Klub Des Loosers – La Fin de l’Espèce

Posted in Chroniques on March 11th, 2012 by Dat'


He’s about to catch wreck from diggin’ in the crates



Fuzati l’avait promis après la sortie de Vive La Vie : Pour une prochaine livraison, il fallait qu’il expérimente, afin de faire évoluer son personnage et ses textes. Il fallait qu’il grandisse, bosse et baise, pour pouvoir en parler, et ne pas se répéter. Il aurait pourtant été simple de surfer sur le succès (plus que d’estime) de son premier album, et sortir deux ans plus tard un deuxième Lp de looser goguenard. On aurait été content, moi le premier, et le mec aurait été propulsé leader du rap neurasthénique. Fuzati a préféré le statut d’oublié. Celui dont les “vieux” parlent, celui que l’on cite toujours en référence mais qui commençait à se perdre dans les piles de disques achetés au long des années, ayant laché lentement l’espoir qu’il balance un jour un deuxième album. On l’a attendu ce disque, en ce demandant si le Klub des 7 donnait des pistes sur la direction qu’allait prendre le Klub des Loosers sur ce nouvel album. Savoir si Detect allait prendre plus de place dans le groupe, histoire de cadrer un peu plus les productions et filer un peu de punch a des instrues qui flirtaient parfois avec le mauvais porno dans le premier disque. Restait l’inconnu des textes. De la hargne.

Mais si l’on pouvait deviner à l’avance les problématiques de ce nouveau disque, 8 ans après, on ne pouvait pas s’attendre à un album aussi brutal et définitif.








La fin de l’espèce commence là où Vive la Vie s’est arrêté : Le suicide est finalement raté, et Fuzati se retrouve comme un con le cul par terre, la branche à la main et la corde au cou. Les dernières innocences de l’enfance se sont envolées, aspirées par cette tentative avortée. Bonjour la vie d’adulte, et les problématiques inhérentes à la période. A dire vrai le disque tourne majoritairement autour de trois thèmes :

–        La procréation, les gosses, les mouflards, bref, la haine de ce que represente l’enfant (et l’envie d’en avoir un)

–        La chatte, la cramouille, le vagin, bref, le sexe féminin

–        Les éjac’ faciales.

Avec quelques saillies sur le boulot et l’alcool. Bon je schématise un peu. Pourtant au niveau des textes, l’album est ultra homogène, on ne peut pas dire que Fuzati a voulu tenter le grand écart putassier en choisissant 10 thèmes différents. Il veut tout vomir sur ce qu’il pense des femmes, des gosses, et de la vie en général, et il lui faudra 13 titres pour le faire. Autant être direct : Les lyrics sont dix fois plus aboutis que sur Vive la vie. Tous les mots servent, pas une phrase n’est superflue, tout est métaphore, images et punchlines de folie. Et à part Jeu de Massacre, qui ressuscite le thème de la vengeance, il y a peu de reliquats avec la période du premier Lp.

Si tous les morceaux flinguent (en mettant de coté l’inutile interlude), certains sortent du lot par leurs thèmes. L’indien, et sa complainte sur le monde du travail est mortel, et tout ceux qui ont foutu un pied en entreprise ne peuvent que hocher la tête sur chaque affirmation de Fuzati. Je ne peux même pas choisir une phrase tant la globalité du texte est golden (shower). Texte le plus universel du disque, comme si Fuzati avait mis en boite tes années de frustration en entreprise, de casual Fridays ratés, de réunions interminables et ces putains de pots de départs. L’éponyme La fin de l’espèce s’avance comme le traumatisme du disque, où Fuzati débite de sacrées horreurs sur une boucle de piano toute calme. C’est le morceau jusqu’au-boutiste de l’album, le truc abusé, les phrases meurtrières, d’une cruauté folle.

Beaucoup de titres balanceront aussi des rimes cliniques sur le monde d’un trentenaire un peu (beaucoup) désabusé, à base de “Ne rien répondre aux connaissances quand on se retrouve pour un verre / Ce qui n’arrive plus trop souvent / C’est vrai qu’ils n’ont plus trop le temps / Et quelque part je les comprends / Entre le boulot et les gosses ils sourient peu mais sont heureux disent-ils / je ne sais pas s’ils se forcent” ou de diatribes qui ont traversé bien des cerveaux : “Entassé dans le métro avec d’autres pauvres qui se rassurent / En se disant que le trajet serait aussi long en voiture” sans oublier les vannes balaises « Ce n’est pas vrai mais tu es moche, donc ma réponse “oui je suis pris” ». A part parler de gosses, le mec se balade dans les rues d’un œil torve en maugréant sur tout ce qu’il déteste en étant à moitié défoncé. A l’écoute du disque on l’imaginerait presque faire le tour des pharmacies, haleine de bière devant la caissière, à peine la force de lâcher un merci.





Mais le titre le plus adulte, le texte le mieux branlé du disque, on le trouve sur Non-père. Sorte de négatif dépressif du Ton héritage de Benjamin Biolay, où Fuzati parle en deux couplets à ses deux “non-enfants”. Le premier couplet, le plus réussi peut être, où il s’adresse à son beau-fils, enfant né d’une autre semence et ne regardant jamais le narrateur comme un vrai père, voir à peine comme une machine à cracher des billets dans un magasin de jouet. Tu te prends le morceau dans la gueule. Deuxième couplet, on parle ici de l’enfant fait avec un autre, la demoiselle ne pouvant plus attendre de faire un gamin et devant se trouver un nouveau mec, vu que Fuzati n’a pas l’air super enclin à lâcher du sperme dans ce but précis (par contre, pour en coller dans les yeux, il n’y a pas de soucis). Entre déclarations forcément sincères et punchlines parfaites se muant en interrogation existentielles ( “Sommes nous civilisés si l’instinct bat les sentiments ?” ), le titre est réussi car semblant être le plus réaliste du disque, le plus modéré dans ses propos tout en restant extrêmement rude.

On pourra reprocher que l’album ne parle presque que de procréation, de baise et de taff. Mais qu’est-ce que la vie à 30 ans ? C’est le sexe, le boulot et les éventuels projets de fonder une famille. Le reste n’est accessoire, et en tant qu’instantané d’une période de vie, le disque ne pouvait pas traiter d’autre chose. Il balaie d’un regard crevé se qui se passe autour de lui, et nous le recrache. Le mec ne mange pas à tous les râteliers, et se concentre sur ce qui fait mal. Car le disque fait mal. Il fait grincer des dents. Il te cogne en pleine poire, et cela même si tu es habitués à ce genre de réflexions misanthropes via la littérature, tant les lignes de Fuzati sont violentes. Sur tous les morceaux c’est jour de paye, il distribue les taloches verbales sans discontinuer. Sur Vive la Vie on broyait du noir, ici c’est plutôt la vie en rouge : du sang partout, pas de temps mort dans cette croisade anti fœtus, le mec au fond de la classe s’est rebellé pour se transformer en faucheuse de la trentaine.

Et en plus d’avoir évolué sur les textes, le groupe te sort des productions de folies, comme si Fuz et Detect avaient trouvé la recette parfaite, après plus de dix ans d’expérimentations. On sentait déjà sur son Spring Tales qu’il y allait avoir de l’or du coté des instrues, mais pas à ce point. Chaque morceau est un tube en puissance (ce qui est d’autant plus paradoxale vu le contenu lyrical), et PAS UNE SEULE instrue est à jeter (là où l’on soufflait le chaud et le froid sur le premier Lp). Mieux, elles démontent toutes. Vraiment. Il faut écouter Volutes, Destin d’hymen, Jeu de massacre, (cette prod de fou furieux), Encore Merci, Au Commencement (superbe aussi) et les autres, c’est des putains de boucles parfaites, qui transpirent l’amour du vieux sample et du hiphop. D’autant plus que les samples vocaux sont plus presents. C’est super chaud, les rythmes sont parfaitement placés, la basse est toujours imparable, ça tape et te hache la nuque direct. Je ne vais pas décortiquer chaque morceau, bien trop compliqué, mais de ce point de vu c’est claque sur claque.






Avec notre regard d’adulte, on commençait à trouver Vive La Vie fendard. Et on s’attendait à un deuxième album désenchanté mais marrant, bourré de pirouettes lexicales et de métaphores pas piquées des hannetons, d’anecdotes et de punchlines à ressortir à ses potes. Que dalle. La fin de l’espèce est au contraire un album âpre et violent, aussi définitif qu’une cartouche de fusil à pompe dans le bide. Fuzati geignait prostré dans son coin, mais aujourd’hui, il nous crache à la gueule, droit comme un “i”. Le Klub des Loosers, avec ce disque, a assurément atteint un point de non retour, sans équivalent existant dans la démarche. Un disque qu’il est nécessaire d’écouter une fois, pour tomber amoureux ou vomir dessus. Mais ceux qui apprecient seront tous d’accord, le groupe opère un retour vraiment réussi, et balance une vraie bombe avec La Fin de l’Espèce, tant musicalement que dans l’écriture, superbement maitrisée.

Difficile de cautionner tout ce qui est dit dans ce disque, tant la violence et le dégout écorchent. Mais derrière cette véhémence se cache cette peur que beaucoup rencontrent autour de la trentaine, cette obligation omniprésente de devoir penser au futur, ces normes qui obligent à construire quelque chose, tout en écopant les premiers vrais problèmes d’adultes. C’est un disque à écouter au premier degré mais à prendre évidemment avec recul. Mais vu la qualité folle de cet opus, cela ne devrait pas être trop dur.






Klub des Loosers – Destin d’hymen






Klub des Loosers – Volutes (clip)






13 Titres – Les Disques du Manoir

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Cum On My Selector 3 : Chiptune & 8bit

Posted in Chroniques on March 6th, 2012 by Dat'


Gameboy Sessions part 1


Parce que Cum On My Selector#, c’est mettre en valeur des morceaux que j’aime, si possible avec un fil rouge, c’est à la Chiptune / 8bit / musique de Gameboy qu’incombe la responsabilité de titiller les esgourdes sur cet article. Car la Chiptune, j’en ai des piles de disque. Habiter au Japon, c’est vivre dans le royaume des jeux vidéos, et de la musique de jeux vidéos par la même occaz. Les artistes 8bit, il y en a une pelleté, et il suffit de chercher un peu pour tomber sur le concert d’un mec triturant sa Gameboy. Il y a même un disquaire spécialisé dans la Chiptune (en tout cas, avec un gros rayon), le magasin étant devenu mon dealer officiel pour ce genre de musique.

Mais mais mais… la Chiptune, comme on l’entend 99% du temps, je n’aime pas ça. Cette musique ultra énergique, voir épileptique, qui bourrine et fait grincer des dents, ça me saoule, c’est irritant, ça donne l’impression de se faire poncer les couilles en public. En tant qu’amateur de cette musique, ma quête se résume, au travers des albums, à trouver THE morceau 8bit-émo. Celui qui laisse tomber les rythmiques relou ou grinçantes pour des mélodies à chialer, des trucs pop, tristes, épiques, ravivant mes souvenirs de gamins, planté devant ma Nes.

Voilà une sélection faite avec amour, et vu que j’en ai un paquet dans ma besace (itunes), autant dire que le « part 1 » du titre n’est pas volé, et que ceci n’est qu’une première salve. Eloignez les âmes sensibles, car on va beaucoup parler de Bit dans cet article, et vous m’en voyez désolé.



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>        Omadaka – Hietsuki Bushi

Omadaka est un cas à part dans la Chiptune. Ses lives d’une part, dingues visuellement. Armé de deux écrans télévisés projetant des images en raccord avec la musique (chanteuse, clip…), le mec fait tourner ses Gameboy, PSP, DS, laptop tout en triturant une mélodie avec un Kaoss Pad. Que le public soit sur ses gardes, Omadaka est toujours près à bondir et filer une Gameboy avec un jeu (dig dug, r-type…) sur lequel le musicien improvisera, pendant que le public tente de ne pas crever au bout de 10 secondes, afin d’éviter que la musique s’arrête. Sa musique, elle, est un drôle de mélange entre 8bit et Enka, chanson traditionnelle japonaise. Hietsuki Bushi imprime parfaitement cette recette, avec une mélodie belle à pleurer, des élucubrations japonaises quasi-mystiques et une Gameboy toujours mélancolique. Omadaka est tradi-pop, et balance toujours la mélodie au premier plan. Ce morceau est peut être mon préféré du mec, avec un clip lui aussi à tomber. Grand.






>        4mat – Vertical

J’ai torché des tonnes de disques du collectif 8bit Peoples, presque tous téléchargeables gratuitement. Et franchement, je ne crois pas avoir eu la colonne vertébrale plus en miette qu’avec ce Vertical, morceau 8bit hallucinant par 4mat. Le mec lui même n’a pas réussi à égaler ce tour de force dingo sur le reste de ses productions, avec ces deux montées qui feraient passer la BO du stage final de Megaman 2 pour une valse jouée en maison de retraite. Mais le morceau illumine surtout pour son intro/outro et ce break au milieu, où une mélodie à tomber, fragile et cristalline, semble perler entre deux charges épiques. C’est ces dix secondes, passées trois fois, qui me brisent le palpitant à chaque fois, et sans jamais me lasser malgré des centaines d’écoutes. Un rêve, que quelqu’un fasse un Edit pour mettre en valeur ce petit passage, et tisse un morceau autour.






>      Dj Scotch Egg – Scotch Hausen

Un Japonais encore, et un sacré loubard. Dj scotch Egg, c’est le gros bourrin de la Chiptune, lorgnant plus souvent du coté du breakcore que de la bluette pour adulescents. Pourquoi ce morceau ? Parce qu’il est culte, mélodique (forcément vu la base classique), et que la progression du tout est absolument dingue. Le tout couplé avec un clip terrible, l’un des plus drôle de la chiptune, avec cet orchestre déglingué qui finit par se taper dessus à coup de Gameboy. Les LP de Scotch Egg sont éreintants, quasi-impossible à écouter en entier sans vouloir se foutre des couteaux dans les oreilles, mais ce titre est parfait. Sinon, mangez des Scotch Egg, difficile de trouver plus savoureux dans la gastronomie anglaise.






>        Nullsleep – Salvation For a Broken Heart

Dans le collectif 8bit people, on demande le vétéran, le créateur. Nullsleep est surement celui qui sait le mieux gérer le logiciel LSDJ, et qui a réussi à tirer la chiptune vers des horizons plus cléments avec l’orga des Blip Festivals. Sa musique, en générale plus posée que ses compères, tire parfois vers le tire-larmes émo (alors que l’on est plus proche de la techno hardcore en live). Ce Salvation For a Broken Heart est surement son plus beau morceau, portant parfaitement son nom. La mélodie est triste comme si tu venais de recevoir une lettre de rupture, mais il y a ce petit coté optimiste qui te donne envie de courir nu dans les hautes herbes à la recherche de ton prochain amour. Non sérieux, ce truc, tu es obligé de le chanter sous ta douche, c’est mortel, imparable, et beau comme la mort. (à mater également, son concert guerilla dans les rues de NY)






>       Floppy – Everything

Quand on dit que les musiciens Japonais savent faire des mélanges complètement craqués, ce n’est pas se foutre de la gueule du monde. Floppy, c’est un peu les beatles qui copuleraient avec une Gameboy. Que l’on mélange des violons grandiloquents avec du vocoder et de la chiptune (雪月花) , des chants façon gladiateurs en slip de cuir et Nintendo hystérique (デウスエクスマキナ) , les mecs sont là, et maitrisent dur. Leur album Deus Ex Machina est un indispensable de la chiptune barrée, sorte de vision Jpop passée au prisme Mario. Everything, c’est le highlight du groupe, chanson pop débilo-sucrée avec assez de montée Gameboy pour faire chialer ta mère, et te donner envie de rider Yoshi habillé en plombier. Un vrai tube, beau, joué à fond les ballons, histoire de raviver la flamme que l’on a tous enterré à la fin de l’enfance.






>        Watkin Tudor Jones – Visitor

Parcequ’il n’y a pas mieux que ce morceau dans le style hiphop-8bit. Parce que le sample, c’est la musique de l’écran titre de Megaman 2, aka LE morceau du jeu vidéo (avec tout le reste de la BO du jeu, ok). Parce que Watkin Tudor Jones, plus connu en tant que Ninja dans Die Antwoord, est le mc parfait pour poser là dessus. Parce que oui, ce Watkin Ninja Jones est l’un des meilleurs sur cette petite planète, et que s’il semble un peu lever le pied dans le groupe Die Antwoord, il mérite bien, sur son Lp The Fantastic Kill, le titre de Mike Patton du rap. Alors qu’il te parle de nazis en imitant la musique de Star Wars, qu’il change de débit, de voix et de vitesse toutes les deux syllabes, c’est un peu comme quand il dit : “like the first time you heard rap! “. La 8bit dans tout ça ? Putain, quand le break de fin laisse les scratchs laminer Megaman 2, c’est l’orgasme absolu. Ce morceau, c’est un peu comme se déguiser en flageolet géant et montrer sa bite dans une réunion Tupperware organisée par ta mère : c’est le kiff ultime. “We are visitor from the futur” ouai je veux bien te croire mec.






>        Yuzo Koshiro – Go Straight

Ok ok, c’est un morceau directement tiré d’un jeu vidéo, c’est un peu de la triche. Sauf que ce morceau, s’il est fait en mode Chiptune, ne ressemble en rien à de la chiptune dans sa structure. Ce morceau, on dirait un classique de la Techno Detroit, comme si un Japonais voulait faire une cover d’Underground Resistance avec une Gameboy et une pincée de dance cheezy. De la musique en  mode 16teubi certes, mais qui pourrait passer dans n’importe quel club. Le problème, c’est que cela te donne aussi envie de tabasser des gangs dans des ruelles mal famées, en bouffant des cuisses de poulet des que ton énergie descend à un seuil critique. Ce qui n’est pas foncièrement compatible avec les dancefloor. Pas grave, on écoutera ce tube ultime de Yozo Koshiro en sautant seul dans son salon, avec des stroboscopes donnant encore plus de style à nos coups de pied circulaires tout foireux.






>        Damu – Don’t Cry in my Bed

Je ne pouvais pas faire une sélection sans un petit morceau de Uk Garage non ? La bass musique utilise pas mal la 8bit et il suffit d’écouter un petit Dibiase ou Nosaj Thing pour s’en convaincre. Pendant plus d’une minute trente, Damu nous balance dans les oreilles un morceau Uk qui respecte bien le genre, à base de rythmes claudiquants et voix puputes pitchées. Et tout à coup, on te fout un coup de pompe dans le bide, une mélodie chiptune déboule en mode voie lactée, et c’est la folie, tu voles dans le ciel parmi les sprites et les nuages pixellisés. C’est vraiment beau, et là aussi, le nom du morceau est parfaitement à sa place. Tu chiales dans ton lit, souvenirs et mélancolie bien ancrée au fond de la gueule, avant que la literie ne se transforme en fusée et te fasse voir les étoiles.






