mais derriere cette vieille console cassée perle un charme bien latin. La chaleur, le truc qui vous donne envie de bouger de droite à gauche en mettant ses lunettes de soleil. En schématisant méchamment, on dirait presque que Matmos invente là la Bossa-nova pour Geek. Le Daedelus plongé dans une salle d’arcade. Le stage de Blanka si ce dernier avait choisi se laisser caresser le chibre plutôt que de fermer les poings.
Changement radical d’ambiance avec Polychords, beaucoup moins tordu. Beat métronomique, super jouissif, House presque régressive. La ligne mélodique tranchera pourtant drôlement avec le coté rigolard du tout, puisque c’est un orgue qui va se greffer à cette cavalcade. Bref, contraste presque dérangeant entre cet orgue claudicquant qui se retrouve bardé de multiples couleurs avec ce pilonnage débile, rigolard, dansant en diable. Tu enterres ta mère, mais tu joues à Super Mario Bros en pleine église, pendant que les autres pleurent, et tu oses même balancer un Put your hands in the air ! pendant la veillée mortuaire.








On part dans l’expérimental le temps de l’introduction de Mister Mouth, avec des sons qui giclent dans tous les sens, crépitements et explosions pixélisées, sans structure, sans repères. Mais au moment où l’oreille décroche, trop submergé par cette attaque non ciblée, qu’une enormissime montée débarque et nous transporte dans un espèce de club-banger à tourner de l’oeil. Completement désaxé, déstructuré, le titre n’en garde pas moins une ossature dantesque, matraquée par des basses gigantesques et bien cradingues. Break, passage synthétique énigmatique, retour du rythme, orgasme pour dancefloors chiant la cocaïne par tous les pores de la peau. La montée finale est à se mouiller le froc tellement cette dernière arrive à point nommé, libératrice, à griller tous les pieds du monde.
Puis on revient sur le morceau. On le réécoute. Une référence nous saute à la gueule d’une façon presque naturelle. On se débarrasse, du son, on en prend que son ossature, sa saleté, sa construction : Moustache Half A scissor de Mr Oizo ! C’est du Mr Oizo joué à la Gameboy. Ni plus ni moins. Le même plaisir de se retrouver devant ce tsunami de digressions dégueulasses, de pieds pachydermiques noyés dans des éclairs noisy, dans des déchirures et changements de rythmes sadiques. Le pied total.

Encore un virage à 90° avec Exciter Lamp and the Variable Band qui va aussi s’ouvrir sur bonne minute expérimentale, presque abstraite, avec ces bleeps sautillants dans tous les coins et cette masse sourde à faire trembler les murs. En tendant l’oreille, on croit bien percevoir une mélodie toute mignonne et bien débile, mais cette dernière est tellement fracassée qu’on prend presque pitié pour elle. Erreur, tout se brise, et arrive sur une litanie super accélérée, très jolie, bien aérienne. Boum éclair de lucidité (ou abus de drogue à voir) on croirait entendre un concert de Steel Pans (vous savez les bidons en fer à la surface courbées, qui vont des sons tous jolis lorsqu’ils sont tapés avec des battons). Mais euh, des Steel Pans en mono sur un telephone portable évidemment. Nécrose du concert façon caraïbe, on nous balance dans un tourbillon de synthés pourraves, giclées rondes mais limites malsaines, genre Nintendo qui ouvre un manége partant en couille avec des clowns cannibales enculant les petit chevaux de bois. Les neurones semblent alors être une notion bien lointaine.

Et ce n’est pas Les folies Françaises qui nous rassureront sur la stabilité mental du duo, vu que ces derniers tentent de nous pondre un morceau de musique classique avec pour seules armes des vieux claviers Korg croulant sous le poids des années. De la musique Baroque reinterpretée en remplaçant le clavecin par des claviers vintages, on aura tout vu, et certains bien pensants crieront presque au scandale. (Le livret et Wikipedia me soufflent même que le morceau fût composé par un certain François Couperin en 1700 et des poussières). On aura même le droit à la petite incursion ambiant avec Cloudhoppers, tout fragile et éthérée.








Alors après les caraïbes, le classique ou l’électro cradingue, il restait quoi à défricher à coup de Gameboys et autres vieux Korg ? Le rock. Enfin non, plus drôle, le rock psyché. Celui qui s’étire à la Pink Floyd ou Aphrodites Child. Celui qui vous plonge la tête dans des volutes enfumées, dans une cave avec un brouillard à couper au couteau. Et pour le coup, Matmos ne va plus taper dans la vignette, vu que le morceau Supreme Balloon se déroule pendant 25 minutes. A dire vrai, encore une fois, si l’on survole le titre, en fond sonore, d’une oreille peu attentive, on n’y décèlera qu’une longue cavalcade old-school, une espèce d’épopée Chiptune qui tourne à n’en plus finir…

Pourtant, des les premières minutes tout devient clair. La mélopée, posée, enivrante, lente, s’enroule autour de votre cou. Epousant les volutes de fumée d’un opium trop pur, suivant les divagations mentales du hippy coincé au fond de la pièce. On se laisse aller, l’oeil torve, tentant de suivre les arabesques de ce synthé tout pourri prenant la place d’une guitare planante passée sur 10 pédales à effets. Un rythme sourd s’installe peu à peu, tonne dans notre caboche, sert de métronome aux courbes presque aléatoires du clavier, qui se mue peu à peu en vrai charmeur de serpent. Sauf que le serpent, ici c’est vous. On part dans les nuages en dodelinant de la tête, on se laisse aller à la béatitude la plus totale. Les notes se parent d’échos, et le pied tambourinant à l’horizon sert de repère presque salvateur, histoire de ne pas basculer en entier dans le coma, avec les dents du fond qui baignent dans les psychotropes.
L’atmosphère se fait de plus en plus diffuse, aérienne, délicate. Et l’on bascule peu à peu sur une mélodie tout droite tirée d’un vieux Aphex Twin. Là où les claviers tout fragiles étaient rois. Où chaque note ressemblait à du cristal. On se croirait dans les Selected Ambiant Works… puis le rythme sourd revient, la mélodie se fait presque émo, à chavirer de bonheur, à écraser le coeur. Les nappes se glissent sur le tout, s’enroulent et s’entortillent comme aux premiers jours, tout devient dense, intense, appuyé, et l’on replonge dans cette balade au dessus des nuages, à filer entre les oiseaux, à caresser les cumulonimbus d’un revers de la main, à serrer la pince du soleil. Tiens, les Matmos sont illustré d’une façon étrange dans une montgolfière sur la pochette. C’est peut être ça finalement. Un voyage en montgolfière, serein, jamais secoué, à glisser sur la stratosphère comme du coulis de fraise le ferait sur une glace vanille.
Dernier acte, le titre tourne petit à petit en berceuse branquignole, avec ce semblant de boite à musique qui va petit à petit se nécroser, se casser, se déconstruire progressivement, perdre le rythme, pour échouer sur une sorte de Dub lo-fi. Une basse Dub qui perle, se détache du reste, et un clavier qui ressemblerait à un accordéon coincé entre deux joypads. On entendra bien d’étranges râles organiques, comme si le rêve aux psychotropes tournait sobrement au cauchemar, sans jamais sombrer dans l’horreur. Les petites bêtes grognent au loin, mais l’atmosphère cotonneuse balaie tout sentiment d’appréhension.
Superbe épopée, sorte de tribute Atom Hearth Mother en mode 8 bits, voir un revival Kraftwerk pour taper dans quelque chose de plus electro, et qui doit s’écouter en mode “casque-yeux-fermés” ou ne doit pas.


Histoire de faire retomber le charme précédent, Matmos va même nous balancer un morceau sans titre sur la 8éme plage (après 10 minutes de silence débile et inutile) juste énorme, sorte de Techno minimale bien insidieuse, à retourner n’importe quel Dancefloor un peu camé. Ca transpire dur, et l’attaque de hand clap vers la fin finira de convaincre ceux du fond de lever les bras en l’air.









Ce disque de Matmos, sous cet écrin électro débile qui semble évident à une première écoute un peu distraite, est au final d’une richesse absolue. Pas dans les tessitures sonores évidemment, vu que tout sort de Korg croulants, Moog voyager et autres machines plus ludiques que musicales aujourd’hui. (Enfin selon la perception actuelle des choses). Il est évident que le disque irritera toute personne ayant pour horreur ce genre de sons vintages et autres bleeps vidéo-ludiques


On se retrouve devant un petit catalogue de musique, un panel de genre joué façon chiptune, de divagations latines à la musique classique en passant par le rock psyché ou l’électro salace, façon Matmos. Et là où le disque est présenté par son label comme étant un simple fun défouloir pour un duo qui se voyait de plus en plus bouffé par une étiquette “musique-concrète-boursouflée”, on retrouve sans conteste la ligne directrice de Matmos depuis leur debut :

Utiliser une base sonore pour construire une architecture s’éloignant completement de sa matière d’origine, qu’elle soit à base de compressions de viscères, de fanfares américaines ou de Gameboys cramées. Comme si vous vous décidiez à construire une cathédrale avec des planches de bois.