>       2080 – The Backup

J’en ai déjà parlé vite fait dans mon top de fin d’année. Le français 2080 était habitué à faire de la chiptune un peu grinçante, bien que drôlement cool en live, lors de mes années lyonnaises. Mais avec son dernier Ep, le mec est passé au stade supérieur, il a pris le tuyaux au fond du level 1-2, histoire de passer quelques niveaux à toute vitesse, et se retrouver au top du game actuel. Fini les élucubrations qui crissent, place à la mélodie, la belle, la bonne, la Brandy Kinon. On porte aux nues My Megadrive, mais c’est bien The Back Up qui m’arrache la gueule, morceau pop-chiptune bien progressif à te faire chialer les esgourdes. Les petites Gameboy qui chantent à l’horizon, avant de faire monter la sauce pour débouler sur une partie chanter imparable, c’est le bonheur. Seul problème de ce morceau, c’est qu’il agrippe ta gueule toute la journée, pour que tu le chantes sous la douche, au boulot, dans le métro, jusqu’à capituler et le relancer une nouvelle fois en arrivant chez toi.






>       Falty DL – Paradise Lost

Bon, là c’est du sérieux, on arrive surement sur l’un des plus beaux “morceaux non chiptune utilisant de la Gameboy dedans”. Ce Paradise Lost, c’était clairement le plus beau morceau du Lp Love is a liability, et surement le plus beau morceau de l’americain, rien que ça. On tente de battre le record d’utilisation du mot beau ? ok. Cette montée Uk garage, c’est beau. Cette mélodie 8it qui arrive tranquillement, qui te donne envie de devenir fou tellement la mélopée est putain de parfaite, et bien, c’est putain de beau. Quand elle monte, ça me renverse à chaque fois. Le compteur de lectures sur itunes a explosé, je connais le titre par cœur. Deuxième moitié du titre, on part dans un shoegaze-8it renversant, à t’écraser le cœur et te laisser dériver dans l’espace. Le final est tellement beau que même te pendre les couilles à un croc de boucher ne retranscrirait pas 10% des sensations que tu ressens en écoutant ce morceau. Le diamant absolu.






>        Tepr – 8bits Love

On finit par la conclusion d’album ultime, le morceau chiptune qui m’a le plus marqué dans ma vie. En même temps, le Cote Ouest de Tepr fait parti d’un de mes LP préféré all-time (On peut le classer dans mes 10 disques favoris, pas de problème). Conclusion ultime, car après une heure d’electro-bouncy-dance superbe, on tombe sur une litanie 8bit rachitique, belle à chialer. Déjà on peut dire que l’on a rarement eu un morceau Chiptune aussi abouti au niveau des sonorités et de la mélodie, ultra mélancolique. Bon, elle te donne l’impression de violer des émo après les avoir aspergé d’essence, mais c’est pas grave, c’est tellement mortel que tu kiff sans honte. Reste que l’intérêt premier de ce morceau, c’est le retour à la vie normal, la disparition de la 8bit. Elle s’enfonce graduellement, et laisse place, tout doucement, graduellement, à une guitare et un folk lunaire. Ce qui prouve deux choses : qu’un morceau chiptune réussi, c’est une mélodie perce cœur qui peut être reprise par une simple gratte acoustique. Et qu’un morceau de chiptune réussi, c’est un morceau chiptune qui s’arrêt… euh non, c’est un morceau de Chiptune qui agonise. Et là, cette mort de la 8bit avalée par la guitare de Tepr est surement le plus bel hommage que l’on pouvait faire à nos chères Gameboy.







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Goth Trad – New Epoch

Posted in Chroniques on February 28th, 2012 by Dat'


Tokyo Babylon



Comme le disait si bien Grems dans son album Air Max, j’aime les gothiques, les bas resilles, pièces de latex, tatouages et talons hauts. Ca me fascine. Goth-Trad, comme son nom ne l’indique pas, est un Japonais qui n’est pas gothique. Mais il aime le noir, le sombre, la melasse sonore. Les teintes indus et les nappes vrombissantes qui te titillent les intestins aussi. Si Goth-Trad est avant tout l’homme derrière les machines du duo Japonais Rebel Familia, éminente formation Indus-Dub-Electro-Jungle-Hiphop (tout un programme) ayant balancé trois albums de folie, dont un “Solidarity” que je considère comme l’un des disques les plus importants de l’underground japonais (disque de dub-indus avec en featuring une tripoté de producteurs et MC japonais, de Tha Blue Herb en passant par Shing02 ou Dj Baku)

Bref, si Goth-Trad secoue son monde avec son groupe, il n’en avait pas moins marqué les esgourdes averties avec 3 albums, et surtout sa premiere plaque sortie il y a 9ans, « I ». Il y avait donc de quoi attendre ce New Epoch la bave aux lèvres.








Packaging cartonné qui n’a rien de spécial, si ce n’est un artwork classe (mais moins que son premier Lp tout de même), New Epoch impressionne néanmoins par la durée de ses titres. C’est bien simple, la quasi-totalité des morceaux durent au moins 5 ou 6 minutes, on laisse le temps aux taons qui piquent tant que la tente n’est pas levée. Détente sur Man In a Maze, commençant parfaitement l’album. Violons ombrageux, cordes cristallines, atmosphère cinématographique qui se laisse envahir, après de délicieuses minutes, par un drone noise vicieux. 3 minutes, le rythme déboule et tabasse dur, claques martiales, qui part en techno-dub orchestrale du plus bel effet. Cette ouverture est mortelle, et augure d’un grand disque. Qui sera sombre. Très sombre. Goth-Trad aime les machines qui grincent, le dub visqueux, l’electro noisy. Long tunnel IDM expérimental sur Departure, façon Raster-Noton qui fumerait un spliff, on dit oui. Noyade huileuse et étouffante sur Cosmos, on valide aussi. Tirade quasi-ambiant façon je-flotte-dans-l’espace après avoir absorbé du Rohypnol, c’est sur Strangers. L’abstract complètement pété de Seekeer finira de tordre les oreilles les plus revêches.

Mais le disque sait aussi avoir ses moments de lumière, comme sur Walking Together, étirée tirade héritée d’une musique tribale, pour une mélodie presque guillerette, et une bassline de folie. On va danser tranquillement autour du feu, avant qu’une rythmique de folie et des circonvolutions vrombissantes attaquent les neurones. Le morceau va petit à petit laisser perler le soleil, devenir plus léger, superbe. L’un des highlights du disque reste sans conteste Babylon Fall featuring l’increvable Max Romeo (mais si, vous savez, celui qui a fait ça). Morceau déjà sorti sur le dernier Rebel Familia (le groupe de Goth Trad donc) et remixé ici en mode autiste. Reste ici la seule vraie piste “Dub”, avec rythme et vocal Reggae, superbement démontée par une bassline du tonnerre. Tu penses au Jarring Effects du début des 2000, tu penses à tous les disques electro-dub que tu as adoré pendant des années, avant de les oublier peu à peu. Sérieux, ce morceau m’a presque foutu les larmes aux yeux tant il frise la perfection dans le mix Dub et electro que j’aimais tant, à me balancer trois cent mille souvenir dans la gueule.


Mais il faut mettre en lumière les deux morceaux les plus réussis de la galette, les deux mandales absolues, qui sortent en plus en fin d’album. Anti Grid tout d’abord, techno sombre façon Wipeout avec une lente rythmique indus. C’est noir comme la mort, claustro comme jamais, c’est vraiment bon. Des sons dans tous les coins, des grincements, des bassline aquatiques, une mélodie épileptique. Et tout à coup, un synthé qui sort de nul part, des profondeurs, du néant, qui perce tout doucement cette carcasse chaotique et nécrosée. Un synthé dingue, fragile en diable, complètement rachitique, qui n’intervient qu’à partir de la moitié du morceau. Break, la grosse folie, le truc te tord la colonne vertébrale, les androïdes se lèvent pour faire la guerre, et tirent sur tout ce qui bouge. On dirait le LCC d’Autechre (même structure) qui sodomiserait un rasta avec l’aide de Rjd2 pour la partie de bondage en préambule. Ce morceau de pure folie.

L’autre tête d’affiche, c’est le morceau de fin, et éponyme, New Epoch. Alors là, les synthés de folies, à chialer sa mère tellement ils sont beaux, ben c’est cool, on les entend dès la première seconde. Tu rajoutes une mélodie dub méchamment electro, des violons, une teinte presque jungle, des rythmiques pachydermiques, et déjà tu planes hardcore. Je n’avais pas entendu un morceau electro-dub-expé aussi réussi depuis belle lurette. A chaque fois que les synthés progressent, se mettent à tout envahir, tu fermes ta gueule, et tu te retrouves les bras ballant à prendre ton orgasme auditif. Et quand la petite mélodie enjouée déboule, sautillant sur les claviers en décomposition, tu crèves la gueule ouverte, overdose de bonheur. Ce morceau ! Ce putain de morceau !






Goth-Trad nous sort là un disque excellent, vraiment reussi, permettant de renouer avec certains de mes premiers amours de l’electro-dub, tout en plongeant le tout dans un bain chaud plus actuel, remplis de canard en plastiques indus et autres mousse experimentale vrombissante. Que ce soit sur des teintes abstraites (Man in the Maze) ou carrement dub (Babylon Fall feat Max Romeo), l’album tient debout, et évite les redondances presque à tout les coups Mais c’est surtout quand le Japonais balance les synthés, et part sur des terres plus mélodiques et electronica qu’il nous fait chavirer, à l’instar de Anti Grid et New Epoch, deux morceaux absolument mortels, et grandioses, progressions fragiles puant la mort, alliant beauté pure et âpres fracas du plus bel effet

Du grand Goth-Trad, pour un très bon disque, qui pourrait survivre à une année qui s’annonce pourtant drolement riche en sorties.






Goth-Trad – New Epoch






11 Titres – P Vine Records / Deep Medi Musik

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Burial – Street Halo & Kindred

Posted in Chroniques on February 13th, 2012 by Dat'


Now my life is sweet like cinnamon, like a fuckin’ dream on Ritalin…



Burial a été presque absent pendant des années pour balancer, au final, pas mal de sorties en moins d’un an: deux Ep en solo (Street Halo et Kindred donc) plus les remixes de Massive Attack (qui ne m’ont pas retourné) ainsi que la très bonne galette avec Thom Yorke et Four Tet. (Je ne vais jamais me lasser de Ego)

Alors, pour l’info, Street Halo et le nouveau Kindred se retrouvent accolés sur la même galette, pour la sortie de Kindred, le tout faisant parti d’une vaste opération de promotion autour de Burial au Japon. En plus de ce Cd inédit nippon, (qui devrait néanmoins se retrouver en import dans les bacs français assez rapidement), le Japon se voit gratifié de la réédition des deux premiers LP de Burial enrichis avec pour piste bonus les EP qui étaient sortis autour de ces deux albums (Ghost Hardware Ep et South London Boroughs Ep se retrouvent disséminés dans les albums en “bonus tracks” dans des éditions deluxes). Le tout accompagnés d’autocollants Hyperdub ou Burial et d’étalages assez conséquents dans les boutiques Tokyoïtes, qui prennent autant de place que pour la sortie du dernier Pitbull ou Rihanna, ce qui fait somme toute assez plaisir.

A noter que ce disque fait 51 minutes au total, ce qui est foutrement bien niveau durée, à concurrencer un album réel.





Burial package & promo




Bon pour Street Halo, j’en avais déjà parlé dans le top 2011, et en plus j’avais déjà écris une chronique que j’avais paumé dans les méandres de mon ordinateur, je ne vais donc pas m’étendre trois heures dessus. On notera juste que Street Halo (le morceau) est assez uptempo, rythme boucherie, qui doit bien martyriser les clubs underground. Plus techno qu’Uk garage, mais toujours avce une forte patoune Burial, ce premier titre tabasse mais reste très beau, et étouffe d’une façon régulière des montées monstrueuses. Burial avait déjà lorgné du coté des stroboscopes avec des morceaux comme Moth ou Raver, mais ce Street Halo se la joue coups de butoirs, space-opera d’impasse lugubre. NYC semble lui tout droit sortir d’Untrue… Sinon je disais qu’il suffisait d’écouter Stolen Dog pour chialer pendant 3 jours tant ce truc est mirifique, et c’est vrai. Il doit etre un des plus beaux titres enfantés par Burial, je trouve ce morceau sublime.


Burial, sur le nouvel Ep Kindred, va travailler dans la durée, et étirer ses morceaux au maximum, voir leur donner des sous parties. On peut balancer de longues introductions donc, renforçant le coté nuits & bitumes si cher à l’anglais. Kindred du haut de ses 11min30, va balancer un Uk Garage rêche, très sec, pas forcément émo-chialant comme l’on a l’habitude de croiser chez le producteur. Ca rappellerait presque les ambiances du premier Lp, ça peut paraître un peu long. Mais le sample vocal va s’envoler, instaurer un vrai dialogue et prendre de l’ampleur alors que la bassline caverneuse s’enroule dans les tympans, le morceau restant beaucoup plus aride que ses dernières productions. Le tout va s’éteindre au bout de 7 min, avant de revenir dans une version cette fois plus aérienne et ouatée, avec un petit synthé fragile qui va faire toute la différence. A part le rythme, le morceau n’est quasiment plus le même, et là c’est bonheur dans ta chaumière.

Par contre, pour Loner, c’est un autre délire. On tient surement ici l’un des tous meilleurs morceaux de Burial, depuis un bail, mais surtout l’un des seuls sortant un peu des sentiers battus. Son synthé d’introduction n’a jamais été utilisé auparavant dans les prods de l’anglais, et semble sortir tout droit d’un Boards Of Canada. C’est putain de beau, tu es déjà convaincu que tu vas adorer le truc. Première minute, un rythme techno old-school déboule, avec kick étouffé et petits handclaps nickels. Voix pitchées et tout le toutim, mais c’est cette énorme ligne mélodique, mi-trance camée, mi-italo disco, qui te casse la gueule. Ca résonne de partout, échos dans la colonne vertébrale, le tout prend se mue peu à peu en mélasse sonore, à tel point que l’on entend presque plus l’ossature rythmique de base. Une tuerie absolue, imparable, avec des voix puputes tubesques à filer le vertige. Encore une fois, Burial emprunte le chemin de la Techno, que j’aimerai plus souvent entendre chez lui, maitrisé comme jamais.

Ashtray Wasp va aussi vriller bien des colonnes, pointant sur presque 12 minutes, à base de vocaux fantomatiques, rythme militaire et voix beaucoup plus concrètes, moins étouffées, presque Soul (“I waaaaant youuuuu” ). On croirait entendre des nappes déjà utilisées dans Untrue, ce qui prouve encore une fois l’homogénéité de Burial (ou son coté j’men-foutiste-je-tourne-en-rond pour ses détracteurs), et à partir de 4min30, c’est à s’arracher le cœur tellement c’est réussi (le passage à 5min50, avec cette rémanence cristalline, au secours mon dieu j’étouffe). Encore plus drôle, le morceau, dans son dernier tiers, va changer là aussi du tout au tout, et va devenir encore plus beau, encore plus mélodique, après une longue pause lunaire. On a d’ailleurs l’impression de passer à une autre track (2 morceaux dans Ashtray Wasp ?). Les deux dernières minutes, avec cette simili-harpe accompagnant des voix toujours aussi hallucinantes, sérieux, c’est à se damner. Ces deux dernières minutes auraient méritées un petit quart d’heures à elles seules, tant elles frisent la perfection. Le mec fait toujours la même chose depuis des années, mais arrive à chaque putain de fois à me baiser l’âme, incroyable.






Car Burial, sur ses deux Ep, n’a pas changé d’un iota, si l’on excepte la digression Loner, un peu plus aventureuse que les autres dans ses sonorités comme dans sa façon de se déplier. Mais les compositions de l’anglais sont toujours parfaites pour avancer la nuit, capuche sur la tête, casque sur les oreilles, à 3heures du matin, au milieu d’une ville brulée par les néons. Ou pour faire l’amour, au choix. Mais ce qui frappe sur Street Halo / Kindred EP, plus encore que sur les vyniles avec Thom Yorke et Four Tet, c’est ce sens du détails, encore plus poussé. Chaque son est millimetré, chaque seconde semble taillée à l’extreme, Burial semble avoir passé des mois à taffer un seul morceau, hypothèse pas si invraisemblable quand on sait combien de fois les sorties du bonhomme ont été annonçées, repoussées et attendues. Encore une sortie indispensable pour les fans du genre, avec en plus un morceau qui pourra même convaincre les réfractaires au son Burial (la track Loner) et une fin de morceau absolument immense (les 2 dernières minutes Ashtray Wasp), sans coté le déjà classique Stolen Dog.

Ce mec est vraiment trop balaise. Merci les néons, merci le bitumes, merci les grands immeubles, merci les impasses londoniennes degueulasses. Belle ville de nuit, continue d’inspirer Burial pour un prochain album, on te revaudra ça.







Burial – Loner





Burial -Stolen Dog





6 Titres – Hyperdub / Beat Records

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Lapalux – When You’re Gone

Posted in Chroniques on February 9th, 2012 by Dat'


Jeune & Jolie



Entre son nom de machine moulinex destinée à couper des carottes avec grâce, et un artwork très Jelly Magazine, il est difficile de situer Lapalux… Jusqu’à ce que le petit macaron Brainfeeder se pose sous nos yeux, et que l’on comprenne que l’anglais va nous servir de l’abstract/bass music que la maison de disque de Flying Lotus affectionne. Lapalux officie dans un genre moins tarabiscoté que le boss du label, et moins tapageur que les pontes de Los Angeles signées dans la même maison, grâce à des teintes que ne renierait pas un Mount Kimbie ou un James Blake, avec des mélodies mélancoliques plus mises en lumière que les beats eux-mêmes.

Difficile de dire si l’on parle aujourd’hui d’un Ep (il n’y a que 7 morceaux) ou d’un album (il dure quand même une demi-heure, ce qui est plus que le dernier Gonjasuuuuufiiiii), la frontière LP/EP continue de se flouter, ce qui n’est pas forcément un mal. Sinon pour une bio complète de Lapalux, à part le fait que le mec a fait ses premiers beats sur sa console de jeux, et bien on repassera, difficile de trouver beaucoup d’infos sur ce type.








Bruit de pluie, sons cristallins, voix fantomatiques, le mini album se laisse aller à une voix soul, un traitement très James Blake, qui va laisser perler un hiphop ultra classieux, posé au maximum, entre bar enfumé et boulevards américains qui s’étendent à n’en plus finir.  102 Hours of Introduction peut-être, mais 3 minutes de grande classe surtout. Lapalux va faire dans le brumeux, dans l’abstract expérimental, jamais putassier, rarement évident : Gone fait sacrement flipper au départ, avec sa voix rauque ultra modifiée, que l’on penserait avoir croisé chez Air il y a 10 ans. Mais la classe du rythme, méchamment syncopé, et les synthés épileptiques cibleront rapidement la nuque. Ca fourmille de détails, abstract kaléidoscope, ça part vraiment dans tous les sens, ça vrille constamment, les plug-ins fulminent et frolent le burn-out. Le tout étant méchamment pimp, pour une instrue qu’un Asap Rocky n’aurait pas refusé, Gone fait penser à Electronic Performers de Air mélangé avec de la codéine, le tout passé dans un hummer garé au bord d’une piscine.

Construction Desconstruction fera, dans son intro, vraiment penser à Mount Kimbie ou Seekae, avec ces sonorités typiques, claudicantes, sombres et candides, avant une ouverture lumineuse au milieu du morceau, entre voix pitchées et beat imparable. Comme le titre l’indique, on procédera à un déconstruction en règle, le morceau se concassant sur lui même peu à peu, tout en gardant ce coté Uk garage à faire flipper plus d’un palpitant.

When You’re Gone contiendra de plus quelques tubes bien sentis, avec un Yellow 90’s évident, qui draguera toute oreille un peu sensible au Uk garage, avec en prime cette petite voix vocodée funky pas piquée des hannetons. Mais c’est surtout Gutter Glitter qui va flinguer des colonnes. Ca commence en mode electronica-uk cristallin, c’est super beau, tout en retenu… avant qu’une bassline d’enfoiré vienne se greffer au tout. Hudson Mohawke sous rivotril, putain de banger que tu écoutes au fond d’une piscine, le morceau est violent et ouaté, escarpé mais évident.

Et l’on serait tenté de penser que la Bass music s’amourache de plus en plus de chanteurs et chanteuses pour habiller leurs tracks, fatigués de sampler ad-nauseam des vieux disques de r’n’b. Car sur Moments, Lapalux accompagne et démonte une certaine Py, pour un morceau qui semble partir en mode mielleux-r’n’b un peu soupe, mais qui navigue vite vers des terres un peu plus secouées, entre rythmes qui se nécrosent méchamment, et parties vocales finalement assez explosées pour retenir l’attention. Pas franchement le titre le plus réussi de la galette, mais pas désagréable non plus, d’autant plus que le morceau part vraiment en couille sur le dernier tiers, avec claviers 8bits et Bassline en mode perceuse, pour une trépanation en règle. On pourra se reposer et fermer les yeux sur le final Face Down, Eye Shut, pièce ambiant noyée dans le brouillard, très belle fresque ayant des accointances avec un certains Clams Casino, qui aurait oublié de lancer la MPC, pour se concentrer uniquement sur la purée de pois sonore et les voix spectrales du plus bel effet.





Au final, on se tape avec When You’re Gone une excellente brochette de titres (vous avez vu comment je me sors du dilemme LP/EP ?), surement l’une des meilleurs sorties de Brainfeeder depuis quelques temps, label qui ne m’avait pas franchement passionné avec ses Tokimonsta, Thundercat ou Martyn un peu trop scolaires. On vogue entre Seekae et Mount Kimbie, on nous frise la nuque avec des beats bien callés, on laisse les voix expirer sensuellement (voir de façon flippante sur Gone) au milieu d’une electronica secouée et mélodique. Lapalux est balaise, et on aimerait bien que Brainfeeder sorte un LP du type sur cette année 2012, histoire d’avoir un futur excellent album de Uk mélancolique à se foutre sous la dent.







Lapalux – Gutter Glitter





Lapalux – Gone





7 Titres – Brainfeeder

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Jacques Greene – Concealer Ep

Posted in Chroniques on February 1st, 2012 by Dat'


Purple shag



Jacques Greene déchaine en moi des orgasmes difficilement descriptibles depuis un peu plus d’un an. Le mec a craqué en 2011, pour balancer 3 ep de folie, avec en figure de proue les deux galettes sorties chez Lucky Me, les superbes The Look et Another Girl, parfaites bombinettes Uk garage matinées de house lechée. Ca faisait vrombir des synthés dans tous les coins (il suffit d’écouter Tell Me, en bas de page), ça distillait des voix pitchées façon Uk garage, mais en évitant l’écueil du copycat Burialisé tant le tout était agencé avec précioseté. Le canadien avait confirmé son statut de favoris dans mes oreilles avec des remixes de folie, dont le Lotus Flower de Radiohead, qu’il arrivait presque à subjuguer, ou une Katy-B qu’il arrivait à rendre écoutable. On peut finir l’année 2011 avec son apparition remarquée et séxuée dans le clip d’Azelia Banks, 212, cette dernière faisant d’ailleurs la première partie de David Guetta et LFMAO à Tokyo dans quelques semaines, ce qui est assez what the fuck pour être signalé.

2012, qui promet surement un long format, débute avec Concealer EP, première sortie de Vase, qui promettait un morceau avec un vrai vocaliste, plus quelques autres pistes enfumées, dans le pur style de Greene.







Pour Flatline, feat Ango, on s’amourache d’un chanteur, mais le trip n’est pas foncièrement modifié. Au lieu d’aller sampler Ciara comme un sauvage, Jacques Greene va jouer avec une voix enregistrée pour l’occaz, mais sans faire évoluer fondamentalement sa façon de faire du son. C’est moite, ça pue toujours autant le sexe, c’est mi-suave mi-drogué, avec un r’n’b slow motionné porté par un refrain qui déboite, entre la mélodie évidente d’Ango, et surtout cette salve de synthés imparables, superbement placés. Les couplets sont sombres, pulsation électronique caverneuse qui secoue un chanteur un peu moins indispensable, qui semble attendre son heure (les refrains) pour briller. Mais quand ces derniers déboulent, c’est pluie d’étoiles dans tes tympans. Dans ce type d’exercice, le Greene s’en sort mille fois mieux que l’horreur Joker.

Alors en emboitant sur les pistes suivantes de l’Ep, on s’attend à trois autres bombinettes dans le même style, certes sans partie chantée, mais avec son lot de transpiration, halètements et de frôlements de nichons sur le dancefloor. Et bien, pas vraiment, à ma grande surprise. Jacques Greene avait défriché une voie bien à lui sur ses trois précédents Ep, un son reconnaissable entre mille. Et bien sur These Days, il abandonne sa patte sonore pour s’essayer à un exercice déployé des centaines de fois, avec un Uk Garage tout ce qui a de plus normal. Pur et brut. Jacques Greene abandonne ce petit coté Chicago House qu’il trainait sur ces prods, pour un morceau très beau, mais extrêmement similaire à ce que pouvait faire un Phaeleh ou d’un Clubroot : Uk précieux, mais plus rêche et moins sexe que le Greene passé. Rythme claudiquant, voix pitchées qui te crient des “love you girl” en-veux-tu-en-voila, le tout matinée de sons cristallins. C’est bien branlé. Très réussi. Mais pas vraiment étonnant ni révolutionnaire.

Là où le bât blesse réellement, c’est sur Clark, (rien a voir avec Chris, qui sort bientôt son nouveau disque btw), qui est lui franchement banal. Morceau sans surprise et sans réelle saveur, seulement sauvé par son break de synthés lunaires bien cool et ses petites sonorités acid sympathiques, mais extremement redondantes.

Heureusement, le Canadien se rattrape de la plus belle manière avec le long Arrow, grande fresque “à la Jacques Greene” de 9 minutes, aidé par son pote Koreless. Et un morceau comme ça, aussi long, j’en rêvais secrètement. Le temps de bien poser l’ambiance, avec ces claviers de folie qui n’en finissent plus de se déplier et de se cabrer, mais avec prestance. Et quand le rythme déboule, pile à la 2minute, tu chavires, tu te laisses emporter par l’alcool et les stroboscopes. Ecouter du Jacques Greene, c’est regarder un club se mouvoir au ralenti, c’est voir des chevelures de demoiselles juchées sur des talons de 12 centimètres se balancer sans fin, c’est bouffer de la lumière multicolore à n’en plus savoir que faire c’est s’affaler sur un canapé avec sa bouteille de bière pour mater une masse informe danser, se frôler et se corrompre.





On reste un peu sur notre faim, Jacques Greene proposant un Ep Concealer assez sage au final, ne sortant que peu des sentiers battus, après les petits diamants qu’étaient Another Girl et The Look. Le mec m’avait administré des baffes gigantesques, il ne se contente que d’une petite tape amicale. On aurait aimé écouter l’Ep ultime du mec, la galette parfaite pour attendre un album, mais il va falloir que le Canadien reparte dans son propre style pour me tuer sur place à nouveau. Et qu’il continue à faire des remixes. Reste qu’avec Flatline et Arrow, le bonhomme défonce quand même bien mes esgourdes, qui étaient en manque de Uk à la Greene, ce truc vaporeux et charnel dans le même mouvement, partie de jambes en l’air sous psychotropes, driveby sensuel sous codéine, conversations volées entre âmes errantes dans des sous-sols peu recommandables plongés dans une lumière rose…

Jacques Greene, c’est un peu le Shoegaze du dancefloor : Même images de filles bougeant en slow motion, la mélancolie imprimée sur les visages. Mais on remplace le soleil couchant par des lumières de club, et le brouillard du soir par de la fumée de cigarettes. Ici, on manque peut être de substance, mais cela reste parfait pour habiller la nuit.






Jacques Greene – Arrow (with Koreless)





Jacques Greene – Tell Me (The Look Ep)





4 titres – Vase

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Ochre – A Midsummer Nice Dream

Posted in Chroniques on January 23rd, 2012 by Dat'


Smells Like Teen Spirit



Ce qui est intéressant avec les Tops, en plus de découvrir ce que l’on a loupé sur une année, c’est de croiser les vieilleries qui resurgissent. Les “bon, ce n’est pas sorti cette année mais j’ai découvert ça en Aout, c’est mortel, comment n’étais-je pas tombé dessus avant ?” sont légions, et cela me fait souvent réfléchir au fait d’écrire un top disques poussiéreux et inconnus, même s’il y aura surement bien trop à traiter. Thanks to Franklin, qui se reconnaitra, j’ai pu avoir via message facebook une petite description enjouée et un lien vers une track qui m’a fait sauter au plafond, tant cette dernière semblait coller avec ce que j’aime le plus dans l’electronica un peu vieillotte, mais qui me fait pourtant toujours autant rêver.

Alors ce Ochre est labellisé IDM d’antan. Tout en restant actuel. Il aurait pu sortir en 1994, en 2004 (son année de sortie justement) ou 2014 sans que cela ne choque personne.  Au final, l’electronica mélodique n’a pas pris de ride, et n’en prendra peut être jamais… Ochre, pour schématiser, c’est le Itsu de Plaid qui copulerait avec le Amber d’Autechre, saupoudré d’un peu de Yimino. Ca donne envie ? C’est bien normal.







Pour les vieux routards de l’electronica que nous sommes, Ochre nous fait naviguer en terrain connu. C’est d’ailleurs ce qui m’a justement fait chavirer. Pas besoin de prendre son dictionnaire auditif et de froncer les sourcils. Ici, on se pose, on distingue la mélodie au premier coup de tympans. Entame du disque, Yugen, propose un beat éclopé, des nappes ambiant et une mélodie cristalline qui intervient en boitant, chant d’oiseau androïde cher à nos contrées electronica. On est d’ailleurs totalement dans un Autechre période Amber, lorsque que le titre s’ouvre en son milieu, et dévoile une mélodie qui parlera à tout palpitant épris de ce genre d’exercice warpien (ou Skamien). Pas difficile, c’est du fan-service, d’ailleurs tout l’album semble être du pur fan-service. A ce train là, ce Midsummer Nice Dream, c’est quasiment le maid-café de l’electronica.

On parlait de Plaid. Low Grav Freefall commence comme le Itsu des anglais, avec cette petite mélodie qui te file des papillons dans le ventre. Une drill’n’bass nécrosée intervient rapidement, crépite dans tous les sens. Le morceau évoluera tout doucement, par détails, avec ce simili-violon qui monte graduellement, instaurant de la tension et de la fragilité au tout. Revolver fait grave dans le Autechre d’antan, avec ces mélodies rampantes et cristallines sabotées par des grincement de boites à rythmes.




Mais c’est REM Sleep Research qui envoie une bonne salve pour te chopper l’âme. Tu le sais dès les premières secondes, avec cette intro encore fois superbe, ses nappes qui coulent de partout et ces tintements qui me font fondre. Le morceau va passer par toutes sortes d’états, de l’electronica apaisée du départ au passage plus émo-Plaid (c’est flagrant) du milieu. Et comme bien souvent dans ce LP, les morceaux de Ochre vont basculer sur le dernier tiers. Mélodie à chialer à partir de 4min15, synthés anémiques qui résonnent dans caverne de glace, c’est à se damner, longue conclusion d’un titre qui te plante des ailes d’ange dans le dos. Tu pisses le sang, mais pas grave, vu que tu planes.

Ce disque, c’est une brochette d’émotion à n’en plus finir, ça déballe encore plus que sur un prime de secret story. Tu sors la boite à souvenir, à te noyer dans la mélancolie sur les arpèges d’Involution, que n’aurait pas renié Kuedo, qui partira sur la fin dans un abstract dévissé et sombre. La longue progression de Seesoar te  donnera envie de chercher la fusée que tu as bien planqué dans le bordel sans nom de ton appart. Sinon il y a les ambiants pas top-top Saturniner et Eleven, un peu trop longs, mais le désertique Brandcaster Coast, dans le même style, rattrape le truc car plus mélodique et émo. La 8bits bien vénère de Drink Malk, seul morceau uptempo du LP, permettra de secouer un peu le tout, placé pile au milieu, salvateur. D’autant plus que lui aussi peut se prévaloir d’une progression mélodique à te couper la chique.

L’autre tour de force du disque, c’est le beau, que dis-je, le superbe, que dis-je, le sublime Sticklebrick Symphony, qui t’accroche là aussi avec un démarrage mirifique (Ochre sait gérer ses intros). Synthés qui te tombent dessus en mode pluie fine, puis ça éclate avec une drill racée, un rythme dévissé qui vrille dans tout en restant résonné. T’es sonné tellement c’est travaillé, les taillades sèches ne cassant jamais les éphémères litanies. L’album se terminera sur un morceau éponyme A Midsummer Nice Dream, à s’arracher les yeux tellement la mélodie est parfaite, track beatless assez courte mais qui flinguera n’importe quel cœur réceptif à Ochre.





Car il faut être réceptif à ce genre de musique, clairement. En écrivant cet article, je parles à toi, qui aimes plus que tout cette electronica belle et éclopée. Celle qui est doucement fracturée par des rythmes précis, mais toujours enveloppée d’une mélodie de folie. Toi, qui restes amoureux de cette musique qui n’invente plus rien, qui fait du surplace, qui semble morte, qui ne s’écoute plus vraiment depuis 10 ans, parce qu’elle semble surannée. Mais que toi, tu trouves intemporelle. Tu la trouves belle. Tu la trouves triste, mélancolique en diable, même si elle semble toujours lumineuse.

Si toi, tu es comme moi, à t’enchanter, encore un peu, sur de belles petites fresques electronica qui n’inventent rien mais qui écrasent la gueule, encore et toujours, inexplicablement… Ce Ochre, à l’instar d’un Yimino ou d’un bon vieux Plaid, ne pourra que s’installer dans tes esgourdes… et voler ton cœur, comme dirait l’autre.






Ochre – REM Sleep Research





Ochre – Yugen





13 Titres – Toytronic

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TOP 2011 – Rétrospective

Posted in Chroniques on January 9th, 2012 by Dat'


Rétro 2011 :



Evidemment, vivant au Japon, cette année 2011 a été un peu différente. J’ai loupé pas mal de disques pendant pas mal de semaines, avec parfois, l’impossibilité, ou le manque de temps, de chroniquer tout ce que je voulais. Même si c’est, au final, un moindre mal.

Cette année, plus que toutes les autres, ce top ne prèche pas le bon goût absolu, mais reflète simplement ce que j’ai pu aimer dans la musique en 2011, ce qui a pu passer par mes oreilles durant cette année secouée. Comme d’hab, j’espère que ce top pourra aider certains à dépenser son 13 mois avec amour (ou l’argent de mémé). Surtout, comme chaque année, n’hésitez pas à poster vos coups de coeur en commentaire de cet article, Car évidemment, il doit y avoir de grands absents, oubliés, ou pas écoutés. L’année dernière, grâce aux commentaires, j’ai découvert pleins de trucs énormes que j’avais loupé !

Cette rétrospective se présente avec un Top 12 album, sans distinction de genre, un top de 6 EP, les Top track 2011 qui ne sont ni dans les Ep ni dans les albums précités, un top les gens sont trop méchants, un top nuits 2011 et deux trois trucs supplémentaires… :

Les titres des disques en orange renvoient aux chroniques respectives (le cas échéant)







> Top Album 2011




Seekae – +Dome

Je crois que je rêvais d’un disque pareil depuis  le premier Ep de Mount Kimbie.  Espérances mises à mal lors de la sortie de Crooks & Lover LP, qui était bien bancal et incomplet, malgré quelques excellentes tracks. Les sorties se sont succédées, mais aucune n’avait réussi à capter toute cette mélancolie, cette beauté, ce sens du rythme des premiers Ep des Anglais. Jusqu’à la sortie de ce LP de Seekae. Qui condense tout ce qui peut se faire de mieux dans le Uk garage, en mettant en avant mélodies et émotions. En t’offrant des morceaux à t’arracher le cœur (3, Mingus, Face Facts…), des digressions presques tubesques (Yodal, +Dome…) et quelques missives plus expérimentales (Go, Gnor, Rock Performance…). Certes, c’est très proche de ce que peut faire Mount Kimbie. Mais Seekae, groupe australien de son état, le fait avec perfection, et offre le premier album de (new) Uk Garage complet, beau, varié, et parfaitement exécuté. Mon coup de cœur de l’année.


– Cheveu – 1000

Le premier Lp de ces Français avait retenu l’attention, avec son nom cramé et sa pochette reconnaissable entre mille. Punk-noisy bien bourrin certes, mais Cheveu a bien ouvert sa recette pour nous balancer un album absolument imparable, fourmillant de détails, partant dans tous les sens, complètement cramé dans toutes ses strates. On sort les violons, on donne des allures de tubes à ses missives droguées, on injecte des couplets Hiphop par-ci et des ritournelles pop par-là, pour un 1000 qui s’avère presque mythique dans sa forme finale. Je n’avais pas autant accroché à un disque de rock déglingué depuis des années. D’autant plus que la galette regorge de tubes imparables, à l’image d’un Charlie Sheen ahurissant, litanie pop d’une violence folle, ou d’un No Birds bien trop arrosé d’alcool. Un bordel monstrueux.