Supreme Balloon n’est pas un simple disque ludique surfant sur la vague chiptune, alignant des titres façon Crystal Castles dans le seul but de foutre le bordel, balancer des petits tubes bien jouissifs ou de se fendre la gueule. c’est une sorte de declaration d’amour à la musique, dans toutes ses formes, dans tous ses genres même quand elle se retrouve plongée dans un amas de sons cramés et regressifs.


Un vrai petit bonheur !







MATMOS – Rainbow Flag (Click droit / Enregistrer sous)








8 titres – Matador
Dat’









Subtle – For Hero : For Fool

Posted in Chroniques on May 24th, 2008 by Dat'


Le prince, le bouffon et l’alien Hip-Hop.





Je suis un admirateur de DoseOne à travers ses différents projets depuis qu’un sombre dingue m’a conseillé de me plonger dans le premier “CLouddead” il y a quelques années. La chance, c’est que ce MC fou a autant de projets et de groupes sous le coude que de bières dans mon frigo.
Qu’il casse le Hiphop “classique” en mille morceau avec son pote Jel sous Themselves ou avec le collectif Deep Pudle Dinamics, qu’il le mélange avec du LSD grâce à Clouddead, Qu’il le confronte à la pop en faisant un disque avec The Notwist sur 13+God (Accouchants de titres magistraux, “superman on Ice” en tête), Qu’il se balade sur les morceaux de tout ses potes d’Anticon, Boom Bip, Mike Patton, Buck65, TTC(l’inénarrable “Pas d’armure”)… Qu’il fasse des apparitions magiques sur un disque de Hood, et bien sur en solo, ce gars est juste hallucinant de constance dans la qualité.

En plus d’avoir un flow TGV qui pourrait presque faire pâlir Busdriver, on le croise même “Designer” (toutes ces pochettes superbes et foldingues sont de lui) ou poète dans l’âme (on va en reparler).
Il a même rappé avec Eminem avant l’explosion de ce dernier, jusqu’à ce que les deux gars optent pour des chemins différents que l’on connait bien maintenant…


Mais un de ses projets et pas des moindres, “Subtle” nous intéresse pour le moment.
avec son compagnon de toujours, le beatmaker Jel et quelques potes gravitant depuis longtemps autour d’Anticon (Dax Pierson en tête), ils ont sorti un album Hiphop Mutant (pas d’autre terme valable) chez Lex en 2004. Resté malheureusement dans un relatif anonymat, il a quand même eu son petit succès auprès des fans de musiques barrées, nous offrant au passages quelques tueries comme les perles “I love L.A”, “Red White and Blonde”, “silence” ou même une sublime “She”.


On a bien cru que la belle histoire allait s’arrêter avec leur accident de Bus (de tourné) et la paralysie importante de Dax Pierson…
On a eu donc droit à un recueil de Face B et titres inédits pour patienter longuement avant ce “For Hero For Fool”











Claque. Une pochette qui tue. Le design est parfait. Et l’intérieur n’est pas en reste, mélange de dessins et images complètements déjantés.


Bonne première impression Visuelle, on lance le CD.

Claque. A tales Of the Apes I est hallucinante.
Un Mélange de Hiphop oldschool et d’une mélodie au synthé géniale. DoseOne débite son phrasé avec une vitesse impressionnante. Le morceau se met à nous faire planer, les synthés nous transporte encore plus haut qu’un bontempi touché par la grâce. On Oublie L’expérimentation, le morceau est direct et accrocheur, capable de séduire bien des adorateurs de Hiphop, qu’ils soient plongés dans les prods grand public ou la grosse abstraction autiste.
Son pendant A Tales Of Apes II fera dans la contradiction la plus poussée, en proposant un morceau super calme et aérien. On ralenti le tempo, on plonge dans un morceau certes linéaire mais permettant de retomber sur ses pieds après la bastonnade orgasmique du premier titre.

Mais Subtle va plonger tête baissée dans ses objectifs musicaux complètements brouillés et expérimentaux avec les deux titres Middleclass Stomp et Middleclass Kill.
Le premier est un titre Rock taré, comme un Kasabian drogué de force. DoseOne se permet de chanter (comme bien souvent auparavant), les guitares claquent. Mais sa suite directe va nous foutre dans les méandres d’un esprit malade, le morceau se changeant en un marasme sonore. L’ambiance est toujours Rock (enfin presque), et la MPC de Jel (la machine de mes rêves ) résonne comme des coups de tonnerres, crachant ses beats industriels sur un mur de guitare en constant changement. Le titre n’offre aucune structure pour rassurer, tout change, s’arrête, repart. C’est touffu, dense au possible (presque trop). Seule les notes de pianos de la conclusion du morceau nous permettront de respirer.