Kuedo – Severant

Je ne pensais pas que ce Severant resterait dans mes esgourdes sur le long terme. Aux premières écoutes distraites, le disque me semblait un peu trop Kitsch dans sa démarche pour réellement me plaire. Mais il faut dire que Kuedo tire sur une de mes cordes sensibles, le Cyberpunk avec au programme de son Lp des villes cradingues dans le futur, avec ruelles bardées de néons et voitures volantes. Alors le disque s’immisce petit à petit dans les synapses, te parasite, pour s’installer dans tes oreilles à quasiment chaque nuit blanche. Ultra homogène, collection de tracks sans début ni fin, oscillant entre beats ultra rapides et synthés tout droit sortis de Blade Runner (Kuedo fait même des refonte de morceaux du film dans ce Severant), ce Lp accroche par ce curieux paradoxe, entre mélodies contemplatives et boîtes à rythmes hystériques. Un disque qui n’invente rien, presque trop timide, mais qui répond inlassablement à la question “bon, je vais écouter quoi cette nuit ?” doit forcément se glisser en haut de mon top.





Raoul Sinier – Guilty Cloaks

Difficile de dire si Raoul Sinier a fini sa mutation opérée avec son Tremens Industry il ya deux ans, mais il a clairement atteind un sacré palier. On sentait l’envie de chanter poindre sur ces dernières galettes mais elle trouve ici toute la place pour s’ébattre, le tout magnifié par des instrues de folies. Raoul Sinier ne se déparait pas de ses rythmiques sauvages, de ses synthés de fin du monde, de ses envolées violant le cortex. Mais elles soutiennent cette fois un chant présent sur la quasi totalité du disque, pour porter la musique de Sinier dans ce qui me semble être son disque le plus réussi depuis Wxfdswxc2. Son disque le plus construit, le plus beau, celui qui se tient le mieux de bout en bout. Ca fout la chair de poule, ça te vrille la colonne, ça te calle des papillons dans le ventre. Ca te donne envie de chanter les putains de tubes peuplant ce Guilty Cloaks (Summer Days et surtout She’s a lord, absolument imparable) et de chialer sur les pistes les plus maladives (Too Late, d’une beauté folle). Un diamant tout sale, difforme et noir de terre. Mais diamant quand même.


Matt Elliott – The Broken Man

Le précédant disque de Matt Elliott m’avait administré une claque absolue en 2008, et est resté dans mes disques préférés sur toutes les années suivantes. Autant dire qu’il allait être difficile (impossible ?) de lui succéder. En lançant The Broken Man, on est d’abord complètement décontenancé par le fait de ne plus trouver ce balkan-folk noisy et ultra bruitiste qui peuplait Howling Songs.  Puis on prend le temps de se laisser étouffer par Matt Elliott, et son nouveau visage : un folk décharné puant la mort et l’isolement. On avait un mec qui hurlait sa colère à la proue d’un bateau, en pleine tempête. On se retrouve sur The Broken Man avec un chanteur dépressif enfermé dans une cave sans fenêtre, prostré sur sa guitare, avec pour seul compagnon une bouteille de vodka à moitié vide. Disque difficile à ingérer car sombre comme la mort, mais qui se révèle admirable si l’on accepte de se noyer dans la pourriture, la solitude et le renoncement.


– Andrew Bayer – It’s Artificial

Chronique de ce disque qui fut écrite mais perdue dans les méandres de mon ordi, ce qui arrive malheureusement régulièrement. Andrew Bayer, c’est un autre coup de cœur de 2011, que je n’attendais pas forcément, car sorti sur la structure très respectée mais néanmoins spécialisée dans la Trance : Ajunabeats. Ce Lp d’Andrew Bayer en prend le contrepied, et nous sort un disque mélangeant Abstract Hiphop et Trance (oui dit comme cela, oui c’est étrange) d’une beauté dingue. Entre le plus beau morceau astract de l’année, qui envoie voler Clams Casino dans les cordes (Dedicated To Bostonà écouter ici) et un morceau à chialer sa mère, où l’on croit entendre Aphex Twin vouloir faire de la Trance (Couting The Points, à écouter là), le Lp te fout des mandales à répétition. On peut aussi parler du Glitch-hop faisant passer edIT pour un zozo (Nexus 6) de l’étherée religieux Faded Memory ou de la belle Trance progressive de Monolith. On excusera juste l’ambiant niais en mode noël de We Will Return, pour écouter en boucle ce Lp It’s Artificial qui débarque de nul part, mais qui n’a pas manqué de m’écraser le cœur avec certains de ses morceaux frôlant le miracle.





Robag Wruhme – Thora Vukk

Oreille distraite n’accroche pas. Oreille qui se balade la nuit, l’humeur tristoune, à zigzaguer entre la lumière des réverbères, tombe amoureuse de Thora Vukk. Techno mélancolique en diable, house feutrée. On avance à pas de loup dans ce disque, en chuchotant, en caressant les sens, en frôlant la nuque. Cette fois, pas de fatras, pas de violence chez Robag Wruhme. Une musique ouatée, avec des cordes à te faire chialer, des beats taillés à la serpe, des mélodies toutes fragiles, peuplées de voix fantômes et autres borborygmes candides. Tulpa Olvi ou Pnom Gobal font mouche à chaque fois. Ciblé pour une écoute maison, au chaud sous une couette, loin des dancefloors agités. C’est beau, bourré de détails, superbement construit.


– The Weeknd – House of Balloons

On a tellement entendu parlé du groupe cette année, qu’il serait possible de mettre un -cf pitchfork- en guise de mini-chronique. Et si Abel “weeknd” Tesfaye a défrayé la chronique en sortant trois albums gratos cette année, c’est bien la première missive, House of Balloons, qui est resté agrippée dans mes oreilles. Parce qu’en plus d’être hype, le disque te sors des pépites r’n’b cyborg de folies, des morceaux de 6 ou 7 minutes qui n’en finissent plus de partir dans tous les sens, avec des instrues absolument sublimes (What You Need, The Party&The After Party, Loft Music… toutes en fait) et une voix qui fait jeu égal avec des chanteurs vendant des millions de galettes à travers le monde. Le mec ne parle que de drogues douces et de sexe dur, ses chansons étant peuplées de filles aux “Louis V bag / Tatoos on your arms / High heel shoes make your six feet tall” et autres psychotropes à la codéine. Gratuit certes, mais pourtant l’un des disques les plus riches de l’année, un r’n’b electronica en mode mille-feuille, qui se découvre presque à chaque écoute, tout en étant plein de tubes. Fascinant.


Emptyset – Demiurge

Disque dangereux que ce Demiurge. Ôde à l’insomnie médicamenteuse, aux hallucinations jumelées à des nuits blanches, aux trous noirs psychotropes. Techno industrielle tapageuse, Autechre qui se mettrait au drone, le Machine Gun de Portishead remixée par un artiste post-apo niché dans la décharge de Zalem. Ca gronde de partout, c’est arythmique mais ça tape dur, ça te fait saigner les gencives et t’écrase les tympans. C’est le massage d’oreille 2011, c’est le puits sans fond de l’année, c’est le disque que l’on balancera à fond lorsque la prédiction Maya se réalisera sous peu. Avant de s’arracher les ongles avec les dents. Avant d’étrangler un type au hasard dans la rue. Avant de devenir fou. Avant de devenir fou. Avant de devenir fou. Avant de devenir fou. Avant de devenir fou.





– Psykick Lyrikah – Derrière Moi

Si le premier Psykick Lyrikah avait littéralement assassiné mes oreilles, pour former ce qui est l’un des Lp cultes du rap français, j’avais été un peu moins fou sur la suite des hostilités, malgré un Vu d’Ici très beau, mais pas aussi maîtrisé de bout en bout. Sur Derrière Moi, Arm revient aux fondamentaux et ressort les instrues sombres et electro qui peuplaient ses premières incartades. Comme d’hab avec le psykick, on ne rigole pas, c’est béton, mégalopole et nuit noire. Et pourtant, ce disque Hiphop m’a flingué, comme aucun autre dans le genre cette année. Entre instrues mortelles (dont une produite par Tepr au plus haut de sa forme, merci pour le fan-service) et textes difficiles à percer, le tout te fend rapidement le cœur, avec en point d’orgue le morceau De Grandes Mesures, tout simplement gigantesque.  Mais bizarrement, ce qui ressort du disque, ce qui me touche réellement, ce sont certains bouts de textes, ces phrases, ces refrains, ces missives répétées ad-nauseam qui se posent sur tous les morceaux, implacables : “Je regarde le monde bruler. Je regarde le monde disparaître”.


Radiohead – TKOL RMX 1234567

Parce que cette compilation est surement la compilation de remixes la plus intelligente qui m’a été donné d’entendre depuis un bail, dans sa direction prise, dans la sélection de ses remixeurs, dans la qualité des refontes proposées. Parce que avant d’être une recréation du bon The King Of Limb, ce TKOL RMX est un hommage, superbe, à la scène Uk-garage-nu-abstract. Et regorge de pépites absolues, et de remixes supplantant parfois le matériel original, ce qui n’est franchement pas commun, surtout quand on s’attaque à un groupe comme Radiohead. Autant dire que si l’exercice semblait casse gueule sur le papier, et jusqu’à la lecture du tracklisting (choix des titres étranges, peu de têtes réellement connues pour aguicher l’attention), le disque se révèle hallucinant par sa qualité, avec des remixes énormes par Brokenchord, Jacques Greene, Blawan, Lone ou Four Tet. Certes, il faut être un minimum fan de la scène Uk-garage-nu-abstract pour réellement apprécier le tout, mais dans ce cas précis, c’est du pain bénit.


Depth Affect – Draft Battle

Mes frenchy préférés sont de retour. Et quel come-back. Après un deuxième Lp qui avait explosé 2008 avec ses gros synthés et son abstract hiphop, les bretons de Depth Affect avaient depuis calmé le jeu, en ne sortant que deux Ep en catimini. Avec Draft Battle, on repart sur les terres d’un hiphop electronica ultra émo, mais pour la première fois avec une identité propre, débarrassée de toute comparaison et influence trop marquées. Au revoir les feat hiphop (dommage), bonjour les longues fresques à couper le palpitant en rondelles (bonheur), avec au menu des morceaux tire-larmes comme I Guess en première ligne, ou les superbe Dammerung, Ten Devils et Matter Of Tempo. La mélodie toujours placée en première ligne, et la mélancolie en seconde. Du très bon boulot.





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> Best EP / 2011



Rone – So so so

Braille – the Year 3000

– 2080 – The Back Up

On va faire simple, et je l’ai déjà dis dans ma chronique : Rone balance tout ce que je peux aimer dans la musique electro, l’electronica, la techno, l’appellation que vous voulez. C’est mélodique en diable, cristallin, fragile, dansant, mais surtout beau à en pleurer.  Impossible de s’en lasser, mais je saute par la fenêtre si Rone ne sort pas un album en début d’année prochaine.

Braille a retenu l’attention cette année avec l’album de Sepalcure, fait avec son pote Machinedrum. Mais c’est en solo que le mec m’a clairement flingué, avec son énorme Ep The Year 3000, petit diamant de House-Chicago matiné de Uk garage, et qui semble drôlement narguer Jacques Greene sur son propre terrain. Deux morceaux imparables, super beaux, qui n’arrêtent pas de s’envoler, avec tout ce qu’il faut de voix puputes et de synthés absolus.

La scène chiptune, je dois en connaître un rayon, et pourtant, je n’aime pas trop ça. Comme un chercheur d’or, je passe des heures à dénicher la petite pépite belle et mélodique au milieu d’un océan de morceaux irritants et grinçant. 2080, lui, a tout compris. Il te sort avec The Back Up des morceaux à consonance chiptune, oui, mais ultra riches, longs, progressifs et beaux comme la mort. My Megadrive est un putain de tube, Super Easy bourrée de détails, et The Back Up est surement l’une des meilleures tracks de l’année, longue progression 8bit croisée avec une pop émo imparable. A te foutre le cœur en vrac. S’il garde la même recette pour un long format, on tient un futur excellent disque.


– Burial – Street Halo EP

– Mount Kimbie – Daytrotter Session Live

– Brokenchord – Girl of 13 Summers

Deuxième chronique écrite mais perdue cette année, cet Ep de Burial est une grande réussite. Sa plaque avec Thom Yorke et Four Tet était déjà franchement bien branlée, mais il suffit de lancer Street Halo pour se convaincre de la suprématie de Burial sur le Game du Uk Garage (je viens de l’inventer). Ok, la musique de Burial ne bouge presque pas d’un iota depuis des années. Ok c’est toujours le même rythme claudiquant et les mêmes voix pitchées et en slow-motion. Mais merde, il suffit d’écouter Stolen Dog pour chialer pendant 3 jours tant ce truc est mirifique.

Mount Kimbie, je t’aime moi non plus. J’ai froncé les sourcils lors de leur LP. Encore plus lors de la sortie de leur Carbonated Ep, un peu faisandé. Et boum, voilà que les mecs déboulent avec un ep gratos de captations lives de 4 morceaux. Et toute l’intelligence et le talent du groupe explosent à nouveau. Les morceaux ne sont pas juste “joués” live. Ils sont refaits, remixés, reconstruits. Field devient une merveille post-rock. Carbonated part dans la house, et la fin r’n’b émo de Maybe te flingue la colonne. Il y a tellement de larmes de bonheur qui coulent sur mon visage que je ressemblerai presque au méchant de Roger Rabbit à la fin du film.

Pour le lithuanien Brokenchord, c’est son année. Car en plus d’avoir sublimé un morceau de Radiohead, le bonhomme balance un deuxième ep de folie, avec deux tracks massives en diable. Si aucune n’aura la force de son monstrueux With Tsunami de 2010, Girl of 13 Summers et Orion t’expliquent ce qu’est un vrai beat, de vrais synthés bien granuleux, et un Uk garage bien gluant comme seul James Blake semblait savoir le faire il y a un ou deux ans.





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> Best standalone tracks of  2011

Cliquer sur les titres pour écouter.


–        Asobi Seksu – Trails (Holy Other Remix)

–        M83 – Midnight City (Team Ghost Remix)

–        Radiohead – Give up the ghost (Brokenchord Remix)

–        Asap Rocky – Purple Swag

–        Drake – Marvin’s Room

–        Kuedo – Glow (Clark Remix)

–        Mondkopf – Day Of Anger

–        Rockwell – Aria

–        Wu Lyf – Dirt


–        Lysergic – Black Coaches

–        Duffstep – Together

–        Machinedrum – Where did we go wrong

–        Nguzunguzu – Got U (Canblaster & Berou Bonus Remix)

–        The Streets – The morning after the day off on one

–        Grems – Gens du Passage feat Nemir

–        Zomby – Lucifer

–        Lana Del Rey – Diet Mnt Dew / Blue Jeans





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> Je trouve que les gens sont trop durs en général / En 2011



– Sole & Skyrider Band – Hello Cruel World

L’album ne semble pas plaire car il a vraiment le cul entre deux chaises. Trop mainstream pour les amateurs habituels de rap expé anticon (bourré de vocodeurs, instrues regorgeant de synthés cheesy, clins d’oeil à Timbaland, Timberlake and co) mais aussi trop âpre et hermétique pour les amateurs de hiphop mainstream (le flow de Sole, les lyrics, des prods qui restent bien perchées). Bien que bancal, avec un bon nombre de titres ratés, le disque regorge pourtant d’excellents morceaux, et c’est d’ailleurs dans ses titres les plus mainstreams et ouverts que je le préfère (Le très beau Immortality, Progress Trap, Vaya Con el Diablo, Hello Cruel World, Villion, Bad Captain Swag…). Certes, bourré d’autotune. Mais l’autotune bien utilisé, j’aime beaucoup ça. Clairement moins abouti et puissant que le premier Sole & The Skyrider Band, mais bien meilleur que l’éreintant précédant Lp.


– James Blake – James Blake

Je n’ai pas vraiment compris l’engouement incroyable autour du LP de James Blake cette année, mais j’ai encore moins pigé tout l’acharnement qu’il y a eu contre lui, un peu comme à l’époque du Sexuality de Tellier. Car si James Blake a effectivement policé sa musique, sortant du pour Uk Garage pour flirter avec le R’n’b minimaliste, le bonhomme garde quand même toute son identité en passant au Lp. Certes, 50% du disque frôle l’horreur. Mais les 3 premiers morceaux, excellents, auraient clairement pu se faufiler dans ses précédents Ep sans problèmes. James Blake fait du 2step en slow motion, et utilise son (bien bel) organe au lieu de sampler des midinettes… et pourquoi pas ? Et quand le mec te balance un I Mind qui est peut-être son plus beau morceau, je ne peux décemment pas descendre en flamme ce disque, qui ne tient certes debout que grâce à une poignée de tracks superbement réalisées (il y en a bien 5 ou 6), mais qui le fait sans renier son passé. Clairement pas une révolution musicale, mais aucunement une arnaque catastrophique non plus.


Mr Oizo – Stade 2

Inaudible, irritant, nonsensique,  disque d’autiste pour autistes. Mais non ! Pas du tout ! Ce truc est génial ! C’est un peu comme écouter ton chat faire l’amour dans une machine à laver ! Sodomiser une dentiste cougar avec une perceuse ! Tapoter un velux avec ta zezette en sirotant un cola ! Ca claque dur, c’est souvent concon mais exclusivement constitué de bombinettes imparables et gratuites, faites pour bouger les bassins et faire fondre les cerveaux. Les morceaux qui n’en finissent plus de partir en vrille, de te ravager les tympans, de clasher tes esgourdes sans aucune punchline. Tu veux prendre des risques ? Tu veux faire du cash ? Faire dans l’illicite, avoir de grosses liasses ? Tout ça c’est dans Stade 2, procures-toi en un fissa.





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> Man of the year / 2011 : Clams Casino


J’en parlais l’année dernière, sans trop savoir qui était ce Clams Casino, en déclarant ma flamme dans mon top 2010 aux instrues de Lil B, que je trouvais mortelles. (I’m god et Motivation en tête). Personne ne savait d’ailleurs réellement qui se cachait derrière les prods de Lil B, vu que ce dernier chevauchait vocalement presque 600 morceaux sans jamais les créditer. Puis le brouillard se dissipe, et l’on tombe devant un simple étudiant de 23 ans, qui fait ses tracks en mode branleur avec des samples de morceaux péchos au hasard sur les peer to peer. Bon, forcément, dès que ses instrues se retrouvent compilées gratuitement dans une mixtape, j’en parle avec beaucoup d’amour (même si I’m God n’est pas présente). Du coté de Clams, tout s’emballe. Lil B continue de lui demander des gemmes, à l’instar de Soulja Boy, des excellents G-Side ou des Jealous Guys. Après une sortie Ep en demi teinte (on sent le mec plus à l’aise dans le Hiphop enfumé que dans l’electronica experimentale), c’est pont d’or sur pont d’or pour Clams Casino : Le ultra hype The Weeknd lui demande une instrue pour sa 3eme mixtape, et Asap Rocky fini de le faire entrer dans la légende en lui demandant de produire une partie de son LiveLoveA$ap… qui se récolte de bonnes critiques medias en grande partie grâce au seul talent de Clams Casino. Reste à voir si le gars va encore avoir le temps de torcher ses études avec tout ce bordel. //- Clams Casino – Instrumental Mixtape


Man of the year / 2010 : Waddy Ninja Jones

Man of the year / 2009 : Falty DL





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> Les nocturnes de 2011



King Creosote et Jon Hopkins ont naturellement hanté mes nuits, étant le premier disque écouté en entier après tout le fracas de mars 2011. La préciosité des nappes, la qualité du field-recording, la fragilité des voix habillent parfaitement une nuit noire, éclairée par un écran d’ordinateur ou un réverbère subclaquant. Peut être l’un des plus beaux albums de l’année, et pourtant l’un des plus discrets, tout en retenue. Les chœurs éthérés me flinguent la colonne vertébrale à chaque fois. Rien de grandiloquent, rien de dégoulinant. On ne te renverse pas, on ne t’écrase pas le cœur. On le pique juste, tout doucement, avec une précision presque chirurgicale, grâce à des seringues bourrées de mélancolie. //chronique King Creosote & Jon Hopkins – Diamond Mine

Pour Moomin, c’est aussi le geste reflexe des nuits de cette fin d’année. Un bon petit album de Deep House laidback, taillé à l’or fin, avec son lot de morceaux bien mortel. Du très Etienne de Crecy Doobiest à l’excellent et mélancolique The Story About You, ou le cristallin Raw like 97, Moomin nous sort pile ce qu’il faut de musique hypnotique pour traverser une nuit sans sommeil en dodelinant de la tête. On lui pardonnera le complètement cramé Watermelon, parce que vient juste après le sublime Valentine, qui porte l’album à lui seule, House ultra sensuelle et mélancolique, déclaration pré/post-coïtale d’une beauté dingue.

Car il faut aussi passer des nuits blanches dans le noir, des heures agitées sans sommeil, Mondkopf déboule avec fracas grâce à son Rising Doom (Qui est arrivé tellement en retard à l’étranger que je n’ai pas pu le chroniquer, j’ai bien cru que je ne le recevrai jamais). Rising Doom, c’est le calme après la tempête. C’est des grésillements drone, des structures doom injectées dans de l’electro secouée par des kicks pachydermiques. C’est une rage contenue, une violence sous-jacente, un calme secoué de crises d’épilepsies, parfait pour des nuits à l’âme caverneuse. C’est évidemment un titre hallucinant (Day Of anger) et des saillies traumatisantes ( Intrus, Moon’s Throat, Where the god fall… ), à coté de tracks lumineuses (My heart is yours, superbe, pour ne citer qu’elle), le tout se tenant grâce à un fil conducteur ultra travaillé, permettant de nous enfoncer des nuages noirs en pleine gueule, creusée par les cernes.





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> Top Videos / 2011



Modeselektor – Shipwreck feat Thom Yorke/ Zombies & modeselektor, superbe video, Tony Truand prend du galon

The Roots – Tip The Scale / La photographie est sublime

きゃりーぱみゅぱみゅ – PonPonPon / De la drogue. De la drogue partout.





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> Les moments trop top des Chroniques Automatiques de  2011 ! (attention, auto-promo, link dans les images)


L’interview de Raoul Sinier :



Les Lives 2011 :


dDamage & 2080 & Maruosa / Live Tokyo

Odd Future / Live Summer Sonic Tokyo

DMBQ & Boris / Live Tokyo

Ninja of Die Antwoord djset & Trippple Nippples / Live Tokyo


Les Night Night Night :





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> Anecdotes / 2011


–        J’ai appris que Diabologum s’était reformée le temps d’un concert. C’est bien, cela devient tout simplement le deuxieme de ma vie qui me donen envie de me pendre parce que je l’ai loupé. Le premier ? le Daft Punk Alive de Bercy en 2007, bien évidemment.


–        Lamb revient de nul part, pour un album qui ne m’a pas franchement remué les trippes. Dommage.


–        C’est les 20ans de carrière de Dj Krush, et le bonhomme met en vente un morceau par mois depuis septembre. Ca fait plaisir. Dans le même ordre d’idée, Tepr, qui a fait de même (gratuitement) toute l’année dernière, vient de compiler ses morceaux dans un seul fichier downland. Ca fait plaisir aussi, pout ceux qui ne les avaient pas.


–        Bon ok par contre, grâce au Summer Sonic Tokyo 2011, j’ai pu voir Death From Above en live, un autre rêve. C’etait mortel, j’ai eu envie de me rouler par terre en arrachant mon teeshirt, bonheur. Il nous faudrait un nouveau disque, s’il vous plait.


–        Alors forcément, on va me demander de parler de Drake. Normal, vu que pour moi, Marvin’s Room est l’un des meilleurs titres de l’année. Et que Trust Issues & Headlines le suivent de très près, deux autres bombes. Take Care, album de l’année un peu partout. Je ne sais pas trop. Pour mi le disque souffre du fameux syndrome “hiphop mainstream mais pas trop” très présent depuis quelques années. A l’instar des deux derniers Kanye West, Nicky Minaj ou du premier Kid cudi, Drake sort un disque où des titres incroyables côtoient des tracks inoffensives. En gros, aucun disque du genre n’arrive à être bon à 80%. On plafonne toujours à du 50%. J’ai l’impression que l’on porte aux nues ce disque car certains morceaux défoncent tellement qu’ils en font oublier une autre moitié beaucoup plus frelatée.


–        Un pote m’a dit qu’il n’avait pas aimé le nouveau Stupeflip, alors que je le touve assez mortel, ça me rappelle des périodes assez géniales de ma vie. Alors je lui ai répondu assez vénère “Il est où le ptiot que t’étais ? il est mort le ptiot qu’t’etais ?”.


–        L’album de Tyler The Creator n’est pas dans mon top. Pourquoi j’en parle là ? parce que parler de Tyler The Creator, ça vous donne dix points Google. En plus j’avais fait une chronique sur le disque. Voilà c’est tout. Tyler, The Creator. Tyler The Creator. Tyler The Creator. Merci Google.


–        Apres 6 ans de Top, et 6 ans de “Mais il sort quand le Plaid ???”, et bien, le Plaid est sorti. Et franchement, c’est une petite déception. Qui fait saigner mon cœur. Beaucoup.


–        Franchement, je suis tout colère. Les Chroniques Automatiques auraient pu devenir le blog le plus hype de la planète, devant pitchfork, mais j’ai loupé le coche. Dans le top 2010, un lecteur, aaa (le pseudonyme) parle de son morceau préféré de l’année dernière, d’un groupe complètement inconnu : Heavy Pop de WU LYF. J’écoute, je trouve ça énorme. Orgue funèbre, et mec possédé qui hurle par dessus. Mortel. Puis j’oublie, complètement. 2011, on parle de WU LYF partout, je n’écoute même pas, je passe au travers. Le temps que l’année se remette sur de bons rails, je tends enfin une oreille sur le disque, et je reconnais le morceau. J’aurai pu en parler super tôt, mais je préférais me toucher la nouille sur  le lapin calin. Les meufs en bikini dans une piscine sur un toit de tokyo à sniffer de la dope, ça sera pour une prochaine fois, tant pis. Le WU LYF ? J’aime beaucoup. Certes, l’album n’est pas exempt de défauts. Mais bordel, un morceau comme Dirt, ça me tord la colonne vertébrale en mille. Cet espèce de mélange des structures d’Arcade Fire, avec les guitares de The XX et les hurlements façon goret par dessus, je trouve ça assez génial. Le disque aurait pu être dans le top, mais je n’ai pas trouvé de place.


–        Bouhouhou Tha Carter IV. Lil Wayne, comment peut tu sortir un album aussi banal, après un Tha Carter III qui était absolument incroyable. Incomprehension. Jai pourtant tenté, je l’ai écouté en long, en large, et en travers. Mais non, ça ne soutient pas une seule seconde la comparaison.


–        Raoul Sinier est balaise quand il fait des albums, mais il se debrouille aussi drôlement bien sur des remixes/cover. On connaissait sa version du Cymbal Rush de Thom Yorke. Il faut absolument écouter sa refonte du The Bay de Metronomy. La grande classe Nestor.


–        Je ne vais pas parler du nouveau M83, vu qu’il faudrait faire une thèse universitaire pour parler du disque, tant il est long et impossible à écouter d’une traite. Ah si on peut dire que sa pochette est superbe. Une remarque notamment, sur un morceau qui m’a fait marrer :  Je ne sais pas si je suis le seul à le penser, mais sur  Year One One UFO, M83 semble faire une cover du Vision Creation New Sun des Boredoms. Même structure, même alternance entre guitare acoustique/electrique et percussions tribales, mêmes accélérations, et évidemment, même façon de gueuler des Sun !! Sun ! Sun !!! Sun !. M83 qui reprend du Boredoms, pour le coup, c’est gonflé.


–        J’adore le refrain du Paradise de Coldplay, avec les petits éléphants partout. Ce morceau me fait grave penser à FLUXLAND, c’est trop top.


–        Jamais eu une année aussi pourrie au niveau des oreilles, ce qui est aussi exprimé par la bannière top de cette année, la musique s’étant parfois effacée derrière les médocs, pour la première fois. Les bons ORL, qui savent prescrire des doses qui marchent, ça ne courent pas les rues, mais j’en ai trouvé un bien, qui m’en file des biens. Thanks Dogmatil, you saved my (music) life.


–        Je voulais faire une chronique du Julianna Broadwick. Mais ne n’arrivais pas à écrire autre chose que “bon alors c’est l’histoire d’un disque avec une nana qui ne fait que chanter dans des pédales à effets, pour faire genre chants d’église hippies, et euh, ya que ça sur 10 titres” mais ce n’était pas génial pour donner envie. Mais c’est un excellent disque, surtout la nuit, à écouter !


–        Sinon je trouve ça proprement scandaleux que Faith No More fasse des concerts dans le monde entier, sauf par chez moi. Scandaleux. Nous on est là, on attend, on pleure, on prie, et les mecs ne viennent même pas. Je vais écrire une lettre à Patton.




Voilà voilà, n’hésitez pas à faire tourner un max ce Top 2011, car l’opération “Solidarité visites” marche toujours !

Comme l’année dernière, merci vraiment à tous ceux qui visites ses pages, qui participent ou commentent sur le site. C’est évidemment graçe à vous que les Chro Auto continuent de vivre. J’espère que la nouvelle formule du site marchait mieux cette année, après les petits bugs de l’année dernière. Je suis toujours aussi flemmard pour les refonte, la rédaction and co, mais j’y travaille. Pour tout ceux qui viennent régulièrement dans ces pages et veulent papoter un peu plus musique ou autre, n’hésitez pas à m’envoyer des mails sur ma page Facebook, en précisant votre pseudo (histoire que je vous reconnaisse), c’est toujours avec grand plaisir !

Merci encore, bonne année tout ça, surtout la santé évidemment. Protegez vous les oreilles. On part vers 2012, dans le plus grand chaos, les Chroniques Automatiques (qui résistent même aux tremblements de tsunamis atomiques) rempilent pour au moins un an supplémentaire !


Thanks,


Dat’

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Cum on My Selector 2

Posted in Chroniques on December 23rd, 2011 by Dat'


4 am : Mondkopf, Rockwell, Lysergic, Duffstep, Grems, The Streets, Lana Del Rey, Zomby, Mdrum & Nguzunguzu



En regardant la petite sélection de morceaux faite il y a deux mois, avec pour fil rouge le slow motion et la musique écoutée après 3am, je me suis rendu compte que ces 6 tracks étaient certaines de mes préférés sur l’année 2011. Et vu que le top de l’année, prévu pour début Janvier, va comme d’hab tenir sur 30 pages, je me suis dis qu’il était bien de liquider et de parler de quelques morceaux de plus, pour finir l’année en beauté (et dieu sait si cette dernière aura été secouée). Traiter de morceaux en sortant du carcan album, ça fait du bien.

Petite sélection donc, avant le Top 2011 qui arrivera en début de mois prochain.



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> Mondkopf – Day of Anger

Je pense que ce Day Of Anger est l’un des morceaux (si ce n’est “le”) qui m’a le plus marqué cette année. L’intro dantesque m’avait arraché la gueule à la première écoute. Ces énormes vibrations, qui déboulent au milieu d’un piano à chialer, puis ses handclaps qui annoncent un morceau hallucinant, avant de débouler sur un matraquage sans merci, ça m’avait grillé les neurones. Mélodie superbe, kicks mondkopfiens pachydermiques, rage contenue, saturations dingues, ce diamant écrase un album excellent, mais qui n’arrivera jamais à retaper aussi fort. Mondkopf m’avait tué il y a des années avec sa première version de Ave Maria, en catimini sur son myspace, qui était beatless, presque religieux. Il revient me tabasser en 2011, avec un morceau ultra violent. Traumatisme.






> Rockwell – Aria

Tombé sur ce morceau un peu par hasard sur le net, Aria est un voleur d’âmes. Le cul entre deux chaises, entre Uk Garage vaporeux emprunté à Burial, et drum and bass cassée et rachitique, Rockwell balance un petit bijou qui balaie presque toutes les tentatives façon”me too i wanna do like people who wanna do like burial”, et dieu sait si elles sont nombreuses. Le morceau peut sembler un peu long à la première écoute, puis se révèle, avec ce beat claudiquant, qui semble dans le même mouvement ralentir en mode ambiant et vriller jungle sur une demi-seconde. Avec en bonus des voix dance passées au filtre bullet-time, placées avec minutie. A écouter au beau milieu de la nuit, une bière à la main, en fixant la lumière blafarde de son ordinateur se refléter sur la courbure d’un dos nu (ou juste affalé comme un con sur son sofa en fait). Je ne sais pas vraiment ce que le groupe a fait d’autre à part cet Ep, mais on va surveiller ça avec grand intérêt.






> Lysergic – Black Coaches

Slow-Motion enfumé toujours, avec un Ep gratuit qui m’avait été conseillé dans les commentaires de ces pages. Merci pour ce conseil, cette mini livraison de Lysergic a beaucoup tourné, hanté par le premier Black Coaches, superbe morceau Uk garage qui tire franchement sur les psychotropes, dans une cave, avec bruit de chaines et portes de prisons qui grinces. Lysergic sample Billie Holiday en regardant Martyrs de Laugier, c’est entendre de la soul en marchant dans le couloir de la mort, c’est une relecture du Öngyilkos Vasárnap de Venetian Snares après avoir avalé une tablette entière de Dogmatil, seul dans un asile. Le rythme se dessine tranquillement, ne partira jamais vraiment, avalé par la fumée, et les synthés cristallins. Et au milieu, cette voix dingue, qui lâche par bribe sa litanie à chialer, à travers les murs capitonnés.






> Duffstep – Together

Retour à du Uk Garage plus classique avec Duffstep, qui a déjà le nom de plus cool de l’année. J’attendais beaucoup de son LP sortit début 2011, qui m’avait au final un peu déçu, à partir dans tous les sens sans jamais réellement accrocher. Il est pardonné avec cet Ep composé d’une seule track, très bon Together, ultra basique dans sa recette (rythme uk, nappes ultra cramées, voix pitchées qui disent “love you, love you” mais qui marche parfaitement, en s’envolant totalement dans sa seconde moitié. Du bon boulot, qui prouve que l’on a pas besoin de faire du Uk alambiqué pour parasiter les tympans durablement.






> Machinedrum – Where did we go wrong ?

Autre diamant absolu de l’année, le roi Machinedrum m’a littéralement flingué avec sa fin d’album. Un Lp chelou mais bien foutu sur Planet-Mu, assez uptempo, qui échoue sur une piste mirifique. Le trip slow-motion-voix-pitchée-de-l’année. Je ne peux même pas d’écrire ce truc, tant il m’a foutu une baffe, arrivant pour clôturer un disque qui s’oublie carrément après écoute de sa conclusion. Pour moi, c’est au même niveau que les interludes tire-larmes d’un Burial, façon In Macdonalds. Encore mieux même, vu qu’il a le bon gout de durer 4min. En plus, le truc au départ semble bizarre, un peu bancal, on se demande si tout est bien réglé, avec ses simili-fausses notes qui semblent géner la béatitude du tout. Et quand le morceau s’efface peu à peu, tranquillement, longuement, une seule envie subsiste : le refoutre pour faire durer le tout un quart d’heure.






> Nguzunguzu – Got U ( Canblaster & Berou Bonus Remix)

Typiquement, le type de remix qui éclate la version originale (sympa digression Uk qui n’avait rien de mémorable). Là, les deux zozos te sortent des hanclaps et des synthés dance ultra cramés, mais surtout bien jouissifs. Un petit coté Moombathon pour la route, mais c’est clairement cette aura “cours de récré en 92-95 et Hit Machine” qui emporte Got U. Mélodie qui bouffe le tympan, claviers super beaux, samples imparables. C’est mortel, le bonbon sonore que j’ai lancé à chaque fois qu’il me fallait remuer du popotin en sortant de la douche. C’est émo, c’est dance, c’est planant, c’est dosé à l’extrême, ça pue la virée dans une bagnole pourrie avec ses potes, avec le poste à fond. Nostalgie. Une vraie bombe sans prétention, qui puise autant dans la putasserie de la belle époque que dans le Uk garage d’aujourd’hui.






> The Streets – The morning after the day off on one

Mike Skinner a parlé, The Streets est mort. En même temps, après un 4ème album très moyen, et un dernier Lp absolument déprimant comparé à ce que pouvait faire le génie anglais dans sa jeunesse, ce n’est pas si grave. Chant du cygne, Skinner a balancé une mixtape gratos, bien branlée, bien hiphop, dernier petit plaisir avant fermeture. Sur cette tape, un morceau qui avait déjà perlé sur Youtube, qui me rappelle le The Streets d’antan, celui qui parlait de clopes et d’ennui d’une façon presque clinique. Sur la tape, c’est avec un feat cool de Trim, mais on préfèrera la version youtube, dénudée, qui amplifie ce coté paumé et mélancolique du morceau. The Streets m’avait administré une baffe gigantesque il y a dix ans avec le morceau Turn The Page. Il finira sa carrière dans mes oreilles avec un titre presque aussi bon. Merci pour cela.