Les titres (dans le désordre) Midas Gutz, Nomasinisland, Bed To The Bills et return To the Vein nous offriront tous des morceaux Hiphop / Pop électronique complètements déviants, n’obéissants à aucun codes pré-établis (Mention à Return to the Vein et sa guitare hurlante sortie de nul part sur la fin). Jel fait claquer sa MPC avec des beats durs et appuyés, tandis que tout le collectif s’arrache pour donner de la richesse et de la “foisonnance” à tous ces morceaux…

Au milieu de ce bloc, une autre tuerie, The Mercury Craze qui se débarrasse lui aussi, comme le premier titre, de toute difficulté d’accès…
On tombe sur un tube Disco Hiphop bien electro, défoncé, barré, joyeux. Le genre de morceau qui vous fou le sourire à chaque écoute. Le groupe ne s’est pas trompé, il le balance comme premier “Single” de l’album. (Même si je lui préfère A Tales of Apes I )
DoseOne assure comme un dingue, et épouse l’instrue de sa voix comme s’il lui faisait l’amour depuis 10ans. Le morceau se laisse mourir sur un très bon clavier.





Les deux derniers morceaux seront aussi deux vrais tours de force, en adaptant pourtant une recette carrement opposée… Deux blocs de plus de 8 minutes. Difficile à décrire.

Call to Dive va passer du HipHop aride enrobé de nappes à une rythmique industrielle déconstruite, avec un texte répétant inlassablement “The sun is on a Stick / the moon hung on a hook / Desperate times call for step by step of the human dive”.
On échouera sur une rythmique à la “Drop it like is hot” de snoop, le tout sublimé et progressivement remplacé par de superbes nappes de synthés, pour finir sur une sorte d’incantation mystique…

Le Roller-coaster du hiphop quoi…


The Endssera tout aussi halluciné, mais en abordant les terres de la pop. Guitares acoustiques, choeurs, un Mc chantant, nappes planantes. Changement de rythme, phrasé Hiphop, instrue toujours popisante.
Break, on laisse une base “BeatBox” accompagner un piano, avant que la guitare refasse surface. Les 3 dernières minutes de la piste nous laisseront pour seule compagnie des digressions sonores discrètes et une voix lointaine…





Je parle toujours trop des instrues, mais le Mc, penchons nous dessus.

J’écoute donc DoseOne depuis pas mal de temps. Et ce gars arrive encore à m’étonner. Outre sa vitesse hallucinante et sa capacité à dire des phrases inintelligibles ou imprononçables pour le commun des mortels, il a clairement évolué dans l’utilisation de son “organe”.
Je ne l’ai jamais entendu couvrir autant de gamme sur un cd, passant maintenant du suraigu à l’ultra grave sans transition.
Ses Phases de chants sont aussi beaucoup moins irritantes que précédemment. (Enfin pour ceux qui étaient irrités)

Les paroles sont aussi déglingués que le livret (très bon, je me répète, avec une évolution des dessins de plus en plus noirs et sombres…). DoseOne à la (bonne/mauvaise) habitude de foutre une métaphore à chaque mot de ses textes.
Pour exemple :
“The lids on the streetback peel back / To reveal row upon row of bulbing black bird eye / all gorged out toward you like exotic zoo snakes / Heaped up on fireglass rocks / Fat with farmed rats coaxed down their throat”
Voila, bon courage, merci le livret avec les paroles pour réussir à en déceler le sens.
Le tout articulé avec brio et une musicalité dans la voix de tout les instant.





Un très bon album donc, impossible à classer clairement.
Le placement dans la catégorie “Aliens” est plus du au multi genre de la galette qu’a une folie s’en dégageant (comme Guinea pig ou bungle par exemple.)
Electro, HipHop, Pop, Rock, Experimentations… Il pourrait se fondre dans toutes ses catégories sans trop de problème.



Pas mal de titres en écoutes sur : http://www.subtle6.com/ (cliquer sur “Player” en haut de la page, pour avoir des titres des trois disques en écoute…)

Et une (très) bonne vidéo d’un (très) bon titre en live :






Pour une fois de bonne qualité audio et image






Dat’