> Grems – Gens du Passage

J’étais sur que Klub Sandwich allait être THE projet 2011 de Grems. C’était limite du fan-service pour moi. Et le Grems electro, je le vénère. Mais c’est au final avec son morceau le plus hiphop de l’année, tiré de son mini-lp Algèbre, qu’il me cassera la tronche. Le disque est mortel, mais Gens du Passage bazarde tout sur son passage, en touchant à la perfection. L’instrue de Noza déjà, superbe, toute simple en apparence, avec un rythme nickel. Un Grems qui assure bien évidemment, avec ses rimes en diagonales et ses phrases d’extraterrestre. Mais aussi un Némir qui sur-démonte le morceau, en posant avec une prestance hallucinante, un aplomb de fou, et une manière d’articuler fascinante, donnant un coté hypnotique à chaque syllabe. Le tout enveloppé une ambiance mélancolique exacerbée par ce refrain qui fini de te faire claquer des doigts tout en te canant le moral. On a des vies chelous quand même…






> Zomby – Lucifer

La crise de nerf. Il est bien cool le Dedication, avec cette pochette de folie. On sautille sur les mélodies émo 8bits du bonhomme, on kifouille le r’n’b drogué feat Panda Bear. Normal. Puis vient Lucifer. Dès les premières secondes, tu sais que tu vas aimer. Que cela risque d’être le morceau de l’album. Grandiloquence electronique. Synthés de fou. Tu te crois dans un My Love de Timberlake revisité par un dépressif. Chair de poule mais swag au maximum. Asap Rocky se coupe les veines après avoir baisé 3 mannequins. Tu sens que le morceau va exploser, s’envoler, te vriller la colonne vertébrale. Mais tout s’arrête. 57 secondes. 57 putains de secondes, rien de plus. Aberrant. Ridicule. Le coup de pute. Mais la minute est tellement mortelle, qu’on la passera en repeat 5 fois de suite. On se console comme on peut.






> Lana Del Rey – Diet Mnt Dew / Blue Jeans

Le morceau Video Games me fait un peu chier. Born To Die me semble bancale, comme s’il manquait une idée principale dans toute cette emphase. Les autres morceaux de la chanteuse m’en touchent une sans faire bouger l’autre. Bref, c’était mal barré pour l’année Lana dans mes esgourdes. Et boum, je tombe sur Diet Mnt Dew. A dire vrai, j’avais cliqué dessus pour me marrer, parce que je bois une canette de cette boisson presque tous les jours. Vlan, morceau d’une grande classe, loin de la grandiloquence-doigts-dans-la-gorge de tous ses autres morceaux. Un truc imparable, soul mais entrainant, pas larmoyant, traitant pourtant d’une nana se faisant à moitié tabasser par son mec. Alors je prospecte, je me renseigne. Puis je tombe sur Blue Jeans, superbe face b ( ??) du single Video Games. Ouai, là aussi c’est grandiloquent. Mais Blue Jeans, c’est un peu comme si une nana voulait faire du Chris Isaak. Comme si on voulait faire ressusciter les ultimes Wicked Games et Blue Hotel, mais en mode batard, faussement expérimental, et féminin. Car ce Blue Jeans a presque la même aura que les deux morceaux précités, sublimée dans le clip par son dernier quart, après l’explosion, où Lana efface enfin le coté photo-profil-facebook-boudeuse pour ce qu’elle semble être vraiment : Une pin-up mortelle. Wicked fuckin’ games. Diet Mnt Dew, son meilleur morceau. Blue Jeans, le plus épique. Profitons en, la mission première de la maison de disque de Lana semble être de polir la chanteuse à l’extrême, pour ne pas se priver des passages radios grand public.







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Fulgeance – To All Of You

Posted in Chroniques on December 16th, 2011 by Dat'


Mother City



L’abstract Hiphop étant devenu l’apanage des américains, from Los Angeles si possible, et devenu très discret du coté des français, si l’on excepte quelques survivants comme Depth Affect, Flakes ou Onra, il est assez appréciable de voir Fulgeance débouler avec son premier Lp, plutôt attendu par votre serviteur après une série de maxi oscillant entre le sublime (sur All City Rec) et le cool (sur Musique Large). Pierre Troel utilise sa MPC avec une habilité peu commune (même si l’on reste loin de certains pétages de plombs ahurissants), en passant au fil des années d’un abstract enfumé à des pistes plus bouncy et appuyées.

To All Of You, et sa pochette qui ressemble drôlement à celle du Seekae (sorti plus tôt cette année), c’est de rendre hommage aux villes visitées tout le long des pérégrinations musicales mondiales de Fulgeance, entre Los Angeles, Vilnius, London, Tokyo ou la Normandie. Chaque morceau sa ville donc, une bonne manière de multiplier les ambiances et de prouver que même si l’on ne sort que son premier Lp, on a déjà pas mal perdu ses valises entre deux avions.








Niveau packaging, c’est classe et simple, avec un petit texte explicatif et surtout 6 tracks bonus, pour tous les pays, donc pas de jaloux. Avec entre autre Brokenchord dans le crew, ce qui en impose. Niveau musique, on va tout de suite poser cartes sur tables : Fulgeance (putain, tu prononces ça comment ?) ne révolutionne pas grand chose. Un beat, une bassline, des petits synthés qui virevoltent, point barre. Commencer le LP avec La Cité des Anges, c’est un juste retour à l’envoyeur. Morceau qui vise tranquillement ta nuque donc, avec un petit coté rétro dans les synthés qui n’aurait pas déplu à Kuedo. Une minute de temps, ça devient tout de suite plus pimp, avec des graves bien forcés. Le genre de son qui te racle les tympans avec violence. Tu claques des doigts, tu te dis que le morceau est sympa, mais il prend son envol dans la dernière minute, avec un synthé sublime qui te fout la mort, un espèce de truc electronica qui ne résonne que 15 seconde, mais qui te fout une droite et soulève le morceau.

Je parlais de bassline, parce que Fulgeance, il à l’air d’aimer ça. Il te sort des basslines d’enculé, des trucs qui résonnent sur 3 étages. Attention, je ne parle pas de WOBBLEWOBBLEWOBBLE. Nop. Le français aime la belle bassline bien rugueuse, qui se tord et exulte pendant que des handclaps bien placés te font bouger le bassin. Glasgow Lunacy, ça gronde mignon, Pierre Troel a du passer sa tournée écossaise dans des caves bien profondes. C’est imparable, ça fait trembler les murs, et quand la petite mélodie guillerette déboule au milieu de l’orage, tu te mets à danser au milieu de la rame de métro, avant de succomber sur la conclusion presque oldschool, entre synthés granuleux et vocoder discrets. Mortel.

Bassline caverneuse toujours avec Vilius Bump, qui te saccagera une sono en deux minutes. Ca doit sacrement secouer en Lituanie. Fulgeance joue le contraste, se sert des basslines comme bases des morceaux, pour balancer subrepticement des mélodies forcemment mises en valeur afin enrichir et adoucir les tracks, procédé faisant systématiquement mouche vu le bordel ambiant. Même combat avec London Calling, qui respire méchamment les bassement londoniens, en ralentissant un peu le tempo, laissant intervenir quelques voix screwed et en poussant encore plus les graves. La litanie métallique finira d’achever les plus réticents.






Mais Fulgeance n’aligne pas que les baffes en forçant sur les graves, et sait prendre sur le LP une direction un peu plus expérimentale ou ouatée, comme sur le bien nommé Hiver Normand, où Fulgeance renoue avec les teintes abstract plongées dans le brouillard. Typiquement le genre de texture que j’adore, avec une track en constante évolution, bourrée de détails et de changements de rythmes, avec mélodies cristallines et voix fantomatiques. En plus c’est long, tu as largement le temps de t’y perdre. Bonheur.

Montefalco Mato balance surement le plus gros rythme du Lp, et si la bassline est là aussi absolument imparable, c’est la chorale flippante et les vocalisent chelou qui te finiront à coup de talon. Peut être le meilleur morceau du disque, tout du moins le plus efficace et le plus riche. Il faut balancer ça en club dans une fin de set, pour terrasser les derniers debout. Les deux morceaux Dub (“dub”, pas “dubstep”, ne cherchez pas de dubstep dans ce disque) que sont One For Bestow (qui va démolir la vie de tes voisins) et le joyeux Espresso Freddo permettront de filer un peu de sourire à la galette.

Mais c’est clairement Sweet Sofia qui surnage sur To All Of You, en s’écartant complètement du reste du Lp. Morceau très court, de deux minutes, à l’electronica Warpienne pas si éloignée d’un Plaid, mais brutalisée par un beat imparable, Sweet Sofia te fait regretter que Fulgeance n’ait pas opté pour une ou deux autres tracks dans le même genre, tant il semble maitriser ce dernier. L’album se finira sur la brumeuse Tokyo Blue Nostalgia, lente montée electronica-abstract avec une mélodie qui se déplie graduellement, pour se retrouver bouffée par le bruit blanc. Du joli boulot.

Pour la brochette de remixes en fin d’album, ces derniers ne sont pas forcément indispensables, mais on appréciera le travail de déconstruction hallucinée de Josip Klobucar sur Hiver Normand, la relecture ultra-massive de Brokenchord pour London Calling, le funky remix de Vilnius Bump par Ben Butler & Mousepad ou la Noise-émo de Yosi Horikawa sur Tokyo Blue Nostalgia.





Fulgeance, sur ce To All Of You, n’invente pas grand chose, (j’imagine que ce n’est pas le but) mais fait rudement plaisir (là, c’est plus probable). Bien foutu jusqu’au bout des pads, sans morceau raté, cela fait surtout plaisir d’entendre un mec te balancer des basslines imparables sans tomber dans le dubstep de charcutier. Il n’est pas si loin d’un edIT dans la démarche d’ailleurs. C’est de l’abstract Hiphop, du Hiphop instrumental, du Los Angeles beats, de l’electronica, bref, ce que l’on veut, mais c’est parfaitement taillé. Même si l’on attendra jamais, sur ce Lp, le niveau de certaines de ses tracks d’antan (celles parues pour la série 7×7), le français te sort de belles bombinettes sans forcer.

A ce stade, je dois normalement je dois trouver une phrase Télérama pour conclure habilement, mais je ne sais que dire, à part que Fulgeance vient juste de sortir un album qui déboule dans mes esgourdes pile au bon moment. J’avais besoin de morceaux de la sorte, et To All Of You les sert sur un plateau d’argent. Excellente galette.





La Cité Des Anges by fulgeance




Sweet Sofia by fulgeance





10 titres + 6 titres – Melting Pot Music

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Matt Elliott – The Broken Man

Posted in Chroniques on December 7th, 2011 by Dat'


You did a great job as a muse.



Dans ma tête, il y a eu un avant et après Howling Songs de Matt Elliott. Certes, ce n’est pas foncièrement pertinent de dire ça d’un disque aussi récent, mais pas moyen de faire autrement : Ce disque a rasé mon intérêt pour l’autre projet, electro, du bonhomme, Third Eye Foundation, me poussant même à dire à la sortie du dernier opus “mouai je préférerai un nouveau Matt Elliott” alors que je n’aurai juré que par TEF il y a quelques années, en pleurant qu’un énième musicien électro prenne sa gratte pour miauler et changer de carrière (accusés Fink et RJD2, levez vous).

Mais depuis la sortie de Howling Songs, rien ne va plus, tout tourne autour de cette galette. J’achète un disque folk / balkan / rock-noise, je le compare à Matt Elliott. On me parle d’un disque qui arrache les trippes, je réponds “ouai bon ok c’est sympa, mais tu as écouté Howling Songs ?”. Ce disque fut la claque de 2008, la joue était encore douloureuse en 2009, toujours rouge en 2010, et encore sensible en 2011. Jusqu’à l’annonce surprise du label Ici d’ailleurs, annonçant un nouveau disque de l’anglais, The Broken Man, dispo maintenant, là, tout de suite, pour deux euros. Pas douze. Deux. L’album. Pas un ep. L’album, en entier, pour 2 euros. Ok, en mp3, en attendant la version physique pour janvier. avec un slogan qui claque : Music has no price but it has value, Mp3’s has a price but no value. Normalement, votre serviteur aurait attendu sagement. Mais là cette fois, pas possible. Extirper ma carte bancaire de mon portefeuille en cuir tout neuf furent les 30 secondes les plus longues de ma vie, à égalité avec celles où j’ai du disparaitre du champ de vision des passants de la façon la plus discrète possible après être tombé dans un escalator, alors que je portais une valise et mon chat ronronnant dans son panier.








La structure de l’album est assez étonnante, avec 3 très longs morceaux (de 9 à 13 minutes) et 4 autres très courts (pas plus de 4 minutes). Et c’est par l’étiré Oh How We Fell que le Lp débute, et son intro flamenco guitare qui va courir pendant deux bonnes minutes, avant que la mélodie se fasse plus émo, et que la voix grave de Matt Elliott fasse enfin son entrée. C’est minimaliste, il n’y a rien de superflu sur la première moitié du morceau, comme dans nombreuses de ses captations lives. Puis la gratte se dédouble, on gagne tout doucement en intensité, le titre part doucement sur une autre structure. On entend des instruments à très faibles volumes qui chantent au loin, impossible à identifier. Ligne de fin, la guitare s’intensifie, un violon fragile perle, c’est beau à en crever, et sans prévenir, alors que l’on s’attendait à une conclusion tout aussi tranquille, une chorale fantomatique, malade, anémique, déboule pour une dernière minute à te glacer le sang.

Bon, tu t’es déjà bien ramassé la gueule, et Please Please Please te cueille presque trop facilement avec cette guitare qui n’arrête plus de chialer. La mélodie est parfaite, sur un titre à peine plus de deux minutes, tu te dis que c’est nickel. Sauf qu’en son milieu, rebelote, un chœur incroyable se met à hululer, comme si tout un bataillon de soldats russes atteints du cancer se mettait à gémir sur le haut d’une montagne. Chair de poule monstrueuse. Il paraît que l’album est mixé par Yann Tiersen. Ce dernier mérite qu’on lui file un bon paquet de brouzouf vu le boulot fourni.

Dust Flesh & Bones (tout un programme) prend le relai et continue dans la veine ultra optimiste de ce disque. L’optimisme d’un mec qui va bientôt se jeter par la fenêtre. Alors Dust Flesh & Bones, c’est le diamant de The Broken Man, une fresque absolue de 9 minutes, qui te file les boules dès le démarrage. Le chant de Matt Elliott y est plus caverneux que jamais, on réveille le fantôme de Tom Waits à coup de groles dans fion, et tu n’as plus qu’à ouvrir ta bouteille de vodka pour dériver au grès du morceau. Là aussi, ça commence en duo voix / gratte acoustique, mais le tout prend graduellement de la puissance avec échos, cordes et tout le tralala. C’est distillé avec une préciosité dingue, avec des cordes ultra discrètes, qui semblent perler à l’horizon. Quand il commence à chanter le refrain, “This is how it feels to be alone, this is all that we can call our own, dust flesh and bones”, seul repaire lumineux, placé pile au milieu du morceau, tu es en train de pleurer ta mère tellement c’est beau. La gratte reprend les devants pour se fendre d’une litanie tire-larmes, avant qu’un break incroyable déboule et te casse la gueule à base de guitare ultra appuyée, voix d’anges, cordes post-apocalyptiques. Matt Elliott reviendra pour te finir à coup de batte de baseball avec une dernière incartade vocale sublime, qui te laisse obligatoirement sur le carreau. Le mec te coupe le palpitant en petit morceau, te balance une cathédrale en ruine sur la tronche. Et ce coté malade, qui semble parfois ralentir, ou choisir la fausse note, déstabilise encore plus, ce coté puant la lèpre qui court sur tout le disque et qui te fout un mignon cafard. Matt ne semble plus avoir la force de noyer ses morceaux folk sous de la Noise folle, comme sur Howling Songs. Il semble vouloir tenter le coup, mais à part quelques feulements, énergie du désespoir, rien ne sort.




How To Kill a Rose, petit interlude folk rapidement parasité par des lignes noisy et quelques cordes anémiques fera son petit effet, avant de s’effacer au milieu du vent et de laisser place au marathon If anyone tells me ”It’s better to have loved and lost than to never have loved at all”, I will stab them in the face (best track’s name of 2011), long de 13 minutes. C’est en même temps le plus puissant des morceaux et la petite déception du disque. Puissant parce que la mélodie du départ est sublime, avec ces filets de voix qui tournent autour de notes de piano cristallines, et de cordes toujours aussi lacrymales. Quand Matt Elliott se met à chanter, c’est toujours aussi parfait, et tu devrais avoir le cœur arraché aux alentours des 8 minutes. Seul problème, c’est qu’après avoir chialé toutes les larmes de son corps, on finit par suffoquer dans sa morve, et que le morceau s’avère un poil trop long pour accrocher de bout en bout, avec une conclusion qui aurait méritée de progresser un peu plus au lieu de faire “plip plip plip plop plop plop” avec le piano. Ok ok, la meute de chiens qui s’infiltre sur la fin du titre, pleurant la mort de leur maitre en entourant le corps à moitié enseveli sous la neige,  clébards hurlant à la lune une dernière fois pour rendre hommage, ça te serre la gorge hardcore. Tu arrêterais presque de respirer. Bref, ce morceau est beau, à n’en point douter, mais il lui manque un petit truc pour tutoyer la perfection.

Les deux titres finaux, This Is For et The Pain That’s Yet to Come, dyptique apaisé avec une première partie guitare chœurs, superbe, qui te sort une montée toute belle, presque enjouée façon balkans (donc triste quand même) qui va monter jusqu’à la rupture. The Pain That’s Yet to Come, plus pop, renouent avec les atmosphères des premières minutes du disque, avant de partir complètement en couille, sur des chants fantomatiques vrillés par une guitare électrique ultra saturée qui crisse au loin. Ca fourmille de détail, mais ça n’explose pas. Sur les précédents disques, la noise aurait tout embarqué, rasé espoir de survie, comme sur Bomb The Stock Exchange (le morceau ultime de Matt Elliott). Mais maintenant, la rage n’est plus, place à l’abandon. On se demanderait presque si le mec à encore la force de tenir son instrument.






Beaucoup plus calme, mais loin d’être apaisé. On sent que le mec veut s’énerver, veut tout foutre en l’air, mais qu’il n’en a plus la force. Il est malade, cassé, seul. Sur ce disque, Matt Elliott n’est plus le bruit et la fureur, mais bien un homme démonté après trop d’épreuves. L’album porte parfaitement son nom. Matt Elliott était quelqu’un qui courbait le dos et serrait les dents, à affronter vents et tempêtes sur la proue de son bateaux, à tenir tête aux épreuves les plus dures en chialant des larmes de sang. Epoque révolue, il est maintenant recroquevillé sur sa guitare, dans une chambre sale, à pleurer sur le passé, à sangloter sur une vie qu’il a prévu d’interrompre à la fin de cette bouteille de vodka posée sur le sol : fini le folk écrasé sous des couches de Noise bruitistes, dites bonjour aux complaintes rongées par la mort.

Matt Elliott te foutait des coups de fusil dans le ventre. Il te maintient désormais la tête sous la flotte, pour que tu crèves la gueule ouverte, seul comme une merde, dans l’indifférence générale. Mais pendant que l’eau s’infiltre dans ton œsophage et t’étouffe, le mec te donne au moins l’occasion d’écouter, une dernière fois, un album d’une beauté folle.











7 Titres – Ici d’ailleurs

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Mr Oizo – Stade 2

Posted in Chroniques on November 27th, 2011 by Dat'


I’m not good in a crowd



Première mondiale en France : voici la chronique Soundcloudisée du nouveau Mr Oizo, Stade 2 !





















Mr Oizo – France 7





13 Titres – Ed Banger

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Kuedo – Severant

Posted in Chroniques on November 3rd, 2011 by Dat'


The City



Planet Mu, c’est une affaire de cycle. Après l’IDM et l’electronica, le label s’est porté vers le Breakcore pour l’étirer dans tous les sens, avant de s’inventer une lubie pour le dubstep, est de devenir l’un des principaux fournisseurs du genre en Europe. Après avoir usé ce dernier jusqu’à la corde, et avoir tenté tous les chemins de traverse que permet le genre, la petite entreprise de Paradinas a fait quelques galipettes avant de se tourner vers le Juke, musique hiphop-electro ultra saccadée qui place le concept du “sample qui bégaie” haut dans le ciel. Alors certes, le virage est moins visible qu’à l’époque du dubstep-Mu, où 99% des disques de la maison étaient attenant au genre. Mais mine de rien, le label sort quelques albums et compiles pure-juke, ce qui est franchement gonflé vu le genre ne risque pas d’avoir une résonnance énorme avec l’autisme de certaines productions et la gueule de certains disques proposés. (Enfile toi le Dj Nate en entier bien fort, d’une traite, qu’on rigole. Mais tu risque de t’enfoncer des tessons de bouteilles dans la gorge). Apres avoir sorti du pur jus, du Fruity Loops qui bug et des instrues qui vont rendre ton Golden Retriever épileptique, le label commence à adoucir le truc et à prendre de nouveau la tangente. S’inspirer du mouvement, mais le fondre dans des prods beaucoup plus polissonnes, histoire de plaire à une audience moins hardcore. Le premier disque a avoir imprimé ce virage, et d’une très belle façon, c’est le MachineDrum sorti il y a quelques mois, emplie de petites perles simili-Uk-juke. (She Died There, tellement bon)

Là, c’est Kuedo qui s’y colle, et si on ne connait pas trop ce type, à part deux maxi sautillants sortis aussi sur Mu, on connait bien Ved’x ! Cela tombe bien, le loustic Kuedo, c’est justement la moitié de Ved’x (l’autre tête pensante du duo sortant aussi un disque qui remporte tous les suffrages en ce moment) Et si, au vu de son passif et de ses maxis précédant, nous pouvions penser que le bonhomme allait sortir un Lp wonky-uk-dubstep tressautant dans tes enceintes comme un poisson sans le souffle sur le sol de ta cuisine, on se retrouve finalement avec un disque ovni. Au programme : villes cradingues, ruelles bardées de néons et voitures volantes.







En enfilant le disque dans le lecteur, on prendrait presque peur, tant les premiers morceaux sonnent clichés à la première écoute, façon “Blade-runner-mon-amour-nappes-de-synthés-neurasthénico-romantiques”. Bref, bien trop Grec et barbu, avec ces longues notes de claviers qui chantent la solitude d’un flic perdu dans sa ville cyberpunk. Puis Whisper Fate déboule en troisième position, et ouvre un peu la recette. Quelle est cette boite à rythme, dénuée de rythme lourd, mais alignant un métronome peu commun pour une musique de ce genre ? Cette instrue qui se démarque un peu du copier coller Philip K-Dick pour un apparat plus electronica, très Plaid ou Yimino dans son traitement mélodique, démonte avec ses multiples détails qui surgissent discrètement. Petite vignette qui se déroule avec modestie, mais prend directement les âmes sensibles en otage.

Je parlais de Juke en intro, mais ce disque n’en est pas. Kuedo garde malgré tout quelques fractions du genre. Exit les samples répétés 300 fois dans une minute (ouf), Kuedo ne s’éprend que cette boite à rythme lancée à pleine vitesse, snares qui claquent comme un mécanisme de montre en fast-forward. Et c’est ce contraste entre les synthés ultra contemplatifs et ces beats barges et vrillés qui fascine, comme si Zomby avait délaissé ses litanies 8bits pour une virée dans le Tokyo d’Akira. Des morceaux comme Onset escapism, Ascencion Phases, Seeing The Ages ou le superbe Vectoral (ce final putain) feront parfaitement l’affaire pour piger le concept.

Et si le disque est ultra homogène dans son ensemble, difficile à décortiquer, il comporte malgré tout quelques moments de grâce à faire craquer plus d’un palpitant. Scissors, plus direct, balance la sauce avec un rythme que n’auraient pas refusé tous ses buveurs de purple syrup. Mais cette mélodie cristalline se pose avec grâce sur cette chappe épileptique, et te fend la gueule. Ca pourrait presque faire office de tube. Sacrement drogué, mais tube quand même. Le bien massif Truth Flood fait carrément dans le swag nucléaire avec un tempo plus maitrisé, même si l’hystérie règne toujours salement dans les snares. Il ne manque plus qu’un flow bien rocailleux pour valider le tout dans un club. A moins que le final quasi-religieux fasse le même boulot.

L’autre morceau imparable de la galette, c’est Salt Lake Cuts, à la mélodie electronica mortelle et une boite à rythme qui prend enfin le temps de respirer. C’est bourré de détails, cela sort un peu de la dichotomie stricte synthés / beats, et le dernier tiers est épique en diable. Blade Runner jusqu’à la mort une nouvelle fois (la base mélodique est la même que le End Theme de Vangelis) avec Flight Path, presque flippant, tant les synthés, au casque, filent le vertige. As We Lie Promising, 54 secondes au compteur, a peut être la plus belle mélodie du disque. Certes, moins d’une minute, tu peux déprimer, tout seul, dans ton impasse pourrie, pluie faisant grincer les néons. Mais il y aura moyen de se consoler sur le joli Memory Rain, seul morceau utilisant frontalement les voix, pour une fin d’album un peu plus lumineuse. Comme si nous avions erré tout le long de l’album dans cette Dark City froide comme la mort avec un mégot au bec, avant d’arriver enfin chez soi, appartement baroque bourré d’innovations futuristes et meubles un peu kitsch, ramenés d’une épique bien lointaine.





Depuis plus d’un an, je regarde la majorité des sorties Planet-Mu avec le sourcil levé et une moue dubitative. Et bien, PAN écrit en rouge sur le pistolet drapeau, Kuedo vient de balancer l’une des meilleures sorties du label depuis un bail, en catimini, à coup de drum machines cramées et synthés clichés. Jamais dépressif, souvent romantico-utopique castagné par la mélancolie, Severant est un album ultra-linéaire, à interdire dans une playlist shuffle, et pas franchement écoutable dans le métro avant d’aller au boulot, ou pour avoir la patate avant un strip-croquet. Mais c’est une plongée incroyable dans les barres à putes de Zalem, la décharge de Midgar, les rues grises de Lux, les artères strillés par les spinners de Blade… Ce Severant malaxe nos références cyberpunk personnelles. Il ne reste plus qu’à coller ces dernières à la bande son de Kuedo, quasi-parfaite.

Idéal pour une écoute de nuit, à 3 heures du mat (on va croire que je fais une fixette là-dessus). Surtout si votre fenêtre donne sur une ville multicolore, pétée de néons et de lumières en tout genre. Certes, pas de voitures volantes, pas de cyborgs faisant le tapin, ni d’échoppes sur coussin d’air ou de filles fumant des clopes cachées sur leurs cheveux rouges. Mais en écoutant bien fort Severant, pas de soucis, l’imagination fera le reste.






Kuedo – Vectoral





Kuedo – Whisper Fate





As We Lie Promising by Kuedo






15 Titres – Planet Mu

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Cum on My Selector 1 : A Night In Slow Motion – Holy Other, Brokenchord, Team Ghost, Clark, Asap Rocky, Drake.

Posted in Chroniques on October 26th, 2011 by Dat'


3 am


Parce qu’il y a souvent des morceaux qui me frappent, qui me semblent incontournables, mais non rattachés à un album, je m’autorise une petite digression pour décortiquer 6 morceaux qui n’ont aucun lien en apparence, si ce n’est celui d’étirer le temps, de transformer l’instant en fresque et casser les repères temporels… tout en faisant vrombir les basses.

Bizarrement, je me passe ces morceaux en boucle sur cette année 2011, certains dépassant allégrement la cinquantaine d’écoutes sur mon itunes. Des morceaux lancés la nuit, malaxant le sommeil, parfait à encaisser en fixant indéfiniment la lumière blafarde de son ordinateur. Je ne parle pas de Uk Garage enfumé, de dub se perdant dans les échos, de rock lancinant. Pas besoin non plus de ralentir du Bieber à 800% ou de se passer du drone pendant 2 heures. Non, ces 6 morceaux de genres bien différents puent les cernes, la fatigue écrasante et la graduelle perte de conscience via somnifères…





> Asobi Seksu – Trails (Holy Other Remix)


Remixer un morceau de Shoegaze pop épique comme Trails d’Asobi Seksu doit être un sacré défi. Le plus simple est surement d’opter pour une cover, ou une relecture ambiant décharnée. Holy Ghost, qui était inconnu au bataillon, trouve l’équilibre ultime. Au lieu de tabler sur les montées soniques du morceau original, on va l’écraser, l’enterrer vivant, le noyer sous un océan de fonte. Les basses écrasent, les synthés se déplient, ça gronde comme la mort. Mais c’est le boulot sur la voix qui dégomme tout. Les hululements de Yuki se transforment en graves, étouffent et dérangent. Cela chante comme après une bataille, âme errante à la peau brulée, déchirée, cordes vocales apparentes. Avant de s’ouvrir pile au milieu du morceau, avec un chant qui te tue sur place. Qui te bute, qui t’arrache la gueule, en parallèle à des synthés qui saperont plus d’un moral. C’est l’un des plus beaux morceaux sorti cette année, qui fait le lien direct avec le sublime The Echo of Something Lovely de Pyramids remixé par Jesu. Le Trails original me fout des frissons. Le remix me fout la mort. Appliquer la recette du Screwed & Chopped au shoegaze, c’est gonflé, mais le résultat est quasi-miraculeux.






> M83 – Midnight City (Team Ghost Remix)


Le single original est clairement un des highlights du nouveau M83, qui sort un album bien sympa, mais difficile à ingérer d’une traite (Je ne suis toujours pas allé au bout je crois bien). Epique, candide, il serait facile de remixer le titre en s’appuyant sur la mélodie évidente du tout. Mais Team Ghost, ancienne moitié de M83, (et dont le premier Ep était sacrement bon) prend les choses à revers et plonge Midnight City dans moule glacé, avec une voix passée au vocoder, et un rythme avec handclaps que ne renierait pas Depth Affect. Cela avance tranquillement, post-r’n’b qui va s’élever dans le ciel, et t’emporter la gueule via deux charges shoegaze noisy affolantes. Cette relecture est absolument mortelle, enterre tous les autres remixes de Midnight City (et il y en a un paquet). Team Ghost colle un flingue sur la tête de M83, mais lui greffe des ailes sur dos dans le même mouvement. Superbe.






> Radiohead – Give Up The Ghost (Brokenchord Remix)


On a déjà parlé de Brokenchord, et de ce morceau, dans la chronique du TKOL RMX 1234567. Mais comment ne pas repasser rapidement sur ce titre, qui colle parfaitement avec la définition faite en intro. Ces chapelets de synthés, cette chorale de fin du monde, un Yorke qui se met à pleurer dans une décharge pour robots. Oublions le temps, l’horloge, c’est ce beat claudiquant. Laisser la masse sourde se déplier, surplomber cette mélodie à chialer, ce chant au départ difficilement discernable, qui va petit à petit débouler et te vriller le palpitant. Se perde dans une forêt de clavier, un puits mélodique sans fond, qui brouille tes repères et te casse la nuque à l’infini.






> Kuedo – Glow (Clark Remix)


Quitte à ralentir le temps, autant l’écharper au maximum. Kuedo n’est pas le dernier à sortir les nappes cyberpunk et le Uk cramé. Son album Severance est d’ailleurs chaudement recommandé. Mais le rythme est trop rapide pour figurer dans cet article. Parlons Slow-Motion, Chris Clark a compris le concept, et prend le morceau épileptique original pour le transformer en Hiphop de fin du monde, aride et âpre, avec cette dimension sonore toujours aussi hallucinante et rythmes pachydermiques (pas d’autre terme). Saturations, chaine de montage qui prend vie. Seuls survivants de cette marche funèbre, de ce putain de colosse d’acier, qui écrase tout sur son de passage : une voix fantomatique. Et une mélodie rachitique, qui grésille entre les néons, litanie complètement désincarnée. Tu ne sais plus depuis combien de temps tu t’es fais piétiné la gueule par le morceau, mais tu en redemandes. Ecouter de l’abstract Hiphop après 2 nuits sans dormir, la gorge remplie de rivotril : C’est l’équivalent ce remix de Clark.







> ASAP Rocky – Purple Swag


Screwed & Chopped encore, mais pas trop quand même. ASAP Rocky a explosé avec ce morceau, imparable. Le beat est sourd, le sample lancinant. Les voix sont graves, naviguant entre le flow posé et la voix assez ralentie pour nous envoyer de la drogue en pleine gueule, mais suffisamment équilibrée pour rester réaliste. Ode au purple syrup, qui ralentit grave le travail des synapses, le morceau joue sur le trip visuel et auditif, bloqué sur la répétition de quelques secondes. Mais le titre prend tout son sens dans la version vidéo. Apres 1min30 d’élucubrations droguées, Asap Rocky semble enfin se laisser bouffer par la came et tombe dans les limbes en balançant 15 secondes du single Peso passé en slow motion, qui sort de nulle part, comme un flash drogué, avant de repartir sur le morceau original. Deux problèmes : On ne peut plus écouter Purple Swag sans ce sursaut cramé au beau milieu du morceau. / On adore le deuxième morceau Peso, mais on arpente le net pour trouver une version Screwed & Chopped qui correspondrait parfaitement à celle entrevue dans le clip de Purple Swag, clairement différente car légèrement plus lente. Asap Rocky prépare un premier LP produit en grande partie par Clams Casino. Et quand on connait la propension de ce dernier à balancer beats ouatés et fresques slow-motion, on ne peut attendre le disque qu’avec la bave aux lèvres.






> Drake – Marvin’s Room


Je n’ai jamais vraiment apprécié Drake. Pas des masses de charisme, une voix plutôt commune, un premier album que j’ai trouvé moyen, malgré des critiques dithyrambiques. Bref, pas le truc qui devait repasser dans mes oreilles de sitôt. Mais on lit ici et là que le bonhomme fricotait avec The Weeknd et Jamie xx. Alors forcément, cela rend curieux. Et voilà que le mec, pour annoncer sa deuxième galette, balance ce Marvin’s Room. Claque. Pourtant, c’est beat rachitique et mélodie presque inexistante… Mais ce coté ultra gloomy, complainte de sous-sol, avec des lignes de claviers branlantes, ses violons discrets, colle parfaitement au texte, lui aussi superbement écrit : Un mec qui appelle son ex pour, pour une déclaration dépitée, alcoolisée, misérable, presque ridicule. Juste pour souffrir un peu plus, entre élan narcissique, fierté dérisoire et désacralisation d’une relation passée.

Un morceau qui cristallise parfaitement ces sorties de clubs ou de concerts, à maugréer sur sa situation, sur ses choix, le nez dans son écharpe, avec la vue qui tangue. Drake aborde les mêmes thèmes que The Weeknd, mais d’une façon beaucoup plus pessimiste et plaintive, tranchant subtilement avec les lyrics plus frontaux du groupe précité. La encore, la version video comprend son passage slow-motion sous vodka qui devient indispensable au titre. Un morceau que l’on croirait entendre pulser à travers un mur, l’oreille collée contre ce dernier, à espionner son voisin vomir ses regrets avant de chialer comme une merde.







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Depth Affect – Draft Battle

Posted in Chroniques on October 16th, 2011 by Dat'


Parasites



On avait quitté les bretons sur un Ep qui avait démonté sévèrement l’été 2010, grace une recette toujours aussi maitrisée. Des beaux synthés, des beats qui claquent, des mélodies tire-larmes, un hiphop electronique cisaillé en diable. Je triche, il y a eu un autre Ep cette année, mais je l’ai écouté trop en retard. Quelle ne fut pas, par contre, ma joie de voir un troisième LP de Depth Affect débouler en magasin. Bon le groupe en lui même, difficile de le présenter à nouveau, on va juste dire que les mecs défoncent, qu’ils sont beaux, et qu’ils ont sorti avec Hero Crisis un des meilleurs albums electro-abstract de ces dernières années.

Alors on passe direct au packaging, et si je reste circonspect sur la typo un peu dégueulasse de l’intérieur du disque (déjà utilisée pour l’ep précédant), l’artwork démonte franchement.Pourquoi ? Aucune idée, mais cette bagnole perdue dans le désert, façon Breaking Bad sans budget, ça dépote visuellement. On en sait pas si le conducteur est mort, s’il tentait d’échapper à une course poursuite avant d’échouer contre un rocher (c’est bien possible), s’il se fait sucer sur la banquette arrière ou s’il a juste eu une envie violente de piquer un somme. Ca claque tellement que je m’achèterais bien le vynil pour le coller sur un des murs de ma piaule.







Le disque commence de la plus belle des façons. A Million Buzzing Locust, de grandes mesures, tu sais que tu vas l’adorer dès les premières notes. Mélodie mortelle, un beat qui tape dur, un morceau qui n’arrête pas de monter. Un peu émo, un peu épique, absolument imparable à partir du deuxième tiers. La structure reste la même et pourtant, c’est riche à en crever, tout en circonvolutions, claviers qui volent, tabassage intégral. Pas de Hiphop dans ce Lp certes, mais des tubes, il y en a toujours, et c’est tant mieux. Sur Draft Battle, on part moins dans toutes les diagonales. On s’accroche à un son, à sa philosophie, celle d’être acceptée comme je suis malgré tout ce qu’on me dit, en restant toujours le synthé levé. Unsult ou Club and Maces, c’est du pur Depth Affect qui te fait bouncer en te plantant des étoiles dans les yeux.

Mais le groupe sait surtout t’emporter avec des mélodies incroyables. Et ce Lp, il en est rempli. On avait déjà croisé Dammerung sur l’Ep Chorea, superbe morceau qui t’arrache le cœur, triste, beau, mélancolique, joyeux, tout en ravageant la nuque. Ce morceau, c’est de la pop-electro-folk-ce-que-tu-veux, absolument parfaite. Il ya son petit frère, Matter of Tempo, au moins aussi beau. Les voix vocodées sont putains de belles, le rythme est nickel, c’est super émo, il ne faut pas écouter ça en repensant à tes derniers amours, ou tu vois ton moral se nécroser dans l’instant. Ce truc, tu as envie de le chanter, tu le gardes en tête toute la nuit. Tu veux le chialer au dessus d’un verre de bière dans ton bar favoris en pensant aux occasions ratées. Tu veux le siffler en faisant du vélo parce qu’il fait beau, et que même si tu es tristounet, ça va quand pas trop mal. Que le groupe délaisse les charges hiphop pour des comptines pop de cet acabit, je signe tout de suite en trempant le stylo dans mon putain de sang.

Sugar Honey Iced Tea ressort les samples un peu puputes, mais garde ce coté tire-larmes pour te faire claquer des doigts tout en ayant les yeux qui piquent. Juste après, c’est Oil Rig Heli Pad, et c’est de l’ambiant, mais pas chiant, car tout en progression, façon église coulée sous du béton, ça pleure sa mère mais ça explose à la fin. Beau.  Ten Devils, c’est le beat imparable du disque, hiphop moite qui télescope un accordéon sorti de nul part, avant qu’une bassline folle engloutisse le tout. Mortel. Trop court. Mais vraiment mortel. Rivage Barbare nous fera replonger dans la boite de mouchoir avec un morceau super beau, ultra électronique, barré et déstructuré, mais qui te lèche les tympans avec une litanie cristalline qui fout la chair de poule. C’est bourré de détails, chiadé à l’extrême, ça part dans tous les sens. Le dernier tiers ne te fait pas tressauter le cœur ? C’est que tu n’en as pas.




Grosse baffe dans la gueule avec le morceau titre Draft Battle. Vous aimez les loopings ? Depth Affect vous serre la gorge jusqu’à étouffement avec un mille-feuilles de synthés affolant, malaxant beat abstrait, saturations agitées et voix fantomatiques. Un simple maelstrom de claviers qui se délient à n’en plus finir, fresque sans but apparent qui t’explose pourtant à la gueule. Peut être le titre qui représente le mieux ce nouveau disque, tout en ressemblant à aucun autre morceau de Draft Battle.

Je garde le meilleur pour la (presque) fin : I Guess. Ce morceau est un petit miracle. Le meilleur du Lp. Ce truc, c’est pile ce que j’avais envie d’entendre depuis des lustres. Ce rythme, ces handclaps géniaux, cette petite mélodie facétieuse, puis ce gros synthé qui vient te ramoner la colonne vertébrale. Tu es obligé de bouger la nuque, de taper dans tes mains, de faire vibrer tes phalanges sur ton bureau. Et cette mélodie, cette putain de mélodie sublime qui n’arrête pas de prendre de l’importance, de s’enrouler dans ton cerveau, de te rendre fou. Ce morceau, la première fois que je l’ai entendu, je suis resté bloqué comme une merde. A vouloir le balancer dans une bagnole à fond, pour faire le con. A vouloir mourir dessus tellement c’est beau, parfaitement maitrisé. Tu te noies dans la mélancolie, mais en même temps tu souris jusqu’au oreilles comme si tu allais boire un coup avec tes potes. Cette dualité tristesse/euphorie, Depth Affect la maîtrisait déjà bien. Mais sur I Guess, c’est le niveau ultime qui est atteint.






Draft Battle, meilleur album de Depth Affect ? Pas sur. Le mieux construit ? Pour sur. Car qu’il n’a plus d’incursion hiphop saignantes (dommageable) mais aussi parce qu’il imprime, de ce fait, une vraie ligne directrice tout au long du Lp (appréciable), les bretons promettent de s’installer durablement lors de nos longues nuits blanches, planté devant un ordi ou en se baladant sous les néons crépitant de ta mégalopole. Il n’y a pas une seule faute de gout sur ce Lp, pas un seul ratage.

En prenant la tangente, et en cultivant un son un peu plus electronica, Depth Affect s’éloigne de ses références, et valide une identité propre, autrement que par ses boucles de synthés d’antans. Je parlais beaucoup de Tepr et d’Abstract Keal Agram pour Hero Crisis. Ces références sont caduques avec cette nouvelle livraison, Depth Affect s’étant clairement dé-Tepr-éisé sur ce Draft Battle. Et si l’album contient moins de highlights évidents, il déborde de morceaux admirables, entre le diamant absolu I Guess, les mélancoliques Matter of Tempo & Dammerung, le psyché Draft Battle ou les imparables Million Buzzing Locustes et Ten Devils.


La bagnole de la pochette me fascine, la musique de Depth Affect encore plus. Attention mon Beigbeder, il ne faut pas que tu te goures : sur ce capot rouge, ce n’est pas de la coke que l’on sniffe mais des mélodies à t’en faire chialer les esgourdes.






Depth Affect – Draft Battle





Depth Affect – Matter Of Tempo






12 Titres – Autres Directions

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Radiohead – TKOL RMX 1234567

Posted in Chroniques on September 25th, 2011 by Dat'


Everyone I Went to High School With Is Dead



Je me baladais dans les rayons de disque pour acheter le nouveau Martyn, et voilà que je tombe sur le Radiohead TKOL RMX 1234567. Quelle surprise, je n’ai pas pu m’empêcher de lâcher un petit cri bien senti, genre un “hiiii” assez coquin pour faire frétiller les soutifs. Car je l’attendais à mort ce TKOL RMX 1234567 (que l’on va appeler juste rmx à partir de maintenant hein, je n’ai pas envie de taper la colonne de chiffres toutes les deux lignes)

Pourquoi  être aussi impatient à la sortie d’un LP remixé, alors que 95% des Lp remixés m’emmerdent habituellement ? Parce que Radiohead, (et notamment Thom Yorke) que l’on sent assez proche du Uk et de l’electronica-nu-abstract, avait annoncé une sélection affolante pour ces remix, entre pointures (Caribou, Modeselektor, Four Tet, Mark Pritch, Nathan Fake…) et nouveaux espoirs Uk qui déboitent sévère actuellement (Brokenchord, Jacques Greene, Altrice, Blawan…) mais qui ne sont strictement présent que sur des Ep vynils introuvables ou des rips youtubes. (En plus de bonhommes déjà en ligue 1 comme SBTRKT, Actress, Lone et Jamie xx). Ah oui, sinon, j’attendais pas mal ce TKOL remix aussi, car même si les Ep sortent graduellement depuis 6 mois, vendre chaque Ep 2500 yens (il y en a 7), c’est clairement se foutre de la gueule du FMI.







Le packaging mérite son petit paragraphe, car c’est encore une fois dérouille, avec deux artworks circulaires centraux assez classes, et une frise dépliante exposant les artworks des ep vyniles composant ce TKOL RMX, et un très long texte expliquant et décomposant les remix présent dans la galette. Ce qui semble super intéressant, mais incompréhensible pour ma pomme, pour faute de grosse flemme dans mon apprentissage des kanjis, chose la moins sympa sur terre après les cocktails de verre pilés. On apprend aussi que c’est encore et toujours produit par Mr Godrich, et que 1234567 c’est parce qu’il y a eu 7 ep (j’ai cherché longtemps, oui). Le tracklisting pourra interloquer lui aussi, car pas de réelle cohérence vis à vis du disque original.


the pack




Commençons par le premier disque. Qui déballe des remixeurs moins obscurs que sur la seconde galette. Et il débute méchamment, alignant de sacrés trésors. Caribou s’empare de Little by Little et lui donne une consonance Hiphop pas piquée des hannetons, tout en gardant ce coté émo-cristallin à fleur de peau cher au canadien, grâce à une petite harpe. C’est posé, presque minimaliste, et assez long pour faire de l’effet en plein milieu de la nuit.

Mais c’est Jacques Greene (je ne cache plus mon amour pour ce mec) qui se taille la part du lion sur ce disque, avec un remix absolument superbe de Lotus Flower. Remixer ce dernier, ça a du lui filer des sueurs froides, tant le morceau était l’une des indiscutables reussites du Lp de base. Et bien, le bonhomme s’en est sorti comme un pro. Tu sens déjà, avec l’arrivée des synthés, de la voix de Thom noyée au loin, que cela va être une track démente. Le tout prend de l’importance, tranquillement, sur plus d’une minute. Mr Yorke se met à chanter avec assurance. Toujours des synthés. Des petits bleeps pour seuls métronomes. Et van, voilà que déboule un rythme Uk garage parfait, rond, discret,  parfaitement dans la lignée de l’excellent The Look ep du remixeur. C’est toujours assez neurasthénique, on sent que le morceau va craquer à un moment, et c’est un break lunaire, à chialer, avec paraboles de claviers magnifiques, que le morceau prend son envol. L’arrivée du rythme plus appuyé  m’a littéralement arraché la colonne vertébrale à la première écoute, et les lyrics sont coupés et callés sur les rythmes pour te broyer la gueule et te rendre minable. Ca n’arrête plus de monter, je veux entendre ça en club à 4heures du mat’, c’est carrément l’un des plus beaux morceaux de 2011. On va me jeter des gros parpaings, mais je trouve que Jacques Greene subjugue même l’originale avec cette refonte. Un putain de diamant.

Mais le petit jeune du dessus n’est pas le seul à faire mal à l’âme avec ses machines, et le maitre Nathan Fake déboule avec ses mélodies en apesanteurs pour un Good Morning Mr Magpie qui ne révolutionne pas l’original en en gardant l’ossature, mais se la joue la aussi electronica mélancolique qui affole par sa mélodie et un final épique à te dresser les cheveux sur la tête tellement que c’est beau et mortel et dingue et absolu. Autant dire que l’âpre et rachitique remix du même morceau par Pearson Sound Scavenger fait franchement la tronche à coté.  Un peu plus loin, dans le domaine des bonnes réussîtes, notre bien aimé Lone donne un coup de fouet à un Feral (lone rmx) qui en avait bien besoin, et transforme la digression chelou de The King Of Limbs en énorme piste techno Ibiza qui va vite partir dans les claviers “crise de mélancolie sur serviette de bain à la plage” que Lone maitrise si bien. Le morceau aurait pu se faufiler sans problème sur son dernier Emerald Fantasy Tracks. Du bon boulot.

Mr Four Tet a lui aussi eu du challenge en voyant se faire refiler la transformation de Separator, conclusion parfaite du disque original. Et il s’en sort drôlement bien sur cet exercice, avec un morceau qui ne part pas des kilomètres de l’original.  L’anglais renforce le coté gloomy de l’original, plonge le morceau dans les échos. Lenteur, balade dans les fonds marins, on avance à l’étouffée, entre guitares slow-motions, rythme fourmillant et un Yorke encore plus désabusé que de coutume. Mais le pic émotionnel de Separator, c’etait cette coupure magnifique, incroyable, avec cette guitare à écraser le palpitant. Et bien… Four Tet décide de ne pas utiliser cette mélodie. Etonnant. Au lieu de cela, le monsieur plonge le morceau sur un rythme caverneux que n’aurait pas renié le Mezzanine de Massive Attack, (j’ai cru à un sample à la première écoute) pour une longue conclusion hypnotique. C’est superbe, et même si l’on cherche la mélodie originale du Separator un peu partout, (parce que l’on avait revé d’un remix reprenant cette mélodie ultime avec des violons, des gens qui pleurent et autres sonorités qui auraient pu sauver le monde) on ne peut qu’admettre que la refonte s’en sort plutôt bien.

Pour finir sur le premier disque, on ne peut être qu’étonné par Mark Pritchard, présent deux fois d’affilé sur le même morceau Bloom, et son choix d’éradiquer ce qui faisait la beauté de la track, aka sa mélodie cristalline. Sur le premier remix, Pritchard se la joue aquatico-gothique, et c’est pas franchement ma came, et sur le deuxième, on le revoit ben enragé, pour une attaque electro-frontale qui n’a franchement pas grand chose à voir avec le titre original, si l’on excepte les glapissements de Yorke bousillés dans cette charge un peu trop enlevée.





Disque 2 donc, et là aussi, il y a de quoi trouver son bonheur. Thriller Houseghost (jamais entendu parlé de ce type) file un petit coup de fouet techno à Give Up The Ghost. En fait il paraît que c’est Actress & Lukid qui sont derrière cet alias, et là cela me parle déjà plus. Tout en progression là aussi, le morceau fera le bonheur de nuits trop blanches. Mais mais mais, c’est clairement Brokenchord qui va sublimer Give Up The Ghost avec un remix sublime (décidemment), qui, à l’instar du Jacques Greene, m’a complètement ramoné l’âme. Le Thom Yorke est noyé dans une cathédrale de synthés à chialer sa maman, un rythme Uk ultra appuyé qui fait trembler les murs, et un coté grandiloquent-dépressif  qui va te donner envie de sauter par la fenêtre parce que voler au dessus d’une ville la nuit, ça a l’air d’être franchement sympa. Et quand, au milieu du morceau, Brokenchord décide enfin à laisser Yorke aligner plus d’une syllabe, c’est à tomber à la renverse. Ne cherche pas la lune, c’est un réverbère. Le final façon gospel saccadé te finira à coup de pompe. Et comme pour Jacques, on ne se lassera pas non plus de dire qu’il faut absolument écouter les deux derniers Ep de Brokenchord, parce que le type est un futur grand.

Illum Sphere (une découverte) s’attaque à un Codex pas assez présent dans cette compil’,  et transforme la balade piano tire-larmes originale en longue montée 2-step enfumée, avec du vocodeur, tout en gardant les violons à crever de l’original. La relecture est tellement belle là aussi, le mec s’en sort méchamment bien. Même constat pour Altrice, qui fait du lego, et semble prendre Codex et Give Up The  Ghost (voir d’autres morceaux ?) pour filer un remix qui commence d’une façon presque candide, piano house sous lexomil, avant que le tout tombe très progressivement sur un terrain désolé, où plus grand monde ne vit. Le piano s’efface, un “don’t hurt me” cajole avant de presque faire flipper, et les violons te prennent à la gorge.

Au rayons des remix sympas mais pas inoubliables, Shed éjecte un remix tout claudiquant de Little By Little, qui prend du temps pour démarrer, mais qui claque bien au final, et Modeselektor qui déçoit un peu avec le Good Morning (Modeselektor rmx) assez efficace, mais pas aussi beau et profond que pas mal d’élèves cités au dessus. C’est le seul moment “club” de ce TKOL RMX, qui permet de pimenter un peu le tout. Pourquoi pas. Le Separator (Anstam rmx) et sa ligne rythmique complètement craquée sera loin de la magie de celui de Four Tet mais donnera aussi un petit coté déstructuré salvateur à la compile.

Le morceau Bloom reviendra encore 3 fois sur cette deuxième galette, avec plus ou moins de réussite. Blawan (un mec mortel lui aussi), va sacrement secouer les enceintes avec un Bloom (blawan rmx) qui fera la part belle à un rythme pachydermique, ultra violent. Comme pour Pritchard, difficile de trouver une réelle filiation avec le morceau original (si l’on excepte les voix), mais cette refonte est tellement jouissive que l’on ne pourra pas bouder notre plaisir. Le Bloom (Objeckt rmx) hésitera constamment entre la charge frontale et l’experimental quasi Autechrien, pour un resultat plutôt convaincant. A dire vrai, c’est clairement Jamie xx qui se paie la grosse déception de la galette. Le remix de Bloom par ce mec, ça devait être un truc hallucinant, à sublimer la mélodie folle, à balancer des rythmes dingues. Et bien non, allez voir ailleurs, le Bloom (Jamie XX rmx) n’est qu’une vignette ambiant de 2min30, très belle mais sans intérêt. Prendre le parti de faire un truc beatless accès sur les échos et compagnie, c’est bien, mais il faut faire courir ça sur 6 minutes. Bref, au lieu d’un remix, Jamie refile un interlude, et c’est vraiment dommage. (En gros le radio rip que l’on pensait incomplet qui tournait depuis quelques semaines, c’était bien le morceau complet, et on en est désolé).

Heureusement, le Lotus Flower (SBTRKT rmx) relève franchement la barre, et cette autre tête du nu-uk balance un vrai tube faisant parti des bombes absolues de ce TKOL RMX. Ca commence d’une façon franchement lugubre, mais le morceau va vite partir dans un délire Garage imparable avec des synthés affolants, et un break qui va partir sur un truc beau comme la mort. Excellent.






On s’étonnera de la part des remixeurs de la propension à ne pas prendre les plus belles choses du Lp (guitare de Separator, bleeps de Bloom, break de Morning Mr Magpie…). On s’étonnera des choix de tracklisting un peu déséquilibrés, avec un seul remix de Feral (qui en avait pourtant bien besoin) ou Codex, mais carrément cinq de Bloom. On ne s’étonnera par contre pas du choix des artistes ici presents, fait avec une intelligence rare. Intelligence, car au lieu de faire de TKOL RMX une simple compile de remix partant dans tous les sens en fonction des invités, Radiohead imprime ici une parfaite direction au disque, fortement Uk-garage-abstract-electronica. Un genre qui convient d’ailleurs tout à fait au disque original, déjà bien gloomy et neurasthénique. Mais qui enfin, peut se targuer autour de rythmes lourds et appuyés, sonorité inexistante sur The King Of Limbs.

Alors forcément, ça va gueuler, parce que toucher à Radiohead, c’est pécher. Mais non, ce disque n’est pas de la vulgaire techno (comme on l’entend souvent dire chez les amateurs de groupes affiliés rock qui se voient remixés). C’est du putain de Uk racé, de l’electronica flottante, de la musique avec des mélodies qui t’arrachent la gueule. Evidemment, il y a des hauts et bas, des remixes un peu ratés, un peu décevants, qui loupent le coche. Mais les refontes de Jacques Greene, Nathan Fake ou Brokenchord touchent tellement au sublime qu’elles ont failli me faire chialer. Une presque quinzaine de remixes sont excellents, et c’est inespéré pour ce genre de compil’.

Car en plus de filer une compile de remixes d’une qualité dingue, qui pourrait aisément se classer dans les albums de l’année au vu de certains morceaux, Radiohead balance, indirectement, un des meilleurs disques de Uk Garage et affiliés, car réunissant des remixeurs d’un même mouvement attablés autour d’un projet commun. Et c’est quand même marrant, car même là où l’on a galéré pour trouver un album 2step-Uk décent, long et complet depuis le renouveau du genre, voila que deux bombes sortent de nul part en 2011 : Un disque perdu venu directement d’Australie, Seekae, et une compil’ de remixes pour Radiohead.

Bref, un TKOL RMX 1234567 indispensable pour les amateurs de Uk Garage et affiliés.







Radiohead – Give Up The Ghost (Brokenchord rmx)








Radiohead – Lotus Flower (Jacques Greene rmx)





19 Titres – Hostess Recording

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